L'ancien Premier ministre de Jacques Chirac, Dominique de Villepin, était l'invité de "C'est pas tous les jours dimanche" ce dimanche 23 février 2025 sur BFMTV.
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00:00Quand l'Amérique s'en prend à la liberté d'expression en Europe, au Royaume-Uni, en Allemagne, un peu partout dans les pays européens,
00:10on voit bien que ce qu'ils défendent, c'est la possibilité de pratiquer une sorte d'illimitisme.
00:17Il n'y a plus de limites, il n'y a plus de règles, parce que cela permet à la toute-puissance américaine de prendre la place, de prendre le contrôle.
00:26Et voyez-vous, c'est tout ce qui me gêne aujourd'hui dans le risque pour notre propre pays.
00:32C'est que cette contagion de la doctrine Trump, d'une pratique du pouvoir qui ne connaît plus de limites.
00:39C'est le mot de François Bayrou, il dit qu'il y a une fascination pour Donald Trump d'une partie de l'opinion.
00:44Vous considérez qu'une partie de l'opinion, une partie de la classe politique française est fascinée par Donald Trump ?
00:49Il y a aujourd'hui une sorte d'instinct à la fois de violence et de mort, une pulsion qui gagne nos sociétés, qui les pousse à la radicalité.
00:58Et voyez-vous, dans le discours et l'expérience française, la République est au cœur, la défense de la République est au cœur.
01:10Et cette défense de la République, elle a comme principal point d'appui l'État de droit,
01:16c'est-à-dire la séparation des pouvoirs, le respect des droits fondamentaux, une hiérarchie des normes.
01:21Tout cela constitue notre patrimoine commun qui nous permet de vivre ensemble.
01:24Ce qui me gêne dans ce qui se déchaîne dans notre pays depuis déjà maintenant plusieurs années,
01:29c'est que peu à peu on voit renier cet édifice, y compris, nous parlions de M. Retailleau tout à l'heure,
01:34quand il considère que l'État de droit n'est pas sacré et que c'est quelque chose, après tout, qui peut être modifié.
01:40Il y a là, sur le plan de l'idéologie, une poussée sécuritaire, identitaire, vers la radicalité,
01:49qui constitue une véritable menace pour nos sociétés, parce que c'est le champ libre au trumpisme,
01:55c'est le champ libre aux extrêmes droites.
01:58Et je ne veux pas d'un pays, la France ni l'Europe, qui sera le terrain de chasse d'une extrême droite
02:04avec des pays européens soumis, vassalisés, ayant à la fois renoncé à être eux-mêmes
02:11et en même temps ayant renié leur héritage.
02:14Parce que vous voyez, M. Duhamel, nous avons un héritage.
02:17Et ce qui se fait en ce moment dans cette politique de surenchère et d'équilibre,
02:23c'est justement le reniement de ce que nous sommes.
02:27Nous voulons croire comme l'ont fait les Américains.
02:29Et c'est pour cela que, vous voyez, je me suis opposé aux interventions militaires quand elles n'ont pas d'objectif politique.
02:34Comme aujourd'hui, je me pose à la pratique d'une diplomatie qui serait sans limites et sans règles,
02:38et qui serait simplement des mots ajoutés les uns aux autres et qui, en quelque sorte, nous feraient plaisir.
02:43La diplomatie, ce n'est pas l'art de se faire plaisir.
02:46La diplomatie, c'est l'art d'obtenir des résultats en faisant en sorte que les deux parties puissent avancer l'une vers l'autre
02:53et trouver un terrain d'entente.
02:55C'est ça une approche républicaine et démocratique.
02:59Et c'est cela qui, sur tous les sujets, devient de plus en plus difficile dans notre pays.
03:03Et croyez-moi, si je suis là devant vous ce soir, vous allez m'interroger sans doute sur je ne sais quelle ambition.
03:09Il n'y a aucune ambition personnelle.
03:11Mon ambition, c'est justement de vous dire ce que je viens de vous dire.
03:15C'est que la bataille républicaine, elle nous concerne tous parce que nous voyons qu'aujourd'hui,
03:21dans les esprits, ce qui est en train de prendre le pouvoir,
03:25c'est justement cet instinct de violence, cet instinct qui n'a pas de limite,
03:29cet instinct qui ne respecte plus les règles.