Le philosophe Michel Onfray réagit à la situation de l'Otan : «Vous avez des guerres qui ont été gagnées sans bombe atomique, ce n'est pas le fin mot aujourd'hui.»
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00:00Il faut repenser la question de la dissuasion nucléaire, c'est-à-dire que ça ne se pose plus exactement de la même manière aujourd'hui.
00:05On a bien vu que ça ne sert à rien d'avoir la bombe atomique quand il s'agit d'opposer la Russie et puis l'Ukraine.
00:10Et alors peut-être que si l'Iran disposait de la bombe atomique, je ne suis pas sûr qu'Israël pourrait être, durer, exister et persister.
00:18On a changé de monde. Il y a une doctrine qui a été faite par Clausewitz au XIXe siècle.
00:23C'était une grande doctrine qui opposait les deux grands blocs, etc.
00:26Et c'est un peu dans cette perspective que la puissance nucléaire, la puissance atomique est pensée.
00:31Deux grands blocs, etc. Mais vous avez des guerres qui ont été gagnées par des gens qui ne disposaient pas de la bombe atomique.
00:35Je rappelle que le Vietnam, ça ne s'est pas gagné avec des bombes atomiques, que l'Afghanistan a mis dehors l'Union soviétique,
00:41que l'Afghanistan a toujours gagné ses guerres contre des blocs qui, eux-mêmes, avec les États-Unis, même, ne disposaient de la bombe atomique.
00:46Et que la bombe atomique, ça n'est pas le fin mot. Ce n'est pas suffisant aujourd'hui pour faire de la guerre.
00:51Donc j'ai vu qu'Alain Minc disait qu'il fallait que nous fassions savoir que nous étions une puissance nucléaire.
00:56Mais ça fait rire tout le monde. Lequel va appuyer le premier sur le bouton nucléaire,
00:59en sachant qu'en face, il y a peut-être des bombes atomiques qui sont supérieures aux nôtres ?
01:03Parce que je ne suis pas bien sûr que le renoncement à la bombe atomique classique par Chirac,
01:08c'était de se faire parler avec les écologistes en disant bon, on arrête, on fait des simulations sur ordinateur, etc.
01:14Tiens mon œil, est-ce qu'on est vraiment très au point ? Évidemment, on ne va pas le dire.
01:17Je ne sais pas si des militaires le diraient. J'espérais que non, des militaires d'Ignace Non ne le diraient pas.
01:22Mais aujourd'hui, on est obligés de repenser la stratégie autrement.
01:25Il n'y avait pas de cybercriminalité à l'époque du général de Gaulle. C'est maintenant sur ce terrain-là que ça se joue.
01:29C'est-à-dire des gens qui sont capables de faire exploser une gare aujourd'hui avec 4 bouteilles de gaz, par exemple.
01:34Qu'est-ce qu'on fait avec une bombe atomique ? Rien. Donc il faut du renseignement, il faut de la cybercriminalité avec de la police scientifique.
01:42Il faut repenser totalement la question de la dissuasion.
01:45– Il faut lutter contre la cybercriminalité. – Lutter, oui, bien sûr. Je me suis mal exprimé, vous avez raison.
01:49Mais ne pas imaginer que le fin mot, c'est la bombe atomique.
01:53Ça l'était à l'époque de la guerre froide, quand l'Union soviétique et les Américains disposaient d'un arsenal terrible.
01:58Aujourd'hui, qu'est-ce qu'on fait ? Je ne pense plus que la dissuasion fonctionne comme elle fonctionnait en 1966.