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Réduire nos émissions carbone, c’est bien, mais il faut aussi mieux absorber le CO2.
Netcarbon s’est donc donné la mission d’analyser la végétation sur Terre à l’aide de satellites de la NASA et de l’ESA afin de définir sa capacité d’absorption de gaz à effet de serre. Basile Goussard, cofondateur de la société, nous explique comment les entreprises peuvent mieux intégrer la captation de carbone dans leur activité.

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Transcription
00:00Quand les données satellites permettent de mieux stocker le carbone, c'est ce que propose NetCarbone. Bonjour Basile Goussard, bienvenue.
00:14Bonjour.
00:15Vous êtes le cofondateur de cette entreprise créée en février 2022 avec Adrien Mazot. C'était quoi l'idée de départ ? Présentez-nous NetCarbone.
00:24Aujourd'hui, on le sait tous, il y a trop de CO2 dans l'atmosphère. Il faut évidemment réduire nos émissions de CO2, mais il faut aussi augmenter la captation de carbone.
00:33La captation de carbone, aujourd'hui, absorbe à peu près 30% de nos émissions. Donc concrètement, 30% des émissions à cause des habits que je porte, à cause du plateau, sont déjà absorbées par la végétation.
00:44Le gros point maintenant, c'est qu'il faut s'améliorer, il faut aller beaucoup plus loin. Et pour ça, il faut se mesurer.
00:49Donc il faut un outil de mesure qui soit impartial, objectif partout. Et c'est ça l'idée principale de NetCarbone, c'est d'apporter une solution qui permette de mesurer combien de CO2 est absorbé par la végétation, puis de permettre à faire en sorte d'en absorber davantage.
01:03Parce que vous partez du principe que la nature, c'est un puits de carbone qu'on peut, qu'on doit développer, c'est ça ? Qui est à disposition d'une certaine façon ?
01:13En fait, on est persuadé que le meilleur moyen de lutter contre le changement climatique, c'est d'accompagner et d'aider la nature. La nature a une technologie extraordinaire qui est la photosynthèse.
01:23La photosynthèse va permettre, avec du CO2, avec du rayonnement, avec de l'eau, d'absorber ce CO2 et de le transformer en sucre. Cette technologie, elle marche beaucoup mieux aujourd'hui que tout ce qui existe, comme des aspirateurs à absorber du CO2.
01:38Donc tout l'enjeu, c'est de pouvoir voir dans un premier temps où on en est, c'est-à-dire qu'une filière agricole, un territoire, combien de CO2 il absorbe aujourd'hui.
01:47Et après, vraiment d'essayer de l'accompagner en renaturant davantage, en mettant en place des meilleures pratiques qui absorbent davantage de carbone.
01:54Donc oui, tout à fait, on est persuadé que la nature est la solution, qu'il faut l'accompagner et pour ça, il faut pouvoir voir où on en est et où on peut aller.
02:01Avec donc des données satellites, on va rentrer dans le détail du fonctionnement sur vos satellites que vous envoyez, parce qu'il y a des jeunes entreprises françaises qui le font.
02:11Donc quelles données satellites vous récupérez, vous utilisez ?
02:14Alors on va s'appuyer sur les données satellites de deux types de sources. On travaille avec les données satellites de la NASA.
02:20Donc la NASA met à disposition les satellites qu'on appelle les Landsat, qui permettent de suivre l'état de la végétation, plus particulièrement la couleur de la végétation, le rouge, le bleu, le vert,
02:32mais aussi des couleurs que nos yeux ne sont pas capables de voir, comme le proche infrarouge, et qui donnent vraiment des indications sur l'état de santé de la plante.
02:39On travaille aussi avec les satellites de l'Agence spatiale européenne, donc les satellites du programme Copernicus, qui sont assez connus.
02:45Et ces satellites-là, qu'on appelle les Sentinelles, parce que c'est les Sentinelles du climat, on récupère toutes ces données.
02:52Donc de ces deux typologies de satellites, NASA et ceux de l'Agence spatiale européenne, pour pouvoir avoir un suivi quasiment tous les cinq jours de l'état de la plante,
03:01de l'état de la végétation, et in fine avec l'algorithme qu'on a développé, de la captation de carbone que cette plante va absorber.
03:08Et ça fonctionne comment pour vos clients ? Ils ont quoi ? Ils ont une appli ? Ils ont une plateforme sur leur environnement numérique ? Comment ça fonctionne ?
03:17Alors on a voulu, et ça c'est l'élément principal, c'est vraiment de permettre de simplifier au maximum la mise en place de l'augmentation de la captation de carbone.
03:27Concrètement, c'est une mesure qui est complexe. On parle de satellite d'observation de la Terre, de longueur d'onde, etc.
03:35Donc c'est des éléments qui sont relativement complexes. Donc notre but, c'est vraiment de simplifier toute cette procédure.
03:40Donc concrètement, c'est une application sur laquelle on va se connecter. On va pouvoir avoir dans un premier temps son état des lieux.
03:46Donc je suis un territoire, je suis une coopérative agricole, je vais pouvoir voir combien j'absorbe de carbone, quel est l'état de la végétation,
03:52aujourd'hui mais aussi dans le passé, de 2017 à aujourd'hui. Ça c'est la première étape.
03:58A partir du moment où j'ai cette première étape, je vais ensuite pouvoir passer sur la deuxième qui est la création de scénarios de simulation pour m'améliorer.
04:05En fait, si on se cantonne à l'état des lieux, il y a un peu l'effet très bien mais qu'est-ce que je peux faire ?
04:11Donc là, c'est l'espèce simulation qu'on a développée pour permettre d'imaginer mettre un arbre ici, mettre une haie, mettre un couvert intermédiaire, changer de culture
04:20et voir quelle serait la meilleure stratégie pour augmenter ma captation de carbone.
04:25Dans un dernier temps, on a l'aspect valorisation. Donc sur la plateforme, on va faire étape 1, état des lieux, étape 2, création d'un scénario de simulation pour m'améliorer.
04:34Étape 3, c'est comment je peux valoriser mon augmentation de la captation de carbone.
04:39Concrètement, est-ce que je peux l'intégrer dans mon bilan carbone, dans mon rapport RSE ? Est-ce que je peux donner accès à ces informations à mes citoyens ?
04:47Quelle est la meilleure solution pour pouvoir après intégrer ces projets, intégrer ce travail dans l'entreprise ?
04:55Si on parle du monde agricole par exemple, et je reviendrai aux autres questions, mais sur la valorisation finalement de l'amélioration de son bilan carbone,
05:04c'est une information qu'ils vont donner à leur partenaire, qui est demandée par le partenaire ?
05:10Par exemple, si on imagine une coopérative agricole d'un côté, un géant de la grande distribution de l'autre.
05:16C'est une très bonne question. Aujourd'hui, beaucoup d'entreprises s'engagent vers la transition écologique, construisent des plans, des stratégies pour dire
05:29il y aura une réduction de 30% de mes émissions, il y aura mon bilan carbone qui va diminuer de temps, etc.
05:35Il y a cette nécessité aujourd'hui de trouver des solutions pour diminuer son bilan carbone, ou du moins pour diminuer ses émissions et augmenter sa captation de carbone.
05:43Donc nous, on va travailler avec des entreprises qui ont cette volonté aujourd'hui de pouvoir réduire leur impact carbone.
05:49Pour ça, concrètement aujourd'hui, c'est d'abord une valorisation, plus dans des rapports RSE, plus dans la communication,
05:58de dire j'ai mis en place une nouvelle pratique qui est mesurée, qui est suivie, et cette nouvelle pratique a permis d'absorber du carbone.
06:06J'aurai un exemple précis juste après si vous le désirez.
06:10Ensuite, le but c'est d'aller plus loin, c'est de pouvoir directement l'intégrer dans le bilan carbone.
06:14Donc finalement, que le produit de cette coopérative ait un bilan carbone plus faible, parce qu'il va émettre moins et aussi parce qu'il va absorber davantage de carbone.
06:24Donc finalement, c'est vraiment la vision de pouvoir décarboner, de réduire l'impact des produits qu'on consomme,
06:31et pourquoi pas un jour arriver à pouvoir avoir le choix entre du pop-corn qui émet du CO2 et du pop-corn qui en émet beaucoup moins ou même qui en absorbe.
06:39Effectivement. Et en plus, ça rentre dans une mécanique dont on parle beaucoup depuis plusieurs semaines ici,
06:45qui est la nouvelle réglementation européenne sur le bilan extra-financier.
06:48Évidemment, ça peut s'intégrer aussi au bout de la chaîne pour les entreprises qui sont déjà concernées ou qui le seront dans les prochaines années.
06:56Vous parliez d'un exemple précis. Voilà. Alors je ne sais pas si on est dans le domaine de l'agriculture, mais ça fait combien ?
07:04Deux ans et demi que vous existez. Donc vous avez un retour d'expérience sur cette décarbonation ?
07:08Totalement. Alors on travaille aujourd'hui avec le leader européen de la filière pop-corn.
07:15Concrètement, Nathaïs est aujourd'hui fourni une grande partie du pop-corn en Europe et 9 cinémas sur 10 où on va en France, c'est du pop-corn de Nathaïs.
07:29Donc Nathaïs produit ce pop-corn et s'est engagé à accompagner ses agriculteurs à avoir des meilleures pratiques agricoles.
07:38Pour ça, un des leviers, un des outils, c'est les couverts intermédiaires. Alors qu'est-ce qu'un couvert intermédiaire ?
07:44Concrètement, on a une culture A qui est une culture qu'on va récolter, une culture B qu'on va récolter.
07:49Entre les deux, on a du sol nu. Donc l'idée, c'est de pouvoir couvrir son sol, de mettre une culture qu'on va après détruire, qu'on va laisser sur le sol.
07:56Le but, c'est vraiment de nourrir le sol avec cette culture. Cette culture, elle absorbe du carbone.
08:02On va travailler avec eux sur comment mesurer cette absorption, comment mettre en place un outil de mesure de ce carbone qui est absorbé.
08:10L'année qui s'est écoulée, en 2024, avec la mise en place de ces couverts, Nathaïs a absorbé 8000 tonnes de carbone.
08:20C'est-à-dire, via une nouvelle pratique qui est le couvert intermédiaire, en nourrissant ses sols, en réduisant l'érosion des sols,
08:27en permettant d'augmenter même l'azote des sols quand on met certains types de plantes, on arrive aussi à créer des puits de carbone.
08:33C'est vraiment gagnant, gagnant pour tout le monde, gagnant pour l'agriculteur qui entretient ses sols, gagnant pour la filière pop-corn et gagnant pour le climat.
08:40– Et donc, il y a ce domaine de l'agriculture. Il y a aussi le domaine du foncier.
08:44Donc là, qui sont vos clients ? Est-ce qu'il y a plutôt des municipalités, des collectivités, des bailleurs ?
08:50Et puis surtout, pour leur proposer, quels services ?
08:53– Un peu tout le monde, en fait. Et pour ça, c'est assez simple.
08:57C'est qu'on peut capter du carbone partout où il y a du foncier. En fait, partout où il y a de l'espace, on peut renaturer.
09:03Et donc, c'est sur ce constat qu'on se base avec NetCarbone.
09:06C'est de pouvoir adresser ses clients, ses utilisateurs, en leur fournissant une solution qui est la même, c'est-à-dire état des lieux,
09:14combien j'absorbe de carbone aujourd'hui, où est-ce que j'ai de la végétation, où est-ce que j'ai des îlots de chaleur.
09:19Il y a plein de choses qui sont mesurées par le satellite.
09:21Donc tout ça est fourni directement sur la plateforme.
09:24Après, comment je m'améliore ?
09:26Donc là, on accompagne par exemple la ville de Bordeaux pour faire l'état des lieux sur la captation de carbone.
09:31Et puis après, pour construire des scénarios pour s'améliorer, donc pour renaturer, pour mettre des types d'essence,
09:36pour pouvoir améliorer des projets de renaturation.
09:41Tout ça pour permettre finalement, à la fin, d'avoir des villes, des espaces urbains qui soient plus vivables,
09:47qui absorbent du carbone et qui nous permettent de vivre dans une planète qui soit à peu près vivable.
09:52Un peu plus vivable. Levé de fonds annoncé de 1 million d'euros, c'était en juin dernier.
09:57Évidemment, une étape importante de votre développement.
10:00Un mot de la stratégie à partir de cette levée de fonds pour les prochains mois, pour les prochaines années ?
10:04Alors l'enjeu aujourd'hui pour nous, c'est de pouvoir consolider évidemment la technologie.
10:10On a aujourd'hui une méthode qui nous permet de mesurer le carbone, mesurer combien il est absorbé.
10:16On veut aller plus loin en ayant davantage de types de mesures sur l'absorption,
10:21en améliorant notre algorithme d'absorption et en accompagnant beaucoup plus loin sur la partie scénario de simulation.
10:27Donc pouvoir aller beaucoup plus finement sur le type d'essence, sur le type de pratique.
10:31Vraiment aider à aller plus loin sur cette captation de carbone.
10:35Donc ça, c'est plutôt la partie techno. Ensuite, il y a la partie évidemment commerciale.
10:39Donc là, la levée de fonds a pour objectif pour nous de nous accompagner sur deux sujets.
10:44Sur la partie infrastructure et territoire, on est dans une phase vraiment de déploiement.
10:48Donc on peut aller adresser n'importe quelle ville aujourd'hui en France et même en Europe
10:55pour les accompagner sur la captation de carbone et la meilleure sensibilité à la captation de carbone,
10:59ainsi que tous les gestionnaires d'infrastructures.
11:01Et sur la partie agricole, on est sur une phase de co-construction avec certains clients pour améliorer la technologie et la mesure.
11:09Merci beaucoup Basile Goussard et à bientôt sur BeSmart.
11:12For Change, on passe à notre débat, le No Plastic Challenge au programme.

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