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Le directeur général d'EODEV, Jérémie Lagarrigue, était l'invité éco de franceinfo le lundi 12 février 2024.

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00:00 Bonsoir à toutes et à tous. L'hydrogène c'est une filière tricolore qui n'existait pas il y a quelques années encore, qui est en train de se
00:07 constituer peu à peu avec de nombreux acteurs, beaucoup d'argent public aussi. Une solution pour décarboner
00:13 l'industrie et le transport notamment. Bonjour Jérémy Lagarigue.
00:18 Vous êtes le directeur général des ODEV, entreprise spécialisée dans l'hydrogène. Vous fabriquez notamment des groupes
00:25 électro-hydrogène et des solutions embarquées. On va y revenir mais tout d'abord racontez-nous la naissance de cette entreprise.
00:32 J'ai cru comprendre que tout était né sur un bateau.
00:35 Effectivement et ODEV c'est l'acronyme d'Energie Observer Développement. Energy Observer c'est le premier bateau à réaliser une odyssée de sept ans. Il a commencé en
00:42 2017 à faire le tour du monde pour sensibiliser un maximum de personnes sur la transition énergétique, la nécessité
00:48 de rallier en fait les hommes et le vivant
00:51 aujourd'hui en respectant l'environnement. Ce bateau va terminer son odyssée de sept ans au tour du monde pour l'IGEO 2024.
00:58 Et à la suite de ce bateau, pour que le bateau puisse exister, on avait besoin de stocker l'énergie, les nouvelles énergies à partir
01:04 d'une solution. On a essayé de le faire d'abord dans des batteries. Il s'avère qu'en batterie le bateau aurait fait 17 tonnes de plus donc
01:09 il aurait coulé, il n'aurait pas existé.
01:11 Et donc on a commencé à se spécialiser dans l'hydrogène et on s'est aperçu que ça avait énormément de vertus.
01:15 Et ça c'était donc en 2019 ?
01:18 2017. Le bateau, 2018 mise à l'eau du bateau, 2019
01:22 lancement de la société EODev et aujourd'hui donc 2024 on est leader mondial dans la fabrication de générateurs hydrogènes.
01:29 C'est à dire production d'électricité à partir d'hydrogène pour remplacer ce qui se fait généralement à partir du diesel.
01:34 Alors justement, vous commencez à le dire, vous produisez des groupes électro-hydrogène.
01:39 Quels sont les débouchés ? Est-ce qu'il y a déjà beaucoup de clients ?
01:41 Effectivement il y a déjà beaucoup de clients.
01:43 On en croise un petit peu tous les jours dans la plupart des bâtiments. Dès qu'on a un bâtiment de plus de sept étages,
01:47 dès qu'il y a un ascenseur, dès qu'on a des groupes froids dans les supermarchés, mais on en a aussi dans tout ce qui est événementiel.
01:53 Donc par exemple des concerts, des travaux publics par exemple ou simplement de la recharge de voitures électriques.
02:00 Aujourd'hui on a besoin d'avoir une prise électrique mais je n'ai pas encore Enedis qui m'a installé un compteur.
02:05 Donc j'ai besoin d'avoir ce qu'on appelle de la fourniture d'énergie temporaire.
02:09 Et à ce moment là ce qu'on fait généralement c'est qu'on utilise un générateur diesel.
02:12 Notre vocation justement c'est de remplacer ces énormes pollueurs par des solutions parfaitement propres et silencieuses avec des générateurs d'hydrogène.
02:19 Et donc ça marche ? Est-ce que c'est beaucoup plus cher ?
02:21 Alors c'est plus cher effectivement. A l'achat c'est à peu près deux fois et demi plus cher.
02:25 Par contre à l'usage aujourd'hui on arrive à avoir des conditions parce qu'on a une pile à combustible.
02:30 C'est une réaction chimique en fait un peu la même qu'on a dans le corps humain.
02:33 On aspire de l'oxygène et on arrive à mélanger ça avec de l'hydrogène et on arrive à produire de l'électricité, de la chaleur et de l'eau.
02:39 C'est un peu exactement la même chose.
02:41 Deux fois et demi plus cher ça veut dire que c'est quand même un gros investissement.
02:45 Il faut être convaincu qu'il faut faire la transition énergétique pour acquérir un générateur.
02:50 Effectivement, de toute façon je pense que c'est un des enjeux aujourd'hui sociétal d'être capable de payer le juste prix de l'énergie pour être capable de décarboner la planète.
02:56 Et décarboner et dépolluer aussi en termes de microparticules.
02:59 Alors pour faire cette transition énergétique il y a notamment de l'argent public.
03:04 Beaucoup d'argent public a été mis dans l'hydrogène. 9 milliards d'euros au total de la part de la France sur plusieurs années.
03:11 C'est énorme. Est-ce que des entreprises comme la vôtre voient la couleur de cet argent ?
03:15 Alors ça commence mais très concrètement au début pas du tout parce qu'il y a énormément d'argent qui a été investi sur la production de l'hydrogène.
03:21 C'est un peu le jeu de la poule et l'œuf qui se répète assez souvent.
03:24 On a besoin d'avoir de l'hydrogène pour avoir des consommateurs et on a besoin d'avoir des consommateurs pour avoir de la production de l'hydrogène.
03:29 Donc l'investissement public a d'abord servi à produire massivement de l'hydrogène, notamment de l'hydrogène vert, donc produit à partir d'énergies renouvelables.
03:36 Et c'est ce que vous, vous produisez ?
03:38 Exactement. Et nous en fait on vient consommer cet hydrogène.
03:40 Donc aujourd'hui un peu le message qu'on peut se permettre de passer c'est qu'il faut évidemment subventionner la production de l'hydrogène mais aussi les usages.
03:46 Et ce n'est pas le cas aujourd'hui ?
03:47 Alors pas encore et ça commence. Il y a eu un certain nombre de soutiens aujourd'hui avec des écosystèmes territoriaux.
03:53 Il y a vraiment un plan hydrogène qui est en train d'être rédigé actuellement ou mis à jour par le gouvernement qui vise justement à mettre tout ça en place.
03:59 Mais il y a aussi des plans un peu plus régionaux ou locaux.
04:04 Et donc c'est cet argent public que vous, vous pouvez capter ?
04:06 Exactement. La région Île-de-France aujourd'hui nous a subventionné pour implanter notre usine en Île-de-France dans le sud de Paris.
04:11 Et également nous soutient dans le plan nouvelle air.
04:14 Vous savez qu'il y a un vrai enjeu aujourd'hui en région parisienne, c'est la qualité de l'air.
04:18 Tout ce qui est émissions de microparticules, justement comme avec nos générateurs, on n'est pas fermement propre, voire même on va améliorer la qualité de l'air parce qu'on va filtrer l'air qui passe dans notre machine.
04:28 Et bien à ce moment-là, il y a des bonus aujourd'hui qui sont décernés par l'Île-de-France pour toutes les organisations, les événements qui vont utiliser ces solutions.
04:36 Et cet argent public, ce soutien de la région Île-de-France, ça vous incite à vous installer en Île-de-France ou en tout cas consolider votre installation ?
04:44 Il y a un vrai enjeu aujourd'hui de compétition nationale, européenne et mondiale.
04:47 Parce qu'il y a les États-Unis par exemple et le Canada qui ont mis en place des énormes plans de subvention à l'installation de l'usine puis à la production en série.
04:55 On n'a pas des véhicules qui sont aussi puissants encore aujourd'hui en France et en Europe.
04:59 Mais effectivement, il y a beaucoup de personnes qui travaillent.
05:02 On a rencontré un certain nombre de ministères aujourd'hui qui font tout leur possible pour pouvoir nous aider et faire en sorte qu'on puisse faire partie des champions français de la transition énergétique.
05:09 Et donc ça veut dire qu'on fait partie, vous pensez, de la compétition mondiale concernant l'hydrogène ?
05:13 Au moment où on vous parle, aujourd'hui, on est un des leaders mondiaux dans la production de générateurs d'hydrogène.
05:16 On est l'actif aujourd'hui qui permet en termes d'investissement, décarbonation, qui est un des plus utiles.
05:21 Tous les personnes qui nous écoutent aujourd'hui, dès qu'ils vont avoir besoin de produire de l'électricité de façon décarbonée, hors réseau,
05:28 ils peuvent tout à fait faire appel à nous pour qu'on leur apporte une solution décarbonée.
05:31 Vous vous êtes allié au constructeur japonais Toyota. Qu'est-ce que ça vous apporte ?
05:35 Énormément de crédits, d'efficacité, de compétitivité.
05:39 Des crédits financiers ou de visibilité ?
05:40 Non, non, de crédits. Aujourd'hui, il faut savoir qu'en France, on a la chance d'avoir un réseau qui est très stable, très peu carboné.
05:46 Ce n'est pas le cas dans le monde entier.
05:47 Aujourd'hui, quand je parle de générateur diesel, la plupart des auditeurs ne doivent pas forcément leur faire un tic, peut-être dans leur voiture.
05:55 Par contre, vous dites ça en Afrique du Sud, par exemple, c'est trois heures d'électricité stable par jour.
06:00 Donc c'est à l'inverse. Ils vont plutôt 70% du temps fonctionner sur des générateurs diesel.
06:05 C'est le cas aux États-Unis. Vous n'avez pas une maison sans un générateur diesel attaché à votre maison.
06:11 Et donc, quel est le rapport avec Toyota ?
06:13 Le rapport avec Toyota, c'est que forcément, Toyota a une image de qualité, de robustesse, de fiabilité qu'on a besoin d'avoir aujourd'hui
06:19 quand on veut développer un marché, quand on veut remplacer les moteurs diesel qui sont très connus par une nouvelle solution,
06:24 qui est une pile à combustible. On a besoin d'avoir une marque de renom.
06:28 Quand on a lancé notre entreprise, on a évidemment voulu développer les solutions françaises.
06:31 On est un des seuls acteurs hydrogène aujourd'hui avec un certificat d'origine France Garantie.
06:36 Et donc, forcément, on a voulu avoir une pile à combustible française.
06:38 En termes de prix, durée de vie, qualité, service après-vente,
06:42 clairement aujourd'hui, à l'époque, quand on a lancé l'entreprise, ce n'était pas encore le cas.
06:45 Il y a des acteurs français aujourd'hui qui sont en train de se mobiliser pour être capables de rattraper un petit peu,
06:50 notamment Toyota et d'autres acteurs coréens.
06:52 Mais il y a encore un gap aujourd'hui, ce qui fait que si on veut être compétitif par rapport au diesel,
06:56 aujourd'hui, le meilleur acteur, c'est Toyota.
06:58 Et donc, sachant que vous faites 85% de votre chiffre d'affaires à l'international, le temps passe très vite.
07:04 Merci beaucoup, Jérémy Laguerrique, directeur général d'eodev.
07:07 Invité, Echo de France Info ce soir.

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