"Un sentiment de colère et de déception": l'interview de Sophie Binet en intégralité

  • il y a 7 heures
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, était l'invitée de BFM Politique.

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Transcript
00:00BFM TV, BFM politique. N'est-là la trousse ?
00:07Bonjour Sophie Binet.
00:08Bonjour.
00:09Merci d'avoir accepté l'invitation de BFM politique,
00:11le rendez-vous politique incontournable du dimanche midi
00:14en partenariat avec La Tribune Dimanche.
00:16A mes côtés, Amandine Attalaya et Lucie Robkin pour vous interroger.
00:20Bonjour à vous.
00:21Et vous pouvez, amis téléspectateurs,
00:24adresser vous aussi vos questions à Sophie Binet.
00:28Il suffit de scanner ce QR code qui s'affiche à ma droite.
00:32Un nouveau gouvernement depuis quelques heures, Sophie Binet.
00:35La liste est tombée hier soir juste avant 20h.
00:3838 ministres, autant d'hommes que de femmes.
00:41Une figure très identifiée à gauche en la personne de Didier Migaud
00:45et une figure très identifiée à droite en la personne de Bruno Retailleau,
00:48nouveau ministre de l'Intérieur.
00:50Pour le reste, peu de société civile, beaucoup d'élus,
00:52des macronistes, des républicains, des centristes.
00:55Comment vous deviez le qualifier d'un mot, ce gouvernement ?
00:58Écoutez, je crois que le sentiment de la majorité des Françaises et des Français,
01:02c'est de la colère et de la déception.
01:04Avec chez beaucoup, beaucoup de salariés,
01:06une phrase qui revient beaucoup, qui est inquiétante,
01:08c'est le « tout ça pour ça », avec le sentiment d'un déni de démocratie.
01:12Et ça, c'est dangereux.
01:13Ça fait plusieurs mots.
01:14Comment ?
01:15Ça fait plusieurs mots, déni de démocratie, déception, colère.
01:17Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste,
01:20disait « réactionnaire ».
01:21Oui, mais malheureusement, dans ce gouvernement,
01:23il y a un certain nombre de personnalités
01:25qui se sont distinguées par leur position réactionnaire
01:28sur la question des droits des femmes,
01:29sur la question des droits des LGBT,
01:31ou sur les questions d'immigration.
01:33Donc, effectivement, ça fait un peu retour vers le futur.
01:35Vous êtes inquiète ?
01:36Oui, je suis inquiète.
01:38Et surtout, on voit que ce gouvernement a été composé
01:41sous l'égide du Rassemblement national,
01:43qui, de fait, aura un droit de vie ou de mort
01:46sur l'avenir de ce gouvernement.
01:48Vous diriez d'ailleurs, comme la France insoumise,
01:50que c'est l'extrême droitisation, je cite Mathilde Panot,
01:54de la Macronie, puisque vous dites
01:56« fait sous l'égide du Rassemblement national ».
01:58Écoutez, c'est un gouvernement qui est encore plus à droite
02:01que le précédent, ça c'est sûr.
02:03Après, moi, ce que j'attends, c'est de savoir
02:07quelles vont être les réponses sur les exigences
02:09des Françaises et des Français, les exigences des salariés.
02:12Parce que ça fait des mois qu'on entend
02:15de la politique politicienne avec des combinaisons
02:17à tous les niveaux.
02:19Les salariés n'en peuvent plus de la politique politicienne.
02:21Là, ce que nous attendons, c'est des réponses
02:23à nos préoccupations, à savoir la question
02:25des salaires et des pensions, la question
02:27de la réforme des retraites et la question
02:29des services publics.
02:30On va développer tout ça, mais pour rester un petit peu
02:32sur l'architecture de ce gouvernement,
02:34le nom du nouveau ministre de l'Intérieur,
02:36Bruno Retailleau, fait beaucoup parler.
02:38Et on se souvient que la CGT Vendée,
02:40dans une action symbolique, avait coupé le courant
02:43au domicile du désormais nouveau ministre de l'Intérieur.
02:46Est-ce que vous craignez de fait d'avoir
02:48des relations tendues avec lui,
02:50et peut-être même plus de contrôle
02:52sur vos activités syndicales, que sais-je ?
02:55Écoutez, on verra.
02:57J'espère qu'il va respecter le cadre républicain
03:00et qu'il va respecter les libertés syndicales
03:02qui sont fondamentales pour notre démocratie.
03:04Ce qui m'inquiète le plus, c'est ses positions
03:06sur la question de l'immigration,
03:08puisqu'il s'est illustré dans le débat
03:10sur la loi Asile et Immigration
03:12en reprenant une partie des propositions
03:15du Rassemblement national,
03:17qui ont de fait été censurées par le Conseil constitutionnel,
03:19parce que non constitutionnel.
03:21C'est ça qui est inquiétant.
03:23Parce qu'elle n'avait rien à faire, pour être précis,
03:25dans ce texte-là.
03:27Mais si un nouveau projet de loi Immigration arrive,
03:29il n'est pas dit qu'elles seront censurées.
03:31C'est ça qui est inquiétant, justement.
03:33Ce qui est inquiétant, c'est qu'on a un débat
03:35sur l'immigration qui est totalement caricatural
03:37et qui oublie qu'aujourd'hui, en France,
03:39l'immigration, c'est une richesse,
03:41parce que les personnes immigrées travaillent
03:43et elles rapportent beaucoup plus au pays
03:45qu'elles ne lui coûtent, notamment en impôts
03:47et en cotisations sociales.
03:49Et donc, ce qu'il faut, c'est qu'il y ait une égalité
03:51entre les travailleurs et les travailleuses,
03:53et que les travailleurs et les travailleuses immigrées
03:55aient les mêmes droits que les travailleurs et les travailleuses françaises.
03:57Vous craignez plus de répression, c'est ça ce que vous dites ?
03:59Vous craignez plus de contrôle, plus de camps démantelés ?
04:01En fait, ce que nous craignons très concrètement, c'est que...
04:03Parce que vous dites, bon, il s'est déjà illustré par le passé,
04:05mais concrètement, qu'est-ce qui vous fait peur ?
04:07En fait, la loi Asile et Immigration, nous l'avons combattue
04:09parce que c'est l'arbitraire.
04:11C'est l'arbitraire des préfectures.
04:13Gérald Darmanin nous avait promis la possibilité
04:15de régulariser plus facilement
04:17les travailleurs et travailleuses étrangères.
04:19Et donc, ce qui vous inquiète, c'est que Bruno Retailleau
04:21ne tienne pas cette promesse, le fait ?
04:23Oui, et déjà, d'ailleurs, cette promesse n'était pas tenue
04:25par Gérald Darmanin, puisque dans toutes les préfectures,
04:27c'est extrêmement compliqué, avec encore plus de difficultés
04:29que celles qu'on avait auparavant,
04:31et le parcours du combattant pour faire régulariser
04:33des salariés qui sont là depuis des années en France,
04:35qui bossent, qui ont leur famille en France
04:37et qui ont besoin d'avoir des droits.
04:39Sinon, si on les maintient sans droits,
04:41on organise le dumping social et on empêche
04:43l'intégration.
04:45Bercy, on voit arriver, après Bruno Le Maire,
04:47deux jeunes ministres,
04:49puisqu'ils sont trentenaires,
04:51Antoine Armand et Laurent Saint-Martin,
04:53et ils n'ont pas d'expérience ministérielle.
04:55Est-ce que vous les connaissez, déjà,
04:57et est-ce que le fait qu'ils n'aient pas
04:59davantage, qu'ils ne soient pas plus capés politiquement
05:01vous inquiète sur leur capacité à porter
05:03des dossiers si politiques
05:05et si importants ?
05:07Écoutez, je ne les connais pas, donc je ne vais pas me positionner
05:09plus loin. Moi, ce que je note, c'est qu'Emmanuel Macron
05:11s'est débrouillé pour garder la main sur
05:13Bercy, et c'est d'ailleurs son objectif
05:15unique sur la composition
05:17de ce gouvernement, pourquoi il a attendu
05:1975 jours, c'est de pouvoir garder
05:21la main et maintenir sa politique
05:23au service des plus riches, dans laquelle
05:25Bercy joue un rôle central.
05:27C'est-à-dire que vous ne croyez pas du tout aux premières déclarations
05:29de Michel Barnier, qui a
05:31dit, avec une forme d'autonomie par rapport à
05:33Emmanuel Macron, justement, qu'il voulait plus
05:35de justice fiscale ?
05:37J'attends de voir, mais il va falloir que ça ne soit pas
05:39cosmétique, puisque je rappelle qu'en
05:41sept ans du septennat d'Emmanuel
05:43Macron, c'est 73 milliards
05:45par an qui ont été offerts en cadeau
05:47pour les plus riches, en baisse d'impôts,
05:49pour les plus grandes entreprises ou pour les plus riches.
05:51Maintenant, ce que nous attendons, c'est un rééquilibrage
05:53très net, or
05:55aujourd'hui, ce dont on nous parle, c'est encore
05:57des économies sur les services
05:59publics, sur la santé, avec des jours
06:01de carence, des franchises médicales, etc.
06:03Le gel des salaires des fonctionnaires,
06:05voilà ce qu'on nous promet comme
06:07perspective. On ne nous vend pas du rêve
06:09là-dessus, donc c'est pour ça qu'il faut que les salariés
06:11se mobilisent, il ne faut surtout pas leur laisser la main.
06:13Sophie Binet, il y a Bercy qui a la main
06:15sur la politique économique
06:17et donc en partie sociale, il y a aussi
06:19le ministère du Travail, et le travail, c'est l'une des priorités
06:21que vous listez d'ailleurs parmi les cinq, travail, santé,
06:23éducation, recherche, environnement.
06:25Astrid Panousian-Bouvemis,
06:27ministre du Travail. Bon, ma chronique
06:29elle vient plutôt de la gauche, la gauche
06:31Strauss-Kanien. Dans
06:33toutes ses interventions passées, elle parle
06:35du dialogue social comme méthode pour
06:37réformer, elle dit que la conditionnalité
06:39des aides en entreprise n'est pas tabou.
06:41Elle, pour le coup, c'est la ministre du Travail
06:43dont vous rêviez. Écoutez, je pense que c'est
06:45bien qu'il y ait du changement au niveau du
06:47ministère du Travail. Moi, ce que je note,
06:49c'est qu'elle s'était positionnée contre la réforme
06:51de l'assurance chômage, et donc
06:53j'espère qu'elle va être constante
06:55avec ses positions et qu'elle va faire en sorte
06:57de l'enterrer définitivement.
06:59Et pour cela, ce qu'il faut, c'est redonner la main
07:01aux acteurs sociaux avec une tout autre
07:03lettre de cadrage que celle qui avait été
07:05mise en place il y a un an et qui nous imposait
07:07de faire des économies drastiques sur le dos des privés
07:09d'emploi. Alors, il y a une réforme, vous le dites,
07:11qui va s'imposer rapidement, c'est cette réforme de l'assurance
07:13chômage. Vous devez revoir les règles avant le 1er
07:15novembre. Qu'est-ce que vous réclamez concrètement
07:17à la nouvelle ministre du Travail ? Est-ce qu'il
07:19faut revoir, abroger toutes
07:21les réformes qui avaient été mises en oeuvre par
07:23le gouvernement Attal ?
07:25Oui. Alors, ce qui est sûr, d'abord, c'est qu'il faut
07:27enterrer définitivement celle qui a été
07:29suspendue par Gabriel Attal.
07:31Ensuite, toutes les précédentes étaient catastrophiques.
07:33Donc, effectivement, idéalement,
07:35il faudrait remettre les choses
07:37à plat. Elle, c'est celle-là qui a critiqué la nouvelle
07:39ministre du Travail. Elle n'a que pas critiqué celle-là.
07:41Mais en attendant, ce qu'il faut, c'est
07:43redonner la main aux acteurs sociaux, donc aux syndicats
07:45et aux partenaires. Mais les partenaires sociaux n'avaient pas réussi
07:47à négocier sur cette réforme. C'est pour ça que le gouvernement
07:49avait repris la main. Mais pourquoi on n'avait pas réussi à négocier ?
07:51Parce qu'il y avait une lettre de cadrage
07:53intenable, avec une lettre de cadrage
07:55qui nous imposait de faire des milliards d'économies
07:57sur le dos des privés d'emploi.
07:59Peut-être que j'explique en quelques secondes ce qu'est une lettre de cadrage
08:01pour nos spectateurs. En fait,
08:03c'est la mission où vous confie le gouvernement. Il dit voilà
08:05les bornes que vous n'avez pas le droit de dépasser. C'est ça ?
08:07C'est ça. Malheureusement, sur l'assurance chômage,
08:09nous n'avons plus la main. C'est le gouvernement
08:11qui encadre les négociations avec une lettre
08:13de cadrage. Nous pensons d'ailleurs qu'il faudrait supprimer
08:15cette lettre de cadrage. Mais en attendant, elle est là.
08:17Et le problème, c'est que ces dernières années,
08:19à chaque fois, le gouvernement nous donnait
08:21une mission impossible, en nous demandant
08:23de faire des milliards d'économies, qui étaient
08:25complètement injustes, parce que le régime
08:27de l'assurance chômage est excédentaire.
08:29Il va bien, il n'y a pas
08:31de déficit. Le problème, c'est que le gouvernement
08:33voulait se servir dans les caisses de l'assurance
08:35chômage pour financer d'autres priorités
08:37de sa politique, et en gros financer ses cadeaux
08:39au service des plus riches. En durcissant l'inhalation
08:41d'ouverture des droits, peut-être pour expliquer la réforme,
08:43l'idée c'était de durcir les conditions
08:45d'accès aux droits.
08:47Ça voulait revenir à une durée d'indemnisation de 24 mois
08:49comme avant. Concrètement, qu'est-ce que vous demandez ?
08:51Concrètement, ce qu'on veut, c'est améliorer considérablement
08:53les droits des privés d'emploi. 24 mois
08:55d'indemnisation, un seuil
08:57d'ouverture à 4 mois pour pouvoir
08:59couvrir les jeunes, une amélioration
09:01du niveau d'indemnisation, parce qu'il y a
09:03beaucoup de privés d'emploi qui ont des indemnisations très faibles,
09:05notamment les femmes.
09:07Et donc, nous avons une proposition pour
09:09faire des recettes, parce que ça, ça se finance, évidemment,
09:11et nous sommes sérieux dans la gestion.
09:13Il faut élever
09:15les cotisations pour les hauts salaires.
09:17Aujourd'hui, les salaires de plus de 4 fois
09:19le plafond de la Sécurité sociale,
09:21donc c'est autour de 15 000 euros, c'est des salaires très élevés,
09:23ne cotisent pas sur l'entièreté
09:25de leur salaire au chômage, alors que
09:27pourtant, ils cotisent pour les retraites
09:29complémentaires. Et donc, ce qu'il faudrait, c'est
09:31déplafonner les cotisations pour l'assurance
09:33chômage, ça ferait rentrer quasiment
09:351 milliard d'euros dans les caisses, et ça permettrait
09:37de financer une amélioration
09:39très notable des droits des privés d'emploi.
09:41Vous voulez rouvrir cette négociation dans les semaines qui viennent,
09:43c'est bien ça ? Oui, tout à fait. D'accord.
09:45La ministre du Travail a aussi beaucoup parlé
09:47du chômage des seniors, on sait que les seniors
09:49sont souvent mis à la porte de leur entreprise,
09:51là aussi, c'est une négociation que vous n'avez pas réussi
09:53à mener à terme, est-ce que vous voulez la reprendre,
09:55et dans quelles conditions ?
09:57Oui, cette négociation, elle n'a pas abouti
09:59parce que c'est le patronat qui l'a fait capoter,
10:01parce qu'il ne voulait entendre
10:03aucune des demandes syndicales, et
10:05en plus, il voulait nous imposer des reculs
10:07en matière de formation des seniors,
10:09notamment. Donc là, la balle est dans le camp
10:11du patronat.
10:13Nous, nous souhaitons évidemment que cette négociation
10:15puisse aboutir, parce que c'est très important
10:17de garantir la formation
10:19des seniors, l'aménagement
10:21des fins de carrière, des départs anticipés,
10:23notamment pour pénibilité
10:25des temps partiels seniors en fin de carrière,
10:27mais il faut que le patronat
10:29revoie son périmètre
10:31de négociation, sinon ça ne pourra pas aboutir,
10:33et donc, pour cela, il faut aussi
10:35que la ministre du Travail tape du poing sur la table
10:37face au patronat. – Mais elle a déjà livré des pistes,
10:39elle, sur l'emploi des seniors, elle a dit
10:41il faut mieux penser la santé et la prévention
10:43au travail, il faut penser les reconversions,
10:45pourquoi pas d'éventuelles incitations financières,
10:47tout ça, c'est du miel à vos oreilles ?
10:49Vous dites, ça va dans le sens de ce que
10:51l'on pourrait accepter ? – Bah écoutez,
10:53il faut regarder plus précisément la question des incitations
10:55financières, par exemple, c'est ce que porte
10:57le patronat avec le CDI senior,
10:59et en fait, le CDI senior, on sait que c'est un nouvel
11:01effet d'aubaine avec des entreprises
11:03qu'on va payer pour embaucher des seniors,
11:05alors que les seniors sont hyper qualifiés avec
11:07beaucoup d'expérience, etc., et en plus, c'était pas conditionné
11:09et c'était valable autant pour
11:11les grosses entreprises que pour les petites,
11:13et puis ça coûtait très cher, donc ça, par exemple,
11:15pour nous, c'est non, ce qu'il faut, c'est
11:17des contraintes pour les entreprises
11:19et des mesures de solidarité entre les grandes entreprises
11:21et les petites, pour qu'il y ait
11:23des fonds mutualisés au niveau des branches
11:25pour permettre aux petites entreprises
11:27de financer les aménagements de fin de carrière,
11:29la prévention de la pénibilité,
11:31de financer aussi
11:33des départs anticipés
11:35et des temps partiels.
11:37Vous l'avez déjà croisé ?
11:39Oui, je l'ai déjà croisé, oui.
11:41Et jusqu'ici, le dialogue se passe plutôt bien ?
11:43Oui, c'est quelqu'un qui était demandeuse
11:45de dialogue, et donc j'espère
11:47qu'elle aura la marge de manœuvre,
11:49la question, c'est la marge de manœuvre qu'elle aura
11:51dans ce gouvernement, donc j'espère qu'elle aura la marge
11:53de manœuvre nécessaire pour enfin
11:55imposer
11:57des priorités sociales, parce que là, aujourd'hui,
11:59on en est très, très, très loin.
12:01Votre dossier, ce sont les retraites.
12:03Vous souhaitez la brogation
12:05de la réforme des retraites,
12:07les Français le savent, Michel Barnier a dit, lui,
12:09qu'il souhaitait des améliorations,
12:11et il dit vouloir ouvrir un débat
12:13avec les partenaires sociaux.
12:15Est-ce que vous accepterez d'en débattre
12:17à Matignon ?
12:19Oui, moi je note d'abord
12:21que
12:23depuis un an et demi, le dossier des retraites
12:25n'est pas clos, alors qu'Emmanuel Macron
12:27voulait passer à autre chose en passant en force.
12:29Notre mobilisation tellement importante
12:31a montré qu'on ne pouvait
12:33pas passer à autre chose. D'ailleurs,
12:35si Emmanuel Macron a eu une défaite cinglante
12:37aux élections européennes et aux élections législatives,
12:39c'est à cause de cette réforme des retraites,
12:41et d'ailleurs, c'est ce qui fait que
12:43aujourd'hui, il y a une majorité de députés
12:45qui veulent abroger la réforme des retraites.
12:47Donc, ce qui doit être mis à l'ordre du jour,
12:49c'est la brogation de cette réforme, parce que
12:51rien ne va dans cette réforme.
12:53Pour autant, Michel Barnier dit non,
12:55en argant notamment du fait que,
12:57dans une situation où les comptes publics dérapent,
12:59la brogation serait de la pure folie.
13:01Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
13:03Moi, ce que je lui propose, tout simplement,
13:05c'est d'organiser une conférence de financement
13:07de nos retraites. C'est ce que tous les syndicats demandent
13:09depuis plus d'un an et demi. Nous avons
13:11des propositions pour financer
13:13un système de retraite de haut niveau.
13:15Ce n'est pas très élevé les ressources
13:17supplémentaires qu'il faut aller chercher,
13:19donc c'est tout à fait soutenable. C'est d'ailleurs ce que disait
13:21le Conseil d'orientation des retraites avant d'être pris en main
13:23par le gouvernement. Vous discuteriez sans préalable ?
13:25Vous ne dites pas, comme d'autres syndicats,
13:27il faut d'abord suspendre la réforme et nous viendrons
13:29discuter ensuite ? Ce que nous dirons, évidemment,
13:31c'est que rien ne va dans cette réforme,
13:33donc on ne peut pas l'aménager.
13:35Ce qu'il faut, c'est que cette réforme
13:37ne s'applique pas, qu'elle soit abrogée.
13:39Ma question, c'est que vous iriez discuter sans préalable ?
13:41C'est-à-dire que ce que vous réclamez, la conférence de financement,
13:43quand vous dites oui au débat, vous ne posez pas
13:45une condition pour accepter d'aller rencontrer
13:47aujourd'hui Michel Barnier et les autres
13:49organisations syndicales ? Ecoutez, tout ça,
13:51c'est un peu de la politique fiction, parce qu'on n'a pas
13:55compris ce que Barnier voulait faire. Moi, ce que je vous dis,
13:57c'est que, voilà, l'objectif de la CGT
13:59et de toutes les organisations syndicales,
14:01c'est que cette réforme ne s'applique pas,
14:03elle doit être abrogée, et donc, on s'engouffrera
14:05dans toute discussion pour faire entendre
14:07nos revendications sur le caractère injuste
14:09de cette réforme. Sophie Binet, quand vous nous dites
14:11qu'une majorité de députés veulent aujourd'hui abroger
14:13la réforme des retraites, c'est en comptant les voix
14:15du Rassemblement National ? Eh bien, pas forcément,
14:17parce que, même sans leurs voix, je pense
14:19qu'il y a une majorité à l'Assemblée Nationale pour
14:21abroger cette réforme. Il y aura plusieurs
14:23rendez-vous très importants. Le premier
14:25d'entre eux, c'est le projet de loi... Avec qui il y aurait une majorité
14:27s'il n'y a pas le Rassemblement National ?
14:29Je ne comprends pas très bien. Eh bien, avec
14:31les députés de gauche, plus Lyott, plus
14:33des députés
14:35LR, Modem, etc., divers qui,
14:37à l'époque, avaient critiqué la réforme des retraites.
14:39Il y avait eu, quand même, à l'époque, si on avait
14:41dans la précédente législature... Entre critiquer
14:43et voter avec le Nouveau Front Populaire,
14:45la marche sera quand même trop à franchir
14:47pour eux. Écoutez, moi, je ne demande qu'à convaincre
14:49et, surtout, à les rappeler d'abord
14:51à ce qu'ils avaient dit il y a un an et demi
14:53et, surtout, à les confronter avec ce que
14:55pensent leurs électeurs et leurs électrices puisque
14:5780% des Françaises et des Français
14:59ne veulent pas de cette réforme. Donc, il est normal
15:01que les députés entendent l'avis
15:03des Françaises et des Français.
15:05Il va y avoir un rendez-vous majeur. C'est le projet
15:07de loi de financement de la Sécurité Sociale.
15:09Cette réforme des retraites, elle a été imposée
15:11dans un projet de loi de financement de la Sécurité Sociale.
15:13Il faut qu'elle soit abrogée dans le projet
15:15de loi de financement de la Sécurité Sociale. Sur cette volonté des deux groupes
15:17aujourd'hui, Nouveau Front Populaire
15:19et Rassemblement National d'abroger la réforme des retraites,
15:21autant vous aviez appelé à voter pendant
15:23les législatives pour le Nouveau Front Populaire,
15:25autant on connaît votre opposition
15:27à Marine Le Pen. Elle défend
15:29les travailleurs, elle aussi, pourtant. Est-ce que vous lui reconnaissez
15:31au moins ça ?
15:33Non, en fait.
15:35Il s'agit d'une imposture sociale,
15:37des faits de com' ou de posture
15:39parce que quand on regarde, évidemment,
15:41qu'elle dit qu'il faut abroger la réforme des retraites
15:43parce qu'elle a bien compris ce que
15:45pensent l'écrasante majorité des Françaises
15:47et des Français. Mais le problème, c'est que
15:49dans le même temps, elle porte la suppression
15:51des cotisations sociales. Or,
15:53les cotisations sociales, c'est ça qui finance
15:55notre Sécurité Sociale, notre système
15:57de retraite, notre système
15:59d'assurance chômage. Donc, son projet
16:01n'est pas viable du tout. Au contraire,
16:03en portant la suppression des cotisations
16:05sociales, elle attaque
16:07frontalement notre Sécurité Sociale.
16:09C'est quand même assez troublant de voir à quel point certaines
16:11propositions du Rassemblement National
16:13ressemblent aux vôtres. Alors, il y a l'abrogation
16:15de la réforme des retraites, mais il y a aussi une baisse
16:17de la fiscalité sur l'énergie par rapport
16:19à la TVA. Il y a
16:21cette volonté de sortir du marché européen de l'électricité.
16:23Est-ce que vous avez l'impression que le
16:25Rassemblement National vole vos idées ?
16:27Est-ce que vous comprenez que de plus en plus
16:29de salariés et d'employés rejoignent les rangs
16:31du Rassemblement National ? C'est une stratégie
16:33du Rassemblement National qui a compris
16:35que pour progresser, il fallait qu'il ait
16:37les voix du monde du travail et qu'il
16:39effectivement s'intéresse beaucoup aux
16:41propositions que nous portons et essaye
16:43de copier. Sauf que, en fait,
16:45ces propositions se heurtent au fait
16:47que, comme le Rassemblement National
16:49est très soutenu par le monde des affaires,
16:51par de nombreux milliardaires, et que l'extrême-droite
16:53est toujours au service des puissants,
16:55jamais le Rassemblement National
16:57ne nous explique comment il finance
16:59ces propositions, puisque jamais
17:01le Rassemblement National
17:03ne propose de taxer
17:05les plus riches et les plus grandes entreprises
17:07puisqu'il est à leur service.
17:09Voilà l'imposture du Rassemblement National.
17:11Et effectivement,
17:13il y a de nombreux salariés, pas que les ouvriers,
17:15et si avec les ouvriers, il y a de nombreux salariés
17:17qui votent pour le Rassemblement National
17:19parce que les autres parties ont déçu.
17:21Parce que la gauche,
17:23quand elle a été au pouvoir, elle a aussi trahi ses promesses.
17:25C'est ce que disait la ministre du Travail l'année dernière.
17:27Elle disait que le Rassemblement National a progressé
17:29grâce à l'absence de reconnaissance sociale
17:31des salariés. Donc finalement,
17:33le Rassemblement National a pris la place
17:35des syndicats, non ?
17:37Ah non, pas du tout. Je pense que les salariés
17:39savent très bien que quand ils ont un problème
17:41vis-à-vis de leur employeur, ils ne vont pas voir
17:43le Rassemblement National, ils viennent voir la CGT.
17:45Mais ce ressentiment social,
17:47il trouve plus d'écho aujourd'hui au Rassemblement National ?
17:49Non, je ne pense pas.
17:51Je ne pense pas du tout.
17:53Les salariés savent que c'est la CGT
17:55et les syndicats d'une façon générale qui les défendent.
17:57D'ailleurs, la cote de popularité
17:59des syndicats a rarement été aussi élevée qu'actuellement.
18:01Donc tout le monde sait bien
18:03que ce sont les syndicats qui défendent
18:05les salariés, que nous ne lâchons rien,
18:07que nous sommes indépendants des gouvernements comme des employeurs
18:09et que quand on a un problème
18:11avec des licenciements dans sa boîte
18:13ou un problème sur les salaires,
18:15c'est la CGT qu'il faut trouver. J'appelle d'ailleurs
18:17toutes celles et ceux qui nous écoutent
18:19à se syndiquer pour que nous soyons plus forts.
18:21Sophie Binet, je rebondis sur ce que vous venez de dire.
18:23Vous dites que la gauche, en trahissant
18:25les travailleurs lorsqu'elle a été au pouvoir,
18:27est quelque part responsable
18:29de la montée du Rassemblement National.
18:31C'est la gauche qui est responsable de la montée du Rassemblement National ?
18:33C'est ce que vous venez de nous dire ?
18:35En fait, ce que je dis, c'est que les responsabilités
18:37sont très larges. Et évidemment,
18:39la gauche a déçu, et ça, ça accrédite
18:41l'idée selon laquelle la seule
18:43alternative, ce serait le Rassemblement National.
18:45Mais aujourd'hui, la première des responsabilités,
18:47c'est celle d'Emmanuel Macron.
18:49Jamais l'extrême droite n'a
18:51autant progressé que sous son gouvernement
18:53et à chaque fois, il a fait des choix
18:55extrêmement cyniques, en connaissance
18:57de cause, puisque c'est quelqu'un de brillant,
18:59qui ont conduit à faire monter l'extrême droite.
19:01Et c'est pour ça que je suis tellement colère contre lui.
19:03Est-ce que les syndicats ont leur part
19:05de responsabilité, ou est-ce que ce n'est que de la faute des gouvernants ?
19:07Nous avons notre part de responsabilité
19:09et nous y travaillons. D'ailleurs,
19:11la CGT et toute l'intersyndicale,
19:13nous allons lancer une grande
19:15campagne contre le racisme et l'antisémitisme
19:17sur les lieux de travail, qui va être révélée
19:19dans les prochaines semaines, parce que nous pensons
19:21qu'il faut mieux
19:23et davantage porter ces questions-là.
19:25Et puis, notre principal
19:27problème, ce sont les déserts syndicaux.
19:29C'est 40% des salariés du privé
19:31qui n'ont pas de syndicat dans leur entreprise.
19:33Le problème est là. C'est pour ça
19:35qu'il faut se syndiquer massivement pour que
19:37nous soyons plus forts et que nous puissions
19:39imposer les priorités sociales.
19:41Sophie Binet, vous restez avec nous. Dans quelques instants, on revient sur la question
19:43du salaire et du pouvoir d'achat
19:45dans BFM Politique. A tout de suite.
19:47...
19:49...
19:51...
19:53...
19:55...
19:57Toujours avec Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT,
19:59de BFM Politique, l'émission
20:01en partenariat avec La Tribune Dimanche, qui relève
20:03aujourd'hui ce pari risqué
20:05du nouveau gouvernement Barnier.
20:07Sophie Binet, j'ai une question
20:09téléspectateur, qui ne parvient à l'instant
20:11que je découle sur mon téléphone,
20:13de Maëlle, qui vous demande
20:15Madame Binet, comment réagissez-vous aux révélations
20:17de Victor Castaner sur les
20:19dérives des crèches privées ?
20:21Eh bien, écoutez, je pense que c'est très grave.
20:23Ça fait des années et des années que la CGT
20:25alerte sur ces dérives, puisque
20:27nous organisons les professionnels de ces crèches
20:29qui tirent la sonnette d'alarme sur la façon
20:31dont on les fait travailler, ce qu'on leur demande
20:33de faire. C'est pas la première fois
20:35qu'il y a de telles révélations, de tels scandales.
20:37Il y a eu plusieurs rapports, plusieurs ouvrages.
20:39La nouveauté du livre...
20:41C'est exactement la même chose.
20:43Même scénario. La grande
20:45révélation quand même du livre de Victor Castaner,
20:47c'est qu'il y a eu un pacte entre la ministre
20:49de l'époque, Aurore Berger, et les
20:51acteurs de ces crèches privées pour
20:53étouffer l'affaire et ne surtout pas
20:55réguler le secteur. Et ça, c'est extrêmement
20:57grave, parce qu'il s'agit
20:59de nos proches, de la vie
21:01de nos bébés, des personnes âgées,
21:03de milliers de personnels qui souffrent parce
21:05qu'ils travaillent dans ces conditions-là,
21:07et qu'on a une partie
21:09du gouvernement, des institutions
21:11qui ont parti lié avec ces
21:13acteurs lucratifs privés et qui spéculent
21:15avec l'argent de la Sécurité sociale.
21:17Ça n'est pas possible, et donc là,
21:19il faut qu'enfin ces révélations
21:21soient prises à la hauteur
21:23et qu'il y ait des changements
21:25majeurs. Donc, j'interpelle le gouvernement
21:27là-dessus. Nous attendons des décisions
21:29immédiates sur la question de la petite enfance.
21:31D'abord, il faut imposer un taux
21:33d'encadrement obligatoire.
21:35Un nombre d'adultes pour un nombre d'enfants ?
21:37Voilà, un nombre d'adultes pour un nombre d'enfants. Élever le niveau
21:39de qualification des professionnels et
21:41avoir un plan de formation
21:43massif. Et puis, il faut
21:45réguler le secteur, et nous pensons qu'il ne doit pas
21:47y avoir d'argent public pour des acteurs qui
21:49spéculent sur la santé de nos proches.
21:51La CGT sera demain à Lille
21:53au procès pour soutenir
21:55les familles qui sont en procès contre
21:57People and Baby. La crèche qui est mise
21:59en cause dans ce livre, et puisque vous citiez
22:01Aurore Bergé, je précise, un, qu'elle n'est plus
22:03au gouvernement, et deux, qu'elle porte plainte
22:05contre l'auteur du livre, Victor Castaner,
22:07qu'elle accuse de diffamation.
22:09De chez vous, continuez d'ailleurs à nous envoyer
22:11vos questions pour Sophie Binet via
22:13le QR code qui apparaît à la droite de l'écran,
22:15et nous continuerons évidemment de relayer
22:17ces questions tout au long de l'émission.
22:19Sophie Binet, puisqu'on évoque le nouveau
22:21gouvernement de Michel Barnier, qui a été
22:23nommé Premier ministre, lui, il y a
22:2517 jours. Est-ce que
22:27Michel Barnier ou son entourage vous ont
22:29contacté ? Est-ce que vous savez que d'autres syndicats,
22:31la CFE, CGC, Forces Ouvrières, par exemple,
22:33ont échangé avec le directeur de cabinet
22:35de Michel Barnier ? Est-ce que ça a été le cas de la CGT ?
22:37Oui, mais Michel Barnier n'a pas souhaité rencontrer
22:39les organisations syndicales, ce qui,
22:41j'avoue, m'a étonnée. C'est
22:43inquiétant sur les priorités.
22:44C'est son directeur de cabinet qui a rencontré.
22:45C'est son directeur de cabinet qui a rencontré.
22:47C'est sa définition des priorités.
22:49Donc, sa priorité, c'est plutôt d'échanger
22:51avec les barons de droite plutôt qu'avec
22:53les organisations syndicales. Vous regrettez que ce soit son directeur
22:55de cabinet qui ait reçu les syndicats ? C'est un signal
22:57politique. Mais moi, ce que je note
22:59et la situation politique le démontre,
23:01c'est que sans mobilisation sociale,
23:03les priorités sociales vont passer à l'as.
23:05Donc, le message que je passe à tous les
23:07salariés, à tous les retraités, à tous les jeunes,
23:09c'est qu'il faut se mobiliser pour
23:11se faire entendre. Mais sur cette rencontre avec le directeur
23:13de cabinet de Michel Barnier, les autres syndicats sont
23:15assez positifs. La CFE dit que c'était
23:17très productif. FO
23:19dit une prise de contact qui s'est plutôt bien déroulée.
23:21Vous, la CGT, ça s'est passé comment,
23:23cet entretien ? Ecoutez,
23:25le directeur de cabinet
23:27a écouté nos demandes, en a
23:29pris note, mais nous n'avons eu aucune réponse
23:31à nos questions. Donc, c'était
23:33un rendez-vous qui, finalement,
23:35n'apportait pas grand-chose. Et moi,
23:37vraiment, ce que je tiens à dire, c'est que
23:39ce qui est très inquiétant depuis 75 jours,
23:41c'est qu'on a des discussions
23:43en vase clos qui sont très éloignées
23:45de nos priorités, des priorités des Françaises
23:47et des Français. Il faut que nous
23:49soyons très nombreux à faire grève et à
23:51manifester le 1er octobre prochain pour
23:53gagner du changement.
23:55Notre demande la plus urgente, la première,
23:57c'est la question des salaires. Parce que là, on voit
23:59que nos salaires continuent à s'effondrer
24:01face à l'augmentation des prix qui continue.
24:03Il y a une très mauvaise nouvelle, c'est que
24:05l'INSEE chiffre à 1,9%
24:07l'augmentation des prix sur 2024.
24:09C'est une très mauvaise nouvelle parce que c'est
24:11seulement à 2% que l'augmentation
24:13automatique du SMIC se déclenche.
24:15Ce que je demande à Michel Barnier,
24:17c'est d'augmenter le SMIC
24:19et d'indexer les salaires sur les
24:21prix pour mettre fin à cette baisse
24:23de pouvoir d'achat des salariés.
24:25J'appelle tous les salariés à s'organiser
24:27dans leurs entreprises pour aller arracher
24:29des augmentations de salaire face à leur patron
24:31et exiger l'ouverture de négociations
24:33salariales immédiates. C'est pour ça qu'il faut
24:35faire grève. Vous parlez d'un SMIC à 1600 euros
24:37net par mois, c'est une hausse assez considérable.
24:39Est-ce que vous pensez que toutes les entreprises
24:41peuvent se le permettre ? Est-ce que vous ne craignez pas
24:43que ça détruise des milliers d'emplois ?
24:45C'est une hausse qui doit être
24:47organisée et étalée dans le temps.
24:49Ce qu'on voit quand on regarde à l'étranger,
24:51c'est qu'en Espagne, il y a eu des augmentations
24:53très importantes du SMIC. Le SMIC espagnol reste bien
24:55inférieur au SMIC français. Tout ça, c'est relatif.
24:57Le SMIC espagnol a beaucoup
24:59augmenté par rapport à la situation
25:01espagnole et
25:03l'économie espagnole va beaucoup mieux que
25:05l'économie française avec une relance
25:07à la consommation intérieure. Le SMIC français est l'un des plus élevés
25:09d'Europe et par ailleurs, il a augmenté de 15%
25:11ces dernières années. C'est plus vrai.
25:13Aujourd'hui, le SMIC français est plus
25:15faible que le salaire minimum allemand,
25:17luxembourgeois, belge.
25:19On voit que nos voisins
25:21commencent à avoir des salaires plus élevés que la France.
25:23Pourquoi est-ce que notre économie va mal ?
25:25Notamment parce que la consommation va très mal.
25:27Le secteur du logement
25:29va très mal parce que les gens n'ont plus
25:31les moyens de se loger et d'investir
25:33dans l'immobilier. Le secteur
25:35de l'alimentaire, on sait que
25:37les Françaises et les Français ne peuvent plus manger correctement.
25:39Par exemple, que beaucoup ne peuvent plus manger
25:41bio. Il y a une catastrophe sur
25:43l'agriculture bio. Tout ça
25:45montre qu'il faut augmenter les salaires. Le risque,
25:47c'est d'augmenter le nombre de personnes au SMIC.
25:49C'est d'augmenter le nombre de SMICards.
25:51Il y a des propositions alternatives.
25:53C'est-à-dire cette volonté
25:55de retirer
25:57une majorité de salariés du niveau du SMIC.
25:59Des propositions pour réformer
26:01les allègements de charges. Est-ce que ce n'est pas
26:03une manière plus intelligente, plus pertinente
26:05de relever les salaires
26:07dans leur ensemble ? Non. Ce que propose la CGT,
26:09c'est d'augmenter le SMIC et d'augmenter
26:11tous les salaires en les indexant sur
26:13les prix. Et donc de faire en sorte que tous
26:15les salaires suivent l'augmentation du SMIC.
26:17Il y a plein d'entreprises qui ne peuvent pas se le permettre. Il y a des salons
26:19de coiffure qui vont détruire des emplois, des commerces.
26:21Oui, sauf que les salons de coiffure, les commerces,
26:23etc. seront les premiers à bénéficier
26:25de l'augmentation du pouvoir d'achat des salariés
26:27qui seront plus nombreux à pouvoir venir consommer
26:29dans ces commerces. Et puis surtout,
26:31ce qu'il faut, c'est concentrer les aides
26:33aux entreprises sur les plus petites entreprises.
26:35Il y a un scandale en France. Il y a
26:37chaque année quasiment 200 milliards d'euros
26:39d'exonération fiscale
26:41et sociale qui sont consentis sans contrepartie
26:43aux entreprises. Ce montant
26:45n'a jamais été aussi élevé.
26:47Ces aides, il faut les remettre à plat. Il faut
26:49les conditionner à des critères sociaux et
26:51environnementaux. Et il faut les limiter
26:53aux entreprises qui en ont vraiment besoin, à savoir
26:55les petites et celles qui sont
26:57exposées à la concurrence
26:59internationale. Alors qu'aujourd'hui,
27:01ces aides, elles bénéficient d'abord aux
27:03plus grandes entreprises et à la grande distribution
27:05qui n'a aucun problème
27:07de concurrence internationale. Sophie Binet, sur
27:09les salaires, le nouveau ministre de l'économie
27:11Antoine Armand met sur la table
27:13une idée, celle de
27:15salaire décent. C'est-à-dire, c'est ce qu'a
27:17pu faire notamment le groupe Michelin.
27:19Ce sont des salaires qui sont au-dessus
27:21du SMIC et qui sont
27:23régionalisés parce que, par exemple, ça ne coûte
27:25pas aussi cher de se loger
27:27je ne sais pas,
27:29en Lozère qu'à Strasbourg.
27:31Est-ce que c'est une idée qui peut
27:33vous intéresser ou vous
27:35fermer d'emblée la porte ?
27:37Écoutez, pour l'instant, c'est extrêmement
27:39flou. Et quand
27:41c'est flou, c'est qu'il y a un loup, comme on dit.
27:43C'est le début.
27:45Oui, alors, chez Michelin, on peut en parler
27:47puisqu'il y a un salaire indécent qui est celui
27:49du PDG. Mais donc, sur
27:51la question, en fait, le salaire,
27:53c'est à la fois un outil pour pouvoir vivre,
27:55mais c'est aussi un outil pour rémunérer les qualifications.
27:57Et aujourd'hui, le problème en France,
27:59c'est qu'il y a un déclassement massif
28:01avec des salariés qui passent leur vie au SMIC
28:03et des salariés très qualifiés qui sont
28:05de plus en plus mal payés.
28:07Donc, ce n'est pas seulement la notion de salaire décent.
28:09Le salaire décent, c'est le SMIC et le SMIC
28:11doit augmenter parce qu'aujourd'hui, il ne suffit
28:13pas à vivre, notamment pour les femmes
28:15qui sont la majorité des SMICards
28:17et qui, en plus, sont souvent à temps
28:19partiel avec des salaires mensuels
28:21bien inférieurs au SMIC.
28:23Donc, le SMIC doit augmenter, mais c'est
28:25tous les autres salaires qui doivent augmenter.
28:27Mais, vous le dites, pourquoi pas, il faudrait voir
28:29ce qu'il y a dans le détail, quand même, sur ce salaire décent.
28:31Écoutez, là, j'attends vraiment...
28:33Vous êtes en train de dire que c'est flou, c'est que vous attendez des précisions.
28:35C'est ça. Mais alors, par contre, moi, ce sur quoi je veux
28:37alerter, c'est ce qu'il y a vraiment dans les cartons
28:39du gouvernement et du patronat, c'est
28:41le fait de dire qu'il faut augmenter
28:43le salaire net en baissant le salaire brut.
28:45Bon, ça, ça s'appelle de l'enfumage.
28:47N'importe qui sait que le salaire net,
28:49c'est ce que nous avons à la fin du mois pour remplir notre
28:51frigo. Le salaire brut, c'est ce que nous
28:53avons sur toute la vie pour payer nos
28:55pensions et nos droits à l'assurance
28:57chômage et à l'assurance maladie. Et donc, si
28:59c'est baisser les cotisations sociales,
29:01c'est baisser nos salaires et c'est baisser
29:03nos droits à la sécurité sociale.
29:05Donc, ça, c'est une très mauvaise idée.
29:07C'est nous prendre, d'un côté, ce qu'on nous redonne
29:09de l'autre. Ça s'appelle de l'enfumage. Et ça, la CGT
29:11sera totalement opposée.
29:13Comment vous expliquez que, malgré
29:15la forte défaillance d'entreprises,
29:17l'incertitude politique, ce climat
29:19d'économie, ces doutes que vous exprimez
29:21sur la trajectoire qui sera
29:23celle du gouvernement Michel Barnier,
29:25il n'y a pas de monde dans les rues.
29:27Les manifestations qui ont été appelées
29:29par des partis politiques ou par des organisations
29:31de jeunesse ne font pas le plein. On verra celle du
29:331er octobre à l'appel
29:35de la CGT. Mais dites-moi,
29:37les Français se sont fatigués de manifester
29:39pendant les retraites ? Il y a une forme de
29:41lassitude, là aussi, ou de fatigue démocratique ?
29:43En fait, ce qui se passe et qui est très
29:45inquiétant, c'est le fatalisme. C'est pour ça
29:47que je suis si en colère face au passage
29:49en force d'Emmanuel Macron. C'est qu'avec
29:51ces passages en force, il installe l'idée
29:53que se mobiliser dans la rue ou dans les urnes,
29:55ça ne sert à rien et qu'il faut juste rester chez soi.
29:57Ça, d'un point de vue démocratique, c'est catastrophique.
29:59Mais ce que je veux dire à toutes celles et ceux qui
30:01nous regardent, c'est que c'est faux. Par notre
30:03mobilisation, on a réussi à déplacer
30:05des montagnes. Mais d'autres syndicats
30:07disent là, par exemple, sur le 1er octobre,
30:09inutile d'épuiser nos troupes, c'est une
30:11mobilisation qui ne sert à rien, donc
30:13on laisse la CGT y aller, mais
30:15c'est le mauvais timing.
30:17Non, pas du tout. Le 1er octobre, c'est le
30:19début d'une mobilisation. Notre objectif,
30:21c'est d'aller chercher des avancées concrètes.
30:23Donc d'abord, des augmentations de salaires partout.
30:25Ensuite, la deuxième chose que nous allons chercher,
30:27c'est l'abrogation de la réforme des
30:29retraites. Parce que contre toute attente,
30:31quand même, le thème de cette rentrée,
30:33c'est la question de l'abrogation de la réforme des retraites
30:35alors que Macron pensait avoir tourné la page.
30:37Par notre mobilisation, nous pouvons
30:39gagner l'abrogation de la réforme des retraites
30:41parce qu'elle est majoritaire à l'Assemblée nationale.
30:43Ce qui peut paraître surprenant, c'est que...
30:45Si on ne se mobilise pas, ça n'arrivera pas tout seul.
30:47Vous n'avez pas envie d'entendre Michel Barnier ?
30:49Le 1er octobre, vous serez en train de manifester.
30:51Lui fait son discours de politique générale.
30:53C'est quand même essentiel, non ?
30:55Oui, tout à fait. D'ailleurs, on va l'écouter.
30:57Mais ce qui est sûr, c'est que si on leur laisse...
30:59La mobilisation était prévue
31:01de très longue date. Michel Barnier a choisi
31:03ce jour-là de faire son discours de politique générale.
31:05Pourquoi ne pas reporter la date ?
31:07Le front syndical est rompu.
31:09Ça ne marchera pas à vos côtés.
31:11Finalement, ça va être un échec, cette mobilisation.
31:13Non, ça, c'est vous qui le prévoyez à l'avance
31:15pour démobiliser les gens. Mais la mobilisation,
31:17c'est nous toutes et tous qui en ferons
31:19la réussite. Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui,
31:21dans le pays, il y a une très large majorité
31:23de salariés qui sont très mécontents
31:25de la situation. Notre objectif, c'est d'aller chercher
31:27du mieux. Et donc, pourquoi est-ce qu'il y a
31:29une mobilisation dès le 1er octobre ?
31:31Parce qu'on voit bien, depuis 75 jours,
31:33ce qui se passe quand on leur laisse la main.
31:35Et si on leur laisse la main, c'est les priorités
31:37sociales qui passent sous le dessous de la pile
31:39avec des petits calculs politiciens
31:41dont nous n'avons rien à faire.
31:43Ce que nous voulons, c'est les salaires,
31:45l'abrogation de la réforme des retraites,
31:47de l'argent pour nos services publics.
31:49Le budget 2025 va être
31:51un enjeu central.
31:53C'est la bataille majeure de la rentrée, vous l'avez dit.
31:55Le ministre de l'Économie n'exclut pas
31:57certains gestes pour plus de justice
31:59fiscale, il l'a dit ce matin.
32:01Vous-même, vous préconisez d'augmenter
32:03la fiscalité sur les plus hauts revenus.
32:05Quelle est la bonne cible ? Est-ce qu'on parle des 1%
32:07les plus aisés, des 10% les plus aisés ?
32:09Est-ce qu'il faut augmenter l'impôt sur le revenu ou un autre impôt ?
32:11Est-ce qu'il faut que ce soit pérenne ou provisoire ?
32:13Ce qui est sûr,
32:15c'est qu'il faut revenir sur les mesures
32:17d'injustice fiscale qui ont été
32:19mises en place par Emmanuel Macron.
32:21Je l'ai dit, 73 milliards de cadeaux
32:23pour les plus riches et pour les plus grandes entreprises.
32:25On abroge la flat tax,
32:27qu'est-ce qu'on fait ?
32:29Tout ça, on revient dessus, ça permet de donner
32:3173 milliards de marge de manœuvre pour 2025
32:33et donc de financer des priorités sociales
32:35comme l'école,
32:37la santé qui va très mal,
32:39nos hôpitaux sont au bord du gouffre,
32:41on meurt dans nos services d'urgence.
32:43Aujourd'hui, on ne peut pas accepter ça.
32:45Moi, je note le message très négatif
32:47de Michel Barnier qui fait un de ses premiers déplacements
32:49à l'hôpital, donc très bien, mais pour leur dire quoi ?
32:51Il va falloir faire des économies.
32:53S'il y a bien un secteur sur lequel
32:55il ne faut pas faire des économies...
32:57Il y a une situation budgétaire aussi.
32:59Il leur dit, je suis aussi contraint par la situation budgétaire.
33:01S'il n'y a pas d'hôpitaux, qu'il faut faire des économies.
33:03Sinon, on va où ? Les hôpitaux ont besoin
33:05d'un investissement massif et de plusieurs milliards
33:07d'investissements, sinon la catastrophe
33:09va continuer avec un impact sanitaire
33:11qui est déjà là.
33:13Les économies, on les fait là où je l'ai dit
33:15depuis tout à l'heure, c'est-à-dire les 200 milliards
33:17d'aides fiscales et sociales pour les entreprises,
33:19mais c'est énorme comme marge de manœuvre,
33:21c'est un tiers du budget de l'État.
33:23Là, on a beaucoup de marge de manœuvre.
33:25Premier sujet, les aides à l'apprentissage.
33:27Elles ont été triplées
33:29par le gouvernement Macron.
33:31Il y a un certain nombre de rapports, notamment de l'OFCE
33:33qui démontrent leur inefficacité
33:35parce qu'elles sont captées par les plus grandes entreprises
33:37et pour les niveaux de qualification les plus élevés.
33:39Le nombre d'apprentis a triplé
33:41grâce à cette réforme, c'est quand même pas rien.
33:43On s'est longtemps lamenté sur le fait que la France
33:45n'avait pas d'apprentis, c'est quelque chose qui marche bien en Allemagne
33:47qui ne marche pas en France, et là ça marche.
33:49Et vous voulez supprimer ces aides ?
33:51On ne veut pas les supprimer,
33:53on veut les concentrer sur celles et ceux
33:55qui en ont vraiment besoin.
33:57En fait, il y a plein de rapports
33:59qui disent que ça ne marche pas et que ça coûte très cher.
34:01Sauf que ça, c'est un élément quantitatif.
34:03Et d'ailleurs, dans ce chiffre quantitatif,
34:05il y a plein d'effets de substitution
34:07avec des gens qui auraient été recrutés
34:09en CDI ou CDD et qui,
34:11à la place, se sont recrutés en apprentissage.
34:13Et en plus, ce qui n'a pas vraiment changé,
34:15c'est le taux d'emploi à l'issue de l'apprentissage
34:17avec des apprentis qui ne sont pas forcément
34:19recrutés après, ce qui pose problème.
34:21Ce que nous proposons, c'est de concentrer les aides
34:23à l'apprentissage sur les niveaux
34:25infra-bac, donc CAP, BEP,
34:27bac pro, parce que
34:29l'enseignement supérieur, des apprentis dans
34:31l'enseignement supérieur sont déjà très attractifs,
34:33les entreprises n'ont pas de mal à les recruter.
34:35Ceux qui ont du mal à être recrutés, c'est
34:37les CAP, bac pro, et puis nous proposons
34:39de concentrer ces aides sur les petites entreprises.
34:41Ce qui était le cas auparavant,
34:43c'est Emmanuel Macron qui a déplafonné
34:45et qui a permis aux multinationales de profiter de ces aides.
34:47C'est pas normal, elles n'en avaient pas besoin.
34:49Sophie Binet, si on retire ces aides, vous n'avez pas peur
34:51des délocalisations, ce qui a pu se passer par le passé ?
34:53Que les entreprises disent, très bien, il n'y a plus
34:55de climat favorable en France,
34:57on ira ailleurs, là où il y a des aides.
34:59Les délocalisations, on les a aujourd'hui.
35:01Les délocalisations, on les a massivement,
35:03par exemple, dans le secteur de
35:05l'automobile, avec
35:07des fermetures d'entreprises qui se multiplient.
35:09J'étais la semaine dernière
35:11avec les salariés de Valeo
35:13qui dénoncent la fermeture de trois sites,
35:15la vente de trois sites, un équipementier
35:17automobile, donc c'est quasiment 10%
35:19des effectifs de Valeo
35:21et ces sites sont vendus
35:23pourquoi ? Pour aller délocaliser
35:25la production en Roumanie et en Turquie.
35:27Que peut faire le gouvernement pour limiter la casse ?
35:29Que doit faire le gouvernement pour éviter
35:31ces plans sociaux qui, effectivement, menacent
35:33cette rentrée sociale ? Ce que nous demandons
35:35au gouvernement, d'abord, c'est
35:37d'avoir un plan spécifique sur la question
35:39de l'automobile et d'avoir des assises
35:41de l'automobile en mettant les constructeurs
35:43automobiles face à leurs responsabilités.
35:45Le problème, c'est qu'aujourd'hui, nos grands
35:47constructeurs nationaux, Renault et Stellantis,
35:49ne jouent plus du tout le jeu de l'emploi
35:51en France, n'en ont plus rien à faire
35:53et ont une stratégie industrielle
35:55catastrophique. Ils font le choix
35:57des marges. Ils développent des véhicules électriques
35:59qui coûtent très chers, on le voit toutes et tous.
36:01Ils sont obligés. C'est une contrainte.
36:03On sait que la vente
36:05de moteurs thermiques sera interdite en 2035.
36:07Non, mais je parlais du très cher. Le problème, c'est pas l'électrique,
36:09c'est le véhicule très cher.
36:11On pourrait faire des véhicules électriques beaucoup
36:13moins chers, mais ils ne font pas ce choix-là
36:15parce que les véhicules électriques beaucoup
36:17moins chers et donc plus petits, ça leur dégage
36:19beaucoup moins de marge. Mais sur l'électrique, c'est pas une marge
36:21forcée pour vous ? C'est une marge
36:23forcée, évidemment, parce qu'ils n'ont pas anticipé.
36:25Le problème, c'est que... Mais je veux dire,
36:27par là, il ne faudrait pas repousser
36:29l'interdiction... Est-ce qu'il faut
36:31reporter cette date de 2035 pour
36:33l'interdiction de vente des moteurs thermiques ?
36:35Ce qu'il faut, c'est qu'il y ait
36:37une table ronde globale
36:39avec des engagements sociaux et
36:41environnementaux solides. Si c'est juste
36:43reculer pour mieux sauter parce qu'encore
36:45une fois, ils n'ont rien anticipé et ils font
36:47du chantage à l'emploi... Donc c'est la faute
36:49des constructeurs automobiles, ce n'est pas la faute de Bruxelles ?
36:51Parce que c'est le discours des constructeurs que de dire...
36:53C'est d'abord la faute des constructeurs automobiles
36:55qui prétextent de la question environnementale
36:57pour délocaliser. La preuve, c'est quoi ?
36:59C'est que depuis les
37:01années 2000, il y a eu plus de... Depuis 2006,
37:03il y a eu 100 000 emplois supprimés
37:05dans l'automobile. Et entre 2006
37:07et aujourd'hui, c'était pas la faute de l'électrique,
37:09c'était les délocalisations et la chute
37:11du nombre de véhicules produits en France. Donc
37:13le problème n'est pas la question environnementale,
37:15le problème, c'est leur stratégie financière
37:17où leur objectif, c'est de dégager toujours
37:19plus de marge pour les actionnaires et des salaires toujours
37:21plus élevés pour les patrons, qui sont quand même parmi
37:23les mieux payés du CAC 40, alors qu'ils passent
37:25leur temps à licencier et à fermer des usines
37:27en France. Sophie Binet, j'ai une question de Georges
37:29qui vous adresse sa question via
37:31le QR code. Est-ce qu'il faut
37:33encourager davantage le passage à la
37:35semaine de 4 jours de travail ?
37:37Oui ou non, la CGT ?
37:39Oui, la CGT est pour la semaine
37:41de 4 jours, c'est-à-dire pas seulement
37:43la semaine en 4 jours. Il ne s'agit pas
37:45de faire les 35 heures ou, pour les
37:47cadres, les 45 heures en 4 jours
37:49parce que ça, l'intensification du
37:51rythme de travail et le fait d'allonger
37:53les journées, ça pèse très lourd sur la santé.
37:55Il faut réduire le
37:57temps de travail parce que, oui,
37:59il y a beaucoup trop de salariés qui travaillent
38:01trop en France, ça pèse sur la
38:03santé le fait de travailler trop et
38:05réduire le temps de travail, c'est un outil
38:07pour créer des emplois et c'est aussi
38:09un outil de progrès social et sociétal
38:11notamment pour permettre
38:13à plus de femmes d'accéder au temps plein
38:15alors qu'elles sont aujourd'hui à temps partiel pour avoir
38:17une journée pour pouvoir passer du temps avec
38:19leurs familles. Donc la
38:21réduction du temps de travail, c'est
38:23la dernière réforme en France
38:25qui a permis de créer des emplois
38:27et d'améliorer
38:29le progrès social et sociétal en
38:31maintenant les salaires.
38:33Pour discuter
38:35de toutes les réformes dont on a parlé, il faut du temps.
38:37Est-ce que vous pensez que Michel Barnier
38:39sera là plus que quelques semaines ou quelques mois ?
38:41Eh bien, écoutez, bonne question.
38:43Moi, j'ai l'impression que
38:45par son calcul,
38:47Emmanuel Macron a mis en place le gouvernement
38:49le plus faible de la Ve République.
38:51On sait que la durée de vie
38:53du gouvernement de
38:55Michel Barnier...
38:57La pièce révélateur, je pense que c'est
38:59tout à fait révélateur de la situation, mais que la
39:01durée de vie du gouvernement de Michel Barnier
39:03tient au Rassemblement National
39:05qui a le droit de vie et de mort
39:07sur l'avenir de ce prochain
39:09gouvernement, et donc
39:11je ne suis pas sûre qu'il passe l'hiver.
39:13Vous êtes très critique sur les choix d'Emmanuel Macron. Est-ce que vous
39:15souhaitez sa destitution ?
39:17Ce n'est pas la question de la CGT,
39:19la question du casting. Nous,
39:21notre question, c'est les contenus
39:23des politiques menées. Ce que nous souhaitons,
39:25c'est que les exigences sociales soient
39:27entendues. Mais vous aviez appelé à soutenir le
39:29Nouveau Front Populaire, et c'est une demande
39:31aujourd'hui du Nouveau Front Populaire,
39:33en tout cas de la France Insoumise,
39:35très pressante, qui dit que l'urgence, c'est la
39:37destitution d'Emmanuel Macron. Oui,
39:39c'est leur demande, pas la nôtre. Nous, nous
39:41ne nous plaçons pas sur le terrain institutionnel,
39:43nous nous plaçons sur le terrain social.
39:45Notre objectif, c'est de faire entendre
39:47les exigences sociales des salariés
39:49et de gagner des avancées. Et moi, ce que
39:51je tiens à noter dans ce climat très
39:53fataliste entretenu, c'est que nous avons
39:55déjà déplacé des montagnes. Nous avons
39:57gagné l'enterrement de la réforme de l'assurance
39:59chômage. Nous avons gagné l'enterrement
40:01de la réforme de la fonction publique, qui était dans les cartons
40:03du précédent gouvernement. Nous avons
40:05gagné l'enterrement de la réforme de l'audiovisuel
40:07public, qui était en cours de discussion
40:09au Parlement. Nous avons gagné l'enterrement
40:11de la réforme du logement, qui mettait
40:13un coût mortel au logement social.
40:15Si j'ose dire, c'est la dissolution qui a arrêté tout cela.
40:17Oui, mais c'est aussi le fait que derrière,
40:19Emmanuel Macron a été sanctionné et n'est plus
40:21majorité pour faire ces réformes.
40:23Et ça, c'est grâce à la mobilisation de
40:25nous toutes et tous. Sophie Binet, est-ce que vous avez un regret
40:27que la gauche ait à ce point bloqué
40:29la nomination, par exemple, d'un Bernard Cazeneuve,
40:31ancien Premier ministre,
40:33ancien ministre socialiste ?
40:35Finalement, est-ce que c'est le tir de barrage
40:37contre Bernard Cazeneuve qui fait qu'aujourd'hui, vous vous retrouvez
40:39avec Michel Barnier, Bruno Retailleau,
40:41tous ceux dont vous nous avez
40:43dit douter des orientations à venir ?
40:45Ecoutez, celle qui a fait la pluie
40:47et le beau temps, c'est Marine Le Pen. On le sait.
40:49C'est elle qui, à chaque fois qu'un Premier ministre...
40:51Vous n'en voulez pas à la gauche de...
40:53Vous ne dites pas qu'on aurait pu avoir
40:55un Premier ministre de gauche ?
40:57Oui, c'est sûr. Si Emmanuel Macron avait
40:59nommé le Front populaire, c'est-à-dire la force
41:01arrivée en tête. Il est là, le problème. Il ne faut pas
41:03se tromper de débat. La situation qu'on vit
41:05en France ne pourrait pas exister
41:07dans aucune autre démocratie parlementaire
41:09au plan mondial. Dans toutes les autres
41:11démocraties européennes, ce qui se passe, c'est
41:13qu'on demande à la force arrivée en tête
41:15de constituer sa majorité et son gouvernement
41:17et si ça ne marche pas, on passe au suivant.
41:19Or, Emmanuel Macron a sauté
41:21cette étape. C'est ça qui est très grave.
41:23Beaucoup de personnalités de gauche, de socialistes, ont refusé d'entrer
41:25au gouvernement. Est-ce que c'est vraiment la manière de défendre
41:27l'intérêt des travailleurs que de faire cette politique
41:29de la chaise vide ?
41:31Ce n'est pas moi qui vais commenter
41:33leur choix personnel. Ce qui est sûr, c'est que
41:35Emmanuel Macron, d'ailleurs,
41:37l'a dit. S'il ne voulait pas
41:39que le Front populaire soit
41:41au gouvernement, ce n'était pas tant la question
41:43de tel ministre ou telle personnalité.
41:45C'était la question du programme du nouveau Front populaire
41:47et donc d'avancée sociale
41:49pour le monde du travail.
41:51Du coup, j'imagine
41:53que pour une personnalité de gauche,
41:55rentrer dans un gouvernement sur une
41:57orientation de droite, qui est celle
41:59du gouvernement de Michel Barnier,
42:01c'était mission impossible.
42:03Le problème, il est là. On a un gouvernement
42:05qui a été fait pour continuer
42:07la politique économique
42:09d'Emmanuel Macron au service des plus riches.
42:11La gauche a ses propres travers
42:13aujourd'hui. On la voit en tout cas se déchirer.
42:15Vous avez dû voir ce qu'a dit
42:17François Ruffin, notamment sur Jean-Luc Mélenchon
42:19quand il l'accuse à la fois de mépris
42:21social, de communautarisme.
42:23Qu'est-ce que vous vous dites ?
42:25On n'y arrivera jamais, à gauche.
42:27On est fait pour se déchirer éternellement.
42:29Qu'est-ce que vous pensez de ces épisodes ?
42:31Écoutez, franchement, moi, ça ne m'intéresse pas
42:33de commenter les débats politiques
42:35entre les uns et les autres. Ce que dit la CGT,
42:37tout simplement... Quand une partie de la gauche
42:39accuse une autre partie de la gauche de mépris social,
42:41c'est quand même assez fort. Ce que dit la CGT
42:43juste, c'est qu'il faut de l'unité.
42:45C'est pour ça que nous portons l'unité
42:47au plan syndical et nous savons que les travailleurs
42:49et les travailleuses sont attachés à l'unité.
42:51Et c'est la même chose au plan politique
42:53pour gagner la gauche à besoin de se rassembler.
42:55Ça ne vous désespère même pas quand vous entendez ce que dit François Ruffin ?
42:57Écoutez, oui, je pense que pour les salariés,
42:59ils ont plutôt envie
43:01d'avoir une gauche qui se rassemble
43:03avec un programme de rupture,
43:05de transformation du pays.
43:07Oui, bien sûr, mais nous,
43:09notre responsabilité comme organisation syndicale,
43:11c'est d'être rassemblés
43:13et nous savons l'être puisque,
43:15malgré des choix qui, ponctuellement, peuvent être différents,
43:17toutes les organisations syndicales françaises
43:19partagent toujours la volonté
43:21d'abroger la réforme des retraites,
43:23d'augmenter les salaires,
43:25d'avoir de l'argent pour nos services publics
43:27et de défendre une autre politique industrielle.
43:29Et c'est ça les enjeux sur lesquels nous interpellons le gouvernement aujourd'hui.
43:31Ce sera le mot de la fin.
43:33Merci Sophie Binet d'avoir été l'invité de BFM politique.

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