Olivier Christen, procureur national antiterroriste, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV ce mardi 11 février 2025
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00:008h32 sur RMC et BFM TV, bonjour Olivier Christian, vous êtes le procureur national antiterroriste, merci de prendre le temps de venir ce matin répondre à mes questions
00:12et pouvoir nous faire au fond l'état de la menace terroriste en France aujourd'hui, les éventuelles perspectives, les craintes que vous avez, le profil de ceux qui pourraient nous menacer.
00:23Ma question elle est d'abord toute simple, quel est l'état de la menace terroriste aujourd'hui au moment où on se parle ?
00:29Alors nous avons une menace qui depuis fin 2023 tente à croître avec une recrudescence de la menace qu'on appelle le djihadiste qui aujourd'hui se caractérise de plusieurs façons.
00:45Ce qui peut être pour parler en termes chiffrés, on a augmenté de 70% le nombre de procédures que nous avons ouvertes en 2024 par rapport à 2023 sur ce contentieux-là qui devient, comme ça l'était déjà depuis quelques années, le principal contentieux sur lequel nous travaillons désormais.
01:05Ça veut dire qu'elle est la première menace pour vous et elle revient, c'est-à-dire que vous aviez l'impression qu'il y avait une sorte de reflux de cette menace du terrorisme islamiste ?
01:14En tout cas tel que nous mesurons par rapport au nombre d'enquêtes que nous ouvrons, oui il y a un retour de la menace djihadiste aujourd'hui qui se caractérise principalement par une menace,
01:30alors je ne fais plus trop la différence, en tout cas pas de cette façon-là, entre ce que pendant longtemps on a distingué entre la menace endogène et la menace exogène,
01:38parce qu'en fait l'ensemble de la menace terroriste djihadiste est aujourd'hui nature exogène.
01:44Pour être très clair, si il n'y a pas aujourd'hui, on ne considère pas que le risque d'avoir des commandos qui viennent sur notre territoire constitue la menace la plus prégnante,
01:53c'est toujours des choses qui peuvent arriver, mais on y reviendra peut-être, différents dispositifs qui ont été mis en œuvre permettent aujourd'hui de prévenir ce risque pour l'essentiel,
02:03d'autant que les calendriers des agendas des principales organisations terroristes internationales, que ce soit Daesh, l'État islamique, au Khorasan ou Al-Qaïda,
02:15est moins tourné vers l'Europe occidentale que sur un agenda local pour eux aujourd'hui.
02:22Les deux autres formes de la menace exogène, elles se caractérisent soit sur ce qu'on appelle une menace commandée, soit sur une menace inspirée.
02:31La première qui est la menace commandée, c'est-à-dire d'activer des personnes qui seraient déjà sur le territoire aujourd'hui,
02:38et qui sont en général des personnes qui n'ont pas forcément quitté le territoire, mais qui par le biais des différents réseaux qui existent, sont entrées en contact avec les organisations internationales.
02:50Donc ils n'ont pas besoin de venir de l'étranger en quelque sorte, mais ils sont en contact avec l'étranger.
02:55C'est pour ça que je l'appellerais la menace commandée, puisqu'elle est quand même déclenchée de l'étranger.
03:00Et l'autre qui est une menace inspirée, qui est aujourd'hui sans doute la plus importante,
03:04qui est la menace qui est inspirée par la propagande massive qui est diffusée par les organisations internationales,
03:11l'État islamique peut-être au premier chef, et puis également Al-Qaïda.
03:17Et cette diffusion de propagande a un impact très fort sur des personnes qui sont ici,
03:23qui ne seront jamais en contact avec les organisations terroristes, ou en tout cas pas nécessairement,
03:28et qui vont, à partir des messages tels qu'ils sont envoyés, se convaincre d'une nécessité de passage à l'acte,
03:36et vont même utiliser des modes de passage à l'acte qui sont produits par cette propagande.
03:40Convaincre d'une nécessité du passage à l'acte.
03:42Ça veut dire que c'est au fond une motivation chauffée par l'extérieur, si je puis me permettre,
03:48mais avec une détermination personnelle.
03:53On va revenir sur les différents drames qui ont échelonné les dernières années.
04:00Au fond, quand on vous entend, on pense aussi à ce qui s'est passé avec Dominique Bernard,
04:03avec ce qui s'est passé avec Samuel Paty, c'est-à-dire effectivement à un moment,
04:07une sorte de motivation personnelle chauffée par cette propagande, comme vous dites.
04:11Olivier Christen, vous qui êtes le procureur national anti-terrorisme,
04:15je dirais que maintenant que vous nous avez parlé de cette menace, qu'on voit aussi les profils.
04:20Qui sont ceux qui vous inquiètent aujourd'hui dans cette menace, inspirée comme vous dites ?
04:28Alors il y a une évolution qui a été très nette des profils, là aussi depuis 2023,
04:34c'est le moment où on voit cette bascule, qui est le très fort rajeunissement des personnes
04:39qui présentent aujourd'hui la menace.
04:42Je crois que ce qui est toujours important, c'est de vous donner quelques chiffres,
04:44parce que c'est beaucoup plus parlant.
04:47Si habituellement nous avions entre 2, 3, 4 mineurs qui étaient mis en examen par an pour des faits de terrorisme,
04:55nous en avons eu 15 en 2023, 19 en 2024.
04:59Et ce n'est pas un phénomène qui est propre à la France.
05:02J'ai rencontré, comme je le fais régulièrement, mes homologues étrangers européens notamment,
05:08qui traitent des mêmes champs contentieux que moi.
05:11Et ce phénomène de rajeunissement des personnes qui passent à l'acte terroriste,
05:17ou en tout cas qui projettent de passer à l'acte,
05:20des mineurs, mais également quand on voit les majeurs,
05:24beaucoup ont moins de 20 ans, dont sont les très jeunes majeurs.
05:27C'est quelque chose qui est observé au niveau européen,
05:30et qui a d'ailleurs fait l'objet d'un rapport d'Europol dédié.
05:33En fait, c'est en lien direct avec ce que je vous ai indiqué tout à l'heure,
05:37il y a une très forte recrudescence de la propagande,
05:42tant dans sa qualité que dans la façon dont elle cible certaines personnes.
05:47Propagande qui émane des grandes organisations terroristes internationales,
05:51et cette propagande cible spécifiquement les plus jeunes.
05:55Et on en voit l'efficacité.
05:58Notre devoir aujourd'hui, c'est de savoir comment on contre cette propagande.
06:01Comment on contre cette propagande, vous allez nous le dire,
06:03mais si on s'arrête un instant, vous nous parlez d'un rajeunissement de 19 personnes,
06:07en 2024, qui sont mineurs.
06:09Quand vous dites mineurs, c'est quoi ?
06:10C'est 15, 16, 17 ans, c'est quel âge ?
06:12Nous avons quelques-uns, 2, 3 parents qui ont moins de 16 ans.
06:18La plupart sont entre 16 et 18 ans.
06:22Ce qui peut être assez parlant,
06:25vous savez, on parlait des attentats déjoués sur l'année 2024,
06:29c'est souvent aussi un élément qui permet de...
06:31Une dizaine.
06:32Neuf exactement.
06:33Neuf ont été déjoués en 2024.
06:36Quand il n'y en avait que 6 en 2023, 3 en 2022, 4 en 2021.
06:41Donc vous voyez là aussi, il y a eu une augmentation
06:44de cet autre critère d'évaluation de la menace.
06:47À la suite de ces attentats déjoués,
06:5116 personnes ont été mises en examen,
06:53dont 15 avaient moins de 22 ans.
06:56Donc ça montre la jeunesse des personnes qui sont...
07:00Cette jeunesse, vous parlez d'un véritable défi de société.
07:05Parce que cette jeunesse-là, au fond,
07:08c'est une jeunesse qui n'a pas vraiment connu,
07:11en tout cas qui n'était pas en âge de comprendre
07:14comme des plus grands,
07:16la vague terrible d'attentats autour de 2015.
07:19Donc ils sont dans une autre approche aujourd'hui.
07:23Est-ce que c'est par les réseaux sociaux ?
07:25Est-ce que ça veut dire que ça les a endurcis en quelque sorte ?
07:28Quels sont les moyens que vous avez de les toucher
07:33et de les déradicaliser ?
07:36Alors il faut qu'on travaille à plusieurs niveaux.
07:39Peut-être pour avoir là aussi le spectre large,
07:42puisque c'est le sommet de l'intelligence artificielle
07:44qui se tient à Paris en ce moment.
07:46L'intelligence artificielle, cela va avoir un impact très fort
07:49aujourd'hui à la fois sur la propagande qui est diffusée,
07:52mais aussi sur les instruments que cela doit nous permettre d'avoir
07:55pour lutter contre la propagande et pour mieux identifier la cible.
07:58Elle est déjà utilisée aujourd'hui sur la propagande.
08:00Je disais tout à l'heure qu'elle fonctionnait très bien
08:02parce qu'elle est plus qualitative.
08:04Et mes collègues espagnols m'ont indiqué qu'aujourd'hui,
08:08grâce à l'intelligence artificielle,
08:10il y a une propagande de plus en plus importante
08:12qui est diffusée en langue espagnole
08:14parce que par des traductions automatiques,
08:16ce sont faits par l'intelligence artificielle.
08:18Les terroristes eux-mêmes utilisent l'intelligence artificielle
08:20pour démultiplier leur propagande.
08:22C'est la partie agressive de l'intelligence artificielle.
08:25Mais de notre côté, l'intelligence artificielle
08:28est utilisée notamment au niveau d'Europole
08:31pour essayer d'identifier le plus rapidement possible
08:35les contenus qui sont diffusés par les organisations internationales
08:40pour les déréférencer.
08:42Alors certes, ils sont ré-référencés assez rapidement
08:45par les organisations internationales avec d'autres vecteurs.
08:48Mais l'intelligence artificielle permet ainsi,
08:51avec des incrémentations, d'aller de plus en plus vite
08:54pour les déréférencements.
08:55Et c'est un rôle qui est très important.
08:57Et c'est un effet qui est très important.
08:59Et puis, on va se servir beaucoup de l'intelligence artificielle
09:02pour faire les croisements entre les procédures
09:05afin d'intervenir le plus rapidement possible
09:08sur les personnes potentiellement mises en cause.
09:10Et c'est un enjeu qui, aujourd'hui, est très important
09:12aussi pour la justice, qui est la raison d'ailleurs
09:14pour laquelle, je pense, le garde des Sceaux
09:17a indiqué que parmi les investissements importants
09:20qu'il y aurait sur la justice, il y avait un travail
09:22qui devait être fait sur le développement
09:24et l'acceptation de l'intelligence artificielle.
09:26Ça veut dire que vous avez besoin de pouvoir lancer vos filets
09:29en quelque sorte, de la manière la plus fine possible
09:32et pour toucher aussi ce niveau-là de propagande.
09:36Exactement. C'est un travail qui se fait au niveau européen,
09:39qui se fait en France par les services de renseignement
09:42qui sont le premier niveau de détection
09:44et que nous devons faire au niveau judiciaire
09:48pour s'assurer de couvrir l'intégralité du champ.
09:51Et l'intelligence artificielle sera pour cela quelque chose de très utile.
09:55Donc là, JT, sur la part, on lutte contre ce qui va toucher
10:01notamment les jeunes sur notre territoire
10:05pour éviter ces radicalisations expresses
10:07et ces passages à l'acte express,
10:09pour essayer de les prévenir à ce niveau-là.
10:11Ensuite, il y a ce que l'on va faire de façon plus directe
10:15à leur contact, encore une fois en prévention
10:18avec un travail que nous continuons à développer
10:21en lien avec l'éducation nationale de sensibilisation
10:24et de niveau de détection qui doit pouvoir se faire
10:27par les enseignants ou par le personnel
10:30qui travaille au sein de l'éducation nationale
10:32de repérer les points qui peuvent faire craindre
10:36un moment de radicalisation, de basculement
10:38des personnes, de leurs élèves.
10:40Vous avez beaucoup de signalements ?
10:42Il y a des signalements qui émanent depuis l'éducation nationale
10:46vers les différents dispositifs qui ont été mis en place.
10:49Ça fonctionne correctement ?
10:51Ça fonctionne correctement et ça permet d'avoir
10:54un premier niveau d'investigation pour voir
10:58si en effet on est dans cette situation-là ou pas
11:00et de le traiter correctement suivant le point qui est soulevé.
11:07Moi, je traite les moments où les personnes
11:12qui sont radicalisées s'inscrivent dans une volonté
11:16de passage à l'acte, mais les parquets territoriaux
11:18vont traiter la provocation, l'apologie,
11:20qui sont des fois aussi des premiers niveaux
11:22de radicalisation.
11:24La provocation, l'apologie, on y reviendra ?
11:26Juste pour finir, ça c'est le point de détection.
11:32Et puis il y a la prise en charge, c'est pour ça que je parle
11:34aussi de défis de société, la prise en charge
11:36des mineurs qui sont mis en cause pour des faits de terrorisme,
11:39qui là est assurée par la protection
11:43du ministère de la Jeunesse, du ministère de la Justice
11:46en premier chef, qui a mis en place avec un centre d'association
11:50des dispositifs de prise en charge dédiés, lourds,
11:53qui permettent pour les personnes dont je parlais tout à l'heure,
11:55les mineurs dont je parlais tout à l'heure,
11:57de travailler dans le temps pour assurer
12:01une sortie de cette radicalisation et une volonté.
12:04Ça marche ça. Est-ce qu'on sait déradicaliser ?
12:07On a tant parlé de ces questions de radicalisation en prison,
12:11mais est-ce que la déradicalisation existe ?
12:14Je crois qu'il faut, là aussi, toujours faire un peu la part des choses.
12:17On ne parle pas exactement de la même déradicalisation
12:21lorsqu'on est sur un mineur de moins de 15 ans,
12:24de 16 ans, 17 ans, qui a été dans un phénomène
12:28de radicalisation express.
12:30Et quand nous parlons en revanche d'un majeur,
12:34plus ou moins jeune, mais qui s'est inscrit dedans
12:36depuis plusieurs années, qui des fois va être parti sur zone,
12:39on a des profils qui sont assez variés par rapport à cela.
12:42Mais sur ce qui existe, qui a été mis en place
12:45sur les mineurs les plus jeunes,
12:48je crois en effet qu'on a des résultats plutôt positifs.
12:51Est-ce qu'aujourd'hui, vous rediriez ce que vous avez dit
12:54il y a quelques mois, vous parliez d'une propagande
12:56à laquelle les jeunes sont particulièrement sensibles,
12:58je cite, depuis le 7 octobre ?
13:00Oui, en effet.
13:01Qu'est-ce que ça a changé ?
13:03Ce que l'on observe en général, c'est que les mouvements djihadistes
13:07sont, pas uniquement eux d'ailleurs,
13:09puisque c'est des gens dont on parle maintenant,
13:11sont extrêmement poreux à l'activité internationale,
13:14aux tensions qui existent au niveau international.
13:16Sans forcément se référer à ces tensions-là,
13:20mais ils sont sensibles à l'environnement mondial
13:23dans lequel les choses évoluent.
13:25Donc le 7 octobre a créé l'attaque terroriste du Hamas
13:29contre Israël, a créé une déflagration,
13:32et ce renforcement des tensions dans le Proche-Orient
13:37est quelque chose qui a eu un impact sur cette rapidisation.
13:40Est-ce que les jeunes aujourd'hui sont inspirés par les attaques ?
13:44Est-ce que ça peut être une forme d'inspiration ?
13:46Non, ils ne sont pas inspirés.
13:47En revanche, ce qu'on a relevé, c'est un très fort renforcement
13:51des propos antisémites qui vont être tenus,
13:56avec des cibles antisémites qui sont beaucoup plus clairement exprimées
14:03dans les propos qu'ils vont avoir entre eux.
14:05Et on observe une reconnaissance de l'attrait vers cette propagande
14:11qui est diffusée depuis le mois d'octobre,
14:13parce que l'actualité fait qu'il y a eu un regain d'intérêt
14:17pour eux, pour ce qui se passait au Proche-Orient.
14:19Olivier, Christiane, vous qui êtes le procureur national antiterroriste,
14:22sur la question de la situation aussi en Syrie.
14:25Deux mois après la chute du régime de Bachar el-Assad,
14:29est-ce qu'aujourd'hui vous considérez notamment
14:33pour ce qui est des combattants français,
14:36je crois qu'on estime à environ 300 combattants français
14:40qui seraient sur place, et la question des femmes et des enfants de djihadistes,
14:44est-ce qu'aujourd'hui cette situation est sous contrôle ?
14:47Alors on parle de trois situations qui sont très différentes.
14:50Il y a les combattants français qui sont dans ce qu'on appelle
14:55le nord-ouest syrien, la poche d'Idlib,
14:58qui sont autour d'un individu dont les médias ont régulièrement parlé,
15:02qui est Omar Diaby, qui sont identifiés
15:05comme étant autour d'une quarantaine, cinquantaine.
15:08On sait où ils sont ? On connaît leur face de geste ?
15:11On sait dans quelle partie de la Syrie ils se trouvent,
15:14et ce sont des individus qui, pour certains,
15:17avaient des liens avec le HTC pendant une certaine période,
15:20qui après se sont séparés de ces derniers,
15:23et qui sont plus proches de la tendance kaïdiste,
15:27et qui sont l'objet d'une attention pour identifier exactement
15:31où ils sont, sur cette partie du territoire syrien.
15:35Il y a un certain nombre d'individus qui sont probablement
15:39toujours dans les rangs de Daesh, c'est la partie qui est
15:43la plus complexe, la plus difficile à identifier,
15:47parce qu'il s'agit d'individus dont pour certains
15:52nous n'avons plus aucune nouvelle depuis des fois des années,
15:55et il est difficile de savoir s'ils ont disparu,
15:59s'ils sont morts, mais sur lesquels on reste attentif
16:04au moindre signal qui les laisserait penser qu'ils sont toujours en vie,
16:07et éventuellement toujours actifs.
16:09Il faut savoir qu'évidemment, ils sont en phase de dissimulation totale,
16:12donc c'est pour ça que cela est assez complexe.
16:15Et puis enfin, il y a ceux qui sont actuellement dans les camps
16:18tenus par les Kurdes, 66 femmes, 65 hommes,
16:23qui sont pour les femmes avec les enfants,
16:27qui eux aujourd'hui sont parfaitement identifiés,
16:30et qui sont tous, mais c'est le cas aussi des précédents
16:34dont j'ai parlé, toutes ces personnes-là sont l'objet
16:37de mandats d'arrêt ou de mandats de recherche émis
16:40par les autorités judiciaires françaises, afin que s'ils venaient
16:44à être, alors pour les camps ils sont localisés,
16:48mais pour les autres, s'ils venaient à être localisés,
16:50et surtout s'il apparaissait qu'ils tentent de passer les frontières
16:53et qu'ils soient appréhendés à ce moment-là,
16:55nous ayons les cadres juridiques qui permettent
16:57de donner des suites judiciaires.
16:58– Est-ce que vous pouvez nous en dire plus sur la femme
17:00d'Amini Koulibaly, Ayat Boumediene, est-ce qu'elle a été repérée,
17:04est-ce que l'on sait si sa motivation est toujours intacte ?
17:07– Alors je ne peux pas vous en dire beaucoup plus,
17:09ce que je peux vous dire simplement, c'est qu'elle a été d'une part
17:13condamnée par défaut par la cour d'assises spécialement composée
17:17de Paris, à la suite des attentats de Charlie Hebdo,
17:23et qu'aujourd'hui il y a des investigations qui sont en cours
17:27pour identifier où elle peut se trouver, et surtout être en mesure
17:32de l'appréhender dès lors que nous serons en capacité de le faire.
17:34– Une question sur les prisonniers palestiniens libérés
17:36en échange des otages, on sait que certains avaient été condamnés
17:40pour des actes terroristes, notamment les responsables de l'attaque
17:44qui avaient fait plusieurs morts parmi les étudiants,
17:46dont un français à l'université de Jérusalem.
17:50Certains ne sont pas renvoyés forcément à Gaza,
17:54mais plutôt dans des pays tiers, notamment le Qatar et la Turquie.
17:59Est-ce qu'ensuite on sait s'ils peuvent représenter une menace,
18:03y compris pour l'Europe, et est-ce qu'on sait ce qu'ils deviennent ?
18:07– Alors je ne crois pas que c'est ces personnes-là,
18:11et ça revient un peu à ce que je disais tout à l'heure
18:13sur les agendas des différentes organisations terroristes
18:16telles qu'elles existent.
18:18Le Hamas aujourd'hui ne paraît pas comme une organisation terroriste
18:22qui a un agenda qui soit au-delà du régional.
18:26Donc les personnes auxquelles vous faites référence
18:29ne me semblent pas présenter au moment où nous nous parlons
18:32une menace directe contre le Qatar.
18:36– Une dernière question, parce que vous avez dit que cette menace
18:38du terrorisme djihadiste islamiste était la plus importante,
18:42ça veut dire qu'il y a d'autres types de menaces,
18:45s'agit-il de menaces politiques ?
18:47– Il y a d'autres types de menaces qui sont des contentieux
18:50des fois assez anciens.
18:52Le contentieux relatif à l'indépendantisme radical violent corse
18:57qui a connu en 2023 une recrudescence que nous n'avons pas retrouvée en 2024
19:03mais qui est toujours présente.
19:05Il y a la menace qui est liée au PKK,
19:09qui est ce mouvement indépendantiste kurde violent
19:12qui utilise l'Europe de l'Ouest comme base arrière
19:15notamment pour son financement, qui conduit également
19:18à ce nombre de procédures qui sont ouvertes à Paris.
19:21Et puis peut-être plus marquant, dans la période récente,
19:27il y a le mouvement, les agressions terroristes liées
19:30à l'ultra-droite radicale violente, qui est un phénomène
19:34qui n'existait pas il y a une dizaine d'années
19:36et qui aujourd'hui représente encore 5 procédures qui sont actives
19:41et pour lesquelles il y a déjà eu des sanctions lourdes prononcées
19:44devant la cour d'assises espionnements composés de Paris
19:47et dont un des procès est en cours.
19:50Il y a un procès en cours actuellement,
19:52il y en aura un autre au mois de juin sur d'autres parts de cette mouvance.
19:56Donc c'est une mouvance qui appelle une attention spécifique,
19:58ça n'a rien à voir en volume par rapport à celle dont on parlait auparavant
20:02mais qui existe.
20:03Et puis il y a la mouvance, les dangers qui sont créés
20:07par une forme de retour du terrorisme dit d'État
20:10qui sont, lorsque des États étrangers vont utiliser le mode d'action,
20:15des proxys, c'est-à-dire des membres en l'occurrence de la communauté organisée
20:19qui sont présents en Europe de l'Ouest,
20:21pour commettre des attaques contre leurs opposants
20:25ou contre les personnes qui représentent les intérêts.
20:28Un très grand merci d'avoir pris le temps ce matin
20:30de nous faire cet état de la menace terroriste en France.
20:34Olivier Christen, vous qui êtes procureur national antiterroriste.