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Laurie Delhostal, co-réalisatrice du documentaire “Devenir Bleues : le parcours des combattantes”, était l'invitée de France Inter vendredi 21 février.

Retrouvez les invités de 6h20 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter

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Transcription
00:00Et la première invitée de cette matinée, les journalistes de sport, co-réalisatrices
00:12d'un documentaire « Devenir Bleu ES », deux points, le parcours des combattantes,
00:18récits de la professionnalisation des filles du foot qui sera diffusé ce soir sur France 3.
00:22Bonjour Laurie Delostal.
00:23Bonjour.
00:24Documentaire en deux volets diffusé dans la foulée du match de ligue des nations contre
00:28la Norvège, combattantes, c'est dans le titre, c'est le mot adapté pour décrire
00:32ces filles du foot ?
00:33C'est un mot qui nous est rapidement venu en tête quand on a commencé à suivre ces
00:37filles de l'équipe de France féminine, parce que c'est autour de leur parcours
00:43que s'articule ce documentaire et rapidement c'est le mot qui nous est venu en tête.
00:47Combattantes parce que, pour déjà faire accepter à leur famille quand elles étaient
00:53petites, ça a été très compliqué pour elles juste de jouer au foot, de faire ce
00:58qu'elles avaient envie de faire.
00:59Ça a été compliqué ensuite d'allier études et football, de gagner leur vie.
01:06C'est un vrai parcours de combattantes.
01:08Parce que jusque-là, il y a quelques années encore, dans les rédactions, y compris les
01:12rédactions et sur les terrains, le foot s'était réputé ne pas être un sport de filles.
01:15D'ailleurs, on l'entend très vite dans les témoignages.
01:16Oui, ça reste un bastion masculin, le football, ça reste cette image de sport masculin, même
01:23si ça change un peu.
01:24C'est aussi ce qu'on montre dans ces films.
01:28Mais oui, effectivement, elles le disent.
01:31Elles ont encore beaucoup de clichés à affronter, ces jeunes femmes.
01:35Alors, chez les plus jeunes, on l'entend, il y a vraiment de l'admiration pour celles
01:38qu'elles appellent les « grandes ». Pour les Amandine Henry, pour Léogénie Le Sommer
01:41qui joue encore en équipe de France et qui ont installé ce foot féminin, c'est elles
01:45qui l'ont installé comme un sport à part entière ?
01:47Oui, là, des Wendy Renard, des Eugénie Le Sommer, évidemment, c'est une bascule
01:56de génération.
01:57Ça fait très longtemps qu'elles sont là, ces filles, mais c'est avec elles que les
02:01choses ont changé.
02:02Donc, c'était chouette aussi d'avoir leur témoignage à elles et puis le témoignage
02:06des plus jeunes aussi.
02:07On a suivi particulièrement huit filles qu'on a interrogées longuement avec des parcours
02:10très différents, des toutes jeunes comme Semmabacha qui, elle, n'a pas forcément
02:14connu les difficultés.
02:15Elle est professionnelle comme un garçon, on a envie de dire, mais elle est admirative
02:19effectivement du parcours de ses anciennes.
02:21Et il y avait beaucoup de travail quand même pour ces anciennes, justement, parce qu'on
02:24voit, quand on regarde les archives que vous avez sélectionnées pour le documentaire,
02:28le foot féminin, il apparaît à l'occasion d'une sorte de fête de village pour divertir
02:32les gens.
02:33Et puis un peu plus tard, il y a d'autres archives avec des commentaires ironiques sur
02:35les femmes qui ne peuvent pas faire des têtes pour ne pas se décoiffer, qui ne peuvent
02:39pas se jeter sur le ballon parce qu'elles vont rebondir.
02:42Les archives sont absolument incroyables.
02:44C'est-à-dire qu'on voudrait faire des parodies aujourd'hui, on ne ferait pas aussi
02:47bien.
02:48Je dois dire qu'à la fois, on s'est régalé, j'en connaissais certaines, puisque vous
02:52savez, ça fait longtemps que je travaille sur le sujet, mais certaines sont absolument
02:55incroyables.
02:56Quand un journaliste dit au mari « ça vous dérange pas qu'elle s'entraîne le samedi
03:00pour le ménage ? »
03:01Je lui dis « non, mais c'est bon, elle le fait le dimanche ».
03:02Alors, ça ne redore pas non plus le blason de nos confrères, parce que c'est aussi
03:10ça que je me suis dit en voyant toutes ces images.
03:13Des commentateurs, des mèmes en plateau.
03:16Mais je trouve que c'est vraiment important de revoir ça en fait, parce que ce n'était
03:20pas il y a 120 ans.
03:21C'était dans les années 70-80 qu'on parlait encore comme ça.
03:25Et de façon un peu moins caricaturale peut-être, certaines joueuses racontent vraiment les
03:29années de galères qu'elles ont vécues, accumulées l'emploi et le sport à vivre
03:33de bout de chandelles presque.
03:34Oui, et ça c'était assez à la fois touchant et puis c'était surprenant.
03:39Je ne m'attendais pas à ce qu'elles nous racontent des galères pareilles.
03:42Pauline Perromanien, qui est la gardienne de cette équipe de France, qui nous raconte
03:46qu'il y a eu des moments où elle ne mangeait qu'une fois par jour.
03:48Elle dormait chez ses amis, sur leur canapé.
03:51Ça fait partie des surprises de ces entretiens et elles sont du coup touchantes.
03:59Et on en revient à cette histoire de combattante, elles sont très inspirantes.
04:03Et on le voit dans le documentaire quand même, les choses évoluent.
04:07Il n'y a pas beaucoup d'hommes qui apparaissent en première place dans le documentaire, mais
04:12quand même, il y a l'ancien patron de l'OL, Jean-Michel Aulas, qui a joué un rôle lui
04:15dans cette montée en puissance du football féminin.
04:18Oui, alors on voulait avant tout donner la parole aux joueuses.
04:21C'est vrai qu'il n'y avait pas beaucoup d'hommes qui apparaissaient, mais Jean-Michel
04:24Aulas, c'est celui qui revenait dans tous les discours, c'est celui qui a misé sur
04:29le foot féminin, qui s'est dit « parce que c'est comme ça que ça doit marcher,
04:32moi je veux investir parce que j'y crois ». Et c'est pour ça qu'on lui a évidemment
04:37donné la parole et aussi parce que c'est lui qui maintenant s'occupe de cette nouvelle
04:41ligue féminine professionnelle qui est censée changer les choses et apporter un peu plus
04:45de sécurité à ses filles.
04:48Et justement, qu'est-ce qu'elle change cette ligue de football professionnelle ? Plusieurs
04:51en parlent.
04:52Il y a des congés maternités par exemple ?
04:53Elle change que ce seront des salariés comme les autres.
04:56Ça peut paraître complètement fou, mais c'étaient des salariés extrêmement précaires
05:00en fait, ces footballeuses.
05:01Alors pas forcément celles qui jouent dans les grands clubs comme Lyon ou le PSG, mais
05:05celles qui jouent dans des plus petits clubs par exemple, elles n'étaient pas protégées
05:08effectivement quand elles faisaient un enfant en carrière.
05:10Donc c'est ce que s'est changé, changé et ça deviendra juste des salariés comme
05:15les autres.
05:16Mais quand même, on entend Léa Le Garec qui fait un parallèle avec ses collègues
05:21masculins.
05:22Elle dit « Certains garçons gagnent en une journée ce qu'on ne gagnera pas dans une
05:25vie ». Donc l'égalité, on n'y est pas tout à fait.
05:27Non, alors loin de là, l'égalité salariale c'est un vrai enjeu et je trouve que Eugénie
05:34Le Sommer dit quelque chose de très important à ce sujet parce que tout le monde dit « mais
05:37de toute façon, elle ne rend jamais l'égalité, ça n'est pas possible, elle rapporte tellement
05:39moins d'argent ». Elle dit « mais en fait, ça fait 50 ans qu'on a du retard sur le
05:44football masculin, on n'a pas misé sur nous ». On en revient toujours à ça, à
05:47miser sur elle.
05:48Donc, laissez-nous encore un peu de temps, mais voilà, on mérite, nous aussi.
05:52C'est ce qu'elles racontent aussi ces filles.
05:53Pauline Peyre-Aumagnan, qui est la gardienne dont on parlait tout à l'heure, elle décrit
05:57le Royaume-Uni comme le Graal avec ses stades remplis de 60 000 personnes pour voir les
06:01matchs féminins.
06:02Il y a un plafond de verre en France, qu'est-ce qui manque en fait ? C'est quoi l'élément
06:05manquant ?
06:06Il faut mettre de l'argent, il faut investir, il faut y croire.
06:08Effectivement, ces joueuses, ce soir, de l'équipe de France, elles vont jouer devant
06:1113 000 personnes a priori.
06:13Effectivement, quand on est allé les voir en Angleterre, elles ont joué devant 45 000
06:16personnes.
06:17Voilà, elle mérite qu'on investisse encore sur elle parce qu'il y a cet exemple anglais.
06:22On a été longtemps en avance en France sur le foot féminin, maintenant on est clairement
06:25en retard.
06:26Donc, il faut être vexé et se dire « on vise le modèle anglais, nous aussi on peut
06:29remplir des stades ». Il y a plein de publics à aller chercher, notamment un public féminin
06:33qui va peu au stade, les enfants aussi.
06:36Donc, je pense qu'il y a une vraie marge de progression.

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