Pierre Moscovici, Premier président de la Cour des comptes, était l’invité de Benjamin Duhamel ce dimanche 19 janvier. Il a été interrogé sur l'état des finances de la France.
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00:00Il y a quelque chose de très important, c'est que le Premier ministre a dit que ça devait se faire dans des conditions du respect de l'équilibre des finances.
00:07Et là je vais, non pas changer de casquette, mais faire un pas de côté.
00:10Je suis Premier Président de la Cour des Comptes et je suis aussi Président de ce qu'on appelle le Haut Conseil des Finances.
00:15Et je veux rappeler que nous ne sommes pas là pour servir d'alibi.
00:19La situation budgétaire de la France, elle est d'une gravité extrême.
00:23Nous sortons en 2024 d'une année noire, je n'hésite pas à le dire.
00:27D'où ma question, c'est que si la situation est d'une gravité exceptionnelle, d'aller débattre d'une réponse qui produit des économies ?
00:32Nous sortons d'une année noire et on ne peut pas continuer ainsi.
00:36Notre endettement est excessif, notre déficit est excessif.
00:39Nous devons absolument nous mettre sur une pente de réduction.
00:42J'ai vu que le projet de loi de finances aboutissait à un équilibre de quelque 5,4%, qui pour moi est le minimum requis.
00:49Ça doit être non seulement voté, mais ensuite exécuté.
00:51Il faudra ensuite que cet effort se poursuive pendant des années, parce qu'il faut passer en dessous de 3% en 2029.
00:57Nous serons à ce moment-là, et de très loin, les derniers de la zone euro.
01:00Vous savez qu'aujourd'hui, nous avons 6%. La moyenne de la zone euro, elle-même, est autour de 3%.
01:04Comme premier président de la Tour des Comptes, est-ce qu'il est envisageable pour vous de revenir sur les 64 heures, pour dire les choses clairement ?
01:09Ça, c'est le rôle des partenaires sociaux. Et en effet, on peut discuter des différents paramètres.
01:13L'âge pivot était une difficulté.
01:14J'ai observé d'ailleurs que dans son premier quinquennat, le président de la République avait dit avec éloquence pourquoi il ne fallait pas travailler sur l'âge pivot.
01:21Mais si on ne fait pas ça, et il faut aussi résoudre un certain nombre de problèmes, on a parlé des carrières longues,
01:26on a parié la pénibilité, on a parlé du travail des femmes, ce sont des vrais sujets.
01:31Et on voyait bien que la réforme n'était pas totalement aboutie de ce point de vue-là.
01:34Il ne faut pas pour autant dégrader l'équilibre financier. Et ça, c'est tout à fait fondamental.
01:38Et donc non, quand on parle de cette réforme, ça ne peut pas être pour aboutir à cette contradiction,
01:43qu'in fine, on revienne en arrière sur le plan des équilibres financiers.
01:48Et de ce point de vue-là, je veux le dire, c'est un impératif absolu que de réduire nos déficits, de réduire notre dette.
01:54Parce que c'est une question de crédibilité, nos engagements européens.
01:57C'est une question de soutenabilité.
01:59Ça coûte trop cher.
02:00On va avoir un jour 100 milliards d'euros de charges de la dette.
02:03Et puis forcément, c'est une question de souveraineté.
02:04Quand on rembourse chaque année 70, 80, 90 milliards d'euros pour payer sa dette,
02:09alors comment peut-on financer l'éducation, l'innovation, l'écologie, tous ces besoins fondamentaux de la société ?
02:16Et je parlerai en plus de la défense.
02:19Nous voyons bien que dans ce monde dangereux, demain c'est l'inauguration de Donald Trump,
02:23nous avons besoin, nous les Européens, de conquérir les moyens de nous défendre par nous-mêmes.
02:29Et ça coûte de l'argent.