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Transcription
00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04— Les applications de géolocalisation. De plus en plus de parents choisissent de suivre en temps réel les déplacements de leurs enfants.
00:12Nous sommes avec Yann Brunat, maître de conférence en sociologie. Vous avez conduit un travail sur le sujet. Yann Brunat, bonjour.
00:20— Bonjour. — Merci d'être avec nous. Je le disais, de plus en plus de parents choisissent de suivre en temps réel les déplacements de leurs enfants.
00:26— Alors ces outils rassurent. Est-ce que ces outils apportent une réelle sécurité, Yann Brunat ?
00:35— Alors oui, effectivement, ces outils rassurent. Bon, j'ai mené une enquête longitudinale sur le sujet depuis à peu près l'année 2014.
00:43Donc ça fait plus d'une dizaine d'années. Et déjà en 2014, c'est régulièrement l'argument qui ressortait, c'est-à-dire que géolocaliser
00:51ces enfants ne provient pas d'une curiosité excessive de la part des parents, en tout cas pas de ceux que j'ai pu interroger.
00:57Il n'y a pas de volonté manifeste d'être intrusif, d'en savoir toujours plus sur les déplacements et activités des enfants.
01:02Mais il y a effectivement cette volonté de réassurance qui est très prégnante, notamment dans les sociétés contemporaines,
01:08pour tout un ensemble de facteurs. Et cette volonté se trouve en partie comblée par cette technologie. Alors parmi d'autres, évidemment,
01:17ce n'est pas la seule forme de surveillance, mais c'est une technologie qui permet de la combler.
01:21— Alors 41% des parents disent faire usage de la géolocalisation pour surveiller leurs enfants. Malheureusement, les parents
01:29ont utilisé la géolocalisation pour Louise, cette pauvre collégienne qui a été assassinée. Mais la sécurité, ça ne garantit pas
01:41une sécurité, évidemment, une sécurité totale. — Pas du tout. Cette sécurité est très illusoire, parce que bien sûr,
01:50vous pouvez savoir où se trouve un individu en temps réel de manière très précise, mais ça ne le protège en rien, je dirais.
01:58C'est pour ça que certains parents préfèrent plutôt délimiter des zones qu'ils pensent plutôt sûres dans l'espace urbain.
02:03Lorsque l'enfant sort par exemple de son trajet école-domicile, alors le parent a une notification immédiatement.
02:10Mais ça ne le protège en rien. — Ça ne le protège en rien. Et puis il y a le problème du respect de la vie privée.
02:17C'est une façon de surveiller, sans cesse de pister ses enfants. Arriver à un certain âge, un certain âge pour l'enfant,
02:25ça devient délicat. — Alors oui, tout à fait. C'est une problématique qui est assez complexe. Et elle est complexe pourquoi ?
02:32Parce que certains enfants que j'ai pu interroger ont intériorisé le fait d'être vulnérables dans cet espace urbain
02:38qui est aujourd'hui cet espace de l'incertitude. Alors je ne dirais pas de l'insécurité, mais dans tous les cas de l'incertitude.
02:44Et par conséquent, ces enfants eux-mêmes déclarent que le fait d'être géolocalisés les rassure.
02:49Alors parmi les enfants que j'ai pu interroger, parce que j'ai aussi interrogé des enfants, pas que des parents,
02:55la plupart des filles m'ont dit que ça les rassurait. Ces mêmes jeunes filles qui, un petit peu plus tard,
03:01lorsqu'elles ont entre 18 et 25 ans, pour les deux tiers d'entre elles, lors d'un premier rendez-vous avec un homme
03:07rencontré sur l'application de rencontre, vont déclarer qu'elles partageront leur position géographique
03:11auprès de leurs frères, sœurs ou de leurs amis proches.
03:15Oui, puis beaucoup d'ados ou même de jeunes de 18 ans, 20 ans, utilisent ces outils entre amis en soirée
03:23pour savoir s'ils sont bien rentrés les uns les autres.
03:27Oui, alors là, ce que vous dites, c'est encore une fois des finalités sécuritaires, mais chez les ados, justement,
03:33il y a également une certaine curiosité qui se dégage et qui est possible de déployer via des outils
03:39comme la SnapMap de l'application Snapchat, puisque les adolescents se surveillent entre eux.
03:44Oui, et les adolescents aiment bien savoir où sont leurs amis.
03:49Alors, aiment bien savoir, oui, et aiment bien vérifier, parce que c'est un des enjeux sociaux autour de l'usage
03:55de ces technologies. On est, comme dirait mon collègue Olivier Hime, dans une sorte de frénésie surveillantielle
04:00et la géolocalisation, c'est une de ces technologies parmi d'autres.
04:04Ce qui questionne, effectivement, puisque la géolocalisation, je dirais, affecte la fabrique du mensonge.
04:10Peut-on encore mentir en contexte numérique alors que jusqu'à votre géolocalisation, tout peut être vérifié ?
04:17L'outil, lui, le smartphone, acquiert une finalité probatoire au sens juridique du terme.
04:23C'est-à-dire que c'est lui qui a raison, on ne ment pas à l'écran et on ne ment pas à ses proches parce que l'écran a raison.
04:28Et cela affecte, ultimement, le discours des individus qui cherchent à se défendre d'une position géographique
04:35qui est inadaptée, inadéquate, lorsque, pour reprendre leur propre mot, ils se sont fait griller, fait choper.
04:41Merci Yann Brunat, maître de conférence en sociologie. Vous avez conduit donc un long travail sur le sujet.
04:47Il est 7h30, vous êtes sur l'antenne de Sud Radio. La météo, est-ce qu'on a retrouvé Rémi André ? Oui.

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