Emmanuel Macron a rencontré Donald Trump ce lundi pour évoquer la guerre en Ukraine. Le président français a assuré être "convaincu qu'il y avait un chemin" avec son homologue pour mettre fin au confit, qui ne peut, selon lui, signifier une "capitulation" de Kiev. Des militaires européens, soutenus par les Américains, pourraient alors entrer en Ukraine pour garantir que "la paix est bien respectée".
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00:00C'était une étape importante et nécessaire, mais c'était aussi mission impossible pour Emmanuel Macron.
00:05Vous me demandez si c'est une étape vers la paix. On peut l'espérer, mais en réalité, c'est encore très éloigné.
00:11Peut-être un cessez-le-feu dans les prochaines semaines, comme a dit Emmanuel Macron, mais rien n'est sûr,
00:15car Donald Trump ne s'est pas engagé à soutenir les troupes européennes qui pourraient être envoyées en Ukraine.
00:21Donc, on a besoin d'en savoir plus, on a besoin de discuter plus avant, et d'ailleurs, c'est ce que va faire
00:26le Premier ministre britannique qui lui est attendu dès jeudi ici à Washington.
00:30Mathieu Kwash, il y a les mots qu'on a pu entendre et qu'on va réentendre dans un instant de Donald Trump et d'Emmanuel Macron,
00:36et puis il y a des gestes aussi. Ce matin, l'agence France Presse, par exemple, parle de la bromance entre les deux dirigeants.
00:42Est-ce que c'est l'impression que cela vous a laissé aussi ? Est-ce qu'il y a un lien vraiment fort entre Emmanuel Macron et Donald Trump ?
00:51Oui, même si ce lien a mis un petit peu de temps à revenir.
00:53Quand Donald Trump a accueilli Emmanuel Macron à la porte de la Maison Blanche, la poignée de main était un peu froide, à vrai dire,
01:00et puis ils se sont retrouvés dans le bureau ovale et a débuté une conférence de presse totalement improvisée
01:06qui aurait dû durer quelques minutes, qui a duré presque une demi-heure,
01:09et à ce moment-là, on a vu à nouveau ces gestes dont sont très friands à la fois Donald Trump et Emmanuel Macron,
01:15qui sont tous les deux tactiles, et c'est vrai que c'est à ce moment-là que la bromance est revenue,
01:20même si dans les mots, il n'y avait pas qu'une bromance.
01:26Emmanuel Macron a repris Donald Trump à plusieurs reprises.
01:29Donald Trump a fait la même chose.
01:31Il a corrigé le président français, notamment sur les sommes dépensées,
01:35les sommes astronomiques dépensées par les États-Unis pendant la guerre en Ukraine et que Donald Trump veut récupérer.
01:41On en vient au fond du dossier à présent et sur les mots qui ont été prononcés autour de l'Ukraine.
01:47Il y aura sans doute une trêve et à brève échéance.
01:50Voilà en tout cas ce qu'a laissé entendre hier soir Emmanuel Macron. On l'écoute.
01:54Nous devons d'abord conclure une trêve. Je pense que cela pourrait se faire dans les prochaines semaines.
01:59J'espère et je crois l'avoir convaincu du fait que nous devons veiller à ne pas avoir un cessez-le-feu sans aucune garantie,
02:06mais une négociation de trêve et une paix à part entière.
02:10J'espère l'avoir convaincu de l'importance du rôle des États-Unis dans la garantie de sécurité.
02:16Ulysse et Mathieu, on entend Emmanuel Macron parler d'une trêve en deux temps alors que Donald Trump semble lui vouloir aller plus vite.
02:24Ce qu'on comprend c'est que les deux présidents ne vont pas exactement à la même vitesse.
02:27Quel engagement a vraiment pris Donald Trump hier soir ?
02:34La vérité c'est qu'il n'a pas pris d'engagement hier Donald Trump.
02:37On sait ce qu'Emmanuel Macron veut.
02:39Il veut une force d'interposition en Ukraine avec des soldats européens pour empêcher la Russie de violer un cessez-le-feu, si cessez-le-feu il y avait.
02:49Et il demande à Donald Trump de garantir la sécurité de ses troupes, d'assurer notamment le soutien logistique.
02:57Sauf que pour le moment, Donald Trump ne répond pas à cette demande des Européens.
03:02Il y a un acquis cependant, c'est que Vladimir Zelensky va venir à Washington lui aussi cette semaine ou la semaine prochaine, a dit Donald Trump.
03:10C'est important que les Ukrainiens soient partie prenante à cette discussion.
03:13Mais pour ce qui est de l'Europe, d'accord pour les troupes européennes sur le terrain, mais pour qu'elles soient à la table de négociation avec Poutine, on en est encore très loin.
03:21On va, vous restez avec nous messieurs évidemment, on va partir à Moscou.
03:25Jérémy Normand, ce qui est intéressant c'est que Vladimir Poutine a pris la parole dans la soirée et on a compris qu'il n'était pas hostile à la présence d'Européens sur le sol ukrainien.
03:39Oui, la réaction du Kremlin s'est faite attendre quelques heures seulement dans la soirée autour de 22h.
03:44La télévision publique russe a diffusé une allocution du président Poutine.
03:50Dans celle-ci, il qualifie le président ukrainien Vladimir Zelensky de toxique.
03:56Après que Trump l'a qualifié de dictateur sans élection, est-ce que Poutine se sent pousser des ailes ?
04:01Il ne l'avait jamais considéré comme un dictateur.
04:03Il dit désormais qu'il est devenu toxique pour l'Ukraine et puis il a également adressé un message en direction des Européens.
04:09Voyant la présence du président français à Washington pour essayer de s'inviter à la table des négociations,
04:14Poutine dit hier qu'il est ouvert à la participation des Européens et éventuellement d'autres pays tiers à ces négociations.
04:22On peut penser par exemple à la Turquie, puisque hier, Sergei Lavrov était en Turquie à rencontrer le président turc Recep Tayyip Erdogan.
04:29Vladimir Poutine est également allé chercher Donald Trump sur son terrain, le business.
04:34Sur les terres rares, les minerais qui sont aujourd'hui au cœur des discussions,
04:38Poutine dit tout simplement plutôt que d'aller investir dans les terres en Ukraine, venez chez nous,
04:43c'est-à-dire dans les territoires que nous avons conquis en Ukraine, qui eux aussi contiennent des réserves stratégiques.
04:49Et nous allons proposer, c'est ce que dit Vladimir Poutine, nous allons proposer aux partenaires étrangers de venir investir également dans ces terres-là.
04:56Voilà donc sur le thème transactionnel qu'il a essayé d'employer pour aller chercher Donald Trump.
05:02Voilà ce qu'on a eu hier comme réaction de la part du Kremlin.
05:05Un dernier mot, les conditions établies jusqu'ici par le Kremlin pour une paix, elles sont extrêmement dures.
05:11Difficile d'imaginer que le Kremlin accède à un deal.
05:15Voilà ce qu'il dit, la renonciation de l'Ukraine a intégré l'OTAN et même à long terme.
05:20La renonciation de l'Ukraine a récupéré aucune terre acquise aujourd'hui par la Russie.
05:26On parle d'environ 20% du territoire ukrainien tout de même.
05:29Et puis enfin évidemment le départ de Volodymyr Zelensky qui avait lui proposé un peu plus tôt pouvoir laisser sa place si son pays pouvait rejoindre l'OTAN.
05:36Alors Clémence Dibou vous êtes à Kiev.
05:39Volodymyr Zelensky qui a été traité de toxique par Vladimir Poutine, il avait été traité de dictateur par Donald Trump.
05:45Il va quand même aller à Washington dans les jours qui viennent, Volodymyr Zelensky.
05:48Est-ce que finalement le président ukrainien ne se dit pas qu'il va finir par être le dindon de cette farce ?
05:53Le président ukrainien en fait il mise tout sur la coopération avec l'Union Européenne, avec l'Europe de manière générale.
06:03C'est pour ça que cette visite d'Emmanuel Macron à Washington a été largement suivie ici par les médias ukrainiens.
06:11Ce matin ce qui fait les titres c'est cette phrase d'Emmanuel Macron qui explique qu'il est prêt à envoyer des troupes au sol dans le cadre d'un accord de cesser le feu pour respecter ce cesser le feu.
06:21Là où les Ukrainiens sont un peu moins optimistes qu'Emmanuel Macron dans ses déclarations hier à Washington, c'est quand Emmanuel Macron dit qu'un cesser le feu pourrait arriver dans les prochaines semaines.
06:29Pour les Ukrainiens ça n'est pas possible parce qu'il y a un obstacle, c'est Vladimir Poutine et ce qu'il pourrait dire, ce qu'il pourrait mettre sur la table et ensuite le faire respecter.
06:37Pour les Ukrainiens Vladimir Poutine n'est pas digne de confiance dans cet accord de cesser le feu qui pourrait être signé et c'est pour ça que c'est crucial d'avoir un contrepoids européen.
06:47Et donc attention au prisme français, ce n'est pas forcément la visite d'Emmanuel Macron en tant que telle qu'ils sont en train de regarder les Ukrainiens mais les démarches des dirigeants européens.
06:55Parce qu'il y a aussi par exemple jeudi Kirsteinemer, le premier ministre britannique qui va aller à la Maison Blanche et d'un autre côté hier à Kiev,
07:04Vladimir Zelensky a rencontré pas mal de dirigeants européens, par exemple le premier ministre espagnol et ils espèrent avoir l'appui de l'Union Européenne ou plus largement de l'Europe.
07:14Justement quand Vladimir Zelensky pourrait se rendre la semaine prochaine à Washington.
07:19Mathieu Coache, vous êtes justement à Washington, il y a un chemin disait hier soir Emmanuel Macron.
07:23Il y a en tout cas un scénario qui se dessine avec une possible force de maintien de la paix européenne qui se déploierait en Ukraine.
07:31Est-ce qu'on a une idée de ce à quoi elle pourrait ressembler ?
07:35Écoutez le président français n'a pas voulu donner de chiffres mais effectivement pour la première fois publiquement il a dit que la France, la Grande-Bretagne et d'autres pays étaient prêts à envoyer plusieurs milliers d'hommes en Ukraine.
07:47Alors pour faire quoi ? Pas pour combattre, plutôt pour être des soldats de la paix comme les Casques Bleus des Nations Unies.
07:53La France par exemple pourrait se positionner autour de la ville d'Odessa pour mieux la protéger.
07:58Les Britanniques pourraient aller autour de la ville de Kharkiv.
08:01Vous voyez les rôles commencent à être distribués et puis il y aura peut-être d'autres pays qui vont venir pour apporter du soutien, toujours militaires.
08:08Par exemple l'Allemagne ou la Pologne et continuer à former les Ukrainiens.
08:13Le message je pense qui est très important aujourd'hui de la part des Européens et d'Emmanuel Macron en particulier c'est que les Européens continuent à soutenir l'Ukraine.
08:21Alors qu'à Washington, Donald Trump reste très pro-Russe.
08:25Comme il est pressé de conclure un accord avec Poutine, il est prêt à accepter beaucoup de conditions qui semblent totalement inacceptables pour les Européens.
08:33D'ailleurs il y a cette phrase d'Emmanuel Macron pour finir.
08:35Nous voulons un deal rapide mais pas un accord qui soit fragile.
08:39Et pour le moment ce qui s'est dessiné ici à Washington est plus fragile que solide.
08:46Autant dire que les jeux ne sont pas faits.
08:48Oui les jeux ne sont pas faits, c'est fragile.
08:51On sent une certaine prudence ce matin.
08:53Et pour tout vous dire Mathieu et Ulysse, hier soir en vous regardant sur BFM TV, je vous trouvais beaucoup plus optimiste.
08:59Qu'est-ce qui a douché cet optimisme ?
09:05C'est-à-dire qu'on a aussi débriefé avec les conseillers du Président de la République.
09:10Et pour les fréquenter assez souvent, c'est vrai qu'il y avait une certaine retenue, une certaine prudence à l'extérieur de la East Room où s'était déroulée cette conférence de presse tout à l'heure.
09:21Et puis on a surtout attendu ce qu'allait dire Donald Trump jusqu'au bout, jusqu'à la fin de la conférence de presse.
09:27Et malheureusement il n'en est pas sorti grand-chose.
09:30Donc c'est un peu ça la douche froide.
09:33C'était cette attente, c'est vrai qu'il y avait beaucoup d'attente autour de ce rendez-vous.
09:37Mais pour l'instant, ça ne se concrétise pas vraiment.
09:40Pour revenir sur la force européenne en Ukraine, elle ne peut pas exister, quasiment pas exister, si les Américains ne sont pas derrière et n'apportent pas ces fameuses garanties de sécurité.