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00:00Et vous écoutez Culture Media sur Europe 1 9h30 11h avec Thomas Hill et avec votre invité ce matin Thomas.
00:05Oui, nous sommes en ligne avec le journaliste Bernard de la Villardière pour un numéro spécial d'enquête exclusive consacré dimanche à la jeunesse ukrainienne qui grandit sous les bombes depuis maintenant bientôt trois ans.
00:15Alors que les combats s'intensifient, l'Ukraine prépare de plus en plus ses enfants à une guerre longue.
00:24Si on avait passé trois heures à nous entraîner au tir, vous sauriez vous servir d'une arme.
00:29Certains choisissent de s'engager.
00:33Je voulais vraiment que la guerre se termine le plus rapidement possible.
00:37D'autres de se cacher.
00:39Je veux juste continuer à être un jeune homme.
00:41D'autres encore s'accrochent à la normalité.
00:44Quand j'ai rencontré Olya, elle m'a dit il faut aimer ta vie, il faut t'aimer, t'es peut-tuer.
00:50Il y a des drones, ce n'est pas bon.
00:59Ukraine, une jeunesse sacrifiée.
01:01Alors vous avez mis un point d'interrogation à la fin de ce titre, Bernard de la Villardière, mais il n'était pas vraiment utile.
01:07On comprend bien en regardant ce documentaire que toute cette jeunesse, elle est évidemment complètement traumatisée par la guerre.
01:14Oui, bien sûr, elle est blessée à la fois dans sa chair et dans son esprit, dans son âme.
01:20C'est vraiment un documentaire tout à fait bouleversant, fait par Charles Comiti, qui travaille avec nous depuis des années,
01:26qui est un réalisateur de grands talents, qui a plusieurs fois couvert cette guerre en Ukraine.
01:31Et il a été plusieurs fois sur le front.
01:33Et alors, il s'est attaché à des personnages qui sont évidemment très attachants.
01:36Il y a notamment Timur, un jeune rappeur de 26 ans.
01:40Lui, il a choisi de ne pas partir, de ne pas aller sur le front.
01:44Et il dit lui-même d'ailleurs, je ne peux pas tuer, c'est plus fort que moi.
01:47Et en revanche, comme il l'a dit lui-même, il a tout donné à la guerre et on le suit sur le terrain, à Kharkiv, c'est à la frontière avec la Russie.
01:54Et il va dans les villages bombardés par les Russes pour essayer de convaincre la population qui est encore restée,
02:01qui n'a pas accepté l'évacuation pour des raisons de sécurité.
02:05Et là-dedans, d'ailleurs, il y a beaucoup de personnes âgées.
02:08C'est très touchant, des personnes âgées de 80 et quelques années qui disent moi, je préfère mourir ici avec mes chiens et mes chats.
02:14Je ne veux pas partir.
02:15Et donc, il les convainc de partir et il fait un travail incroyable.
02:18C'est un sauveteur, c'est un garçon qui, même s'il n'est pas sur le front,
02:24il risque sa vie pour sauver celle des autres et pour retisser les liens, les liens sociaux dans ce pays déchiré.
02:31Alors il y a aussi...
02:32Votre journaliste, il suit aussi un jeune papa qui se fait appeler Napoléon
02:36et qui voit son fils que deux fois par an.
02:38Ça, c'est très touchant parce que le reste du temps, il est au combat et puis qu'on manque d'hommes là-bas.
02:43On le suit en permission quand il va voir sa femme, son jeune fils.
02:45Et puis d'ailleurs, Napoléon, on n'a pas de son réveil depuis des semaines maintenant.
02:50Et il a ses traces terribles.
02:52C'est un très beau film, vraiment, c'est un très beau film, très touchant.
02:54Et j'en suis assez fier parce que c'est vrai qu'on parle beaucoup dans cette guerre
03:00de comptabilité des morts, des blessés, de considération géostratégique,
03:04de diplomatie, etc.
03:06Et on parle pas assez de ces hommes qui souffrent.
03:08Il faut rappeler qu'il y a plus de 80 000 morts côté ukrainien,
03:11à la fois des soldats, mais aussi des civils.
03:14En Russie, on ne sait pas, on pense que c'est 4 ou 5 fois plus.
03:17D'ailleurs, même si les Russes ne donnent pas de chiffres,
03:19il y a quand même un chiffre étonnant qui a été donné récemment des côtés russes,
03:22c'est qu'il y a eu 50 000 demandes pour reconnaître des corps de recherche ADN.
03:28C'est-à-dire qu'on sait qu'il y a 50 000 morts côté russes qui n'ont pas été identifiés.
03:32Donc, parce que c'est de la charpie, peut-être parce qu'ils ont été
03:35évidemment abîmés par les bombes, les obus, etc.
03:39et qu'on n'arrive pas à les reconnaître.
03:40Et c'est quelque chose qui est évidemment bouleversant,
03:42parce que c'est vrai qu'il ne faut pas oublier ce qui se passe côté russes.
03:45Cette population qui est l'otage de Vladimir Poutine.
03:49Et d'ailleurs, côté russes, ce sont des gens qu'on va chercher
03:52dans des régions reculées, comme les Buryats, le Tchétchène, etc.
03:56Enfin, voilà, on ne crie pas dans la bourgeoisie en Russie, à Moscou ou ailleurs.
04:01Bien sûr. Et alors, vous vous en parliez de ce personnage
04:04qui fait partie de votre film, ce héros ukrainien
04:08Napoléon, qui a cette phrase assez terrible à un moment dans le reportage,
04:11il dit on meurt dans l'indifférence, on n'intéresse plus personne.
04:14Et c'est vrai que l'opinion publique internationale,
04:16même l'opinion publique française,
04:18on a l'impression qu'on détourne de plus en plus le regard de ce conflit.
04:22Jean-Luc Lemoyne en reparlait tout à l'heure,
04:24mais c'est vrai que vous faites partie des dernières émissions
04:25où on entend encore parler de l'Ukraine.
04:29Oui, on en parle au moins deux ou trois fois par an.
04:31Moi-même, j'y suis allé plusieurs fois.
04:33Et d'ailleurs, la première fois que je suis allé en Ukraine
04:34pour enquête exclusive, c'était en 2014.
04:36Parce qu'on dit souvent que cette guerre a commencé il y a trois ans
04:39ou bientôt trois ans.
04:41Et en fait, elle a commencé en 2014.
04:43Et moi, j'ai été dans le Donbass, à Donetsk en 2014.
04:45Et j'ai vu ces milices pro-russes encadrées par des officiers russes
04:50qui déjà semaient les graines de la division
04:55et essaient de conquérir le Donbass
04:57et bombarder allègrement les populations civiles,
04:59notamment à Donetsk et à Lugansk.
05:01Et c'était vraiment quelque chose qui me déchirait,
05:04qui me scandalisait.
05:07Parce qu'on voit à quel point on peut
05:10détruire une société civile en quelques temps.
05:14Et d'ailleurs, il y a beaucoup de gens du Donbass, d'habitants du Donbass
05:17qui ont choisi d'aller se réfugier en Russie, même s'ils ne sont pas pro-russes.
05:20Enfin, il faut rappeler qu'il y a 20% des territoires ukrainiens
05:23qui est occupé aujourd'hui, plus la Crimée.
05:27Il y a 1200 kilomètres de lignes de front.
05:32Et cette guerre est en train de se transformer
05:33parce que côté russes, d'ailleurs, il y a moins de blindés.
05:36Il y a moins de munitions, même si je crois que c'est Napoléon qui le dit,
05:40les Russes tirent deux fois plus de buts que les Ukrainiens.
05:43Et puis, il y a les drones aussi.
05:45Il y a le rôle joué par les drones, ce qui terrorise les gosses dans les tranchées.
05:49C'est justement ces drones qui, une fois qu'ils ont identifié l'endroit
05:53où se trouvait la tranchée ennemie, larguent des bombes, des grenades.
05:56Et on a été dans un hôpital à Lviv qui soigne les blessés,
06:01qui essayent de les réinsérer.
06:03On leur fabrique des prothèses.
06:04On les apprend à vivre parfois en étant privés de leurs deux jambes.
06:09Et d'ailleurs, les moignons, on les coupe à hauteur du bassin,
06:14pratiquement, parce que pour des raisons de sécurité,
06:16quand on met les garrots dans les tranchées, on les met très, très haut.
06:20Et ces gens ont un sourire, ont un courage quand même assez exceptionnel.
06:24C'est vrai qu'on parle beaucoup, évidemment, de la démobilisation
06:27et du fait qu'il y a beaucoup de désertion, mais il y a 5000 désertions
06:30dans les rangs ukrainiens.
06:32On le voit, ça aussi, d'ailleurs, certains qui refusent d'y aller.
06:35Mais il y a aussi des milliers qui choisissent d'aller au front.
06:39Et j'en ai rencontré.
06:41Et puis aussi, on ne parle pas de ces 5 millions d'élèves
06:44qui sont privés d'une éducation normale maintenant.
06:47On suit Anna dans le film de Charles.
06:50On suit notamment Anna à Kharkiv, qui est privée d'école.
06:53Un documentaire très réussi de Charles Comiti,
06:58qu'il faut saluer.
06:59Votre grand reporter sur place depuis trois ans.
07:02Enquête exclusive, Ukraine, une jeunesse sacrifiée.
07:05Ce sera donc dimanche soir à 23h10 sur M6.
07:09Merci beaucoup, Bernard de La Villardière, d'avoir été avec nous ce matin.
07:11Je suis désolé de ne pas avoir été avec vous, mais le lendemain,
07:13je vais remporter une petite cochonnerie.
07:15Et on vous laisse vous reposer. Merci d'avoir été avec nous.
07:18A bientôt. A bientôt. Au revoir.
07:20Et restez avec nous sur Europe 1 dans un instant.
07:22La suite de Culture Média avec le journal des médias de Julien Pichenay.
07:25Et ce matin, on va parler de...
07:29C'est toujours les vacances,
07:31au club Dorothée.
07:33On va parler de Dorothée dans le journal des médias,
07:35parce que ce soir sur TF1, il y a un prime.
07:37Merci, Dorothée.
07:39Et qui sera dans le JDM ce matin?
07:42Qui? Dorothée. Dorothée elle-même.
07:44Dans un instant, vous allez l'entendre. A tout de suite sur Europe 1.

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