Yoann Richomme a pris mercredi la deuxième place du Vendée Globe derrière Charlie Dalin. Le skippeur de Paprec-Arkéa est revenu sur la course et sur sa performance dans un entretien accordé à la chaîne L'Équipe.
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00:00Quelles images, s'il y a trois images à conserver, trois moments forts de votre Vendée Globe à conserver, ce seraient lesquels ?
00:10Là, il faut faire le tri, ce n'est pas évident.
00:15Je pense qu'il y en a un qui est la première semaine du Vendée où je ne fais pas une très bonne entame.
00:23Dans le gros temps au large du Portugal et avant Madère, je reviens devant.
00:28Je sens que mon potentiel est là, je suis bien dans ma course.
00:32Je pense que c'est assez important dans la construction de la suite.
00:39Ensuite, la descente de l'Atlantique à Mach 12, à battre des records de distance les uns après les autres.
00:47C'était quand même assez mémorable, mais c'était dur à vivre.
00:51C'est des bateaux ingrats.
00:54Une journée, ça va.
00:56Sept, huit jours d'affilée, ça commence à devenir vraiment lobotomisant.
01:01Mon gros moment de kiff, le passage du Cap Horn.
01:07Déjà parce que je le passe à ras, à deux kilomètres même pas.
01:11Je le vois, il fait beau, on est de jour.
01:14Globalement, c'est improbable. De jour au Cap Horn, il fait beau.
01:17C'est juste des conditions qui n'existent jamais.
01:20En plus, je passe juste devant Charlie, neuf minutes devant.
01:23Un grand souvenir, un point de passage hyper important.
01:28Déjà géographiquement, mais en plus de la façon dont on l'a vécu.
01:31Qu'est-ce qui a manqué pour aller chercher cette victoire ?
01:37Honnêtement, je ne saurais pas le dire parce qu'identifier un seul élément, c'est un peu réducteur.
01:47Je pense que la stratégie météo, dans la dépression des Kerguelen,
01:56je n'ai pas un regret énorme, mais je sais quels éléments auraient pu me permettre de décider différemment
02:02et faire plus comme Charlie, et donc ne pas faire 500 000 de pertes derrière.
02:10Le bateau était très orienté vers un Vendée Globe portant en dur dans le sud,
02:15ce qui n'a pas toujours été le cas. Du coup, on n'avait pas forcément le design le plus adapté.
02:19Est-ce qu'on a été trop optimisé d'un côté ? Ça, c'est une possibilité.
02:25Et ensuite, peut-être un manque de gestion du repos dans la remontée de l'Atlantique au début,
02:32qui historiquement est très dur parce qu'on a l'impression qu'on sort des mers du sud, que c'est fini.
02:36En réalité, tant qu'on n'est pas arrivé quasiment à la hauteur de Rio de Janeiro,
02:40c'est un endroit super compliqué en météo, et vraiment, c'est peu de le dire.
02:46Donc voilà, peut-être que ces connaissances-là m'ont manqué et m'auraient aidé.
02:53Ces connaissances qu'avait eue Charlie il y a 4 ans, c'est peut-être ça aussi qui a fait qu'il était au-dessus ?
03:01Oui, ça l'a forcément aidé. Je pense qu'il avait un bateau très adapté aux transitions entre les systèmes
03:09et je pense qu'il est peut-être plus fort dans l'analyse météo de ces systèmes-là,
03:17et donc c'est un espèce de combo gagnant qu'il a par rapport à moi.
03:20Ça veut dire que votre éventuel futur bateau, il sera différent ?
03:24Différent, c'est sûr, parce que les bateaux progressent à chaque fois, on les améliore à chaque fois,
03:29pour des raisons qui sont parfois pas vraiment bien maîtrisées.
03:34Quand on a rajouté des foils sur ces bateaux-là, au début on dessinait les mêmes bateaux qu'avant,
03:38puis après on a commencé à les modifier, à faire des bateaux de moins en moins larges, d'autres critères,
03:43et là, au fur et à mesure du développement des foils, de la compréhension de comment marche la machine,
03:47du nouveau design des cockpits et tout ça, ça a une influence sur comment on va designer un bateau dans le futur.
03:52Donc oui, il sera forcément différent.
03:54Pour aller chercher de nouveaux records, ou là vous avez l'impression qu'il va tenir longtemps celui-là ?
04:00Je pense que le record Vendée Globe, il va tenir longtemps,
04:03parce qu'il est issu d'un schéma météo tout autour du monde assez favorable.
04:08Juste, il manque les trois jours de l'Atlantique Nord qui sont un peu lents, mais le reste est juste exceptionnel.
04:16Par contre, le record des 24 heures, je pense qu'il va être explosé un jour, mais explosé.
04:20Les bateaux, ils ont un potentiel.
04:22Moi, quand je le bats, je crois que sur les 24 heures, je ne fais que 18 heures à la bonne vitesse.
04:27Les autres, c'est vraiment un 18 heures catastrophique en fait.
04:30Il faudra regarder si sur 18 heures, je n'ai pas le record d'ailleurs, plus ou moins.
04:33Mais je pense qu'il y a clairement le 650 000 sans trop de soucis sur ces bateaux-là, c'est faisable.
04:42En résumé, Johan, ce Vendée Globe, il est conforme à ce que vous attendiez ou il était surprenant, magique ?
04:49Qu'est-ce que vous en gardez ?
04:52Il était conforme à…
04:54Oui, déjà, je pense que je m'étais bien préparé, donc je n'ai pas été surpris par le Vendée Globe.
04:58Je n'ai pas du tout été surpris par les Mers du Sud, même s'il faut admettre que je pense qu'elles ont été très gentilles avec nous.
05:02Du coup, je ne pense pas l'avoir vécu vraiment comme certains ont pu le vivre derrière ou d'autres éditions.
05:07Donc, j'ai plutôt l'impression d'avoir vécu un Vendée Globe facile.
05:13Donc, soit je m'étais vraiment bien préparé, soit il était facile, oui.
05:16Toute dernière question, et maintenant, il va y avoir une Transat Jacques Vabre au mois de novembre prochain.
05:22Oui.
05:23Bon, ils vont vous remettre d'attaque.
05:24Oui.
05:25Et après, le programme pour Yohann Richard ?
05:28Et après, pour l'instant, le projet n'est pas signé pour la suite.
05:34En tout cas, moi, personnellement, je ne le suis pas.
05:36L'écurie appartient aux sponsors, donc c'est à eux de décider de l'avenir.
05:40Forcément, quand on a bâti une équipe comme celle-là, un palmarès, il y a plein d'éléments.
05:50On a envie que ça continue, c'est sûr, c'est plaisant.
05:54Et à la fois, le rythme est vraiment, vraiment intense sur ce circuit.
05:58Il faut trouver la juste balance entre le personnel et le professionnel.