Avec Dr Amine Benyamina, chef du département de psychiatrie et d’addictologie de l’hôpital Paul Brousse (Villejuif, IDF) et président de la fédération française d’addictologie
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04Notre invité à 7h41, le docteur Amine Beniamina, chef du département de psychiatrie et d'addictologie de l'hôpital Paul Brousse à Villejuif
00:13et président de la Fédération Française d'Addictologie, docteur Beniamina, bonjour.
00:19Bonjour Jean-Jacques.
00:20Merci d'être avec nous.
00:21Alors, je parlais de ces intoxications graves avec ces sachets de nicotine.
00:31Dans les cabinets des médecins, il y a des collégiens, souvent moins de 15 ans,
00:36qui se retrouvent à l'hôpital avec des sueurs froides, des vomissements, des troubles du rythme cardiaque, des convulsions, des pertes de connaissances.
00:46Tout cela à cause de ces fameux sachets de nicotine.
00:50Vous en avez rencontré, vos confrères en ont rencontré, le danger est réel ?
00:56Écoutez, ce que vous venez de décrire Jean-Jacques, c'est tout simplement une intoxication, un excès de nicotine.
01:02On peut voir ça d'ailleurs lorsque l'on a des patients qui sont suivis et qui se surdosent au nicotine.
01:10Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que la nicotine en elle-même n'est pas nocive.
01:14C'est un produit qui entraîne une dépendance et pour lequel on a mis en place des dispositifs qui sont très efficaces pour arrêter de fumer,
01:22quelque soit qu'il y ait un arrêté de fumer.
01:25Et donc, c'est quelque chose que nous connaissons,
01:29parce que ça permet d'éviter de consommer ce qui est toxique, ce qui est consérégène,
01:33et qui constitue les 4000 autres composants que l'on retrouve dans du tabac en général.
01:38Donc, ce qui se passe là actuellement, c'est une véritable supercerie et finalement,
01:44une déviation ou une utilisation d'un message de prévention, un message de santé, à des fins tout à fait industrielles.
01:52Donc, on vend de la nicotine en étant un industriel,
01:56ce sont les grands majors du tabac, en disant voilà, nous participons à la prévention,
02:00nous participons à protéger nos enfants et même nos adultes en vous proposant de la nicotine.
02:07Mais d'ailleurs, en vérité, c'est une initiation à la consommation qui est offerte de manière masquée.
02:13– Vous faites allusion, le mois dernier, en plein Paris,
02:17une immense bâche a été déployée sur laquelle on pouvait lire
02:21« Une France sans tabac, ça vous intéresse ? »
02:24Nous aussi, et si on se parlait des alternatives ?
02:28Le tout accompagné d'un renvoi vers le site FranceSansTabac.fr
02:32qui fait la promotion justement des sachets de nicotine.
02:36Ces fameux « Pouche ».
02:38– Absolument, mais vous savez, c'est très compliqué,
02:41parce qu'une des révolutions récentes, c'est ce qu'on appelle,
02:45rappelez-vous, j'ai l'occasion d'en parler à votre antenne,
02:49c'est ce qu'on appelle le substitut nicotinique.
02:52Et donc, on a réussi, avec le vapotage, à libérer un certain nombre de Français
02:57qui étaient, eux, à la fois dépendants de la nicotine, du tabac, mais aussi du geste.
03:02Donc, c'est quelque chose qui est encadré et pour lequel on a des retours intéressants.
03:06Et donc, cette interstice qui existe concernant la nicotine est explorée,
03:11est investie maintenant par l'industrie du tabac,
03:14pour, sous un foley, proposer la nicotine, mais en vérité,
03:18propose finalement de se renouveler,
03:21l'industrie du tabac se renouvelle derrière la nicotine.
03:23C'est la raison pour laquelle il faut être très vigilant.
03:25Je répète, je le dis à votre antenne, la nicotine n'est pas dangereuse,
03:29mais c'est le marketing autour pour lequel il faut être très vigilant.
03:33Alors, elle n'est pas dangereuse, mais ses sachets sont dangereux.
03:37Pourquoi ? Parce que dans ses sachets, le taux de nicotine est, par exemple,
03:4110 fois plus élevé que les substituts vendus en pharmacie.
03:46On est bien d'accord. Et je le répète, il faut vraiment, le diable se cache dans le détail.
03:52Parce qu'on peut penser que c'est dangereux, on lâche.
03:56Non, ce qui est dangereux, c'est l'utilisation marketing,
03:59organisée par des majors extrêmement puissantes,
04:03qui évidemment ont été très limitées par 30 ans d'information et de prévention
04:10qui donnent de bons résultats dans le monde.
04:12Le tabac recule. En revanche, il se renouvelle à travers du tabac chauffé,
04:16à travers de la nicotine.
04:18Et c'est là où il faut être très pédagogue.
04:21C'est ce que vous faites ce matin. Je vous en remercie.
04:23Alors justement, docteur Beniamina, que dites-vous aux parents ou aux ados
04:27qui pourraient nous écouter et qui glissent entre la lèvre et la gencive
04:34ces sachets de nicotine, ces pouches ?
04:37Deux choses. La première, si vous n'avez jamais toussé au tabac,
04:40vous n'avez pas besoin de nicotine, donc vous n'êtes pas dépendant.
04:43Et si le camarade le fait, ne le faites pas, parce que ça fait bien.
04:47Et si vous êtes dépendant, adressez-vous à des structures,
04:50à des professionnels, pour vous aider à arrêter de consommer
04:53en vous donnant de la nicotine, qu'elle est passée par les essais,
04:56par le crible de l'essai, comme un médicament.
04:59Et d'ailleurs, les dispositifs transdermiques qu'on appelle le patch,
05:03vous les trouvez dans les pharmacies.
05:04Vous ne les trouvez pas chez les buralistes ou ailleurs.
05:07Attention à ne pas confondre les choses.
05:09Lorsqu'on vous vend de la nicotine, elle est dosée et elle est utilisée
05:15de manière très précise.
05:17Alors que lorsqu'on vous vend des pouches, il y a 10 fois plus de nicotine
05:21et c'est dangereux, évidemment.
05:23C'est dangereux, ça devait être interdit par le précédent gouvernement,
05:26mais le ministre de la Santé, qui est assez absent d'ailleurs,
05:30qu'on n'entend nulle part, je ne sais pas où il est, Yannick Noder,
05:33le ministre de la Santé que nous avons invité, mais enfin qui ne répond pas,
05:37le ministre de la Santé, lui, il n'a rien dit là-dessus.
05:41— Je lui ai posé la question. — Vous l'avez rencontré ?
05:44— Non, j'ai demandé à le rencontrer. Je lui ai fait un courrier
05:48en tant que président de la Fédération française d'éthnologie.
05:50On lui demandait d'être reçu. Il m'a répondu en me disant que oui.
05:53Donc ça fait partie des sujets sur lesquels nous allons interroger.
05:56Je ne lui ferai pas, ni vous d'ailleurs, Jean-Jacques, de procès d'intention.
06:00Nous verrons sa réponse. Absolument.
06:02— Non, on attend les réponses. — Complètement. Tout à fait.
06:04— Moi non plus, je ne fais pas de procès d'intention,
06:05mais j'aime bien poser les questions.
06:06— Vous avez bien raison. C'est exactement ce que nous allons faire.
06:11Dernier point. Ce qui est important, c'est que nous avons affaire
06:15avec ces pouches à un phénomène de positivité de l'image.
06:19Vous savez que les pouches ont été beaucoup utilisées
06:21par des sportifs, par des joueurs de foot, tout ça.
06:23Et il y a des pays européens dans lesquels ils sont très présents,
06:27notamment en Suède. Et donc attention, il y a quand même parfois
06:30des signaux qui sont un peu contradictoires pour lesquels
06:34il faut aussi s'harmoniser sur le plan international.
06:37— Merci docteur Amine Beniamina. Merci beaucoup.
06:40Président de la Fédération française d'addictologie, il est 7 h 47.