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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal de Latorre Dupas.
00:04Véronique Jacquet dans ce studio, bonsoir Véronique, je suis très heureuse que vous
00:08soyez là, journaliste politique à CNews et Olivier d'Artigolle, chroniqueur politique.
00:13Bonsoir.
00:14Merci d'être là également, j'aimerais évidemment qu'on revienne sur ce témoignage
00:19très fort de la maman de Lilibelle, Betty, qui était dans ce studio, qui a dit des choses
00:25très fortes, c'est une maman qui est meurtrie, qui a perdu sa fille, tuée d'un coup de
00:28couteau parce qu'elle s'est interposée dans une rixe, c'était il y a 4 ans.
00:32Et là la décision tombe, donc le jeune en l'occurrence, le parquet réclame 18 ans,
00:37finalement la cour décide de requalifier les faits, en homicide ayant entraîné la
00:43mort sans l'intention de la donner, et donc réclame 10 ans, et comme il a déjà fait
00:48une partie, il a déjà été en prison, et bien il ne fera que 7 ans.
00:53Evidemment c'est très dur, elle ne peut pas faire appel, il n'y a que le parquet
00:55qui a 10 jours pour pouvoir se saisir du dossier.
01:00J'aurais d'abord peut-être à voir votre sentiment, Olivier, peut-être, auprès de
01:06ce témoignage.
01:07C'est un moment très fort parce que l'adresse de Mme Galazo aux gardes des Sceaux est le
01:13cri d'une mère, après avoir vécu ses 5 journées de procès, la cour d'assises des
01:21mineurs de l'Essonne, l'épreuve que c'est pour elle, après 4 ans d'attente, un comportement
01:29qu'on pourrait dire peu adapté, à la fois de celui qui a été jugé et de ses conseils,
01:37et puis cette question posée par cette mère, est-ce que le fait de planter un couteau dans
01:45un ventre, si ce n'est pas un meurtre, alors c'est quoi ? Et c'est sa question en fait.
01:51On souhaite que le parquet puisse faire appel parce que passer de 18 ans à 10 ans, ce n'est
01:57pas comme s'il y avait eu une petite diminution.
01:59Là, presque divisé par deux, d'après moi, dans les 10 jours, le parquet va faire appel.
02:04Véronique Jacquier ?
02:05Oui, il faut espérer que le parquet fasse appel parce que sinon, vraiment, la justice
02:09n'est pas juste et c'est ce qui ressort des propos de la maman.
02:14Betty, on a quand même le sentiment d'une faillite et d'un fiasco judiciaire quand on
02:19voit la prise en charge d'un mineur à l'époque meurtrier qui finalement s'en sort pas mal
02:25quand on voit ce qu'elle raconte, c'est-à-dire port du bracelet électronique, mais on n'a
02:30pas l'impression que même quand il est traduit en justice, même quand il passe en justice,
02:35on n'a pas le sentiment qu'il ait compris qu'il avait ôté une vie et que ce qu'il
02:39avait fait c'était terriblement grave.
02:41Quand elle raconte qu'au frais du contribuable, finalement, il est en attente de jugement
02:47et qu'on lui paye un appartement et qu'il fait la fête, mais vous vous rendez compte
02:50qu'il n'y a même pas de notion de repentir.
02:52Du mot d'élève le dernier jour, a-t-elle dit ?
02:55Oui.
02:56Mais comment voulez-vous que ce garçon, quel message lui envoie la société ?
03:02Ça veut dire qu'il peut continuer à tuer en toute impunité parce que Betty Galazzo
03:07pointe vraiment le doigt là où ça fait mal en ce qui concerne notre société du moment
03:10puisque François Bayrou a invité les députés à se saisir politiquement de cette question
03:15du port du couteau en disant que ce n'est pas anodin, il y a trop de jeunes qui portent
03:19des couteaux et qui se baladent comme ça dans les rues en toute impunité.
03:23Or il y a quand même un sujet qui devient philosophique.
03:25Vous avez raison Véronique Jacquy, vous avez entendu quand même, juste je vais faire une
03:28parenthèse, le témoignage de Betty qui dit que la maman de l'auteur du coup de couteau
03:33était parfaitement au courant que son fils a trouvé ça anormal en disant qu'il faut
03:38qu'il puisse se défendre.
03:39Non mais bien entendu puisque dans le monde de ces gens-là, le port du couteau fait partie
03:45de la normalité, fait partie d'une culture, fait partie d'un mode de fonctionnement tribal.
03:49Saint-Cheron c'est dans l'Essonne, l'Essonne concentre un quart des rixes à coups de couteau
03:56en France.
03:57Ça aussi c'est un sujet et c'est quand même silence radio du côté de nos politiques.
04:03C'est-à-dire que ça devient presque banal maintenant les rixes à coups de couteau chez
04:07les jeunes.
04:08Et il y a cette question qui est quand même fondamentale et qui devient politique et dont
04:12devrait s'emparer quand même effectivement le judiciaire.
04:14François Bayrou s'est fait un petit peu lanceur d'alerte mais ça me paraît un petit
04:18peu light.
04:19À savoir que oui, quand on sort de chez soi avec un couteau, et bien fondamentalement
04:23on a quand même sans doute une intention de tuer.
04:25C'est pas simplement pour de l'auto-défense, c'est pas simplement...
04:29Non mais c'est pas à dire que ça peut vite tourner vinaigre, c'est ce qui s'est passé
04:35avec ce pauvre fille, Olivier D'Artigone.
04:38Le fait qu'un département, en l'occurrence l'Essonne, puisse en effet concentrer un quart
04:41de ce qu'on appelle les rixes.
04:42Je pense aujourd'hui que ce mot n'est plus adapté à la situation.
04:45Ce n'est pas la guerre des boutons.
04:46Ce sont quand même des batailles de territoire avec cette tension permanente sur les réseaux
04:52sociaux et le fait que des bandes descendent dans un endroit, gare RER, et puis se livrent
04:59donc à des descentes punitives.
05:01Il faut dire les mots.
05:03En plus, cette décision de justice arrive dans un contexte dramatique avec l'affaire
05:09Elias qui pourrait laisser croire à ces mineurs violents porteurs d'armes blanches que le
05:18fait de l'utiliser ne soit pas donc un meurtre.
05:21Donc il faut voir aussi le message qui est envoyé à la société.
05:24C'est pour ça que l'appel du parquet dépasse très largement, y compris cette affaire.
05:29Ça va être très symbolique.
05:30Ça c'est terrible.
05:31Parce que les coups de couteau, pardon, il y a encore eu dans le métro de Lyon cette
05:35semaine, Elias est décédé.
05:36Il y a une semaine, jour pour jour, pour un portable, c'est quand même incroyable parce
05:42qu'aujourd'hui les mineurs, enfin ceux dont on parle en l'occurrence, non seulement ont
05:45des couteaux, sont mineurs et frappent avec des couteaux.
05:48On a un peu le sentiment que je ne l'ai pas fait exprès.
05:51Non mais il y a deux degrés de compréhension.
05:57D'abord, première chose, à Paris, 34% des agressions désormais sont des agressions
06:02aux couteaux.
06:03C'est monstrueux, c'est énorme comme chiffre.
06:05Ensuite, en ce qui concerne le jeune Elias, comme cette jeune fille Lily Bell, qui n'avait
06:12quand même que 14 ans, comme Elias, évidemment c'est absolument abominable, il n'y a aucun
06:18motif.
06:19Il n'y a aucun motif, de toute façon il n'y a jamais de motif valable pour donner
06:23un coup de couteau et tuer un enfant.
06:24Ça reste des enfants, pardonnez-moi, ça reste des enfants, on met toujours le mot
06:27mineur, mais ce sont des enfants.
06:29Moi j'ai vu le visage de ce jeune Elias, il était absolument magnifique, voilà, ça
06:35pourrait être votre fils, ça pourrait être mon fils, donc c'est absolument terrifiant.
06:39Il n'y a aucun motif et de toute façon ça veut dire qu'on est vraiment dans un processus
06:45de décivilisation parce que pour cette petite Lily Bell, l'attention était montée entre
06:51deux bandes rivales.
06:52Ils se donnent rendez-vous, comme l'a expliqué très justement la maman Betty, ils arrivent
06:57cagoulés avec des gants, sans doute, d'ailleurs pour ne pas laisser de traces ADN par-ci par-là,
07:02avec des couteaux qui ont de quoi vous rentrer dans le ventre et voilà.
07:06Et Lily Bell veut protéger une plus jeune quelle.
07:09Et la veille, vous vous rendez compte, la veille l'attention était montée sur les
07:13réseaux sociaux, tout ça sans motif, c'est vous dire dans quel processus de décivilisation
07:18nous sommes arrivés, ça s'appelle de la barbarie.
07:21Non mais Véronique Jacquet, il y a des mots forts, mais pardon, mais c'est vrai qu'Olivier
07:25Dartigolle, on est complètement désœuvré, enfin on a l'impression que c'est mené courant
07:28tous les jours, toutes les semaines, il y a des faits divers, dramatiques, avec ces affaires
07:34de couteaux, il faut faire quelque chose, il faut que la justice, il faut que la justice
07:39interdit ça.
07:40Avec les spécialistes de la violence des mineurs et des très jeunes mineurs qui posent
07:45le même constat, à savoir, maintenant, la moindre frustration, le fait de l'absence,
07:51c'est-à-dire le fait de ne pas pouvoir gérer des émotions ou des frustrations, et avec
07:58ce qui a été très négatif, on pensait que ça allait être un progrès, ça ne l'est
08:02pas dans la procédure judiciaire et pénale, ce qu'on nomme donc la césure, puisqu'il
08:07y a une première audience qui donne la culpabilité, mais l'audience qui va donner le jugement
08:13et la sanction est renvoyée à huit, dix mois, le jeune sort donc de la première audience,
08:20on lui dit tu es coupable, mais il reprend sa vie comme si de rien n'était, avec un
08:23suivi éducatif, quand le suivi éducatif peut être mis en place.
08:28J'ai lu, il y a aussi beaucoup de problèmes dans tout ça, dans les services socio-éducatifs,
08:33puisque un jeune qui est dans un espace familial toxique, en Seine-Saint-Denis par exemple,
08:39entre le premier signal, l'identification de ce problème et l'intervention d'un premier
08:44éducateur, il peut s'écouler deux ans, donc on voit bien que l'ensemble du système est
08:49grippé aujourd'hui.
08:50Non mais le système est non seulement grippé, mais il y a aussi une cécité collective,
08:56parce que vous l'avez dit Pascal, vous avez souligné le fait que la maman du garçon
09:01qui était condamnée, quelque part savait que son fils sortait comme ça avec un couteau,
09:07et elle trouvait ça normal, donc il faut bien dire que cette violence intrinsèque
09:12que se trimballent des adolescents, puisqu'à l'époque ils n'avaient que 16 ans, les parents
09:16sont quand même grandement responsables, cette violence elle est aussi banalisée à
09:21la maison.
09:22Il a 16 ans, c'est normal, il sort, et en plus il sort avec un couteau, on sait qu'il
09:28va se confronter à d'autres jeunes d'Andérix, enfin pardonnez-moi, quand vous êtes une
09:32mère de famille, vous avez envie que votre enfant étudie, ou tout au moins vous faites
09:36tout ce qui est en votre pouvoir pour lui préparer un avenir, pour lui bâtir un avenir
09:40en lui souhaitant qu'il travaille à l'école.
09:41Et avec énormément de parents qui disent autour d'eux à leur enfant s'il y a un problème
09:43vraiment tiens-toi à distance, baisse les yeux, rentre à la maison, ne prends aucun
09:47risque, ce qu'on comprend bien.
09:49Non mais c'est sûr.
09:50On parle des mères, mais les pères sont où dans l'histoire ? Parce qu'on dit toujours
09:52la mère et tout ça.
09:53Oui tout à fait, bien sûr.
09:54Ce que j'ai demandé à Betty Galazzo, donc là semble-t-il on est sur le profil d'une
09:57mère seule qui travaille en restauration, alors voilà, il y a aussi un père dans l'histoire
10:02qui ferait mieux de s'occuper de son gamin et de faire en sorte de vérifier s'il a des
10:05couteaux dans son sac.
10:06Non mais juste, voilà, je voulais juste dire ça, parce qu'on parle toujours des mères,
10:10et en l'occurrence c'était la mère, où sont les pères dans cette affaire ?
10:13Et il y a aussi une dimension qui est intéressante, alors pas pour Lily Bell malheureusement mais
10:18pour Elias, c'est que la mairie du 12ème arrondissement avait quand même ciblé les
10:26parents des deux agresseurs, les jeunes en question étaient suivis, les familles étaient
10:36suivies pour que justement ça ne se termine pas en drame, puisqu'on savait qu'il y avait
10:40des conflits partout où ils passaient, et pour autant voilà, on voit que ça ne porte
10:45pas du fruit, donc stop à l'angélisme.
10:47Stop à l'angélisme, et on suivra ce dossier sur Europe 1, d'Europe 1 soir week-end évidemment,
10:51la cour, le parquet a donc 10 jours, 10 jours pour faire appel, nous suivons ça avec évidemment
10:58énormément d'attention, je peux vous le dire, on va prendre des nouvelles et on demandera
11:02à Betty Galazzo de revenir et de voir comment peut-être Gérald Darmanin, le garde des
11:07Sceaux, aura été interpellé, elle l'a interpellé les yeux dans les yeux sur Europe 1, va-t-il
11:12l'écouter, va-t-il répondre ? Nous suivons ça avec beaucoup d'attention, il est 19h44
11:16sur Europe 1.