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Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble, propose des tests anti-drogue pour les élus afin de dénoncer la consommation de stupéfiants dans les cercles de décision. Cette initiative suscite des débats sur la transparence et la lutte contre la toxicomanie.

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00:00Christophe Barbier, c'est à vous de bosser, c'est votre choix. Ce soir, on va revenir sur l'idée d'Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble,
00:06qui dit dans la lutte contre les stupéfiants, etc., qui dit peut-être qu'il faudrait tester aussi, test anti-drogue, pour les élus, pour les parlementaires, par exemple.
00:14A-t-il fumé la moquette ? C'est ce que doivent se dire ce soir, se demander les élus républicains qui ont vu cette proposition.
00:19Alors, la proposition d'Éric Piolle, elle est très sérieuse. Elle tient en deux points, on va les voir s'afficher. Son procédé est très simple.
00:26Il propose de faire des tests salivaires, capillaires, d'urine, à l'Assemblée, au Sénat, auprès des ministres, en fait, auprès de tous les élus.
00:33Alors, première remarque, au dernier comptage, il y a en France 567 222 élus. Si vous comptez 15 cl d'urine par test, ça fait quand même 85 000 litres de pipi républicain à récolter.
00:44Bon courage, Éric Piolle. Deuxième proposition, on va le voir, que ce soit des tests anonymes. Ça, c'est plus intéressant.
00:51Il dit que c'est pour ne cibler personne. Ah bon ? Mais ne pas cibler qui, monsieur le maire ? Est-ce que c'est vos amis verts qui sont, c'est marqué dans leur programme,
00:59pour une culture du chanvre locale, non délocalisable, en circuit court ? Ou bien est-ce que c'est pour ne pas cibler vos amis députés LFI ?
01:08Comme en dit Kerbrat, surpris en flagrant délit d'acheter des stupéfiants dans le métro, il l'a reconnu, soupçonné. Là, il ne le reconnaît pas d'avoir utilisé ses frais de mandat.
01:16Et puis, il est en addiction. Il l'a dit. Ou bien son collègue, le député LFI Louis Boyard, qui s'était vanté en 2021, de dire à la télévision « Moi, j'ai guillé, j'étais en galère,
01:26on m'a proposé le bail, j'ai fait ». C'est peut-être cela qu'il veut protéger. Là, je ne suis pas d'accord. Si on teste, on veut les noms. On a la transparence sur le patrimoine,
01:35la haute autorité de transparence sur la vie publique. Les députés déclarent leur patrimoine. Quand on en prend en flagrant délit de ne pas avoir déclaré ou d'avoir fraudé le fisc,
01:43on veut les noms. Alors, on serait la transparence pour l'argent, mais pas la transparence pour la drogue. Non. Si on fait ce test, à l'Assemblée, au Sénat ou ailleurs, on veut les noms,
01:51M. le député. Et on verra ce que ça dit M. le maire. Après, maintenant, on va voir ses objectifs, parce qu'il a des objectifs intéressants et louables. Son premier objectif,
01:59c'est de voir si la drogue, ça touche aussi les cercles de décision, pas seulement les gens qui sont en récréatif pour le week-end. Il veut montrer que toute la société est concernée.
02:11Et là, il a raison. Et notamment, il veut, à travers ces tests, dénoncer le stress, les rythmes de vie. Et là, on va voir les députés. Évidemment, ils ont une vie difficile,
02:19les politiques, les séances de nuit, le stress des campagnes. On va voir les livreurs à domicile, dont on sait que parfois, ils font des journées où ils dorment pas beaucoup,
02:27les chauffeurs routiers pour tenir le coup sur la route. On va voir aussi les traders, bien sûr. La drogue de stress, la drogue de performance et de productivité,
02:35c'est véritablement devenu un vrai enjeu. Alors on est allé demander aux députés, cet après-midi, s'ils étaient prêts à faire pipi ou un petit test capillaire.
02:46« Franchement, je trouve ça d'un populisme absolu et ça alimente des fantasmes complotistes, absurdes, comme quoi tous les députés de la nation seraient cocaïnomanes. »
02:57« Je pense que l'hypocrisie en politique n'a pas de limite avec M. Piolle. Je pense qu'il essaye de faire oublier son bilan en matière de drogue. »
03:04« Les politiques, je pense qu'ils sont comme les Françaises et les Français. Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas identique. On sait qu'il y a un problème de consommation de stupéfiants.
03:10Donc je veux dire, on le saura tout autant une fois qu'on aura fait les tests. »
03:12On le voit, ce n'est pas l'enthousiasme général. Chacun a des raisons un peu de refuser. On comprend ce rejet. Demander à ceux qui font la loi de prouver qu'ils la respectent,
03:23c'est un peu comme si on avait fait des tests de dépistage de syphilis dans le clergé au XIXe siècle. Vous voyez, c'est un peu la même chose. »
03:30« Sauf que ce test, il a été fait au Parlement britannique. Ah, pas sur les élus, sur les toilettes. Et on a trouvé, en décembre 2021, des traces de cocaïne dans plusieurs toilettes de Westminster, le Parlement britannique.
03:45Certains ont même dit, tiens, près du bureau de Boris Johnson, il y a des traces. Il y en avait en fait partout. On n'est pas sûr que ce soit les élus. Ça peut être les visiteurs ou le personnel.
03:52Mais ça fait scandale, parce que quelques jours avant, un peu comme aujourd'hui en France, on avait annoncé un plan luttant contre le narcotrafic, 700 millions de livres dépensés. Un véritable scandale là-bas.
04:02Maintenant, derrière la proposition de Piolle, il y a des vrais débats. Est-ce que la toxicomanie de stress et de performance, je l'ai dit, c'est un vrai fléau ? Là, il a raison, c'est un fléau.
04:10Ensuite, la dépénalisation des drogues douces. Il assure, Éric Piolle, parce qu'il est pour, que ça ferait baisser de 50% le marché des trafiquants. Non, c'est faux.
04:20Avec de la cocaïne à 30 euros la dose, avec le chemsex, avec le fentanyl qui va arriver, on voit bien que les trafiquants, ils changeraient de produits et ils continueraient leur marché, surtout à Grenoble.
04:34Et puis, il y a un autre débat que personne n'ose mettre sur la table. C'est la corruption ou les menaces sur les élus quand il y a des trafics qui veulent se faire la place.
04:42Il y a quand même eu deux mères, deux femmes, à Canteleu en Seine-Maritime, à Avalon, dans Lyon, qui ont été soupçonnées, puis écartées plus ou moins des procédures, d'avoir été complices de trafiquants alors qu'elles étaient peut-être victimes.
04:54La poudre passe dans les villes. Sous le nez des mères, ils ne mettent pas forcément le nez dedans, mais c'est à eux de lutter au premier plan.
05:03Alors, moi, je suis très intéressée par l'aspect analyse sociologique, finalement. Je comprends l'idée de vouloir nommer, c'est-à-dire, dites-nous les noms, qui a consommé de la drogue, mais je comprends l'idée.
05:15Mais ce que je trouverais intéressant, c'est effectivement permettre une analyse sociologique de savoir est-ce qu'en proportion, est-ce qu'en quantité, à l'Assemblée nationale, c'est équivalent à peu près à la population générale.
05:26Je pense par ailleurs à une autre étude capillaire, mais c'était des eurodéputés, cette fois-ci, qui s'étaient prêtés à l'étude capillaire de leurs cheveux pour savoir s'il y avait des pesticides à l'intérieur.
05:35Il y en avait. C'était très intéressant et éclairant pour le reste de la population.
05:39– Vous faites nom de la tête, Elsa Vidal.
05:40– Oui, non, moi, je ne suis pas du tout intéressée par ce genre de démarche.
05:44Je trouve que ça vient nourrir, ce qu'on entendait au début du sujet, Christophe, ça vient nourrir une forme de suspicion généralisée de classe dirigeante, classe décadente,
05:52classe qui demande l'application de lois qu'elle-même ne respecte pas.
05:57Je pense que c'est bien quand toutes ces affaires restent du domaine et de la justice et de la police, pour une juste séparation des rôles.
06:05– Une vingtaine de points de deal recensés dans l'agglomération grenobloise, de gros points de deal, le meilleur ferait 30 000 euros par jour, le chiffre d'affaires.

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