• il y a 10 heures
Avec Xavier Gallais, comédien français.

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##LES_CLEFS_D_UNE_VIE-2025-02-12##

Catégorie

Personnes
Transcription
00:00Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
00:03Les clés d'une vie, celles de mon invité.
00:05On ne compte plus les personnages que vous avez incarnés au théâtre, à la télévision et au cinéma.
00:11Peu importe, car quand on aime, on ne compte pas.
00:13C'est paradoxalement, en plongeant en profondeur dans les détails de chacun d'entre eux,
00:17que vous avez atteint le sommet de votre art.
00:19Bonjour, Xavier Gallet.
00:21Bonjour, Jacques Pessis.
00:22Alors, vous avez un parcours incroyable de comédie, de théâtre, de compagnie.
00:28Et puis, vous êtes à l'affiche du Cercle des Poètes Disparus,
00:30l'un des succès de la saison au Théâtre Antoine en ce moment.
00:34Donc, on va évoquer votre parcours et votre arrivée dans la saison 2 de ce Cercle des Poètes Disparus,
00:39à travers des dates clés.
00:40Et la première que j'ai trouvée, c'est le 9 juillet 1996.
00:44Il y a eu une création à Avignon,
00:46le Concile d'Amour, la première mise en scène de Benoît Lavigne,
00:49et vous y êtes.
00:51Exactement.
00:52Ah oui, c'est le tout premier projet, on va dire semi-professionnel, semi-amateur, je ne sais pas,
00:59dans lequel je jouais.
01:00Et j'ai fait ensuite 11 spectacles, mis en scène par Benoît Lavigne,
01:04qui est devenu maintenant le directeur du Théâtre du Lucerner et du Théâtre de l'Oeuvre aussi.
01:09Alors, le Concile d'Amour, c'est une pièce de 1895.
01:12C'est Dieu, rendu furieux par le comportement dépravé de la cour du pape Borgia,
01:18charge le diable de punir l'humanité.
01:20Et la pièce a été confisquée, l'auteur s'est retrouvé en prison.
01:23Exactement, pendant plus d'un an je crois, à l'époque, en 1886 ou quelque chose comme ça.
01:29Alors, ce qui est extraordinaire, Xavier Gallet, c'est que cette pièce vous l'avez jouée
01:33alors que vous êtes encore tout jeune et au conservatoire.
01:36Ah oui, je crois même, pardon, je crois que je ne suis même pas au conservatoire.
01:39J'avais 18 ans, j'étais en train de passer le bac.
01:41Exactement, oui.
01:42Exactement.
01:43Oui, oui, alors en fait, on n'avait absolument pas...
01:45Ça faisait déjà presque dix ans que je faisais du théâtre amateur en cours,
01:50mais on n'avait absolument pas voulu passer de casting, c'était vraiment le théâtre.
01:53Et puis, un jour est passé comme ça, dans un journal, une annonce pour avoir un agent.
01:59Et donc, on avait envoyé une photo qui s'est retrouvée sur le bureau de cette petite agence
02:04le jour où Benoît Lavigne, qui avait un an de plus que moi,
02:07est venu chercher des comédiens pour sa première mise en scène.
02:10Et il a dit, ah le type là sur la photo, il ferait bien mon Jésus.
02:13Et ça tombe bien parce que je suis né le 25 décembre.
02:15Exactement, et une chanson d'ailleurs évoque cette date.
02:26Ça, c'est un texte chanté par Tino Rossi qui date du début du 19e siècle.
02:30Il s'agirait de l'adaptation d'un ancien chant lorrain.
02:34D'accord.
02:35Et il se trouve aussi que Jésus, apparemment, n'est pas né à cette date.
02:39Mais c'est ce qu'on raconte, on ne sait pas exactement ce qui s'est passé.
02:42Mais pour un enfant, franchement, naître le 25 décembre, ce n'est pas génial.
02:47Ecoutez, c'est ce qu'on me dit depuis bientôt 50 ans.
02:50Moi, j'adore, je suis dans une famille qui n'a pas beaucoup d'argent.
02:53Et à Noël, on dépensait.
02:55C'était le seul moment de l'année où on pouvait dépenser.
02:57Donc j'avais des cadeaux pour le 24 et des cadeaux pour moi le 25.
03:00Et le 25 décembre, pour vos 5 ans, il y a un cadeau qui va vraiment forger votre destin.
03:04Exactement, puisque j'avais vu un petit spectacle de marionnettes à l'école.
03:08J'ai témoigné de mon admiration pour cet art.
03:12Auprès de mes parents, qui ont la magnifique idée de construire un théâtre de marionnettes
03:16pendant une quinzaine de jours pour fêter mes 5 ans devant mes camarades.
03:19Et c'est le jour où je me suis rendu compte que je voulais faire ce métier-là.
03:22Oui, parce que je crois qu'ils avaient pris des draps et ils avaient peint dessus.
03:24Car votre père, Daniel Gallet, est peintre.
03:27Et je crois qu'il avait eu, pour sa première participation en 1984 au Salon des artistes français,
03:32une médaille d'or.
03:33Et je crois qu'il a eu un atelier au-dessus du théâtre de Vieux-Colombier.
03:37Exactement. Et maintenant, il est le président d'Art Capital,
03:41qui est le salon qui réunit les 4-5 salons historiques.
03:45Et effectivement, ils avaient décidé de dessiner sur des draps un décor.
03:51Et puis ma mère avait construit des petites marionnettes dans des chiffons pour me faire ce spectacle.
03:56C'était quelque chose d'artisanal, d'improvisé, qui a fondé mon désir de théâtre.
04:02D'autant plus que vous avez vu vos camarades rêver.
04:05C'est ça qui vous a touché, Xavier Gallet ?
04:07C'est vrai, oui. Vous savez tout.
04:09En fait, on en parlait il n'y a pas longtemps avec mes parents,
04:12qui, en même temps qu'ils faisaient le spectacle, voyaient les camarades.
04:15Et ils étaient tous complètement animés.
04:19Et moi, j'étais plutôt sinistre.
04:21Donc ils étaient souvent censés tromper.
04:23Mais je sentais à quel point il y a un imaginaire qui était mis en route chez mes camarades.
04:28Et j'étais sérieux dans le sens où j'ai été foudroyé par ma vocation.
04:32Construire des histoires avec d'autres personnes pour faire rêver les gens.
04:36Oui, et à l'époque, je crois aussi que vous pensiez être le seul né un 25 décembre,
04:40alors que j'ai découvert 145 personnalités sur Internet nées un 25 décembre.
04:44Il y a toutes les autres personnes aussi qui ne sont pas des personnalités, forcément.
04:49Mais du coup, enfant, quand j'ai commencé à vouloir faire du théâtre,
04:53je me suis dit que j'avais peut-être une mission qui, a priori, n'était pas de l'ordre de la religion,
04:59mais peut-être dans le théâtre.
05:01Et donc, il fallait faire entendre une parole, créer du lien, en tout cas,
05:06par le théâtre et par faire entendre la parole des poètes.
05:09Oui, et réintégrer l'humanisme dans le théâtre aussi.
05:11Exactement, c'est autour de ça.
05:13En tout cas, la vocation de départ est liée à tout ça.
05:16Et le théâtre amateur, ça commence à l'école ?
05:19Oui, alors je ne sais pas à quoi vous faites forcément allusion.
05:22Non, non, vous avez fait plein de petites pièces.
05:24Oui, plein. J'ai commencé à l'école.
05:26En fait, au CM2, j'ai fait une première pour une soirée de scène qu'on me présentait aux parents.
05:33J'ai fait du keno et j'ai fait n'importe quoi, j'ai fait rire.
05:37Et ensuite, j'ai dû faire un peu moins de dix ans d'années de cours amateurs,
05:43et notamment des pièces, aussi des spectacles de fin d'année, etc.
05:47Oui, c'était votre meilleure matière parce que le reste, c'était pas votre spécialité, Xavier Gavé ?
05:52J'ai toujours été un élève moyen en tout, à part en récitation, effectivement,
05:56où les professeurs me délogeaient des cours pour venir dans leur cours à eux réciter quelque chose.
06:01Mais sinon, heureusement que quelque chose s'est lancé à cet endroit-là,
06:07parce que j'ai mis aussi un peu toutes les billes dans le même panier, dès l'adolescence.
06:12Et puis vous avez entamé des études de droit et vous les avez terminées au cours Florent ?
06:17Oui, c'est vrai. J'ai pas eu mon deug, mais j'ai fait quatre endroits.
06:21Et à force, je me suis dit qu'il fallait vraiment essayer de passer le concours du conservatoire,
06:25qui était mon objectif depuis l'âge de 11 ans,
06:28et il fallait que j'intègre une école un peu professionnalisante à Paris.
06:32Et effectivement, la dernière année où je me suis inscrit en droit,
06:36donc ça fait la quatrième année, j'ai ensuite intégré l'école Florent en cours d'année,
06:42et je suis parti à la fin de ma première année pour aller au conservatoire.
06:45Il se trouve que François Florent a, dites-vous, son audition d'entrée me paru comme une audition de sortie.
06:51Tellement c'était bien.
06:54D'accord, on va dire ça. Il s'est dit « oh, j'ai rien à lui apprendre ».
06:57Ben non, enfin c'est gentil pour lui, il a été très important.
07:01On s'est croisé peut-être dix minutes dans notre vie lors de ce, pour moi, mémorable moment
07:07qui m'a donné énormément confiance en moi.
07:09Il a eu aussi des mots pour moi en direct,
07:12et il a ensuite été un intermédiaire incroyable auprès de Jacques Weber.
07:18Il se trouve que vous aviez une scène fétiche à l'époque,
07:20je crois que c'était les méfaits du tabac de Tchékov.
07:23Oui, c'est une scène que j'ai travaillée en cours,
07:25que j'ai découverte quand j'avais peut-être 16 ans en cours amateur,
07:29et qui m'a suivie de temps en temps dans tous les galas,
07:33quand il y a un mariage ou un anniversaire,
07:35on me demande de faire les méfaits du tabac,
07:37et j'essayais de la passer devant tous mes profs,
07:39et mes profs me disaient tout le temps « il n'y a rien à dire ».
07:41Vous avez fait un tabac, justement.
07:43Oui, et c'est ce qui m'a servi ensuite à la classe libre,
07:46mais aussi à rentrer au conservatoire.
07:48Et au conservatoire, Xavier Gallet, quelqu'un vous repère,
07:50c'est Daniel Mesguich, tout de suite.
07:52Ah oui, tout de suite.
07:53Il avait vu mon troisième tour de concours,
07:55je suis rentré dans sa classe, il était mon professeur,
07:58et au bout de deux semaines, il m'a dit « j'ai une proposition indécente à vous faire,
08:03en même temps que les cours, vous allez faire deux spectacles professionnels avec moi ».
08:06Ce sont mes deux premiers spectacles professionnels,
08:09et c'est du échile et du sophocle, je crois.
08:11Et vous étiez surpris ?
08:13Oui, j'imagine, j'étais très surpris d'être un élève,
08:18et puis déjà que mon professeur,
08:21qui pour moi c'est vraiment quelqu'un de très très très important,
08:24et qu'il me demande d'approfondir le travail,
08:29c'est-à-dire que je l'avais en cours dans la journée,
08:31et le soir je partais en banlieue pour répéter jusqu'à minuit
08:35les spectacles des lectes rémédiés.
08:37C'était une chance inouïe que de pouvoir avoir la théorie
08:40et la pratique dans la même journée avec la même personne.
08:42Et ensuite il y a Jacques Weber qui vous repère.
08:45Là aussi c'est un moment important de votre carrière que vous avez gagné.
08:48Oui, c'est le grand saut là.
08:50Moi jamais j'aurais imaginé, je voulais faire du théâtre depuis tout petit,
08:53mais jamais j'espérais jouer des grands rôles comme celui de Cyrano.
08:56À 24 ans ?
08:57Oui, à 24 ans en fait, Jacques Weber a décidé de monter le Cyrano de Bergerac,
09:02qu'il avait joué tant et tant de fois,
09:05pour son dernier spectacle en tant que metteur en scène
09:09en tant que directeur du Théâtre de Nice,
09:11et il voulait s'entourer que de jeunes acteurs.
09:14Enfin s'entourer, c'est-à-dire qu'il voulait mettre en scène que des jeunes acteurs.
09:17Et on s'est choisis.
09:19Et il se trouve qu'effectivement vous êtes le plus jeune Cyrano de l'histoire.
09:22Derrière vous vient Jean-Pierre, qui a joué Cyrano 400 fois, mais à 40 ans.
09:27Ah oui, 40 ans, je pensais que c'était 36 ou quelque chose comme ça.
09:31Moi j'avais 24 ans.
09:33Mais du coup on entendait la pièce de manière très différente,
09:36on avait tous le même âge, Roxane, Christian et Cyrano,
09:39et tous les autres personnages.
09:41Ils partaient à la guerre, on avait l'âge de partir à la guerre.
09:43Donc on meurt...
09:45Oui en fait, le vrai Cyrano est mort je crois à 43 ans.
09:50Donc le plus difficile pour moi, c'était le dernier acte en fait,
09:54d'essayer de faire un saut en avant dans le temps.
09:57Mais il y a quelque chose du romantisme de Edmond Rostand qui ressortait vraiment.
10:01Parce qu'au moment où Cyrano retire effectivement le bandeau,
10:05enfin le chapeau en disant voilà,
10:07en fait c'est moi qui t'aime,
10:09et on a en fait deux personnes qui peuvent encore faire leur vie,
10:15sauf qu'ils viennent prendre une bûche sur la tête.
10:17Ils ne feront pas leur vie ensemble.
10:19C'est assez émouvant, c'est pas nostalgique,
10:22c'est juste comme deux personnes, un garçon qui vient d'aller à la guerre
10:26et qui retrouve sa fiancée, et c'est fini.
10:28Et puis il y a eu quand même un autre grand moment grâce à Jacques Weber,
10:30votre première télé, Ruy Blas,
10:32où vous vous retrouvez face à Carole Bouquet et à Gérard Depardieu.
10:34Pour un début, c'est pas mal.
10:36Oui, j'avais peur, j'avais très très peur.
10:38Ce qui m'a sauvé, c'est que c'était des verts,
10:40et que c'était quelque part même, c'est un peu,
10:42j'étais jeune mais j'avais fait beaucoup d'années de cours,
10:44donc j'avais beaucoup travaillé les Alexandrins,
10:46et en fait oui, ce qui m'a sauvé, c'est que je maîtrisais à ma manière,
10:50mais les Alexandrins, là où les autres étaient un tout petit peu plus fragiles,
10:54on va dire là-dessus, alors que par rapport à la caméra,
10:57c'était des...
10:59Encore une fois, c'était des maîtres et des professeurs
11:01qui m'ont quelque part, qui m'ont fait grandir.
11:04Et vous avez grandi, et on va évoquer une autre date
11:07qui est importante dans votre carrière, le 19 avril 2004.
11:10A tout de suite sur Sud Radio avec Xavier Gallet.
11:13Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
11:16Sud Radio, les clés d'une vie, mon invité Xavier Gallet,
11:19nous parlerons tout à l'heure du cercle des poètes disparus,
11:21que vous reprenez une semaine sur deux au Théâtre Antoine,
11:24pour la saison 2, mise en scène par Olivier Solivérès.
11:28Et on en revient à votre parcours incroyable, le plus jeune Cyrano,
11:31début au théâtre à 5 ans, en famille.
11:34Et puis, une date importante, le 19 avril 2004,
11:37vous êtes au Théâtre des Champs-Elysées,
11:39et vous recevez un Molière dans la plus grande discrétion,
11:42parce qu'il n'y a pas la télé ce soir-là.
11:44Oui, j'avais complètement oublié.
11:46Ah oui, ça comme souvent.
11:48Oui, alors voilà, j'ai eu Molière.
11:50C'était une soirée incroyable, parce qu'on ne savait pas si...
11:53Donc, non seulement ce n'était pas retransmis,
11:55mais en plus, les rideaux ont été fermés,
11:58les micros aussi.
12:00Encore une fois, il y avait des soucis avec les gardements,
12:05les grévistes, tout ça.
12:07L'un et l'autre, et nous tous.
12:09Et donc voilà, peut-être la soirée n'aurait jamais lieu,
12:11et peut-être, je ne saurais jamais, on ne saurait jamais,
12:13qui a eu le Molière.
12:15Finalement, on les a sortis de carton en avant scène.
12:18Tout le monde était sur scène, ça a été une soirée magnifique.
12:21C'était un grand moment pour moi,
12:23parce que ça m'a...
12:25C'est une partie de ma vie, je dois dire, qui passe là.
12:28C'est-à-dire qu'enfin, les pères considèrent
12:32que j'ai bien fait de faire ce métier.
12:34Je ne suis pas le seul, avec mes parents et quelques amis,
12:36à croire que c'était une voie possible pour moi.
12:38Oui, les gens du métier me disent
12:40« Oui, tu peux faire ce métier avec nous,
12:42on a envie de le faire avec toi.
12:44Tu as à grandir, ce n'est que la révélation. »
12:46Mais ça m'a soulagé.
12:48À partir de là, je n'ai pas essayé de prouver
12:50que j'étais un acteur qui méritait de travailler.
12:52Il a fallu travailler à autre chose, à approfondir l'art.
12:55Voilà, mais il se trouve que c'est la pièce
12:57qui vous a donné ce premier Molière,
12:59c'est Roberto Zucco au Bouffe du Nord,
13:01qui est une pièce inspirée d'une histoire vraie.
13:03C'est un homme qui a tué ses parents à coup de couteau
13:05et qui a commis d'autres meurtres.
13:07C'est dur à jouer.
13:08Oui, c'est dur.
13:09C'était Calvario, Philippe Calvario,
13:11qui m'avait proposé ça.
13:13La pièce, je l'ai refusée au moins deux fois.
13:16Je ne pensais vraiment pas
13:18que je pouvais interpréter
13:20un fou romantique,
13:22dangereux, sexy.
13:24Ce n'était vraiment pas dans mon ordre d'idée.
13:26Et en fait, je n'ai jamais fait autant de cauchemars,
13:28quand finalement j'ai accepté,
13:30qu'en travaillant ce rôle-là,
13:32peut-être dont je jouais en dernièrement.
13:34Parce que j'ai plongé dans sa vie
13:36et il fallait trouver une connexion
13:38pour avoir une sorte de crédibilité.
13:40Et je suis allé chercher à des endroits
13:42que je ne soupçonnais pas en moi,
13:44de noirceur, de solitude
13:46et en même temps,
13:48de désir de spectacle,
13:50de faire un spectacle de cette solitude
13:52et un spectacle mortuaire.
13:54Et finalement, il y a eu une sorte
13:56de fusion qui s'est faite avec le personnage
13:58et ça m'a révélé
14:00à l'acteur que je pouvais devenir,
14:02plus sensuel, plus animal
14:04que ce que je pensais être.
14:06Je trouve que cette pièce a été créée à Berlin,
14:08qu'elle a fait scandale lors de sa création
14:10parce qu'elle se fondait sur des événements récents
14:12et que tout le monde s'en est emparé.
14:14Et en France, ça a été beaucoup plus calme
14:16avec vous au Bouffe du Nord.
14:18Ah, il y avait de l'euphorie,
14:20on découvre un acteur, on découvre un metteur en scène.
14:22Oui, mais on est sur le sujet.
14:24L'année précédente,
14:26vous aviez aussi, je crois, joué
14:28beaucoup de bruit pour rien, vous aviez été nommé au Molière
14:30et là, ça n'avait pas marché,
14:32mais c'était une déception de ne pas être récompensé ?
14:34Ah non, c'était une surprise,
14:36une surprise d'avoir déjà été nommé.
14:38Non, je n'ai pas le souvenir d'avoir été déçu.
14:40C'était le coup d'essai.
14:42Oui, puis c'était vraiment tellement inattendu.
14:44C'est un spectacle dans lequel j'ai été heureux.
14:46J'avais failli arrêter.
14:48Je m'étais dit que je ne voulais plus faire de théâtre
14:50parce que je sortais du conservatoire.
14:52C'est une vie étonnante, en fait,
14:54que la vie de troupe,
14:56la vie de province.
14:58Et finalement, j'avais fait ce spectacle
15:00avec Benoît Lavigne, encore, qui était un ami d'enfance
15:02et ça avait relancé la joie
15:04d'être sur les plateaux.
15:06Quand vous avez reçu votre Molière,
15:08j'ai vu les critiques, on vous compare à Patrick Devers.
15:10Vous le savez, Xavier Gallet ?
15:12À l'époque, oui, c'est vrai que souvent,
15:14physiquement, il y avait une sorte
15:16de sur...
15:20une émotion
15:22à fleur de peau, quelque chose
15:24de volontairement pas
15:26naturaliste, mais de plus
15:28contrasté
15:30qu'avait, je pense, Devers.
15:32Moi, j'étais absolument fan.
15:34Il avait ce talent de tenir
15:36une partition et en même temps d'inviter
15:38cette partition, le présent,
15:40l'improvisation et on sentait qu'il y avait
15:42une porosité entre le rôle et
15:44l'acteur. J'avais peut-être
15:46cette tendance, quand j'étais
15:48plus jeune, oui. Il se trouve d'ailleurs qu'il a commencé
15:50plus tôt que vous, à 3 ans, je ne sais pas si vous le savez,
15:52il a été sur scène à Chaillot,
15:54dans Primerose de Robert Deffler
15:56et qu'il y avait parce que sa mère tenait un rôle dans cette
15:58pièce. Oui, c'est une famille d'acteurs,
16:00bien sûr. Alors, il se trouve que pour
16:02en arriver là, vous avez énormément travaillé.
16:04C'est-à-dire que quand on voit le nombre de rôles
16:06que vous avez eus au théâtre, quand on aime,
16:08on ne compte pas, mais vous avez
16:10travaillé dans un univers toujours très différent,
16:12Xavier Gallet. J'ai toujours voulu garder
16:14une sorte de, d'une part,
16:16une liberté, de ne pas m'enfermer
16:18dans une seule famille et une
16:20curiosité, curiosité de l'autre,
16:22de celui que je ne connais pas et
16:24qui va m'éclairer
16:26sur les possibles que j'ai en moi.
16:28Et ça a été un jeu,
16:30des fois, qui a peut-être un peu troublé
16:32certaines personnes que de passer
16:34d'une esthétique à une autre,
16:36du théâtre privé au théâtre public,
16:38du théâtre classique
16:40au théâtre contemporain et expérimental,
16:42des fois. Mais c'est une joie, à chaque fois,
16:44de rencontrer des univers qu'on ne maîtrise
16:46pas encore. Et on se ressource
16:48moralement à chaque fois.
16:50Moralement, artistiquement, humainement,
16:52c'est à chaque fois une réinvention de soi
16:54qui me maintient,
16:56qui maintient mon
16:58désir de vivre
17:00très vivant.
17:02Il y a eu
17:04Ondine, il y a eu
17:06Roméo et Juliette de Shakespeare,
17:08il y a même eu du Cristal infumé de Jacques Attali
17:10au théâtre du Rond-Point qui évoquait
17:12un moment très difficile.
17:14C'était un spectacle lecture,
17:16dans la forme, c'était quelque chose de singulier.
17:18Jacques Attali avait récupéré
17:20des documents,
17:22des enregistrements, en fait, d'une réunion
17:24où il y avait tous les chefs nazis,
17:26il n'y avait pas Hitler,
17:28mais ils étaient tous là sinon,
17:30le lendemain de la nuit de Cristal,
17:32et qui ont évoqué, peut-être pour une des premières fois,
17:34visiblement, l'idée
17:36de la solution finale.
17:38Et il fallait retranscrire cette réunion
17:40en lecture,
17:42et en même temps, c'était un moment très fort
17:44avec, justement,
17:46c'était Mesguich,
17:48Daniel, qui avait mis en espace.
17:50Et justement, il y a un autre moment très fort aussi,
17:52tout à fait différent, c'est Babydoll,
17:54mis en scène par Hugo Lavingne,
17:56qui est l'adaptation d'un film
17:58tourné par Elia Kazan,
18:00qui a été nommé plusieurs fois aux Oscars.
18:02Ça, c'était une aventure extraordinaire.
18:04Moi, j'adore les auteurs américains
18:06contestataires,
18:08et Tennessee Williams,
18:10Babydoll avec Mélanie Thiry,
18:12et encore Benoit Lavingne
18:14au théâtre de l'Atelier.
18:16Ça a été une aventure, c'est très sensuel,
18:18pour le coup, c'était un spectacle
18:20qui permettait presque de l'érotisme
18:22très sous-jacent,
18:24les spectateurs étaient à fleurs de peau,
18:26c'est un spectacle qui a bien marché.
18:28Le film était aussi, lui, assez érotique,
18:30puisqu'il a été interdit par l'Église à sa sortie.
18:32Carrément, c'est vrai, j'avais oublié ça.
18:34Vous avez quand même joué du Woody Allen
18:36avec trois pièces courtes,
18:38adultère. C'est encore un autre univers.
18:40Encore un autre univers,
18:42une écriture très rapide,
18:44très efficace,
18:46c'était un magnifique dialoguiste,
18:48et là, il y avait dans la même soirée
18:50trois rôles à jouer, très différents,
18:52et je m'amusais à me transformer complètement.
18:54Mon plaisir, c'était quand les gens me disaient
18:56« Mais alors, tu jouais quoi dans la deuxième pièce ? »
19:00Vous avez un point commun
19:02avec Woody Allen,
19:04il ne travaille qu'en buvant du thé vert,
19:06et je sais que vous buvez du thé vert.
19:08C'est vrai, je ne bois que du thé vert.
19:10C'est fou, hein ?
19:12Ça veut dire aussi qu'il faut beaucoup de travail,
19:14il faut tout maîtriser,
19:16et quelquefois, prendre des risques.
19:18Il y a quelqu'un qui vous a marqué aussi,
19:20quelqu'un qui a joué un rôle
19:22que vous avez repris quelques décennies plus tard.
19:24« Il me demanda avec brusquerie, sans préambule,
19:26comme le fruit d'un problème
19:28longtemps médité en silence. »
19:30Gérard Philippe, le prince d'Orambourg
19:32qui a été créé à Avignon,
19:34et 60 ans plus tard, vous reprenez ce rôle.
19:36C'est quand même étonnant, Xavier Gallet.
19:38Vraiment, c'est un acteur
19:40évidemment qui a nourri
19:42mon enfance
19:44en tant que spectateur.
19:46C'est une étoile, c'est quelqu'un qui s'est
19:48engagé pour
19:50les citoyens, pour
19:52les artistes aussi, et qui
19:54était un poète en même temps,
19:56et jouait non seulement 60 ans
19:58le même rôle 60 ans, mais dans la cour d'honneur.
20:00Après Villard,
20:02c'était un moment important,
20:04bien sûr, poétique,
20:06poétiquement, et puis personnellement,
20:08c'était un rendez-vous, oui.
20:10Et ce qui est étonnant avec les rapports entre Jean Villard
20:12et Gérard Philippe, quand Jean Villard
20:14a proposé, je ne sais pas si vous le savez, le CIDE
20:16à Gérard Philippe, Gérard Philippe a refusé.
20:18Et la réponse de Jean Villard a dit
20:20« Mais qu'est-ce qu'il est con celui-là ! »
20:22Et ça s'est arrangé après.
20:24Et vous avez aussi joué avec Michel Faux, du Guitry,
20:26à un moment où Michel Faux n'était pas
20:28aussi célèbre qu'aujourd'hui.
20:30Non, il venait juste de monter de manière assez
20:32brillante
20:34un Ibsen,
20:36c'était la maison de poupées,
20:38et sinon, non, il commençait sa carrière
20:40on va dire,
20:42populaire en tant que metteur en scène.
20:44Moi, il avait été
20:46un de mes professeurs à l'école Florent
20:48qui ne m'avait jamais mis sur scène.
20:50C'est-à-dire que je n'étais pas dans sa classe, mais je suivais tous ses cours.
20:52Et chaque fois qu'il n'y avait pas de scène,
20:54il disait « Allez, quelqu'un passe une scène ! »
20:56Moi, je levais la main, je lui disais « J'ai les méfaits du tabac, c'est un monologue ! »
20:58« Non, je veux quelqu'un de ma classe ! »
21:00Là, je me suis vengé, il m'a dirigé dans Sacha Guitry.
21:02La première pièce de Guitry, Nono,
21:04qui a été créée en 1905
21:06et qui a été jouée en 1910.
21:08Et il paraît que vous étiez mis dans le personnage,
21:10vous étiez voûté, vous aviez un côté Guitry.
21:12Alors, pourtant,
21:14je jouais le jeune premier.
21:16En tout cas, j'avais fait un énorme travail
21:18sur l'expressionnisme, puisque
21:20Michel, il faut travailler là-dessus.
21:22Et donc, j'avais...
21:24Oui, j'essaie toujours de travailler sur l'esthétique
21:26du metteur en scène, de voir comment ça peut me transformer.
21:28Soit physiquement,
21:30soit intérieurement. Là, visiblement,
21:32physiquement, ça a marché.
21:34Alors, il y a le travail sur scène,
21:36mais aussi le travail en coulisses,
21:38que vous avez évoqué à travers une autre date,
21:40le 27 mai 2021.
21:42A tout de suite sur Sud Radio, avec Xavier Gallet.
21:44Sud Radio, les clés d'une vie.
21:46Jacques Pessy.
21:48Sud Radio, les clés d'une vie. Mon invité,
21:50Xavier Gallet, nous parlerons tout à l'heure du Cercle
21:52des Poètes Disparus, que vous reprenez
21:54une semaine sur deux au Théâtre Antoine,
21:56pour la saison 2,
21:58mise en scène par Olivier Solivérès.
22:00On en revient à votre parcours. Alors, on a évoqué
22:02votre parcours de comédien très riche
22:04et vos succès, mais si je parle
22:06du 27 mai 2021, c'est la première
22:08d'une jeune troupe à la Salle Blanche
22:10qui joue La Grande Peur des Biens Portants.
22:12Et ça, c'est le premier spectacle de la
22:14Salle Blanche, qui est un cours
22:16de théâtre que vous avez créé.
22:18Oui, que j'ai co-créé avec Elisabeth Bouchot,
22:20une ancienne physicienne qui est directrice
22:22du Théâtre de la Reine Blanche,
22:24Théâtre des Arts et des Sciences,
22:26et mon camarade
22:28Florian Azoulay,
22:30qui est dramaturge
22:32depuis qu'on a rencontré ensemble, Jacques Weber,
22:34quand on était petits.
22:36À Nice, je crois.
22:38Oui, il est niçois et on s'était rencontré à Nice.
22:40Et oui, alors,
22:42l'école fonctionne sur deux ans
22:44et la deuxième année, on crée
22:46les élèves co-écrivent
22:48une pièce
22:50avec Florian que je mets en scène.
22:52Effectivement, La Grande Peur des Biens Portants
22:54était le premier spectacle
22:56que nous avons créé pendant le Covid,
22:58mais sur,
23:00justement, à l'époque,
23:02sur l'épidémie.
23:04C'était une partie du texte d'Octave Mirbeau,
23:06qui est un écrivain
23:08considéré comme politiquement incorrect,
23:10mais qui avait passé à la postérité.
23:12Pendant le Covid, vous deviez au départ
23:14jouer à La Reine Blanche, justement,
23:16et vous vous êtes retrouvé à La Salle Blanche parce qu'il y avait des problèmes.
23:18Oui, alors, c'est pas tout à fait ça.
23:20En parallèle, je montais un spectacle
23:22écrit par Elisabeth Bouchot
23:24et Florian Azoulay,
23:26Majorana 370,
23:28avec d'anciens élèves du conservatoire,
23:30et ce spectacle-là a été annulé.
23:32En parallèle, dans un autre endroit,
23:34à La Salle Blanche,
23:36les cours, eux, continuaient.
23:38C'était dur, ce Covid,
23:40mais en même temps, c'était une mission
23:42parce que créer une école de théâtre, finalement,
23:44c'est une forme de transmission
23:46qui est importante pour vous.
23:48C'est fondamental.
23:50On reparlait avec le Cercle des Poètes Disparus,
23:52mais quand j'ai vu le film, j'avais 15 ans,
23:54et à 19 ans, je créais mon premier cours.
23:56J'ai toujours eu la conscience
23:58qu'il fallait un jour rendre
24:00ce qu'on était en train de me donner.
24:02Et quand le conservatoire, c'est Daniel Mézich
24:04qui m'a proposé de devenir professeur au conservatoire,
24:06quelques années avant,
24:08La Salle Blanche,
24:10je crois que c'était en 2013.
24:12Il était à l'époque directeur du conservatoire.
24:14C'était la fin. Il savait qu'il partait,
24:16mais il m'a dit...
24:18J'étais tout jeune,
24:20et je m'étais juré, avant de partir,
24:22de nommer un tout jeune professeur.
24:24J'avais 36 ans, je crois,
24:26de conservatoire.
24:28Et en fait, effectivement,
24:30j'ai voulu aussi monter
24:32ma propre école, on va dire,
24:34parce que c'est quelque chose de fondamental
24:36que la transmission.
24:38Un jour, on ne pourra plus faire de théâtre,
24:40et ce sont les jeunes qui le feront.
24:42Il faut leur partager une certaine
24:44méthodologie, une exigence,
24:46une éthique, presque,
24:48du jeu, surtout à une époque
24:50où il y a beaucoup d'influences diverses.
24:52Donc j'avais envie
24:54de porter ma voix auprès des jeunes gens.
24:56Et ils transmettent une culture,
24:58ce qui, dans le monde actuel, n'est pas évident.
25:00Oui, alors effectivement, par l'intermédiaire
25:02de Florian, qui est dramaturge
25:04et professeur de philosophie,
25:06d'histoire,
25:08les élèves ont presque
25:10autant de cours de culture
25:12générale autour de l'art
25:14que de plateau. Ça nous semble important
25:16d'avoir des acteurs
25:18qui ne soient pas simplement des marionnettes
25:20ou des techniciens, mais aussi
25:22des penseurs, des gens qui ont un point de vue
25:24sur leur art, sur le monde,
25:26et qui entrent en dialogue
25:28avec les artistes que sont les poètes
25:30et les metteurs en scène.
25:32C'est d'autant plus important à une époque où certains considèrent
25:34que le passé, on peut s'en passer, justement.
25:36Oui, alors oui,
25:38certaines personnes s'en passent.
25:40Nous ne faisons pas partie de ces gens-là.
25:42Oui, ils tentent de s'en passer. Non, non,
25:44nous on fait partie des gens qui
25:46acceptons que de connaître
25:48nos racines pour avoir une chance d'inventer
25:50quelque chose, on ne peut pas partir à l'aveuglette.
25:52Des écoles de théâtre, il y en a beaucoup,
25:54mais la vôtre est différente.
25:56Vous la définissez, Xavier Gallet,
25:58comme un espace alternatif d'apprentissage
26:00et de créativité.
26:02Voilà, par exemple,
26:04c'est en tout cas un endroit familial,
26:06sécurisé, on va dire,
26:08où les jeunes gens
26:10partent à la rencontre
26:12d'eux-mêmes
26:14par le regard des autres,
26:16par la découverte des autres aussi.
26:18C'est une sorte d'école où on est curieux
26:20de rencontrer l'autre pour mieux approfondir
26:22sa voix singulière.
26:24Mais c'est quelque chose qui n'existait pas
26:26et que vous aviez au fond de vous-même.
26:28Oui, alors il y a une chose que moi je n'ai jamais
26:30rencontrée dans tous les cours que j'ai pris
26:32et dans les écoles dans lesquelles j'ai travaillé,
26:34c'est notamment la transdisciplinarité.
26:36C'est-à-dire que maintenant il y a beaucoup d'écoles
26:38où le jeu de l'acteur,
26:40l'étudiant travaille aussi sur la danse,
26:42sur l'histoire, sur le chant,
26:44mais tous ces cours sont détachés les uns des autres.
26:46Or moi dans ma discipline,
26:48dans l'exercice de mon métier,
26:50j'ai toujours essayé de mélanger
26:52tout ça, tous ces langages,
26:54toutes ces disciplines, et donc là c'est une école
26:56qui tente de réunir,
26:58de lier tous les cours entre eux
27:00de façon à ce que l'acteur puisse
27:02s'en saisir de manière assez personnelle
27:04et fluide.
27:06Et on peut aller dans votre école à tous les âges ?
27:08Oui, on n'a pas mis de limite d'âge
27:10en tout cas à partir
27:12de 18 ans, mais après il n'y a pas de limite d'âge.
27:14Alors chaque fois c'est un spectacle différent
27:16et toujours c'est un spectacle inédit,
27:18souvent contemporain,
27:20que vous montez en fin d'année.
27:22Oui, en fait effectivement, nous on est spécialistes
27:24avec Florian de l'adaptation
27:26théâtrale, donc on part de plein
27:28de sources, que ce soit des sources théâtrales,
27:30romanesques
27:32et plein d'autres sources,
27:34qu'on apprend aux élèves
27:36à les mélanger et à écrire
27:38à l'intérieur de façon à faire un spectacle
27:40contemporain, mais qui va chercher
27:42comme vous le disiez, des racines dans
27:44la littérature
27:46ancienne,
27:48mais c'est très varié, sur des thématiques contemporaines.
27:50Voilà, et par exemple, il y a un spectacle
27:52qui s'appelle Virginia Christie, mélange
27:54de Virginia Woolf et d'Agatha Christie,
27:56ce que je n'avais jamais vu nulle part.
27:58Non, c'était une manière de retraverser le crime de l'Orient Express
28:00via le prisme
28:02de Virginia Woolf, donc plus
28:06spirituel, on va dire,
28:08et plus poétique. C'était passionnant
28:10à mettre en scène, parce que moi, je reçois des commandes
28:12de la part de mes élèves
28:14et de Florian Azoulay qui dit, voilà, on a écrit pendant
28:16cinq mois ça, maintenant, il faut que tu nous
28:18diriges, et c'est une
28:20surprise pour moi, encore une fois, j'adore.
28:22En plus, Agatha Christie était quelqu'un de très particulier
28:24parce qu'elle a commencé à écrire
28:26un roman pour le plaisir, parce qu'il lui manquait
28:28quelques sous, elle l'a vendu 3 francs, 6 sous,
28:30elle n'imaginait pas qu'elle ferait une telle carrière ensuite.
28:32Et quelle carrière !
28:34Alors, justement, avec
28:36Florian Azoulay, vous avez aussi créé
28:38une compagnie,
28:40KGA, et ça aussi, c'est une autre aventure
28:42à laquelle vous attachez beaucoup d'importance.
28:44Oui, ça, ça fait très longtemps,
28:46et on a,
28:48voilà, on y travaille de manière
28:50en fait, de l'adaptation,
28:52de la mise en scène,
28:54toujours à la recherche
28:56des écritures
28:58contemporaines, mais à partir
29:00d'une matière qui
29:02serait une matière
29:04classique ou romantique,
29:06mais en tout cas,
29:08on aime faire entendre la littérature,
29:10moi j'adore, au théâtre, ne pas
29:12simplement parler
29:14qui est seulement une situation ou des dialogues,
29:16mais qu'on fasse confiance,
29:18qu'on active l'imaginaire des spectateurs
29:20par la langue, moi je suis
29:22attaché à la langue des poètes,
29:24et donc on réfléchit à faire des
29:26objets, on va dire, contemporains,
29:28notamment avec le son, là on a un micro,
29:30on a des casques ensemble, tous les deux,
29:32et j'adore travailler avec
29:34ce matériel là, à
29:36mettre le spectateur au plus proche de l'écriture
29:38des poètes. Oui, ce qui est assez nouveau,
29:40parce qu'en général, le théâtre contemporain, c'est fait
29:42de façon incompréhensible, on va prendre 4
29:44heures déjà autour d'une piscine, on n'y comprend rien,
29:46vous c'est vrai, c'est du théâtre contemporain, mais
29:48inspiré justement par des sujets profonds.
29:50En tout cas,
29:52on essaie de,
29:54on est nourri vraiment d'une culture
29:56classique, théâtrale classique,
29:58en termes de construction,
30:00en termes d'espace, en termes de jeu,
30:02en termes de rapport au public,
30:04et c'est nourri par
30:06ce goût là, qu'on essaie
30:08ensuite de simplifier, de travailler
30:10sur le minimalisme, de pas
30:12travailler sur la conjoncture, sur des thématiques de
30:14conjoncture, mais sur des thématiques plus universelles,
30:16et c'est ce qui nous semble être plus contemporain.
30:18Et il y a un seul en scène que vous avez joué
30:20avec cette compagnie, qui est le mélange
30:22des deux premiers romans de Pierlotti,
30:24Asyade et le fantôme d'Orient, qui est devenu
30:26le fantôme d'Asyade, là ça a été aussi
30:28quelque chose de très compliqué.
30:30Dans l'écriture, c'était compliqué de mélanger deux
30:32œuvres, même si elles étaient reliées thématiquement,
30:34de faire entendre aujourd'hui, d'accepter
30:36que les gens se posent dans un
30:38fauteuil et écoutent pendant une heure et demie
30:40la langue de Pierlotti, qui est une langue ouvragée,
30:42qui parle
30:44de la Turquie,
30:46et des fantômes, et de l'amour,
30:48mais quand même dans une langue particulière,
30:50et je m'étais imposé,
30:52alors moi, mon travail est plutôt
30:54animal et très physique,
30:56là je m'étais imposé de rester pendant une heure dix
30:58sur une chaise, avec un micro,
31:00et je ne bougeais que la main droite.
31:02Donc tout était dans l'évocation,
31:04la force du verbe,
31:06et l'évocation,
31:08pour que chaque spectateur
31:10puisse partir dans un cinéma intérieur.
31:12Pierlotti, qui était un écrivain,
31:14mais aussi un officier de marine,
31:16et un jour il doit écrire à Victorien Sardou
31:18qu'il n'aime pas, il lui adresse la lettre suivante,
31:20à Victorien Sardi, Marlou Leroy,
31:22et il termine en lui mettant
31:24son grade d'officier de marine,
31:26et en réponse, Victorien Sardou
31:28lui écrit une carte à M. Pierlotto,
31:30capitaine de Vessi.
31:32Ils avaient de l'humour !
31:34Et puis il y a eu aussi
31:36Dostoïevski avec
31:38L'ennemi blanche, là aussi qui a été
31:40une aventure incroyable, Xavier Gallet,
31:42qui vous a mené au-delà de la France.
31:44Il y a eu les Etats-Unis
31:46avec le Princeton French Theatre Festival.
31:48Ah oui, alors c'est pas
31:50tout à fait ça. Le Dostoïevski, effectivement,
31:52c'est un spectacle que j'ai monté,
31:54mais là, vous parlez peut-être d'une autre
31:56adaptation de Knut Hamsoun,
31:58assez fin, qu'on a joué
32:00c'est Arthur Nausissiel,
32:02un grand metteur en scène avec lequel je travaille régulièrement,
32:04qui a mis en scène ce monologue
32:06que je jouais, qui était un projet que je voulais
32:08vraiment faire depuis longtemps,
32:10et qui m'a amené à Princeton,
32:12effectivement. Et comment ça s'est passé ?
32:14C'est incroyable de se retrouver à Princeton.
32:16En fait, on a
32:18là-bas un professeur de français
32:20de théâtre
32:22qui étudie là-bas,
32:24enfin qui enseigne là-bas
32:26à Princeton,
32:28et qui organise un festival
32:30de jeunes, de spectacles
32:32seuls en scène, français,
32:34et donc c'était l'occasion
32:36d'aller là-bas, et ensuite il m'a réinvité
32:38pour faire une masterclass.
32:40J'étais fier.
32:42Il faut savoir quand même qu'à Princeton
32:44ont été formés 65 prix Nobel
32:46et 3 présidents américains.
32:48C'est quand même pas mal.
32:50Et puis il y a eu un événement,
32:52je crois que la première retransmission d'une pièce de théâtre
32:54en Zoom, vous y êtes pour quelque chose.
32:56Encore moins modestement, j'étais interprète,
32:58mais c'est Arthur Noziciel
33:00qui avait monté Splendid's de Jean Genet
33:02avec des acteurs américains
33:04et moi, qui parlais américain
33:06comme je pouvais. Et déjà c'était magnifique
33:08parce qu'on avait répété le spectacle
33:10à New York, et puis on l'a tourné un peu partout
33:12en France et dans le monde, et est arrivé
33:14le Covid, et
33:16on s'échangeait encore des mails,
33:18des Zoom, on se disait
33:20qu'est-ce qu'on va faire, on est tous éclatés dans les quatre
33:22coins du monde, et on n'a qu'à
33:24répéter entre nous, juste pour le plaisir.
33:26Et en fait, Arthur a dit
33:28on va essayer de convoquer des spectateurs
33:30et c'était magnifique parce que
33:32on a fait un spectacle
33:34vraiment pour Zoom
33:36avec la langue et l'histoire
33:38de Genet, mais on était tous dans des
33:40petites vignettes, et comme les personnages
33:42sont comme dans des
33:44geôles de prison chez Genet, ça fonctionnait bien.
33:46Mais on a découvert ensuite que les spectateurs
33:48étaient du Japon,
33:50en Inde, aux Etats-Unis,
33:52et c'était un moment
33:54très très fort, ce qui était bizarre c'est qu'au moment des applaudissements
33:56il n'y avait rien,
33:58il n'y avait pas de bruit, et j'étais tout seul
34:00en fait, j'étais parti pendant deux heures
34:02et j'ai éteint, et j'étais tout seul
34:04dans une petite pièce,
34:06c'était très étrange. Mais Zoom ça a été un succès
34:08incroyable, ça a été fondé en 2011
34:10par un ingénieur
34:12qui s'appelait Eric Yuan, et en deux
34:14ans il y avait dix millions d'utilisateurs
34:16et ça a changé le monde.
34:18Et d'ailleurs pendant le confinement, la tendresse
34:20d'une chanson créée
34:22par Bourville, il y a des tas
34:24de jeunes qui se sont mis dans des petites
34:26cases et qui l'ont repris et interprétée, je ne sais pas
34:28si vous avez vu cette séquence ?
34:30Sur internet c'était un grand moment.
34:32Parce que ça a quand même été difficile pour un comédien
34:34sous Covid, cette pandémie ?
34:36Ah ben, c'est sûr qu'on a l'habitude
34:38de travailler sur le lien,
34:40on essaie de créer du lien, donc
34:42c'était éprouvant de se retrouver
34:44d'un seul coup isolé, c'est sûr.
34:46Après ça a été un moment aussi
34:48où beaucoup de gens, la première pandémie
34:50ou le premier confinement
34:52où en fait les gens ont pu aussi
34:54retourner à l'écrit, à la méditation
34:56et
34:58j'ai remarqué que depuis
35:00tous les spectacles
35:02dans lesquels j'ai travaillé, il y avait une tendresse,
35:04justement vous parliez de tendresse, que je n'avais pas
35:06forcément vue avant.
35:08Entre les partenaires de jeu,
35:10avec les productions et avec les spectateurs ?
35:12Justement, le spectacle
35:14d'aujourd'hui, on va l'évoquer à travers
35:16la date du 4 janvier 2025.
35:18A tout de suite sur Sud Radio avec
35:20Xavier Gallet.
35:22Sud Radio, les clés d'une vie, Jacques Pessis.
35:24Sud Radio, les clés d'une vie,
35:26Xavier Gallet, mon invité, on a vu votre
35:28parcours entre le théâtre et
35:30le cinéma, la télévision, tout ce que vous avez fait,
35:32y compris aux Etats-Unis,
35:34y compris par Zoom, c'est quand même un parcours très très
35:36fort et vous le continuez aujourd'hui
35:38d'une autre façon, avec un retour
35:40à la scène au Théâtre Antoine, une semaine
35:42sur deux, depuis le 4 janvier
35:442025, vous êtes
35:46dans le cercle des Poètes
35:48disparus, vous avez pris la relève
35:50de Stéphane Fraisse qui est parti en tournée,
35:52comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?
35:54Alors ça, je ne sais pas
35:56comment j'y suis arrivé, je ne sais pas
35:58trop, mais en tout cas,
36:00on m'a contacté un jour
36:02en me demandant si éventuellement ça m'intéressait,
36:04si j'étais libre et si je voulais
36:06rencontrer les équipes pour faire
36:08des auditions, comme ça faisait longtemps
36:10que je ne l'avais pas faite, mais c'est très très
36:12bien comme ça, et c'est marrant parce que
36:14évidemment c'est un film, comme je l'évoquais
36:16tout à l'heure, qui a marqué mon adolescence
36:18et quand j'ai vu les affiches il y a
36:20un an et demi, deux ans,
36:22j'ai trouvé que c'était une idée formidable
36:24et je me suis dit, ah c'est dommage qu'il ne m'ait pas demandé,
36:26parce que ça m'aurait intéressé
36:28de pouvoir parler
36:30avec Robin Williams,
36:32par exemple, ne serait-ce que pour ça.
36:34Oui, il se trouve d'ailleurs que Robin Williams
36:36n'était pas au départ le premier rôle,
36:38celui qui avait été choisi,
36:40il y avait Dustin Hoffman,
36:42il y avait Bill Murray,
36:44Mel Gibson et Alec Baldwin qui étaient sur le coup,
36:46et finalement Robin Williams a eu le rôle.
36:48D'accord, ça je ne savais pas
36:50qu'il y avait eu autant d'accords,
36:52qu'il arrivait après tous ces gens-là.
36:54Ce film, on va bien sûr l'évoquer avec la pièce
36:56et on va écouter la bande originale.
37:04Donc au départ, vous voyez le film
37:06comme tout le monde,
37:08comme des millions de personnes au cinéma
37:10et ce film vous a marqué ?
37:12Ah oui, il m'a marqué immédiatement,
37:14évidemment parce que, bon déjà ça parle de poésie,
37:16de théâtre, moi je ne me suis pas
37:18projeté tout de suite dans le rôle
37:20du garçon qui veut faire du théâtre,
37:22je me suis immédiatement projeté
37:24dans le rôle de Robin Williams qui était
37:26professeur et qui avait une manière si
37:28singulière d'encourager
37:30les jeunes gens à devenir eux-mêmes
37:32et c'est pour ça que ça m'a
37:34tellement bousculé que
37:36trois ans après, j'ouvrais mon premier cours
37:38de théâtre, j'avais
37:40a priori pas grand-chose à dire mais quand même
37:4211 ans de formation. Donc c'était
37:44d'abord ça, et ça a été
37:46comme pour beaucoup de gens
37:48un film phare, fondamental,
37:50fondateur.
37:52Ce qui était le cas d'Olivier Solivérès,
37:54quand il a vu le film, il a dit ça me ressemble
37:56et il a mis 11 ans à récupérer les droits
37:58et à monter le spectacle.
38:00C'est exactement comme quoi les rêves,
38:02il faut les tenir parce que
38:04aujourd'hui, il est
38:06très respecté, notamment pour ce spectacle.
38:08Et donc vous avez en vous quelque chose
38:10non pas de Tennessee mais de John Keating je crois
38:12parce que ce personnage
38:14qui veut justement être
38:16anticonformiste, c'est un petit peu votre parcours
38:18Xavier ?
38:20De fait, c'était pas
38:22forcément nommé
38:24comme ça de moi vis-à-vis de moi
38:26mais effectivement j'aime bien être aux endroits
38:28où on ne m'attend pas forcément
38:30j'aime bien tenter de me réinventer
38:32par l'inconnu et
38:34j'adore surtout
38:36j'adore les autres et
38:38c'est ce que porte John Keating.
38:40Justement, reprendre ce rôle
38:42sans ressembler à Stéphane Fresse
38:44ou à Robin Williams, c'est pas évident ?
38:46Non, déjà
38:48on a deux propositions quand même radicalement
38:50différentes entre Robin Williams et Stéphane
38:52Fresse.
38:54Quelque part j'ai l'habitude de passer
38:56après
38:58Laurence Olivier, Louis Jouvet,
39:00Gérard Philippe
39:02souvent c'est ça avec les rôles classiques
39:04et c'est un rôle classique John Keating
39:06quasiment.
39:08C'est un mythe comme ça.
39:10Donc non, c'est pas facile mais j'aime bien
39:12regarder ce qui s'est fait avant moi
39:14pour comprendre ce que je pourrais creuser
39:16comme piste ou au contraire les pistes
39:18qui ont déjà été évoquées et
39:20trouver un endroit où moi je pourrais
39:22faire entendre quelque chose qu'on n'a pas entendu.
39:24C'était un peu le cas avec Stéphane Fresse
39:26on est des natures d'acteurs très très différentes
39:28il fait entendre quelque chose
39:30que j'aurais pas imaginé qu'on pouvait faire entendre
39:32et en même temps ça me laissait
39:34la voix pour aller ailleurs
39:36et
39:38par contre avec Robin Williams peut-être
39:40je suis un petit peu plus proche
39:42de sa vision
39:44du rôle
39:46mais il y avait quand même de la place
39:48entre les deux pour trouver la mienne.
39:50Justement c'est une caractéristique que vous avez
39:52prenons l'exemple du cercle des potes disparus
39:54comment on travaille un rôle pour en faire un personnage
39:56qui vous ressemble et qui soit différent des autres ?
39:58C'est un long processus
40:00chacun a le sien, moi je travaille
40:02énormément sur
40:04d'abord sur la partition écrite
40:06qui est en fait la pointe de l'iceberg
40:08qui nous est donnée
40:10c'est pas la pensée du personnage
40:12c'est une partie de sa pensée, celle qui a besoin d'être exprimée
40:14qui arrive à être exprimée
40:16mais alors ensuite il y a tout le reste
40:18moi je m'intéresse beaucoup
40:20à partir de sa pensée écrite
40:22à sa pensée physique
40:24au langage corporel
40:26donc je fais des liens avec
40:28certains animaux par exemple
40:30mais aussi j'essaie de lui inventer
40:32une vie et dans cette vie
40:34j'essaie de trouver des liens
40:36avec mon imaginaire, puisque ma propre vie
40:38ça ne m'intéresse pas trop, mais avec mon imaginaire
40:40et à partir de là j'essaie de voir comment
40:42les mots que je dis
40:44sont juste
40:46le résultat de tout un parcours intérieur
40:48Ce sont des semaines de travail
40:50en profondeur ?
40:52Ah oui, des semaines, des mois des fois
40:54mais il y a un grand intérêt
40:56j'essaie d'écouter ce que le rôle a à me dire
40:58j'essaie de me laisser vibrer
41:00par ce qu'il m'est dit
41:02et ensuite j'essaie de répondre au rôle
41:04avec une vision singulière
41:06C'est pas si fréquent
41:08ce que vous avez galé aujourd'hui ?
41:10Parce que beaucoup de comédiens arrivent, lisent leur texte
41:12le jouent et puis c'est parti
41:14Bah c'est parti, c'est déjà pas facile
41:16mais effectivement
41:18le travail de construction
41:20par exemple je lis, évidemment là
41:22il s'agit de John Keating, il évoque
41:24des auteurs qu'il transmet
41:26ce sont des auteurs que je suis allé lire
41:28il s'avérait que j'en avais déjà lu
41:30quelques-uns, mais je vais approfondir
41:32pour essayer d'être au plus proche
41:34en fait un rôle pour moi c'est une aventure
41:36c'est une aventure qui m'est offerte
41:38dans ma vie d'humain
41:40donc c'est un voyage, je le prends comme tel
41:42je le prends pas comme quelque chose de superficiel
41:44je le prends comme l'opportunité
41:46de grandir grâce à l'autre
41:48Et d'ailleurs l'expression carpe diem
41:50aujourd'hui on la connait, grâce au cercle des poètes disparus
41:52je pense qu'avant peu de gens savaient ce que ça voulait dire
41:54Je suis pas sûr
41:56Et je sais pas si vous le savez mais
41:58la phrase carpe diem
42:00cueille le jour présent sans te soucier du lendemain
42:02elle est sur la façade
42:04du Chinés Théâtre de Los Angeles
42:06sur la plaque qui rend hommage
42:08à Robin Williams
42:10Je sais pas
42:12Ce travail
42:14vous devez aussi apporter du rêve
42:16dans chacun de vos rôles
42:18et là aussi le rêve est important
42:20et il faut que ce rêve vous ressemble aussi
42:22Alors le rêve
42:24c'est à dire que
42:26j'espère effectivement
42:28après tout ce travail là
42:30on pourrait être tenté de vouloir montrer le travail qu'on a fait
42:32maintenant mon travail avec un peu d'expérience
42:34c'est d'essayer d'être nourri d'un travail
42:36mais d'avoir la pudeur
42:38de ne pas tout montrer
42:40un espace dans lequel chaque spectateur
42:42va pouvoir effectivement rêver
42:46prendre part
42:48avec son propre imaginaire
42:50sa propre vie
42:52Vous êtes dans le noir, les spectateurs sont dans la salle
42:54mais il y a presque une fusion entre les comédiens
42:56et les spectateurs dans cette pièce
42:58Oui alors
43:00dans cette pièce en particulier
43:02si on veut parler de cette pièce
43:04ce que je trouve extraordinaire depuis qu'on a commencé
43:06c'est de voir des salles qui sont remplies
43:08déjà mais remplies
43:10de gens qui n'ont absolument pas le même âge
43:12donc il y a déjà
43:14dans la salle à mon avis une fusion
43:16qui se fait entre les jeunes gens
43:18et leurs grands-parents et les parents
43:20et tous les milieux sociaux
43:22on va dire
43:24et ensuite avec le plateau
43:26parce que c'est pareil sur le plateau il y a tous les âges
43:28donc il y a beaucoup de points de vue
43:30différents sur des sujets communs
43:32et je pense que c'est la pensée
43:34c'est le coeur qui arrive à circuler
43:36entre la salle et le plateau
43:38c'est très bien fait, la mise en scène d'Olivier Solivérès
43:40facilite
43:42on va dire le flux
43:44les
43:46les fusions
43:48d'énergie entre la salle et le plateau
43:50Il a commencé par des spectacles pour enfants
43:52loin des médias mais qui affichent
43:54complet depuis des années
43:56c'est assez extraordinaire
43:58c'est extraordinaire
44:00du coup il est presque en train de former un public
44:02puisque les jeunes gens qui ont vu
44:04les spectacles pour enfants quand ils étaient petits
44:06maintenant sont adolescents et viennent voir
44:08le cercle des poètes disparus
44:10donc il y a une continuité comme ça qui est formidable
44:12Et puis il y a un prologue, c'est aussi sa marque de fabrique
44:14que vous jouez, parce qu'avant le spectacle
44:16il se passe quelque chose, Xavier Gallet
44:18Carrément, moi quand je suis venu
44:20en tant que spectateur, j'ai été surpris
44:22de ce prologue
44:24et j'ai été amusé
44:26enthousiasmé et on arrive
44:28au début du spectacle
44:30la salle arrive au début du spectacle et les acteurs
44:32avec ce prologue déjà
44:34qui a mis tout le monde
44:36en éveil, en joie
44:38et on est prêt à recevoir les mots de l'auteur
44:40mais vraiment avec joie
44:42Et vous avez un point commun avec
44:44le professeur Xavier Gallet, c'est-à-dire que vous êtes
44:46capable de vous battre pendant des années
44:48pour imposer un texte pour aller jusqu'au bout de votre aventure
44:52Ben j'espère bien
44:54Oui mais c'est pas si fréquent, il faut beaucoup de courage et d'énergie
44:56Ben ouais mais enfin
44:58c'est la moindre des choses qu'on puisse faire
45:00quand on est comme ça au service des poètes
45:02c'est de pouvoir se battre et pour pouvoir
45:04montrer des projets, pour pouvoir faire entendre
45:06une langue et puis une fois qu'on la joue
45:08c'est extraordinaire de pouvoir la jouer très très très
45:10longtemps
45:12Est-ce que vous pensiez quand vous avez débuté que vous feriez
45:14autant de choses ?
45:16Absolument pas, je me revois encore
45:18dans le jardin, en train de faire le jardin
45:20et retirer les mauvaises herbes et rêver de pouvoir
45:22faire un peu de théâtre le week-end
45:24Non non je pensais pas faire
45:26autant de choses, je remercie
45:28je remercie la vie pour ça
45:30parce que c'est une invention
45:32de soi permanente qui est très
45:34très joyeuse
45:36Et puis il y a une autre caractéristique que vous avez
45:38vous avez été un pionnier, vous avez égalé
45:40des lectures publiques
45:42c'est à dire que vous avez fait une centaine de lectures
45:44à la fois dans les théâtres et ailleurs
45:46et ça c'était pas si fréquent quand vous avez commencé
45:48Non ben c'est vrai que Luchini avait déjà
45:50lancé la chose mais
45:52mais il y a tout un réseau maintenant
45:54de
45:56d'endroits
45:58sur tout le territoire, de gens qui adorent
46:00écouter
46:02des textes sans qu'il y ait forcément
46:04de mise en scène
46:06et moi j'adore ce rapport intime
46:08avec à la fois l'auteur et les spectateurs
46:10d'être au plus proche
46:12de l'écriture, de la ponctuation
46:14et avec rien partir
46:16comme ça dans l'imaginaire
46:18je trouve ça magnifique et c'est vrai que
46:20j'ai la chance d'en faire
46:22dans des lieux très très différents, aussi bien institutionnels
46:24que des associations
46:26Oui, il y a des soirées privées
46:28chez les grandes marques et vous faites des lectures
46:30certains ont l'impression que les lectures c'est facile
46:32pour un comédien parce qu'il n'a pas à apprendre son texte
46:34Non, alors
46:36au moins quand on apprend le texte et qu'on répète
46:38on a tout tenté, on a tenté
46:40beaucoup de choses avant de pouvoir arriver
46:42devant le public. Là, en l'occurrence, on n'a pas
46:44suffisamment travaillé
46:46pour être complètement solide
46:48et en même temps il faut avoir travaillé
46:50pour, si on ne veut pas simplement se faire écouter
46:52soi, mais qu'on veut faire entendre
46:54la rencontre qu'on a faite avec un auteur
46:56donc c'est quand même un travail de faire entendre un auteur
46:58la spécificité de son rythme
47:00ses chants lexicaux
47:02la sensualité des mots qu'il choisit
47:04Et puis, on vous voit peu au cinéma
47:06à la télévision parce que vous n'avez pas le temps
47:08mais il y a quand même un personnage qui a marqué le public
47:10c'est le personnage de Laurent Dupré dans la série
47:12Sur le Fil. Oui, ça m'a marqué moi aussi
47:14parce que c'est un personnage complètement
47:16un flic complètement fou
47:18magnifique à jouer
47:20parce que très contradictoire
47:22à la fois épouvantable
47:24et en même temps touchant
47:26et il s'intégrait à une série
47:28de troupes, donc je retrouvais aussi
47:30l'aspect théâtral de la troupe
47:32il y avait tout un groupe de policiers
47:34et on a fait trois saisons
47:36de cette série, le rôle était très très beau
47:38Mais vous avez fait peu de télévision finalement ?
47:40En télévision j'ai réussi
47:42quand même à trouver des créneaux pour en faire
47:44et peu de cinéma en fait
47:46mais ce sont des plannings
47:48qui ne fonctionnent pas forcément bien
47:50avec le théâtre
47:52mais ça ne me manquait pas quand j'étais petit
47:54je voulais vraiment faire du théâtre
47:56et puis c'est vrai qu'avec le temps
47:58je me dis que le rapport à la caméra
48:00c'est quelque chose que je ne maîtrise pas encore très bien
48:02et du coup c'est une nouvelle aventure
48:04possible qui m'excite un peu
48:06L'aventure actuelle
48:08c'est jusqu'en juin, une semaine sur deux je crois
48:10au Théâtre Antoine parce qu'il y a une pièce en alternance
48:12et ensuite
48:14vous avez déjà envie de faire d'autres choses ?
48:16En fait c'est une aventure que j'aimerais bien poursuivre
48:18parce que
48:20j'arrive à un âge où en fait
48:22le rôle est en pleine correspondance
48:24avec ce que je défends
48:26donc dans la journée je continue à donner des cours
48:28le soir je joue un professeur avec ses élèves
48:30je trouve ça tout à fait cohérent
48:32pour l'instant
48:34après il y a plein d'autres projets bien sûr
48:36mais pour l'instant
48:38j'attends de voir
48:40Mais c'est encourageant dans notre société d'aujourd'hui
48:42que le Cercle des Poètes Disparus
48:44touche autant de gens
48:46de toutes générations
48:48Déjà le public adore découvrir
48:50des jeunes gens
48:52et moi je suis très fier de pouvoir jouer tous les soirs
48:54à côté de jeunes comédiens
48:56qui vont faire des carrières
48:58ils ont du talent
49:00et de voir qu'il y a des jeunes spectateurs
49:02qui les découvrent et des moins jeunes
49:04et qui vont ensuite construire une histoire
49:06avec eux et moi je suis là
49:08aux premières loges de ça
49:10on adore voir des jeunes gens talentueux
49:12commencer leur premier pas
49:14Et en même temps vous les aider
49:16au théâtre, en coulisses et sur scène
49:18et puis j'encourage
49:20les ceux qui nous écoutent qui n'ont pas encore vu
49:22le Cercle des Poètes Disparus de foncer
49:24au Théâtre Antoine une semaine sur deux
49:26parce que vous allez passer un moment très particulier
49:28et justement en particulier grâce à vous
49:30Xavier Gallet, merci
49:32continuez comme ça, ne changez rien
49:34Changez tout donc, tout le temps, en permanence
49:36Merci, L'Éclair d'une Vie
49:38c'est terminé pour aujourd'hui, on se retrouve bientôt
49:40restez fidèles à l'écoute de Sud Radio

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