• il y a 9 heures

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00:03...
00:26Salut, Nico.
00:27Salut, Zouzou.
00:28Ca va ?
00:29Très bien.
00:30Merci d'être venu.
00:32Regarde ce que j'ai trouvé.
00:34Qu'est-ce que t'as trouvé ?
00:35Oh là là !
00:36Je ne suis pas sûr de le voir, celui-là.
00:38Tu sais que c'est un ami commun qui l'a fait.
00:42C'était Christian Carre.
00:43Je reconnais.
00:44Il avait fait tout un petit dossier sur le Mondial 2003.
00:46Magnifique.
00:47Regarde comme tu étais jeune.
00:49Moi, j'étais super jeune.
00:50Mais il y a très longtemps.
00:51Il y a un petit moment, quand même.
00:53Je voulais te montrer ça.
00:56Tu sais quoi ?
00:58Ca m'a fait penser à ça.
00:59Quand je voulais évoquer avec toi le Mondial 2009.
01:01Déjà d'une, parce que c'est le seul championnat du monde qu'on a fait ensemble.
01:05C'est quand même un souvenir.
01:09Et puis, c'est l'avènement de la Croatie.
01:12Ils sont champions du monde.
01:13Ils nous battent en poule.
01:14Je ne sais pas si tu te rappelles.
01:15Je me rappelle très bien.
01:17Ils perdent le premier match contre l'Argentine.
01:18Contre l'Argentine.
01:19Je me rappelle très bien.
01:20Parce que moi, j'étais en tribune.
01:21Et que je regardais ça.
01:23Et qu'on perd.
01:24Et qu'en plus...
01:25Moi, après, j'étais à l'hôtel.
01:27Tu te souviens à Madère ?
01:29Oui.
01:30C'est un très bel hôtel.
01:31Et que j'avais pendant une semaine l'entraîneur croate.
01:34Lino Cervar.
01:35Goulouza qui venait me voir.
01:37Qui me disait, regarde.
01:38La France, ils ne te font pas jouer.
01:39Si tu étais avec nous, tu jouerais.
01:41Regarde, on vient de les battre.
01:42On va être bons et tout.
01:44Et donc moi, j'étais là.
01:45La tentation était grande.
01:46Je ne voulais pas jouer pour l'équipe de France.
01:48Je ne voulais pas jouer pour la Croatie.
01:49Donc je me souviens très bien de ce match.
01:51Quelque part, on les a lancés un peu.
01:53Totalement, oui.
01:54On les croyait foutus après l'Argentine d'entrée.
01:56Après, on savait que c'était une super génération.
01:59Laskovic, Zomba.
02:01Evidemment, Balic, Metlicic.
02:04Champion du monde.
02:06Et donc, 6 ans plus tard.
02:08Après que vous les ayez battus en 2006.
02:12Au championnat d'Europe.
02:14En 2007, au Mondial.
02:17En 2008, aux Jeux Olympiques.
02:19Ils vous attendent pour leur Mondial.
02:21Quelques mois après les Jeux.
02:22Oui, c'est ça.
02:23C'est une sérénade Zagreb toute neuve.
02:25Tout est en place pour que ça fasse mal pour vous.
02:30Et ça se passe plutôt bien.
02:31Tu t'en rappelles ?
02:32Je m'en rappelle très bien.
02:34Je n'ai jamais été aussi champion du monde.
02:36Champion d'Europe.
02:38Champion Olympique.
02:39Pour ma part, je viens d'être élu meilleur joueur au monde.
02:42En face, il y a Balic avec toute la grande génération.
02:45La Croatie qui attend ce couronnement à la maison.
02:48Tout un pays qui vibre derrière son équipe.
02:52C'était un championnat très spécial.
02:53Et pour moi, jouer sur les terres de papa.
02:56Avec papa et maman dans les tribunes.
02:59C'est un souvenir impérissable.
03:01On revoit tout ça ensemble.
03:02En détail.
03:03Avec plaisir.
03:10L'histoire était déjà écrite.
03:12Tout le monde attendait France-Croatie en finale de championnat du monde.
03:16Trois mois après avoir été champion olympique.
03:18On n'avait pas envie de redescendre sur terre.
03:23On sentait le respect et la crainte des Croates dans l'ensemble.
03:31Énormément d'activités défensives.
03:33Énormément d'impact.
03:34Vous vous sentez plus fort ?
03:37Oui, je pense qu'on avait un ascendant psychologique.
03:41Moi, je n'avais jamais vécu une ambiance comme ça.
03:43Là, c'était surchauffé.
03:45Les 15 000 dans l'aréna à Zagreb.
03:47Et puis les 50 Français planqués en haut d'une tribune.
03:50Qui ont essayé de donner de la voix tout au long du match.
03:58Je suis né à l'époque à Yugoslavie.
04:00Mon papa était Croate.
04:01Ma maman Serbe.
04:05Je me sens toujours...
04:06Il y a une partie de moi qui se sent ex-Yugoslave, Serbe et Croate.
04:10Je n'ai rien fait pour mériter ça.
04:12Regardez !
04:13Cette image !
04:14C'est peut-être l'image du mondial.
04:17Ils ont tout fait pour essayer de le diminuer, de l'affaiblir.
04:26C'est une fierté énorme de pouvoir être champion du monde
04:30avec le maillot de l'équipe de France en Croatie.
04:33C'est le mondial qui est le plus...
04:35C'est presque un film, ce mondial, pour moi.
04:47L'équipe de Croatie et de l'équipe d'Yugoslavie
04:50se sont réunies pour lutter contre le virus.
05:05Je pensais avoir besoin de tout ce que Daniel pouvait me dire,
05:09pouvait me partager.
05:10Je pense que j'ai eu, tout comme tu le fais,
05:12une phrase assez sèche.
05:16Peut-être que je ne me rappelle pas mot pour mot,
05:19mais en gros, il m'a dit, tu sais,
05:22j'ai fait mon expérience seule,
05:24il faudra que tu fasses la tienne seule.
05:26Peut-être que je lui en ai voulu au départ
05:29parce que je me sentais démuni
05:31et j'avais l'impression qu'il savait beaucoup de choses
05:34qui pouvaient m'être utiles.
05:36Mais j'ai mieux compris par la suite
05:38parce qu'effectivement, les aventures sont singulières
05:42et on ne peut pas dupliquer ce qui a été fait.
05:47C'était un autre temps, c'était un autre moment,
05:50mais quand je me suis retrouvé en dehors de son bureau
05:53avec cette phrase, je n'avais pas beaucoup avancé.
05:56J'ai dit, il va falloir ramer.
05:59Tu prends donc une sélection qui est championne du monde.
06:04C'est le mieux ou c'est le pire ?
06:07Je ne me posais pas la question, j'étais fan.
06:10J'étais fan de voir une équipe de France jouer les premiers rôles.
06:14Quand l'équipe de France gagnait,
06:17j'étais le premier heureux.
06:19Je me suis bien rendu compte
06:21que quand je suis rentré le premier jour,
06:23j'ai réuni l'équipe deux mois plus tard ou un mois plus tard,
06:26je suis rentré dans une pièce
06:29où le seul qui n'était pas champion du monde, c'était moi.
06:38Quand vous voulez changer le modèle,
06:40vous commencez d'abord par l'affaiblir
06:42parce que vous allez,
06:44vous ne pouvez rompre tous les équilibres
06:46qui étaient déjà acquis.
06:49Vous fragilisez les habitudes,
06:51vous fragilisez les repères.
06:53Et donc, souvent, dans les transformations,
06:56il y a une première phase de perturbation
06:59pour espérer accéder à une phase mieux construite
07:04et plus efficiente.
07:06De toute façon, on avait déjà commencé
07:09à avoir un fonctionnement en équipe de France
07:11où ce qui se passait sur le terrain
07:13était entre nous, aux joueurs, avec les leaders,
07:16où on décidait un petit peu de la tactique,
07:18ce qu'on faisait en attaque, en défense.
07:21Et où Claude commençait à prendre un peu de recul là-dessus,
07:25à nous laisser les commandes.
07:27Et lui gérait plus l'humain,
07:29le management de l'équipe.
07:31Il n'y a pas beaucoup d'entraîneurs
07:34qui sont capables de faire ça,
07:36de déléguer un certain secteur d'activité
07:38d'une équipe, finalement, j'ai envie de dire.
07:53Ça te crispait dans le travail
07:55le fait de ne pas valider par une médaille d'or.
07:58Il y a 10 ans, il y avait une médaille d'or
08:00qui n'était pas validée par une médaille d'or.
08:02Disons-le clairement, parce qu'il y a des médailles.
08:04Oui, ça nous faisait plus que me crisper.
08:06On s'est promenés au bord du précipice
08:08quelques fois quand même.
08:11Parce que le milieu est très gentil,
08:13mais on n'est pas très patient.
08:15Et j'ai eu la chance,
08:17et je l'ai souvent dit,
08:19d'avoir un président à la Fédération,
08:22André Amiel, à l'époque,
08:24qui a tenu,
08:26et je pense qu'il avait
08:29identifié qu'on était sur la bonne voie,
08:31que c'était une démarche
08:33qu'il fallait accepter,
08:35et que peut-être elle prenait du temps,
08:37mais ça secouait en interne.
08:40Déjà à la Fédération,
08:42j'étais loin d'avoir que des partisans.
08:44Dans les médias,
08:46même quand vous travaillez
08:48de manière saine et intelligente,
08:51les gens veulent bien vous accompagner,
08:53mais si vous gagnez vite...
08:59Le titre de championne d'Europe
09:01a fait du bien.
09:03Il a fait du bien d'abord
09:05parce qu'on sait tous
09:08que le titre de championne d'Europe
09:10c'est sûrement le titre le plus difficile
09:12à obtenir à l'Handball international.
09:14Mais c'est surtout qu'il est venu
09:16un peu légitimer la compétence
09:19tous les jours,
09:21et tout ce qui était remis tous les jours
09:23à l'Handball,
09:25c'est qu'il a fait du bien.
09:27Tout ce qui était remis tous les jours
09:29à une question.
09:37On est un peu sur un nuage
09:39après ces JO,
09:41et on voit l'ogre
09:43et la montagne arriver
09:45qui est de participer au championnat du monde
09:48en Croatie.
09:50On sait que la Croatie nous attend de pied ferme.
09:52T'es champion olympique,
09:54vous avez battu la Croatie dans un match assez dingue
09:56des sommets face à la Croatie.
09:59T'as pas l'impression
10:01en allant là-bas pour le championnat du monde
10:03que vous allez être reçus
10:05de manière particulière
10:07et que tout est en place pour la revanche des Croates ?
10:10Ah si, complètement.
10:12L'histoire était déjà écrite.
10:14Tout le monde attendait France-Croatie
10:16en finale de ce championnat du monde.
10:18Je me rappelle que sur ce championnat du monde
10:21tout était fait pour qu'à la fin
10:23il y ait une finale France-Croatie.
10:25Il y a eu des tirages au sort,
10:27les Croates qui choisissent d'être de notre côté
10:29pour être sûrs de nous éviter en demi-finale.
10:31À l'époque, les Croates
10:34sont vraiment nos meilleurs adversaires.
10:36Ceux avec qui il faut toujours
10:38bagarrer pour arriver au bout.
10:40Et au mondial, chez eux,
10:42à ce moment-là, on a l'impression
10:45qu'il leur est promis.
10:47C'est leur championnat du monde à domicile
10:49qui est censé consacrer cette équipe
10:51qui a dominé le monde pendant toute une période
10:53avec les meilleurs joueurs au monde.
10:55En plus, eux annoncent ce choc-là,
10:58France-Croatie, ils nous attendent.
11:00Il y a un peu tout ce folklore
11:02autour de ces champions du monde.
11:04Moi, je sais que perso,
11:06j'attends cette compétition avec impatience.
11:09Je n'ai jamais été champion du monde
11:11à ce moment-là non plus.
11:13Justement, tu as été champion d'Europe,
11:15champion olympique, des titres individuels
11:17et en club, je n'en parle même pas.
11:20Tu te sens en mission sur le championnat du monde ?
11:22Quand tu es gamin et tu dis
11:24champion du monde, champion du monde
11:27quand tu tapes dans un ballon,
11:29est-ce que c'est une idée fixe pour toi ?
11:31Je ne me souviens plus,
11:33aujourd'hui, avec toutes ces années,
11:35si c'est une idée fixe.
11:38Mais c'est vrai que, comme tu le dis,
11:40quand tu es gamin, champion du monde,
11:42c'est ce qui claque le plus.
11:44Quand tu parles avec tes potes,
11:46tu regardes...
11:49Dans la France du handball,
11:51c'est le champion du monde.
12:09Soit en 1995 ou 2001,
12:11j'étais encore un gamin,
12:13je regardais ça à la télé,
12:15les joueurs me faisaient rêver
12:18à travers les champions du monde.
12:20C'est différent,
12:22il y a un clinquant autour du titre,
12:24il y a une aura,
12:26une légende autour de tout ça
12:29qui fait que champion du monde,
12:31ça a de la gueule et je ne l'ai jamais été.
12:33Il y a beaucoup d'importance
12:35autour de cette compétition.
12:37C'était particulier,
12:39parce que c'est un moment
12:42où le frangin avait besoin de briquer,
12:44de prendre du recul.
12:46Six mois avant,
12:48on était pour la première fois
12:50champion olympique.
12:53Et ce mondial en Croatie,
12:55il arrivait dans un temps
12:57où, sans mon frère,
12:59il manquait quelqu'un.
13:01C'est clair.
13:04C'était un moment
13:06très spécial
13:08de repartager sa chambre
13:11avec quelqu'un d'autre,
13:13Franck Junior, si tu m'écoutes.
13:15C'est ma première compétition
13:17comme capitaine.
13:19Ça faisait que quatre mois
13:22que j'étais capitaine
13:24et je ne savais pas trop
13:26comment définir mon rôle
13:28à ce moment-là
13:30et je n'avais pas envie
13:33d'être un capitaine loser.
13:35...
13:37...
13:39...
13:41...
13:43...
13:46...
13:48...
13:50À ce moment-là,
13:52le plus important dans l'équipe
13:54c'était presque la défense.
13:57On avait Titi derrière,
13:59meilleur gardien de l'histoire du Hand,
14:01qui arrêtait tous les tirs qui venaient.
14:04On était costaud,
14:06on avait cette défense 5-1
14:08où tout le monde se cassait les dents.
14:10Toutes les équipes tremblaient
14:12en face de nous.
14:15J'ai toujours senti le respect
14:17des Croates,
14:19mais aussi des supporters croates.
14:21Même après les matchs,
14:23quand j'avais été performant,
14:26j'avais des marques d'affection,
14:28pas d'affection,
14:30de reconnaissance,
14:32que j'avais été capable de réaliser.
14:34Je pense que c'est certainement
14:36la période où je suis arrivé
14:39à maturité,
14:41à ce poste de gardien de but
14:43qui est si particulier.
14:45C'est un âge où je maîtrise
14:47tous les contours de mon poste,
14:50où j'ai l'expérience suffisante,
14:52où je suis reconnu.
14:54L'impact psychologique qu'on peut avoir
14:56sur les tireurs adverses se construit
14:58au fur et à mesure des années.
15:01C'était top parce qu'on sentait
15:04le respect et à la fois la crainte
15:06des Croates dans l'ensemble
15:08par les photos qu'on pouvait
15:10prendre à la fin,
15:12par les applaudissements, les sifflets
15:15qu'il y avait par moments
15:17quand on jouait d'autres équipes.
15:19Au fur et à mesure,
15:21ils voyaient qu'on était quand même
15:23assez constant dans nos performances
15:26et qu'on allait être un adversaire redoutable.
15:30C'est le destin d'être tourné d'une autre manière.
15:33J'aurais pu être en face.
15:35J'aurais pu jouer avec la Croatie
15:37et contre la France.
15:39À l'époque, c'était la Yugoslavie,
15:41mais mon papa était Croate,
15:44ma maman Serbe.
15:46J'ai grandi avec la Croatie,
15:48avec l'Allemagne,
15:50avec l'Allemagne,
15:52avec l'Allemagne,
15:55avec l'Allemagne,
15:57avec l'Allemagne,
16:00avec l'Allemagne,
16:07mon père m'en parlait toujours.
16:09J'ai une partie de moi
16:11qui se sent ex-yugoslave,
16:13mais pour moi mon rêve a toujours été
16:16de jouer pour l'équipe de France.
16:18Il y avait aussi ce contexte-là
16:20qui n'était pas évident pour moi
16:22de jouer dans le pays de mes origines,
16:24mon enfance.
16:26Voici les deux équipes déjà qualifiées pour les demi-finales.
16:30A posteriori, j'ai cette sensation un peu que ce match-là,
16:33ça a été presque un match amical dans une compétition incroyable, infernale,
16:38mais ça a été une petite parenthèse un peu bizarre, ce match-là.
16:45Un match qui ne servait à rien, mais un petit avant-goût du spectacle,
16:49et surtout les supporters, les chants qu'il y avait, c'était pour moi extraordinaire.
16:57Les Croates étaient peut-être à ce moment-là la seule équipe capable de nous battre.
17:01Cette équipe de Croatie, elle nous a fait mal à la tête quand même.
17:04Il y avait des joueurs avec des génies impossibles à arrêter.
17:17Ce match-là, je crois que c'est un des seuls matchs dans ma carrière dans l'équipe de France
17:20où c'était un peu un match de dupe.
17:22On le joue de la meilleure manière possible, mais on va tourner pour ne pas cramer des forces.
17:29Paradoxalement, nous, le fait de perdre ce match-là ne nous a pas du tout coûté un gramme de confiance en nous.
17:35C'est pas grave parce que cette équipe-là, on va la retrouver en finale, quoi qu'il se passe.
18:06C'est l'environ, votre regard
18:19Ensuite, ils vous font voyager évidemment, vous partez à Split, normal,
18:24pour affronter le Danemark en demi-finale.
18:27Quels souvenirs tu en as ?
18:29Moi, j'étais super content de rentrer à Split parce que ma famille vient de 50 kilomètres à côté de Split.
18:34Elle est là ? Elle est présente ?
18:35Ma famille est présente. J'ai passé tous mes étés dans la région.
18:39Donc moi, je suis très content d'aller à Split. On joue le Danemark.
18:43Après avoir lâché le dernier match du tour principal sans inspiration face à la Croatie,
18:47le faux pas est désormais interdit pour les Bleus.
18:49Le Danemark, revenu d'une équipe de France orgueilleuse et revancharde,
18:52le rêve d'une nouvelle finale est au bout de ce duel décisif,
18:56essentiel de ce combat pour écrire une avant-dernière ligne de leur histoire.
19:00On n'avait pas encore peur des Danois.
19:03Je pense qu'on avait à ce moment-là cette aura et cette force collective
19:09qui faisait qu'on battait les équipes presque avant de rentrer sur le terrain.
19:26On doit composer, on doit un peu modifier notre défense.
19:29C'est Gino qui défend en numéro 3
19:32et Danemark, hyper fort, qui a Michael, très jeune, young, en face.
20:03Et la montée de balle avec Lucas Ballot.
20:05Lucas Ballot jusqu'au bout !
20:10Je crois qu'on était très forts, très sûrs de nos forces à ce moment-là.
20:23Les Danois pour relancer l'espoir.
20:26Mais la boutique est fermée par cet homme, Thierry Omeyer.
20:32Thierry Omeyer pour parfaire ce succès qui se dessine un peu plus pour l'équipe de France.
20:37Une nouvelle finale sur le chemin des Bleus.
20:41On l'a battu en jouant bien, sans faire notre meilleur match et en gagnant de 5 buts à la fin.
20:48Un match à sens unique et une démonstration de force défensive,
20:51de jeu collectif offensif.
20:53Direction Zagreb pour les pilotes de rêve face au Peyote.
21:03Dans le même temps, la Croatie fait le boulot aussi en demi-finale.
21:06Et on y est.
21:08Le jour de la finale, le 1er février 2009.
21:12Il va y avoir déjà ce briefing d'avant-match.
21:15Dans lequel Claude Onesta, c'est pour lui aussi important,
21:18il n'a encore jamais été champion du monde en tant que sélectionneur.
21:21Il tient ce discours prémonitoire, clairement, où il dit
21:25ça va être entre guillemets l'enfer.
21:28La salle de l'aréna de Zagreb, le public, la pression.
21:31Oui, on va être cette tempête qu'on imagine.
21:35Et l'idée pour moi, c'est de dire, on va essayer de faire le dos rond.
21:39On va essayer non pas de dominer le match, mais de résister.
21:45Il s'adresse à vous, faites en sorte de retourner la pression.
21:47Et une fois qu'ils auront la pression, ils peuvent lâcher.
21:49Je pense que si cette équipe en est capable de le résister suffisamment longtemps,
21:55il y a un moment où ils vont commencer à se crisper en disant
21:58mais on domine ce match, c'est la passion populaire.
22:02Sauf qu'ils sont toujours là, derrière.
22:04Et qu'à un moment donné, ils vont peut-être venir nous croquer.
22:07On attend des consignes, on n'attend pas que de la prémonition
22:10et nous raconter ce qui va se passer.
22:12Nous, on veut les consignes.
22:13Mais comment vous le faites ?
22:14Qu'est-ce qu'on fait sur le terrain, Claude ?
22:16Moi, j'aime bien, avant d'aborder un match, être prêt à n'importe quelle configuration.
22:24Pour moi, en tout cas, la manière dont je préparais mes matchs,
22:27c'est de ne jamais me faire surprendre parce que l'adversaire allait me proposer.
22:32Le rôle du coach, ce n'est pas de préparer le match tel qu'il doit se passer.
22:38C'est comment tu vas réussir à amener le match à un endroit
22:42où l'adversaire qui jusque-là pouvait te dominer
22:46va perdre sa confiance et tu vas pouvoir l'inverser.
22:50Ce qui a été important dans son discours, c'est de nous expliquer
22:52que ça allait être l'enfer sur le terrain,
22:55que ça allait être un match des étoiles parce qu'il y avait des stars de tous les côtés
23:00et qu'en gros, ce match-là, il est décidé qui allait dominer le monde mondial
23:07et qui étaient les vrais stars et les meilleurs au monde.
23:20La finale entre la France et la Croatie.
23:23Retrouvailles sous haute tension entre les deux pays dans ce chaudron brûlant
23:27qu'est la Zagreb Arena.
23:28Cinq jours seulement après la victoire des Croates, 22-19.
23:34Je peux vous assurer que cette salle, on était aux vestiaires.
23:40C'était une salle toute neuve à Zagreb.
23:43Je crois qu'il y avait 16 000 spectateurs.
23:46On est dans les vestiaires, sous le stade,
23:51et on avait l'impression que les murs tremblaient avant le match.
23:54Au moment où on se préparait aux vestiaires, on se mettait en tenue,
23:57t'avais l'impression que le truc...
24:00Et là, tu te dis qu'il va falloir rentrer dans l'arène.
24:04T'es en mode corrida et c'est toi le taureau.
24:07Et tu sais que les taureaux, ils sont rarement vivants dans l'arène.
24:10Mais des fois, quand il est très brave.
24:15On savait qu'ils nous craignaient.
24:17Et ça s'est vérifié.
24:19Parce que quand on est rentrés sur le terrain en finale des Champions du Monde
24:22contre les Croates, on était vraiment soudés.
24:25On savait qu'on allait être sifflés.
24:27On l'a été plus que tout.
24:29On savait qu'on avait 15 000 personnes contre nous,
24:31mais aussi tout un pays.
24:33Mais voilà, on était déterminés.
24:35Et on sentait qu'on était capables de les renverser.
24:38Moi, je n'avais jamais vécu une ambiance comme ça.
24:41Parce que là, les supports à Croate, on connaît déjà leur ferveur et leur passion.
24:46Ils n'ont pas besoin d'un contexte particulier pour déjà être très présents.
24:51Et là, c'était surchauffé.
24:52Les 15 000 dans l'arène à Zagreb, en mode boîte de nuit,
24:56avec un volume qui était assez incroyable.
25:00Et puis les 50 Français planqués en haut d'une tribune
25:03qui ont essayé de donner de la voix tout au long du match.
25:06Il y a des fois, le stress nous monte.
25:08C'est compliqué.
25:09Mais là, dès la présentation, dès qu'on est rentrés sur le terrain,
25:12plutôt que d'entendre les sifflets ou quoi, j'entendais les chants croates.
25:15J'étais content de l'instant.
25:17J'ai kiffé vraiment le moment.
25:22J'imagine que pour moi, c'est hyper particulier.
25:25Quand je vais en Croatie, et sur tous les matchs avant qu'on joue la Croatie,
25:30j'ai été applaudi par le public.
25:32Quand je vais en Croatie, je fais des photos.
25:34Il y a des paparazzis qui me suivent.
25:36Il y a des gens super sympas avec moi, fiers de ce que je fais.
25:39Et quand je joue contre la Croatie, je me fais siffler.
25:43Et là, c'est les finales des championnats du monde et je rentre.
25:46Quand le speaker dit mon nom, c'est des huées, mais 15 000 personnes.
25:50Mais ce n'est même pas juste des spectateurs.
25:52C'est des ultras.
25:55Une ambiance de folie.
25:57Je me dis « Waouh ! »
25:58Je n'ai jamais vécu ça.
26:00C'est fou.
26:01Et toi, tu le reçois comment ?
26:02Je le reçois en me disant que c'est une marque de respect.
26:06En même temps, quelque part, c'est un peu une injustice.
26:09Les gars, je n'ai rien fait pour mériter ça.
26:12Moi, je me donne juste à fond.
26:13Je joue pour la France.
26:15Il y a quelque part en moi un petit sentiment.
26:17C'est quand même un peu injuste de subir ça.
26:20Après, Nico, c'est un solide.
26:23Et puis, ce n'est pas quelqu'un qui s'épanche beaucoup.
26:27Ce n'est pas quelqu'un qui montre ses émotions.
26:31Mais il y a ses parents.
26:33Je revois ses parents.
26:35Ils ont été là pratiquement tout au long de la compétition.
26:38Pas loin des équipes.
26:40Je me rappelle même qu'à la finale,
26:42on arrive à les faire mettre derrière nous sur des chaises
26:47pour éviter qu'ils soient dans les tribunes.
26:50Ça a été compliqué.
26:52Je ne parle pas serbo-croate.
26:55Mais il a entendu des cochonneries pas très jolies du début à la fin.
27:00Ça te force à mûrir, à grandir
27:03et à prendre un peu de hauteur quand tu reçois ce type d'accueil.
27:14Quand l'hymne croate aussi retentit,
27:17c'est dur pour moi de l'écouter parce qu'il est très bel.
27:19Je vois mes parents dans les tribunes.
27:21Je vois mon père qui chante l'hymne les larmes aux yeux.
27:24C'est un moment pas évident.
27:31CROATIE
27:42Des retrouvailles incandescentes avec le Pays Haut de la Croatie
27:45unies, soudées et en mission, les Bleus face à tout un peuple.
27:49CROATIE
27:59Ils avaient toute la panoplie des mauvais garçons.
28:05La mer Rouge croate est en train de submerger par flot l'équipe de France.
28:10C'était un combat, un engagement, une intensité d'agressivité incroyable à chaque fois qu'on les rencontrait.
28:17Nicolas Karabatic face à Petar Medlicic.
28:20L'agression du Croate.
28:22C'est très dur.
28:24Je me souviens des premières actions où je me fais prendre quelques baffes.
28:29Je me dis que c'est comme ça.
28:32Mais ça ne nous fait pas peur.
28:38J'en ai parlé avec mon père avant le match.
28:40On a beaucoup discuté.
28:41Il m'a prévenu de comment ça allait se passer.
28:43Que mon équipe adverse allait mettre la pression sur moi.
28:45Qu'ils allaient être très durs.
28:47Très physiques.
28:48Qu'ils allaient essayer de me faire péter les plombs avec tout le public.
28:51Avec l'ambiance autour, sur le terrain.
28:53J'en avais beaucoup discuté avec mon papa.
28:56Il m'avait vraiment briefé là-dessus.
29:03La montée de balle.
29:04Abbalon.
29:05Le passage de bras.
29:06Guillaume Gilles.
29:07Le décalage.
29:08Et le lob subtil de Mickaël Guigou.
29:14Tu es le joker.
29:15Tu ne débutes pas.
29:16Tu rentres après 15-20 minutes seulement.
29:18Je ne commence pas le match.
29:20C'est pour moi que j'allais commencer.
29:22Vraiment.
29:23Je me dis qu'il faut d'entrer.
29:25C'est une frustration ?
29:27Peut-être, oui.
29:28Peut-être que c'est une frustration à ce moment-là.
29:30Je me suis dit qu'il faut que je sois bon dès que je rentre sur le terrain.
29:34Parce que c'est une finale.
29:36Contre des croates.
29:37Il ne va pas y avoir beaucoup de buts.
29:39Il faut absolument que je sois bon.
29:41Il faut absolument que j'apporte quelque chose.
30:11C'est un avion.
30:12C'est une fusée.
30:13La patate de fond.
30:141-2.
30:15Daniel Narcis.
30:23Les derniers instants de cette première période.
30:25Gattoni.
30:26Rivanovalic.
30:27Les croates qui obtiennent le dernier 7 mètres.
30:32Ivan Cupic face à Thierry Omeyer.
30:38Et la Croatie qui reprend l'avantage.
30:40Dans les derniers instants de ce premier acte.
30:4512-11 à la pause.
30:47Le PAYOT vire en tête.
30:49Le suspense est entier pour l'équipe de France.
30:51Comment tu le vis le match ?
30:53Il n'y a pas de...
30:54Tu ne paniques jamais ?
30:56Perso, je n'ai jamais paniqué.
30:58Je pense que même nous, l'équipe, on n'a jamais paniqué.
31:01A chaque fois qu'on joue la Croatie, c'est des matchs défensifs.
31:04Hyper rugueux.
31:05Très durs.
31:06Il y a énormément de qualités individuelles des deux côtés.
31:09Mais les défenses, soit la Croatie avec leur 3-2-1.
31:12Et nous avec notre 5-1 agressive à l'époque.
31:15Ce sont nos marques de fabrique.
31:19Le temps fort.
31:20Nikola Karabatic.
31:21La solution sur le décalage.
31:24Lucas Ballot qui obtient le 7 mètre.
31:27Il a été parfait jusqu'à présent.
31:29Mikel Guigou.
31:30Tout comme Ivan Cupic face à Mirko Halilovic.
31:35Marquer 7 mètres, ça arrive.
31:37Dans ce contexte-là, c'est un peu particulier.
31:40Tu es totalement hermétique à ce qui se passe autour de toi ?
31:43Il s'est passé plein de choses.
31:46Je marque 42% des buts de l'équipe.
31:48Mais ce n'est pas moi qui vais chercher les pénaltys.
31:51On a fait preuve de beaucoup de patience par rapport à cette défense 3-2-1.
31:56Je savais qu'il y allait y avoir beaucoup de pénaltys.
31:59Ils font beaucoup de fautes.
32:01Ils sont souvent en retard sur certaines situations.
32:04Pendant la saison, j'avais joué beaucoup de fois Halilovic,
32:07qui était à l'époque à Léone.
32:09J'avais déjà fait 7 sur 7 face à eux.
32:11Peut-être pas tous les pénaltys face à lui.
32:14C'était un duel que j'appréhendais,
32:17en tout cas que j'avais préparé dans ma tête la nuit.
32:20C'est vrai que ça a pas mal cogité.
32:22J'étais très serein par rapport à ça, très confiant.
32:25Mais après, il faut aussi garder son calme, garder ses nerfs.
32:28Et ce jour-là, j'étais dans une...
32:30Ouais, dans un...
32:32Je me sentais bien.
32:34La perfection porte un nom.
32:36Mickaël Guigou.
32:39Le sang glacial coule dans les veines.
32:417 sur 7 pour le génie montpellierain.
32:44L'activité défensive de Nicolas Karabatic sur ce premier temps fort.
32:48Ivano Balic qui tente de percer la muraille.
32:51C'est tenu.
32:52Oh, et regardez ce face à face.
32:54Ce rendez-vous, il s'est éteint vectivé dans la presse.
32:57La poudrière, Ivano Balic prête à exploser.
33:00Et le sang-froid de Nicolas Karabatic.
33:03Le léger sourire narquois sesquisse sur le visage du Français.
33:08L'enfant de Nice en Serbie.
33:10La Croatie en héritage.
33:12L'histoire retiendra cette image, évidemment.
33:14Tout le monde la connaît, ce face à face.
33:16C'est un match rugueux, tu l'as dit.
33:18Donc, il y a une petite gifle qui part en direction d'Ivano Balic.
33:21Tu lui parles ou il te parle ?
33:24J'ai surtout l'impression qu'il te parle.
33:26Qu'est-ce qu'il te dit ?
33:28Alors, il ne me parle pas.
33:30Il m'insulte.
33:31Ce n'est pas pareil.
33:32Sur le coup, je sais que c'est moi qui ai fait l'action défensive il y a deux minutes.
33:36Je ne vais pas en plus la ramener.
33:38Je ne pensais pas qu'il allait s'énerver sur le coup.
33:41Je vois qu'il s'énerve, qu'il vient vers moi, qu'il commence à m'insulter.
33:44Et là, tout de suite, mentalement, j'ai les mots de mon père qui reviennent.
33:49Fais attention, ils vont tout faire pour te faire péter un plomb.
33:52Ne fais pas ça.
33:54Sois calme.
33:56Ils vont tout faire pour te faire sortir du match, etc.
33:59J'ai tout ça qui revient.
34:01Donc, je le vois m'insulter et très énervé.
34:04C'est là où je me dis qu'il ne faut rien dire.
34:06Et en même temps, j'ai ce petit sourire.
34:09Quand je revois à chaque fois les images, ça fait un peu narquois et ça fait un peu hautain.
34:14Tu es jeune.
34:15Je suis jeune.
34:16Je pense que ça a peut-être dû faire en sorte qu'il pète encore plus les plombs.
34:21Et après, très vite, j'ai Tchouf qui arrive, Luc, j'ai les potes qui arrivent pour séparer.
34:28Ils ont tout fait pour essayer de le diminuer, de l'affaiblir.
34:36C'était une vraie compète.
34:38Je ne bougeais pas et je m'étais dit, tu ne bouges pas.
34:40Tu rigoles, tu le regardes et tu ne bouges surtout pas.
34:43Tu ne fais aucun geste.
34:45J'avais aussi l'action de 2006 de la finale de la Coupe du Monde avec Zizou et Materazzi.
34:51Je me sens que j'avais été hyper triste pour Zizou.
34:55C'est une idole pour moi.
34:57Il n'y a personne autour pour venir l'aider dans ce moment-là et qu'il ne soit pas préparé.
35:02Et que ça se termine de cette manière.
35:04Donc, j'ai tout ça en tête et je me dis, tu ne bouges pas.
35:07Au final, c'est une action qui n'est pas de jeu.
35:12Je n'ai pas mis un but là-dessus.
35:14Je n'ai pas fait une action décisive technique.
35:17Mon action la plus importante sur ce match-là, ça a été de ne pas péter les plombs à ce moment-là.
35:22Ivano Balic, c'est la superstar croate, très médiatique, qu'on t'a souvent opposé d'ailleurs.
35:29Surtout les médias balkans, clairement.
35:32C'est quoi ta relation avec lui ?
35:34Jusqu'à cette action-là, il y avait une sorte de forme de respect.
35:38Après, je pense qu'il y en a eu un petit peu moins.
35:40Mais on n'a jamais joué ensemble, donc on n'a jamais vraiment discuté.
35:43Il n'y a malheureusement pas d'amitié.
35:46Je ne peux pas dire que ce soit un ami.
35:48Mais j'ai beaucoup de respect pour ce qu'il a fait.
35:51Parce qu'il a porté le handball hyper haut.
35:54Et surtout le handball croate et des Balkans.
35:57Et moi, je suis fan aussi de mon pays d'origine.
36:01La Croatie pour repasser en tête.
36:03Avec Ivano Balic, le décalage est trouvé.
36:05La grosse faute de Lucas Ballon, qui n'est pas sifflé.
36:08Incroyable sur Gorazprey.
36:10Et la colère brûlante du banc croate.
36:18Quand tu as l'impression que tu as le match à ta main.
36:21Et que tu n'arrives jamais à le finir.
36:24Il y a un moment où tu te dis.
36:26Peut-être qu'on a laissé passer notre chance.
36:28Ils vont revenir.
36:29Moi, je leur avais dit.
36:31On va éteindre le stade.
36:33Si on arrive à rentrer dans ce moment-là.
36:57Au moment où ils commencent à douter et se fragiliser.
37:01On a l'impression que l'équipe croate va éclater comme du popcorn.
37:24Je me rappelle à un moment donné.
37:26Il y a Balic qui se rapprochait de moi.
37:28Il m'a dit.
37:29Tu avais gagné.
37:30Il reste cinq minutes à jouer.
37:32Il m'a dit.
37:33C'est fini.
37:39Ils sentent qu'ils ont perdu les pédales.
37:42Que nous, on a été suffisamment solides longtemps.
37:45Pour atteindre l'opportunité.
37:47Et quand l'opportunité se présente.
37:49Le match bascule.
37:51Et eux, ils ne sont pas prêts à réagir à ce moment-là.
37:59C'est vrai que ce stade, il devient...
38:02C'est une église à la fin.
38:05Il n'y a plus un mot.
38:07C'est silencieux.
38:09Il n'y a que des invectives.
38:11Des joueurs croates.
38:13Vraiment qui perdent les pédales.
38:15Au point de presque agresser les arbitres.
38:18Igor Vori qui prend rouge.
38:20Parce qu'il fait semblable de jeter le ballon sur l'arbitre.
38:23Des trucs impensables.
38:28Les tribunes.
38:33La France touche du doigt une nouvelle étoile.
38:36Daniel Narcisse les derniers instants.
38:41Quelle bataille livrée par l'équipe de France.
38:44La climatisation de la Zagreb Arena.
38:47Et les larmes de bonheur sur le banc français.
38:50Les soldats bleus face à la capitulation croate.
38:54La tête à l'envers.
38:56Et ce dernier tir.
38:58Désabusé.
39:00En guise d'aveu de Domagoj Duvniak.
39:02C'est un exploit colossal.
39:04Un triomphe immense.
39:06Un doux rêve après le cauchemar promis au bleu.
39:09La France contre tous les diables de l'enfer croate.
39:12A trouvé la lumière.
39:14Les portes du paradis s'ouvrent en grand.
39:176 mois après la demi-finale.
39:19Face à ces mêmes croates.
39:22Mon sentiment c'est une fierté énorme.
39:25De pouvoir être champion du monde pour la première fois.
39:28Avec le maillot de l'équipe de France.
39:31En Croatie.
39:33Mes parents dans les tribunes.
39:35Ma mère était stressée.
39:37Elle entendait toutes les insultes.
39:39J'avais tellement peur.
39:41J'entendais les supporters dire.
39:43Il ne faut pas qu'il passe là.
39:45C'est sûr que quelqu'un va l'agresser.
39:47Ma mère était stressée.
39:49Elle avait peur pour moi.
39:51Mon père c'était un mélange de fierté.
39:54Presse d'incrédulité.
39:56C'était irréel de vivre cette scène.
40:01J'ai vraiment presque autant savouré le match.
40:04Comme un spectateur et comme un joueur.
40:07C'est l'apothéose pour un groupe.
40:10Qui vient s'imposer.
40:12Et qui s'impose comme la meilleure équipe du moment.
40:17Le fait d'avoir réussi une prestation comme celle-là.
40:21Ça ne restera jamais un énorme souvenir.
40:30On a quand même déçu beaucoup de Croates.
40:34Si ce n'est que tout le pays.
40:39Quand on est sportif.
40:41On vit pour ces moments-là.
40:43Pour ces émotions qu'on reçoit.
40:45Avec ses proches et ses parents.
40:48Il n'y a rien de plus beau.
40:50Mon père et ma famille ont une importance prépondérante.
40:54Dans ma réussite.
40:56Je ne réussis pas tout seul.
40:58Je réussis avec mon frère, ma mère et mon père.
41:01J'ai les émotions qui reviennent.
41:03Les larmes qui reviennent.
41:05C'est tellement beau.
41:12Il y avait ce contexte familial.
41:14Où mon père était en fin de vie.
41:16Ça a rajouté une émotion particulière.
41:19Le fait de pouvoir gagner ce titre en Croatie.
41:22Contre les Croates en finale.
41:24Et de pouvoir ramener cette médaille d'or à mon père.
41:27Première consécration mondiale.
41:29Avec le brassard pour le capitaine exemplaire.
41:32Jérôme Fernandez.
41:348 ans après son dernier sacre.
41:36La France est à nouveau sur le toit du monde.
41:40Quand je l'ai vu gagner tout seul.
41:42Les émotions étaient encore plus fortes.
41:49Quand tu es capable d'être pour la première fois champion olympique.
41:53Et que 6 mois après tu te remets couvert.
41:56Dans un contexte de haute tension.
41:58Où tout est contre toi.
42:00Ça prouve à la fois la qualité du groupe.
42:04Mais ça force mentalement aussi.
42:07Et surtout l'idée que le succès ne te rassasit pas.
42:10Et qu'au contraire il te donne envie de plus.
42:13C'est ton premier titre de champion du monde.
42:16C'est dans un contexte très particulier.
42:18C'est l'un des plus grands exploits du handball français.
42:21Dans le contexte.
42:23Tous les titres ont un parfum particulier.
42:26C'est marrant parce que l'anecdote veut que.
42:29J'avais prévu des vacances.
42:31On est donc au mois de janvier.
42:33J'avais prévu des vacances.
42:35Avec les copains on avait dit on ira en Croatie.
42:37J'avais pas à l'époque qu'on allait jouer les croates en finale.
42:40Et donc on arrive en voiture.
42:42Et l'anecdote veut que.
42:44On dit avant d'arriver à la maison qu'on avait louée.
42:46Un peu en dessous du côté de Dubrovnik.
42:49On arrête au bord de la route.
42:51On s'arrête.
42:53Il y a une espèce de type qui vende des fruits.
42:55Et le mec franchement.
42:57C'est au bord d'une route.
42:58Il n'y a pas de bison.
42:59Il n'y a rien.
43:00J'ai l'impression de voir un espèce d'homme des bois sortir.
43:04Et je vois que le mec.
43:06Au fur et à mesure qu'on regarde les fruits.
43:08Le mec il ne regarde que moi.
43:10Le mec je pensais qu'il sortait de la forêt.
43:13Qu'il n'avait jamais vu une télévision.
43:15Pour moi lui c'était une espèce de troglodyte.
43:20Et le mec au bout d'un moment il me regarde.
43:22Il me dit.
43:23Trainer.
43:25Oh putain.
43:27Si même lui il m'a reconnu.
43:29Ça va être trop long les vacances.
43:31Et paradoxalement.
43:32J'ai été reconnu.
43:34Un peu partout quand on allait faire un tour.
43:36Et les gens étaient très respectueux.
43:38Donc Nico.
43:39On résume.
43:40Tu n'as pas encore 25 ans.
43:41En club.
43:42Tu ne sais toujours pas ce qu'est une saison sans être champion.
43:46Tu as déjà gagné deux ligues des champions.
43:48Tu as déjà été le meilleur joueur du monde.
43:51Tu as été champion d'Europe en 2006.
43:53Tu as été champion olympique en 2008.
43:55Tu es champion du monde donc.
43:57En 2009.
43:58On fait quoi après ?
44:01C'est vrai que je n'y avais pas pensé.
44:03En étant champion du monde à ce moment-là.
44:05J'avais gagné tous les titres.
44:07Avec mes équipes bien sûr.
44:09Mais en palmarès individuel.
44:11J'avais coché toutes les cases.
44:13Qu'on pouvait cocher à 25 ans.
44:15J'allais avoir 25 ans.
44:17Donc 24 ans.
44:19C'est juste fou.
44:21C'est juste fou de me rendre compte.
44:23Qu'à cet âge-là.
44:24Tu as dépassé tous tes rêves.
44:26Et tu as réalisé.
44:27Tu as gagné tout ce qu'il y avait à gagner dans ton sport.
44:29Il y a quoi après ?
44:31C'est presque.
44:33Tu es boulimique de titres.
44:35Tu as goûté à cette émotion.
44:37A la gagne.
44:39Tu ne peux plus descendre de ton piédestal.
44:41Je pense qu'après.
44:43Tout ce qui suit.
44:45On a atteint le sommet.
44:47Je pense qu'on a joué.
44:49Je jouais avec une motivation différente.
44:51Ne pas perdre.
44:53Ne pas descendre du podium.
44:55Quand tu es premier et que tu ne veux pas perdre.
44:57C'est différent.
44:59Tu n'es pas en conquête.
45:01Tu es en conservation de ton titre.
45:03Ça demande plus de travail mental.
45:05Parce qu'il faut repartir à zéro.
45:07Après chaque compétition.
45:09Tu viens d'être champion du monde.
45:11Tu es champion olympique.
45:13Tu as les deux titres.
45:15Il faut savoir te servir de la confiance que ça a généré.
45:17Mais l'oublier.
45:19Et ne pas se croire beau et fort.
45:21Parce que tu as ces titres-là.
45:23Parce que les autres t'attendent.
45:25Et veulent ta peau.
45:27C'est presque plus un travail mental.
45:29À faire collectivement.
45:31Mais aussi individuellement.
45:33C'est presque le plus dur qui commence.
45:35Et pourtant, deux ans après.
45:37Vous remettez ça.
45:39Pourtant on va remettre ça.
45:43Le titre de 2011.
45:45Pour moi c'est le sommet.
45:49On avait de moins en moins la sensation.
45:51De jouer les matchs ou les compétitions.
45:53On n'est pas habitué.
45:55A voir Titi en difficulté.
45:57Parce que c'est lui qui mettait les autres en difficulté.
46:01C'était un extraterrestre.
46:03La force du management de l'équipe.
46:05Ça a toujours été la responsabilisation des joueurs.
46:09Quand les moments étaient difficiles.
46:11Ça me donnait encore plus envie.
46:13De prendre mes responsabilités.
46:15Tu te dis.
46:17Mais qu'est-ce qu'il fait.
46:19Je suis déterminé à ne pas perdre ce match.
46:21Et surtout à être performant.
46:23On a la faculté de faire des beaux finishes.
46:25Ou de rendre les finales encore plus incroyables.
46:31Pour moi c'est le plus bel final que j'ai joué.
46:37Tu y as cru à ce discours ?
46:43J'avoue que je n'avais pas trop écouté à ce moment là.
46:47Ça ressemble sincèrement au Colisée.
46:49C'est la fosse aux lions.
46:51C'est la cage aux lions.
46:53Face à des lions.
46:55Vous êtes des esclaves annoncés.
46:57À être dévorés.
46:59Ça ressemble à la fosse aux lions.
47:01Vous êtes là pour vous faire dévorer.
47:03Vous êtes invité à vous faire dévorer par les croates.
47:05Ça ressemble un peu à ça.
47:07Ma Franck Julion m'a dit de me laver les dents plus souvent.
47:09Et de ranger ma chambre.
47:13Les dentistes.
47:15Si tu as les prochains numéros du loto.
47:17Tu n'hésites pas.
47:19C'est ça qui est dur.
47:21On a raté nos carrières.
47:25Je trouve qu'ensemble on est pas mal sorti.
47:27Tu n'as pas gagné le mondial tous les deux ans non plus.
47:29Il faut attendre un petit peu.
47:31Dommage d'ailleurs.
47:33Si ça avait été en 2003 on aurait pu le faire ensemble.
48:17Abonne-toi !

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