Le Wegovy du laboratoire danois Novo Nordisk est en pharmacie depuis le 8 octobre. Mais le médicament, présenté comme luttant contre l'obésité, n'est pas encore remboursable.
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00:00Et puis on va parler maintenant de notre santé, du Wegovy, vous savez ce médicament dont on vous parle depuis des mois et des mois, contre l'obésité, autorisé en France depuis le mois d'octobre, pas encore remboursable, mais 10 000 français, vous et moi, ont décidé de choisir, choisir, pas décider, choisir, de se l'offrir.
00:16Alors il faut d'abord une prescription, il faut une ordonnance, le remboursement c'est pour quand ? C'est la grande question et on va la poser dans un instant au professeur Boris Ancel, endocrinologue et nutritionniste à l'hôpital Bichat, merci d'être avec nous ce matin Boris.
00:29En attendant, le traitement est à la charge des patients et il coûte très cher, y compris pour les patients qui ont pu le tester ces derniers mois gratuitement puisqu'il y a eu un essai, une expérimentation qui a permis à un peu plus de 7 000 français d'avoir droit au Wegovy gratuitement.
00:44C'est le cas de Josiane que Première Édition avait rencontrée et qui se demande bien ce qu'elle va devoir faire dans les semaines qui viennent écouter.
00:51Au début pour moi je vais essayer de me sacrifier mais pas très longtemps. Le 31 c'est fini, on nous donne la dernière dose à l'hôpital et après au mois de février c'est à nous de nous débrouiller.
01:03Mais comme je pense qu'il y a beaucoup de personnes qui vont peut-être arrêter parce qu'ils ne pourront plus acheter. Si on leur rembourse, ça va.
01:12Parce que pour l'instant, ce ne sera plus le cas. En décembre, le médicament a obtenu le feu vert pour une prise en charge à 65% par la Sécu. Mais en attendant, qu'est-ce qui se passe Boris Ancel ?
01:21Pour le moment, pas de remboursement.
01:23Pas de remboursement. C'est-à-dire que ces gens-là, qui font partie des 8 000, vont devoir payer leur traitement ?
01:29Absolument. Josiane va devoir payer son traitement comme les 250 patients qu'on a pu prescrire dans le cadre de ce qu'on appelle l'accès précoce à ce médicament.
01:38C'était une évaluation qui était proposée par les autorités de santé pour voir comment ça se passe en vie réelle.
01:44Cet accès précoce a été prolongé depuis juin, octobre, puis janvier, février et maintenant c'est terminé, il n'y a pas de remboursement.
01:53La Haute Autorité de Santé a donné un avis favorable au remboursement. Ça ne veut pas dire qu'il y a remboursement.
01:58On a l'exemple de médicaments pour lesquels il y a eu un avis favorable et qui ne sont toujours pas remboursés plusieurs années après.
02:04Il va falloir attendre combien de temps ?
02:05Ça, on n'en sait rien. Quand on pose la question, on ne sait pas.
02:09Les négociations avec le laboratoire Novo Nordisk et l'État doivent durer six mois.
02:13En principe, le laboratoire et la Sécu doivent se mettre d'accord dans les six mois qui suivent l'avis favorable de la Haute Autorité de Santé.
02:19A priori, si l'avis favorable a été rendu en décembre, d'ici le mois de juin, on devrait savoir.
02:24Vous dites à priori. Pour l'instant, on ne sait pas.
02:27C'est vrai que pour le moment, les personnes qui ont eu le médicament dans le cadre de l'accès précoce ne l'auront plus hors remboursement.
02:34Heureusement qu'il est quand même présent dans les pharmacies en France pour celles et ceux qui veulent.
02:39Mais ça fait un véritable fossé entre ceux qui peuvent payer et ceux qui ne peuvent pas payer.
02:44Vos patients, certains ne vont pas pouvoir poursuivre ?
02:47La majorité ne va pas poursuivre le médicament et donc ils vont soit payer entre 250 et 300 euros.
02:53La majorité de mes patients ne pourront pas, malheureusement, mais on n'a pas de solution à leur proposer.
03:00Alors, qu'est-ce qui va se passer ?
03:02C'est vrai que dans les essais cliniques, on le sait, après arrêt du médicament, l'effet s'arrête.
03:07L'effet sur l'appétit du médicament s'arrête et donc la majorité des patients reprend du poids.
03:12D'ailleurs, au passage, ça montre à quel point l'obésité, ce n'est pas une question de volonté,
03:18ce n'est pas une question d'échec personnel, c'est une maladie chronique.
03:21On n'est pas responsable du fait qu'on prend du poids et c'est pour ça qu'un médicament comme le Wegovy
03:27doit être pris en charge comme une maladie chronique de façon globale.
03:31Qui peut accélérer les choses ?
03:32Qui peut accélérer les choses pour le faire rembourser ? Personne.
03:35Même pas le nouveau ministre de la Santé par exemple ?
03:37Écoutez, le ministre de la Santé peut évidemment faire avancer les choses, mais il y a d'autres médicaments
03:43qui posent question et ce médicament, c'est un vrai enjeu économique parce qu'il y a 20% de la population
03:50qui ont une situation d'obésité et même si tous ne relèvent pas du Wegovy,
03:55évidemment, beaucoup de personnes vont demander à leur médecin qu'on leur prescrive.
03:59Et ça, c'est quelque chose qu'il ne faut pas faire.
04:01L'obésité reste une maladie chronique et surtout, il ne faut pas le prescrire comme une pastille pour une cure
04:08ou pour quelques mois.
04:10En attendant, mangez l'esprit léger.
04:12Absolument.
04:13Merci beaucoup Boris Ancel d'être venu nous voir ce matin sur le plateau de première édition
04:17et appel lancé éventuellement au nouveau ministre de la Santé.