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00:00Exceptionnellement, on est ici à 16h30 parce qu'aujourd'hui c'est le rugby avec la rencontre
00:08France-Angleterre et on ne va pas perdre de temps.
00:11Bonjour Virginie Hubos, vous êtes chroniqueuse dans l'émission et puis on démarre avec
00:14Les Changements à la Une, Mathéo Lambleau.
00:17En ce samedi 8 février 2025, Mathéo Lambleau,
00:29Les Changements à la Une, on rentre dans la semaine anniversaire des 20 ans de la loi
00:33de 2005.
00:34Une loi visant à améliorer les droits des personnes en situation de handicap.
00:38A cette occasion, l'APF France Handicap organise avec le collectif Handicap une grande manifestation
00:44Place de la République à Paris ce lundi 10 février à 17h30.
00:48Simon Biaud, quels sont les objectifs de ce rassemblement ?
00:51Alors pour Pascal Rie, présidente d'APF France Handicap, cet événement doit faire
00:56bouger la République 20 ans après l'adoption de la loi du 11 février 2005.
01:01Pour elle, un sursaut citoyen est nécessaire à l'occasion de ce non-anniversaire.
01:07Alors pourquoi un non-anniversaire ? Car la loi n'est toujours pas appliquée, les discriminations
01:12sont constantes et les personnes en situation de handicap subissent une véritable ségrégation
01:18selon ses propos.
01:19Lors de cette manifestation, qui appelle à une prise de conscience collective, il y aura
01:24des prises de parole, la présence de personnalités publiques comme Artus ou Philippe Croizon,
01:30des performances artistiques ainsi qu'une animation de la statue de la République.
01:34Avec cette manifestation, les associations espèrent faire réagir pour que la vie en
01:39société des personnes en situation de handicap s'améliore réellement.
01:43Des explications de Simon Biaud.
01:44Et justement, Artus a fait un carton plein avec son film Un Petit Truc en Plus, 11 millions
01:48d'entrées au cinéma et le 30 janvier dernier, il a dévoilé sa fondation éponyme.
01:53Cette fondation fera appel à des dons qui serviront à construire ou à réhabiliter
01:57des lieux qui accueilleront des personnes avec un handicap mental pour leur offrir des
02:01vacances de rêve.
02:02Un Petit Truc en Plus sera sous l'égide de la fondation Personege, créée par l'acteur
02:06Lino Ventura.
02:07Elle a pour but d'accueillir et d'accompagner de façon adaptée les enfants et adultes
02:11touchés par une déficience mentale, un handicap physique ou psychique.
02:14Une athlète paralympique de boxe qui surfe sur la vague des jeux.
02:19Et bien oui, Aurélie Aubert, championne olympique de boccia à Paris cet été, a remporté
02:23le week-end dernier le titre de championne de France à Foix.
02:26Elle devient la première femme à remporter le titre national.
02:29Place maintenant un nouvel objectif, les championnats d'Europe à Zagreb en juillet
02:33prochain.
02:34Les Changements à la Une avec Mathéo Lambleau.
02:36Agissons ensemble pour une société plus juste.
02:40L'association APF France Handicap vous a présenté Sud Radio, les Changements à la Une.
02:47Les Changements à la Une à retrouver chaque semaine dans Sud Radio.
02:50Faut que ça change.
02:51Simon Biaud, je me tourne vers vous puisque la semaine passée on a reçu Laurence Péco-Rivolier
02:59qui est en charge de la protection des publics et de la diversité de la société française
03:04à l'ARCOM, l'autorité de régulation des communications électroniques, de l'audiovisuel
03:08et du numérique.
03:09On lui a fait réagir sur les propos qu'avait tenus Luc Ferry sur un LCI avec Darius Rochebin.
03:16Il a publié un correctif auprès du SOS Autisme, en tout cas il y a un mea culpa, puisqu'on
03:25en a parlé, on a tenu à rétablir sa vérité.
03:29Donc dans son communiqué adressé à SOS Autisme France, Luc Ferry a déclaré « Cher
03:36Olivia Catan, chère présidente de SOS Autisme France, bien évidemment je ne parlerai pas
03:41des Asperger en général, mais uniquement de l'émission de télé qu'Elon Musk a
03:46faite sur son cas.
03:47Il y explique qu'il sait combien il est parfois bizarre et aussi combien il est génial,
03:53et il explique ces deux traits de sa personnalité par son Asperger qu'il veut révéler au
03:58grand public.
03:59Il termine en disant « Alors croyez-vous que je sois un type calme et normal ? Evidemment
04:04non, je suis Asperger.
04:06C'est à cela que je faisais référence et c'est lui qui fait de son Asperger la
04:11cause à la fois de ses délires et de son génie.
04:14J'ai le plus grand respect pour tous ceux qui vivent avec ce syndrome et pour tous ceux
04:19qui s'en occupent.
04:20Je suis désolé de ce malentendu sur un sujet qui me touche de très près.
04:24»
04:25Un sujet qu'il touche de très près, d'autant plus qu'il nous a déclaré lorsqu'on l'a
04:29contacté qu'il avait lui-même un neveu atteint du syndrome d'Asperger et qu'il
04:32était très malade.
04:34Si on peut considérer l'Asperger et l'autisme comme une maladie, ce n'est pas l'avis
04:39des associations en tous les cas.
04:40Mathéo Lamblot, lundi dernier, le 3 février, nous avons eu le bonheur de constater l'arrivée
04:49d'un skipper, Damien Seguin.
04:50« Vous êtes né sans main gauche, vous êtes devenu en 2021 le premier skipper en
04:55disport à boucler un tour du monde en solitaire sans escalier, sans assistance.
04:59Et vous avez su convaincre que votre handicap n'était pas un affreint à la performance
05:04et lors de votre premier Vendée Globe, vous êtes terminé à la septième position.
05:07Vous avez marqué les esprits en jouant très souvent aux avant-postes et cette année,
05:12en 2024, vous êtes terminé quinzième du Vendée Globe après 84 jours, 20 heures et
05:1731 minutes.
05:18J'ai une première question à vous poser Damien Seguin, comment on se sent après 84
05:23jours en mer ? »
05:24« Je viens juste de poser le pied à terre et je suis hyper content et hyper fier d'avoir
05:30terminé mon deuxième tour du monde en solitaire et forcément fatigué.
05:35C'est une compétition un petit peu hors norme et c'est le sentiment de fierté qui
05:41domine même si j'aurais aimé faire mieux que quatre ans auparavant mais forcément
05:47les conditions n'étaient pas les mêmes, beaucoup plus difficiles cette année au niveau
05:50météorologique.
05:51Il fallait déjà boucler ce tour du monde et c'est chose faite et encore une fois j'en
05:56suis très fier.
05:57»
05:58« Comment on fait quand on est dans votre situation ? On a des adaptations spécifiques
06:01à bord ? »
06:02« Alors déjà il faut savoir que mon handicap, je l'ai depuis ma naissance donc j'ai passé
06:07ma vie à essayer de m'adapter et à construire avec, que ce soit sur les gestes de la vie
06:14quotidienne mais aussi dans mes gestes sportifs.
06:16Le bateau est juste adapté au niveau de la colonne de winch pour que je puisse utiliser
06:23la puissance de mes deux bras avec un manchon qui est adapté au fait que j'ai qu'une
06:27seule main.
06:28Mais sinon c'est le même bateau que les autres et ça j'y tenais, comme ça la performance
06:35au final elle n'a rien à envier et puis il n'y a pas d'opage mécanique sur mon bateau
06:46par rapport au bateau dans la Lille.
06:48»
06:49« Vous avez évoqué vos difficultés en course mais maintenant que vous êtes de retour sur
06:53terre, quelles sont les premières choses que vous avez hâte de retrouver après ces
06:57semaines d'isolement ? »
06:58« Les premières choses c'est des choses toutes simples, c'est un vrai lit, un vrai
07:03matelas, une vraie douche à l'eau claire, c'est des choses toutes simples et finalement
07:09ça fait 424 jours que j'en suis privé mais c'était un choix, c'est des conditions assez
07:15précaires de vie à bord de nos bateaux et puis le fait de retrouver des gens, la famille
07:19etc.
07:20Donc c'est des choses toutes simples avec lesquelles on pense et puis après c'est reprendre
07:25une vie sociabilisante, on va dire ça comme ça, mais avec le sentiment d'avoir accompli
07:31un véritable exploit en faisant un deuxième tour du monde.
07:34»
07:35« Damien Seguin, on vous remercie d'avoir pris le temps de nous parler et bon retour
07:38parmi les vôtres et ne bougez pas sur Sud Radio, on revient juste après ça.
07:49Les 20 ans de la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances des personnes en
07:54situation de handicap qui a été promulguée le 11 février 2005, c'est-à-dire presque
08:0020 ans puisque nous sommes le 8 février 2025 et dans quelques jours, nous célébrerons
08:06ou nous ne célébrerons pas et ça nous allons le voir justement avec nos invités, Mickaël
08:11Jérémias, bonjour.
08:12Alors, vous êtes président de l'association Comme les Autres et nous avons également
08:19rejoint Marianne Monchamp, vous êtes directrice générale de l'OSIRP.
08:23Bonjour.
08:24Bonjour, vous régulez finalement les instances et les institutions qui s'occupent des rentes
08:29et des prévoyances, on sait bien ça ?
08:30C'est ça.
08:31Et vous avez été à l'époque en 2004 secrétaire d'État en charge des personnes en situation
08:37de handicap et vous avez vu naître finalement cette loi que Jean-François Matéi, votre
08:43prédécesseur, le ministre en charge de la santé des personnes en situation de handicap
08:47en 2022, avait lancé dans sa programmation et en 2005, vous l'avez vu naître cette
08:53loi.
08:54Mickaël, il semblerait que célébration, ce ne soit pas vraiment le mot que vous choisiriez
09:01vu ce qu'on a pu lire ici et là dans les médias vis-à-vis du regard que vous portez
09:07sur le handicap, enfin sur cette loi du handicap ?
09:09Je pense qu'il n'y a personne aujourd'hui qui a vraiment envie de célébrer une loi
09:14qui pourtant promettait des choses magnifiques et qui est remplie de beaucoup de bon sens
09:19pour la plupart des amendements de cette loi.
09:21La réalité, c'est qu'aujourd'hui, vous le savez, être handicapé, c'est la première
09:26cause de discrimination en France, donc non, on ne va pas se réjouir d'une loi qui en
09:302015, donc 10 ans après sa promulgation, devait changer profondément nos conditions
09:36de vie.
09:37Vous avez parlé d'égalité des droits et des chances et de participation à la citoyenneté.
09:40En fait, cette loi a suscité l'espoir de millions de personnes handicapées et tout
09:43autant de proches aidants et aimants, donc non, on ne sera pas à la fête et d'ailleurs
09:48la veille de cette date anniversaire, on se mobilisera pour justement dénoncer beaucoup
09:55plus fort qu'on l'a fait dans le passé les conditions de vie de millions de personnes
09:58aujourd'hui en France.
09:59Deux piliers faisaient partie de cette loi, celui de l'accessibilité générale à la
10:05société.
10:06Evidemment, Michael, vous venez d'en parler, mais également le principe de compensation
10:11au handicap.
10:12Là-dessus, Michael, on peut dire que la France est quand même un pays généreux.
10:15Oui, mais vous savez, ce qui est intéressant, c'est qu'en fait, je pense, si vous demandez
10:20aux personnes handicapées, donc aux personnes concernées, on n'a pas envie d'une société
10:24en fait qui compense notre handicap.
10:25On passe notre temps en fait à compenser, à s'excuser, à culpabiliser, de ne pas être
10:29capable de permettre aux personnes handicapées d'être des citoyens à part entière.
10:33Si on venait à régler la question de l'accès à la cité, à la citoyenneté planée entière
10:36de tout le monde, on n'aurait pas à compenser quoi que ce soit.
10:39Mais en même temps, les compensations, c'est quoi la compensation aujourd'hui ? Combien
10:42de personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté ? Nous, on fait partie, parmi
10:46toutes nos revendications, il y a ce principe de revenu minimum d'existence qu'on veut
10:49mettre au niveau justement du seuil de pauvreté, donc à 700 et quelques euros par mois.
10:54Donc, on n'est pas en train de parler de quelque chose de complètement fou.
10:56Donc, la réalité aujourd'hui, c'est qu'il y avait des engagements forts.
11:00Il devait y avoir 100% des espaces accueillants du public accessibles à tous.
11:04Aujourd'hui, on en est à peine à la moitié.
11:06La question de la compensation était un des sujets, mais on peut parler de l'accès
11:09au logement, l'accès à l'éducation, l'accès à la culture, au sport, à la sexualité.
11:13Il n'y a jamais eu de débat depuis cette loi de 2005 à l'Assemblée sur la vie intime
11:17des personnes handicapées, sur les assistants sexuels, qui est encore un énorme tabou.
11:20La réalité, c'est qu'aujourd'hui, quand vous êtes handicapé en France, vous vous
11:23êtes entravé, vous n'avez pas accès à la citoyenneté planée entière, vous n'avez
11:27pas accès, en tout cas, à ce qui vous permet de jouir de ce que la société a à offrir.
11:30Vous pouvez tout simplement survivre et encore, c'est compliqué.
11:33J'en profite d'avoir un plateau à Virginie Dubos qui, elle-même, est en situation de
11:37handicap.
11:38Je rappelle, vous êtes chroniqueuse dans l'émission, vous êtes aussi consultante
11:40et experte dans le domaine du luxe.
11:43Vous partagez ce que vient de dire Mickaël Jérémias ?
11:46Alors, je partage.
11:47Et en fait, il y a quelque chose qui est vraiment flagrant.
11:49Ça va être depuis la loi Elan qui a été votée, qui permet, qui devait justement
11:57permettre à tous les logements d'être 100% accessibles, mais qui a été baissée à 10%.
12:02Donc, moi, c'est clairement en sortant de l'hôpital, quand on fait face à un accident
12:06et qu'on se retrouve à mobilité réduite du jour au lendemain.
12:09Là, on est face à la réalité et on se rend compte que non seulement c'est très compliqué
12:13de trouver un logement quand on est en situation de handicap, encore plus, mais qu'en plus,
12:18on nous réduit de 10% nos chances.
12:20Donc, bien évidemment, moi, je suis d'accord avec Mickaël, mais sur des exemples concrets
12:24comme ça, c'est vraiment flagrant et le quotidien est encore plus difficile quand
12:29on est dans des situations concrètes.
12:31Et vous, alors, Marianne Monchamp, le bilan, il est difficile quand vous entendez Mickaël,
12:36quand vous entendez Virginie et probablement bien d'autres ?
12:38Je vais vous dire ce que je ressens.
12:40La loi, elle fixait un cadre qui est un cadre ambitieux.
12:45Elle a été voulue par Jacques Chirac à l'époque, qui était président de la République.
12:49Et moi, je dois dire que quand on a...
12:51Le même qui avait d'ailleurs initié la loi de 75.
12:53Et je dois dire que quand on a fait adopter la loi, j'ai le souvenir de la bataille dans
12:58l'hémicycle parce qu'on y entendait quoi ?
13:01On y entendait la société française qui était en train de dire mais non, mais non,
13:05ça ne va pas être possible.
13:06Et pourtant, à ce moment-là, des choix ont été faits qui sont des choix très offensifs.
13:12L'accessibilité universelle, le fait de considérer que le handicap, c'est aussi
13:19le handicap cognitif et le handicap psychique et pas que les handicaps physiques, sensoriels
13:24et intellectuels.
13:26Le fait d'ouvrir le droit à compensation, et je ne partage pas l'avis de Mickaël sur
13:31la question du droit à compensation, il ne faut pas confondre la compensation, ça n'a
13:35rien à voir avec un truc caritatif, ça n'a rien à voir avec ça.
13:38Et ça n'a rien à voir avec le fait de nier la situation de handicap, c'est simplement
13:43permettre par des moyens financiers, humains, techniques, matériels, animaliers, de disposer
13:49de conditions qui font qu'avec la situation de handicap, on arrive malgré tout à exprimer
13:55mieux ses aspirations, à être un citoyen par entier.
13:57Alors après, quand on fait voter un texte, j'ai envie de dire que la société s'en saisit
14:01ou pas.
14:02Et est-ce que la société française s'en est saisie ? J'ai envie de dire partiellement.
14:07– Mickaël Jaramia, il me semble qu'on a vu que la société s'en est saisie pendant
14:11les Jeux paralympiques et pendant les Jeux olympiques.
14:13– Oui, non, je vais juste revenir sur la compensation, dans une société qui serait
14:19pensée pour tous et dans laquelle on est intégré dans les processus de réflexion
14:24et pas uniquement sur les enjeux d'accessibilité, toutes ces questions de compensation seraient
14:27en partie réduites, voire disparaîtraient.
14:31Je n'ai évidemment rien contre le fait qu'une personne malvoyante puisse bénéficier
14:35d'un chien guide d'aveugle et financé par l'État, bien évidemment, mais il y a
14:38énormément de choses aujourd'hui qui sont faites…
14:40– Ce qui n'est pas le cas d'ailleurs, un chien guide n'est pas financé par l'État.
14:45– Ce n'est pas l'État, de toute façon, ce sont les collectivités prolétariennes.
14:48– Oui, ça devrait probablement.
14:49– Et bien l'AMDPH.
14:50– L'AMDPH.
14:51Mais si vous prenez le cas d'une personne avec un handicap psychique, quelqu'un qui
14:54a une schizophrénie, là pour le coup, l'acceptabilité par le corps social de sa différence, j'aime
15:01autant vous dire qu'alors là pour le coup, la marche au sens propre et au sens figuré
15:05elle est haute.
15:06Et moi, ce que je veux dire ici, c'est que vous pouvez faire toutes les lois que vous
15:09voulez, si la société ne bouge pas, les lois, elles ne sont pas effectives.
15:14Et ce dont nous parlons, c'est ça, comment se fait-il ? Comment se fait-il qu'aujourd'hui
15:21il y ait encore… Vous parliez du logement, mais c'est tellement vrai, tellement de réticence.
15:25Comment ? C'est parce que derrière vous avez des lobbies, vous avez des gens pour
15:29lesquels tout ça amène soi-disant une évolution de leur modèle économique.
15:34Malgré tout, je veux quand même dire que certains acteurs, et en particulier dans le
15:38champ de l'audiovisuel, si vous prenez cette illustration, ont fait des efforts qui sont
15:44tangibles et considérables.
15:45Alors après, il y a deux manières d'être…
15:471% malgré tout de la présence du handicap sur les montagnes.
15:50Non, je vous parle de l'accessibilité audiovisuelle, c'est-à-dire les sous-titrages, la télé-description,
15:57la traduction en langue des signes.
16:00Attendez, moi je ne suis pas là, ce n'est pas parce que j'ai fait voter ce texte que
16:03je suis venue dire « vive machin, vive truc ».
16:06Non, mais nous on est là pour vous entendre, 20 ans après, c'est quoi le regard que vous
16:09portez objectivement là-dessus ?
16:10Moi ce que je dis, c'est que le législateur, il a fait un texte qui, s'il est appliqué,
16:19donne la possibilité d'une évolution sociétale réelle.
16:23Maintenant, ce qui m'intéresse, c'est de savoir ce qui se passe dans la tête de mes
16:27compatriotes quand ils décident, de manière directe ou indirecte, de ne pas respecter
16:33l'obligation légale.
16:34Et ça, je dois vous avouer, c'est vrai que ça m'interroge.
16:36Est-ce que vous ne pensez pas qu'en France, finalement, si on n'a pas de sanctions, les
16:40choses n'avancent pas ? On se rend compte en fait que finalement, il n'y a que ça,
16:45les sanctions financières.
16:46Oui, les sanctions, et puis sanctions aussi, j'ai envie de dire, de la réputation, de
16:50la réputation.
16:51Exactement, parce que l'éthique d'une personne ne suffit pas, il faut sanctionner.
16:55Mais bien sûr, disons ce qui se passe, et d'ailleurs de très nombreux leaders d'opinion,
17:00d'influenceurs, et Mickaël Jérémias en fait partie, et qu'à l'influenceur, disent
17:05cette vérité-là, et il a bien raison de le faire, mais pour autant, je fais une différence
17:10entre l'intention du législateur, que personnellement je trouve plutôt louable, et la réalité
17:15d'une société.
17:16Et j'ai envie de dire, en plus, on ferait bien de s'en occuper, parce que dans une société
17:21qui avance en âge, et à grands pas, c'est un sujet qui mérite que ce que le législateur
17:27a voulu faire sur le handicap puisse bénéficier, j'ai envie de dire, à tout le corps social.
17:32La crécipité, ça concerne vraiment tout le monde, surtout avec une population vieille.
17:36Mais bien sûr.
17:37Voilà, bien sûr.
17:38Mickaël Jérémias, quand vous, tout à l'heure, vous disiez que vous n'étiez pas d'accord
17:42avec, en tout cas, le principe que défend Marianne Monchant, en tout cas sur le point
17:48de vue de la compensation, derrière, vous avez aussi déclaré, chez Handicap.fr nos
17:53confrères, que vous trouviez que la loi de 2005, elle avait été déconstruite, décousue
17:57peu à peu, par les lois qui ont suivi.
18:00À quoi vous faisiez référence, exactement ? Parce que peut-être que ça peut éclairer
18:03le débat.
18:04Oui, c'est pas faux.
18:05Elle a été détricotée, encore une fois, et Marianne le sait très bien, moi je fais
18:07partie de ceux qui pensent que la loi de 2005, elle était extrêmement porteuse d'espoir,
18:14et assez juste, en tout cas dans la manière dont elle a été pensée, elle a été travaillée.
18:17Est-ce qu'elle a posé des droits fondamentaux ?
18:19Le problème des droits fondamentaux, c'est que si ils ne sont pas appliqués, en fait,
18:24on s'en fout, c'est-à-dire que c'est très bien de faire une bête, mais si la loi, qui
18:27applique la loi, parce que moi je veux bien que la société s'en empare, mais moi si
18:30je fais voter une loi, parce que c'est moi qui suis président de la République ou qui
18:34suis Premier ministre ou chef du gouvernement...
18:36Bien sûr.
18:37Bientôt, bientôt, Mickaël.
18:38Bientôt, peut-être.
18:39Mais en tout cas, je m'assure que les lois, elles soient appliquées.
18:42Ceux qui ne respectent pas la loi, jusqu'à preuve du contraire, sont donc dans l'illégalité,
18:45et donc à un moment, moi, j'ai pas d'enjeu personnel de faire du tout répressif, mais
18:50quelqu'un qui ne respecte pas l'obligation d'emploi, par exemple, paye des amendes.
18:54Vous voyez, ça a été fixé à 6% pour les entreprises de plus de 20 salariés.
18:58Eh bien, aujourd'hui, qu'est-ce qui fait que plus de la moitié des bâtiments accueillants
19:02de public ne sont pas accessibles ? Est-ce que l'État, est-ce que les collectivités
19:05aussi ont fait preuve d'exemple ? Non, vous avez énormément aujourd'hui d'écoles, de
19:09palais de justice, de mairies qui ne sont pas accessibles.
19:12Et donc, à un moment, moi, je veux bien que cette loi, en tout cas, on se prenne le temps
19:16d'en discuter, de la décortiquer, de dire ça c'est bien, ça, il faut le renforcer.
19:20Ça, effectivement, on a fait une connerie sur la loi Elan, mais les lobbys...
19:23La loi Elan, on rappelle, qui est passée de 100% de logements accessibles dans l'obligation
19:26à 20% de logements accessibles.
19:29Bien sûr, mais qu'est-ce qu'on fait, en fait, à ce moment-là ? Moi, je veux bien
19:32dénoncer.
19:33Pas de problème, on dénonce.
19:34Là où je vous crois, Marianne, c'est qu'effectivement, ça n'est pas que la respecter du législateur.
19:38Mais par contre, il faut qu'il soit exemplaire.
19:39C'est-à-dire que le législateur, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire
19:42appliquer la loi, et la loi qu'en plus, lui, a fait voter, ce qui est le principe de base,
19:47et en parallèle de ça, avec vous, mais parce que vous avez garanti qu'il y a un accès
19:51à l'école de la République pour tous dès le plus jeune âge, pour n'importe quel enfant
19:54de la République, comme c'est fait en Italie depuis les années 70, où là, nous, ensuite,
19:58on prend le relais.
19:59Et si demain, il y a quelqu'un, dans son taxi, dans son restaurant, dans sa boîte
20:01de nuit, dans son entreprise, qui nous discrimine, on fera tout ce qui est en notre pouvoir pour
20:06que cette personne-là ne puisse plus jamais le faire.
20:08Mais en attendant, la personne, pourquoi elle se dit...
20:10Pourquoi elle a ce festisme ? Elle se dit qu'elle n'était pas obligée de le faire.
20:12Parce qu'en fait, on est tranquille avec elle.
20:14Si l'État ne prend pas sa responsabilité là-dedans et n'est pas exemplaire, les gens
20:19se disent qu'il n'est pas si grave qu'une personne handicapée, finalement, ne puisse
20:21pas faire ce que moi, je peux faire.
20:22En même temps, il n'y a qu'à ne pas faire le con et à traverser sans regarder.
20:25Puis en même temps, ça n'arrive qu'aux autres d'être handicapés.
20:27Ben non, 41% des personnes handicapées le sont au cours de leur vie.
20:31Donc aujourd'hui, moi, j'attends de l'État, 20 ans après cette loi, qui devait, 10 ans
20:35plus tard, révolutionner notre condition de vie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
20:39prenne sa part de manière extrêmement rigoureuse et exemplaire pour qu'ensuite, on n'épargne
20:43personne et que chacun et chacune d'entre nous prenne ses responsabilités pour qu'on
20:47fasse société ensemble et qu'on vive ensemble, le vivre ensemble, que ce ne soit pas juste
20:51une vaine promesse politique.
20:52C'est ça, en fait, qu'on raconte.
20:53Et c'est aussi pour ça que nous, on fait un appel et un appel citoyen le 10 février
20:58à 17h30 Place de la République.
21:00Oui, j'entends ce que dit Mickaël et je ne suis pas loin de le rejoindre.
21:06Ce que je veux dire, c'est que si vous voulez, je pense qu'on a besoin de vivre dans une
21:12société avec un très haut projet social.
21:14Je crois que précisément parce que les temps sont difficiles, précisément parce que les
21:20finances publiques sont aujourd'hui un peu en panne sèche, la fausse bonne idée serait
21:25la restriction, l'attrition et le renoncement.
21:28Oui, mais pour autant, je crois profondément parce que ce que l'on ne voit pas, c'est ce
21:33gigantesque coût de perte de chance que subit une société tout entière.
21:38Pour autant, ce n'est pas qu'une question d'argent, c'est-à-dire que le président de la République,
21:41il a mis 1,5 milliard d'euros sur la table il y a deux ans, il a affecté 300 millions
21:46sur le fonds territorial à l'accessibilité porté par Olivier Grégoire et puis Fadila
21:50Katabi, ancienne ministre respectivement des PME et des personnes en situation de handicap.
21:55Et en fait, quand j'ai reçu la ministre Charlotte Parmentier-Lecocq ici il y a à peu près trois
22:01semaines, elle nous disait qu'en fait le fonds ne marchait pas.
22:04Donc probablement aussi qu'il y a trop de paperasse, trop de difficultés à pouvoir
22:09enclencher les choses.
22:10Oui, il y a une tendance, pardonnez-moi, il y a une tendance à avoir une technostructure
22:17envahissante qui, dès qu'une impulsion se fait jour, cherche à la normer, à la normaliser
22:23et complique les choses.
22:24Mais je pense que c'est vraiment une question qui doit intéresser tous les acteurs de notre
22:29société.
22:30Parce que sinon, effectivement, nous constaterons dans dix ans que nous sommes encore très
22:33très loin de notre objectif.
22:34Et pour en revenir sur le fonds d'accessibilité, moi je m'étais rapprochée justement de Coersant
22:38qui était ravie d'avoir cette mesure et ces fonds déclenchés, sauf qu'il trouvait
22:42vraiment que les formalités administratives étaient beaucoup trop lourdes et qu'ils m'ont
22:52dit, écoutez, moi je préfère continuer comme ça, quitte à refuser des gens, plutôt
22:56que de rentrer dans tout cet administratif qui est très lourd et finalement nous fait
23:00perdre du temps et n'est pas rentable pour nous.
23:03Michaëlle Jaramiaz, on approche à la fin de l'émission, vous aujourd'hui vous vivez
23:07entre Paris et Londres, quelle est la différence notable que vous faites entre les deux villes ?
23:11Si on prend des exemples d'accessibilité, quand vous arrivez à la gare Saint-Pancras,
23:19contrairement à la gare du Nord, vous n'avez pas des passerelles électriques qui sont
23:25évidemment trop vieilles, qui tombent en panne assez régulièrement, vous avez des
23:28plateformes beaucoup plus larges sur des quais qui ont été pensées pour tout le monde
23:30et qui servent uniquement la personne en fauteuil roulant mais les passagers avec leurs valises
23:35qui n'a pas manqué de se casser la gueule une fois dans sa vie en descendant les escaliers
23:38d'un train, les marches d'un train.
23:39Quand vous arrivez pour prendre le taxi, contrairement à la gare du Nord, je ne suis pas prioritaire
23:43à la gare Saint-Pancras, par contre 100% des taxis ont une rampe intégrée, ils sont
23:46accessibles.
23:47Le métro est une option, même si 100% du métro n'est pas accessible, c'est une option
23:50de déplacement et puis surtout c'est le regard porté sur l'autre, ce n'est pas vraiment
23:53un sujet que je sois une personne en fauteuil roulant quand je me déplace dans la société.
23:57Donc juste pour conclure, je me permets, complètement d'accord sur le fait que c'est la responsabilité
24:02de la société dans son ensemble, la société doit y prendre sa part, rien n'empêche un
24:06restaurateur, même s'il y a une petite marche à l'entrée de son restaurant, de faire un
24:09grand scout, bienvenue, comment je peux vous aider ? Rien n'oblige un taxi de vous mettre
24:12la main sur l'épaule après chaque fois que vous le prenez et qu'il vous dise bon courage.
24:15Tout ça, ça ne coûte pas d'argent.
24:17Aujourd'hui, il y a ce que la société doit faire et ensuite il y a ce que l'État doit
24:21faire, ce que le législateur doit imposer.
24:24Et vous parliez de coûts, c'est aussi peut-être des rentrées potentielles.
24:27Moi, les promoteurs immobiliers qui ont mis une pression de chaque instant pour qu'on
24:31passe de 100% à 20% de logements neufs accessibles, mais moi, je n'ai aucun scrupule à ce que
24:36ces personnes-là, qui ont fait de l'obstruction, le payent un jour ou l'autre.
24:39On ne parle pas de faire payer l'individu qui a des faibles ressources.
24:43Tous les groupes, tous les lobbies justement, tous les gros lobbies qui ont fait que cette
24:49loi qui était, à mon sens, plutôt ambitieuse, et je le reconnais vraiment parce que je l'ai
24:54suivi depuis le début et on en a déjà parlé et on a travaillé ensemble, fait qu'aujourd'hui,
24:59en fait, elle a suscité surtout beaucoup d'espoir, mais beaucoup de déception.
25:02Et il n'y a rien de pire.
25:03On n'a qu'une vie.
25:04Marianne, vous le savez.
25:05Comme moi.
25:06On n'a qu'une vie.
25:07Merci.
25:08On en reparlera dans 20 ans.
25:09En fait, ce n'est pas acceptable.
25:10Merci Mickaël Jeremias, président de l'association Comme les Autres.
25:13On vous retrouve le 10 février, Place de la République à 17h30.
25:16Merci Marianne Monchamp.
25:17Vous êtes directrice générale de l'OSIRP et ancienne secrétaire d'État en charge
25:21des personnes en situation de handicap.
25:23Nous continuons sur Sud Radio avec le rugby.
25:27Deuxième journée, France-Angleterre, ne bougez pas, ça promet d'être exceptionnel.