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Le numérique représente 4,4 % des émissions de gaz à effet de serre de la France et ce chiffre pourrait tripler d'ici à 2050. Quels sont les leviers à activer au niveau de la consommation, de l’utilisation et de la production pour ne pas en arriver là ?

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Transcription
00:00Le débat de ce Smart Impact consacré à la décarbonation du numérique, Pierre Paco, bonjour.
00:13Bonjour Thomas.
00:14Vous êtes le cofondateur de Télécope, Hugues Ferbeuf, bonjour, bienvenue à vous aussi.
00:18Bonjour.
00:19Vous êtes chef de projet au Shift Project, on présente rapidement Télécope.
00:23Oui, bonjour. Alors Télécope, c'est le premier opérateur télécom coopératif en France,
00:28engagé dans la transition écologique et sociale.
00:31Concrètement, on propose des forfaits mobiles aux particuliers et aux professionnels
00:36pour les accompagner dans une prise en compte des impacts négatifs et matériels du numérique,
00:44contrairement à ce qu'on pourrait croire.
00:45Oui, parce qu'on a toujours l'impression que c'est virtuel quand on parle du numérique,
00:49mais les impacts sont réels, on va évidemment l'expliquer.
00:51Le Shift Project, on a déjà reçu plusieurs représentants du Shift Project ici,
00:54vous nous rappelez en quelques mots de quoi il s'agit ?
00:56Oui, alors le Shift Project, en deux mots, c'est à la fois une association loi 1901 sans but lucratif,
01:04et c'est un think tank, et il se veut être le think tank de la transition vers une économie décarbonée,
01:12qui a été créée il y a une douzaine d'années par Jean-Marc Jancovici, bien connu.
01:17Et donc notre travail consiste à étudier comment se présente cette transition
01:23aux différents secteurs économiques, et ensuite à faire part de nos conclusions et recommandations
01:28aux décideurs politiques et économiques.
01:31Alors on peut commencer par le constat, l'empreinte carbone du numérique, ça représente quoi aujourd'hui ?
01:36Alors l'empreinte carbone du numérique, aujourd'hui il y a un quasi consensus,
01:40pour l'achiffrer, entre 3 et 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
01:49Et il se trouve qu'en France, il y a une étude récente de l'ADEME qui vient de paraître,
01:54on est également à peu près sur le même ratio, puisqu'on est à 4,4% des émissions carbone de la France,
02:02en termes d'empreintes, donc pas seulement les émissions issues du Ciel national,
02:06mais également ce qu'on achète et ce que l'on fait émettre à l'étranger.
02:10Et est-ce que, Pierre Pacot, la croissance, je l'imagine, mais elle est significative de cette empreinte carbone du numérique ?
02:17Tout à fait, et c'est ça aussi qui nous a fait cofonder avec Marion Greffly en 2020 Télécope,
02:23c'est l'état des lieux actuels qui vient d'être donné, c'est 4%,
02:28et en fait ça pourrait être amené à doubler à horizon 2025 à l'époque, on disait.
02:36En ce qui concerne la consommation électrique en France, c'est 10% aujourd'hui,
02:41d'après un peu les derniers chiffres de l'ADEME,
02:43et ça pourrait être amené à être multiplié par 3 à horizon 2050.
02:47Donc c'est des ordres de grandeur qui sont tels qu'il fallait agir et proposer des outils concrets pour essayer d'agir dessus.
02:54Est-ce que, déjà, on peut se poser la question de nos comportements, nous, citoyens et consommateurs,
02:59c'est la conséquence de nos usages, tout simplement, Pierre Pacot ?
03:03Alors, c'est important de redonner aussi un autre chiffre, effectivement.
03:07Il y a dans l'usage du matériel, qui va consommer des ressources au niveau des réseaux, des data centers également,
03:16mais il y a aussi surtout la fabrication des équipements.
03:19Et 80% de l'impact, aujourd'hui, il est quand même dans la fabrication du matériel.
03:25Donc, allonger la durée de vie de nos smartphones, c'est essentiel,
03:30et c'est un des enjeux sur lesquels on travaille beaucoup avec les particuliers,
03:33parce qu'aujourd'hui, la durée de vie d'un téléphone, d'un smartphone en France, c'est autour de 2 ans et demi.
03:38Et nous, le défi qu'on s'est donné, c'est de l'allonger à 5 ans.
03:42Huck Fairboeuf, il y a des usages, il y a effectivement le bilan de la fabrication des smartphones ou des tablettes qu'on utilise.
03:52Est-ce que quand même il y a, et donc une croissance importante, ça c'est le constat,
03:55est-ce que quand même dans la fabrication, il y a une amélioration du bilan carbone des téléphones ou des tablettes qu'on achète ?
04:04Et qu'est-ce qu'elles compensent par rapport à la croissance ? Vous voyez ce que je veux dire ?
04:08Alors, je veux dire oui et non.
04:12Oui au sens où il y a des progrès technologiques qui font que si on fabrique la même chose 2 ans plus tard,
04:21on sait normalement le fabriquer en utilisant moins d'énergie et en émettant moins d'émissions de gaz à effet de serre.
04:29Mais, d'où vient le nom, le problème il y a du fait qu'on ne fabrique pas la même chose.
04:35Et qu'en fait, ce qu'on va désigner comme équipement standard va évoluer lui aussi à travers le temps
04:43et il évolue vers plus de performances et plus de fonctionnalités.
04:48Et du coup, l'équipement standard que l'on va fabriquer 2 ans plus tard, malgré ces gains d'efficacité apportés par la technologie,
04:56il va se révéler plus énergivore au moins en termes de fabrication et plus émetteur de gaz à effet de serre.
05:03Effectivement, et c'est aussi le secteur qui s'est construit sur le fait de remplacer un smartphone par un autre.
05:14Voilà, ce progrès permanent, plus ou moins vrai d'ailleurs, des performances des outils et,
05:21puisqu'on est toujours dans la recherche du plus, et l'intelligence artificielle qui est arrivée et qui se développe, l'intelligence artificielle générative.
05:29Pierre Paco, qu'est-ce que ça change là aussi sur l'impact carbone du secteur ?
05:36En fait, tous ces sujets-là, c'est des sujets d'outils. On va technologiquement développer de nouveaux outils.
05:43Alors nous, on a beaucoup travaillé sur, par exemple, le passage de la 4G à la 5G, nouvelles vitesses.
05:50Hugo en a parlé, il y a un effet rebond finalement. On vient mettre en place une dynamique d'obsolescence marketing,
05:58où on va dire aux consommateurs, vous n'avez pas la 5G sur votre téléphone, c'est catastrophique, il vous faut changer de matériel.
06:05Je dis précédemment que le matériel, c'était une grande partie de l'impact.
06:08Donc c'est important de créer, pour un opérateur tel et comme nous, engagé, des mécaniques contraires à ça, qui vont dans l'autre sens.
06:16Qui vont dire, le numérique est une ressource limitée, il faut l'utiliser de manière juste, de manière raisonnée, en fonction d'un besoin réel.
06:24Et c'est là où le lien avec l'IA est fait. Ce n'est qu'un outil, et à quoi sert-il ?
06:32On peut prendre l'image du clou et du marteau, et effectivement on peut enfoncer un clou avec un tank.
06:38Mais on va consommer un certain nombre de ressources, en eau, en énergie, en pétrole, qui sont associées à cet usage-là et qui n'est pas forcément nécessaire.
06:47Probablement, je prends l'exemple de j'écris une biographie sur Victor Hugo.
06:52La meilleure source d'information, c'est probablement une simple recherche sur Wikipédia, qui dispose d'un très grand nombre d'informations déjà co-construites, de manière coopérative.
07:01Aller faire la même recherche sur une IA générative va avoir un impact de ressources beaucoup plus important pour un résultat pas forcément meilleur.
07:09Et dans nos usages des réseaux sociaux, par exemple, est-ce que l'utilisation de l'IA générative, ça va créer ?
07:15Effectivement, peut-être par exemple plus de vidéos et donc plus de datas internes qui tournent, plus de consommation d'électricité, etc.
07:23On voit bien l'effet domino.
07:25Je reprends votre mention de la vidéo.
07:30Du point de vue de l'impact environnemental, l'IA générative va jouer un petit peu le même rôle que les usages vidéo il y a quelques années.
07:41Lorsqu'on a commencé à mettre en place des réseaux sociaux, pour se concentrer là-dessus, on communiquait essentiellement par texte, éventuellement par photo.
07:50Et puis, on s'est mis à communiquer par vidéo, donc à partager des vidéos.
07:54Et puis, quand on regarde aujourd'hui de quoi est constitué l'usage des réseaux sociaux, c'est essentiellement des usages vidéo.
08:02Et qui se déclenchent d'ailleurs automatiquement, même si on a pas envie de les regarder.
08:05Ce sont plutôt des vidéos courtes. D'ailleurs, là, je parle pas de Netflix ou ça, mais je parle vraiment des vidéos qui sont partagées et qui sont souvent postées par les utilisateurs de réseaux sociaux.
08:17Et en fait, quand on regarde comment a augmenté l'empreinte du numérique ces dernières années, c'est essentiellement à cause de la diffusion des usages vidéo, diffusion accélérée,
08:29et également augmentation de la qualité des vidéos, donc de la richesse des données utilisées, donc du trafic.
08:37L'IA va donner encore un coup d'accélérateur à cette tendance, puisque là, pour générer une vidéo, on n'aura même plus besoin de trouver une situation réelle que l'on va filmer.
08:48Mais on va pouvoir générer une situation sur vidéo qui aura l'apparence de la réalité, mais qui sera en fait totalement virtuelle.
08:56Et on va pouvoir faire ça très facilement, j'allais dire en deux coups de cuiller à peau, en s'appuyant sur un outil d'intelligence artificielle générative
09:07qui va de petit à petit être embarqué dans l'outillage mis à disposition des utilisateurs par les réseaux sociaux.
09:15– Et un dernier thème dont je voudrais parler, ce sont les constellations de satellites, notamment en ormine basse,
09:22évidemment ça nous ramène à Starlink, qui est quasiment monopolistique, l'entreprise de Musk.
09:28Bon, ça nous permet quoi ? Un internet à haut débit ? Alors je voyais que la SNCF ou Air France se disent
09:34« Tiens, on va s'abonner pour donner un service supplémentaire à nos clients ».
09:39C'est un peu la même question que pour les autres usages, est-ce qu'on en a vraiment besoin, Pierre Pacot ?
09:44– En France, on a la chance d'avoir l'ARCEP, qui est l'organisme de régulation des télécoms,
09:50qui a fixé un certain nombre d'objectifs en termes de couverture du territoire,
09:53et notamment pour lutter contre les fameuses zones blanches.
09:57Il se trouve que les progrès sont énormes.
09:59Aujourd'hui, les derniers rapports, je n'ai pas le chiffre, mais on est sur des infimes portions qui restent,
10:05qui sont encore dans des zones blanches.
10:07Et en termes d'impact énergétique, c'est évident qu'un réseau physique qui a déjà été déployé,
10:13qui est utilisé par une grande majorité des Français,
10:17sera beaucoup plus efficace et économe en termes d'impact qu'un réseau satellitaire qu'il faut maintenir, remplacer.
10:23Je ne parle même pas de la pollution visuelle que ça génère.
10:26En tout cas, on peut dire ça à ce stade.
10:29Utilisons les réseaux existants.
10:31La 4G, c'est un réseau qui est déployé quasiment pour tous les Français aujourd'hui.
10:35Et nous, c'est ça vers lequel on amène nos abonnés.
10:39Gardez aussi vos appareils, vos terminaux, tant qu'ils fonctionnent.
10:42On peut allonger la durée de vie.
10:44Il y a des mécaniques et des façons pour les garder 5 ans et plus.
10:47C'est vraiment là-dessus qu'on souhaite mettre l'accent.
10:50Et on a fait passer le message.
10:51Merci beaucoup.
10:52Merci à tous les deux et à bientôt sur BeSmart for Change.
10:55On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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