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00:00Je voudrais qu'on réécoute les mots de Gérald Darmanin qui a persisté et signé
00:08tout à l'heure lors d'un micro-tendu, ce qu'on appelle micro-tendu, le ministre était
00:12en déplacement et les journalistes évidemment lui ont posé cette question autour de cette
00:17phrase « être français ça ne peut pas être le hasard de la naissance ». Qu'a dit exactement
00:20Gérald Darmanin avant que nous en parlions avec Gilles Taurès et Paul Melin ?
00:26Moi je pense qu'on n'est pas français par hasard et que le droit du sol qui a apporté
00:30beaucoup à notre pays aujourd'hui connaît ses limites, me semble-t-il.
00:34Accéder à la nationalité ça va être un effort lorsque ses parents ne sont pas français.
00:39Comment on devient français c'est un très beau débat national, je pense que c'est une
00:42question profonde et l'immense majorité me semble-t-il des français je crois sont
00:46d'accord avec l'idée qu'il y a une sorte de volonté à devenir français et pas d'automatisme
00:50à devenir français.
00:51Voilà Gérald Darmanin qui demande un débat public sur le droit du sol en France après
00:56le vote en tout cas qui a été fait sur Mayotte.
00:59Bon, donc évidemment ça a déclenché pas mal de réactions, de commentaires.
01:03Evidemment, tout eu beau eu !
01:04Tout eu beau eu ! C'est les gens qui m'ont dit tout eu beau eu ! A gauche ça c'est sûr,
01:09bon ben voilà, c'est pas une surprise, et à droite, au centre, ça crée un peu de complexité.
01:15Déjà quand Gérald Darmanin avait évoqué la question du droit du sol à l'époque seulement
01:20sur le dossier de Mayotte quand il était à l'époque ministre de l'intérieur, ça
01:24avait déjà poussé un certain nombre de personnalités à pousser des cris d'orfraie expliquant qu'on
01:28revenait sur une tradition multiséculaire française d'accueil humaniste etc.
01:34En fait il ne faut pas se bercer de mots, la différence entre le droit du sol et le
01:38droit du sang c'est une différence de volonté politique, c'est-à-dire que si vous défendez
01:42le droit du sang, ça veut dire que vous êtes un pays d'immigration, et si vous défendez
01:46le droit du sol, ça veut dire que vous êtes un pays d'immigration et que vous souhaitez
01:49avoir plus d'immigration, dans notre histoire il y a eu un certain nombre de pays qui se
01:53sont construits comme ça, le Canada, les Etats-Unis d'Amérique, dès lors que les
01:56colons sont arrivés en Amérique du Nord, ils ont voulu de l'immigration, donc ils
02:00ont fait le droit du sol en disant, tous ceux qui arrivent on va en faire des Américains,
02:03on va en faire des Canadiens etc.
02:05Ce n'est pas la même chose en France qui est une vieille nation, qui a été par certains
02:09moments de son histoire une terre d'immigration, notamment de travail, où les Français quittaient
02:13la France pour travailler, aujourd'hui c'est arrivé au XIXe siècle notamment dans le
02:17cas de la Révolution industrielle, certains travaillaient mais très proches, en Allemagne
02:21notamment, en Italie, en Belgique, mais c'était de l'immigration de travailleurs, mais la
02:26tradition française aujourd'hui, c'est que la France n'est plus, en tout cas une
02:30bonne partie des Français ne veulent pas que ce soit, bon mais parce que vous savez
02:33dès qu'on parle d'histoire ou de philosophie, il décroche, mais après il va réagir, c'est
02:37compliqué pour Gilles Thorez, c'était pas le meilleur en classe en histoire, j'ai eu
02:4319 ans, je le taquine, c'est un contradicteur de haut niveau, blague à part, je pense qu'aujourd'hui
02:49les Français ne veulent plus être une terre d'immigration, et que dès lors il faut faire
02:52changer notre droit, et il faut le repenser, donc le droit du sol doit être repensé,
02:58déjà on est dans un droit du sol un peu particulier, le droit du sol n'est pas automatique,
03:01il faut attendre la majorité etc, mais on peut le réduire davantage, et c'est pour
03:05ça que je pense que Darmanin a raison.
03:06Franchement, j'entends ça depuis, non non pas ça, pas ça exactement, il faut changer
03:12les choses, il faut changer la loi, je peux vous citer une liste de changements, et rien
03:16ne bouge, et rien ne bougera facilement, pardon mais tout, changer une loi, ça prend énormément
03:21de temps, énormément de temps.
03:23Pardonnez-moi Pascal, mais surtout le droit du sol qui est constitutionnel, c'est-à-dire
03:27que la loi qui a été votée cette semaine sur la restriction du droit du sol à Mayotte,
03:32c'est une restriction, c'est pas du tout une abrogation, et en effet il y a ce sujet-là,
03:36et moi, évidemment, je trouve que Gérald Darmanin a raison de nous dire qu'il faut
03:41l'étendre à la question de l'ensemble du territoire français, Bruno Rotailleau l'a
03:45déjà fait, François Bayrou, contrairement à ce qu'on a pu dire, il l'avait dit lors
03:49de son discours de politique générale qu'il fallait l'étendre parce que quand il y a
03:5330 familles, quand il y a une famille dans un village pyrénéen au Sévenol, eh bien
03:57on arrive à les accueillir, quand c'est 30 familles, c'est de plus en plus compliqué.
04:01La question, c'est est-ce qu'on a les moyens de nos ambitions ? Actuellement avec l'Assemblée
04:05nationale que nous avons, nous ne l'avons pas, pourquoi ? Parce qu'on a une classe
04:08politique qui est déconnectée des attentes des Français.
04:10Vous voyez bien dans le Bloc central, il y a une division sur cette question du droit
04:14du sol.
04:15A gauche, les membres du Parti Socialiste, du Nouveau Front Populaire, ils sont complètement
04:21opposés.
04:22Vous savez combien de Français sont pour l'abrogation du droit du sol à l'ensemble
04:24du territoire ? 65% des Français.
04:27Donc est-ce que vous avez l'impression qu'il y a 65% des ministres qui sont favorables ?
04:32La réponse est non.
04:33Est-ce que vous avez l'impression qu'il y a 65% de notre Assemblée ? Non, pourquoi ?
04:36Parce qu'il y aurait une majorité à l'Assemblée, Jules ? Non, ce n'est pas vrai.
04:38Vous irrationnez le RN, le LR et le Bloc central.
04:40Eh bien justement, vous n'êtes pas sûr d'avoir une majorité, Paul.
04:43C'est bien, tout l'a le problème.
04:45C'est que cette majorité, et c'est l'échec d'Emmanuel Macron à la fin, c'est qu'en
04:48même temps, il n'a aucun sens.
04:50C'est que le « en même temps » qui a été théorisé et créé par Emmanuel Macron
04:53en 2017, il n'existe plus.
04:55Et on voit bien avec ces débats sur l'immigration, ces débats sur la sécurité et sur le bilan
04:59catastrophique d'Emmanuel Macron sur ces questions-là, ce n'est plus possible.
05:03Si vous reveniez sur le droit du sol aujourd'hui à l'Assemblée nationale portée par Bruno
05:06Retailleau, il pourrait être voté par LR, par le RN et par, on va dire, 80% du Bloc
05:11macroniste.
05:12Mais la loi immigration de Gérald Darmanin en décembre 2023, il a fallu y aller en commission
05:17mixte paritaire.
05:18Elle est passée.
05:19Elle est passée, mais à quel prix ?
05:20Alors, c'est ce que je dis.
05:21Elle est passée, mais à quel prix ? Il a fallu l'envoyer devant le Conseil constitutionnel.
05:25Donc, ne me dites pas.
05:26Je suis sûr que ça passerait.
05:27Non.
05:28De toute façon, sur ce sujet-là, comme sur bien d'autres, moi, je prends le référendum.
05:30Je pense d'ailleurs que le Président va bientôt s'exprimer à ce sujet-là, au sujet
05:33du référendum, ou des référendats, comme il dit, mais que redonner le pouvoir au peuple
05:37sur cette question-là, ça pourrait être intéressant aussi.
05:39De toute façon, on ne peut pas rester dans l'immobilisme, même jusqu'à 2027, ça
05:42fera trop tard.
05:43Donc, il faut agir maintenant.
05:44Si François Bayrou a vocation à ouvrir cette boîte de Pandore, il a dit qu'il n'était
05:47pas fermé à un débat sur l'identité nationale, etc., moi, ça me réjouit et ça va dans
05:52le bon sens.
05:53Sinon, on fait toujours.
05:54On ne joue qu'à cendre.
05:55François Bayrou, qui a 73 ans, qui a 40 ans de vie politique, qui est agrégé de l'être
06:00classique, il a besoin qu'on ait en faveur...
06:02Non, mais ce n'est pas un défaut, mais il a besoin de redéfinir ce que c'est l'identité
06:06française.
06:07Non, pas lui, mais la France.
06:08Il y a un certain Nicolas Sarkozy qui en a fait un débat sur l'identité nationale.
06:11Ce n'était pas inintéressant d'en parler.
06:13A l'époque, on avait entendu Pick Up on, notamment de la gauche, d'ailleurs, là-dessus.
06:16Mais Paul, que de temps perdu.
06:17Les Français, ils ont envie qu'on en parle de l'identité.
06:18Les Français, ils savent très bien ce que c'est l'identité française, ils savent
06:21très bien quelles sont les valeurs qu'ils défendent au quotidien.
06:24Le sujet, et c'est cette classe politique qui ne veut pas prendre des mesures fortes
06:28et réformer ce pays-là.
06:30Et on nous perd dans des débats sur l'identité française, alors que les Français, qu'est-ce
06:34qu'on fait ? Eh bien, on change, on fait des référendums.
06:36On change.
06:37Qui change ? On change déjà.
06:38On change notre classe politique, puisque visiblement, on ne peut pas faire grand-chose.
06:40On change cette Assemblée nationale où on sait qu'on ne pourra rien faire.
06:46Et puis, on adopte des vraies politiques.
06:48C'est la volonté du peuple, la composition de cette Assemblée nationale.
06:50Vous vous souvenez, c'est vrai ça, Emmanuel Macron ?
06:52On a le droit d'être en désaccord.
06:53Il n'y a pas de culture française.
06:54Exactement.
06:55Quand on a un Président de la République qui nous dit ça...
06:57Comment ça, on n'a pas de culture française ?
06:58Ce n'est pas ce qu'il a dit de plus brillant dans sa carrière.
07:00Non, ça c'est sûr.
07:01Vous n'allez pas réussir à nous le défendre, là.
07:02Non, non, non.
07:03Mais on ne peut pas dire ça, franchement.
07:04Bien sûr qu'il y a une culture française.
07:05Point de Melun, enfin, franchement, c'est des fous qui disent...
07:07Dévigance, il y a une culture française.
07:08Les Français sont un peu paumés.
07:09La notion d'identité et de culture française a été tellement mal traitée depuis les
07:14années 60, depuis mai 68, depuis les déconstructeurs, où on a dit, finalement, tout ça n'existe
07:18pas.
07:19Embrassez le multiculturalisme sur les deux joues, inspirez-vous des Etats-Unis d'Amérique,
07:22inspirez-vous de l'Angleterre.
07:23Tout ça n'a pas fonctionné et aujourd'hui il faut revenir là-dessus.
07:27Mais ça mérite quand même, pour moi, un débat, et les débats c'est toujours une
07:30bonne chose, parce qu'on a mis sous le tapis ces notions d'identité, de souveraineté,
07:35on en a fait des gros mots.
07:36Et si aujourd'hui, jusqu'au Premier ministre, qui est plutôt un centriste, un homme modéré,
07:40on commence à réouvrir ce débat-là, ça montre quand même que la bataille culturelle
07:43dans le pays, elle est en train de changer, et que ceux qui nous disent depuis des décennies
07:47qu'il n'y a pas de culture française, justement, sont en train d'être mis en minorité dans
07:51ce pays.
07:52Moi, je suis plutôt un optimiste sur tout ça.
07:53Bon.
07:54Je voudrais, tiens, juste vous faire réagir à cette information, Robert Ménard qui s'insur...
07:59Ah, vous avez vu, Robert Ménard qui risque 5 ans de prison, les 75 000 euros d'amende.
08:05Pourquoi ?
08:06Parce qu'il a refusé de marier une personne qui faisait l'objet d'une OQTF, qui a eu
08:10des problèmes avec la police, et donc, comme il a refusé, il n'avait pas le droit de refuser
08:16ce mariage, c'est lui qui risque jusqu'à 5 ans de prison et 75 000 euros d'amende.
08:21Il pourrait aussi perdre sa place de maire par révocation ministérielle.
08:26La boucle est bouclée, Pascal.
08:27La boucle est bouclée.
08:28On a...
08:29Il reste une minute.
08:30C'est le même sujet dont on parlait tout à l'heure avec M.
08:31Stefanini.
08:32C'est quand même dingue.
08:33Ce sont les sociétés kafkaïennes ou, à bien des égards, ce sont les lanceurs d'alerte
08:36pour les gens qui résistent à l'injustice, qui sont condamnés.
08:39Et c'est exactement la même dynamique que lorsqu'il y avait eu ces magistrats, vous
08:43savez, qui avaient parlé de narco-état, etc., et que c'était eux qui avaient été
08:45sanctionnés, alors même qu'ils étaient des lanceurs d'alerte.
08:47Donc, si vous voulez, ce serait vécu, à mon avis, comme une grande injustice et le
08:50juge de Péabézier, c'est les Biterrois et c'est à eux de voter pour M.
08:53Ménard.
08:54Et c'est surtout invraisemblable.
08:55C'est parce qu'il peut refuser quelqu'un, de se marier, en tout cas, à une personne
08:59sous au QTF, une personne qui a des problèmes avec la police, une personne qui est très
09:05soupçonnable, parce que je connais très bien ce sujet, parce que Robert Ménard m'en
09:08avait parlé, de mariage blanc, et donc, il y a plein de sujets et encore une fois, on
09:12va avoir des juges, pardon, il faut le redire, ce sont encore des juges qui, sans doute,
09:16vont condamner un maire pour avoir bien assuré la sécurité de ses concitoyens.
09:21De ses concitoyens et de ses administrés, et pardon, une pensée pour les maires qui
09:25ont franchement...
09:26Non, mais c'est un sacerdoce, être maire en France, c'est un sacerdoce, c'est un sacerdoce.
09:30Mais être maire, même être ministre, quand vous voyez ce qui arrive à Bruno Roteio aujourd'hui,
09:35on voit très bien qu'aucun élu ou dirigeant politique qui veut vraiment changer les choses,
09:40qui veut mettre de la fermeté dans ce pays, il est entravé par le droit.
09:43Jules Thorez, Paul Melun, merci infiniment, on se retrouve dimanche, vous revenez ?
09:47Avec joie, avec joie et avec plaisir.
09:48Ah génial, vous revenez dimanche à 19h.
09:50Oui, c'était un plaisir évidemment de vous avoir dans ce studio.
09:54Il est 19h56, une petite annonce pour les copains d'Europe 1.
09:57Tous les week-ends, samedi et dimanche, à 9h moins le quart sur Europe 1.
10:00Julia Vignali vous offre un tête-à-tête avec des personnalités incontournables.
10:04Demain, elle reçoit Costa Gavras pour son film Le Dernier Souffle, en salle mercredi
10:09prochain, le 12 février.
10:11Elle recevra un César d'honneur le 28 février prochain, lors de la 50e cérémonie des Césars,
10:16à voir en clair en direct et en exclusivité sur Canal+.
10:19Et à suivre également sur Europe 1, si vous ne pouvez pas être devant votre écran,
10:24le journal de 20h, tout de suite.