Xerfi Canal a reçu Alain Bauer, professeur de criminologie du Conservatoire National des Arts et métiers (CNAM), pour parler du grand remplacement au grand remplissement.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.
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00:00Bonjour Alain Bauer, bonjour. Professeur de criminologie, Conservatoire national des arts
00:13et métiers, New York, Shanghai, la conquête de l'ouest chez Fayard. C'est le troisième volet,
00:19troisième volet d'une triologie démarrée avec... Ils sont six à la fin, mais ce sont les trois
00:24premiers. Donc on en est au troisième, voilà, on en est au troisième. Et alors dans le troisième,
00:30j'ai envie de dire du grand remplacement au grand remplissement, c'est ça votre thèse,
00:35c'est ça votre thèse, c'est-à-dire que donc il faut réviser notre débat public. Alors c'est pas
00:39tout à fait ma thèse parce que c'est pas une posture, je ne suis pas dans une logique... Non,
00:43c'est un constat. Politicienne, c'est un constat technique, c'est comment se sont produits les
00:48mouvements de population en France. Ils se sont produits essentiellement par l'expansion due à
00:53la conquête, la rétractation due à la décolonisation et le choc démographique dû, pour l'essentiel,
01:00à la Première Guerre mondiale. En fait, quand on regarde les mouvements de population, quand la
01:06France se constitue, elle rajoute des territoires, donc des populations, elle ne les élimine pas,
01:12elle ne les tue pas, elle essaye de les assimiler. Et c'est d'ailleurs toujours dans le Code civil,
01:18l'assimilation est le terme exact utilisé pour devenir français, il n'y en a pas d'autre.
01:23Mais comme cette assimilation est complexe et qu'elle coupe des racines, il faut trouver une
01:29solution et cette solution elle vise à réduire la dureté de l'assimilation pour en faire un
01:36processus qui serait différent. Alors on peut passer de l'assimilation à l'intégration, ce que nous
01:41avons raté, ou de l'assimilation au vivre ensemble, terme qui ne veut rien dire mais qui a l'air super
01:47sympa, mais on ne sait pas si on est côte à côte, face à face, les uns au-dessus des autres, en
01:51dessous, bref, nul n'a compris ce qui faisait l'espace commun du vivre ensemble. Et cet espace
01:58commun il passait par la langue et la culture dans une logique d'expansion de nos territoires et des
02:05populations, par agrandissement de la France au cours de ses conquêtes historiques, de Philippe
02:13de Auguste jusqu'à Napoléon Bonaparte, de rétraction au moment de la décolonisation et
02:20puis d'un moment terrible qui va être la perte de trois millions environ de citoyens. Le processus
02:27il vise donc à ce moment-là à remplir les trous. Pour cela, nous n'avons pas les moyens de conquête,
02:32puisqu'on n'a plus personne, il faut donc accueillir des populations étrangères et nous accueillons
02:38massivement des Italiens, des Espagnols et des Polonais, ultérieurement des Portugais, tous
02:45catholiques, blonds aux yeux bleus pour les Polonais, bruns aux yeux bruns pour les autres,
02:49et dont la presse de l'époque dit exactement les pires horreurs que ce qu'elle dit aujourd'hui sur
02:56les Maghrébins ou les Africains. Nous avons donc une France qui accueille, intègre et même aspire
03:02des populations, familles comprises. Les Italiens sont accueillis en France avec une prime s'ils
03:07viennent avec leur famille, parce qu'on leur demande pas seulement d'avoir des bras, ni de
03:12venir suppléer les futurs soldats de nos armées, mais aussi de faire des enfants qui vont devenir
03:18des Français. Et donc, on est passé du processus d'intégration à rien, et donc en quelques années,
03:2650 ans, on déconstruit tout ce qu'a été la logique d'assimilation, puis d'assimilation allégée qui
03:34a permis aux autres populations de se retrouver françaises, et on est aujourd'hui face à ce
03:39problème de ceux qui sont côte à côte ou face à face. Par ailleurs, nous avons un problème
03:44d'urbanisation, puisque la France est le seul endroit où, et particulièrement depuis le Baron
03:50Haussmann et la Lieux-du-Ban, qui date d'une centaine d'années avant lui, on construit un
03:56espace hors la ville, au nord et à l'est, sous les vents dominants, pour les populations dérégentes,
04:02les industries polluantes, les lazarés et les ghettos, et au sud et à l'ouest, pour la petite
04:08bourgeoisie qui va vivre des week-ends sympas. Mais sur le fond, cette relégation et cette
04:14ségrégation produisent de la sécession, et donc quand on crée de la sécession sociale avec la
04:20sécession migratoire, on crée des espaces qui nous échappent, parce qu'on a arrêté l'assimilation,
04:27qu'on a patenté l'intégration, et qu'on stocke hors la ville ces populations, au nord et à l'est
04:33de la France en tout cas, le sud et l'ouest, notamment le comté de Nice fonctionnant
04:37différemment, d'abord parce qu'il arrive très tardivement en France, il y a un peu plus d'un
04:41siècle, et ensuite parce que la logique c'est que les banlieues sont dans la ville et pas hors la
04:46ville. Et c'est tout le problème de tous les pays occidentaux qui sont en effondrement de fécondité,
04:51en effondrement de natalité et en effondrement démographique programmé. Le diagnostic du Dr
04:59Bauer est posé. La conquête de l'Ouest vaillant. Merci à vous.