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Avec Hugues Aufray, chanteur et écrivain français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-03##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05Voici plus de six décennies.
00:07Vous avez découvert à New York une voie
00:09qui a ouvert le chemin à tant d'autres.
00:11Vous ne parliez pas anglais, ce qui n'était pas un problème
00:13puisque les paroles de leurs auteurs
00:15étaient déjà universelles.
00:17Je vais vous parler bien sûr de Bob Dylan,
00:19que nous allons raconter aujourd'hui avec vous.
00:21Bonjour Hugo Frey.
00:22Bonjour.
00:23Il se trouve que vous publiez un coffret,
00:25Hugo Frey chante Bob Dylan
00:27de 1965 à 2009.
00:29Oui.
00:30C'est l'occasion justement d'écouter vos chansons par Dylan
00:32et de raconter Dylan ce qu'on va faire
00:34à travers des dates clés.
00:36Alors la première date que j'ai trouvée,
00:38elle n'a pas de rapport avec Dylan,
00:39mais elle a un rapport avec vous.
00:40Le 1er juillet 1961,
00:42à Paris, au Crayon,
00:44il y a un cocktail bar,
00:46où vous n'êtes pas là,
00:47où Maurice Chevalier annonce le prochain
00:49April in Paris,
00:50avec une dame qui s'appelle Elsa Macquell,
00:52qui est la grande comère de New York.
00:54Oui, oui, je vois très bien.
00:56Et ce concert April in Paris à New York,
00:58qui est un concert de charité
01:00qui existe depuis 1952,
01:01sur les rapports entre la France et l'Amérique,
01:03c'était à vous d'y être.
01:04Voilà, exactement.
01:05Oh c'est bien, comme vous savez tout,
01:07je n'ai pas besoin de le raconter.
01:08Comment vous vous êtes retrouvé là-dedans ?
01:10Par hasard et par nécessité.
01:13J'emprunte ça au titre d'un bouquin
01:17écrit par le prix Nobel de médecine,
01:19le professeur Monod,
01:21que j'ai rencontré
01:23à l'occasion du premier concert
01:27contre le racisme,
01:29organisé par Harry Belafonte
01:31avec Martin Luther King.
01:33On parlait un petit peu du monde,
01:37de l'histoire de l'humanité,
01:39mais comment ça a commencé tout ça ?
01:41Et il me répond,
01:43ça a commencé par hasard et par nécessité.
01:46Lui ne croyait pas du tout à la création d'un dieu,
01:49mais moi, sans être quelqu'un de très important,
01:55je suis quand même créé par le hasard et la nécessité.
02:00Le hasard, c'est deux personnes que je vais rencontrer un jour.
02:04Si vous voulez, je vous le raconterai,
02:06peut-être pas plus tard.
02:07Maurice Chevalier d'abord,
02:08Maurice Chevalier qui vous a permis,
02:09qui vous a repéré.
02:11Mais avant, parce que Maurice Chevalier,
02:14à cette époque-là, j'avais déjà une guitare,
02:16je chantais et on me connaissait un peu.
02:18Oui, grâce au numéro 1 de demain,
02:20d'Europe numéro 1.
02:21Voilà, mais comme moi,
02:24à l'âge de 15 ans, 16 ans,
02:26je n'avais absolument pas l'intention
02:29de devenir un chanteur.
02:31Je voulais devenir un peintre ou un sculpteur,
02:34mais je jouais un peu de guitare
02:36parce que j'avais appris en Espagne
02:38pendant trois ans où j'ai fait des études,
02:40passé mon bac.
02:41J'avais appris l'espagnol
02:43et je gagnais ma vie un petit peu dans les bars,
02:46mais par hasard et par nécessité.
02:48Voilà, donc Chevalier vous repère,
02:50vous faites April in Paris.
02:51Et ce qu'on a un peu oublié,
02:52c'est qu'April in Paris, c'est aussi une chanson
02:54que Kounbési a rendue célèbre.
03:03Un grand classique du jazz aussi,
03:05mais ça vous permet de découvrir New York.
03:07Et New York, vous allez y passer six mois
03:09et vous promenez dans Greenwich Village.
03:12Ah non, pas celle-là.
03:13La deuxième fois.
03:14Oui, quand je suis allé à New York
03:18avec Maurice Chevalier,
03:20j'étais invité, nourri, logé dans un palace
03:22qui venait de s'ouvrir.
03:23C'était le dernier palace américain.
03:26J'étais émerveillé par cette ville debout,
03:29comme dirait Louis Ferdinand Séline.
03:31Il se trouve que votre premier séjour à New York
03:33va vous donner envie de revenir,
03:35mais pas cette fois-ci dans un palace
03:37comme la première fois,
03:38mais pour une vie de bohème,
03:39pour découvrir New York pendant quelques mois.
03:41Oui, alors je ne suis resté avec Maurice Chevalier
03:44que huit jours,
03:45donc je suis revenu en France,
03:46mais complètement bouleversé, transformé.
03:49Et le chemin pour une carrière s'est ouvert ce jour-là,
03:54parce que j'ai découvert aux Etats-Unis,
03:57un pays où mes concepts de vie correspondaient.
04:05J'ai vu que les gens étaient très musiciens,
04:08passionnés par la musique folk,
04:12la musique folklore qui n'existait plus en France.
04:15Chez nous en France, on avait Tino Rossi, Yves Montand,
04:19Georges Guettari, Louis Mariano,
04:22mais il n'y avait plus de folklore.
04:24Et donc j'ai compris que c'était là qu'il fallait que je vive.
04:27Résultat, vous arrivez à Greenwich Village,
04:29qui est un lieu que Marcel Duchamp,
04:32qui est un écrivain français devenu américain,
04:34appelait la République indépendante de Greenwich Village,
04:37où il y avait une sorte de communauté de pré-hippies.
04:40Et là, dans un bar, vous entendiez un jour une voix.
04:44Exactement. Je me balade, je traîne un petit peu,
04:48je n'avais pas d'argent,
04:50j'avais quand même réussi, dans ma première visite,
04:54la première fois que j'étais venu avec mon chauvelier,
04:56j'avais rencontré des gens importants,
04:58notamment un dénommé Jacobi, qui était français,
05:02et qui avait ouvert un cabaret qui avait énormément de succès,
05:06parce que c'était le tremplin des nouveaux talents.
05:09Et ça s'appelait le Blue Angel, l'ange bleu.
05:14Et à l'ange bleu, le type qui était français m'a dit
05:18« si vous revenez à New York, je vous engage pour faire partie du spectacle ».
05:23Et dans le spectacle, il y avait un trio que j'ai rencontré
05:26qui s'appelle Peter, Paul et Mary,
05:28et par eux, je vais rencontrer Bob Dylan.
05:30Bob Dylan, qu'on pourrait qualifier d'homme orchestre,
05:33comme vous l'avez chanté.
05:40Ce qui est extraordinaire, Hugo Frey,
05:42c'est que Bob Dylan, vous l'avez rencontré,
05:44vous avez tout de suite compris, vous ne parliez pas anglais,
05:46que c'était un génie.
05:48Oui, absolument, ça c'est très important à dire,
05:50parce que, ça va vous étonner,
05:53mais j'ai entendu dire par Georges Brassens,
05:56qui était pour moi, évidemment, l'idole de ma vie,
06:00dans ce métier,
06:02il disait « ce qui compte dans la chanson, c'est la musique d'abord ».
06:06Ce qui compte dans la chanson, c'est la musique d'abord.
06:09La musique avant tout, comme Verlaine,
06:11de la musique avant toute chose.
06:13Alors qu'on a l'impression que Brassens a fait une carrière
06:17grâce au texte, comme Dylan.
06:20Et bien non, Dylan, c'était sa voix,
06:22le son de sa voix,
06:24et la musique qu'il faisait,
06:26qui a séduit le monde entier,
06:28pas seulement les américains,
06:29mais même tous ceux d'Europe centrale,
06:31d'Amérique du Sud,
06:33qui ne comprenaient pas l'anglais,
06:34ils étaient heureux d'entendre Bob Dylan.
06:36Et moi j'ai compris qu'il serait la vedette du monde.
06:39Exactement. Alors il faut savoir qu'il a commencé la musique,
06:41il avait 8 ans,
06:43il a fait ensuite des études normales,
06:45et il a fini à l'université de musicologie,
06:49mais pendant quelques mois,
06:50parce qu'il préférait se promener,
06:53vivre dans ce paradis qu'était Greenwich Village.
06:56Oui, son idole, dans la poésie,
07:00va être quand même Arthur Rimbaud,
07:02l'homme aux semelles de dents,
07:04et c'est vrai que pour moi,
07:06quand j'ai vu Dylan par la suite,
07:09que je l'ai fréquenté, que je l'ai vu,
07:11j'avais l'impression d'être, non pas Verlaine,
07:14mais d'être devant Rimbaud.
07:17Oui, car il avait, à la bibliothèque de l'université,
07:20dévoré tous les livres possibles et imaginables
07:22sur les poètes qu'il avait découvert.
07:24Voilà, voilà.
07:25Et ça, ça a marqué sa vie.
07:27Voilà.
07:28Alors, on se demande pourquoi il s'appelle Bob Dylan,
07:30parce qu'il s'appelle Robert Zimmerman,
07:32alors on a dit que c'était une référence
07:34au poète gallois Dylan Thomas,
07:36ce qui n'a pas l'air vrai,
07:37et lui dit qu'il avait un oncle
07:39qui s'appelait Dylan et qu'il s'en est inspiré.
07:41Alors ça, je ne pourrais pas vous répondre,
07:44parce que je ne sais pas.
07:46C'est les deux hypothèses.
07:47Et le 9 août 62, il a fait changer son nom
07:49auprès de la Cour suprême.
07:51C'est pas mal.
07:52D'ailleurs, je me suis rendu compte
07:54que moi aussi, il fallait que je change de nom,
07:57quand, par hasard,
07:59la nécessité a voulu que je commence à chanter.
08:02J'y ai trouvé qu'un journaliste s'est trompé
08:05en faisant le programme où j'étais annoncé.
08:09Il a mis un seul F à mon nom,
08:11alors qu'au frais, c'est deux F.
08:13Et ça m'a évité de changer de nom,
08:16mais automatiquement, dans ma famille,
08:18on m'a dit que j'avais trahi ma jeunesse.
08:21Voilà.
08:22Au frais, ça s'écrit avec deux F, normalement.
08:24En tout cas, vous n'avez pas trahi Dylan,
08:26et dans ce coffret, il y a notamment cette chanson
08:28qui est le premier grand succès de Bob Dylan.
08:31Combien de siècles
08:34Aux falaises de rochers
08:37Avant qu'elles ne sombrent sous la mer
08:44Combien de siècles
08:47Pour l'esclave enchaîné
08:49Blowing in the wind,
08:51qui est le premier grand succès de Bob Dylan.
08:54Exact.
08:56Alors, j'en profite pour vous dire que
08:58j'ai essayé de traduire Bob Dylan
09:01parce que je ne comprends pas l'anglais.
09:03Oui.
09:04Alors, c'est aussi simple que ça.
09:05Et je me suis dit, si Bob Dylan
09:08vient en France, personne ne comprendra
09:11parce que les Français ne parlent pas couramment l'anglais.
09:13Alors, vous avez traduit Blowing in the wind.
09:15Donc, il faut le traduire.
09:16Bien sûr. Alors, cette chanson a été écrite en dix minutes
09:18dans un café qui s'appelait The Commons.
09:21Et c'est devenu la chanson
09:23défendant les droits civiques,
09:25défendant le pacifisme à l'époque.
09:27Oui.
09:28Parce que ça correspondait à la guerre du Vietnam.
09:30Exactement.
09:31Moi, j'ai changé.
09:33Alors, j'ai traduit.
09:34Et le mot traduire
09:36vient d'un mot latin, enfin romain,
09:40tradire que, ça veut dire trahir.
09:43Ça veut dire que dans la traduction,
09:45il y a toujours une petite part de trahison
09:48parce que
09:56Moi, je ne voulais pas dire mes amis sur scène.
09:58J'ai changé en mettant les enfants.
10:01Pour vous, les enfants.
10:02Et c'est vrai que les chansons de Dylan sont spontanées.
10:05On comprend tout de suite ce qu'il a envie de dire.
10:08Oui, quand on ne comprend pas l'anglais.
10:11Moi, j'ai pensé que, vu mon âge,
10:14il était plus raisonnable.
10:15Parce que moi, je crois que la chose la plus importante
10:17chez un artiste, c'est d'être crédible.
10:19Et c'est vrai que vous êtes crédible
10:21quand vous chantez cette autre chanson.
10:37La fille du Nord.
10:38Ces chansons, on les connaît tous.
10:40On oublie parfois que c'est Dylan qui est à l'origine, Hugo Frey.
10:43Même lui, il l'a oublié puisqu'il a écrit,
10:46il a fait une dédicace dans mon disque
10:48où il dit, quand j'écoute mes chansons
10:51chantées en français par toi,
10:53j'ai l'impression qu'elles ont été écrites en français.
10:55C'est moi qui les ai traduites en anglais.
10:57C'est flou. Il a fait 700 chansons, je crois.
10:59Oui, je ne sais pas, peut-être.
11:01Mais c'est vrai qu'elles font partie du patrimoine.
11:04Les chansons qui sont dans ce que j'appelle
11:06le u-coffret.
11:10Dans ce petit résumé,
11:13avec 5 disques des CD,
11:18il y a les chansons qui font partie du film
11:21qui sort actuellement.
11:22On va en parler tout à l'heure
11:24et on va revenir avec vous sur Dylan
11:26avec une autre date importante, le 30 janvier 1966.
11:29A tout de suite sur Sud Radio avec Hugo Frey
11:32pour évoquer Bob Dylan.
11:34Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:37Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Hugo Frey.
11:39Nous évoquons Bob Dylan.
11:41Bob Dylan que vous évoquez vous-même dans un coffret,
11:44le u-coffret.
11:46Hugo Frey chante Dylan avec 5 CD.
11:50On va bien sûr en parler tout à l'heure.
11:52Et tout au long de l'émission, on va écouter
11:54vos adaptations de chansons de Bob Dylan.
11:56Et puis, il y a une émission de télévision
11:58qui est importante car le 30 janvier 1966,
12:01Hugo Frey, pour la première fois,
12:03vous parlez de Bob Dylan dans cette émission.
12:08Discorama de Denise Glazer.
12:11Elle vous interroge sur Bob Dylan.
12:14Elle ne sait rien.
12:15Et vous expliquez justement
12:17ce que représente Bob Dylan pour vous.
12:19Effectivement, quand j'ai parlé de Bob Dylan
12:22à Andy Barclay, il m'a dit Bob qui ?
12:25Personne ne connaissait.
12:27J'ai vu récemment une émission de télévision.
12:30Je ne citerai pas le nom de celui qui la présentait.
12:33Et il a osé parler de Bob Dylan
12:36pendant un moment sans avoir cité mon nom une seule fois
12:39alors qu'il a cité des noms de gens
12:41qui n'avaient rien à voir avec lui.
12:43Personne ne le connaissait en France.
12:45Et surtout pas les artistes qu'il a cités.
12:47Bien sûr.
12:48Dans cette émission, vous chantez
12:50un titre de Bob Dylan que vous avez adapté aussi
12:53et qui figure dans cet album.
13:07Ne sortez pas votre bouchoir
13:12Vous pleurez plus tard
13:16La mort solitaire de R.C. Carole
13:18qui est l'histoire d'une femme abattue d'un coup de canne
13:20qui est un fait divers au départ.
13:21Voilà, exactement.
13:23Ça me touchait beaucoup
13:26parce que toutes les idées, les thèmes qu'il a défendus
13:30c'est des choses que je porte en moi.
13:32Oui, et des thèmes qui sont devenus universels
13:34et qui correspondent au monde d'aujourd'hui.
13:36Ce qui m'a permis de rencontrer Martin Luther King
13:39et d'avoir une lettre de remerciement
13:41qu'il m'a écrite des Etats-Unis.
13:43J'ai eu une photo avec lui
13:45et ça c'est une de mes grandes fiertés.
13:47Alors, Bob Dylan, vous êtes en France
13:49et vous décidez de consacrer un album à Bob Dylan.
13:51Et vous le ferez, c'est en 1964
13:53et là ça devient un chemin de croix.
13:55Personne ne voulait sortir ce disque.
13:59C'est Barclay qui l'a sorti.
14:02Il m'a dit mais c'est qui Bob Dylan ?
14:04Il ne comprenait pas.
14:05J'ai dit écoute mon disque
14:07et écoute bien
14:09et je crois que tu comprendras qui est Bob Dylan.
14:11Et je crois que ça a été une réussite.
14:13Et là-dessus, vous avez eu un complice
14:15qui était Pierre Delannoy.
14:16Voilà, alors au début il faut que j'explique
14:18que comme je n'ai jamais pensé être chanteur
14:22encore moins d'être auteur-compositeur
14:25la nécessité a été
14:28qu'on m'a expliqué que si je voulais faire une carrière
14:31gagner ma vie.
14:32Je me suis marié très jeune.
14:34J'avais déjà deux filles.
14:35Il fallait rapporter de l'argent à la maison.
14:37On m'a dit si il faut que tu composes des chansons.
14:39Je ne savais pas composer une chanson.
14:41Et comme je connaissais Pierre Delannoy
14:43qui était directeur d'Europe n°1
14:45et qui m'avait beaucoup soutenu
14:47dans le fameux concours
14:50où vous aviez chanté Gainsbourg pour commencer.
14:52J'avais fait découvrir Gainsbourg à la France entière
14:55et notamment à Pierre Delannoy.
14:58Et il m'a dit écoute
15:00je te donnerai un coup de main si tu veux.
15:02Mais je dois pour ça le saluer
15:04parce qu'il vient de nous quitter.
15:05C'est Jean-Pierre Sabart
15:06qui va nous aider beaucoup
15:08au début parce que Jean-Pierre Sabart
15:10était un musicien formidable
15:12et il nous faisait comprendre
15:14le déroulé musical de ses textes.
15:17C'était très important
15:19de rester dans la musicalité
15:21en traduisant Bob Dylan.
15:22Oui, car la musicalité de Bob Dylan
15:24fait partie de son génie.
15:25C'est quelque chose qu'il n'a jamais appris.
15:27C'était instinctif.
15:28Instinctif, oui.
15:29Comment veux-tu traduire
15:31« How does it feel »
15:33dans la chanson « Like a rolling stone » ?
15:37« How does it feel » ?
15:39Je n'arrivais pas à traduire ça.
15:41Avec Pierre, j'ai dit on laisse tomber.
15:45On a traduit les couplets.
15:47Moi j'ai traduit les couplets tout seul.
15:49Il m'a dit débrouille-toi.
15:52Et puis je suis arrivé au refrain
15:55« How does it feel » intraduisible.
15:57Qu'est-ce que tu éprouves ?
15:58Qu'est-ce que tu ressens ?
16:00Ce n'était pas possible que le monde entier
16:02entendait « Heal » à cet endroit-là.
16:04Et un jour, longtemps après,
16:06plusieurs années après,
16:08en voyant des gens qui faisaient
16:10une queue devant un magasin,
16:12il pleuvait, il faisait froid,
16:13j'ai dit qu'est-ce que font ces gens
16:15qui font la queue là ?
16:17Et je suis arrivé devant le magasin,
16:18c'était l'ANPE.
16:20J'ai compris que c'était des clochards
16:22ou des gens qui avaient besoin d'aide.
16:25C'était l'Agence Nationale pour l'Emploi.
16:27Et j'ai dit « Où vont ces fils de sans domicile ? »
16:31Et quand j'ai dit à Bob
16:33que ce n'avait pas traduit mot à mot
16:35ce qu'il avait écrit,
16:37il m'a dit « Mais c'est exactement ça que je voulais dire ».
16:39Exactement.
16:40Alors il se trouve que vous avez eu
16:41un désaccord avec Pierre Delanoë
16:43pendant ce travail sur cette chanson.
16:45Je me dormais que d'un œil
16:47Quand Rita vint me secouer
16:49Elle me faisait l'oleil
16:51Comme Tony Perkins
16:53Elle me dit « Viens prendre une douche »
16:55Je veux te montrer où c'est
16:57J'ai répondu « Hé hé hé »
16:59Ce qu'on a en me la déjà fait
17:01« Cauchemar psychomoteur »
17:03qui a une particularité.
17:05Oui, j'ai inventé l'accent tonique
17:08sur la dernière note.
17:10C'est-à-dire « Comme j'ai beaucoup marché »
17:14Alors Pierre me dit
17:16« Mais oui, en France on ne dit pas marché,
17:18on dit marché ».
17:20Mais ça change la musique.
17:22Ce n'est plus la même note.
17:24Ce n'est pas possible.
17:26Marchez !
17:28Alors j'ai dit « Comme les Américains »
17:30Marchez !
17:32Et ça, sans en avoir l'air,
17:34ça marque beaucoup de chanteurs
17:36Notamment un dénommé Francis Cabrel
17:38« Les serpents qui portent des cravates »
17:42Et puis il y a la pédale wah-wah
17:44qui est née dans cette chanson.
17:46Exactement.
17:48La pédale wah-wah n'était pas utilisée
17:50dans la chanson française
17:52Mon regretté guitariste, le pauvre,
17:54il a disparu aussi.
17:56Tous ils disparaissent parce qu'ils ont tous
17:58trop fumé.
18:00Beaucoup trop bu aussi.
18:02Mais ce n'était pas son cas en tous les cas.
18:04Et il est venu, on a fait
18:06la pédale wah-wah,
18:08il savait à peine s'en servir
18:10et on était devant.
18:12C'était pour la fête du Parti Communiste
18:14à Vincennes.
18:16Et les gens pensaient que j'étais fou avec ce son.
18:18Alors votre rencontre avec Dylan
18:20à Paris, je crois que vous allez le chercher
18:22à l'aéroport du Bourget.
18:24Orly n'existait pas.
18:26C'est vous dire que les temps ont changé.
18:28« Times are all changing »
18:30Une chanson qui a exactement 60 ans.
18:32Et on va l'écouter
18:34et vous arrivez et vous l'accueillez je crois
18:36avec une gourde de vin rouge basque.
18:38Voilà.
18:40Le symbole du pays basque
18:42en peau de chèvre.
18:44Les contrebandiers
18:46passaient des cigarettes
18:48ou je ne sais pas quoi.
18:50Ils avaient toujours une gourde avec du vin.
18:52Et puis ils buvaient à la régalade.
18:54Et je lui ai offert ça
18:56et il a été très touché.
18:58Pourquoi est-il venu à Paris ?
19:00Comment s'est née cette complicité ?
19:02Parce que quand on s'est connu
19:04aux Etats-Unis,
19:06je lui ai dit que je voudrais traduire ses chansons.
19:08Il m'a dit que ça ne dépend pas de lui,
19:10ça dépend de son éditeur.
19:12Son éditeur c'était Albert Grossmann.
19:14Un très bon
19:16homme d'affaires mais très sévère.
19:18Il m'a dit, mais qui est ce
19:20Hugo Frey ? Il va traduire quoi ?
19:22Qu'est-ce que c'est que ces histoires ?
19:24Et il était un peu dur.
19:26Ça a duré même 3-4 ans.
19:28C'est pour ça que, alors que j'ai
19:30rencontré Dylan en 61, c'était en 64
19:32je crois qu'il va sortir
19:34ou 65, la première
19:36version de traduction.
19:38Mais j'ai réussi
19:40à convaincre
19:42Grossmann.
19:44Vous avez passé quelques temps à Paris et vous êtes resté ensemble.
19:46En 63 il est venu chez moi
19:48et on s'est baladé boulevard Saint-Michel
19:50incognito puisque personne
19:52ne le connaissait.
19:54Mais on me connaissait déjà, alors il était un peu étonné
19:56de voir que les gens me souriaient ou me demandaient
19:58des autographes, des choses comme ça.
20:00Et puis vous lui avez offert un blouson je crois.
20:02Je lui ai offert
20:04une veste.
20:06Très chic, en cuir noir
20:08qu'il a porté pendant 2 ou 3 ans
20:10en concert.
20:12Je trouve aussi qu'il a mis la France à travers
20:14François Zardy et Brigitte Bardot-Bob Dylan.
20:16C'est vrai.
20:18Tous les gens à l'étranger
20:20voyaient Brigitte Bardot et François Zardy
20:22comme des idoles.
20:24Oui, c'est vrai, mais
20:26ça n'a pas été plus loin.
20:28Mais enfin, je crois que l'Olympia en 66
20:30lorsqu'il n'a pas été toujours simple
20:32il a exigé de rencontrer
20:34François Zardy avant de rentrer en scène pour la seconde partie.
20:36Oui, mais
20:38le mot exigé n'est pas exact.
20:40Il a dit
20:42j'aimerais bien le rencontrer mais après le spectacle.
20:44En même temps, c'est des grands moments
20:46pour l'un comme pour l'autre.
20:48Et dans ce coffret
20:50il y a une autre chanson aussi
20:52qui est un classique et encore une fois
20:54peu de gens savent qu'au départ c'est une chanson
20:56de Bob Dylan.
21:10C'est une chanson d'une génération ça aussi
21:12avec l'harmonica
21:14ça aussi c'est du Bob Dylan
21:16pur et dur.
21:18Peut-être que tu veux
21:20vous allez passer le passé, j'ai dit tu
21:22parce que j'aime bien titoyer
21:24depuis mai 68
21:26je tutoie les gens.
21:28Et bien, the times are changing
21:30parce que les temps changent.
21:32C'est prévu.
21:34Mais n'y pensez pas tout est bien, c'est une chanson
21:36qu'on apprend aujourd'hui dans les écoles.
21:38Comment ça se fait ?
21:40Vous vous attendiez à ça ?
21:42Moi je me suis
21:44beaucoup investi
21:46impliqué dans les traductions.
21:48Moi je me suis séparé
21:50vraiment de Pierre Delaney
21:52en très bon terme
21:54assez rapidement.
21:56C'était un homme extraordinaire, d'une honnêteté
21:58extraordinaire, il ne m'en a jamais voulu.
22:00Et il a compris qu'à un moment donné
22:02on avait, lui il n'était pas
22:04passionné par Bob Dylan,
22:06logiquement il n'était pas d'accord.
22:08Et puis il trouvait qu'il ne savait pas chanter.
22:10Il disait tu chantes beaucoup mieux que lui. Non, non, non.
22:12Et donc
22:14j'ai continué mon chemin
22:16tout seul.
22:18Là je ne sais plus pourquoi je dis ça, mais c'est parce que
22:20effectivement il y a beaucoup de chansons
22:22sur lesquelles je me suis appliqué.
22:24Des fois je mets 50 pages
22:26avant d'avoir le texte
22:28définitif.
22:29Et bien ça va nous permettre de continuer à parler de vos chansons
22:31de celles de Bob Dylan et de vous
22:33à travers une autre date récente mais importante
22:35le 13 octobre 2016.
22:37A tout de suite sur Sud Radio avec Hugo Fray
22:39pour parler de Bob Dylan.
22:41Sud Radio, les clés d'une vie,
22:43Jacques Pessis. Sud Radio,
22:45les clés d'une vie, mon invité Hugo Fray.
22:47A l'occasion de la sortie de ce coffret
22:49de 5 CD, Hugo Fray
22:51chante Bob Dylan
22:531965-2009.
22:55Donc on évoque bien sûr la vie de Bob Dylan
22:57et ses chansons. Et le
22:5913 octobre 2016, c'est un jour
23:01étonnant puisque c'est le jour où il reçoit le prix
23:03Nobel de littérature. Vous l'avez
23:05appris comment ça ?
23:07Comme tout le monde parle à la radio, la presse
23:09on m'a demandé
23:11mon avis. J'ai dit
23:13vous n'avez pas compris que les
23:15temps ont changé.
23:17On chantera ça tout à l'heure.
23:19Les temps ont changé, la littérature
23:21poétique
23:23écrite, imprimée, c'est
23:25fini. Maintenant
23:27les poètes ne vendent plus, ils ne vendaient déjà
23:29pas beaucoup autrefois, mais ils ne vendront
23:31plus du tout. Les poètes,
23:33c'était Pierre Seguerre qui éditait
23:35tous les poètes de l'après-guerre
23:37issus de la
23:39résistance, personne
23:41ne lisait ça.
23:43Dans les usines Renault,
23:45Sartre avait offert
23:47des discours, personne ne lisait
23:49René Char ou des choses comme ça.
23:51Tout d'un coup,
23:53la poésie est
23:55descendue, est sortie de la
23:57prison où elle était enfermée par ses
23:59agrégés de littérature
24:01et elle est venue dans la rue
24:03sur les trottoirs et c'est Dylan
24:05qui l'a fait.
24:06Il se trouve qu'il reçoit ce prix Nobel,
24:08qu'il est très étonné et qu'il ne va même pas
24:10se rendre à la cérémonie, il va à peine
24:12répondre aux mails et il envoie Petit Smith.
24:14C'est quand même étonnant ça,
24:16quand on reçoit un prix comme ça, on devrait s'y rendre.
24:18Bien sûr, mais lui,
24:20il est vraiment, il est comme
24:22ses chansons et ça m'a fait plaisir
24:24de savoir que c'est Petit Smith qui est venu
24:26parce que c'était une fille
24:28qui aimait bien Hugo Frey.
24:30Je ne savais pas, je l'ai appris beaucoup plus tard.
24:32Et c'est vrai qu'il
24:34reste discret, c'est sa carte
24:36de visite, c'est pas quelqu'un
24:38qui s'expand comme ça sur les prix.
24:40Il a reçu aussi, je crois, le prix Pulitzer
24:42de musique en 2008 pour son
24:44impact sur la musique populaire et la culture
24:46américaine. Ça non plus, c'est pas ce
24:48qui compte pour lui.
24:49Oui, mais c'est ça, c'est ce qui compte
24:51maintenant pour le monde, c'est ça ce qui est important.
24:53Il aurait peut-être dû recevoir son prix,
24:55il n'aurait pu venir ?
24:57Oui, pourquoi pas.
24:59Alors, dans ce coffret, il y a
25:01des chansons très célèbres. Il y a une chanson
25:03que vous avez traduite et qui est un tournant
25:05dans la carrière de Bob Dylan.
25:07C'est ça la musique
25:11C'est de l'amour sur un pont
25:16À côté d'horizon
25:21C'est l'esprit que l'on foule
25:23Comme des pierres qui roulent
25:25Comme des pierres qui roulent
25:27Ça aussi c'est une chanson importante pour Bob Dylan
25:29Très très importante et moi je suis très fier
25:31mais j'ai mis des mois
25:33et des mois et des mois pour arriver à trouver
25:35le refrain
25:37Ouvre ces fils de son domicile
25:39qui est quand même la clé pour ouvrir
25:41la porte de cette prison.
25:43Mais au départ c'est un poème de 20 pages,
25:45c'est une chanson de 6 minutes
25:47ce qui était rarissime aussi.
25:49Bob Dylan n'hésitait pas
25:51dans ces cas-là, à chaque mot comptait.
25:53Mais moi, j'ai mis beaucoup de temps
25:55pour la traduire.
25:57Je l'ai dit tout à l'heure,
25:59Pierre Delannoye n'aurait pas accepté.
26:01Lui était fulgurant, il écrivait une chanson en une heure
26:03et il était parfaitement honnête
26:05et c'était très bien
26:07mais ça ne correspondait pas à ma façon de travailler.
26:09Alors, Rolling Stone,
26:11le magazine célèbre,
26:13a canifié cette chanson
26:15comme la plus grande chanson de tous les temps
26:17et elle dit qu'aucune chanson
26:19autre n'a défié
26:21de transformer les codes commerciaux
26:23et les conventions artistiques de son époque,
26:25c'est la chanson la plus acclamée de tous les temps.
26:27Comment expliquer le succès de cette chanson, Hugo Fray ?
26:29Parce que
26:31je crois que
26:33ce qui caractérise
26:35Dylan, c'est la vérité.
26:37C'est un homme qui chante vrai.
26:39Et d'ailleurs, dans le film,
26:41si tu vas voir le film,
26:43à un moment donné, il reproche
26:45à la fille qui
26:47incarne sa copine
26:49comment elle s'appelait ?
26:51Enfin, peu importe, qui est la chanteuse.
26:53Il dit, mais tu chantes trop bien !
26:55C'est pas comme ça qu'on doit chanter.
26:57Elle était choquée
26:59parce qu'elle, elle chantait
27:01un petit peu comme une fille
27:03qui avait été une religieuse
27:05qui chante la messe.
27:07C'est pas ça le folk.
27:09Et le folk, justement, au départ,
27:11c'est un public très limité,
27:13mais il va devenir une star du pop très vite, Bob Dylan,
27:15très vite.
27:17Il va restaurer complètement la vérité
27:19dans la musique populaire.
27:21En même temps, il a un public
27:23énorme, et ça le gêne d'avoir
27:25des filles qui crient à la sortie des concerts.
27:27Oui,
27:29il n'apprécie pas...
27:31Enfin, c'est pas un VIP
27:33du tout, pas du tout.
27:35Et moi, je sais que quand
27:37il est venu chez moi, il a refusé
27:39de monter dans une voiture qui était
27:41trop belle, trop luxueuse.
27:43Il a voulu venir dans une voiture un peu moche.
27:45Voilà. Mais il voulait être très discret,
27:47à tel point qu'il a pris un appartement à New York
27:49sous un faux nom, je crois, pour ne pas être dérangé.
27:51Voilà. Il a raison.
27:53Alors, il y a aussi
27:55une rencontre importante, c'est les Beatles,
27:57car il a rencontré les Beatles, et il a
27:59influencé les Beatles, Bob Dylan.
28:01Voilà. Je crois que
28:03les gens qui aimaient les Beatles
28:05ne parlaient pas l'anglais, ne comprenaient pas l'anglais.
28:07C'était ça la force
28:09de cette musique-là, c'est que
28:11les jeunes écoutaient la musique,
28:13ils ne savaient pas les textes après.
28:15Mais moi, personnellement, je suis beaucoup
28:17plus près des Beatles
28:19que des Rolling Stones.
28:21Lui, il était un peu
28:23entre les deux, mais enfin, il n'était plus Beatles
28:25quand même. Oui, et puis il les a rencontrés
28:27à New York dès qu'ils ont été célèbres.
28:29Et les Beatles ont dit
28:31on a vraiment une influence de Bob Dylan
28:33sur notre musique. C'est vrai.
28:35C'est vrai. Alors que
28:37les Rolling Stones,
28:39ils piquaient un peu leur style
28:41au black
28:43de la Nouvelle Orléans. Et d'ailleurs, je crois que
28:45Bob Dylan a participé
28:47en août 1971
28:49à un concert pour le Bangladesh
28:51organisé par George Harrison
28:53à New York, et c'est le premier
28:55concert de charité
28:57dans l'histoire de la musique
28:59à New York. Ah oui, je ne le savais pas,
29:01mais en tout cas, il a eu raison, il y en a eu d'autres.
29:03Oui, mais c'est vrai que les Beatles
29:05et Bob Dylan, il y a un cousinage.
29:07Exactement, oui.
29:09Alors, il y a cette chanson
29:11effectivement que vous avez évoquée,
29:13« Les temps changent ».
29:39Voilà, il a osé dire ça.
29:41Voilà, alors cette chanson est une chanson importante
29:43pour vous. Pourquoi ?
29:45Parce que les temps ont changé, et ça,
29:47les Français n'ont pas encore compris.
29:49En deux mots, je vous dis,
29:51avant l'histoire,
29:53nous avons créé la préhistoire.
29:55La préhistoire nous raconte ce qui s'est passé
29:57avant que l'homme devienne l'homme
29:59et qu'il écrive.
30:01L'histoire, elle est terminée.
30:03Maintenant, on est dans l'histoire
30:05de Bob Dylan.
30:07C'est terminé.
30:09Maintenant, on est dans la post-histoire.
30:11C'est Philippe Muray qui le disait,
30:13et il a raison.
30:15Mais ça ne s'est pas passé
30:17du jour au lendemain.
30:19Mais quand même, il y a une date.
30:21C'est la naissance du premier bébé in vitro.
30:23C'est ça mon idée.
30:25La naissance du premier bébé
30:27in vitro, c'était la naissance
30:29du premier
30:31humain.
30:33Nous sommes dans la post-histoire.
30:35C'est-à-dire, l'histoire
30:37est terminée. Maintenant, on est dans
30:39la post-histoire. Et ce changement,
30:41c'est ce que dit
30:43Dylan. Les murs
30:45vont tomber.
30:47Et cette chanson a obtenu l'Oscar de la meilleure chanson
30:49originale en 2000. C'est-à-dire, c'est dire
30:51le succès. Curieusement, dans l'album
30:53où il y a les temps changent,
30:55dans la version originale, il y a
30:5711 épitaphes qui sont 11 poèmes
30:59esquissés.
31:01Ah ça, je ne sais pas.
31:03C'est une publication de poésie de Dylan qui était
31:05dans l'album à cette époque-là
31:07parce que la poésie l'a toujours fasciné.
31:09Il aurait pu être un poète.
31:11Mais il est un poète.
31:13Il est un poète. C'est la poésie
31:15imprimée, écrite et vendue
31:17qui n'existe plus.
31:19Si vous écrivez des poèmes...
31:21Quand on me dit
31:23bonjour, je vous ferais donner des conseils, moi je suis poète.
31:25Ils ont d'ailleurs des cartes de visite
31:27où il y a marqué un tel poète.
31:29Mais ce n'est pas un métier.
31:31C'est un état.
31:33Aujourd'hui, la poésie...
31:35Si vous attendez un éditeur...
31:37Jamais vous ne trouverez un éditeur
31:39qui va éditer des poèmes.
31:41Il faut les vivre, les poèmes.
31:43Justement, l'avis de Bob Dylan a failli s'interrompre.
31:45Je crois qu'il y a eu un grave accident de moto
31:47en 68
31:49et après, il a disparu.
31:51On a dit qu'il était mort, qu'il avait été enlevé.
31:53Il y a eu quelques années comme ça de mystère.
31:55Il n'a pas été vraiment très blessé.
31:57Ce n'était pas très grave.
31:59Le triomphe, je le connais.
32:01Quelqu'un voulait m'offrir le triomphe.
32:03La même.
32:05Et puis, vous avez renoncé.
32:07Mais il n'aurait plus pu y rester.
32:09Ce n'était pas son destin.
32:11Il se trouve aussi que vous avez chanté
32:13beaucoup plus tard, après le premier album
32:15qui est dans ce coffret,
32:17une autre chanson de Bob Dylan,
32:19Le Fugitif.
32:21Je suis en Californie
32:23recherché à Buffalo
32:25Interdit à Kansas City
32:27Pour chasser dans l'Ohio
32:29Condamné au Mississippi
32:31Et dans l'état de Cheyenne
32:33Il y a partout un...
32:35Une autre chanson en 71.
32:37C'est un film.
32:39C'est pour ça que j'ai pris un ton
32:41un peu spécial.
32:43Parce que le gars qu'on voit
32:45à l'image, il a un peu la tronche
32:47qui correspond à ma façon de chanter.
32:49Et Bob Dylan est de sa façon un fugitif
32:51parce qu'il a enchaîné
32:53les concerts en permanence
32:55et il n'y a jamais eu deux concerts
32:57qui se ressemblaient, Hugo Fray.
32:59Ah oui, il renouvelle sans arrêt.
33:01Alors, il ne change jamais les mots
33:03mais il change la façon de jouer
33:05ses musiques. Des fois, il change
33:07carrément les tempos
33:09et aussi, quelquefois, même
33:11les harmonies. Alors moi, je connais
33:13beaucoup de gens qui adorent Bob Dylan
33:15ils vont au concert, ils sortent déçus.
33:17Dis-moi, il a chanté
33:19Blowing the Wind, j'ai pas reconnu
33:21la chanson.
33:23Ah oui, il la chante comme...
33:25Ce n'est pas un robot, Bob Dylan.
33:27Alors, je lui dis
33:29mais tu as été déçu.
33:31Ah oui, je suis déçu.
33:33La prochaine fois qu'il va venir à Paris, tu vas revenir le voir.
33:35Il me dit oui, je vais revenir.
33:37Je lui dis, ben écoute, tu as été déçu
33:39combien de fois ? Il me dit à chaque fois que j'ai vu les concerts.
33:41Les gens reviennent.
33:43Oui, mais il faut être surdoué pour changer comme ça à chaque fois.
33:45Ah oui, il change.
33:47Il n'a pas peur.
33:49C'est comme
33:51les peintres modernes maintenant qui peignent pour les galeries
33:53ils ont trouvé
33:55un style, un tableau
33:57et la galerie lui dit, faites-moi 30 comme ça
33:59puis je vais vous les exposer.
34:01Non, non, il ne fait pas ça.
34:03La preuve, il change régulièrement et il y a dans ce coffret
34:05une chanson aussi
34:07qui est sur un rythme particulier.
34:09L'homme d'Ottawa
34:11l'annonce à l'animal
34:13au matin des dents
34:15au premier temps des dents
34:17dans la nuit des dents
34:19L'homme d'Ottawa
34:21l'annonce à l'animal
34:23dans la nuit des dents
34:25au premier temps des dents
34:27L'homme d'Ottawa l'annonce à l'animal
34:29c'est une chanson de 79, c'est un mélange
34:31de reggae et des paroles de la Bible.
34:33Il faut oser ça.
34:35Jean-Pierre Savard qui était mon ami
34:37qui est décédé récemment,
34:39musicien formidable
34:41c'est celui qui a répandu
34:43un peu, fait connaître le rythme
34:45du reggae qui a influencé
34:47beaucoup aux mots de français d'ailleurs.
34:49C'est un rythme que les français aiment bien
34:51et moi j'aime bien, je la chante sur scène.
34:53Oui mais en même temps
34:55il est passé du folk au rock
34:57au reggae.
34:59C'est la musique du peuple.
35:01Le reggae c'est la musique du peuple des îles
35:03mais c'est la musique du peuple.
35:05Il faut travailler dans ce sens
35:07et ajouter les mots qu'il faut.
35:09Oui, c'est instinctif.
35:11Moi je ne crois pas du tout au travail.
35:13Je crois à
35:15l'instinct.
35:17Finalement, au bout de tant d'années
35:19vous demeurez fidèle à la pensée de Bob Dylan
35:21Hugo Frey ?
35:23J'essaye de continuer
35:25moi je vous dis, je prépare un spectacle
35:27pour la fin de l'année
35:29c'est-à-dire novembre, décembre
35:312025
35:33qui je crois surprendra les gens.
35:35En tout cas, ce qui surprend et en bien
35:37c'est ce qu'on va évoquer à travers
35:39la date de sa sortie
35:41le 24 janvier 2025
35:43A tout de suite sur Sud Radio avec Hugo Frey
35:45pour évoquer Bob Dylan.
35:47Sud Radio, les clés d'une vie
35:49Jacques Pessis
35:51Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Hugo Frey
35:53donc on évoque Bob Dylan depuis
35:55le début de cette émission
35:57et le 24 janvier 2025 est sorti
35:59un coffret avec 5 cd
36:01et qu'il y a un coffret
36:03Hugo Frey chante Bob Dylan
36:051965-2009. Pourquoi avoir fait
36:07ce coffret aujourd'hui Bob Dylan ?
36:09C'est moi qui ai fait ça, c'est universal
36:11que je remercie beaucoup parce qu'on dit
36:13beaucoup de mal des grandes sociétés
36:15qui ne s'occupent pas des artistes
36:17c'est eux qui ont eu cette idée
36:19comme il y a le film qui sort
36:21et les chansons qui sont dans ce disque sont dans le film
36:23Exactement, alors il se trouve que
36:25dans ces coffrets il y a un cd
36:27qui est celui du Casino de Paris
36:29qui est mythique et le Casino de Paris
36:31quand vous interprétiez Dylan
36:33vous débutiez par cette chanson
36:35All is brown
36:37habiter un bled perdu
36:39loin de la ville
36:45All is brown
36:47habiter un bled perdu loin de la ville
36:49C'est l'histoire d'un fermier pauvre du Dakota du Sud
36:51qui finit par se suicider
36:53c'est une histoire qui est sans doute vraie
36:55Bien sûr que c'est vrai
36:57le mot vrai c'est exactement
36:59le mot qu'il faut toujours avoir
37:01présent quand on parle de Dylan
37:03c'est à dire que finalement
37:05quand on voit Dylan en 64
37:07en 65 faire ses chansons
37:09elles sont dans l'actualité d'aujourd'hui
37:11elles sont contemporaines
37:13J'allais dire hélas qu'elles sont contemporaines
37:15parce qu'ils parlent
37:17beaucoup des malheurs du monde
37:19Alors dans ce coffret
37:21il y a le premier cd
37:23que vous avez fait avec Delanoë
37:25il y a ce cd
37:27du Casino de Paris
37:29mais il y a aussi deux coffrets qui sont étonnants
37:31et ça c'est important pour vous
37:33C'est un coffret trans Dylan
37:35Oui parce que moi
37:37comme je ne suis pas né
37:39pour être un chanteur
37:41et un écrivain de chansons
37:43je vis un peu
37:45comme un amateur
37:47et je me retourne vers le passé
37:49je dis ça c'est pas mal
37:51mais on aurait pu faire mieux
37:53je vais essayer de reprendre la main
37:55pour faire mieux
37:57Un jour vous avez dit
37:59j'ai fait des chansons de Dylan avec Delanoë
38:01Oui oui
38:03ça n'a pas été simple ?
38:05Je trouve qu'elles sont plus fidèles
38:07au point de vue du texte
38:09je suis plus prêt encore du texte originel
38:11Vous vous considérez à ce titre comme un passeur Hugo Frey ?
38:13Oui parce que pour moi
38:15les deux mots
38:17qui représentent
38:19l'humanisme
38:21l'humanisme chrétien j'allais dire
38:23je ne suis pas pratiquant
38:25mais je suis baptisé
38:27et je suis croyant
38:29comme Brassens
38:31Brassens était croyant
38:33il disait qu'il était athée
38:35et ce qu'il faut c'est
38:37passer, c'est le transmettre
38:39la transmission
38:41c'est le partage
38:43et on définit
38:45le christianisme
38:47deux mots, le partage et le pardon
38:49Et grâce à ce coffret des jeunes vont pouvoir
38:51découvrir l'univers de Bob Dylan
38:53qu'ils ne connaissaient pas forcément
38:55Ceux qui ne parlent pas l'anglais
38:57peuvent chanter ça en français sans difficulté
38:59et puis ça ne les empêchera pas
39:01d'apprendre l'anglais
39:03Il y a des chansons d'aujourd'hui
39:05de Bob Dylan mais il y a des chansons d'hier
39:07dont celle-ci que vous avez aussi adaptée
39:09Corina Corina
39:11Oh chanteur
39:17Mais je n'ai plus ma Corina
39:21Oui qui chantait pour moi
39:27Cette chanson au départ
39:29c'est une chanson des années 20 que Dylan a adaptée
39:31qui est aujourd'hui un classique
39:33Ah ben vous m'apprenez quelque chose
39:35ça je ne savais pas
39:37Mais il faut le dire
39:39Dylan et les racines ça va ensemble
39:41Toute la musique de Dylan
39:43vient aussi
39:45de la formidable révolution
39:47qui a été faite par les
39:49afro-américains
39:51c'est les noirs
39:53qui sont arrivés, des esclaves
39:55et qui ont appris la musique
39:57avec des pasteurs protestants
39:59dans les églises
40:01et le blues tout seul
40:03Toute la musique du monde moderne
40:05vient du métissage
40:07afro-américain
40:09Et Dylan c'est un mélange de blues
40:11de rock qu'il a découvert
40:13avec Presley & Buddy Holly
40:15et de choses personnelles
40:17Mais il faut savoir
40:19que le rock'n'roll
40:21au départ c'était un truc
40:23qu'utilisait les blacks
40:25pour dire bercer un enfant
40:27To rock ça veut dire bercer un enfant
40:29Le rock'n'roll au départ
40:31c'était des berceuses
40:33Et il se trouve que le rock'n'roll
40:35est né un peu à vos débuts dans la chanson
40:37et vous avez fait autre chose
40:39avec le folk qui a tout de suite été votre image de marque
40:41et créé votre personnage et votre style
40:43Hugo Fray
40:45Oui parce que moi
40:47je suis un amateur
40:49d'ailleurs
40:51on m'a souvent considéré comme un amateur
40:53pas un professionnel
40:55parce que je ne suis pas un VIP
40:57et donc moi par exemple
40:59j'adore les chansons françaises
41:01par exemple
41:03Au marche du palais
41:05Au marche du palais
41:07Il y a eu une temps belle
41:09Mais oui d'ailleurs
41:11vous avez chanté un jour Dylan
41:13avec Nana Mouskori à la télévision
41:15Voilà
41:17Et on a chanté
41:19Je me souviens plus de ce qu'on a chanté
41:21Mais c'était très bien
41:23J'adorais Nana Mouskori
41:25qui elle était aussi une chanteuse de folk
41:27Exactement
41:29Et vous vous considérez comme l'un des représentants du folk
41:31depuis les années 60
41:33Bah oui même si on m'oublie quelques fois
41:35Alors dans ce coffret
41:37il y a aussi un album de duos
41:39et dans les duos
41:41il y a quand même un moment mythique
41:43Je n'ai jamais
41:45Ah oui
41:49Je n'en peux toujours
41:57Je n'a jamais
42:05Puis que bien
42:11Je n'a jamais
42:13Hugo Fred Johnny
42:15c'est quand même un duo mythique
42:17Malheureusement, je n'ai pas eu la chance de chanter ça sur scène avec lui, ça m'a manqué, ça manque dans ma vie.
42:25Mais enfin, j'ai fait le disque. Johnny chante là, c'est une merveille.
42:30Johnny, vous l'avez connu dès ses débuts, vous avez pratiquement débuté en même temps.
42:35Bien sûr, bien sûr.
42:36Et vous pensiez aussi qu'il ferait une carrière comme il l'a fait ?
42:39Oui, oui, oui. J'ai tout de suite compris ça.
42:42Je l'ai connu à Juan Lépin, il passait dans un gabarit qui s'appelait le Vieux Colombier, je crois.
42:53Et à la répétition, il avait cassé une corde et je lui ai dit t'inquiète pas, je vais t'en trouver une.
42:58C'était un samedi soir ou un dimanche, tout était fermé.
43:02J'ai couru à toute vitesse dans ma chambre, j'ai trouvé une corde de guitare, je lui ai amené.
43:06Cette corde de guitare nous a fait amis.
43:09Et c'est vrai qu'être en duo avec Johnny, ça demande quand même un certain combat.
43:13Parce qu'il faut tenir face à lui, Hugo Frey.
43:15Oui, il faut tenir. Mais je n'ai jamais été dans le clan Johnny.
43:21C'est-à-dire, ses copains, moi je ne buvais pas, je ne fumais pas.
43:26Je ne veux pas dire que les autres buvaient trop, mais ils buvaient beaucoup plus d'alcool que moi.
43:33On me demandait, mais tu ne bois pas ? Tu es malade ou quoi ?
43:35Non, je ne bois pas.
43:37Et Johnny a d'ailleurs été marqué lui aussi par Bob Dylan. Je ne sais pas si vous en avez parlé.
43:41Ah oui, Bob Dylan, il a beaucoup fumé aussi, mais il ne buvait pas mal non plus.
43:46Mais Johnny a même récupéré, je ne sais pas si vous le savez Hugo Frey,
43:49deux musiciens, Joe El Greco et Ralph Dippeter, qui étaient aux Etats-Unis avec Bob Dylan à leur début.
43:54Et c'est comme ça qu'en 1963, il a créé Johnny, Joe and the Showman, qui était un orchestre pour ses débuts.
44:01Oui, oui, il faisait des trucs comme ça Johnny, il trouvait les gens...
44:08Jeune pour toujours finalement.
44:11Hugo Frey, vous êtes l'incarnation de l'éternel jeunesse.
44:14Vous avez, on va le dire, 95 ans. Comment vous faites pour rester aussi jeune ? Ce n'est pas possible ?
44:20Eh bien, c'est parce que j'ai l'impression, l'instinct, que je n'ai pas tout dit ce que je fais, ce que je devais faire dans ma vie.
44:29Je crois qu'on a tous une mission, une petite mission, un petit message à transmettre,
44:34et moi je voudrais réveiller l'espérance. C'est ça ma mission.
44:38Mais vous vous rendez compte le parcours que vous avez fait depuis plus de six décennies ?
44:43Je ne m'en rends pas compte et je me rends compte qu'il ne faut que faire encore des choses,
44:46parce que je vois bien que les jeunes aujourd'hui n'ont plus beaucoup d'espérance.
44:50Eh bien moi je veux réveiller l'espérance.
44:52Comment ?
44:53Eh bien avec des chansons.
44:55Et c'est ce que je vous donne rendez-vous, moi, au mois de novembre ou décembre.
44:59Je vais faire un grand spectacle qui sera, on peut dire que ce sera ça.
45:04Je vais essayer de donner de l'espoir à la jeunesse.
45:07Et il en faut. Alors Dylan, vous êtes resté très discret pendant des années,
45:11vous n'avez pas cherché à aller le voir, Hugo Fray.
45:14Non, parce que moi, il est aux Etats-Unis, je ne parle pas bien l'anglais,
45:20je ne parle pas avec suffisamment de précision.
45:25On n'a pas besoin de se parler, on s'aime bien comme ça.
45:29Quand il vient en France, il me fait savoir qu'il est là.
45:32La dernière fois qu'il est venu à Paris, moi j'ai été voir le spectacle,
45:37mais il ne savait pas que j'étais là.
45:39Et il a demandé est-ce que Hugo Fray est venu aujourd'hui.
45:43Et la productrice a dit oui, il est dans la salle.
45:46Il est venu me voir après, et je l'ai vu après.
45:48Et je crois qu'il n'y a pas un seul chanteur français qui a pu approcher Dylan.
45:53Et c'était la scène musicale, je crois, si mes renseignements sont exacts.
45:58Et vous êtes resté un moment avec lui.
46:01Pas longtemps, parce qu'il est surbooké, comme on dit.
46:06Moi je ne lui en veux pas du tout.
46:08Puis il a beaucoup de choses à faire, le lendemain il est en concert.
46:11Mais en tous les cas, j'ai eu la chance d'avoir été très proche de Bob Dylan,
46:17ce que beaucoup d'autres chanteurs auraient voulu.
46:20Et il sait ce qu'il vous doit pour la France, Bob Dylan, Hugo Fray ?
46:24Oui, il ne me doit rien.
46:27Et en même temps, je lui dois beaucoup.
46:32Mais il comprend les textes en français ?
46:34On les lui traduit.
46:36On les lui traduit en anglais.
46:38Parce que quand vous le voyez, vous ne parlez pas anglais, il ne parle pas français.
46:40Non, non, voilà.
46:42Mais à force, à force, maintenant on commence à se comprendre.
46:45Alors, il y a en même temps ce film qui est sorti,
46:48Un Parfait Inconnu, réalisé par James Van Gold avec Timothée Chalamet.
46:51Vous l'avez vu ce film, bien sûr ?
46:53Bien sûr.
46:54Et alors ?
46:55Alors, je dois vous dire qu'il faut, vous qui m'écoutez, aller voir ce film.
46:59Parce que ce n'est pas un film.
47:01C'est un documentaire qui a une particularité.
47:04C'est qu'on a l'impression que c'est un documentaire alors que c'est un film.
47:09La différence, c'est que personne, tout est vrai,
47:13sauf que les gens qui sont là ne sont pas les gens dont on raconte l'histoire.
47:17On voit un Bob Dylan qui n'est pas éclaté par Bob Dylan.
47:20On l'entend chanter, mais c'est Timothée Chalamet qui chante, lui, et qui joue de la guitare.
47:28Mais il a travaillé 5 ans pour ça.
47:305 ans de préparation pour faire ce rôle.
47:32Vous êtes sûr ?
47:33On m'a dit un an.
47:34Oui, on m'a dit 5 ans.
47:35Il a travaillé avec un coach vocal.
47:37En fait, c'est 5 ans parce qu'il y a eu le Covid.
47:39Et que tout a été interrompu par la pandémie.
47:42Je veux vous apprendre une chose importante.
47:44C'est que Timothée, son père est français.
47:48Il est français, Timothée.
47:51Et les gens ne le savent pas.
47:53Parce que c'est une énorme vedette aux Etats-Unis.
47:55Sa mère est américaine.
47:57Et voilà que je viens d'apprendre, dernièrement,
48:00que le grand-père de Timothée, donc le père de son père,
48:04quand il était jeune, il a emmené son fils, le père de Timothée, voir un spectacle.
48:12C'était un spectacle du Goffret.
48:14Magnifique.
48:15Et il était le fan du Goffret, le grand-père de Timothée.
48:19Les racines sont là.
48:22Et les racines aussi sont des racines de liberté permanente.
48:25Et dans ce coffret, il y a une autre chanson qui symbolise Bob Dylan
48:28et qui vous symbolise, Hugo Frey, Nous serons libres.
48:31De jour en jour, de plus en plus, nous serons libres.
48:44Tout près de nous ou seul, sur sa route.
48:50Cet homme qui blasphème est innocent.
48:55Pepe, c'est Wacid Diop en duo avec Hugo Frey dans ce coffret New Yorker.
49:00Ah oui, Wacid Diop.
49:03C'est un chanteur que je ne connaissais pas.
49:06Et pour ça, à l'instant, je ne le reconnaissais pas bien.
49:09Mais c'est un black.
49:11C'est fou, toutes les générations, tout le monde chante Bob Dylan.
49:15Bien sûr, bien sûr.
49:16Mais il faut toujours se souvenir qu'il vient d'Europe centrale.
49:21Il est juif, polonais.
49:23Ce sont des gens qui sont extrêmement musiciens.
49:26Ils ont émigré aux Etats-Unis, qui est un pays d'émigration.
49:30Et c'est la venue de ces Africains, qui vont devenir Afro-Américains,
49:34qui vont créer cette musique.
49:36Donc, ce n'est pas étranger.
49:38Il est imprégné de cette musique-là.
49:43Et nous, nous sommes imprégnés de cette musique grâce à vous,
49:45avec ce coffret Hugo Frey chante Bob Dylan 1965-2009
49:50que je recommande à celles et ceux qui nous écoutent
49:52parce qu'il y a des trésors.
49:53Et puis, on vous retrouve en scène à la fin de l'année.
49:55Ah oui, à la fin de l'année, préparez-vous.
49:57Écoutez, vous reviendrez dans les clés d'une vie pour en parler.
50:00Avec plaisir.
50:01Avec bonheur.
50:02Et restez jeunes, ne changez rien Hugo Frey.
50:03Merci beaucoup.
50:04Merci à vous.
50:05Merci Jacques.
50:06Merci.
50:07Les clés d'une vie, c'est terminé pour aujourd'hui.
50:08On se retrouve bientôt.
50:09Restez fidèles à l'écoute de SUL Radio.

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