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00:00Bonsoir à toutes et à tous, l'invité éco de France Info est un des leaders du solaire en France.
00:09Acteur français des énergies renouvelables, racheté en ce moment même par un fonds canadien.
00:15Bonsoir Xavier Barbaro, vous êtes le PDG de Néon.
00:18On va revenir évidemment sur votre actualité, votre changement d'actionnaire.
00:22Mais avant cela, il y a un mouvement de colère en France.
00:25Depuis la semaine dernière, les professionnels du secteur du photovoltaïque
00:29sont remontés contre un projet de décret du gouvernement
00:32qui prévoit une baisse des aides publiques pour les petites installations,
00:35les panneaux solaires sur les bâtiments des agriculteurs ou sur les parkings.
00:39Vous êtes un spécialiste du solaire mais sur des installations beaucoup plus grandes.
00:43Vous n'êtes donc pas concerné directement.
00:45Mais est-ce que vous comprenez tout de même leur colère ?
00:48Je comprends leur colère puisqu'on peut regretter ces mouvements soudains.
00:52Le stop and go, c'est malheureusement une des caractéristiques souvent des politiques françaises.
00:56Il y a un débat tout à fait légitime.
00:58C'est normal que le gouvernement revoie régulièrement ses options énergétiques
01:01et ses politiques de subvention.
01:03Je rappelle que Néon n'est pas concerné puisque nous faisons des centrales
01:06qui sont intrinsèquement compétitives donc sans soutien public.
01:09Mais c'est vrai que des acteurs des toitures qui ont, je pense, leur place dans le mix énergétique,
01:13c'est normal qu'ils réagissent assez vivement quand on leur dit du jour au lendemain
01:17que le cadre réglementaire dans lequel ils travaillent va être complètement changé.
01:21Ça donne un mauvais signal au secteur ?
01:24Ça donne à la fois un mauvais signal, comme je vous le disais, en termes de soudaineté,
01:29en termes de stop and go.
01:31Ça donne quand même un signal, je pense, légitime en termes de revue des politiques publiques.
01:37C'est normal que sur des sujets qui nécessitent des subventions,
01:41l'hydrogène, les toitures solaires, le gouvernement, dans une période
01:44où on a besoin de concentrer notre budget sur les sujets les plus utiles,
01:49les plus efficaces, revoient ce genre de politique régulièrement.
01:53Alors le président de la République, la semaine dernière, a dit
01:56« plug baby plug », référence au « drill baby drill » de Trump.
01:59Comprenez, on va investir à fond dans notre énergie pour attirer les entreprises.
02:03Est-ce que ce sont des paroles ? Est-ce qu'il ne parlait que du nucléaire ?
02:06Ou est-ce que vous vous êtes senti concerné ?
02:08Est-ce que le renouvelable fait partie du plan du président de la République ?
02:12On se sent archi concerné chez Noël.
02:14On alimente déjà aujourd'hui dans d'autres pays que la France des data centers,
02:17que ce soit Google, que ce soit Equinix en Finlande, en Suède, en Italie,
02:21dans d'autres pays bientôt.
02:22On a vocation en France aussi à fournir cette énergie compétitive, décarbonée
02:27et disponible à des clients comme ceux de la data et de l'intelligence artificielle.
02:33Aujourd'hui en France, il y a une relance du plan nucléaire
02:36et je pense qu'on peut s'en féliciter.
02:37Noël n'est absolument pas anti-nucléaire.
02:39Donc ce n'est pas aux dépens de Xavier Barbaro des énergies renouvelables.
02:44Vous êtes spécialiste du solaire, vous êtes spécialiste de l'éolien terrestre aussi,
02:49du stockage de l'énergie.
02:50Ce n'est pas le nucléaire aux dépenses des énergies renouvelables aujourd'hui en France.
02:53Non, le renouvelable et en particulier Noël ont déjà démontré qu'ils étaient
02:56une des solutions pour alimenter ces data centers.
02:58Donc les milliards et même les dizaines de milliards d'investissements en France
03:02qui ont été annoncés par le président de la République ont vocation à nous créer un marché
03:06et on est probablement la meilleure réponse dans les 10 ou 15 prochaines années
03:10avant l'arrivée de nouveaux réacteurs nucléaires.
03:12Si on veut aujourd'hui venir faire des investissements en France, créer des data centers,
03:16il faut qu'il y ait aussi de l'électricité vers disponible et on est capable de la fournir.
03:21Sauf qu'on entend quand même une réticence de plus en plus importante des politiques français,
03:26notamment sur l'éolien terrestre, en gros pas dans mon jardin.
03:30Est-ce que ça se traduit concrètement sur le terrain avec des permis plus difficiles à obtenir ?
03:36Est-ce que vous le sentez vraiment ?
03:37Oui, on le sent vraiment.
03:38Il faut aujourd'hui littéralement 10 ans pour obtenir un permis éolien en France.
03:42Parfois pour des bonnes raisons.
03:44Parfois certains acteurs ont abusé, ont été un peu trop envahissants.
03:47Je pense qu'il faut savoir entendre les messages qu'on nous envoie qui sont parfois négatifs.
03:51Donc ça veut dire en gros pas nous, les autres ?
03:53Oui, Néon, on fait essentiellement du solaire en France.
03:56On le fait bien, on le fait de manière consensuelle, c'est bien accepté.
03:59On fait aussi de l'éolien là où ça se passe bien.
04:01On n'est pas des forcenés de l'éolien.
04:03Je pense aujourd'hui que la source d'énergie qui a le plus d'avenir en France
04:07ce sont les grandes centrales au sol.
04:08Il y a de la place, c'est bien accepté, c'est compétitif.
04:11Ça crée de l'activité économique pour des entreprises françaises.
04:14Je pense qu'aujourd'hui c'est ça le vrai cheval de bataille.
04:17Et donc ça veut dire qu'aujourd'hui vous pensez développer le solaire notamment en France ?
04:22On le fait déjà.
04:23On a environ un demi milliard d'investissements chaque année qui sont décidés chez Néon
04:28dans du solaire en France.
04:29On pourrait faire deux fois plus facilement s'il y avait un peu moins de barrières administratives.
04:34Aujourd'hui ces barrières nous limitent en termes de volume.
04:37Elles nous empêchent aussi d'ailleurs d'être aussi compétitifs que ce qu'on pourrait être.
04:40Aujourd'hui c'est paradoxal.
04:41Le solaire en France coûte 20% plus cher qu'en Allemagne où il y a pourtant moins de soleil.
04:46Moi je suis capable chez Néon de faire du solaire en Suède moins cher qu'en France.
04:51En Suède !
04:52Et comment ça s'explique ?
04:53Parce qu'on nous laisse faire des projets plus rapidement, de grande taille,
04:56sans nous mettre de la complexité administrative qui représente un coût.
05:02Aujourd'hui c'est dommage qu'on ne sache pas en France déverrouiller le formidable potentiel photovétalique qui existe dans ce pays.
05:08Vous êtes en train d'être racheté par un fonds d'investissement canadien, Brookfield,
05:13qui a été dans l'actualité puisqu'il a annoncé 20 milliards de dollars d'investissement à venir dans les data centers,
05:21notamment dans l'intelligence artificielle.
05:23Qu'est-ce que ça va vous permettre à vous, qui est donc un pur player des énergies renouvelables, ce changement de main ?
05:29Ça va nous permettre d'accélérer.
05:31On peut se réjouir évidemment d'avoir un actionnaire Brookfield et d'autres actionnaires.
05:37D'ailleurs Temasek, le fonds singapourien, est aussi au capital de Néon.
05:40Ils vont nous permettre d'aller plus vite, en particulier en France.
05:43Parce qu'ils ont du capital ?
05:45Parce qu'ils ont du capital, parce qu'ils ont aussi d'ailleurs la capacité eux-mêmes à nous apporter des clients en plus.
05:50Vous l'avez rappelé, ils investissent massivement dans les data centers.
05:54Notamment en Europe.
05:56C'est un beau coup d'accélérateur pour Néon.
05:58C'est aussi un super message pour la France.
06:00Ça montre qu'aujourd'hui, il y a des investisseurs étrangers qui veulent investir en France,
06:04dans des entreprises françaises et pour qu'elles se développent en particulier en plus sur leurs marchés domestiques.
06:09Sauf que vous allez quitter la Bourse de Paris.
06:10Est-ce que ça veut dire que demain vous passez sous pavillon canadien ?
06:13Que vous devenez une entreprise canadienne ?
06:15Que vous faites partie de ces pépites françaises qui passent sous pavillon étranger ?
06:19La géographie du capital d'une société, c'est évidemment un paramètre important,
06:23mais ce n'est pas ça qui nous définit uniquement.
06:25Je rappelle que même en étant coté à la Bourse de Paris, on avait déjà beaucoup d'actionnaires étrangers.
06:29Donc ça, ça ne va pas nous dénaturer.
06:31Au contraire, je trouve que c'est un bon signal.
06:33J'ai eu l'occasion d'en parler par exemple avec Business France,
06:35qui nous dit que vous serez une entreprise française à capitaux étrangers.
06:38Je pense que c'est finalement une bonne définition.
06:39Oui, mais est-ce que ce n'est pas juste des parents ?
06:41Alors ça, Xavier Barbaro, vous allez devenir une entreprise canadienne demain.
06:43En tout cas, on sera une entreprise qui investira encore plus en France demain.
06:47Et je pense que c'est ça qui est finalement le vrai marqueur de ce qu'on peut apporter à la France
06:52à travers la capacité de Neon à développer de nombreux projets en France
06:57et avec un actionnaire qui est ravi de les financer.
06:59Et donc, vous qui avez cofondé Neon, vous restez à la tête de l'entreprise.
07:03C'est important de le souligner.
07:04Dernière question, elle concerne les Amériques.
07:0611% de votre chiffre d'affaires aujourd'hui.
07:08Est-ce que vous voyez un changement dans les investissements,
07:11dans les énergies renouvelables depuis l'investiture de Donald Trump aux Etats-Unis ?
07:15Alors, nous ne sommes pas aux Etats-Unis, mais nous sommes au Canada.
07:18Nous sommes aussi en Amérique latine.
07:19C'est un marché que vous regardez quand même.
07:21Oui, c'est un marché qu'on regarde, en particulier pour l'affaire du stockage,
07:24qui est un des marqueurs de l'activité de Neon.
07:26Je pense qu'on a vocation, nous, un jour, à aller aux Etats-Unis pour y déployer nos batteries,
07:30pour justement venir équilibrer la production solaire ou éolienne qui existe déjà massivement aux Etats-Unis.
07:35On voit autour de nous qu'il y a un vrai questionnement dans les acteurs qui sont déjà présents sur place.
07:41Je pense qu'il ne faut pas que ça nous fasse peur.
07:43Au contraire, Donald Trump ou pas Donald Trump, le renouvelable a montré sa pertinence,
07:48sa capacité à faire partie du mix et à le faire encore plus à l'avenir qu'aujourd'hui.
07:53Je pense que pour Neon, c'est un vrai marché.
07:56Dans ces moments un peu difficiles, dans ces moments un peu darwiniens,
07:58c'est probablement pour nous le meilleur moment pour accélérer.
08:01Merci beaucoup Xavier Barbaro, PDG de Neon, entreprise spécialisée dans le solaire,
08:06l'éolien terrestre et le stockage en batterie qui est donc en train d'être racheté par le Fonds canadien Brookfield.
08:11Vous étiez l'invité éco de France Info ce soir.
08:14Merci.