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Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise, était l'invité d'Apolline de Malherbe ce lundi 17 février sur RMC et BFMTV. Il est notamment revenu sur l'affaire Bétharram et la motion de censure que devrait déposer le PS.

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Transcription
00:00Bonjour Manuel Bompard, merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions.
00:03Vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, vous êtes député des Bouches-du-Rhône, député de Marseille.
00:09On va parler motion de censure, on va parler politique, mais je voudrais d'abord vous interroger sur Notre-Dame de Bétarame.
00:15François Bayrou, samedi, a rencontré pendant trois heures les victimes de Notre-Dame de Bétarame.
00:22A l'issue des échanges et des témoignages, il faut le dire, bouleversants, des victimes,
00:27qui était d'ailleurs aux côtés de François Bayrou, le président de l'association des victimes, parle d'une journée historique, d'une grande victoire.
00:34Il dit qu'il croit, François Bayrou, il estime, je cite, qu'il est sincère sur le fait qu'il ne savait pas les violences sexuelles qui se déroulaient à Bétarame.
00:43Est-ce que vous demandez malgré tout toujours la démission de François Bayrou ?
00:46D'abord, je veux vous dire que c'est bien que cette journée existait.
00:50Je pense que vous avez un collectif qui s'est constitué, qui rassemble des victimes, des victimes de violences physiques et des victimes de violences sexuelles,
00:59et qui avaient besoin, je crois, d'une reconnaissance officielle de leur statut de victime, et que je pense que cette réunion y a contribué.
01:07Je veux dire que cette réunion, elle n'aurait malheureusement sans doute pas existé si, la semaine dernière, à l'Assemblée nationale,
01:13nous n'avions pas, à plusieurs reprises, interrogé le Premier ministre sur ce sujet,
01:17si nous n'avions pas, en quelque sorte, contribué à faire connaître ce sujet, à casser l'omerta.
01:23Et si nos confrères aussi, notamment le Mediapart, n'avaient pas sorti tous ces dossiers, ou reparlé de ces dossiers ?
01:28Dans un premier temps, d'ailleurs, si. Un certain nombre de médias n'en avaient pas parlé.
01:33Donc, je pense que c'est une bonne chose que cette réunion ait pu avoir lieu.
01:35Je pense qu'il ne faut pas que ça en reste à une réunion.
01:38Et donc, je crois qu'il faut qu'il y ait des mesures qui soient mises sur la table pour d'abord permettre aux victimes d'avoir effectivement une reconnaissance judiciaire,
01:46mais aussi de répondre à ce qu'a été une faillite.
01:49Comment vous pouvez avoir, pendant 60 ans, dans une institution, pas seulement une personne,
01:56mais plus de dix personnes qui sont, en tout cas, mises en cause ?
01:59Je ne sais pas s'ils seront tous jugés coupables, et plus de 100 plaintes.
02:02Et on sait que, malheureusement, dans ce type d'affaires, généralement,
02:05le nombre de victimes réelles est plus important que le nombre de personnes qui seront déposées plaintes.
02:09C'est d'ailleurs ce que dit Alain Esquerre, qui est le président de l'Association des victimes.
02:12Il estime qu'il y aura sans doute beaucoup plus de victimes.
02:15Donc ça, c'est évidemment que cette journée, elle était utile.
02:18Maintenant, le sujet, c'est aussi un sujet...
02:19Vous ne demandez plus la démission. Vous ne dites plus le mot démission.
02:22Je vais y venir, Apolline de Malherbe.
02:23J'essaye d'abord, parce que le plus important dans cette affaire, c'est d'abord que la parole des victimes soit reconnue.
02:29Maintenant, il y a un problème politique qui a été posé.
02:31C'est que quand nous venons devant l'Assemblée nationale et que nous interrogeons le Premier ministre mardi dernier,
02:36le Premier ministre dit « je n'ai jamais été informé de rien ».
02:39Et puis, on apprend depuis qu'un juge d'instruction, qu'une ancienne victime...
02:44Hier soir, on apprenait à la télévision qu'un gendarme qui a été en charge d'une première enquête pour violences sexuelles,
02:52disait « ah ben non, M. Bayrou, pour le juge, il est venu nous rencontrer pour nous demander des informations sur le sujet ».
02:58Le gendarme nous dit « M. Bayrou est intervenu dans la procédure judiciaire ».
03:02Et donc, le Premier ministre a menti devant la représentation nationale.
03:06Et moi, je fais partie des gens qui pensent que quand on ment devant la représentation nationale,
03:10quand on n'a rien fait face à des accusations et face à des faits d'une telle gravité,
03:14on ne peut pas rester décemment Premier ministre.
03:16Donc oui, évidemment que je considère, encore plus après la journée de samedi,
03:20que le Premier ministre ne peut plus rester en fonction.
03:22Pour vous, le Premier ministre doit démissionner.
03:24Je précise que vous faites référence à un témoignage d'un gendarme qui a été recueilli par TF1.
03:29Il semble que le groupe TF1, ce matin, publie un démenti ou en tout cas une prise de distance par rapport à ce témoignage.
03:35Par ailleurs, vous dites qu'il y a un juge d'instruction.
03:37Le juge d'instruction lui-même dit qu'il n'a jamais eu la moindre information là-dessus
03:42ou en tout cas qu'il ne s'en souvient pas.
03:44Ce qui est sûr, c'est que pour le coup, là...
03:46Non, non, madame, pardon, excusez-moi de vous interrompre, mais le juge d'instruction, vous l'avez...
03:50Le juge d'instruction dit, hier soir, qu'il n'en garde pas le souvenir.
03:53Non, mais d'accord, mais vous lui avez donné la parole jeudi et vendredi matin.
03:57Non, il dit qu'il a eu rencontre, effectivement, avec François Bayrou.
04:00Il dit, en revanche, que sur les propos que tenait le gendarme sur le fait que François Bayrou serait,
04:06je cite, intervenu, notamment avant la mise en examen du père Carica.
04:10D'accord.
04:11La mise en examen, en tout cas, on peut le dire, a bel et bien eu lieu.
04:15Elle n'a pas été empêchée.
04:16Évidemment, mais personne n'a dit que François Bayrou avait empêché une mise en examen.
04:21Ce que je vous dis, c'est que François Bayrou...
04:24Est-ce que oui ou non, François Bayrou, mardi dernier devant l'Assemblée nationale, a dit
04:27« je ne suis au courant de rien ».
04:28Tout à fait, il a dit, un, j'affirme n'avoir eu aucune information
04:33et deux, il dit la même semaine, à la fin de la semaine,
04:36quand j'ai appris, en 1996, alors que j'étais ministre de l'Éducation nationale,
04:41j'ai fait organiser une inspection générale de l'établissement.
04:44Il faut être tout à fait précis là-dessus.
04:45Ce que lui dit, mais auquel, visiblement, vous n'adhérez pas,
04:48il dit, quand je dis que je n'ai jamais eu la moindre information,
04:50c'était sur les violences sexuelles.
04:52Et en effet, dans l'enquête, il y a deux temps.
04:54Il y a un temps avec des violences physiques et il y a un temps avec des violences sexuelles.
05:00Lorsqu'il dit qu'en 1996, alors qu'il est ministre de l'Éducation,
05:03il a appris, ce serait sur les violences physiques et non pas les violences sexuelles
05:09qui n'ont été dénoncées qu'en 1998.
05:10D'abord, ce n'est pas ce que disait François Bayrou devant l'Assemblée nationale, mardi.
05:14Ou mardi, il disait « je n'ai jamais été informé de cas de violences,
05:17a fortiori de cas de violences sexuelles ».
05:19Donc, le fait même que lui-même reconnaisse désormais
05:22qu'en 1996, quand il était ministre de l'Éducation nationale,
05:26il a commandité une inspection sur ce sujet,
05:29est déjà la démonstration de son mensonge de mardi devant l'Assemblée nationale.
05:32Puisque s'il a demandé une enquête sur ce sujet,
05:35c'est précisément parce qu'il avait été informé de difficultés.
05:38Ensuite, je redis, j'entends ce que vous venez de m'apprendre sur le gendarme...
05:43– Je vais être très précise, TF1 qui est à l'instant sur les réseaux sociaux
05:46à propos de l'affaire Bétharame, cite au fond le témoignage du procureur général
05:54qui dit « je n'ai vraiment pas le souvenir qu'on m'ait dit
05:57que M. Bayrou serait intervenu, il contredit ainsi, c'est TF1 qui le dit,
06:01il contredit ainsi le témoignage du gendarme en charge de l'enquête ».
06:03– Donc TF1 ne remet pas en cause le témoignage du gendarme
06:06et confronte un autre témoignage d'une personne qui ne dit pas exactement la même chose.
06:12Dans tous les cas, et indépendamment de ce témoignage-là, il y a bien...
06:15– Vous estimez qu'il y a mensonge ?
06:16– Non, je ne sais pas, j'estime, Apolline de Malherbe, c'est factuel, enfin pardonnez-moi.
06:19– Non, mais François Bayrou, lui, il dit « je n'ai pas menti,
06:21j'ai dit que je n'avais pas la moindre information sur les violences sexuelles ».
06:25Mais ce n'est pas ce qu'il a dit, est-ce que je me trompe quand je dis que,
06:28mardi devant l'Assemblée nationale, François Bayrou a dit
06:30« je n'ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences
06:33ou de violences à fortiori sexuelles, jamais ».
06:35Voilà, je cite exactement les propos tenus par François Bayrou.
06:38– Il a menti, il doit démissionner.
06:40– Évidemment, enfin écoutez, je sais que désormais dans notre démocratie,
06:44on considère que la force qui gagne l'élection peut être appelée à ne pas gouverner,
06:49mais un Premier ministre qui vient devant l'Assemblée nationale,
06:52qui répond à la représentation nationale sur une question d'un député,
06:56et la question que nous posons c'est une question qui est légitime,
06:59en plus le député qui la pose, le député Paul Vannier,
07:02il est en charge depuis plusieurs mois d'une mission d'information
07:05sur le contrôle des établissements privés confessionnels,
07:08donc évidemment qu'il est dans son droit de poser une question sur ce sujet,
07:12nous ne nous attendions pas à cette réponse,
07:14mais quand il répond cela, François Bayrou,
07:16et qu'ensuite il y a toute une série d'éléments qui viennent attester du fait
07:20que ce qu'il dit est un mensonge, alors ça pose un problème politique grave.
07:23– Est-ce que pour vous le problème, on a bien compris,
07:25le problème c'est qu'il est menti devant la représentation nationale,
07:28est-ce que vous ajoutez à cela l'idée qu'il est tenté d'étouffer l'affaire,
07:32ou même peut-être d'entraver la justice ?
07:34– Non mais moi je n'ai pas d'éléments qui me permettent de dire
07:36qu'il aurait tenté d'entraver la justice,
07:38néanmoins il y a évidemment un problème de mensonge devant la représentation nationale,
07:42et il y a évidemment un problème du fait des fonctions qu'exerçait François Bayrou,
07:49que ce soit jusqu'en 1997 en tant que ministre de l'éducation nationale,
07:53que ce soit en tant que député de la circonscription,
07:56que ce soit en tant que président du conseil général à l'époque,
07:58le président du conseil général notamment dans ses missions la protection de l'enfance,
08:02du fait des statuts qui étaient les siens,
08:05et évidemment qu'il était au courant,
08:06et d'ailleurs il y a un certain nombre de témoignages qui l'attestent,
08:09et on peut quand même dire qu'il n'est pas normal
08:11qu'à partir du moment où il avait été au courant,
08:13il n'ait pas pris de mesures pour faire en sorte que ces faits s'arrêtent,
08:17que cet établissement par exemple ferme si ces éléments s'y reproduisaient de manière systémique.
08:23– Il dit qu'il a demandé une inspection générale de l'établissement,
08:28cette inspection générale aurait conclu qu'il n'y avait pas de problème
08:33au-delà d'un cas particulier.
08:34– Mais vous avez lu le rapport, en tout cas moi je l'ai lu,
08:36le rapport qui a été publié en 1996 à la demande manifestement de François Bayrou.
08:42À l'intérieur il est dit par exemple qu'un élève se retrouve puni,
08:47on le met dehors, dans le froid, pendant une heure.
08:51– Dans le slide, dans le froid, à zéro degré, et qu'il est ensuite tapé.
08:54– Bon, c'est quand même… et ça c'est dans le rapport,
08:57et il y a des conclusions qui en sont tirées,
08:59dans lesquelles on dit bon, il faut que l'établissement s'interroge
09:02sur sa conception de la discipline,
09:04dans lesquelles on dit il faut mettre un terme à une pratique,
09:07c'était qu'on demandait à certains élèves de surveiller les autres,
09:10et est-ce que, oui ou non, ensuite dans ce rapport,
09:12les préconisations de ce rapport ont été suivies ?
09:14On n'a aucune réponse sur ce sujet, manifestement ce n'est pas le cas.
09:17Donc pardonnez-moi, je trouve que François Bayrou…
09:19– Et les témoignages sont épouvantables.
09:20– Moi je ne veux pas l'accuser de choses qu'il n'a pas faites,
09:23je dis seulement que du point de vue de la fonction qui était la sienne,
09:27il devait alerter, il devait changer un certain nombre de choses
09:30pour que ce type d'acte ne puisse pas continuer à se produire.
09:33– Le président de l'association des victimes, je le répète,
09:36lui dit croire à la sincérité de François Bayrou,
09:39et il dit je refuse de faire le procès de François Bayrou,
09:42parce que si on fait le procès de François Bayrou,
09:44alors on fait le procès de toute la population locale,
09:46tout le monde le savait, absolument tout le monde.
09:48– Mais d'abord, moi je ne suis pas là pour faire le procès de qui que ce soit,
09:52je dis que François Bayrou, en tant que Premier ministre,
09:56pour les raisons que je vous ai indiquées et que je ne veux pas répéter,
09:59je pense qu'il ne peut pas rester décemment en fonction.
10:01Pour autant, maintenant la question qui est la plus importante,
10:04évidemment c'est la question de savoir comment on fait en sorte
10:07que jamais ce type d'événement puisse se reproduire.
10:11Donc est-ce qu'il y a des contrôles réguliers dans ce type d'établissement ?
10:16Est-ce qu'il y a des moyens qui sont apportés à la justice
10:19pour faire en sorte que l'ensemble de ces plaintes soient effectivement traitées ?
10:22Et on a besoin pour ça de comprendre ce qui a dysfonctionné,
10:25et ça je pense que c'est quand même notre devoir.
10:27Moi vous savez je suis parlementaire,
10:28un député il a notamment dans ses fonctions le contrôle de l'action du gouvernement,
10:32et donc c'est normal de demander des explications
10:34sur la manière avec laquelle la vérité n'a pas pu être faite
10:36et a mis autant de temps à émerger sur ce sujet.
10:38Est-ce qu'au-delà de la seule question et déjà tragique et énorme de Notre-Dame de Bétarame,
10:44vous estimez qu'il y a un problème en France avec les écoles privées religieuses sous contrat ?
10:51Je pense qu'il y a un problème de déficit de contrôle.
10:56Comment vous pouvez accepter que là on parle de faits qui s'étalent sur une période
11:00qui depuis plus de 50 ans, combien y a-t-il eu de contrôles de cet établissement ?
11:05Je rappelle que les établissements privés comme celui-ci ont un agrément avec l'État,
11:11c'est-à-dire qu'ils bénéficient d'une forme de financement de l'État.
11:16Donc l'État a quand même le droit et le devoir de demander en échange
11:20qu'un certain nombre de règles soient respectées, et elles ne le sont pas.
11:23Est-ce que vous considérez aujourd'hui, je vous repose la question,
11:26au-delà de cette école-là, est-ce que vous considérez qu'aujourd'hui
11:29il y a un problème avec les écoles privées religieuses ?
11:32Est-ce que vous vous dites que peut-être qu'il faudrait même envisager
11:34de mettre fin à ce système d'écoles sous-contraint ?
11:38Le rapport qui a été publié par la mission d'information
11:41qu'a pris en charge mon collègue Paul Vannier ne va pas sur ce chemin-là,
11:45ne va pas jusqu'à dire qu'il ne faut plus du tout qu'il n'y ait aucune école sous-contraint.
11:48Mais est-ce que vous, vous l'envisagez ?
11:49Non, mais ce n'est pas aujourd'hui dans nos propositions.
11:53Je ne vous demande pas si c'est dans vos propositions, je vous demande si c'est vous, Manuel Bompard.
11:55Si vous me posez la question de savoir si c'est dans mes propositions, je vous réponds à ce stade non.
11:58À ce stade non, mais on pourrait y réfléchir ?
12:01On pourrait en débattre, mais le point de départ, c'est de faire en sorte qu'il y ait des contrôles.
12:06Il n'y a pas que Bétharame.
12:09On a connu, alors évidemment c'était des faits pas du tout de la même gravité,
12:13mais on a connu il y a quelques mois de ça, des révélations sur un certain nombre de propos
12:17qui ont été tenus à l'intérieur de l'école Stanislas,
12:21qui posaient là aussi des difficultés.
12:23Je ne compare pas les faits, évidemment, mais ça a montré qu'il y avait une défaillance dans le contrôle.
12:28C'est pour ça que je vous repose la question.
12:29Est-ce que pour vous le problème, c'est le contrôle, ou est-ce que pour vous le problème, ce sont ces écoles religieuses ?
12:32Je pense que le problème, c'est le contrôle à ce stade.
12:34Après, personnellement, si vous me demandez mon modèle de l'école,
12:39je suis plutôt favorable à défendre à chaque fois que possible l'école publique.
12:43Je ne suis pas forcément le plus à l'aise avec ce type d'établissement.
12:45Maintenant, ces établissements existent,
12:47et on voit bien qu'on ne pourrait pas du jour au lendemain y mettre un terme.
12:51Pas du jour au lendemain, mais c'est-à-dire qu'à terme,
12:53vous vous dites s'il n'y a que l'école publique en France, c'est souhaitable ?
12:56Je pense que de manière générale, un des grands acquis de la République,
13:01c'est le fait qu'il y ait une école publique, laïque, ouverte à tous,
13:05gratuite, et qu'il vaut mieux aller sur ce schéma-là.
13:08Sur ce schéma-là, ça veut dire que vous vous dites à terme,
13:11j'ai bien compris, mais à terme, vous seriez favorable à ce qu'il n'y ait plus que des écoles publiques.
13:16Mais je ne veux pas vous répondre de telle sorte qu'après,
13:19ça donne l'impression que ma proposition immédiate est celle-là,
13:22alors que ce n'est pas ce que je vous ai indiqué.
13:24Mais maintenant, je vous dis juste que du point de vue de l'idée que je me fais de l'éducation,
13:29je pense que l'éducation, elle doit être gratuite.
13:31Or, dans un certain nombre d'établissements privés, ce n'est pas le cas,
13:34et donc ça crée des inégalités dans l'accès à l'éducation.
13:37Je pense que l'école, elle doit être laïque,
13:38et que donc, je ne suis pas le plus grand partisan des écoles et des établissements religieux.
13:44Bon, maintenant, ils existent, ils sont encadrés par la loi,
13:46mais manifestement, pas suffisamment.
13:48Donc au moins, dans un premier temps, qu'on fasse en sorte qu'ils soient contrôlés,
13:50et qu'on ne traite pas les établissements religieux à géométrie variable,
13:54en fonction de la religion.
13:55Ça veut dire quoi ça, Manuel Bompard ?
13:57Je vais vous dire ce que ça veut dire.
13:59Ça veut dire que ces derniers mois, on a fermé un certain nombre d'écoles religieuses musulmanes
14:03qui ont été contrôlées cinq ou six fois dans la même année,
14:05et on apprend maintenant qu'il y a des écoles confessionnelles catholiques
14:09qui n'ont pas été contrôlées pendant des dizaines et des dizaines d'années.
14:11Donc je dis, elles n'ont pas d'appréciation ou de contrôle à géométrie variable,
14:15faisant en sorte que les règles s'appliquent de la même manière pour tout le monde.
14:18Vous êtes favorable à des contrôles partout, et le plus souvent possible.
14:20Manuel Bompard, une motion de censure sera déposée par les socialistes mercredi.
14:24Est-ce que vous la voterez ?
14:25Oui et non. On vote toutes les motions de censure de gauche
14:27pour essayer de faire renverser le gouvernement.
14:31Maintenant, je pense que tout le monde a compris le côté pistolet à eau
14:35de cette motion de censure, puisque le Parti socialiste a refusé à cinq reprises consécutives,
14:41depuis le début du mois de janvier, de censurer le gouvernement de François Bayrou.
14:45Il a refusé de censurer le gouvernement de François Bayrou sur des sujets majeurs.
14:48La semaine dernière, c'était sur le budget et le budget de la Sécurité sociale.
14:52En ne censurant pas, pas seulement le Parti socialiste,
14:54le Rassemblement national non plus n'a pas censuré.
14:56En ne censurant pas, ils ont laissé passer, par exemple,
15:00le fait d'augmenter la TVA sur les micro-entrepreneurs.
15:02Par exemple, le fait de soumettre les apprentis qui gagnent au moins que le SMIC à la CSG.
15:08Pour un apprenti qui gagne 1000 euros par mois, il va perdre 30 euros.
15:11Ce ne sont plus nos alliés, voilà ce que dit Jean-Luc Mélenchon désormais.
15:14Attendez, je vais aller au bout de mon raisonnement.
15:15Je vous disais juste, évidemment, que cette motion de censure a un caractère assez artificiel.
15:21Maintenant, moi, je ne suis pas là pour régler des comptes avec qui que ce soit.
15:24À chaque fois qu'il y a une opportunité de renverser ce gouvernement qui fait une mauvaise politique,
15:27je vote en faveur de cette motion de censure, donc je vais le faire.
15:30Vous n'êtes pas là pour régler les comptes avec qui que ce soit ?
15:32Non, ça ne m'intéresse pas.
15:33Oui, alors, moi, je veux bien que ça ne vous intéresse pas.
15:35Mais je vais quand même répondre à vos questions. Je le fais toujours.
15:38Vous êtes dans ces cas-là peut-être répartis les rôles, en quelque sorte,
15:41puisque Jean-Luc Mélenchon s'en charge pour vous.
15:43Ce ne sont plus nos alliés, voilà ce que dit Jean-Luc Mélenchon hier.
15:46Il veut tourner la page d'une alliance, je cite,
15:48toxique avec les socialistes.
15:51Les socialistes n'ont d'ailleurs jamais eu l'intention d'être des partenaires.
15:54En réalité, ils voulaient juste profiter de nous.
15:56Mais ce n'est pas régler des comptes.
15:57C'est dire les choses de manière assez franche et assez directe.
16:01Vous savez, on a été élu en tant que parlementaire du Nouveau Front Populaire
16:05avec un engagement, un engagement programmatique.
16:09Et moi, pardon, peut-être que c'est un peu désuet aujourd'hui,
16:11puisque j'ai bien compris que maintenant, vous avez des responsables politiques
16:14qui font des promesses pendant les campagnes électorales
16:16et qui font l'inverse une fois qu'ils ont été élus.
16:17Mais moi, je crois à la fidélité à la parole donnée aux électrices et aux électeurs.
16:20Je crois à la sincérité.
16:22Et je crois au fait que quand vous avez été élu sur l'idée
16:24que vous voulez constituer une alternative au macronisme,
16:27quand vous avez été élu sur l'idée qu'il faut, par exemple,
16:30des mesures en faveur du pouvoir d'achat,
16:32qu'il faut davantage d'investissements dans les services publics,
16:34vous ne laissez pas passer un budget macroniste
16:37qui va se traduire par des coupes historiques
16:39et le budget le plus austéritaire de ces 25 dernières années.
16:42C'est parce que vous êtes fidèle.
16:43Alors certains qui étaient pourtant des fidèles parmi les fidèles,
16:45à la fois de vous et de Jean-Luc Mélenchon,
16:47quelqu'un comme Raquel Garrido notamment,
16:49elle estime qu'en fait tout ça n'est que cynisme, elle le dit.
16:52Vos calculs cyniques, voilà ce dont elle parle,
16:55si Mélenchon veut rompre son accord avec le PS,
16:57c'est tout simplement parce qu'il estime que c'est son intérêt politique.
17:00Point.
17:00Mais bon, elle dit ce qu'elle veut, je m'en fiche.
17:03Je vous le dis sincèrement.
17:04Il y a des problèmes de fidélité.
17:05Vous dites, moi je suis pour la fidélité.
17:07En tout cas chez vous, il y a des problèmes de fidélité.
17:09Il y en a qui sont traîtres, il y en a qui sont rejetés,
17:12là vous utilisez des mots que vous avez peut-être remarqué
17:14que personnellement je n'ai pas employé,
17:16mais moi je vous ai parlé de là.
17:17Vous ne les avez pas utilisés, mais Jean-Luc Mélenchon les a utilisés.
17:19Mais non, Jean-Luc Mélenchon n'a pas utilisé le mot de traître.
17:21Il a utilisé le mot de relation toxique,
17:24c'est ce que Raquel Garrido critique.
17:26Si vous voulez inviter Raquel Garrido, invitez-la.
17:28Mais je le fais aussi, ne vous inquiétez pas.
17:29Mais je vous dis sincèrement, les choses,
17:31je crois que ce qui est important,
17:32c'est de ne pas prendre les gens, les électrices et les électeurs,
17:34le peuple français pour des imbéciles.
17:37Et c'est difficile de convaincre les gens d'aller voter,
17:40vous savez, à une élection.
17:41Et c'est difficile notamment parce que les gens se disent
17:43bon ben en fait c'est tous les mêmes,
17:46bon ben en fait ils disent des choses pendant les campagnes
17:48et après ils font l'inverse une fois qu'ils sont au pouvoir.
17:50Donc moi, pardonnez-moi, je ne suis pas d'accord
17:52pour participer de ce jeu de la duperie permanente
17:56où on est élu sur un programme
17:57et on fait l'inverse une fois qu'on est au pouvoir.
17:59C'est ma seule boussole, c'est mon seul cap.
18:01Donc à partir du moment où il y a des gens
18:03qui ont envie de rester fidèles,
18:05à rester dans l'opposition au macronisme,
18:07continuer à porter les valeurs
18:08qu'on a apportées ensemble aux élections législatives,
18:10on va continuer ensemble.
18:12Si d'autres tournent le dos à cet engagement,
18:14qu'est-ce que vous voulez que je vous dise d'autres ?
18:15Qu'on prend acte et puis maintenant on continue la bataille.
18:18Avez-vous eu accès au cahier des doléances ?
18:20Le cahier des doléances, après les Gilets jaunes,
18:22avait été recueilli partout en France.
18:24François Bayrou dit qu'il veut les rouvrir,
18:26qu'il veut s'en inspirer.
18:28Est-ce que vous, vous y avez eu accès ?
18:29Est-ce que les élus de France y ont eu accès ?
18:31Non, je n'y ai pas eu accès directement.
18:32Après j'ai pu consulter des études
18:34qui ont été faites par un certain nombre de chercheurs.
18:36On peut aller dans les archives nationales
18:38pour les chercher, mais disons que c'est quand même compliqué.
18:40C'est une démarche qui est plutôt une démarche
18:42faite par, on va dire, des historiens
18:44ou des sociologues
18:46et c'est vrai que ce n'est pas
18:48accessible comme ça au gros public.
18:49Moi, je serais favorable à ce que ce soit accessible
18:51au gros public, premièrement.
18:52Et deuxièmement, si François Bayrou veut désormais
18:55s'en inspirer, c'est bien,
18:56mais alors il faut qu'il prenne acte
18:59d'un certain nombre de revendications qui sont à l'intérieur.
19:02Par exemple, une des grandes revendications
19:03des Gilets jaunes, c'était le rétablissement de l'impôt de solidarité
19:05sur la fortune.
19:06Ça, manifestement, François Bayrou, il ne veut pas.
19:08Une des grandes revendications
19:10des Gilets jaunes, c'était le référendum
19:12d'initiative citoyenne, la possibilité
19:14pour un certain nombre de
19:16citoyens de pouvoir poser un sujet et qu'il devienne
19:18un sujet sur lequel on demande
19:20l'avis au peuple français par référendum.
19:22Tout ça, ce sont des mesures que François Bayrou
19:24et avant lui, les différents premiers ministres macronistes
19:26ont allègrement balayé d'un revers de la main.
19:28Et d'ailleurs, le président de la République
19:30Emmanuel Macron lui-même avait dit
19:32on va faire des cahiers de doléances, après on va en tenir compte.
19:34Il n'en a jamais tenu compte.
19:35Personne, à vos yeux, n'en a tenu compte.
19:37Ce n'est pas juste à mes yeux.
19:38Vous savez, quand vous analysez, quand vous consultez
19:40le travail des historiens sur les cahiers de doléances,
19:42ils vous disent que le sujet qui revient le plus,
19:44c'est la justice fiscale.
19:45C'est comment on fait en sorte que
19:47chacun contribue à la hauteur de ses moyens.
19:49La vérité, pour tout vous dire, c'est que moi qui vous reçois tous,
19:51de droite comme de gauche, ce mot de justice fiscale,
19:53vous l'avez tous à la bouche.
19:54Simplement, vous y mettez chacun ce que vous voulez y mettre.
19:56Mais le mot de justice fiscale,
19:58je peux vous dire qu'on l'entend beaucoup.
20:00Dans justice fiscale, il y a deux mots.
20:01Il y a justice et fiscal.
20:02Fiscal, c'est les impôts.
20:03Justice, ça veut dire faire en sorte qu'on paye nos impôts
20:05en quelque sorte à proportion de nos moyens.
20:07Vous le reconnaîtrez ?
20:08Chacun y voit ce qu'il a envie d'y voir ?
20:10Oui, je veux bien le reconnaître.
20:11Mais quand vous avez un budget
20:13qui est passé en force par 49.3
20:16et dans lequel on préfère taxer les apprentis
20:18qui gagnent moins de 1000 euros par mois
20:19que les 147 milliardaires du pays,
20:21je pense qu'on ne peut pas vraiment dire
20:23que c'est un budget de justice fiscale.
20:25On peut essayer de tordre les mots,
20:27mais à un moment, les mots,
20:28ils ont quand même une signification et un sens.
20:29Voilà votre définition de la justice fiscale.
20:31Je préfère qu'on taxe les milliardaires
20:34plutôt que les apprentis.
20:35Et d'ailleurs, j'en profite pour vous dire
20:37que jeudi, à l'Assemblée nationale,
20:38dans la niche parlementaire du groupe écologiste,
20:41il va y avoir une proposition de loi
20:43pour mettre en place un impôt Zucman.
20:45C'est un impôt de 2% sur le patrimoine des milliardaires.
20:48Et je pense que c'est un sujet très important.
20:50Et vous invitez tout le monde à le voter.
20:51Ça permet de remplir 20 milliards d'euros de recettes.
20:52Donc, j'invite tout le monde à voter.
20:53Ça, c'est de la justice fiscale.
20:54Ce n'est pas que des mots, c'est des actes.

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