• il y a 8 heures
Avec l’arrivée de l’IA et de la 5G, le monde numérique est en pleine mutation. On en parle ce samedi avec la Directrice Générale d’Orange et un reportage sur l’arrêt du réseau 2G. Mais avant cela, retour sur les derniers chiffres du chômage et détour par la Turquie et son industrie textile en crise.


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00:00Et la Directrice Générale d'Orange et l'invité d'On n'arrête pas l'écho, bonjour et bienvenue Christelle Ledemann.
00:05Bonjour.
00:06C'est vous qui impulsez le calendrier de la fin de ce réseau 2G, si je comprends bien c'est à partir de fin 2025, de la fin de l'année.
00:14Quel intérêt a changé ce qui marche encore ?
00:17Alors d'abord je rassure évidemment tous les auditeurs, on fait ça de façon concertée et bien sûr on ne laissera personne sans ascenseur connecté.
00:25Non, ça a été dit, c'est que la 2G elle a été déployée au début des années 90, elle tombe en panne, elle est moins sécurisée.
00:31On a besoin de la fréquence en fait pour utiliser la 4G, la 5G.
00:36On voit bien que les usages aujourd'hui ils ont évolué.
00:38D'ailleurs plus personne en fait, si vous n'êtes connecté qu'en 3G, les vidéos que vous recevez, l'internet en fait ne passe plus très bien parce qu'on n'est plus du tout adapté.
00:48Donc on a besoin évidemment de moderniser, et puis ce n'est pas pour l'environnement d'avoir 4 réseaux alors que finalement on n'utilise que 2, ce n'est pas efficace.
00:58Donc on le fait de façon concertée, la 2G sera éteinte fin 26, la 3G fin 28, donc on a le temps et on le fera proprement.
01:04Et concrètement ça veut dire, on enlève des antennes pour les remplacer des antennes 2G, pour les remplacer par des antennes 4G, 5G ?
01:11Oui, alors quand vous voyez une antenne en fait sur un toit ou sur un pilote, en général c'est un petit équipement de cette antenne et en général c'est surtout la partie électronique si on garde les mêmes fréquences.
01:21Donc c'est assez indolore et on garde les mêmes sites mobiles, il n'y a pas d'impact de ce point de vue-là.
01:26Bon, vous entendez les professionnels, on avait les ascensoristes qui demandent un délai, c'est possible d'avoir un délai ?
01:31Alors d'abord, ces professionnels sont des clients en général, donc on les accompagne, on travaille avec eux, on se rend bien compte.
01:36Et d'ailleurs c'est la même chose qu'on a sur le cuivre, c'est effectivement les usages professionnels qui nécessitent le plus de temps,
01:43parce qu'évidemment ça nécessite de s'organiser, mais c'est pour ça que ça fait quelques années déjà qu'on travaille avec eux et qu'on se donne le temps puisqu'on parle de fin 26 et fin 28.
01:50Le cuivre, vous avez déjà commencé à déconnecter du cuivre, à enlever du cuivre sur 161 communes, c'est ça, ça se passe comment ?
01:57On l'a fait effectivement, il y a 211 000 foyers qui ont été coupés, ça s'est très très bien passé, personne ne s'est plaint, tout le monde avait été prévenu.
02:06C'est le régulateur même qui le dit, ça s'est très bien passé et donc on va continuer, mais c'est vrai que c'est un énorme projet.
02:12Bon, toujours au sujet du réseau d'orange et du calendrier, pas seulement d'orange, le gouvernement s'est engagé à ce que tout le monde soit raccordé à la fibre.
02:21Fin 25, il reste plus de 4 millions de foyers à relier, et évidemment ce sont les plus compliqués, vous allez me le dire, les zones rurales.
02:27Mais est-ce que vous pensez que 100% fibre en 2025, c'est encore tenable comme promesse ?
02:33Alors déjà, aujourd'hui, on peut se féliciter parce que la France est le pays le plus fibré d'Europe.
02:37On a aujourd'hui 9 Français sur 10 qui sont raccordables à la fibre.
02:42Les Français ont massivement adopté la fibre, puisque près de plus de 3 Français sur 4 qui ont des solutions au débit utilisent aujourd'hui la fibre, donc c'est un succès la fibre.
02:51C'est le dernier kilomètre qui est duré, Christelle Lebrun.
02:55Non, ça peut être le dernier kilomètre ou les derniers 10 mètres, mais c'est pour ça que ça prend du temps.
03:01Après, il y a les Français qui sont éligibles à la fibre, et puis ceux qui sont effectivement raccordés, et on voit dans certaines zones rurales où on a déployé la fibre que parfois, finalement, les Français disent non, on a des solutions mobiles qui fonctionnent bien, donc tout ça on le fait…
03:15Mais 100% éligible à la fibre, c'est ça la promesse ?
03:18Oui, mais d'ailleurs aujourd'hui…
03:19C'est tenable ou pas fin 25 ?
03:21On y arrivera, on y arrivera.
03:23Après, le 100%, la réalité, c'est qu'aujourd'hui, même si on prend nos réseaux 4G, on est à 99,8% de couverture, le 100%, il n'existera jamais, mais à partir du moment où on aura atteint les taux de 96%, on est déjà…
03:37Parce que les maires sont inquiets, vous savez bien, je pense que les maires sont des grands interlocuteurs.
03:42D'abord, et puis j'en profite d'ailleurs pour féliciter et remercier tous nos collaborateurs qui continuent à déployer la fibre et à raccorder les clients, mais c'est vrai qu'aujourd'hui, non.
03:51Orange est le dernier opérateur qui continue à investir dans la fibre, vous l'avez dit, effectivement, dans les zones rurales, ou parfois dans les grandes villes, parce que quand on a sur des bâtiments historiques, il faut travailler avec les architectes des bâtiments de France, on a des contraintes, mais on a l'habitude de le gérer, ça prend un peu plus de temps, mais on avance.
04:10Bon, j'entends que fin 2025, pas loin de 100%, vous vous y croyez encore ?
04:14Nous, on a pris des engagements, on les tiendra.
04:18La grande nouveauté sur nos téléphones, sur nos ordinateurs, ce n'est pas la 5G, ce n'est pas la fibre, c'est l'intelligence artificielle.
04:25Hier, on a eu cette étude médiamétrie, en décembre, un jeune de 15-24 ans sur deux, c'est-à-dire la moitié des jeunes de 15-24, a utilisé une IA conversationnelle genre ChatGPT et un français sur cinq, tous âges confondus.
04:39Christelle, est-ce que vous êtes surprise par la vitesse à laquelle cette IA se met dans nos usages ?
04:45Alors, c'est vrai que c'est une des adoptions les plus rapides de l'histoire de la technologie et quand les consommateurs s'emparent de révolutions technologiques,
04:53on sait que ça veut dire que ça va être la pression sur les entreprises, sur les usages et que ça va aller très, très vite.
04:58Puisque ça veut dire que les salariés de toutes les entreprises, ils sont d'abord des consommateurs et donc, effectivement, ça va aller très, très vite.
05:05Alors, ça va à la fois très vite et en même temps, on est au tout début d'une vraie révolution technologique.
05:11L'IA, c'est de la même ampleur que l'électricité ou le téléphone et c'est vrai que ça peut faire peur, mais on imagine des usages.
05:20Imaginez demain une personne malvoyante qui a des lunettes connectées, qui observe l'environnement et qui lui traduisent en temps réel par la voix ce qu'on peut voir.
05:29Voilà, il y a plein d'usages.
05:31Et ça, c'est quand, par exemple ?
05:32Ça, c'est déjà des choses sur lesquelles on travaille avec des acteurs, les cas d'usages existent.
05:38Ensuite, ça pose toute la question des réseaux.
05:41Ça pose la question, évidemment, des modèles.
05:42Ça pose la question. Il y a des questions d'éthique aussi, de vie privée, de protection de la vie privée.
05:46Donc, c'est tous les sujets qui ont été abordés cette semaine lors du sommet de l'IA.
05:49Alors, justement, est-ce que vous pensez que vous vous y étiez ?
05:52Vous étiez au Grand Palais, vous étiez au dîner de l'Elysée, vous étiez à Station F.
05:56Est-ce qu'il y a des critiques qui disent OK, c'est bon, on a parlé des contrats, on a parlé des usages merveilleux de l'IA.
06:02Il y a des trucs qui ont été laissés sur le bord de la discussion, par exemple, la démocratie, les enjeux démocratiques.
06:09Pour vous, est-ce que ce sommet a permis de dresser un vrai tableau ou est-ce qu'il y a des sujets qui ont été laissés de côté ?
06:15Déjà, c'est un sommet dans lequel on retrouvait toutes les grandes puissances.
06:19C'est vrai que quand on parle de la technologie, on a souvent tendance, on a vu les débats avec, évidemment, l'avancée fulgurante d'OpenAI.
06:27Et puis est arrivé le modèle DeepSeek, les Chinois qui ont quelque part bouleversé certaines croyances.
06:34Et là, le sommet, il était présidé par la France et l'Inde.
06:37Et le Premier ministre indien, c'était aussi une voix des pays du Sud qui n'ont pas envie d'être laissés de côté sur la technologie.
06:44Donc ça, c'est des sujets, bien sûr, des sujets d'éthique et de démocratie.
06:47Alors, les sujets de démocratie sont beaucoup liés aussi au sujet des réseaux sociaux, à la liberté d'expression, à quelle modération on doit mettre dans les médias.
06:55C'est des sujets qui sont indépendants du sujet de l'IA.
06:59C'est des sujets, évidemment, très importants.
07:01Mais sur les régulations, on a eu des divisions très fortes.
07:04On a entendu les États-Unis qui ont vraiment appelé pour arrêter de réguler, en Europe.
07:09Et puis, on a eu la vision européenne.
07:11On voit bien qu'il y a vraiment une bataille d'idées en ce moment.
07:13Oui, mais alors, les débats ont eu lieu et au Grand Palais, les voix des dirigeants politiques se sont plutôt affirmées.
07:20D'ailleurs, la voix de l'Europe a été très ferme sur le fait que le tout technologie et quelque part le Far West ou le Wild West que certains prônent,
07:30n'est pas le modèle que l'on souhaite, en tout cas, pour la société en Europe.
07:35Et puis, il a aussi été rappelé qu'on est dans un monde où on est au tout début sur l'IA.
07:40Et donc, il est faux de croire que c'est une bataille qui va se gagner entre les États-Unis et la Chine.
07:45Non, l'Europe a toute sa place.
07:47On a des champions dans la santé.
07:48On a des champions dans l'énergie.
07:49Vous pensez à qui ? Il faut nous dire à chaque fois, parce que nous, on ne les voit pas.
07:52Prenez l'exemple de la santé.
07:54Il y a énormément d'usages, ça a été rappelé pendant le sommet, autour de comment on va pouvoir soigner des cancers.
08:00Comment on va pouvoir affiner la recherche de molécules ?
08:03Vous prenez des acteurs comme Sanofi.
08:05Vous prenez, et il y en a en France, bien sûr, mais il y en a en Allemagne, il y en a en Suisse.
08:10Et ça, c'est des champions qu'on a besoin d'aider parce que pour eux, l'IA, c'est aussi un relais d'innovation.
08:17Et donc, l'IA, ce n'est pas tant les plateformes technologiques que les usages qu'on va en faire aussi.
08:22Et donc, c'est là où il faut bien se dire qu'il y a beaucoup d'acteurs.
08:25Et en particulier, on pense souvent, quand on parle de l'Internet, à l'Internet du consommateur.
08:30Mais tout le secteur de l'Internet industriel, de ce qu'on fait des données industrielles,
08:34c'est là où l'Europe a toute sa place à jouer.
08:37Il y a aussi l'enjeu écologique.
08:38Une requête avec une IA conversationnelle, ça consomme beaucoup plus qu'une requête sur Google.
08:43Il y a d'énormes data centers.
08:44On n'a parlé que de ça pendant ce sommet qu'il faut refroidir.
08:47Il faut produire plus d'électricité.
08:49Est-on certains, ou au contraire, que l'empreinte carbone de l'IA est soutenable ?
08:54Alors, on parle souvent d'électricité, mais il y a aussi l'eau.
08:56Parce que vous l'avez dit, effectivement, il faut refroidir.
08:58Nous, on est convaincus qu'aujourd'hui, on est au tout début.
09:02Donc, on parle beaucoup des gros data centers qui sont en fait les endroits
09:05où on a des masses de données colossales et qui permettent d'entraîner des modèles géants.
09:09La réalité, c'est que l'IA, elle sera embarquée dans vos téléphones portables,
09:13elle sera embarquée dans les PC, elle sera embarquée dans les voitures.
09:16Et donc, elle ne se passera pas que dans les data centers.
09:18Et nous, on croit à une IA qui sera frugale, qui sera efficace.
09:22Mais vous croyez ou savez ?
09:23C'est-à-dire, vous avez déjà des blocs qui vous permettent de…
09:25D'abord, la technologie va à une telle vitesse, regardez l'écart entre DeepSeek et OpenAI.
09:31Alors, une fois de plus, on est au tout début.
09:33Donc, aujourd'hui, le fait que la recherche et les applications dans l'IA
09:37soient sur des cycles tellement courts fait que les choses évoluent très, très vite.
09:41Et puis, il y a énormément de gens qui travaillent sur l'efficacité des modèles IA.
09:46Et donc, les enjeux, effectivement, de consommation énergétique des puces sont des enjeux clés.
09:51Et donc, on est convaincu que les choses évolueront.
09:53Et en tout cas, nous, on travaille pour faire en sorte qu'effectivement,
09:56on crée une IA qui soit responsable, qui soit efficace.
09:59Vous étiez, je l'ai dit, au Grand Palais, à Station F, au Dîner de l'Élysée.
10:02Vous, Christelle Edemann, directrice générale d'Orange.
10:06Est-ce que vous ne vous sentiez pas un peu seule ?
10:08Et je mets un E à « seule ». Il n'y a pas beaucoup de femmes dans ce monde-là.
10:11Alors, c'est vrai que c'est quelque chose qui est assez…
10:15Alors, il y avait d'autres femmes, mais c'est vrai qu'on se sent parfois seule.
10:19Et si vous combinez IA et cybersécurité, là, c'est encore pire.
10:23Et alors, je dois dire qu'il n'y a pas de fatalité,
10:26mais vraiment, il faut qu'on donne envie à nos jeunes filles d'aller dans ces métiers-là,
10:30parce qu'on ne peut pas imaginer un monde dans lequel il y a de l'IA partout,
10:34qui n'a été conçu que par des hommes.
10:36Pourquoi ?
10:37Mais parce que c'est des modèles.
10:38On va avoir des biais dans les modèles.
10:41Si vous regardez aujourd'hui à une IA de vous projeter l'image d'un chef d'entreprise,
10:46vous aurez un homme.
10:48Or, il n'y a pas de raison, il y a aussi des femmes.
10:51Enfin, pas tant, on est là pour le dire.
10:53Non, mais justement, il faut qu'on arrive aussi à s'assurer qu'on n'inclut pas des biais
10:58qui sont ceux qu'on peut avoir.
10:59Je rappelle d'ailleurs que c'est des biais qui sont très propres à notre environnement,
11:03ici en France, ou en Europe, ou aux Etats-Unis.
11:05Mais vous allez au Maroc, il y a plus de femmes dans les écoles d'ingénieurs au Maroc que d'hommes.
11:09Dernière question, Christelle Edeman.
11:11Est-ce que vous allez mettre l'IA sur le forfait grand public ?
11:13Vous l'avez fait pour vos clients pro, gratuitement.
11:15Les autres le font gratuitement, Free et Bouygues, pour le grand public.
11:18Pas vous.
11:19Est-ce que vous allez le faire ?
11:20Nous, on ne l'a pas encore lancé, mais en tout cas, on y réfléchit.
11:23Mais on sait que nos clients n'ont pas attendu, vous l'avez rappelé, un jeune sur deux utilise
11:27au quotidien ce type d'outils, donc en fait, on sait que nos clients ne nous ont pas attendus
11:31pour déjà embarquer ces usages.
11:33Christelle Edeman, la directrice générale d'Orange.
11:36Merci d'avoir accepté l'invitation d'On n'arrête pas l'écho.

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