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Avec Roger Fajnzylberg, fils de Alter Fajnzylberg et auteur de "Ce que j’ai vu à Auschwitz : les cahiers d’Alter" Aux éditions du Seuil

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##LA_VIE_EN_VRAI-2025-01-27##

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Transcription
00:00Le Petit Matin Sud Radio, 5h-7h, Benjamin Gleize.
00:066h40 sur Sud Radio, la vie en vrai.
00:09Aujourd'hui, nous commémorons donc le 80e anniversaire de la libération d'Auschwitz,
00:13summum de la barbarie nazie.
00:15Plus d'un million de juifs ont été tués dans ce camp de la mort
00:18et 80 ans plus tard, de nouveaux témoignages font surface.
00:22Nous sommes avec Roger Feinzelberg. Bonjour.
00:26Bonjour.
00:28Et merci d'être avec nous ce matin.
00:29Les Cahiers d'Alter, ce que j'ai vu à Auschwitz,
00:32c'est l'ouvrage que vous venez de faire publier aux éditions du Seuil.
00:36Témoignage de votre père, déporté du premier convoi, parti de France.
00:40Pourquoi avoir pris la décision de publier son récit,
00:44maintenant 80 ans après la libération du camp ?
00:47Le récit de mon père a été écrit immédiatement après la guerre,
00:51entre septembre 45 et le printemps 46.
00:57Il les a écrits dans des cahiers qui sont restés enfermés dans une boîte à chaussures
01:03que nous avons ouvertes en effet bien plus tard.
01:07Pourquoi ? Eh bien, je dirais principalement
01:11parce que j'avais peur de ce que j'apprendrais de nouveau,
01:15des souffrances qui avaient pu être celles de mon père,
01:19des douleurs que cela révélerait et je n'ai pas osé ouvrir.
01:24Vous saviez que ces carnets étaient présents dans cette boîte,
01:28vous avez eu peur de les ouvrir jusqu'à présent, vous avez décidé de les ouvrir.
01:32Vous aviez parlé avec votre père de ce qu'il avait vécu, de l'horreur d'Auschwitz ?
01:37Mon père et ma mère, qui étaient déportés tous les deux,
01:41ne m'ont jamais raconté directement.
01:44Je crois que ce que cherchaient nos parents déportés,
01:49c'était nous de nous préserver, d'éviter que nous sachions tout,
01:55que nous vivions avec ces cauchemars.
01:59Et donc ils nous ont préservés et ne nous ont pas raconté directement.
02:04Mais j'entendais, je les entendais parler avec les membres de la famille,
02:10avec leurs amis, ils parlaient en Yiddish,
02:15la langue courante des Juifs de Pologne.
02:19Je comprends Yiddish et j'entendais.
02:22J'étais en quelque sorte comme une éponge
02:26qui a absorbé toutes ces informations bribes par bribes.
02:30Mais moi-même je n'ai pas osé leur poser de questions,
02:34de peur de raviver leur souffrance, de leur faire mal à nouveau.
02:38Ils se sont tués, je me suis tué, mais j'ai su l'essentiel
02:44et j'ai appris bien sûr beaucoup en lisant ce que j'ai vu dans les cartes.
02:49– Qu'est-ce qui a été le déclic ? À quel moment vous avez dit
02:52je vais l'ouvrir cette boîte à chaussures et je vais lire ce que mon père a écrit
02:56de ce que j'ai vécu, de ce qu'il a vécu dans ces camps à Auschwitz ?
03:00– Il n'y a jamais un seul facteur déclenchant, il y a une conjonction de faits.
03:05Mais pour répondre précisément à votre question,
03:08il y a eu en effet un élément déclenchant qui est le suivant.
03:12En 2005, j'étais directeur général de l'œuvre de secours aux enfants,
03:17une association dont la mission principale est la défense des enfants,
03:24le sauvetage des enfants.
03:26Et cette association, au lendemain de la guerre, a pris en charge
03:32la moitié des enfants orphelins dans le camp de Buchenwald.
03:36Ils étaient un millier environ, essentiellement hongrois et polonais.
03:41Les alliés en ont confié la moitié à la France
03:43et la France les a confiés à l'osée à cette association.
03:48Et quand j'en étais le directeur, les survivants de ces enfants,
03:52ce qu'on appelait les enfants de Buchenwald,
03:54ont été invités par les autorités allemandes
03:57pour le 60e anniversaire de la libération du camp.
04:00Je les ai accompagnés.
04:02Et à cette occasion, il y a eu des discours et il y a eu notamment
04:06un discours de Jorge Semprún, le ministre espagnol, ancien résistant,
04:12qui a dit à un moment donné, bientôt nous ne serons plus là,
04:15nous ne serons plus là pour témoigner et que se passera-t-il encore.
04:18Et à ce moment-là, un des membres de la délégation française
04:21s'est levé à hurler en disant, nous serons toujours là.
04:25Cet incident m'a marqué.
04:29Et moi, je suis rentré de là ensuite en me disant,
04:32mais j'ai des choses chez moi.
04:34Il faut que je regarde, je dois témoigner.
04:38Et c'est ainsi que je me suis décidé, enfin, à ouvrir cette boîte,
04:42à défaire le nœud de la ficelle qui les entourait.
04:46Et j'ai découvert que ces textes, ces cahiers étaient en polonais.
04:50Et donc là, on est rentré dans une longue période de traduction,
04:54d'études de ce qu'il avait écrit et a donné lieu aujourd'hui
04:59à l'écriture de ce livre.
05:01Un témoignage d'autant plus important et précieux en termes de mémoire
05:05que votre père a passé un an et demi dans les Sonderkommando
05:09et ils sont peu nombreux à avoir eu la possibilité de témoigner de cela.
05:14Mon père a été à la fois un des portiers du premier convoi de partie de France,
05:20le 27 mars 42.
05:22C'est-à-dire qu'il a connu Auschwitz
05:25avant que ce camp devienne un camp de concentration et d'extermination.
05:32Il a vu la montée en puissance de la barbarie et de la volonté de destruction.
05:40Il a été pendant 18 mois affecté comme quasi-esclave dans les Sonderkommando
05:46et il a survécu.
05:48Il a été un des auteurs des photos qui ont été prises,
05:51les seules photos qui ont été prises à Auschwitz par des déportés.
05:55Et donc son témoignage écrit immédiatement après
06:00me paraît tout à fait essentiel parce qu'il le rend compte,
06:04il n'a pas écrit pour lui-même, il ne parle pas de lui principalement.
06:09Il témoigne, il rend compte.
06:12Les derniers témoins directs sont de moins en moins nombreux.
06:16– Roger Feinzelberg, pourquoi il ne faut pas oublier ?
06:23– Il ne faut pas oublier parce que cette période
06:28est une période qui concerne l'ensemble de l'humanité.
06:34Elle a touché essentiellement les Juifs d'Europe, les Ziganes,
06:39les homosexuels, d'autres catégories.
06:43Mais ce qu'il ne faut pas, c'est que ce type d'événements
06:49dans l'histoire puissent se reproduire.
06:51Il faut que le monde entier, que l'humanité apprenne de cela
06:56à vivre en paix, à vivre ensemble et à construire un monde meilleur.
07:03– Roger Feinzelberg, merci, un grand merci d'avoir été avec nous
07:06ce matin sur Sud Radio, merci de votre témoignage.
07:09Je rappelle les cahiers d'alter, ceux que j'ai vus à Auschwitz,
07:13témoignage de votre père que vous publiez aux éditions du Seuil.
07:17Un grand merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

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