Après 3 ans de guerre Volodymyr Zelensky change de cap et a ouvert la porte à une issue diplomatique à la guerre en Ukraine, déclarant qu'il serait prêt à rencontrer Vladimir Poutine si cela pouvait apporter la paix et éviter de nouvelles pertes.
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00:00Avec nous pour en parler Patrick Sos, spécialiste de BFMTV pour les questions internationales.
00:04Élise Philips et Caroline Bertolino sont à Dnipro pour BFMTV.
00:07Jean-Didier Revoin est là également depuis Moscou.
00:10Bonjour à tous.
00:11On va d'abord réécouter précisément ce qu'a dit Volodymyr Zelensky cette nuit.
00:14Le président ukrainien est interviewé par le journaliste anglais Piers Morgan qui lui demande s'il est prêt à parler à Vladimir Poutine.
00:21Sa réponse.
00:22Si c'est la seule configuration dans laquelle nous pouvons apporter la paix aux citoyens de l'Ukraine et ne pas subir de nouvelles pertes,
00:37absolument, nous accepterons cette configuration d'une réunion avec quatre participants.
00:47Patrick, Volodymyr Zelensky pose des conditions, mais d'abord, c'est quand même la première fois qu'il ouvre la porte à une issue diplomatique à la guerre.
00:57Alors, pour être tout à fait transparent, ce n'est pas la première fois qu'il ouvre cette porte, mais c'est la première fois qu'il l'ouvre avec Vladimir Poutine.
01:05Il y a vraiment un côté très personnel et on pourra en parler notamment avec Jean-Didier à Moscou sur le duel de deux hommes, Poutine et Zelensky.
01:14Mais on sent déjà depuis plusieurs semaines, si ce n'est plusieurs mois, que Volodymyr Zelensky instille le fait qu'il faudra bien trouver une solution diplomatique.
01:23J'ai le souvenir notamment d'une de ses déclarations à l'automne dernier, disant voilà, il faut s'attendre à dire au revoir pendant une certaine période à nos territoires qui sont occupés par la Russie.
01:35Et ensuite, lorsqu'il y aura un changement, si ce n'est de régime, au moins d'hommes à la tête du Kremlin, eh bien là, nous repartirons à l'assaut diplomatique pour récupérer notamment le Donbass.
01:46Oui, il a dit ça, mais il a aussi dit qu'il voulait battre la Russie sur le champ de bataille. Il a aussi dit, il y a eu un décret qui a été passé en octobre 2022.
01:54Mais c'est tellement loin de les rendre compte.
01:56Qui excluait toute négociation avec Vladimir Poutine. Qu'est-ce qui a changé depuis ?
01:59La situation sur le terrain et la situation à Washington. Il va falloir qu'on mette les pieds dans le plat aussi sur ce qui se passe à Washington.
02:06La dernière décision en date, c'est l'arrêt de USAID, c'est-à-dire l'aide américaine à l'étranger, au développement. On appelle ça l'aide française au développement pour ce qui nous concerne.
02:17Je vous donne un exemple. Comment le financement de l'aide au déminage américain. Les Français en est dedans, les Européens aussi.
02:25Les Américains ont dit non, on arrête de déminer toute une partie de l'Ukraine.
02:28Également le financement d'orphelinat ou d'aide encore à l'éducation. Tout ça, ça s'arrête.
02:34Vous avez aussi l'immense menace, on comprend que ça devient de plus en plus concret, d'arrêter l'armement de l'Ukraine depuis les États-Unis.
02:44Et avec ça, Zelensky se retrouve face à une situation qui devient totalement impossible alors qu'on ne montre quasiment plus les cartes de l'Ukraine.
02:52Pourquoi ? Parce que ça ne bouge pas depuis des mois et des mois.
02:55Est-ce que cette déclaration est un tournoi ? Est-ce que c'est un pas vers la paix ? Voilà la question qui nous occupe ce matin.
03:00Cette paix dont l'Ukraine rêve depuis trois ans. Alice Philips, vous êtes l'envoyée spéciale de BFM TV à Dnipro ce matin.
03:06Comment réagissent les Ukrainiens à cette ouverture de Volodymyr Zelensky ?
03:14Écoutez, plutôt bien en fait.
03:16Tous les Ukrainiens qu'on a rencontrés ce matin ici à Dnipro nous disent être d'accord avec Volodymyr Zelensky.
03:21Ils pensent que c'est une bonne chose, qu'il faut négocier avec Vladimir Poutine, même si ça veut dire concéder des territoires à la Russie,
03:28au moins pendant un certain temps, parce que cette population ukrainienne, elle est fatiguée, elle est épuisée.
03:32Ce matin, tous nous ont dit qu'ils souhaitaient une seule chose, que la guerre s'arrête parce que trop de personnes, trop de soldats, trop de civils
03:39sont morts depuis le début du conflit. Et puis ici, on est à Dnipro, on est seulement à une centaine de kilomètres du front.
03:45Il y a beaucoup d'alertes tous les jours, toutes les nuits, beaucoup de bombardements aussi, une ambiance de guerre qui se ressent un peu plus que dans la capitale, à Kiev par exemple.
03:53Et ça peut aussi expliquer ces réactions. Écoutez, c'était avec Caroline Bertolino tout à l'heure, ces habitants qui nous ont donné leur point de vue sur les déclarations de Volodymyr Zelensky.
04:04Cela vaut le coup de discuter. C'est mon opinion. La guerre ne mènera à rien de bon. Il y a tellement de victimes des deux côtés.
04:11Alors il doit y avoir des négociations pour que nos jeunes arrêtent de mourir.
04:16Oui, ils devraient parler avec Poutine pour que la guerre s'arrête. Je ne veux pas que des gens continuent de mourir à cause de cette guerre.
04:22Mais c'est terrible que tant de gens soient morts jusqu'ici.
04:27Tout le monde est fatigué. Les soldats, la population, l'économie du pays. Tout le monde attend que cette guerre se termine.
04:35Unanimité parmi ces habitants ici à Dnipro que nous avons rencontrés ce matin.
04:39Ça nous a étonnés, même avec Caroline Bertolino, parce qu'on est loin du temps où les habitants disaient qu'il ne fallait absolument pas négocier avec Vladimir Poutine.
04:46Mais cette fois-ci, après trois ans de guerre, c'est la réalité du terrain qui a pris le dessus et cette fatigue dans la population et aussi dans l'armée depuis maintenant trois ans.
04:55Merci Élise. Restez avec nous avec Caroline Bertolino à Dnipro. Il y a les mots de Volodymyr Zelensky cette nuit et puis il y a la réalité.
05:02Voici ce que disait Vladimir Poutine il y a à peine 15 jours.
05:06C'est possible d'engager des pourparlers avec tout le monde, mais comme Zelensky n'est pas légitime, il ne pourra de toute façon rien signer.
05:15S'il veut prendre part aux discussions, alors je désignerai des gens pour y prendre part aussi.
05:20S'il y a la volonté de discuter et de trouver un compromis, allons-y, quels que soient les interlocuteurs.
05:32Jean-Didier Revoy, vous êtes en direct de Moscou. Est-ce qu'il y a un commentaire ce matin du Kremlin sur les propos de Volodymyr Zelensky ?
05:39Pour l'instant, je n'ai rien vu de patent. Ce qu'on peut dire, c'est qu'on peut revenir à la position de Vladimir Poutine.
05:46Vous avez montré tout à l'heure qu'il, lui, n'était pas disposé à négocier avec Volodymyr Zelensky parce que d'une part, il estime qu'il n'est pas légitime
05:54dans la mesure où les élections présidentielles qui devraient avoir lieu en 2024 n'ont pas eu lieu, et donc il estime que son mandat est terminé.
06:02Et puis il a aussi parlé d'un décret qui date de 2022, un décret publié, signé par Volodymyr Zelensky et issu du Parlement ukrainien,
06:14qui interdit toute discussion pour parler avec la Russie tant que Vladimir Poutine est au pouvoir.
06:19Et donc on voit bien que maintenant, les deux hommes sont en train de jouer un petit jeu de pouvoir entre eux pour essayer de sauver la face
06:26et de mettre un maximum de pression l'un sur l'autre avant que les négociations ne débutent vraiment.
06:32Et pour l'instant, il semblerait que Vladimir Poutine soit en position de force par rapport au président ukrainien, Volodymyr Zelensky,
06:38qui, on le voit, c'est pour la première fois dit prêt à négocier, même avec Vladimir Poutine, pour soulager sa population d'une guerre qui vient de payer maintenant trois ans.
06:48Vous l'évoquiez, Patrick Sauss, ce qui a tout changé, c'est ce qui s'est passé aux Etats-Unis. C'est le facteur X, le facteur Trump qui a mis, qui a obligé les jacquins à s'incomber.
06:56Oui, tout à fait. Et avec sa diplomatie d'envoyé spéciaux, ça a fonctionné pour incesser le feu, mais on pourra encore en parler, on a toute la journée là-dessus,
07:05pour le Proche-Orient. Ça marche aussi, selon Trump, pour l'Ukraine. Il a, il faut apprendre son nom, Kiskelog, c'est un ancien général du Vietnam.
07:14Kiskelog, oui, alors il n'y a pas le S à la fin, voilà, mais un petit peu comme ça, si vous voulez, qui est l'envoyé spécial de Donald Trump pour l'Ukraine et la Russie.
07:23Il a donné une interview, il y a quelques jours, qui est passée un petit peu sous les radars, si je puis dire, qui a dit voilà le plan américain ou en tout cas notre plan pour la paix en Ukraine et en Russie.
07:33D'abord, incesser le feu, on gèle les choses. Ensuite, et c'est là que ça devient intéressant pour Volodymyr Zelensky, nous voulons, nous, Américains, une élection présidentielle,
07:42avec donc la possibilité de changer d'homme à la tête de l'Ukraine. Et ensuite, nous parlerons aux négociations de paix. Et là, vous retrouvez ce que vient de dire Jean-Diguet Revoy,
07:50c'est que Volodymyr Zelensky se retrouve assez écarté, essaye de sauver sa peau, mais pour l'instant, c'est bien Vladimir Poutine qui est en position de force pour des négociations.
07:59C'est sans doute lui qu'on retrouvera à la table des négociations. Vous avez entendu quatre pays ou entités.
08:07Piers Morgan, le journaliste gallois, juste avant, parlait des États-Unis, de la Russie, mais également de l'Union européenne qui serait autour de la table.
08:16Mais là encore, ça reste une conversation sur une chaîne YouTube qui paraît assez informelle.
08:22Mais la paix peut se faire sans les deux hommes ? C'est-à-dire qu'on ferait la paix avec Vladimir Poutine autour de la table, mais pas Volodymyr Zelensky qui serait remplacé, c'est ça ?
08:29C'est la grandeur, je dirais, d'une démocratie qui essaie d'avoir des temps pour changer ses hommes, ses femmes à sa tête.
08:38Il faut rappeler quand même, on parle de ce décret qui interdit toutes négociations. Il y en a un autre, celui qui instaure l'état d'urgence depuis le 24 février 2022.
08:46L'état d'urgence, ça veut dire que, grosso modo, les pleins pouvoirs sont donnés à un homme et à sa toute petite administration.
08:53Il y a eu quelques changements. Il n'y a pas véritablement de grandes lois qui sont passées au Parlement.
08:59Les programmes scolaires ne changent pas vraiment. Si vous regardez la télévision, c'est le même programme pour les informations depuis quasiment trois ans.
09:06Et là aussi, vous avez une fatigue démocratique qui se fait sentir. Vous sentez que certains sont déjà partis en campagne.
09:12Souvenez-vous de Petr Poroshenko, c'est l'ancien président de l'Ukraine. Lui, on peut le dire, il est déjà en campagne.
09:19Et donc, vous avez un certain nombre de forces contraires face à Volodymyr Zelensky qui, on ne l'a pas dit, mais sur la forme, se retrouve à lancer comme ça un tournant immense dans la guerre.
09:28Encore une fois, sur une chaîne YouTube.
09:30On entendait dans les réactions recueillies par Élise Philips qu'il a la population avec lui, mais est-ce que la population votera encore Zelensky ?
09:36Ça n'est pas tout à fait sûr. Il faudra une campagne. Il y aura un bilan. Et puis, c'est important qu'Élise Philips et Caroline Bertolino soient à Dnipro.
09:43C'est-à-dire qu'on ne pense pas forcément la même chose à Lviv ou encore à Kiev. Ces gens-là ont le bruit des bombes, ont les morts qui reviennent du front tous les jours, plusieurs fois par jour.
09:53Vous avez entendu plusieurs alertes par jour. Et cette fatigue-là, elle se trouve au moins sur les 1 500 km du front.