• il y a 10 heures
Ouverture ce samedi du 61ème Salon de l'agriculture : les jeunes agriculteurs en appellent au Président de la République.
Pierrick Horrel, Président du syndicat Jeunes agriculteurs, est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité d'Amandine Bégot du 21 février 2025.

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00RTL Matin
00:03Avec Amandine Bégaud et Thomas Soto.
00:05Il est 8h17, l'interview d'Amandine Bégaud au coeur de l'actualité ce matin encore, à la veille de l'ouverture du Salon de l'Agriculture.
00:10On se demande si l'édition de cette année sera une fête ou un lieu de tension comme l'an dernier.
00:15Ce qui est sûr, c'est que le monde paysan est vigilant, comme le titre ce matin le Télégramme.
00:19Amandine nous avait choisi de recevoir Pierrick Aurel, c'est le Président des Jeunes Agriculteurs.
00:23Bonjour et bienvenue à vous.
00:24Bonjour et merci d'être avec nous en studio Pierrick Aurel.
00:27Vigilant, dit le journal Le Télégramme, comment vous décririez l'état d'esprit, comment va être accueilli demain le Président ?
00:35Écoutez, les agriculteurs français sont toujours en crise.
00:38Alors on n'est certes plus en position de blocage ou de manifestation physique,
00:42mais on est toujours en crise parce qu'on a eu un certain nombre de difficultés à concrétiser ce qui nous avait été promis.
00:48Je pense à la dissolution, je pense à la motion de censure.
00:51Et donc tout ça a pris beaucoup de retard pour arriver dans les cours de fer,
00:54mais donc il y a encore beaucoup de tensions chez les agriculteurs.
00:56Il y a la loi d'orientation agricole qui a été, ça y est, validée par le Sénat cette semaine.
01:01Vous l'attendiez depuis des mois.
01:03Ça ne règle pas tout ?
01:05Alors, la loi d'orientation agricole est une bonne chose.
01:08Elle avait été annoncée par le Président de la République à Terre de Jim chez les jeunes agriculteurs.
01:12C'est bien. Dans la loi d'orientation agricole, il n'y a pas tout.
01:16On le savait, ce n'était pas la loi qui devait répondre à toutes les problématiques agricoles.
01:20Je pense à la question du revenu, à la question foncière.
01:23C'est un premier pas, c'est une première pierre dans l'édifice pour régler tous les problèmes des agriculteurs.
01:29C'est un combat qui a été mené par Jeunes agriculteurs et la FNSEA, cette ELOA.
01:33Donc on s'en satisfait, c'est un bon signal avant le salon, mais il ne faut pas se reposer sur nos lauriers.
01:37Et les aides promises, les aides financières ?
01:40Il y a quelques mois, vous étiez venu ici même et vous me disiez
01:43le compte n'y est toujours pas, elles ne sont pas arrivées dans les fermes.
01:46Est-ce que ça y est, toutes les aides sont arrivées ?
01:48Non, toutes les aides ne sont pas arrivées, on en a une partie, ça arrive au compte-gouttes
01:52et c'est encore cette lenteur qui pénalise les agriculteurs
01:55parce qu'ils sont confrontés au quotidien à ces difficultés de trésorerie,
01:58à ces difficultés climatiques et on a besoin de plus d'agilité des pouvoirs publics pour répondre à cette crise.
02:04Donc quand le gouvernement dit cette semaine avoir honoré l'ensemble des engagements, ce n'est pas tout à fait vrai ?
02:08Ce n'est pas tout à fait vrai, non. Il se rassure avant le salon de l'agriculture.
02:11Je pense que c'est nécessaire, mais il ne faut pas se détourner de l'objectif.
02:17On a encore beaucoup de choses qui ne sont pas réglées et nous, nous restons vigilants et mobilisés sur cette question.
02:22Qu'est-ce que vous allez dire demain concrètement à Emmanuel Macron ?
02:25Alors pour le Président de la République, là c'est un petit peu différent
02:28parce qu'on voit que sur la scène politique française, il est pris un petit peu,
02:32enfin il est un peu mis de côté ou en tout cas c'est plus son axe de travail principal.
02:36Nous ce qu'on a besoin, c'est que le Président de la République annonce un plan de défense de l'agriculture
02:42face à la montée de l'alliance Russe-Etats-Unis qu'on commence à voir naître,
02:47avec le sujet évidemment de l'Ukraine, on a besoin nous d'être rassurés agriculteurs français.
02:51Ça veut dire quoi un plan de défense ?
02:53Ça veut dire très simplement donner la capacité à produire en France de façon durable
02:58avec une visibilité pour les jeunes agriculteurs et pour l'avenir,
03:01parce que sans cette visibilité on n'y arrivera pas, donc il faut aller beaucoup plus loin que ce qu'on a vu là dans la LOA,
03:06que ce soit porté par le Président de la République,
03:09qu'on s'inscrive dans le développement de l'intelligence artificielle,
03:13des nouvelles technologies qui vont s'offrir à nous,
03:15on en a besoin pour relever les défis en agriculture qui sont devant nous,
03:19et enfin on sait qu'on va avoir des attaques douanières notamment par les Etats-Unis,
03:23et là de manière très concrète, une stratégie pour répondre à ça.
03:26Vous souhaitez qu'il en parle à Donald Trump lundi quand il sera à la Maison Blanche ?
03:29Je souhaite évidemment qu'il en parle à Donald Trump quand il le verra,
03:33je souhaite qu'il en fasse un fil rouge pour le salon de l'agriculture,
03:36parce que sa vision de l'agriculture en Europe et dans le monde
03:39est prépondérante pour redonner un cap à nos agriculteurs français.
03:41Défendre l'agriculture française, ça veut dire quoi ?
03:45Protéger notamment sur les prix l'agriculture française par exemple ?
03:48Ça veut dire arrêter les importations massives de produits qui ne respectent pas nos normes,
03:52je pense évidemment au Mercosur même s'il est aligné,
03:54on sait qu'on a d'autres traités internationaux qui vont dans ce sens et c'est pas un bon signal,
03:59je pense aussi à lever toutes les contraintes qui nous empêchent de pouvoir être compétitifs,
04:04je pense à des sujets de main d'oeuvre et je pense aussi à cette question démographique,
04:08parce qu'on aura beau lever toutes les contraintes,
04:10quand il n'y aura plus personne pour faire le métier, on n'aura rien résolu,
04:12et donc là on doit aller plus fort sur l'accompagnement des jeunes qui sont aidés,
04:16notamment par le biais de la PAC, où on peut avoir une PAC plus incitative,
04:19à hauteur de 10% c'est ce qu'on porte chez les jeunes agriculteurs pour aider cette transition.
04:22Mais Pierrick Aurel, quand vous voyez que le Maroc est invité d'honneur de ce salon de l'agriculture,
04:27on se souvient de toute cette polémique autour des tomates cerises,
04:31ces barquettes vendues 99 centimes d'euros,
04:34qui font une concurrence énorme aux producteurs français,
04:37le salaire horaire au Maroc pour ramasser ces tomates cerises, 74 centimes d'euros,
04:42on est à 13,64 euros en France.
04:45Ils n'ont rien compris en invitant le Maroc ?
04:48Je ne sais pas s'ils n'ont rien compris,
04:50je pense qu'on cherche aujourd'hui des alliés aussi autour de nous,
04:54pour commercer, parce qu'on a toujours commercé,
04:57le signal qui est envoyé là, c'est vrai qu'il est mal perçu pour une partie de la profession,
05:02que sont les maraîchers qui produisent notamment des produits qui sont en concurrence avec le Maroc.
05:07Je pense que c'est bien d'avoir des invités,
05:10mais on est dans un moment de tension qui est compliqué pour les agriculteurs,
05:13et il faut faire attention.
05:15On se souvient l'année dernière de ce qui avait mis le feu aux poudres,
05:18c'était d'inviter les soulèvements de la terre à discuter avec les agriculteurs
05:22quand on disait qu'on n'en pouvait plus d'être stigmatisés.
05:24Je ne pense pas qu'on reproduira ça avec le Maroc,
05:27mais attention quand même sur ce qu'on fait.
05:30Il aurait peut-être fallu choisir un autre pays ?
05:33Certainement, mais bon, moi je les laisse décider,
05:37mais c'est vrai que ça peut parfois être perçu comme un mauvais signal pour certains des agriculteurs.
05:42Bon du coup l'accueil demain pour Emmanuel Macron, ce sera quoi ?
05:45Ce ne sera pas comme l'année dernière, parce que je pense que c'est un très mauvais signal,
05:49en tout cas c'était une mauvaise expérience pour tout le monde,
05:52on a envoyé une mauvaise image du Salon de l'Agriculture,
05:54ça reste un endroit où on accueille les familles,
05:56nous on est fiers de présenter notre travail de l'année, ce qu'on représente,
06:00et ça ne doit pas se passer comme ça s'est passé l'année dernière.
06:03Ceux qui appellent à faire du spectacle devant le Salon de l'Agriculture,
06:06moi je trouve que c'est déplorable.
06:09Vous appelez vos troupes, si j'ose dire, à se tenir ?
06:13Tout à fait, et on a besoin de calme et de tourner la page de l'année dernière avec le Président de la République.
06:17Ce Salon de l'Agriculture, Pierre Ricorel,
06:19il s'ouvre alors que les négociations commerciales entre la grande distribution
06:22et les industriels sont toujours en cours, je le rappelle c'est jusqu'au 1er mars,
06:25il s'agit de fixer les prix en rayon pour l'année qui vient.
06:28Négociations particulièrement tendues, nous dit-on.
06:31La ministre de l'Agriculture a même tapé du poing sur la table cette semaine,
06:34dénonçant la pression intenable exercée par la grande distribution.
06:37C'est quoi le problème ?
06:39Le problème c'est qu'on est toujours dans le même état d'esprit
06:41avec les distributeurs et ces négociations commerciales.
06:44C'est la guerre des prix, la guerre des prix.
06:46C'est eux les gros méchants, la grande distribution ?
06:48C'est pas eux les gros méchants, mais ils ne s'inscrivent pas dans la philosophie des galimes,
06:52c'est-à-dire qu'on construit le prix en marche avant pour sécuriser nos agriculteurs.
06:56Parce qu'eux-mêmes sont dans une situation où il y a beaucoup de concurrence,
06:59où il y a une réorganisation des distributeurs.
07:02Enfin, c'est pas à nous agriculteurs qui produisons la matière première
07:04de subir ces contraintes-là.
07:06Et donc on les enjoint de respecter les galimes,
07:09notamment via l'arrêt de ces centrales d'achat européennes,
07:12qui est ni plus ni moins qu'un contournement du système
07:14pour ne pas répondre à la loi.
07:17Et donc voilà, plus de transparence aussi
07:20entre les producteurs et les distributeurs.
07:23Je pense à tous les maillons de la transformation et de l'industrie aussi.
07:26C'est-à-dire qu'il faudrait un étiquetage, comme c'est fait par certains,
07:30où on sache combien touche le producteur, combien touche le distributeur.
07:33Il faudrait aller jusque-là, généraliser ça ?
07:35Peut-être, oui. Après, un étiquetage, le consommateur s'hyper,
07:37ça fait des packaging hyper chargés,
07:39mais on a besoin en tout cas d'avoir quelque chose de très clair,
07:41de très visible pour tout le monde,
07:43pour que ce soit mieux compris, mieux perçu et qu'on atteigne l'objectif
07:45de redonner de la valeur aux agriculteurs.
07:47Merci beaucoup Pierre-Yves Correl.

Recommandations