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Cette semaine, Aurélien Quinion est l'invité de Sports Stream. Spécialiste de la marche sportive, le Français a terminé 9e de ses premiers Jeux Olympiques, lors de Paris 2024. Une très belle performance pour celui qui est également devenu papa dans la nuit de son épreuve, quelques heures avant de disputer son 20km marche olympique.

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Sport
Transcription
00:00:00Salut tout le monde, bienvenue dans SPORTSTREAM,
00:00:11ravi de vous retrouver.
00:00:12Chaque semaine dans le canap' un athlète pour une discussion en tête-à-tête.
00:00:15Devenir papa ou devenir olympien ? Pourquoi choisir après tout ?
00:00:19Mon invité a vécu des Jeux Olympiques de Paris complètement dingue, il va nous raconter
00:00:23son histoire tout de suite.
00:00:24J'ai le plaisir d'accueillir le marcheur Aurélien Quignon.
00:00:27J'adore Aurélien, tu vas bien ?
00:00:29Ça va ?
00:00:30Ouais, ça va nickel.
00:00:31Installe-toi.
00:00:32Merci.
00:00:33Avec la petite musique un peu de reggaeton, Jessica, il y a un rapport avec les Jeux Olympiques
00:00:37sur cette musique.
00:00:38Exact.
00:00:39Dans toute la saison, avec un pote, je me suis préparé au jeu, il m'accompagnait à l'entraînement
00:00:45à chaque fois et on mettait cette petite musique et on criait comme ça, Jessica !
00:00:49Ouais, j'avoue qu'elle donne bien envie de danser cette musique.
00:00:52Et la musique des Jeux, est-ce qu'on peut la mettre peut-être, ça va peut-être rappeler
00:00:55un peu des souvenirs à Aurélien, la musique des Jeux Olympiques, tu la réécoutes des
00:00:59fois ou pas ?
00:01:00Ouais, ouais.
00:01:01Quand on fait des compétitions, souvent, tu as le petit retour ou des événements
00:01:05sportifs, tu as un petit retour de ces musiques-là.
00:01:08T'es j'y nostalgique un peu ou pas toi Aurélien ? Tu y repenses des fois ?
00:01:11Ouais, j'y repense, forcément.
00:01:13Après, nostalgique peut-être pas, mais c'est bien que ça ait eu lieu et c'est bien de
00:01:17l'avoir vécu.
00:01:18Après, c'est bien d'en garder un bon souvenir et de passer à autre chose, de ne pas rester
00:01:24tout le temps en jeu.
00:01:25De Paris, sinon on n'avance pas.
00:01:27Ouais, c'est clair.
00:01:28Alors toi, en plus, ton histoire, elle a marqué les Jeux Olympiques, puisque t'as passé
00:01:31la nuit à l'hôpital pour assister à la naissance de ta petite-fille et puis, juste
00:01:35après, quelques heures après, t'étais sur la ligne de départ pour disputer le 20 km
00:01:39marche.
00:01:40Comment va la petite famille ? Comment tu vas ? Comment va ta fille ? Comment va ta conjointe
00:01:44?
00:01:45Eh bien, tout le monde va bien.
00:01:47Tout le monde est souvent malade.
00:01:48La petite est souvent malade, du coup, on est souvent malade, plus intensément qu'elle,
00:01:54tu vois.
00:01:56Et après, sinon, tout le monde va bien et tout le monde vit petit à petit comme il
00:02:01faut.
00:02:02On essaie de trouver le rythme, le bon rythme et on essaie de chacun trouver un peu sa place
00:02:08et son rythme là-dedans.
00:02:09La vie de jeune papa, c'est comme tu t'imaginais ou pas, Aurélien ?
00:02:13C'est dur.
00:02:14C'est dur, c'est pas juste comme je l'imaginais.
00:02:16C'est plus dur.
00:02:17En fait, c'est vraiment toute une organisation et c'est vrai qu'avec le sport, le travail,
00:02:22c'est compliqué de tout mélanger et de réussir à trouver un équilibre là-dedans.
00:02:29Et puis, rien que le fait de partir en stage, je suis parti trois semaines, un mois en Afrique
00:02:33du Sud.
00:02:34Quand je suis revenu, la petite, elle a évolué.
00:02:41Toi, quand tu rentres, tu as vachement envie d'avoir du contact, etc.
00:02:44Et quand je suis arrivé, eh bien, j'ai voulu la prendre dans mes bras et puis elle
00:02:47chialait, elle pleurait, elle criait de partout, c'était la guerre.
00:02:52Pendant dix jours, elle m'a fait la misère, elle déteste être avec moi, etc.
00:02:56Tout ça, cette petite frustration et de petites réflexions, de te dire, putain, est-ce que
00:03:01je vais repartir en stage ? Comment je vais faire, etc.
00:03:05Justement, c'est intéressant de devenir papa, ça peut te changer un peu ta perspective
00:03:10sur ta carrière, sur tes objectifs, tes priorités, Aurélien ?
00:03:13Il y a des moments où tu réfléchis, il y a des moments où tu réfléchis, c'est vrai.
00:03:18Oui, c'est vrai.
00:03:19Tu te dis quoi ?
00:03:20Tu te dis, comme tu as dit, je partirai peut-être moins en stage, je vais finir un peu l'entraînement.
00:03:24Oui, je partirai un peu moins en stage, je devrais plus s'arrêter, il faut être hyper
00:03:29organisé pour pouvoir réussir à tout mêler, tout gérer, tout coordonner, donc oui, c'est
00:03:35des fois où tu réfléchis.
00:03:37Et tu parles de ta fille, ta conjointe, elle le prend comment, justement, le fait que,
00:03:41alors elle a l'habitude, le fait que tu sois pas toujours très présent, que tu as un
00:03:46mode de vie particulier aussi, ça peut être un sujet de discorde ?
00:03:51De discorde, non, mais de discussion entre nous, oui, de réflexion entre nous, oui.
00:03:56Après, non, on s'embrouille pas, on se fait pas la gueule, etc.
00:04:01Mais c'est vrai qu'il y a des fois où on réfléchit, je me sens pas à l'aise, je
00:04:07suis pas bien, ou c'est difficile, ou elle, elle me dit, en ce moment, c'est difficile,
00:04:10etc.
00:04:11Puis on essaie de trouver des solutions ensemble, mais ouais, non, c'est un changement, c'est
00:04:16un sacré changement, bien plus que ce qu'on s'imaginait.
00:04:20En tout cas, on va revenir avec toi, évidemment, sur cette folle journée, la naissance de
00:04:24ta fille, les Jeux Olympiques, mais avant ça, on va parler de ta discipline, la marche
00:04:28athlétique.
00:04:29Alors, c'est pas forcément une discipline que tout le monde pratique, que tout le monde
00:04:32connaît aussi.
00:04:33Qu'est-ce qui t'a poussé, toi, à choisir la marche athlétique, à te lancer là-dedans,
00:04:36Aurélien ?
00:04:37Alors, moi, basiquement, très simplement, je l'ai fait naturellement.
00:04:41Il n'y avait pas de questions, pas de doutes, etc.
00:04:45Tu es arrivé dans un club d'athlétisme et tu as fait ça tout de suite ?
00:04:47Je suis arrivé dans un club d'athlétisme qui était à Bobigny, ça s'appelle l'AC
00:04:52Bobigny.
00:04:53Et ce club-là était licencié, enfin, est affilié à une fédération qui s'appelle
00:04:58la FSGT.
00:04:59Et dans la FSGT, en gros, tous les jeunes font toutes les disciplines.
00:05:03Peu importe que tu aimes, que tu n'aimes pas, que tu sois à l'aise ou pas dans une
00:05:08ou une autre discipline, tu dois faire toutes les disciplines, c'est comme ça.
00:05:12D'accord.
00:05:13Tu dois pratiquer chacune des disciplines.
00:05:14Et donc, naturellement, on faisait tous de la marche.
00:05:17Donc, par exemple, s'il y avait, je ne sais pas, 200 gamins inscrits à la compète, on
00:05:21se retrouvait au départ à 200 à faire le 600 mètres marche.
00:05:24D'accord, ok.
00:05:25Donc, oui, ça se fait plutôt naturellement, je rappelle pour tes spectateurs, la FSGT,
00:05:29Fédération Sportive Gymnique du Travail.
00:05:30Exact, tout à fait.
00:05:32Et qui a une vocation plutôt familiale, récréative du sport et moins l'esprit compète-compète.
00:05:39Et ça permet au moins de voir toutes ces disciplines, de découvrir toutes les disciplines.
00:05:44Et du coup, je l'ai fait naturellement et je n'ai eu aucun doute, aucune moquerie, aucun
00:05:50frein à faire de la marche.
00:05:51D'accord.
00:05:52Et après, j'ai quitté Bobigny et c'est là que j'ai compris que la marche était bizarre.
00:05:57D'accord, oui.
00:05:59C'était étrange, c'était un peu en dehors du reste.
00:06:01Et toi, qu'est-ce que t'as aimé quand t'as commencé la marche et que t'avais pas de
00:06:04moquerie d'a priori ? Qu'est-ce que t'as aimé dans la pratique ?
00:06:06Gagner.
00:06:07Gagner.
00:06:08Oui, grave.
00:06:09C'était cool, j'étais fort, je gagnais, je mettais un tour au deuxième.
00:06:13Oui, gagner, c'est kiffant en vrai.
00:06:16Oui, t'es un vrai compétiteur, j'ai l'impression.
00:06:18Mais dans tout ce que tu fais, dans la vie de tous les jours, t'es un compétiteur ou
00:06:21juste dans la marche ou dans ton sport ?
00:06:23Non, je suis un mauvais joueur compétiteur.
00:06:26J'ai tout ce que tu veux, je kiffe gagner.
00:06:28En vrai, quand t'es jeune, c'était un plaisir d'être reconnu pour réussir là-dedans.
00:06:36Tu le sais bien, c'est bien, etc.
00:06:38C'est cool.
00:06:39Et du coup, tu l'as dit, t'as changé de club et là, t'as fait face à des gens qui
00:06:42t'ont dit que la marche athlétique était bizarre.
00:06:45Déjà, j'ai compris, je suis passé au C.A Montreuil, c'était un club qui n'était pas
00:06:49très loin pour pouvoir m'améliorer parce que je n'avais pas beaucoup progressé à
00:06:53Bobigny.
00:06:54Et en fait, à Bobigny, à Montreuil, on faisait ce qu'on appelle des triathlons et les triathlons
00:07:01tournent toujours autour des trois mêmes disciplines qui sont en général la longueur,
00:07:05le 60 mètres et le lancé de poids.
00:07:08T'avais quel âge à ce moment-là ?
00:07:09T'étais jeune, non ?
00:07:10J'avais entre 13-14 ans, quelque chose comme ça, oui, jusqu'à 16 ans.
00:07:18Et en gros, du coup, c'est hyper frustrant parce que tu découvres rien d'autre que ces
00:07:24trois disciplines-là.
00:07:25Et au mieux, à la place du 60 mètres, tu fais un 1000 mètres, un peu d'endurance.
00:07:29Et ça allait, je me débrouillais, mais je n'excellais pas comme à la marche, comme
00:07:35à Bobigny.
00:07:36Et un jour, on arrive à une compétition à la fin de l'année que j'ai passée au C.A
00:07:41Montreuil.
00:07:42On arrive à une compétition à Noisy-le-Sec, à côté de chez moi.
00:07:46Et là, on arrive et je vois de l'athlée, je vois de la marche.
00:07:52Et j'avais une entraîneuse à l'époque.
00:07:56Et à l'entraîneuse, je lui disais « Putain, tu sais que ce truc-là, je sais vraiment
00:08:01le faire.
00:08:02Je sais en faire de ce truc et tout ».
00:08:04Et tout le monde me disait « Ah non, tu te fous de ma gueule ».
00:08:08Je te jure, là, je les éclate.
00:08:11Je suis archi chaud dans ce truc-là.
00:08:14Je suis archi chaud.
00:08:15Au début, ça se moquait un peu de moi.
00:08:19Puis après, ils m'ont pris au sérieux.
00:08:20Ça, ça devait être au mois de juin, juillet.
00:08:23Et en octobre, il y a un championnat de France qui se déroulait à Montreuil.
00:08:27On m'inscrit du coup à ce championnat de France.
00:08:31J'arrive et je fais deuxième.
00:08:32Quand je disais que j'étais bon dedans…
00:08:36Quand tu disais que tu allais les éclater, c'est vrai.
00:08:39C'est pas une connerie.
00:08:40Du coup, après, je me suis entraîné avec ce groupe-là.
00:08:43Il y avait un groupe de marcheurs à Montreuil.
00:08:44Je me suis entraîné avec ce groupe-là.
00:08:46Mais à ce championnat, il y a un mec qui était plus âgé que moi
00:08:53qui a fait mon échauffement.
00:08:54Il m'a raconté ça après.
00:08:57Il avait dit au coach après, il a dit « Putain, ce gamin, il marche mieux que moi,
00:09:01alors que ça fait des années que j'en pratique.
00:09:02Et lui, il a juste fait l'échauffement. »
00:09:04Ça veut dire que tu avais des prédispositions pour la discipline.
00:09:07Parce que la marche athlétique, c'est très technique aussi.
00:09:10Oui, c'est technique, c'est physique.
00:09:14Il faut pas mal d'acquisitions.
00:09:15Il faut être mobile, il faut avoir une bonne coordination, une bonne mobilité,
00:09:19une bonne souplesse dans le geste, etc.
00:09:23Il y a plusieurs acquisitions à avoir pour pouvoir bien gérer cette discipline.
00:09:27Parce qu'à la différence de la course, au final, quand se déplacer
00:09:31en ayant toujours un appui au sol, ça demande vachement de force,
00:09:35vachement de coordination, vachement d'engagement.
00:09:38Alors que courir, c'est plus accessible.
00:09:42C'est ça qui te plaît vraiment ?
00:09:43Parce que tu dis que ce qui te plaît, c'est évidemment de gagner
00:09:44parce que tu es un compétiteur.
00:09:45Mais ça, j'ai envie de dire gagner.
00:09:46Tu peux le faire un peu dans toutes les disciplines.
00:09:48Ah non, non, c'est chaud.
00:09:50Gagner dans quoi ?
00:09:51Quand tu peux le faire, bien sûr, quand tu peux le faire.
00:09:53Mais la marche, ça t'a plu parce qu'il y a cet aspect
00:09:57peut-être un peu plus technique que la course à pied ?
00:10:00Non, non, moi j'aurais bien aimé être à un projet Mbappé réussi,
00:10:03pouvoir finir.
00:10:06Ça ne m'aurait vraiment pas dérangé.
00:10:08Mais malheureusement, non.
00:10:10Après, il y a cet aspect technique qui est sympa, etc.
00:10:14En fait, mais c'est plutôt en raccord avec le haut niveau.
00:10:18Je dirais que ce qui est cool avec le haut niveau,
00:10:20c'est d'être capable de quelque part maîtriser son corps
00:10:23et bien ressentir son corps et les actions qu'on fait.
00:10:26Et ça, c'est cool, mais ça, c'est après plusieurs années.
00:10:29Et de se dire, je maîtrise mon corps, je sais ce que je fais,
00:10:33je sais quand je lui demande quelque chose, comment ça fonctionne,
00:10:36comment ça bouge, je me connais bien, etc.
00:10:38Et un peu à la Kevin Mayer, qui connaît vraiment
00:10:41et qui ressent vachement ce qu'il fait quand il produit un effort.
00:10:45Et je trouve ça, c'est vraiment un truc d'athlète de haut niveau,
00:10:49de vraiment ressentir ça, c'est vraiment cool.
00:10:51Après, ce qui est sympa et souvent ce qu'on va en retirer quand on est marcheur,
00:10:56mais c'est déjà en ayant un peu pratiqué,
00:10:58c'est de se dire, je vais marcher dans le bois de Vincennes ou dans le bois de Boulogne
00:11:01et je vais fumer des coureurs, quoi.
00:11:05– Parce qu'il faut préciser, tu marches à combien de vitesse ?
00:11:09– Comme ça, sur de l'endurance, quand je vais aller faire des sorties longues
00:11:12qui vont durer 2-3 heures, je vais marcher à 12-13 km heure.
00:11:16Et après, en compétition, je suis à 15-16 km heure.
00:11:18– 15-16, alors je vous invite à aller, si vous êtes dans une salle de sport,
00:11:21vous allez sur un tapis, vous mettez 15-16 la vitesse.
00:11:23Essayez de courir à cette vitesse pendant 5-10 minutes, vous allez voir.
00:11:27C'est hallucinant de marcher à cette vitesse-là, c'est complètement fou.
00:11:30J'avoue que ça doit être un kiff, oui, de dépasser des coureurs tranquillement.
00:11:33– Le plus marrant, c'est ceux qui se bagarrent pour être agréés que toi
00:11:37et qui, au bout de 100 mètres, ils gardent leur monte là
00:11:41comme s'ils attendaient le moment où il faut faire demi-tour.
00:11:43Et après, ils font demi-tour au fond de style,
00:11:45ah non, mais là, moi, c'est fini.
00:11:48– Et quand tu dis, même encore maintenant, que tu fais de la marche athlétique,
00:11:51de jamais, peu importe qui, c'est quoi la plupart des réactions ?
00:11:55– Je suis assez sûr de moi et je suis assez confiant.
00:12:00Donc, s'il n'y a pas trop de moqueries, il n'y a pas vraiment de moqueries,
00:12:04après, à l'inverse de ce qu'on pourrait penser,
00:12:08après, des fois, tu peux avoir vachement de respect des gens
00:12:11qui sont impressionnés et c'est souvent le cas d'ailleurs.
00:12:15Et après, au mieux, on te dit, ah ouais, mais c'est quoi ?
00:12:18C'est le sport où on roule un peu du cul, etc.
00:12:21Je dis, ouais, voilà, exact.
00:12:23– Oui, c'est ça.
00:12:25– Parce que je crois que c'est Yohann Diniz qui disait
00:12:27que lui, il avait subi pas mal de moqueries pendant des séances d'entraînement
00:12:31où tu vois des gens qui le pointent un peu du doigt,
00:12:32qui rigolent quand ils le voient marcher.
00:12:34Ça t'est arrivé, toi, ça ? – Oui, ça peut arriver.
00:12:37C'est vrai que c'est des choses qui peuvent arriver.
00:12:38Après, au moins, on est visible.
00:12:42Au moins, les gens, ils reconnaissent, ils savent ce que c'est, etc.
00:12:47– Et comment convaincre ?
00:12:48Alors, tu vois, les jeunes qui arrivent dans des clubs d'athlétisme,
00:12:50moi, je sais que j'ai fait un peu d'athlétisme,
00:12:52je n'avais pas forcément envie de faire de la marche, tu vois,
00:12:54parce que, comme tu le dis, au début, je me disais,
00:12:57« je n'ai pas envie de faire ça, ça me paraissait un peu…
00:13:00pas un peu démodé, mais tu sais,
00:13:01ce n'était pas le truc que j'avais envie de faire,
00:13:03comme beaucoup qui font de l'athlétisme.
00:13:05Comment convaincre les jeunes athlètes à pratiquer la marche athlétique ?
00:13:08– Bah, déjà, simplement, parce qu'en gros,
00:13:10quand tu arrives avec ta 6 ans, ce n'est pas toi qui décides ce que tu fais.
00:13:12– Oui.
00:13:13– En vrai, un peu comme en FLGT,
00:13:16en gros, tu t'inscris à l'athlétisme et tu viens découvrir toutes les disciplines
00:13:20et tu apprends à les aimer, à les apprécier,
00:13:22et après, tu vas peut-être trouver une discipline
00:13:25qui, finalement, te dit, « non, je n'aimerais pas faire ça »,
00:13:28tu te dis, « putain, mais en vrai, je suis doué dedans,
00:13:29et je kiffe en faire, et je kiffe les sensations, le moment,
00:13:34je kiffe être avec ce groupe-là qui pratique cette discipline, etc. »
00:13:37En gros…
00:13:38– Ouais, les faire essayer, quoi.
00:13:39– Bah, t'essayes, quoi, en gros, tu n'as pas le choix, tu t'inscris à l'athlé,
00:13:42c'est comme si au judo, tu me disais,
00:13:43« ouais, mais je n'aime pas cette technique, je ne veux pas le faire »,
00:13:45bah, ouais, mais en gros, tu t'inscris au judo, donc tu fais du judo,
00:13:49tu ne choisis pas…
00:13:52Là, l'athlé, c'est pareil, en gros, quand tu es jeune,
00:13:54tu viens, tu découvres de tout, et après, t'apprécies,
00:13:56ce qui est…
00:13:58En vrai, c'est souvent…
00:13:59Tu sais, quand tu es gamin, en gros,
00:14:01thème où tu n'aimes pas aller à l'école, tu vas à l'école,
00:14:03et après, tu kiffes, en fonction de l'ambiance,
00:14:05du prof, de la maîtresse, du maître, etc., de tes copains,
00:14:09et tu viens découvrir plein de choses, et tu viens apprendre plein de choses,
00:14:12et en gros, l'athlé, c'est pareil, c'est un sport.
00:14:17– Je sens un rêve, et t'inquiètes, c'est un ballon derrière.
00:14:19– Ah, ouais !
00:14:23En gros, l'athlé, tu viens, tu découvres plein de sports,
00:14:25et tu viens apprécier chacun des sports,
00:14:27et tu viens te découvrir dans chacun des sports, et c'est tout, basta.
00:14:31– Ce qui est pas mal aussi pour la marche,
00:14:34le souvenir de club, c'est les inter-clubs.
00:14:37– Ouais, exact.
00:14:38– Alors, c'est une compétition entre différents clubs,
00:14:39il y a un classement à la fin,
00:14:41et il doit y avoir un athlète engagé sur un ou deux,
00:14:44je crois, deux même, sur chaque discipline.
00:14:45– Exact.
00:14:45– Ce qui fait que, quand tu es dans un petit club,
00:14:47il y a forcément des disciplines où il n'y a pas d'athlète engagé
00:14:49sur certaines disciplines de l'athlétisme, dont la marche athlétique.
00:14:53Je sais que moi, je me suis retrouvé une fois à faire de la marche aux inter-clubs,
00:14:55et ça peut créer des vocations aussi.
00:14:57– Tu t'y connais, hein ?
00:14:58– J'en ai fait un petit peu, tu vois, mais après, bon, la marche athlétique,
00:15:01je t'avoue que j'ai essayé deux, trois fois, c'est quand même ultra technique.
00:15:05C'est pour ça que c'est assez intéressant et hallucinant de t'entendre dire
00:15:07que tu as commencé, en fait, la marche sans trop savoir,
00:15:10même la technique et tout ça, le déroulé du pied, etc.
00:15:12Et tout de suite, tu fais des résultats, quoi.
00:15:15Mais ça se passait comment ?
00:15:16Tu y allais un peu comme un bourrin au début ?
00:15:18Tu as tout de suite acquéri la technique ?
00:15:19– Ouais, j'étais bien, enfin, j'ai pas réfléchi, j'ai pas eu besoin de réfléchir,
00:15:23j'étais à l'aise et je l'ai fait, quoi.
00:15:24– C'est dingue, ça.
00:15:25Tu as halluciné, ceux qui ont pratiqué depuis longtemps,
00:15:28de te voir arriver un peu tel un ovni.
00:15:30– Ouais, je sais pas s'ils ont halluciné, en tout cas.
00:15:33Moi, je suis venu, j'ai kiffé, j'en ai fait et basta.
00:15:36– Trop bien.
00:15:37– Non, mais après, en vrai, c'est simple et c'est pas simple,
00:15:41mais en vrai, c'est assez simple et en fonction de qui t'encadres
00:15:44et de l'ambiance qu'il y a et de l'ambiance que tu vas retrouver dans le groupe,
00:15:48tu vas plus ou moins kiffer.
00:15:50Par exemple, dans mon club, à l'EFCVO,
00:15:54et là où je m'entraîne et là où j'entraîne, à Sanoa-Saint-Gracien, dans le Val-d'Oise,
00:15:59les entraîneurs de jeûne font pratiquer toutes les disciplines, dont la marche.
00:16:02Donc, les jeunes, ils sont pas choqués de faire de la marche,
00:16:04ils en font un peu tous les jours.
00:16:05Enfin, un peu à chaque entraînement,
00:16:07ils en pratiquent un peu sur des gammes, sur des jeux, sur des activités.
00:16:10Et après, du coup, moi, qu'encadre un groupe de marche au club,
00:16:14j'ai les jeunes qui trouvent leur intérêt dans cette discipline,
00:16:20qui sont à l'aise, qui réussissent bien,
00:16:22bah, ils kiffent et ils restent.
00:16:23Et au final, ça fait un groupe, on est une petite dizaine,
00:16:27un peu moins d'une dizaine, qui évolue bien et qui kiffent être ensemble.
00:16:31Après, à un moment donné, tu fais du sport,
00:16:33plus forcément pour le sport,
00:16:35mais tu fais du sport parce que t'as ton groupe de potes,
00:16:39tu sais que tu vas t'amuser, tu vas vanner,
00:16:41tu vas raconter ta sale journée ou ta bonne journée, etc.
00:16:45Tu vas pour le plaisir.
00:16:47Et au final, quand t'es plus âgé, tu fais du sport plus pour ça.
00:16:50Tu fais du sport pour être en forme,
00:16:52mais tu fais du sport pour aller retrouver les copains,
00:16:54vider ton sac, aller te plaindre ta femme, tes enfants, ton travail.
00:16:59– Non, tu le fais pas, tu fais pas du sport.
00:17:02Non, mais après, t'as raison sur tout ce que tu dis.
00:17:04Après, la marche athlétique, on le sait,
00:17:06c'est une réalité que ça n'a pas la même visibilité que d'autres sports,
00:17:08même au sein même de l'athlétisme.
00:17:10– C'est quelque chose qui t'agace parfois,
00:17:12qui peut être un peu démotivant ?
00:17:13– Oui, ben oui.
00:17:16Je fais 9e et en cours d'être 8e au jeu,
00:17:19et j'ai pas signé un contrat à 800 000 euros par an, tu vois.
00:17:22Moi, j'aurais bien aimé, parce que par contre,
00:17:25moi, j'ai fait 8e des Jeux et j'ai pas du tout 800 000 euros.
00:17:30Je n'ai pas 600 000, je n'ai pas 400 000, je n'ai pas 20 000,
00:17:33je n'ai pas non plus, tu vois.
00:17:35– C'est dingue, tu penses qu'on en reparlera tout à l'heure,
00:17:37mais s'il n'y avait pas eu cette histoire aussi,
00:17:40cette très très belle histoire avec la naissance de ta fille,
00:17:43la course quelques heures après,
00:17:44on n'aurait quasiment pas du tout parlé de toi après les Jeux ?
00:17:48– Moi, j'aurais fait une médaille.
00:17:49– Non, mais tu vois, c'est aussi une réalité,
00:17:52on parle de visibilité dans le sport,
00:17:54mais est-ce que tu penses que tu serais passé un peu inaperçu ?
00:17:56C'est une vraie question.
00:17:57– J'aurais été dans la masse, ouais, ouais, j'aurais été dans la masse,
00:18:00ouais, sûrement, sûrement, sûrement.
00:18:01Après, l'année d'avant à Budapest, ça avait très bien commencé, etc.
00:18:08J'arrive à avoir pas mal de lumière autour de moi,
00:18:10j'ai fait pas mal de reportages avant les Jeux, etc.
00:18:14et plein de pas mal d'émissions,
00:18:17mais c'est vrai que Charlie, clairement, m'a mis en lumière, en tout cas, moi,
00:18:21et puis du coup, ma discipline, la marche.
00:18:24Au final, peu importe, tant mieux que la marche continue,
00:18:27après Johan, à avoir de la lumière,
00:18:30que ce soit moi ou par d'autres athlètes,
00:18:36parce que je ne suis pas le seul, on était quand même 5 à être qualifiés au Jeux
00:18:40et ça fait partie des disciplines fortes de l'athlétisme français, en tout cas,
00:18:44avec des jeunes qui sont médaillés dans des championnats jeunes, etc.
00:18:48Donc, que ce soit moi ou un autre, la marche gagne en visibilité,
00:18:52elle est de plus en plus forte et de plus en plus reconnue et il faut que ça dure, quoi.
00:18:56– On parle de la visibilité, on peut aussi parler de l'aspect financier,
00:18:59tu t'en vides pas, Aurélien, de la marche,
00:19:02donc tu dois cumuler aussi des emplois,
00:19:04t'es entraîneur, tu l'as dit, t'es jardinier à côté,
00:19:08ça fait 3 emplois finalement, athlète, entraîneur, jardinier,
00:19:11plus papa, mais voilà, c'est ta vie maintenant de tous les jours.
00:19:14Comment tu fais pour trouver un équilibre là-dedans, pour pas être trop débordé ?
00:19:17– Ouais, c'est chaud, c'est chaud, c'est chaud, je galère, je galère.
00:19:21En plus, j'ai tendance à tout le temps dire oui, à souvent dire oui,
00:19:25en tout cas, à être positif sur pas mal de choses
00:19:29et à encourager pas mal de démarches, donc c'est galère, c'est galère.
00:19:33Des fois, je m'en sors pas, des fois, je suis KO,
00:19:36des fois, j'ai du mal à tout gérer, mais voilà, après, j'ai l'habitude,
00:19:42je fonctionne pas mal comme ça et voilà, mais en tout cas, c'est chaud.
00:19:46– Tu le savais, en te lançant dans la marche athlétique,
00:19:48que de toute façon, tu devrais mener cette vie-là si tu voulais en faire ?
00:19:52– Non. – Non ?
00:19:52– Aucune idée. – C'était pas une question que tu te posais ?
00:19:54– Franchement, non. – Tu l'as découvert ?
00:19:56– Ouais, ouais, ouais, en fait, plus tu deviens fort,
00:19:58plus tu te rends compte des décalages avec les autres,
00:20:01tu te dis, je comprends pas, j'ai le même niveau que lui
00:20:04et lui, il va avoir plein de marques qui l'appellent, etc.
00:20:09Et finalement, moi, je suis aussi fort ou des fois, je suis plus fort que lui
00:20:11et on m'appelle pas, pourquoi il n'y a pas d'agent qui me contacte,
00:20:15pourquoi il n'y a pas de marque qui nous contacte, etc.
00:20:17Puis tu te rends compte qu'il y a un sacré fossé qui est gigantissime,
00:20:22tu vois, à un moment donné, 800 000 euros, tu vois,
00:20:26c'est notre marqueur le plus haut, il y a un décalage qui est immense,
00:20:30qui est immense avec la vie, mais pas seulement des marcheurs, des lanceurs,
00:20:34il y a d'autres disciplines dans l'athlée qui ont du mal,
00:20:37qui ne sont pas mises en lumière, alors que concrètement,
00:20:39ça fait partie des disciplines fortes, tu vois,
00:20:41souvent, je veux pas te faire de tort ou autre chose,
00:20:44mais par exemple, il y a une volonté depuis longtemps à la Fédération
00:20:48de mettre en avant et de promouvoir et de soutenir, par exemple, les relais,
00:20:53et on se dit, mais c'est pas possible, comment on peut monter des collectifs,
00:20:56financer des gens, financer 8 personnes, 6 personnes,
00:21:01alors que ça veut dire que les autres disciplines,
00:21:05parce que potentiellement, il y a moins de chances de médailles,
00:21:08elles sont moins financées, alors que finalement,
00:21:12il n'y a pas eu plus de médailles au relais que dans les autres disciplines.
00:21:16– Oui, c'est clair.
00:21:17– Il n'y en a pas eu, donc l'investissement, il est aussi nul
00:21:22pour une médaille que pour des athlètes individuels au final.
00:21:25Mais il y a plein de choses comme ça, que tu regrettes, que tu ne comprends pas,
00:21:30et des fois, ça peut saouler, des fois, ça peut aider à abandonner,
00:21:33à un moment donné, quand tu es jeune et que tu passes dans des catégories
00:21:37où il faut réfléchir à, une fois que l'école est finie,
00:21:42poursuite d'études, pas poursuite d'études, aller au travail, etc.,
00:21:46en gros, la réflexion, elle est beaucoup plus simple à se faire
00:21:48quand tu gagnes zéro, et qu'à l'inverse, la discipline te coûte de l'argent,
00:21:53t'inscrire dans des courses, aller dans des meetings, faire des stages, etc.,
00:21:57ça coûte de l'argent, beaucoup d'argent, et tu te dis,
00:22:00je dépense tout cet argent-là pour rien, pour le plaisir de dépenser.
00:22:07– Oui, pour ta passion.
00:22:09– Ta passion, et derrière, tu n'as pas de retour financier,
00:22:17je te parle, tu n'as pas, à un moment, une compensation
00:22:21qui pourrait te faire perdurer, et je te parle d'athlètes d'haut niveau,
00:22:25je te parle d'athlètes qui font de l'équipe de France, etc.,
00:22:28des athlètes qui font de l'équipe de France, à un moment donné,
00:22:29le choix se dit, moi, je vais aller travailler,
00:22:31puisque ça me coûte plus que ce que ça me rapporte,
00:22:34puisque ça ne me rapporte rien.
00:22:36– Toi, c'est vraiment ça, la marche, quand tu fais des compétitions,
00:22:38ça ne te rapporte rien du tout.
00:22:41– Des fois, tu fais des meetings qui s'appellent le World Tour Marche Athlétique,
00:22:47donc l'équivalent de la Diamond League, tu vois, la Diamond League en Athlétique.
00:22:51– Donc là, plus haut niveau de compétition en athlétisme.
00:22:53– Eh bien, dedans, il y a quelques disciplines qui sont mises en lumière
00:22:58et donc qui ont un gros financement.
00:22:59Il me semble que quand tu gagnes une course de la Diamond League, c'est 20 000 euros.
00:23:03Eh bien, moi, quand tu gagnes une des courses du World Tour, déjà, tu n'es pas invité,
00:23:08tu payes ton déplacement, tu payes ton inscription à la compétition,
00:23:11tu payes ton hôtel, tu payes tout.
00:23:15Et une fois que tu as tout payé, si tu gagnes, il y en a pas mal où tu gagnes 1 000 euros.
00:23:21– Oui, donc au final…
00:23:23– Ça ne compense même pas tout l'argent que tu as dépensé pour aller faire cette compétition.
00:23:26– C'est comme si tu payais ta compétition, en fait.
00:23:29– Tu gagnes, tu gagnes et tu n'as même pas remboursé les frais
00:23:31que tu as coûté d'aller à cette compétition,
00:23:34qui est le plus haut niveau de compétition en marche.
00:23:39– Oui, c'est quand même… Et comment tu fais toi-même pour t'entourer ?
00:23:42Enfin, tu es un coach, je suppose que tu as peut-être un prépa physique,
00:23:45un préparateur mental, j'en sais rien.
00:23:47C'est des gens que tu ne peux pas aller payer, du coup, comment ça se passe ?
00:23:51– Non, souvent c'est du bénévolat, c'est des rencontres, des relations,
00:23:58partage de l'amour de ce sport, en fait.
00:24:01Partage l'amour du sport, d'aller chercher la plus haute performance,
00:24:06le dépassement de soi, voilà, c'est des valeurs.
00:24:09Et c'est des gens qu'on retrouve sur les mêmes valeurs,
00:24:12sur ce partage de valeurs ensemble et ils savent que derrière,
00:24:17oui, il n'y a pas d'argent, mais on partage une aventure commune,
00:24:21on partage des moments communs, des échecs, des réussites, etc.
00:24:24Et puis, c'est ce qui fait que ça accroche.
00:24:26Et après, derrière, c'est à la différence des relations basées un peu sur l'argent,
00:24:31c'est des relations qui vont rester sur plusieurs années, etc.
00:24:34C'est vraiment des relations proches.
00:24:36– C'est spécifique à la France, t'as des nations
00:24:39où les marcheurs vivent de leur discipline, sans aucun problème ?
00:24:42– Ils sont beaucoup plus reconnus, oui, c'est spécifique à la France.
00:24:47Après, tu vois, par exemple, c'est pareil, on va cracher dans la soupe,
00:24:50l'athlée, la Fédération française de l'athlétisme organise le meeting de Bercy,
00:24:55de Paris-Bercy, Paris-Accord Arena, le meeting de Bercy.
00:25:00Et le meeting de Bercy, c'est un spectacle qui dure une heure et demie,
00:25:04en gros, deux heures, où il y a trois disciplines qui se battent en duel.
00:25:08Sur l'athlétisme, c'est une quarantaine de disciplines.
00:25:11– Bien sûr, mais tu sais, ça en revient à ce qu'on faisait au départ.
00:25:14– Et c'est au final, presque tout le temps, les mêmes disciplines qui sont mises en avant.
00:25:16Donc, en gros, le fossé qui est créé, il est encouragé par ceux qui organisent,
00:25:24et ceux qui régient notre sport.
00:25:27Tu me dirais un mec, il est milliardaire, il kiffe, je ne sais pas moi,
00:25:31il kiffe le lancer de marteau, il met tout l'argent dans le lancer de marteau,
00:25:33il crée des meetings de lancer de marteau, ça, c'est son choix.
00:25:36Mais quand ta fédération, qui au final, s'en fout que quelque part,
00:25:41son but, ce n'est pas de mettre en avant le 100 mètres, le machin,
00:25:45c'est de mettre en avant l'athlétisme, peu importe la discipline.
00:25:48Quand tu dis qu'une organisation, que ce soit ma fédération
00:25:51ou la fédération internationale, elle ne met en avant que certaines disciplines,
00:25:54c'est super frustrant.
00:25:55Quand tu entends, à un moment donné, il faudrait supprimer telle discipline,
00:25:59parce que, je ne sais pas, dans l'ESO, il y a trop de disciplines,
00:26:02il faudrait supprimer, je ne sais pas, le triple saut ou le song.
00:26:05– Oui, c'est complètement…
00:26:08– Parce que, juste, d'après eux, ce n'est pas assez médiatique.
00:26:12Ou d'après eux, ça manque de spectacle.
00:26:16– Ça, c'est quand c'est l'heure de retirer le karaté, par exemple,
00:26:19pour qu'il y ait du breakdance.
00:26:21Voilà, il y a une logique, c'est qu'on ne se concentre pas que sur le sport en lui-même.
00:26:26Mais tu vois, on en parlait au début, je te posais la question,
00:26:29comment donner envie aux jeunes aussi de pratiquer la marche athlétique.
00:26:32Mais ça, ça en fait partie.
00:26:34Quand la FED décide de mettre en avant des disciplines plus que d'autres,
00:26:37les gamins qui découvrent l'athlétisme,
00:26:39ils le découvrent à travers ces disciplines-là, à travers ces athlètes-là.
00:26:42Si tu mets plus en avant la marche,
00:26:44les gamins vont s'attacher à des marcheurs, à des marcheuses,
00:26:47ils vont s'identifier à eux, à elles, et vont avoir envie de pratiquer.
00:26:50– C'est ça, exact.
00:26:52Ouais, exact, c'est vrai.
00:26:53Après, bon, ce qui est difficile, c'est qu'on ait un sport
00:26:56avec énormément de sport à l'intérieur.
00:26:58Ça, c'est vrai que ça peut être compliqué, mais c'est vrai que...
00:27:02Ouais, clairement, si demain, il n'y a plus de foot à la télé,
00:27:07plus personne ne fera du foot, en tout cas beaucoup moins.
00:27:09Si plus personne, demain, parle de foot à la télé,
00:27:12et que, je ne sais pas, on dit que c'est le curling qui prend toute la place,
00:27:16le curling deviendra sûrement le sport numéro un dans 10 ans, 15 ans, en France.
00:27:21C'est juste une histoire de montrer ces disciplines-là, de montrer cette histoire.
00:27:27Alors, c'est vrai qu'en France, on peut pratiquer,
00:27:30et c'est une des forces en France, comparée à beaucoup de pays,
00:27:33tu vois, on peut comparer avec le sport aux Etats-Unis.
00:27:35En gros, le sport aux Etats-Unis, soit t'es universitaire et t'es bon, t'en fais,
00:27:39et une fois que l'université, c'est fini, il n'y a pas de sport, ça n'existe pas.
00:27:44Il n'y a pas de club d'athlétisme, il n'y a pas d'autre club,
00:27:46il n'y a pas de club de foot, il n'y a rien.
00:27:48Si t'es pas bon en université, derrière ça, à 40 ans,
00:27:51tu ne fais pas de sport, à 60 ans, il n'y a pas de sport.
00:27:53En France, on a une autre logique où tout le monde peut faire du sport,
00:27:57et finalement, tous les sports sont mis en avant et il n'y a pas...
00:28:02Et après, il y a certains sports qui prennent toute la lumière,
00:28:05mais voilà, c'est un peu la difficulté, tu vois.
00:28:09Après, nous, le sport en France, c'est gratuit.
00:28:11Quand je pars en stage en Espagne, le sport, c'est payant.
00:28:15– Quand tu pars en stage, tu t'es payé pour...
00:28:18– Non, moi, je paye.
00:28:19– Ah oui ? Même en stage ?
00:28:20– Ça dépend des stages.
00:28:21Il y a les stages persos et les stages organisés par la FED,
00:28:24où des fois, tu payes une partie, la FED paye l'autre, etc.
00:28:28Mais en gros, ce que je veux dire, moi, je reviens de stage à Séville,
00:28:33quand tu vas aller dans le stade, tu payes 4 euros l'entrée.
00:28:39Tu vois, en France, ça n'existe pas.
00:28:40– Ah oui, c'est clair, nous, on a le libre accès,
00:28:42ça paraît un peu linéaire quand tu dis ça.
00:28:43– Nous, c'est libre accès, c'est une autre réflexion, un autre schéma,
00:28:48et ça réduit l'élitisme,
00:28:52ça favorise plutôt la pratique amateur en général,
00:28:56ça réduit l'élitisme et après,
00:28:57ça crée en plus des fossés entre certaines disciplines
00:29:00puisqu'il y a peu d'argent et du coup,
00:29:02l'argent est mis sur très peu de disciplines.
00:29:04– Et cette situation-là, tout ce que tu me décris actuellement
00:29:07pour la marche athlétique, ta discipline, ça a pu te miner des fois ?
00:29:11Tu as eu des moments où tu t'es dit, allez, c'est bon, vas-y, j'arrête tout ?
00:29:14– Oui, à l'INSEP, c'est l'institut, c'est un centre d'entraînement de haut niveau,
00:29:22le plus haut niveau français, c'est le plus grand centre sportif français
00:29:27et c'est vrai qu'à l'INSEP, après, quand tu arrives autour des 20 ans, 23 ans
00:29:32et tout le monde a une réflexion de se dire, bon, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
00:29:38Est-ce que continuer, quel est le décalage ?
00:29:40Est-ce que ça me rapporte suffisamment ?
00:29:42Est-ce que ça me coûte beaucoup trop cher ?
00:29:44Est-ce qu'il vaut mieux que j'aille au travail ?
00:29:45Est-ce que juste en gagnant le SMIC, 1 200 euros par mois, c'est suffisant ?
00:29:49En gros, est-ce que gagner 1 200 euros, c'est déjà gagner beaucoup plus que ma pratique ?
00:29:54Et dans ce cas-là, ouais, j'ai réfléchi à arrêter.
00:29:58Et avec des potes, pas forcément de la marche,
00:30:01mais avec des potes de toutes les disciplines,
00:30:03ouais, c'est assez de réflexion, on se pose, on se dit, bon,
00:30:07je crois que là, c'est mieux d'arrêter, tu vois.
00:30:10Et c'est quoi, après, c'est la passion qui reprend le dessus
00:30:12et qui te fait changer d'avis en disant, en fait,
00:30:14je veux continuer à marcher parce que j'adore ça et je pourrais pas m'en passer ?
00:30:17Oui et non.
00:30:19Il y a un moment donné où je me posais vraiment cette réflexion
00:30:22et puis tu te dis, bon, allez, on va jusqu'à la fin de cette Olympiade-là.
00:30:25Et la fin de cette Olympiade-là, c'était les Jeux de Tokyo.
00:30:30Et j'étais vraiment très proche de faire les grands championnats.
00:30:35J'échoue à plusieurs reprises, je suis non sélectionné, etc.
00:30:38Et non retenu en équipe de France, donc j'échoue à deux, trois reprises.
00:30:42Et puis finalement, je sens que je passe des capes et que voilà,
00:30:47et que ça va le faire.
00:30:49Et finalement, ça va le faire.
00:30:50Mais c'est vrai que si tu enchaînes blessures, difficultés,
00:30:53tu sens que ça va vraiment pas le faire.
00:30:55Ben ouais, après, tu vois, tu vas discuter avec deux, trois potes
00:30:58et la réflexion finale va être de dire, arrête et va taffer, quoi.
00:31:03En tout cas, t'as bien fait de continuer.
00:31:04Je vais te le dire maintenant, parce que t'as disputé tes premiers Jeux olympiques à Paris.
00:31:08Devenir olympien, ça représente quoi pour un athlète,
00:31:11pour un marcheur plus spécifiquement ?
00:31:17Les Jeux, c'était le graal pour toi ? C'était le rêve absolu, Aurélien ?
00:31:21Non, non, non, non, non.
00:31:25Le rêve absolu, c'est plutôt d'avoir fait tout ce que j'ai fait avant, dont les Jeux.
00:31:31C'est tout ce que le sport et la pratique du haut niveau m'ont apporté dans ma vie.
00:31:38Faire le graal, enfin, faire les Jeux.
00:31:40On est 500, 450, 500 à avoir fait les Jeux.
00:31:45En France, c'est un tout petit nombre, mais au final,
00:31:50au prochain Jeux, il y aura 500 personnes qui vont de nouveau faire les Jeux et ainsi de suite.
00:31:54Et c'est plutôt l'aventure et tout ce que ça m'a apporté qui est le plus important.
00:31:59Et après, c'est le graal au niveau sportif.
00:32:02En vrai, j'ai fait deux fois les Championnats du Monde,
00:32:06je n'ai pas de concurrence supplémentaire aux Jeux.
00:32:08Il n'y a pas de nouvelles planètes qui se rajoutent, il n'y a pas de nouveaux pays.
00:32:12Il y a même certaines disciplines où les Jeux, sur le papier, sont moins compliqués,
00:32:16moins durs que les Championnats du Monde ou des Championnats d'Europe.
00:32:19C'est l'ampleur de l'événement qui fait que ça devient…
00:32:21Oui, c'est ça.
00:32:23La vraie différence, elle n'est pas en fonction de la compétitivité des autres
00:32:28puisque tout le monde, que ce soit un Championnat du Monde, Europe ou aux Jeux,
00:32:32tout le monde veut gagner et ça, tu ne le retires pas.
00:32:35La différence aux Jeux, c'est que c'est hyper médiatique.
00:32:40Ça a une puissance médiatique qui est beaucoup plus forte
00:32:43et du coup, tu as une pression qui est plus forte et tu as un engagement qui est peut-être un peu plus fort.
00:32:48Après, la grande différence, c'est que c'est une compétition à part dans son modèle.
00:32:56C'est vraiment à part dans son modèle.
00:32:58On vit en vase clos, mélangé à toutes les disciplines, à tous les sports.
00:33:03C'est autre chose.
00:33:05C'est la grande fête du sport.
00:33:07C'est un peu gros de dire ça, mais le monde s'arrête un peu autour des Jeux.
00:33:11Oui, c'est vraiment différent.
00:33:13Tu as vraiment quelque chose de différent.
00:33:15Et même nous, dans notre système, on ne dort pas à l'hôtel,
00:33:18on ne dort pas juste l'équipe de France avec l'équipe de France.
00:33:21Tu vis avec tout le monde, avec l'ensemble du sport français,
00:33:26avec l'ensemble du sport mondial.
00:33:28Vous allez tous manger au même moment, au même endroit.
00:33:32On vit tous ensemble, vraiment.
00:33:34C'est vraiment différent.
00:33:36Tu sais, je suis tombé sur un article dans le journal L'Équipe où tu as dit
00:33:40« Le jour de la compétition, je vais tout donner, mais en vrai, faire dernier des Jeux, il faut bien un dernier.
00:33:44Moi, ça ne me dérange pas d'être le con des autres. »
00:33:46J'ai trouvé ça assez drôle comme approche.
00:33:48Non, c'est vrai.
00:33:51Franchement, je suis à fond là-dessus depuis toujours.
00:33:53En gros,
00:33:57toute la lumière est sur les plus forts,
00:33:59sur les médaillés, etc.
00:34:01Mais en gros,
00:34:03tu fais dernier des Jeux.
00:34:05Tu as fait les Jeux, quoi.
00:34:07Oui, c'est clair.
00:34:09Mais en vrai, qui a fait les Jeux ?
00:34:11Tu vois,
00:34:13tu es le plus nul de tous les forts.
00:34:15C'est vrai.
00:34:17De tous les mecs qui sont super forts.
00:34:19Il y a peu de gens qui ont fait les Jeux.
00:34:21Il y a peu de gens qui font l'équipe de France.
00:34:23Il y a peu de gens
00:34:25qui vont vivre ces émotions-là,
00:34:27qui vont vivre
00:34:29cette pratique,
00:34:31cette culture de haut niveau, de la performance, etc.
00:34:33C'est une vie incroyable.
00:34:35C'est une vie folle, incroyable,
00:34:37totalement fausse,
00:34:39irréelle, mais incroyable.
00:34:41Et ça te fait grandir.
00:34:43C'est quelque chose d'extraordinaire.
00:34:45Je le sais pourquoi, mais j'aimerais que tu l'expliques.
00:34:47Pourquoi tu dis totalement fausse et irréelle
00:34:49cette vie que tu mènes quand t'es athlète de haut niveau ?
00:34:51Elle est fausse.
00:34:53Tu peux détailler un petit peu ?
00:34:55Elle est fausse parce que
00:34:57quand je pars en stage, quand on est parti en Afrique du Sud,
00:34:59t'as 10 kinés qui viennent,
00:35:01t'as 2 médecins, t'as 1 ostéo,
00:35:03tout le monde
00:35:05tourne autour des athlètes de haut niveau
00:35:07et tout est fait.
00:35:09T'es assisté, tout est fait autour de toi
00:35:11pour t'amener à être le plus fort possible.
00:35:13Il y a beaucoup de choses qui sont faites.
00:35:15Il y a des côtés frustrants,
00:35:17comme on en parlait juste avant,
00:35:19mais il y a beaucoup de choses
00:35:21qui sont faites pour t'aider
00:35:23le plus possible à être hyper performant.
00:35:25Mais tout ça, c'est faux.
00:35:27Le jour où ça s'arrête,
00:35:29t'es plus personne.
00:35:31Il y a beaucoup d'athlètes de haut niveau
00:35:33qui ont beaucoup de mal à gérer leur après-carrière
00:35:35parce qu'ils se rendent compte
00:35:37qu'ils ne savent quasiment rien faire
00:35:39des choses de la vie de tous les jours,
00:35:41à manger, gérer l'administratif, plein d'autres choses.
00:35:43Tu vois, à l'INSEP,
00:35:45c'est un centre magnifique,
00:35:47t'as l'école directement dans l'INSEP.
00:35:49Tu sors en caleçon claquette,
00:35:51tu descends deux étages
00:35:53et en cours.
00:35:55Ça n'existe nulle part, ça.
00:35:57Il y a des gens qui font le ménage
00:35:59tous les jours dans ta chambre.
00:36:01Tu peux avoir une plus ou moins grande chambre,
00:36:03tous les jours, il y a quelqu'un qui fait le ménage dans ta chambre,
00:36:05qui change ta couette, qui lave.
00:36:07C'est un truc de ouf.
00:36:09Et t'as des gens qui font à manger tous les jours pour toi.
00:36:11Alors, t'aimes, t'aimes pas,
00:36:13mais il y a des gens qui font à manger pour toi.
00:36:15T'as un centre médical.
00:36:17Je ne sais pas, pour quelqu'un de lambda,
00:36:19tu te casses quelque chose,
00:36:21tu prends rendez-vous.
00:36:23Tu vas aux urgences et t'attends
00:36:25des heures et des heures.
00:36:27Moi, je le vis avec ma naine, là.
00:36:29Tu vas aux urgences, t'attends neuf heures
00:36:31et tu demandes si c'est normal d'attendre neuf heures
00:36:33et on t'explique que oui.
00:36:35Et qu'il y a même des chances que t'attendes
00:36:37encore un peu plus.
00:36:39Mais ce qui est ouf, c'est qu'à l'INSEPT,
00:36:41je veux faire une IRM.
00:36:43Donc, si tu prends rendez-vous sur Doctolib,
00:36:45tu vas attendre des mois et des mois.
00:36:47Moi, je descends,
00:36:49j'ai un petit doute
00:36:51sur...
00:36:53Il pourrait y avoir quelque chose.
00:36:55Je descends, je demande
00:36:57un rendez-vous IRM, je l'ai dans la demi-heure.
00:36:59Ça, c'est irréel.
00:37:01Ça n'existe pas.
00:37:03Sans cette vie d'athlète
00:37:05de haut niveau, j'aurais jamais voyagé
00:37:07dans autant de pays, j'aurais jamais rencontré
00:37:09autant de monde,
00:37:11discuté avec des gens
00:37:13qui ont des réflexions totalement différentes,
00:37:15qui ont une vie totalement différente.
00:37:17Mais tout ça,
00:37:19sans le sport de haut niveau,
00:37:21j'aurais jamais pu
00:37:23vivre tout ça.
00:37:25Et quelqu'un de normal
00:37:27ne vit pas ça.
00:37:29Dans la vie de normal, tu ne vis pas ça.
00:37:31Et ce que je dis qui est irréel,
00:37:33c'est le jour où ça s'arrête,
00:37:35ça, c'est fini.
00:37:37Il n'y a personne qui t'appelle.
00:37:39« Aurélien, tu vas bien ? Alors pour la saison ?
00:37:41On prévoit tel stage, tel stage, tel stage.
00:37:43Tu as besoin de quoi ? »
00:37:45Ça n'existe pas.
00:37:47C'est quelque chose que tu redoutes, quand ça s'arrêtera ?
00:37:49Non.
00:37:51Ça, par contre, à l'inverse,
00:37:53je pense qu'il est vachement
00:37:55difficile dans les sports
00:37:57où tu as vraiment l'impression
00:37:59d'être une star
00:38:01et que tu ne te rends pas compte
00:38:03que tu es une star et que tout ça, c'est réel.
00:38:05Je te jure qu'un marcheur,
00:38:07il n'y a pas de problème.
00:38:09Si tu comprends très bien le chemin du travail,
00:38:11etc.
00:38:13Ce n'est même pas une question d'arrêter dans la rue.
00:38:15Tu sais que, de toute façon,
00:38:17tu taffes, que tu es en train de travailler.
00:38:19Tu te connectes à la réalité.
00:38:21Il n'y a pas de déconnexion.
00:38:23Tu sais ce que je te disais,
00:38:25quand je suis parti en Afrique du Sud,
00:38:27il y a des gars qui m'ont dit « Aurélien, pourquoi tu ne vas pas
00:38:29ramener ta femme et ta fille ? »
00:38:31C'est l'Afrique du Sud.
00:38:33Ma femme travaille, ma fille va à la crèche.
00:38:35Ce n'est pas un symbole.
00:38:37Quand tu dis ça,
00:38:39ces personnes qui te demandent ça,
00:38:41elles l'entendent ou elles disent que c'est lunaire ?
00:38:43Je ne sais même pas.
00:38:45Déjà, la question est lunaire.
00:38:47Pour moi,
00:38:49dans ma vie à moi,
00:38:51la question est lunaire.
00:38:53Il ne sert à rien
00:38:55d'aller expliquer ça.
00:38:57Justement, parlons-en de cette vie,
00:38:59cette belle vie qui s'est créée pendant les Jeux,
00:39:01juste avant ton épreuve.
00:39:03Ta petite fille, Charlie, qui naît.
00:39:05Quelques heures après, tu es sur la ligne de départ.
00:39:07On parle souvent d'endurance.
00:39:09Dans ton sport, la marche athlétique.
00:39:11Cette nuit-là, on peut dire que c'est une autre forme
00:39:13d'endurance émotionnelle.
00:39:15Exactement. En plus, tu as raison.
00:39:17C'est vraiment de l'endurance.
00:39:19Ça a été vraiment de l'endurance émotionnelle.
00:39:21Je te dis ça parce que
00:39:23je ne sais pas
00:39:25si tu as des enfants ou pas.
00:39:27Non, pas encore.
00:39:29Pour l'instant, ce n'est pas prévu.
00:39:31Non, ce n'est pas prévu.
00:39:33Tu as raison, on ne prévoit pas.
00:39:35C'est une grosse galère.
00:39:37Mais en gros,
00:39:39c'est vraiment de l'endurance émotionnelle
00:39:41parce que c'est hyper fort
00:39:43de devoir naître quelqu'un
00:39:45et de voir sa femme en train de donner
00:39:47la vie réellement, concrètement.
00:39:49Je trouve que
00:39:51pour les pères, ce n'est pas très concret.
00:39:53Tout le reste, avant,
00:39:55ce n'est pas hyper concret.
00:39:57Tu n'as aucune sensation, il ne se passe rien,
00:39:59ta vie est continue.
00:40:01Tu as lâché tes spermatozoïdes,
00:40:03ça s'arrêtera, fin.
00:40:05C'est bien résumé.
00:40:07Mais c'est vrai que physiquement,
00:40:09il ne se passe rien.
00:40:11Tu ne vis pas la chose de la même manière
00:40:13et tu vois qu'il se passe quelque chose
00:40:15mais toi, tu ne le ressens pas,
00:40:17tu ne le vis pas.
00:40:19Tu n'as pas cette connexion
00:40:21de mon point de vue.
00:40:23L'accouchement, c'est hyper fort
00:40:25et tu sens que c'est quelque chose
00:40:27d'incroyable quand même.
00:40:29Tu sens que c'est quelque chose d'assez fou,
00:40:31que tu peux être au bord
00:40:33de moments très compliqués.
00:40:35Tu comprends qu'il y ait
00:40:37beaucoup de femmes et d'enfants qui soient morts
00:40:39en pleine phase d'accouchement
00:40:41parce que tu te rends compte
00:40:43que c'est quelque chose d'assez fou,
00:40:45d'assez incroyable.
00:40:47En même temps, c'est incroyable
00:40:49de voir cet enfant naître,
00:40:51cet enfant que vous avez conçu
00:40:53et que tu attends depuis neuf mois.
00:40:55Maintenant, c'est concret.
00:40:57Ça existe, tu y es, tu le vois,
00:40:59et émotionnellement,
00:41:01c'est très fort.
00:41:03Ce qui a été difficile,
00:41:05c'est que les Jeux,
00:41:07et avoir une course aux Jeux émotionnellement,
00:41:09c'est déjà très fort.
00:41:11Quand on se prépare, les athlètes,
00:41:13à une compétition,
00:41:15à un événement majeur
00:41:17et le point culminant de notre saison,
00:41:19on est sur une ligne de crête.
00:41:21Soit tu bascules
00:41:23dans l'entraînement,
00:41:25tu es presque à du surentraînement,
00:41:27soit tu bascules dans une phase
00:41:29où le moment le plus haut sera dépassé
00:41:31et tu es de moins en moins bien.
00:41:35Tu es vraiment au bord de ça,
00:41:37du moment bien, du moment pas bien, etc.
00:41:39Tu flirtes toujours avec la limite.
00:41:41Je m'entraîne plus, pas plus, etc.
00:41:43Émotionnellement, tu es au bord.
00:41:45Tu peux très vite tomber malade
00:41:47parce que tu es assez fragile.
00:41:49On fait vachement attention
00:41:51sur ces périodes-là.
00:41:53Du coup, émotionnellement,
00:41:55tu es faible,
00:41:57tu es touché par la fleur de peau
00:41:59et tu peux être sensible à plein de choses.
00:42:01L'accouchement,
00:42:03c'est un moment super fort
00:42:05au niveau émotionnel.
00:42:07Et après, vivre les Jeux,
00:42:09c'est super fort émotionnellement aussi.
00:42:11Tu prends deux claques à Paris,
00:42:13au milieu de tonnes de personnes,
00:42:15au milieu de milliers de personnes
00:42:17qui sont venues voir la marche,
00:42:19au Jeux.
00:42:21C'est difficile à gérer.
00:42:23Je ne lâche pas toutes mes émotions
00:42:25pour l'accouchement.
00:42:27Il faut que je respire,
00:42:29que je fasse redescendre tout ça,
00:42:31que je contrôle un peu tout ça.
00:42:33Ça, tu as réussi à y penser
00:42:35pendant que ta femme accouchait ?
00:42:37Tu étais vraiment dans le truc
00:42:39de ne pas lâcher trop ?
00:42:41Dans l'accouchement, non,
00:42:43quand l'accouchement est fait,
00:42:45tu te dis qu'on redescend,
00:42:47qu'on reprend le contrôle sur tout ça,
00:42:49qu'on ne lâche pas toutes les émotions.
00:42:51Il faut switcher.
00:42:53Même dans l'échauffement
00:42:55pendant les Jeux,
00:42:57avant la course,
00:42:59à la chambre d'appel,
00:43:01tous ces moments où tu n'as pas oublié
00:43:03qu'il y a deux heures,
00:43:05tu étais dans la salle d'accouchement.
00:43:07Il faut gérer toutes ces émotions-là
00:43:09et ne pas se laisser envahir
00:43:11petit à petit dans la course
00:43:13pour pouvoir tout donner.
00:43:15Garder cette force émotionnelle
00:43:17pour l'admettre dans la course.
00:43:19C'est vrai que c'était super difficile.
00:43:21C'était le plus compliqué
00:43:23et un peu le plus frustrant.
00:43:25Juste résume-nous un petit peu, Aurélien,
00:43:27pour les téléspectateurs.
00:43:29On a tous suivi cette histoire folle.
00:43:31Comment ça se passe exactement ?
00:43:33Tu as un coup de fil ?
00:43:35Vas-y, explique.
00:43:37L'objectif, c'était d'accoucher avant.
00:43:39La date était prévue quand ?
00:43:41Le terme, c'était quand ?
00:43:43C'était prévu entre le 24 juillet
00:43:45et le 4 août.
00:43:47Grosso modo, sur cette dizaine de jours.
00:43:49Pile-poil genre,
00:43:51toi, c'était le 1er août.
00:43:53Et avec au milieu,
00:43:55le 30, 31, 1er août,
00:43:57où il y avait des grosses chances.
00:43:59On part à Font-Romeu
00:44:01six semaines avant les Jeux.
00:44:03Début mi-juin,
00:44:05on part à Font-Romeu.
00:44:07Une dizaine d'heures de voiture,
00:44:09etc.
00:44:11Ça n'a rien déclenché du tout.
00:44:13On envoie tout le dossier médical
00:44:15à la maternité
00:44:17à côté de Font-Romeu.
00:44:21Là-bas, Font-Romeu,
00:44:23kiné, ostéo, acupuncture,
00:44:25plante verte,
00:44:27remède de grand-mère,
00:44:29tout pour pousser le truc
00:44:31en disant qu'il faut que ça accouche ici.
00:44:33Retour,
00:44:35deux heures de voiture de nouveau.
00:44:37On arrive, rendez-vous,
00:44:39juste après,
00:44:41avec les sages-femmes
00:44:43à l'hôpital, à la maternité.
00:44:45Finalement, la maternité nous dit
00:44:47que ce n'est pas prêt d'arriver.
00:44:49En tout cas, tout ce que vous avez fait n'a servi à rien.
00:44:51Pour l'instant,
00:44:53il n'y a aucun signe qui montre que ça va arriver.
00:44:55Là, tu te dis que c'est chaud
00:44:57parce que dix jours
00:44:59de la date butoir,
00:45:01c'est toujours pas en route.
00:45:03Donc, ça va vraiment être chaud.
00:45:05T'as un coup de flip à ce moment-là.
00:45:07Tu te dis vraiment,
00:45:09si ça arrive pendant les Jeux...
00:45:11Je commence à avoir un coup de flip.
00:45:13Au schéma inverse, on se dit
00:45:15que c'est simple,
00:45:17on est dans une optique,
00:45:19on va changer totalement l'optique.
00:45:21Après les Jeux, non ?
00:45:23Il reste cinq, six jours avant les Jeux.
00:45:25C'est non recommandé
00:45:27de faire un déclochement,
00:45:29de forcer la chose.
00:45:31Ça n'avait pas été recommandé.
00:45:33C'est simple,
00:45:35canapé,
00:45:37service de livraison,
00:45:39la télécommande sur la table basse,
00:45:41téloche,
00:45:43canapé,
00:45:45je voudrais une pizza,
00:45:47un chinois,
00:45:49tout ce que tu veux et tu ne bouges pas.
00:45:51Laisse tomber le ménage,
00:45:53on fera quand on rentrera,
00:45:55juste reste couché sur le canapé.
00:45:57L'objectif, c'était de se dire
00:45:59tu viens à la course
00:46:01et après la course,
00:46:03c'est open bar.
00:46:05On y va.
00:46:07Un peu dans le meilleur des mondes.
00:46:09Finalement,
00:46:11parce que
00:46:13Cassandra voulait absolument
00:46:15être là pour les Jeux.
00:46:17C'est quelque chose d'unique à Paris.
00:46:19On avait vraiment cette volonté-là.
00:46:23La veille de la course,
00:46:25dans la journée,
00:46:27déjà j'ai un mauvais pressentiment.
00:46:29Parce qu'il y a un appel,
00:46:31un truc ou juste un son ?
00:46:33Non, je sens que
00:46:35ça pue la merde.
00:46:41Mon téléphone fait tout le temps semblant.
00:46:43Non, tout va bien.
00:46:45Tranquille, à demain matin.
00:46:47Mauvais pressentiment
00:46:49toute la journée.
00:46:51J'ai ça qui me trotte dans la tête.
00:46:53Je prépare mes affaires à midi.
00:46:55La veille de la course,
00:46:57mes affaires restaient toutes prêtes.
00:46:59Mon sac de compet était prêt.
00:47:01Chose qui n'arrive jamais avec moi.
00:47:03Tu es plutôt un gars qui,
00:47:05au dernier moment,
00:47:07à minuit, une heure du mat,
00:47:09tu es en train de dire
00:47:11quelqu'un a des épingles,
00:47:13il manque de l'eau,
00:47:15il s'écarte l'eau.
00:47:17C'est plutôt ça ce délire.
00:47:19Je vais oublier ça.
00:47:21C'est plutôt
00:47:23l'ambiance normalement.
00:47:25Là, l'ambiance était totalement différente.
00:47:27La journée,
00:47:29on s'envoie des messages,
00:47:31on s'appelle, etc.
00:47:33Je fais un dernier truc avant d'aller me coucher.
00:47:35Avant de dire
00:47:37que je vais me coucher,
00:47:39je vais chez le kiné.
00:47:41Je l'appelle avant d'aller chez le kiné.
00:47:43Je l'appelle.
00:47:45Je dis ça va.
00:47:47On discute vite fait.
00:47:49Je la rappelle après le kiné.
00:47:51Parce que moi, j'ai des doutes.
00:47:53Non, tout va bien.
00:47:55Tout, ça va, c'est cool.
00:47:57J'ai commandé le taxi.
00:47:59Demain...
00:48:01Je la rappelle après le kiné.
00:48:03Je fais ma séance de kiné.
00:48:05J'aime bien faire ça avant la veille de course.
00:48:07Je sors du kiné vers 21h.
00:48:09Je la rappelle.
00:48:11Je tombe en plein moment
00:48:13de contraction.
00:48:15Elle en pleure.
00:48:17Je lui dis qu'elle casse.
00:48:19Qu'est-ce qu'il y a ?
00:48:21Elle me dit non, ça va.
00:48:23En pleurant.
00:48:25Je comprends.
00:48:27Elle refuse de comprendre.
00:48:29Non, ça va.
00:48:31Je vais prendre une douche.
00:48:33Ça va aller.
00:48:35Vas-y, on se rappelle après.
00:48:37T'as craqué ou quoi ?
00:48:39T'es complètement folle.
00:48:41T'es inconsciente ou quoi ?
00:48:43Non, ça va.
00:48:45T'en as parlé avec elle.
00:48:47C'est parce qu'elle voulait absolument venir.
00:48:49C'était vraiment cool.
00:48:51T'es complètement folle.
00:48:53Vas-y, on va à la maternité.
00:48:55Non, on va pas à la maternité.
00:48:57On ira après la course.
00:48:59Tout va bien, t'inquiète.
00:49:01La meuf est en contraction, en pleurs.
00:49:03Ça va, tu te débloques.
00:49:05Moi, je vais à la maternité.
00:49:07Et toi, tu fais comme tu veux.
00:49:09Je veux que toi, tu y sois.
00:49:11Moi, je vais à la maternité.
00:49:13Je peux pas me pointer tout seul.
00:49:15Je suis enceinte.
00:49:17Elle va peut-être arriver.
00:49:19Arriver.
00:49:21Moi, je vais à la maternité.
00:49:23Moi, j'appelle la FED.
00:49:25Elle est enceinte.
00:49:27Elle va accoucher.
00:49:29Tout le monde savait qu'elle était enceinte.
00:49:31Ils me disent, vas-y, on te soutient,
00:49:33on va t'emmener.
00:49:35Moi, je vais à la maternité.
00:49:37Avant de monter dans la voiture
00:49:39avec l'équipe de France d'athlées,
00:49:41je la rappelle.
00:49:43Moi, je pars. Dans 20 minutes,
00:49:45je suis à la maternité.
00:49:47Va chercher tes affaires.
00:49:49Tu récupères ta valise qui est prête
00:49:51et on se rejoint à la maternité.
00:49:53Au bout d'un moment, finalement,
00:49:55elle m'a dit OK.
00:49:57Alors qu'on habite à 10 minutes
00:49:59de la maternité,
00:50:01on arrive en même temps à la maternité.
00:50:03J'ai une femme de caractère relou.
00:50:05– Femme de marche athlétique,
00:50:07vraiment ultra fan.
00:50:09Donc on y va,
00:50:11on se rejoint.
00:50:13Après, il y a plein de choses qui se passent.
00:50:15Elle voulait avoir une chambre,
00:50:17une salle, comment dire,
00:50:19un peu...
00:50:21Merde, comment on appelle ça ?
00:50:23Une salle physio, en tout cas.
00:50:25Une salle où tu peux
00:50:27prendre un bain, accoucher dans le bain,
00:50:29avoir des ballons,
00:50:31etc. Une salle un peu plus détendue
00:50:33et moins médicale.
00:50:35Elle arrive à avoir
00:50:37cette salle-là.
00:50:39Tout est assez positif.
00:50:41Au départ, elle était dans l'ambiance
00:50:43pas de péridurale, rien, je veux accoucher naturel.
00:50:45Et rapidement, au bout de quelques contractions
00:50:47à l'hôpital,
00:50:49non, je veux la péridurale,
00:50:51on ne peut plus et tout.
00:50:53Et moi, comme je suis un salaud,
00:50:55truc haut niveau,
00:50:57non, t'inquiète, tu vas y arriver.
00:50:59Tu vas aller au bout de ton effort,
00:51:01au bout de ton objectif.
00:51:03Regarde les phrases qu'il y a marquées.
00:51:05Tu as répondu quoi ?
00:51:07J'aurais lu un jour la péridurale.
00:51:09Mais attends, on va aller dans le bain,
00:51:11tu vas voir le bain,
00:51:13ça va aller mieux.
00:51:15Le bain, ça a plutôt fonctionné.
00:51:17En fait, la petite,
00:51:19elle avait du mal à tenir
00:51:21le choc de l'accouchement.
00:51:23Ça se voyait au monitoring,
00:51:25apparemment.
00:51:27Dans le bain, la fille nous dit
00:51:29là, c'est chaud, que vous le vouliez ou non,
00:51:31on va y avoir la péridurale.
00:51:33On va en chambre de péridurale,
00:51:35on va en salle de péridurale.
00:51:37Et on va dans cette salle
00:51:39et la femme qui devait faire la péridurale,
00:51:41elle nous dit, moi j'ai d'autres personnes
00:51:43en attente, donc je suis là dans une demi-heure,
00:51:45je vous la fais dans une demi-heure.
00:51:47Et dans ce laps de temps,
00:51:49on est un peu laissé seul,
00:51:51pour que le temps passe,
00:51:53parce qu'il n'y a pas tout le temps quelqu'un avec toi.
00:51:57Vous vous parlez un peu à ce moment-là ?
00:51:59Parce que tu réalises que dans quelques heures,
00:52:01tu n'es pas là.
00:52:03Au début, on disait, bon aller, objectif,
00:52:05il faut qu'avant 7h du mat,
00:52:07t'es accouché, tac, tac.
00:52:09Une journée hyper timing.
00:52:11Toujours objectif.
00:52:13Dans nos têtes, Cassandra et moi,
00:52:15tac, tac, comme ça,
00:52:17c'est nous qui décidons, ça va bien se passer.
00:52:21Et cette fois-ci, on avait raison.
00:52:23La sage-femme nous dit, de toute façon,
00:52:25je pense que ça va être speed, ça va être rapide,
00:52:27vous allez voir, etc. Parce qu'elle avait déjà perdu les os
00:52:29dans l'après-midi, elle avait déjà eu plein de contractions.
00:52:31Je chantais quelque chose, pas pour rien.
00:52:33J'avais compris que...
00:52:35Et déjà la veille,
00:52:37après, plus tard, elle m'a dit, déjà la veille,
00:52:39ça commençait à être tendu, etc.
00:52:41Je pense que ça faisait un moment, donc on était vraiment sur la fin
00:52:43et pas sur le début.
00:52:45Et en salle de péridurale,
00:52:47je...
00:52:49Je vois un peu,
00:52:51et je dis, bon, moi je ne suis pas spécialiste,
00:52:53je n'ai pas fait médecine,
00:52:55mais là, vu à quoi ça ressemble...
00:52:57– Ça va arriver rapidement.
00:52:59– Je pense que là, on est plutôt dans la phase,
00:53:01ça va arriver très très vite.
00:53:03Et la sage-femme revient,
00:53:05passe nous voir,
00:53:07elle nous dit, mais là, on voit la tête, non ?
00:53:09Et du coup, bon,
00:53:11elle touche, elle dit, ouais, on voit la tête,
00:53:13machin, etc. Donc, petit à petit,
00:53:15ça s'est déclenché. Ça a été très tendu parce que
00:53:17il y a eu du mal
00:53:19à ce que le bébé sorte totalement.
00:53:21Du coup, le bébé s'est soufflé,
00:53:23la maman s'est soufflée aussi.
00:53:25Tu vois, c'est ce moment-là où tu te dis,
00:53:27ah ouais, c'est chaud, c'est pas rien.
00:53:29C'est pas juste j'écarte les jambes,
00:53:31ça sort, c'est fini.
00:53:33Tu te dis, ah ouais, c'est chaud, vraiment.
00:53:35Et en fait, tu te rends compte que c'est très chaud
00:53:37quand au début, il y a une personne dans la salle,
00:53:39deux personnes, trois personnes,
00:53:41quatre personnes, ils appellent un cinquième médecin.
00:53:43Et là, tu te dis, putain, c'est...
00:53:45– Tu flippes, toi, à ce moment-là ?
00:53:47– Ouais, je flippe un peu. Je me dis, ouais, c'est chaud, là.
00:53:49Ça commence à être très très chaud.
00:53:51Finalement, tout va bien
00:53:53et tout finit super bien.
00:53:55Elle n'a aucun point de souture.
00:53:57Le bébé est sorti.
00:53:59Le bébé va très bien. La maman va super bien.
00:54:01Aucune séquelle, rien, etc.
00:54:03Enfin, aucune séquelle grave, quoi.
00:54:05Aucun truc assez grave.
00:54:07Et tout va bien.
00:54:09Et finalement, tout va bien
00:54:11et tout s'est super bien passé.
00:54:13Et ouais, c'est assez incroyable.
00:54:15– Il a de très belles images, regarde.
00:54:17Avec le petit bébé.
00:54:19– Ça, c'était le lendemain de la course.
00:54:21Après la course, je rentre et ça, c'était juste avant...
00:54:23– Elle est incroyable, cette image.
00:54:25Elle est complètement dingue.
00:54:27Avec ton maillot et ton dossard.
00:54:29À la maternité.
00:54:31– Je cherchais mes épingles juste avant que le taxi arrive.
00:54:33C'est ouf. – C'est dingue.
00:54:35Alors, je vais te poser une question.
00:54:37Je suppose que la réponse va être difficile à donner
00:54:39parce que c'est indescriptible.
00:54:41Mais qu'est-ce que tu ressens au moment
00:54:43où tu prends ta petite fille dans les bras
00:54:45pour la première fois, Charlie ?
00:54:47– Je flippe de ouf.
00:54:49Comment ça se tient, ça ?
00:54:51– Tu dis la marche athlétique, finalement, c'est facile.
00:54:53– Ouais, c'est facile.
00:54:55Putain, merde, attends, si je mets ma main là,
00:54:57est-ce que je vais lui casser un os ?
00:54:59Ça va tenir, etc.
00:55:01Non, flippant. Franchement, flippant.
00:55:03T'es pas prêt à ça, quoi.
00:55:05C'est pas un truc inné.
00:55:07En tout cas, c'était pas inné chez moi.
00:55:09Et je crois que le pire moment,
00:55:11c'est quand la sage-femme dit à l'homme,
00:55:13bon, je vous la laisse,
00:55:15vous la prenez dans vos bras
00:55:17et puis, voilà, vous faites du pot-à-pot
00:55:19et je reviens tout à l'heure.
00:55:21Et vous m'appelez.
00:55:23En fait, le pire des phrases, c'est
00:55:25vous m'appelez quand c'est bon,
00:55:27quand ça y est.
00:55:29Mais dans la chambre, il n'y a pas de notice.
00:55:31Il n'y a pas de...
00:55:33Moins de 10 minutes avec ta fille,
00:55:35t'es un mauvais père.
00:55:37Entre 10 et 20, t'es un moyen père.
00:55:39– Le compétiteur, il s'est dit,
00:55:41je vais rester deux heures.
00:55:43– Plus de 20 minutes, t'es un bon père.
00:55:45Ok, moi, je fais quoi avec cet enfant ?
00:55:47Parce que moi, je ne suis pas à l'aise.
00:55:49Et à quel moment,
00:55:51vous allez tous me juger,
00:55:53dans votre salle,
00:55:55il a pris son enfant 3 minutes 30,
00:55:57mais quel mauvais père.
00:55:59– Il pense plus au jeu qu'à son enfant.
00:56:01– Tu vois, à quel moment
00:56:03je passe pour le bon,
00:56:05le mauvais père ?
00:56:07C'est quoi la moyenne ? Il faut m'aiguiller.
00:56:09Parce que moi, je veux bien l'avoir,
00:56:11mais je ne sais pas quoi en faire.
00:56:13Je ne sais pas, je ne suis pas à l'aise.
00:56:15Ça, c'est le pire moment.
00:56:17Je dis à Cassandra,
00:56:19c'est chaud, c'est quoi ?
00:56:21Comment je me situe ?
00:56:23À quel moment je l'appelle
00:56:25et elle se dit, le mec, il est en détresse,
00:56:27miskine, il ne sait rien faire.
00:56:29À quel moment tu dis, non, c'est bon,
00:56:31là, 20 minutes, il gère.
00:56:33Et lui, il est à l'aise.
00:56:35Franchement, lui, il est…
00:56:37– Du coup, à ce moment-là,
00:56:39pourtant, t'as la course dans quelques heures,
00:56:41t'es complètement détaché,
00:56:43tu ne penses pas du tout à ta course d'après.
00:56:45– Oui, grave. Enfin, je pense à ma course d'après.
00:56:47Tu te dis, OK, là, il est 2, 3 heures du matin.
00:56:49En fait, ça passe vite.
00:56:51– À quelle heure tu devais être
00:56:53sur la ligne ou en tout cas à l'échauffement ?
00:56:55– Alors, à 4 heures,
00:56:57on devait être vers l'échauffement.
00:56:59– T'as dormi.
00:57:01– 4, 5 heures. – T'as pas dormi.
00:57:03– J'ai une petite montre là
00:57:05qui m'a été prêtée par la fondation
00:57:07qui me soutient, la fondation Respect.
00:57:09Et enfin, ce n'est pas une montre, c'est une bague.
00:57:11Et cette bague, elle prend mes données, etc.
00:57:13– D'accord.
00:57:15Je ne savais même pas que ça se faisait.
00:57:17– C'est une bague qui prend des données
00:57:19sur plein de choses.
00:57:21Et en gros, ça prend aussi mon sommeil.
00:57:23Et je lui ai marqué à peine une vingtaine de minutes
00:57:25de temps de repos.
00:57:27– Et comment tu réagis à ton réunion ?
00:57:29Parce que, évidemment,
00:57:31c'est quelque chose de fabuleux
00:57:33et tu deviens papa.
00:57:35Mais tu te dis, bon, les Jeux, la course,
00:57:37ça va être un calvaire,
00:57:39ça va être hyper dur, je ne pourrai rien faire.
00:57:41La médaille ou quoi, tu l'oublies totalement
00:57:43et il n'y a plus d'objectif comme ça.
00:57:45– Oui, globalement.
00:57:47C'est même plus des choses auxquelles je pense.
00:57:49Je pense à faire ma course
00:57:51et je pense à essayer de sortir
00:57:53du moment de l'accouchement pour pouvoir être
00:57:55dans la course, à me concentrer là-dessus.
00:57:57– C'est impossible, ça, non ?
00:57:59T'as réussi à le faire pendant la course ?
00:58:01– Oui, non, c'est compliqué.
00:58:03Même à l'échauffement, en fait.
00:58:05Tu te rends bien compte que t'es dans la course
00:58:07mais c'est plutôt à l'échauffement,
00:58:09te dire, comment je fais pour être
00:58:11dans mon échauffement,
00:58:13pas penser à autre chose, etc.
00:58:15Et après, la course,
00:58:17ça a été un calvaire.
00:58:19En fait, la très triste, c'est qu'avant la course,
00:58:21tout le monde te dit, Aurélien,
00:58:23mais tu vas être incroyable.
00:58:25– Ça va te donner de la force de dingue.
00:58:27– Ça va te donner de la désespoir.
00:58:29– Sur un nuage.
00:58:31– Tu ne vas pas comprendre comment t'es fort.
00:58:33– On le voit, là.
00:58:35– Moi, je l'attends, je l'attends, ce moment.
00:58:37Je le cherche.
00:58:39Le moment où t'es invincible.
00:58:41Et je ne l'ai archi pas eu.
00:58:43J'étais chaos, c'était super dur.
00:58:45– C'est la course la plus dure de ta vie, physiquement ?
00:58:47– Oui. En fait, dans une course, d'habitude,
00:58:49t'as des moments où t'es bien, t'as des moments euphorisants,
00:58:51t'as des moments où tu doutes.
00:58:53C'est un peu la force
00:58:55des sports d'endurance.
00:58:57Tu vis plein de choses, des moments agréables
00:58:59et là, franchement, ça a été un calvaire
00:59:01du début jusqu'à la fin.
00:59:03Franchement, j'ai kiffé une fois que j'ai passé la ligne d'arrivée.
00:59:05Là, j'étais bien, c'était fini, c'était bon et tout.
00:59:07Mais ça a été super dur.
00:59:09Et tu vois, l'Ukrainien qui est juste derrière moi,
00:59:11qu'on voit au départ de la course,
00:59:13il vient, il me voit,
00:59:15je pars, je ferme les yeux,
00:59:17je suis fatigué et il me met un petit coup de coude.
00:59:19Il me dit, Aurélien, gros, réveille-toi,
00:59:21c'est pas l'heure de dormir et tout.
00:59:23– Gros, attends, c'est bon.
00:59:25– Autre chose, je ne suis pas très en forme.
00:59:27– Tu m'étonnes.
00:59:29– Il y a l'Ukrainien, Dunphy, qui vient me voir
00:59:31et qui me dit, bon, Aurélien,
00:59:33en gros, c'est un peu foutu, la course,
00:59:35mais kiffe, t'es à Paris,
00:59:37c'est un moment incroyable,
00:59:39c'est unique, ça va être unique pour toi et tout.
00:59:41Même si c'est dur,
00:59:43essaye de kiffer le plus possible, machin.
00:59:45Il y a une solidarité entre nous.
00:59:47Il n'y a pas ce truc un peu de sprinter
00:59:49où il y a une solidarité.
00:59:51– C'est un peu l'ambiance Décathlon, un peu famille.
00:59:53– Ouais, c'est ça, ouais.
00:59:55Dans ces disciplines-là, Décathlon, marche,
00:59:57endurance, lancer, etc.,
00:59:59c'était des moments famille,
01:00:01on s'entraîne ensemble,
01:00:03je vais m'entraîner avec mes concurrents
01:00:05toute l'année, etc.
01:00:07Toujours, tout le monde est au courant
01:00:09que ma femme est enceinte,
01:00:11que j'attendais une petite,
01:00:13il y en a qui me proposaient des prénoms et tout.
01:00:15Ça, c'est une autre ambiance.
01:00:17– Et puis, le résultat,
01:00:19même si t'as vécu un calvaire,
01:00:21franchement, en 9e,
01:00:23tu bats ton record en plus d'une seconde,
01:00:25c'était 56.
01:00:27– C'était canon, c'était incroyable.
01:00:29Après, j'étais très, très préparé.
01:00:31J'étais vraiment très, très préparé.
01:00:33J'avais fait 6 semaines à fond remue,
01:00:356 semaines, j'avais passé des sacrées séances,
01:00:37j'avais fait des trucs que je n'avais jamais fait,
01:00:39je me suis donné et tout.
01:00:41Franchement, c'était mon meilleur stage,
01:00:43le plus dur,
01:00:45et le meilleur stage que j'ai fait.
01:00:47– Tu te situes où, Aurélien ?
01:00:49Imaginons, dans un monde parallèle
01:00:51où ta préparation est parfaite,
01:00:53il n'y a pas la naissance de ta fille,
01:00:55tu te pointes sur la ligne de départ,
01:00:57en pleine possession de tes moyens, en forme, reposé,
01:00:59tu penses que tu aurais pu viser quoi ?
01:01:01– Je pense que je finis dans les 5 premiers.
01:01:03Je pense que je finis dans les 5 premiers.
01:01:05Difficile de dire, je fais une médaille ou pas,
01:01:07mais je crois que parce que la médaille,
01:01:09elle a 20 secondes de moi quand même.
01:01:11La 3e place, elle a 20 secondes devant moi seulement.
01:01:1320 secondes sur une épreuve d'une heure 20,
01:01:15c'est très peu.
01:01:17C'est la capacité à accélérer fort sur la fin.
01:01:19Je pense que dans les 5 premiers,
01:01:21proche d'une médaille.
01:01:23– En tout cas, ça reste un résultat assez incroyable,
01:01:25parce que tu as fait un très bon chrono.
01:01:27Tu as eu des réactions,
01:01:29des messages de la part d'autres athlètes
01:01:31qui t'ont félicité ?
01:01:33– Déjà, comme je te disais,
01:01:35avant la course,
01:01:37après la course,
01:01:39évidemment, tout le monde a félicité.
01:01:41Il y a eu des entraîneurs d'autres pays
01:01:43qui ont félicité.
01:01:45Il y a eu des entraîneurs d'autres pays
01:01:47qui m'ont dit
01:01:49« Ah ça y est, elle est née ! »
01:01:51Comme je te disais,
01:01:53on se voit, on s'entraîne ensemble.
01:01:55On partage des choses.
01:01:57Quand on est à fond rumeur,
01:01:59je ne suis pas le seul à être à fond rumeur.
01:02:01On partage avec d'autres pays,
01:02:03plein d'autres pays.
01:02:05Ce qui était marrant,
01:02:07une anecdote marrante,
01:02:09pendant mon effort,
01:02:11comme je galérais de ouf,
01:02:13je me disais,
01:02:151h20,
01:02:17Kassandra en était là,
01:02:19avec le bébé,
01:02:21je me disais,
01:02:231h20, ça va, c'est pas…
01:02:25quand même, elle l'a fait,
01:02:27c'était chaud,
01:02:29moi c'est quand même plus facile.
01:02:31– C'est pas mal comme technique de motivation.
01:02:33– Il reste 40 minutes,
01:02:35moi j'ai fait la moitié de mon effort,
01:02:3740 minutes, en gros,
01:02:39c'est le moment où il y avait 5 personnes
01:02:41dans la chambre,
01:02:43je me disais,
01:02:45quand c'était la toute fin,
01:02:47les dernières poussées,
01:02:49ça passe les épaules,
01:02:51j'ai vraiment synchronisé
01:02:53ma course comme ça,
01:02:55en découpant ma course comme ça.
01:02:57– C'est marrant,
01:02:59parce que tu disais tout à l'heure
01:03:01que tu arrives sur la ligne,
01:03:03t'essayes de ne plus trop penser
01:03:05à ta fille de l'accouchement,
01:03:07mais en fait, tu t'es servi de ça
01:03:09pour performer.
01:03:11– Emotionnellement,
01:03:13c'est-à-dire ne pas partir dans les pleurs,
01:03:15dans le truc, t'es super heureux,
01:03:17ça faut le garder,
01:03:19parce que je ne peux pas
01:03:21tout lâcher émotionnellement d'un coup,
01:03:23avant la course,
01:03:25sinon j'aurais plus cette énergie-là.
01:03:27Par contre, me rappeler
01:03:29et me servir de l'énergie de l'accouchement
01:03:31et de ce que je viens de vivre,
01:03:33pour performer, ouais.
01:03:35– Je te pose une dernière question Aurélien,
01:03:37ta fille Charlie,
01:03:39elle va grandir petit à petit,
01:03:41elle va comprendre aussi ce qui s'est passé ce jour-là,
01:03:43elle va peut-être te poser la question.
01:03:45Papa, explique-moi, les Jeux, c'était comment ?
01:03:47Tu lui diras quoi ? Tu lui répondras quoi ?
01:03:49– Je dirais que les Jeux, c'était incroyable.
01:03:51C'était incroyable.
01:03:53C'est un moment incroyable,
01:03:55c'est un moment super fort.
01:03:57Et puis, pour moi,
01:03:59donner la vie…
01:04:01– Bébé Gio.
01:04:03– Ouais, ouais.
01:04:05C'est deux choses hyper fortes,
01:04:07comme tu disais, finalement,
01:04:09les Jeux, c'est une fois tous les quatre ans,
01:04:11c'est exceptionnel,
01:04:13ça reste quelque chose d'exceptionnel.
01:04:15Et avoir réussi deux exceptions,
01:04:17et puis les réussir, tu vois.
01:04:19La naissance s'est super bien passée,
01:04:21enfin l'accouchement s'est super bien passé,
01:04:23c'était à Paris,
01:04:27c'était un cadre magnifique,
01:04:29en gros, tout était réuni.
01:04:31Finalement, ça aurait très bien pu
01:04:33tout être un échec,
01:04:35mais tout a été réuni pour que tout soit réussi,
01:04:37et on a réussi ce truc incroyable.
01:04:39Moi, j'ai réussi sportivement,
01:04:41je suis super fier.
01:04:43De la même manière que te dire que dernier,
01:04:45c'est incroyable, même d'être dernier au Jeux,
01:04:47c'est incroyable.
01:04:49Être finaliste neuvième des Jeux,
01:04:51c'est incroyable.
01:04:53Surtout que ce n'est pas forcément
01:04:55ma distance de prédilection.
01:04:57C'est quelque chose où on aurait pu
01:04:59me mettre en doute, finalement,
01:05:01c'est plutôt une réussite.
01:05:03Et cet accouchement a été une réussite.
01:05:05Donner naissance à cet enfant,
01:05:07ça a été une réussite,
01:05:09ça a été incroyable.
01:05:11On a donné la vie.
01:05:13C'est fou.
01:05:15Rien que faire des enfants,
01:05:17s'engager dans quelque chose,
01:05:19mais que cette chose devienne concrète
01:05:21et réaliste,
01:05:23je trouve que c'est incroyable.
01:05:25Donner la vie,
01:05:27les femmes qui font ça,
01:05:29je trouve que c'est incroyable.
01:05:31C'est toujours unique.
01:05:33Je pense que les parents se souviennent
01:05:35de chacune des naissances de leurs enfants.
01:05:37Et là, tu as la naissance,
01:05:39plus le moment fort des Jeux.
01:05:41C'est lié, parce que toute la préparation,
01:05:43on a pensé à ça, etc.
01:05:45Tout est lié.
01:05:47Tout a été réussi.
01:05:49C'était un moment magique,
01:05:51super fort.
01:05:53Quelque part, c'est symbolisé
01:05:55aussi notre relation
01:05:57à moi et à Cassandra.
01:05:59Ensemble, on a créé quelque chose
01:06:01d'unique
01:06:03et d'irremplaçable.
01:06:07Tu peux construire des choses,
01:06:09les casser.
01:06:11Maintenant, à deux,
01:06:13on a donné vie
01:06:15à cet enfant,
01:06:17et ça symbolise notre relation.
01:06:19Que cette relation s'arrête,
01:06:21peu importe où va la relation,
01:06:23on a créé quelque chose ensemble.
01:06:25C'est fou.
01:06:27C'est la plus belle des médailles.
01:06:29C'est la plus belle des médailles.
01:06:31C'est la plus belle des médailles.
01:06:33C'est la plus belle des médailles.
01:06:35C'est la plus belle des médailles.
01:06:37C'est la plus belle des médailles.
01:06:39C'est la plus belle des médailles.
01:06:41C'est la plus belle des médailles.
01:06:43C'est la plus belle des médailles.
01:06:45C'est la plus belle des médailles.
01:06:47C'est la plus belle des médailles.
01:06:49C'est la plus belle des médailles.
01:06:51C'est la plus belle des médailles.
01:06:53C'est la plus belle des médailles.
01:06:55C'est la plus belle des médailles.
01:06:57C'est la plus belle des médailles.
01:06:59C'est la plus belle des médailles.
01:07:01C'est la plus belle des médailles.
01:07:03C'est la plus belle des médailles.
01:07:05C'est la plus belle des médailles.
01:07:07C'est la plus belle des médailles.
01:07:09C'est la plus belle des médailles.
01:07:11C'est la plus belle des médailles.
01:07:13C'est la plus belle des médailles.
01:07:15C'est la plus belle des médailles.
01:07:17C'est la plus belle des médailles.
01:07:19C'est la plus belle des médailles.
01:07:21C'est la plus belle des médailles.
01:07:23Là,
01:07:25ce qui est le plus important,
01:07:27au final,
01:07:29c'est cette aventure
01:07:31et cet engagement
01:07:33et ce que ça t'apporte au final,
01:07:35ce que ça te fait découvrir,
01:07:37ce que ça t'ouvre au monde
01:07:39et comment ça te fait grandir
01:07:41et les leçons de vie que tu apprends
01:07:43et les valeurs que ça te donne.
01:07:45Faire du sport et faire du haut niveau
01:07:47encore plus, c'est quelque chose de ouf
01:07:49parce que tu as beaucoup d'échecs,
01:07:51et ça te donne énormément de leçons
01:07:53et de valeurs.
01:07:55Franchement, je te dis la vérité,
01:07:57je pourrais rester des heures
01:07:59à t'écouter parler, à discuter avec toi
01:08:01de pleins de sujets.
01:08:03On va devoir conclure cette émission,
01:08:05mais j'ai adoré discuter avec toi.
01:08:07C'était très inspirant
01:08:09et je te souhaite plein de bonnes choses
01:08:11pour la suite.
01:08:13Merci beaucoup Aurélien.
01:08:15Merci à toute l'équipe en régie
01:08:17et on se retrouve très vite
01:08:19à la semaine prochaine.
01:08:21Salut tout le monde.