Le film de Jacques Audiard, “Emilia Perez”, était supposé triompher aux Oscars, mais ça se complique.
Retrouvez « En toute subjectivité » avec Dov Alfon sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/dov-alfon-en-toute-subjectivite
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00:007h21, Dov Elfond, d'un autre quotidien Libération, Dov, toujours en papier, mais avec un site
00:09internet aussi.
00:10Dov, le film de Jacques Audiard, Emilia Perez, était supposé triompher aux Oscars, mais
00:17soudain ça se complique.
00:18Oui Nicolas, il y a deux semaines encore, tout semblait parfait.
00:21Le film français Emilia Perez avait été cité 13 fois dans la liste des nominations
00:26aux Oscars.
00:27Depuis la naissance de la compétition en 1929, seuls trois films ont fait mieux.
00:31Mais du sublime au ridicule, il n'y a qu'un pas et ce carton improbable, rappelons qu'il
00:37s'agit d'une comédie musicale sur la transition de genre d'une ex-baronne de la drogue mexicaine
00:42qui devient une sainte, tournaissant mexicain, emballant en banlieue parisienne, est devenu
00:48soudain toxique.
00:50Calculant le vote des usagers dans les grands sites américains comme IMDB, l'hebdomadaire
00:55britannique The Economist constate une dégringolade inédite en dix jours.
01:00Qu'on en juge ? Sur IMDB, Emilia Perez qui avait démarré avec une note de 9 sur 10
01:06est notée, après le vote de 55 000 utilisateurs, à 5,7 sur 10, la note la plus basse jamais
01:13donnée à un film candidat aux Oscars.
01:15Sur le site Rotten Tomatoes, c'est encore pire, la note moyenne du public atteint à
01:20peine 18 sur 100, encore une fois, du jamais vu.
01:24Les autres films candidats obtiennent entre 75 et 92.
01:28Comment est-ce possible ? Une controverse, c'est bien, mais trois, c'est trop.
01:32Pour Emilia Perez, premier acte, supposé être un grand progrès pour la représentation
01:37des personnes trans à l'écran, le film est vite condamné par celle-ci pour perpétuer
01:42les clichés d'une transition qui blanchit au double sens du terme incriminel.
01:47Ouvrant le tir dans Libération, le philosophe Paul P.
01:51Santiago condamne « un amalgame polysémique chargé de racisme et de transphobie ». Racisme,
01:57le mot est lancé et il va rebondir au Mexique, où la revue Gâteau-Pardot voit dans Emilia
02:02Perez un imaginaire colonialiste qui caricature la violence des gangs et qui piétine la souffrance
02:08de leurs victimes.
02:09On constate que 90% des Mexicains ont donné au film la note de 1 sur 10, sans doute parce
02:16qu'il n'y a pas sur IMBD de note zéro.
02:20Vendredi dernier, arrive le coup de grâce, la journaliste canadienne, cette fois Sarah
02:24Hagi, retrouve des anciens tweets de l'actrice Carla Sofia Gascón dans lesquels perce un
02:30racisme désinvolte envers les noirs, les musulmans, les asiatiques.
02:34Et nous voilà donc à l'épilogue, le sempiternel communiqué dans lequel l'actrice se dit
02:39profondément désolée pour ceux à qui elle a causé de la peine.
02:42Dov, selon vous, le film peut-il surmonter ces déboires ?
02:46Ça paraît compliqué, Nicolas.
02:48Netflix, qui a acheté les droits du film pour 12 millions de dollars et a investi en
02:51publicité au moins deux fois cette somme, voudrait bien quelques statuettes.
02:55Il est arrivé que des films accusés de racisme, comme Collision ou Miss Daisy et son chauffeur,
03:00ont quand même reçu l'Oscar du meilleur film.
03:03Mais c'était une autre époque et ça, Netflix le comprend mieux que personne.