FACE A PHILIPPE DE VILLIERS - Philippe De Villiers dézingue Emmanuel Macron et sa communication sur la guerre en Ukraine.
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NoticiasTranscripción
00:00Merci d'être avec nous pour face à Philippe Devilliers, cher Philippe, bonsoir.
00:03Bonsoir, Elliot. Bonsoir, Geoffroy.
00:05Geoffroy Lejeune est avec nous comme chaque vendredi soir.
00:07Bonsoir, cher Geoffroy. Bonsoir à tous les deux.
00:09Philippe Devilliers, on a une actualité très chargée, bien sûr.
00:12On reviendra dans cette émission, un peu plus tard dans l'émission,
00:16sur cette décision historique puisque le Conseil d'État a confirmé l'ARCOM
00:21dans sa volonté de ne pas renouveler la fréquence de la chaîne C8,
00:26pourtant première chaîne de la TNT.
00:29Et vous souhaitiez évidemment revenir sur cette décision, Philippe.
00:32Je dirais simplement un mot avant de revenir par le menu sur cette décision scandaleuse.
00:43Je demande à chaque téléspectateur de peser chaque mot, d'écouter chaque mot.
00:51Les nouveaux héros de notre temps seront jugés par l'histoire
00:58comme étant les libérateurs de la parole.
01:02L'histoire un jour dira les libérateurs de la parole sont les nouveaux héros de notre temps.
01:11Et donc je salue Franck Apieto, les 400 personnels qui sont sur le carreau,
01:17qui sont des héros martyres, martyres de l'ARCOM, martyres de la bureaucratie totalitaire.
01:25Je salue Cyril Hanouna, puni pour son talent,
01:29et je salue aussi le grand patron Vincent Bolloré,
01:35le capitalisme sacrificiel, le mécène de l'âme française.
01:43Alors c'est eux que l'ARCOM veut atteindre, et nous tous avec,
01:49parce que regardez ces huit pour comprendre ce qui va arriver à ces news.
01:54Ils veulent fermer ces news, ils veulent en finir avec la parole alternative.
02:03Mais c'est trop tard.
02:05Comme dit Vincent Bolloré, il y a ce qu'il appelle le déhanché du lapin breton.
02:12Et s'ils veulent nous décourager et nous affaiblir,
02:18je pense que nous sortons de cette épreuve plus fort.
02:22Mais on y reviendra tout à l'heure.
02:24– On y reviendra, cette émission bien évidemment,
02:26et il faut le dire aux téléspectateurs,
02:28vous êtes l'un des pères de cette loi en 1986 si je ne m'abuse.
02:34– 30 septembre 1986, donc je peux en parler.
02:36– Je peux en parler du berceau d'osier au bord d'une île,
02:42comme pour le petit Moïse.
02:43Et dedans il y avait Roch-Olivier Metz qui était à mon cabinet.
02:46Il ne s'en souvient plus lui.
02:48– On racontera tout ça dans cette émission bien sûr.
02:51Mais, et c'est intimement lié évidemment,
02:54vous souhaitiez revenir impérativement sur le discours de J.D. Evans à Munich
02:59lors de la conférence de défense qui a été longuement décryptée cette semaine.
03:03J.D. Evans a alerté sur un recul de la démocratie en Europe
03:07et de la liberté d'expression justement.
03:09Certains y ont vu une provocation, voire de l'ingérence.
03:12D'autres le message lucide d'une Europe qui renie ses droits fondamentaux.
03:16Je vous propose qu'on écoute J.D. Evans,
03:18un message prémonitoire en quelque sorte,
03:21quelques jours avant que C8 soit frappé d'un écran noir.
03:27– Je suis convaincu qu'ignorer les gens,
03:30mépriser leurs préoccupations ou pire,
03:33fermer les médias, annuler les élections
03:35ou les tenir à l'écart du processus politique,
03:38ne protège en rien.
03:40C'est au contraire le moyen de détruire la démocratie.
03:45S'exprimer et donner son avis,
03:48ce n'est pas interférer dans une élection.
03:51– Et vous voyez Philippe de Villiers dans ce discours,
03:55un tournant historique, au même titre que le discours de Solzhenitsyn
03:59à Harvard en 1978.
04:01Pourquoi vous faites ce parallèle ?
04:04– Je fais ce parallèle pour deux raisons.
04:08La première, c'est que c'est un tremblement de terre équivalent.
04:13Et la deuxième, c'est l'effet de surprise.
04:17Solzhenitsyn m'a raconté cette histoire du discours de 1978
04:23quand il est venu en Vendée chez moi en 1993.
04:28Il m'a dit, voilà tous les étudiants m'ont invité,
04:32toute la promotion en 1978 de Harvard,
04:36c'est Nike plus Ultra.
04:38Et ils pensaient tous que j'allais me livrer
04:42une diatribe contre le communisme,
04:45contre l'Union soviétique,
04:47vu que j'étais en exil dans le Vermont aux États-Unis,
04:50après avoir été prix Nobel de littérature,
04:53l'exilé le plus prestigieux du monde.
04:56Il venait donc parler du désastre du communisme,
05:02de l'idéologie totalitaire du moment,
05:06la peste rouge après la peste brune.
05:10Et puis ça n'est pas du tout passé comme ça.
05:14Solzhenitsyn, le Russe, est venu dire aux Américains,
05:18aux jeunes Américains,
05:22le matérialisme qui nous a perdus
05:26va vous perdre.
05:30Et là G. D. Vance
05:34vient en tant qu'Américain
05:38dire à la vieille Europe,
05:41la sécession des élites
05:44qui nous a perdus
05:47va vous perdre.
05:51Et ensuite, il faut bien lire entre les lignes son discours.
05:55En fait, il y a deux angles
05:59pour prendre à revers
06:03ce parterre prestigieux municois.
06:07Le premier angle, il est explicite.
06:11Il dit, la vraie menace,
06:15ce n'est pas la Russie ou la Chine,
06:19c'est le recul des valeurs fondamentales.
06:23Et pourquoi je parle d'Harvard ?
06:27Parce que c'est exactement le même filigrane.
06:31On croit entendre Solzhenitsyn redire
06:35l'Occident va vers
06:39son état ultime d'épuisement spirituel.
06:43L'humanisme
06:47rationaliste, le juridisme sans âme
06:51et l'abolition de la vie intérieure.
06:55C'est la même pensée.
06:59Ensuite, deuxième angle.
07:03Vous, les élites mondialisées,
07:07vous avez fait quelque chose qui ne plaît pas à vos peuples.
07:11Vous avez fait la migration de masse.
07:15Vous avez bridé la liberté d'expression.
07:19C'est très explicite.
07:23Quand on connaît l'histoire des relations
07:27entre l'Amérique et l'Europe,
07:31je suis fils de la révolution américaine.
07:35Je fais partie d'une association
07:39avec les Cincinnati qui, par leurs ascendants,
07:43ont récompensé avec un passeport spécial.
07:47Donc, je suis sensible
07:51à tout ce qui se passe aux États-Unis.
07:55Les fils de la révolution américaine ont eu un ancêtre
07:59qui s'est battu aux côtés de la Fayette,
08:03pour libérer les colonies américaines
08:07de la perfide Albion.
08:11C'est l'Europe qui a enfanté l'Amérique.
08:19L'Amérique est fille de l'Europe.
08:27L'Europe a longtemps reproché
08:31à l'Amérique
08:35d'avoir perdu le fil de sa parenté.
08:39Et voici que la fille
08:43revient en Europe
08:47semencer l'Europe en disant ceci.
08:53Vous avez perdu le fil de ce que vous nous avez imposé
08:57et de ce que nous avons négligé.
09:01En d'autres termes, la fille
09:05revendique aujourd'hui la civilisation de la mère
09:09au moment où la mère reproche à la fille
09:13de vouloir lui imposer une civilisation dont elle ne veut plus.
09:17C'est magnifique.
09:21En politique, comme disaient Bernanos
09:25et Saint-Ignan, le désespoir en politique
09:29est une sottise absolue.
09:33Avez-vous vu une sorte d'ingérence étrangère
09:37dans le discours de J. Evans ?
09:41On croit entendre Kouchner.
09:45A l'époque, tout le monde pouvait faire des ingérences.
09:49L'histoire de l'humanité n'est qu'une suite
09:53d'ingérences.
09:57Quand Caton se lève devant tout le sénat romain
10:01et qu'il s'exclame
10:05d'Hélène d'Ahesse à Carthago,
10:09ce n'est pas une ingérence dans les affaires cartaginoises ?
10:13Quelques mois après, Carthage est détruit.
10:17Les ingérences commencent mal, c'est l'Empire romain.
10:21Mais plus tard de notre temps,
10:25c'est Sarah Knafo qui disait ça l'autre jour chez Christine Kelly,
10:29« Ich bin ein Berliner. »
10:33Pardon pour mon allemand, mais je ne suis pas rompu à cette langue.
10:37« Ich bin ein Berliner. »
10:41Vous savez ce que ça veut dire ? « Je suis un berlinois. »
10:45C'est ce qu'elle a dit.
10:49Il dit ça à Berlin. Vous imaginez ?
10:53Quand De Gaulle va au Québec, à Montréal,
10:57c'est pour Mathieu Bocoté, qui n'aime pas les ingérences.
11:01Celle-là, il l'aime.
11:05Il dit « Vive le Québec libre ! »
11:09Parlons de Soros,
11:13qui fait nommer des juges à la Cour européenne
11:17des droits de l'homme, du Conseil de l'Europe.
11:21Lisez les documents de le maître Grégor Pucin,
11:25quand il fait l'autorité.
11:29Ce n'est pas des ingérences, ça ? Victor Orban vient de le dénoncer.
11:33Non, la question n'est pas là.
11:37La question, en fait, c'est que Donald Trump
11:41et Gene Evans ont
11:45sous-entendu des choses
11:49qui sont intolérables pour une Europe décadente.
11:53Et qui est en train de se traîner.
11:57J'explique en deux mots.
12:01En fait, cette Europe qui se traîne,
12:05c'est une Europe sans corps, sans tête, sans âme.
12:09C'est ça qu'a dit Gene Evans.
12:13C'est une Europe sans corps.
12:17C'est un corpus juridique, pas un corps politique.
12:21Le Conseil de l'Europe, c'est le Conseil de l'Équine.
12:25C'est les droits de l'homme, la démocratie.
12:29Un corps politique qui n'a pas de frontières,
12:33ce n'est pas un corps politique, c'est un corpus juridique.
12:37Donc, facile à infiltrer par la migration de masse.
12:41Premier soupçon de Gene Evans.
12:45Deuxième soupçon de Gene Evans.
12:49Le numéro de téléphone.
12:53Trump n'a toujours pas appelé l'impératrice van der Leyen.
12:57Il n'a pas son numéro de téléphone.
13:01Donc ça n'existe pas.
13:05C'est dramatique pour tous ces gens à la Macronie.
13:09Ils croyaient qu'ils avaient réussi leur truc de la souveraineté européenne.
13:13Et quand je vois le jeune Barreau, le talerant de poche,
13:17l'Europe sans corps, l'Europe sans tête.
13:21Un pouvoir acéphale, une polyarchie délibérative.
13:25C'est la victoire de la technocratie de marcher sur la démocratie.
13:29La fin de la liberté d'expression, puisqu'il n'y a pas besoin de liberté d'expression,
13:33puisqu'il n'y a pas d'élection à l'Europe.
13:37Troisièmement, l'Europe sans âme.
13:41C'est sans doute ce à quoi Gene Evans est le plus sensible.
13:45C'est une Europe qui a quand même refusé dans le traité de Lisbonne de mettre des racines chrétiennes.
13:49C'est une Europe qui ne sait pas où elle va.
13:53Or, l'ancienne Amérique était une Amérique wokiste.
13:57La nouvelle Amérique, celle de Trump et de Vince, elle sait où elle va.
14:01Je vous dis tout de suite, pour calmer les ardeurs des téléspectateurs,
14:05Philippe Devillers devient américanophile.
14:09Je suis profondément français.
14:13Il ne faut pas trop les suivre, les grands-enfants.
14:17Quand les grands-enfants viennent voir les parents et disent aux parents
14:21vous êtes complètement à côté de la plaque,
14:25par démagogie, ce que vous êtes en train de faire, votre Europe,
14:29elle n'existe pas, elle n'existe plus, elle n'existe déjà plus.
14:33Tournant géostratégique historique, Philippe Devillers,
14:37c'est un autre sujet puisque les négociations pour une paix en Ukraine
14:41et ça rejoint, c'est un fil rouge, notre discussion se déroule sans l'Europe.
14:45Elle s'est déroulée notamment en Arabie Saoudite entre les Etats-Unis
14:49et la Russie. Regardez ces deux images, à droite,
14:53Riyad avec les négociations entre Russes et Américains et cette réunion d'urgence
14:57lundi, conseil de défense restreint autour des principaux alliés européens.
15:01Emmanuel Macron a réagi, il a dit il ne peut y avoir de négociations
15:05conclusives sans la présence de l'Ukraine, que les Etats-Unis discutent avec la Russie.
15:09C'est une très bonne chose mais aucune paix ne peut être négociée par un tiers.
15:13La France ne s'apprête pas à envoyer des troupes mais réfléchit aux garanties de sécurité.
15:17Pas question d'être une force belligérante. Et puis jeudi soir,
15:21Emmanuel Macron était en direct sur les réseaux sociaux
15:25pour répondre à ses abonnés Twitter, Instagram,
15:29TikTok. Écoutez puisqu'il a expliqué ce qu'il dira
15:33lundi à Donald Trump à Washington.
15:37Au fond,
15:41tu ne peux pas être faible face au président Poutine.
15:45Ce n'est pas toi, ce n'est pas ta marque de fabrique, ce n'est pas ton intérêt.
15:49Comment ensuite être crédible face à la Chine si tu es faible face à Poutine ?
15:53La deuxième chose, si tu laisses l'Ukraine prise,
15:57la Russie sera inarrêtable pour les Européens et pour tous.
16:01Elle sera non seulement encore plus forte, elle continue d'investir mais elle va récupérer l'Ukraine
16:05et son armée qui est l'une des plus grandes d'Europe avec tous nos équipements, y compris
16:09les équipements américains. C'est une faute stratégique énorme.
16:13Et puis toi qui veux que l'Iran n'acquière pas la bombe nucléaire, tu ne peux pas être faible
16:17avec quelqu'un qui est en train de l'aider à l'acquérir. Toi qui veux que la Chine
16:21ne vienne pas contester Taïwan et autres, comment expliquer que la Chine n'a pas le droit
16:25d'envahir Taïwan et que la Russie aurait le droit d'envahir l'Ukraine ?
16:29C'est ça ce que je vais lui dire. Je crois que ce sont des arguments qu'ils peuvent porter.
16:33Je vais lui dire aussi que c'est son intérêt de travailler avec les Européens dans ce moment.
16:37Parce que l'Europe a une capacité de croissance, un potentiel économique
16:41de coopération avec les Américains.
16:45Avant de donner la parole à Geoffroy, je vous ai vu sourire en voyant Emmanuel Macron.
16:49Vous l'avez suivi sur TikTok, sur Instagram ?
16:53Ça me rappelle un voisin aux Herbiers.
16:57Il était fâché avec un de ses voisins
17:01qui passait avec sa charrette.
17:05Après, il ne lui dit rien.
17:09Je lui dis que si j'ai des reproches à lui faire, il me dit non.
17:13Mais la prochaine fois, je le verrai. Il va y dire, il va y dire,
17:17et puis il n'y a rien à lui dire.
17:21Là, c'est extraordinaire. Je peux vous le faire.
17:25Allez-y.
17:29Donald, ça ne te ressemble pas ?
17:33Toi qui as du poil sous les bras, qui as des gros mollets,
17:37qui as le coup de poing facile, tu vas te faire piquer ton portable
17:41par ce pop-off.
17:45On est dans la cour d'école. C'est pathétique.
17:49J'ai honte d'être Français quand je vois ça.
17:53L'autre jour, il nous a fait le coup sur l'intelligence artificielle.
17:57On voyait des Gingandais appeler une société du climat et du genre.
18:01Et là, ils se ridiculisent.
18:05D'ailleurs, quand vous m'avez dit ça,
18:09j'ai dit qu'il est ridicule.
18:13Vous imaginez les Russes à Moscou,
18:17les Américains à la Maison-Blanche quand ils ont vu cette séquence.
18:21Ils se boyottent. C'est une honte.
18:25Vous vous rendez compte ? Où est De Gaulle ?
18:29Vous imaginez Vergène, le Roi Soleil,
18:33Mitterrand, Giscard ? On ne fait pas un truc comme ça.
18:37En plus, on ne dit pas... Tu vas voir ce que je vais lui dire.
18:41On va sur TikTok pour dire ce qu'on va dire.
18:45Allons sur le fond maintenant.
18:49La question de Geoffroy Lejeune.
18:53Est-ce qu'il n'y a pas un écran de fumée pour essayer
18:57de dissimuler le camouflet européen ?
19:01Les Européens n'étaient pas invités à Riad.
19:05Vous avez tout dit. Quand on voit les deux réunions, on comprend.
19:09Il faut aller plus loin. Prenons de la hauteur.
19:13Brzezinski avait une expression, le fameux politologue,
19:17anthropologue, qui a tout défini sur la politique américaine.
19:21Il nous appelait les proxys. Vous savez, l'Iran a des proxys.
19:25Le Hamas, le Hezbollah, etc. Les proxys,
19:29comme l'étymologie le dit, on est proches, mais on est des satellites.
19:33Or, nous, on est les proxys depuis 1949.
19:37Le seul qui a secoué un petit peu les choses, c'est De Gaulle.
19:41En 1966, en disant, je sors du communément intégré de l'OTAN.
19:45Mais qu'est-ce qui se passe depuis que l'OTAN existe,
19:49que l'Europe existe ? Il se passe qu'en fait,
19:53nous accompagnons l'oubrisse occidentale
19:57de l'extension indéfinie de l'OTAN.
20:01Et une promesse a été faite par Jens Becker
20:05à Gorbatchev en 1990 qui n'a pas été tenue.
20:09Et c'est en 2008 que tout s'est joué.
20:13Merkel et Nicolas Sarkozy, surtout Nicolas Sarkozy,
20:17se sont opposés à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN.
20:21Pourquoi ? Nicolas Sarkozy m'a expliqué,
20:25il m'a dit, voilà pourquoi j'ai pris cette position,
20:29parce que j'ai jugé qu'il n'était pas raisonnable d'avoir côte à côte
20:33deux puissances nucléaires. Il faut que l'Ukraine soit neutre.
20:37Comme l'avait dit Kissinger, il faut que l'Ukraine soit un pont
20:41entre les deux sphères d'influence, la Russie d'un côté, l'Europe de l'autre.
20:45Malheureusement, la promesse de Becker n'a pas été tenue.
20:49Et l'Amérique de Biden a tout fait pour faire rentrer l'Ukraine.
20:53Donc c'était mettre du persil sous le nez de Poutine.
20:57Deuxième promesse qui n'a pas été tenue, et c'est encore plus grave symboliquement,
21:01c'est les accords de Minsk. Vous vous rendez compte que Hollande et Merkel
21:05sont allées dire en confidence stratégique, en fait on a conclu les accords de Minsk
21:09mais on n'y croyait pas du tout, c'était juste pour permettre à l'Ukraine de se réarmer.
21:13Donc il est évident qu'on a mis Poutine dans une position agressive
21:19parce qu'il a été déçu, parce qu'il a eu peur que l'Ukraine rentre dans l'OTAN.
21:27Et celui qui dit tout ça, c'est Trump, parce qu'il connaît le dossier,
21:31il connaît par cœur le dossier. Et j'ajoute un point clé,
21:35les proxys que nous sommes, quand on a fait le traité de Lisbonne,
21:41article 5 du traité de Lisbonne, la défense collective de l'Europe passe par l'OTAN.
21:45Donc en fait on a mis tous nos oeufs dans le même panier, tous nos oeufs dans le même panier.
21:50Et aujourd'hui qu'est-ce qui se passe ? Les proxys sont des proxys,
21:54donc ils ne sont pas convoqués à la négociation, ils ne sont pas à Riyad,
21:58donc ils sont à Paris, entre proxys, entre satellites.
22:02Ensuite l'Ukraine est aussi un proxy puisque l'Ukraine ne peut pas continuer la guerre
22:07dans les États-Unis, donc l'Ukraine n'est pas à la négociation,
22:11l'Ukraine ne va pas recouvrer ses anciens territoires.
22:15Et puis surtout, écoutez-moi bien, l'OTAN c'est fini, ça n'intéresse plus les Américains,
22:24ils sont sur d'autres objectifs, ils tournent du côté d'un autre océan, vers la Chine.
22:33Et deuxièmement, la relation transatlantique c'est fini,
22:41aujourd'hui l'Europe n'intéresse plus l'Amérique.
22:49A partir du moment où l'OTAN va disparaître et que l'Europe n'intéresse plus l'Amérique,
22:56on va payer au prix fort, sauf la France, le fait d'avoir remis notre défense,
23:02notre indépendance, notre stratégie, notre puissance fictive entre les mains de l'Amérique.
23:09Quelle erreur stratégique, géostratégique depuis l'après-guerre.
23:14Il y a un mois vous évoquiez les conséquences de la victoire de Donald Trump
23:19comme une défaite idéologique pour les sans-frontiéristes, les européistes,
23:23et vous avez eu cette phrase en 1989,
23:27le mur de Berlin est tombé, demain c'est le mur Maastricht qui va tomber.
23:33Je veux qu'on revienne 30 ans en arrière, on est donc en 1992,
23:38écoutez attentivement le Philippe de Villiers de 1992,
23:43ce qu'il disait sur les conséquences de la ratification du traité de Maastricht.
23:48Je dis bien 30% des emplois en Vendée sont menacés par le processus de Maastricht.
23:55On nous ment lorsqu'on nous dit Maastricht c'est l'emploi, non Maastricht c'est le chômage, pourquoi ?
23:59Parce que cette Europe elle est technocratique, elle est bureaucratique,
24:02ce sont des prélèvements obligatoires qui vont augmenter et surtout,
24:05que ce soit dans le domaine du plastique, des transports, de l'agriculture, de la pêche
24:11et de toutes nos industries de main d'oeuvre, il n'y a plus de préférence communautaire.
24:14L'Europe est le seul espace au monde qui ne soit pas protégé,
24:17où il n'y a pas de tarifs extérieurs communs.
24:19C'est la commission qui propose, c'est la commission qui exécute,
24:25c'est la commission qui négocie, c'est la commission qui gère.
24:30Il n'y a pas d'exemple dans l'histoire du monde, depuis que la démocratie existe,
24:38d'une institution ayant autant de pouvoir que la commission de Bruxelles.
24:45C'était il y a 30 ans, Geoffroy Lejeune.
24:48C'est vrai qu'on est soufflé en voyant un peu ces images.
24:51Philippe, moi je vous ai entendu dire à de nombreuses reprises
24:54que le mur de Maastricht allait tomber,
24:56ce qui, pour des gens de ma génération ou de celle d'Eliott, paraît être impossible.
25:01Est-ce que vous pensez vraiment que cette perspective se dessine ?
25:03Oui, et je vous explique pourquoi.
25:07En fait, l'Union Européenne, c'est une idée, une création américaine.
25:16Suivez-moi bien, je pars de loin, vous allez voir, on va y arriver.
25:22C'est une création américaine.
25:24C'est une idée qui est née dans le bureau Oval.
25:28En 1943, il y a deux hommes face à face,
25:32le président des Etats-Unis, Roosevelt,
25:36et le conseiller, son conseiller technique,
25:40qui est de nationalité anglaise, qui est banquier américain,
25:44qui s'appelle Jean Monnet, qui passe sa guerre aux Etats-Unis.
25:50Et là, Roosevelt explique à Monnet,
25:53il faut qu'on fasse une communauté transatlantique pour avoir un marché annexe,
25:59un marché complémentaire, communauté transatlantique,
26:02et il impose ces mots, il impose la sémantique américaine.
26:07Le pacte charbon-acier, sémantique américaine.
26:11La haute autorité, sémantique américaine.
26:14La commission, c'est les agences, non élues, sémantiques américaines.
26:19Les pères fondateurs, sémantiques américaines s'il en est.
26:24Et donc, c'est parti.
26:26Ensuite, le 9 mai 1950, la déclaration fondatrice de l'Europe,
26:31qui est lue dans les écoles, encore aujourd'hui, lue par Schuman,
26:37en fait, elle est rédigée avec, à deux mains,
26:41elle est rédigée avec le secrétaire d'Etat, Dean Acheson,
26:45le secrétaire d'Etat américain, qui vient spécialement à Paris
26:48pour contrôler la déclaration, pour qu'elle soit une déclaration atlantiste.
26:55Deuxième étape. Troisième étape.
26:57En 1957, le 25 mars 1957, le traité d'Rome est signé,
27:02et il faut un président, le premier président de la commission,
27:05c'est évidemment décisif, et John McLeod, retenez ce nom,
27:11qui est le haut commissaire américain de l'administration alliée
27:17qui occupe l'Allemagne, suggère à l'oreille d'Adenauer
27:21de prendre quelqu'un qu'il connaît bien, puisqu'il l'a rééduqué,
27:25qu'il appelle Walter Hallstein.
27:27Walter Hallstein, c'est un officier supérieur allemand en national-socialisme,
27:34c'est lui qui enseigne le national-socialisme aux soldats allemands,
27:37il est arrêté le 26 juin 1944 à Cherbourg, il y a les photos,
27:40j'ai publié ça dans un livre.
27:42Et ensuite, il est rééduqué à Fort Getty, aux Etats-Unis,
27:46rééduqué par les Américains, notamment par Jacques McLeod.
27:50Et Adenauer dit on prend.
27:52Et donc, en fait, le premier président de la commission européenne
27:56est évidemment pour le moins pro-américain,
27:59et il va donner un pli qui ne changera plus.
28:03Alors pourquoi je vous dis ça ?
28:05Je vous dis ça parce que c'est là que c'est important.
28:09Toute l'architecture de cette Europe,
28:14elle est une architecture post-politique, post-tragique, post-historique,
28:21post-morale et post-nationale.
28:24C'est-à-dire que c'est une architecture post-politique
28:28sans aucun ressort de puissance.
28:33Ce n'est plus la question, on est un marché.
28:37Et deuxièmement, c'est une Europe sans les Etats
28:41et avec un fédérateur extérieur, l'Amérique.
28:45C'est ça l'Union européenne.
28:48Et Maastricht a pérennisé ce que Jean Monnet voulait,
28:53c'est-à-dire une communauté transatlantique.
28:56Et j'arrive à la conclusion.
28:58Aujourd'hui, qu'est-ce qui se passe ?
29:00Quatre phénomènes.
29:02Premier phénomène, la Nouvelle Amérique nous regarde avec mépris.
29:07On était des protégés, on était des consommables.
29:11Vous allez voir la herse douanière qui va arriver.
29:14Et puis maintenant, on nous dit,
29:15maintenant mettez l'argent si vous voulez vous défendre,
29:17et en plus pour acheter du matériel américain, s'il vous plaît.
29:21Donc en fait, on est passé du partenariat transatlantique
29:25au protectorat transatlantique, premier point.
29:28Deuxième point, l'Europe n'a pas écouté de Gaulle.
29:32De Gaulle disait, vous ne pourrez jamais faire une vraie Europe sans la Russie.
29:37Parce qu'on ne peut pas faire une Europe sans l'Eurasie.
29:41Sinon, on fait un bout d'Europe.
29:43C'est ce qu'on a fait.
29:44On a fait non pas l'Europe de l'Atlantique à l'Oural,
29:47mais l'Europe de l'Atlantique sans l'Oural.
29:51Donc c'est un moignon d'Europe.
29:54Troisièmement, la défaite de l'Ukraine,
29:57j'ai dit ça il y a un an, il y a deux ans ici même, avec vous,
30:00vous vous en souvenez, sera la défaite de l'Europe, de l'Union européenne.
30:05On est en plein dedans.
30:06Ils ont l'air malins, ils voulaient envoyer des troupes,
30:09ils flirtaient avec le nucléaire, etc.
30:11Ils jouaient les gros bras, voilà.
30:14Et donc en fait, les deux slogans du 92,
30:22c'était l'Europe puissance et l'Europe c'est la paix.
30:27Non, l'Europe ce n'est pas la paix, l'Europe c'est la guerre.
30:29On a été faire la guerre ailleurs que chez nous, à l'extérieur de chez nous,
30:33entre deux peuples slaves pour les départager.
30:36Absurde.
30:37Les historiens diront, ils étaient fous.
30:40Et tout ça pour en fait faire une Europe plus unie,
30:45pour intégrer davantage la purée de marrons.
30:49Et puis l'Europe puissance, elle est morte avant que d'avoir existé,
30:53enfin, on en parlera peut-être la semaine prochaine,
30:56parce que c'est les élections allemandes.
30:58L'axe franco-allemand, il n'y en a plus.
31:01Vous savez, de Gaulle disait,
31:05les nations n'ont pas d'amis, elles n'ont que des intérêts.
31:12Et moi, je rajoute, la bureaucratie n'a pas d'intérêt,
31:17elle n'a que des procédures.
31:19Quasiment 19h45 sur CNews, et on poursuit évidemment face à Philippe de Villiers.
31:24Dans un instant, on entendra votre réaction.
31:30On découvrira votre réaction après la décision du Conseil d'État
31:33de valider celle de l'ARCOM, de fermer C8 Philippe de Villiers.
31:37Vous me faites confiance ?
31:39Oui ?
31:40Oui.
31:41Donc peut-être pour la première fois, et parce que cette décision est dramatique
31:44et qu'on manque d'un peu de temps,
31:47l'apologue, on le décalera à la semaine prochaine.
31:50Mais parce que aussi, vous êtes très attaché aux agriculteurs,
31:54à ce monde de la ruralité, à son avenir,
31:57vous souhaitiez impérativement avoir un mot pour les agriculteurs,
31:59puisque le salon de l'agriculture ouvre ses portes ce samedi.
32:03Les parlementaires ont le sens du timing.
32:06Ils ont voté au Sénat la loi d'orientation prévue initialement l'année dernière.
32:11Alors Philippe de Villiers, on promettait la préférence agricole française.
32:15Où en est-on de cette promesse ?
32:17Et existe-t-il un avenir de la ruralité en France ?
32:21Vous savez, j'ai déjà utilisé une expression, je la reprends,
32:27elle me vient à l'esprit,
32:28balader le brochet dans les temps.
32:31En fait, personne ne veut dire la vérité.
32:34La classe politique dans son ensemble ne veut pas dire la vérité.
32:38La vérité, c'est qu'on a décidé de faire ce que Michel Houellebecq
32:43a appelé dans Sérotonine, c'était un visionnaire Michel Houellebecq,
32:47il a tout vu, il a soumission pour l'islamisation
32:50et pour l'agriculture sérotonine,
32:52le plus grand plan social de l'histoire de France.
32:55C'est ça qui est en train de se produire en ce moment.
32:58Hier, je faisais mon vélo, parce que moi aussi je fais du sport.
33:06Vous dites que j'en ai besoin, c'est ça ?
33:09De reprendre un peu le sport, c'est ça ?
33:12Et tout à coup, il y a un tracteur qui arrive, qui me coupe la route,
33:17c'est vrai que le tracteur s'arrête,
33:19le paysan descend, c'est mon voisin, il s'appelle Maxime,
33:23et il va se reconnaître, et il me dit
33:28« Ah, tu vas parler du salon de l'agriculture ? »
33:31Je dis « Ah bah oui ! »
33:32Il me dit « C'est catastrophique ! »
33:34Je dis « Mais attends, dis-moi justement, où on en est par rapport à l'année dernière ? »
33:38On s'était parlé l'année dernière, tu m'avais dit
33:40« Voilà ce qu'on veut, voilà, etc. »
33:42Il me dit « Ah bah, rien ! »
33:44Il me dit « Mais la surtransposition ? »
33:49Je dis « Rien ! »
33:51« Mais les poulets ukrainiens ? »
33:55« Rien ! »
33:56« Le Mercosur ? »
33:58« Rien ! »
33:59« Les traités alibéchans ? »
34:01« Ah bah, il y en a de plus en plus ! »
34:03« Et puis le pacte vert ? »
34:05« Ah bah, ça continue ! »
34:07« Les contrôles ? »
34:08« Oui, ça continue ! »
34:09« Mais en fait, il ne se passe rien ! »
34:10« Les politiciens font des moulinets ? »
34:12Voilà.
34:14Et donc, en fait, les pauvres paysans qui sont au salon de l'agriculture,
34:19qui se battent pour que la petite lumière de la résistance demeure
34:26entre les paillets et les moutons,
34:32ils devraient poser la question suivante.
34:34Quel est l'avenir de nos campagnes ?
34:38C'est ça la question.
34:39Parce qu'en fait, il y a 60 ans,
34:41moi je me souviens très bien avoir entendu Olivier Guichard, la DATAR, etc.
34:44nous expliquer la modernisation de la France passera par un déséquilibre ville-campagne.
34:49Vous m'entendez ?
34:50Donc, il était assumé ce déséquilibre.
34:53L'exode rural était programmé, il n'était pas déploré, il était célébré.
35:00Voilà.
35:01Et donc, la grande question de notre temps,
35:04c'est la question des ancrages,
35:08des racinements, des racines, tout sauf le besoin d'un racinement.
35:11Or, il y a un besoin d'un racinement criant.
35:14Mon voisin Samuel Gilbert disait, en voyant passer un tricycle avec un touriste dessus,
35:19tu vois mon petit gars, la terre, c'est quand on travaille,
35:23la campagne, c'est quand on regarde travailler les autres.
35:26Et donc, il y a un mépris pour la campagne depuis 60 ans,
35:31avec cette idée que la métropolisation de la France
35:34agglutine des esprits conformes
35:37qui n'entendent que le bruit de son de la rue insignifiante
35:41où court la rumeur gloutonne.
35:44Et celui qui a compris ça, c'est Mitterrand,
35:47qui m'avait dit un jour, le socialisme, c'est la ville.
35:49Parce que quand vous êtes dans des cages à lapins,
35:51vous votez à gauche, vous votez aigri.
35:53Et donc, en fait, on a dévitalisé les campagnes,
35:56et maintenant, on s'apprête à les remplir avec l'immigration.
36:01Les élites mondialisées, elles ont voulu se débarrasser des campagnes.
36:05Elles ont fait un choix, écoutez-moi bien,
36:10c'est d'aller chercher l'alimentation du peuple français
36:15sur le marché mondial, au prix le plus bas.
36:18Donc, il n'y a plus du tout la notion politique
36:21qui devance la technique, je veux une agriculture, etc.
36:26Et mon voisin Maxime, j'oubliais, m'a dit,
36:28tu te rends compte, Philippe, qu'entre Les Herbiers et L'Archeurion,
36:31il y a 27 exploitations qui mettent la clé sous la porte,
36:35là, en quelques mois, 27 exploitations.
36:38Ça veut dire qu'on est en train de… c'est une hémorragie continue.
36:42Et ce que je voudrais dire, c'est que c'est terrible ce qu'on a fait.
36:50Nous avons, comme un enfant déchire une rose,
36:53nous avons déchiré les tissus vivants.
36:58En fait, nous n'avons pas compris qu'il y a une continuité vitale
37:05entre le paysan et la nature,
37:09que le paysan vibre de frémissements intérieurs,
37:14qu'il est le seul à ressentir, à percevoir.
37:21Et on n'a pas compris que tous les peuples qui sont morts,
37:25tous les peuples qui meurent, sont morts, meurent,
37:28parce qu'ils ont cessé de croire à la vie intérieure
37:37et ils ont cédé à la dénutrition de l'être intérieur.
37:43Ils ont cessé de croire au pacte immémorial,
37:49au pacte nuptial de l'homme et de la terre.
37:54Philippe de Villiers, quand on s'appelle La Semaine,
37:57vous avez souvent cette expression
37:59« j'ai l'esprit d'escalier », vous me posez une question
38:01sur un sujet qu'on avait traité juste avant.
38:03Et donc là, en ce moment même, j'ai l'esprit d'escalier
38:05sur le traité de Maastricht,
38:08ou de Maastricht, ça dépend des gens.
38:11Est-ce que le général de Gaulle l'aurait ratifié ?
38:14Certainement pas.
38:16On a souvent parlé avec Marie-France Garot et Charles Pasquois,
38:19qui ont bien connu le général de Gaulle.
38:21Jamais.
38:22Et quand j'ai posé cette question à Marie-France Garot,
38:24c'est ce qu'elle m'a répondu.
38:26Vous croyez, Philippe, que le général de Gaulle
38:28aurait ratifié le traité de Troyes
38:30qu'a donné la France à l'Angleterre,
38:32juste avant que Jeanne d'Arc intervienne en 1420 ?
38:35Isabeau de Bavière, plissé sous le N1,
38:40qui trahit son fils.
38:42Mais ça arrive dans l'histoire de France.
38:44Les Français reniaient, ça s'appelle.
38:46Comme quoi, avoir l'esprit d'escalier,
38:48c'est pas si mauvais.
38:49C'était intéressant de vous poser la question.
38:51Mais de toute façon, c'est simple.
38:53Ou bien vous croyez que les nations existent ?
38:56Les nations, ce sont des peuples,
38:58c'est une sédimentation historique,
39:00c'est une culture, ce sont des coutumes,
39:02c'est une mémoire commune, une mémoire chérie.
39:04Et dans ce cas-là, vous pouvez accéder à la puissance
39:10et vous êtes respecté.
39:12Ou bien vous ne croyez plus à ça,
39:14vous croyez à une bureaucratie,
39:16à une bureaucratie européenne ?
39:18Vous m'avez relancé.
39:21Parce que j'ai une surprise pour vous.
39:23On l'avait passée l'année dernière,
39:25mais elle est magnifique cette séquence.
39:27On est en 2004.
39:28On revient au Salon de l'agriculture
39:30et on salue évidemment tous les agriculteurs
39:32qui nous regardent et qui sont comme les Français
39:34qui nous regardent de plus en plus nombreux.
39:36On est en 2004.
39:38Il y a un reportage sur ces...
39:40Parce que c'est vraiment le passage obligé
39:42pour les hommes politiques, le Salon de l'agriculture.
39:44Alors il y en a qui y vont et ils savent pas de quoi ils parlent,
39:46mais c'est intéressant de faire un selfie avec une vache.
39:48Vous vous souvenez de la petite phrase que vous avez eue ou pas ?
39:50Non. Bah regardez.
39:52C'est que lui il en a, lui.
39:54Voilà.
39:56Si tout le monde en avait comme ça, on serait pas dans la merde.
39:58Et Philippe de Villiers ne parle pas des cornes de l'animal.
40:00Trois petits tours et puis s'en vont
40:02pour les éluer. Ceux qui aspirent à l'être,
40:04le Salon de l'agriculture, c'est la figure imposée.
40:06Alors puisque vous ne parliez pas des cornes,
40:08je ne sais pas de quoi vous parlez.
40:10C'est vraiment... Je suis en pleine réflexion.
40:12Philippe de Villiers.
40:14Elle est extraordinaire cette séquence.
40:16Si les politiques en avaient des comme ça,
40:18on ne serait pas dans la merde.
40:20Vous savez, quand vous savez reconnaître
40:22une vache d'un taureau,
40:24ça vous aide dans la vie.
40:26Bon, Philippe de Villiers.
40:28Venons-en au sujet majeur de la semaine.
40:30L'un des sujets majeurs.
40:32Puisque c'est une décision historique,
40:34le Conseil d'État a donc confirmé
40:36l'ARCOM dans sa volonté
40:38de ne pas renouveler la fréquence de la chaîne C8,
40:40pourtant première chaîne de la TLNT.
40:42A la même heure, vendredi prochain,
40:44la chaîne sera frappée d'un écran noir
40:46mettant sur le carreau des centaines d'employés.
40:48Je vous propose d'ailleurs d'en écouter certains.
40:52Le fait d'arrêter C8,
40:54ça va mettre sur le bord de la route
40:56400 employés.
40:58Le public ne pourra plus venir profiter
41:00parce qu'on ne va pas se mentir,
41:02c'est un spectacle.
41:04Moi, je ne réalise pas.
41:06Je ne suis pas dans le déni parce qu'ils ont eu tapot.
41:08Oui, ils ont eu tapot.
41:10Parce qu'en fait, c'est toi qui étais...
41:12Moi, je dis la vérité.
41:14Oui, mais justement, ils ont tout sauf ma peau.
41:16Ils vont avoir la peau de pas mal de gens exactement.
41:18C'est ça leur erreur.
41:20On a des loyers,
41:22on a des crédits,
41:24on a de la vie.
41:26Et trouver, en tant qu'intermittent,
41:28trouver du travail...
41:30En mars.
41:32C'est quasiment mort.
41:34Ce n'est pas possible.
41:36C'est un scandale, tout simplement.
41:38De toute façon, comme tout le monde ici le pense,
41:40c'est juste une honte.
41:42Couper une chaîne qui fonctionne,
41:44supprimer des emplois,
41:46priver le public
41:48d'une émission
41:50récurrente qui ne lasse
41:52personne, c'est juste
41:54surréaliste.
41:56Je trouve que pour la liberté d'expression, c'est assez grave
41:58ce qui se passe aujourd'hui.
42:00En plus de la liberté d'expression qui prend un coup,
42:02il y a toutes les équipes qui sont derrière
42:04qui accusent le coup.
42:06On ne sait pas trop ce qui va se passer.
42:08On parle beaucoup des gens qui sont
42:10les animateurs, les producteurs,
42:12mais tous les gens dans l'ombre,
42:14on dit un chiffre de 400 personnes,
42:16ils ne savent pas ce que ça représente 400 personnes.
42:18Ils ne se disent pas que c'est des gens
42:20qui prennent le métro tous les matins,
42:22qui ont des loyers, qui ont des charges.
42:24Philippe, on s'adresse souvent à vous
42:26en tant qu'ancien secrétaire d'Etat
42:28à la culture et à la communication.
42:30Vous êtes un des rédacteurs de la loi
42:32sur la régulation des chaînes.
42:34Est-ce qu'aujourd'hui, vous vous sentez trahi par cette décision ?
42:36Oui.
42:38Vous savez ce que je pensais, là ?
42:40Il y a eu les gilets jaunes,
42:42on devrait faire les carrés noirs.
42:44Alors c'était tous un petit crêpe,
42:46vous voyez, noir.
42:48Carré noir, c'est huit.
42:50Pourquoi ? Parce que c'est très important
42:52ce qui est en train de se passer.
42:54C'est très important.
42:56Jay Devance a dit que la liberté d'expression
42:58n'est plus respectée.
43:00Derrière la liberté d'expression,
43:02c'est la liberté de penser,
43:04c'est la liberté d'aller et venir avec les ailes des feux.
43:06Donc, en fait, on a une classe politique,
43:08toutes catégories confondues,
43:10qui nous gouverne depuis Maastricht
43:12et bien avant,
43:14qui non seulement
43:16désosse le pouvoir
43:18et la puissance,
43:20et donc notre sécurité,
43:22mais qui nous brime
43:24et qui, petit à petit,
43:26opère par strangulation.
43:28Parce que derrière
43:30ces huit,
43:32il y a CNews,
43:34il y a le groupe Bolloré,
43:36et puis après, ce sera
43:38le groupe Arnaud, etc.
43:40C'est-à-dire, on va vers une société totalitaire.
43:42Et il faut que les gens
43:44qui nous regardent en soient vraiment persuadés.
43:46Alors, je réponds à votre question.
43:48Je suis, moi,
43:50le co-rédacteur, avec François Dotard
43:52et Dominique Ambiel,
43:54de la loi du 30 septembre 1986.
43:56Et donc, je parlais
43:58cette année,
44:00et donc je parlais
44:02savamment de l'ARCOM.
44:04Puisque, à l'époque,
44:06dans la loi, on avait créé une commission
44:08qui s'appelait la CNCL.
44:10Et cette
44:12loi, en fait,
44:14c'était une loi de privatisation
44:16qui aménageait
44:18le nouveau paysage audiovisuel, qu'on appelait
44:20toujours le PAF,
44:22mais avec un double pluralisme.
44:24Il y avait
44:26un pluralisme externe
44:28qui était prévu par la loi,
44:30c'est-à-dire concurrence entre les chaînes privées,
44:32pas question
44:34de retirer à chaque chaîne
44:36sa tonalité.
44:38C'est-à-dire que c'était une concurrence entre les chaînes,
44:40telle chaîne
44:42avec telle tonalité, telle autre chaîne
44:44avec telle autre tonalité.
44:46Concurrence entre les chaînes, pluralisme externe,
44:48on appelait ça. Et ensuite,
44:50le pluralisme interne pour
44:52les chaînes de services publics,
44:54vu qu'elles sont financées par les impôts,
44:56vu que donc, il faut que tous les contribuables,
44:58quelle que soit leur sensibilité,
45:00se retrouvent dans la couleur des chaînes.
45:02C'était ça, la double idée.
45:04Et
45:06la commission qui s'appelait
45:08la CNCL, qui est devenue l'ARCOM,
45:10avait pour
45:12unique mission d'être un
45:14organe d'application
45:16et de régulation, exactement
45:18comme d'ailleurs le Conseil constitutionnel du temps
45:20de Michel Debré, où il fallait
45:22vérifier que la loi
45:24n'empiète pas sur le règlement.
45:26Voilà pour le Conseil d'État.
45:28Et pour l'ARCOM,
45:30c'était l'idée que l'ARCOM devait
45:32assurer
45:34que la réglementation
45:36soit bien
45:38appliquée. Il y a un souvenir qui me revient,
45:40l'article 1, je crois, et l'article
45:4213, un des deux articles qui
45:44disaient que la seule
45:46limitation que
45:48l'ARCOM pouvait apporter
45:50à la parole des
45:52chênes, à leur liberté,
45:54c'était une limitation
45:56en cas de guerre
45:58à la demande de la défense nationale.
46:00Vous voyez, on n'en est pas là quand même.
46:02Voilà. Et donc
46:04en fait, l'ARCOM est
46:06devenu,
46:08n'est plus un organe régulateur, l'ARCOM
46:10est devenu un organe,
46:12une officine idéologique,
46:14une police de la pensée,
46:18un tribunal d'opinion.
46:20Voilà.
46:22Et donc, le tribunal d'opinion a frappé
46:24pour des raisons
46:26qui tiennent à ses opinions,
46:28c'est une
46:30officine idéologique,
46:32militante, militante,
46:34qui est composée par des
46:36militants ou des gens qui
46:38le sont devenus. Et figurez-vous...
46:40On y vient, justement, j'allais vous interpeller
46:42là-dessus, parce que Roch-Olivier Mestre,
46:44l'ancien président de l'ARCOM,
46:46était votre stagiaire au moment
46:48où vous avez pensé, écrit,
46:50cette loi sur la régulation.
46:52Donc, il a grandi en quelque sorte
46:54avec vous. Vous lui dites quoi, Roch-Olivier Mestre,
46:56aujourd'hui ? Ben, il a été nourri au
46:58lait de la liberté, le lait à cahier depuis.
47:02Et donc, il assistait à tous les travaux.
47:04Je me souviens même
47:06que quand j'ai quitté le ministère, il pleurait.
47:08Dans le couloir, je l'ai consolé, je lui ai dit
47:10Roch-Olivier, la vie n'est pas finie. Ah ben non, elle n'est pas finie.
47:12Effectivement.
47:14Et, voilà. Mais, vous savez,
47:16c'est l'état profond.
47:18L'état profond, quand vous rentrez
47:20dans l'état profond par un phénomène de contagion,
47:22si vous n'êtes pas
47:24technocrate au début, vous l'êtes à la fin. Il n'y a rien à faire.
47:26Vous devenez saint-simonien. Vous croyez que
47:28le pouvoir,
47:30il va sans la liberté,
47:32parce que la liberté est dangereuse, parce que la liberté,
47:34c'est le peuple
47:36influençable qui peut se mettre à penser
47:38tout seul. Voilà.
47:40Je parle du dévoiement
47:42de l'ARCOM, mais je voudrais ajouter
47:44un mot sur le dévoiement
47:46du Conseil d'État. Le Conseil d'État,
47:48en fait, sa véritable vocation,
47:50sa véritable mission, je me souviens
47:52quand j'étais jeune étudiant,
47:54c'était de garantir les libertés publiques.
47:56Je prends un exemple. Vous avez
47:58le droit de l'expropriation pour les collectivités
48:00publiques quand on fait une route,
48:02mais vous avez aussi le droit de propriété. Il y a une
48:04contradiction entre les deux, souvent. Et donc,
48:06il faut que l'utilité publique soit
48:08prouvée, sinon il y a un abus de pouvoir,
48:10il y a excès de pouvoir. Ce mot-là, excès de
48:12pouvoir, il revenait tout le temps dans la bouche
48:14de nos profs de droit constitutionnels
48:16et administratifs.
48:18Or là, si vous voulez,
48:20Camus avait une expression. Il faut
48:22que le juge, qui représente
48:24à la fois l'État et le peuple,
48:26balance
48:28les arguments
48:30pour Créon et pour
48:32Antigone. Dans le temps,
48:34le juge était plutôt
48:36pour Antigone, aujourd'hui il est
48:38pour Créon. Voilà.
48:40Et pourquoi tout ça ? Parce que derrière,
48:42il y a un enjeu
48:44idéologique
48:46qu'Anna Arendt avait
48:48expliqué en 1978. Il y a
48:50trois armes. Première arme,
48:52c'est
48:54la démonologie. On vous fait passer
48:56pour un démon. Deuxième
48:58arme, c'est le déni du réel.
49:00On vous fait passer pour un déviant.
49:02Troisième arme, c'est
49:04la judiciarisation. On vous fait
49:06passer pour un délinquant.
49:08Philippe Devilliers,
49:10Ben, qui est dans l'oreillette, le chef d'édition
49:12de l'émission, me presse en disant on doit bientôt rendre.
49:14Mais cette émission, elle a aussi
49:16un message d'espoir, d'espérance.
49:18Et en tout début d'émission, pour les téléspectateurs qui nous
49:20rejoignent à 20h,
49:22est-ce que vous pouvez redonner le message,
49:24peut-être un message d'espoir, d'espérance
49:26à ces téléspectateurs,
49:28à ces employés qui se retrouveront sur
49:30la paille à partir de vendredi
49:32prochain ?
49:34D'abord, je voudrais redire
49:36à tous ces
49:38gens qui sont dans le désespoir,
49:40ne vous inquiétez pas, on va tous continuer
49:42et ça va s'amplifier.
49:44Moi, je me souviens, quand j'étais jeune,
49:46j'étais désemparé,
49:48j'étais tout seul à penser ce que je pensais dans mon coin,
49:50il n'y avait pas
49:52de médias, il n'y avait pas
49:54les réseaux sociaux, il n'y avait pas
49:56les Vincent Bolloré, les Bernard Arnault, il n'y avait rien.
49:58Là, aujourd'hui,
50:00on a des médias de la parole alternative
50:02et qui réussissent.
50:04Et dès qu'on va
50:06dans la rue, tout à l'heure, j'ai marché
50:08un petit peu avant de venir, incroyable,
50:10incroyable, des gens de toutes
50:12générations, de tous milieux qui disent
50:14continuez, continuez, etc.
50:16Ça bascule,
50:18ça bascule, et quand tout bascule,
50:20à un moment donné, le système
50:22médiatique, il ne peut pas tenir, il ne peut
50:24plus tenir. Donc le système
50:26médiatique reste totalitaire,
50:28il cherche à nous étouffer,
50:30mais nous respirons
50:32encore. – Merci Philippe Devilliers,
50:34merci à vous Geoffroy Lejeune,
50:36on se retrouve évidemment vendredi prochain,
50:38on débriefera le premier week-end
50:40du Salon de l'Agriculture,
50:42faudrait qu'on y aille une fois
50:44ensemble. Vous pourriez y retourner
50:46au Salon de l'Agriculture ? – Ce serait amusant s'il y allait
50:48en même temps que Macron. – Ah ben oui,
50:50vous voulez passer une sale matinée. – Vous savez ce qui se
50:52passerait ? – Ah ben,
50:54j'ose imaginer. On en parle pendant la publicité ?
50:56Et vous m'expliquerez tout dans...
50:58– Non, c'est à nous qu'on perd un coup à bord.
51:00– Allez,
51:02merci à tous les deux, dans un instant
51:04c'est l'heure des pros.