Emmanuel Macron se rend à Washington où il rencontrera ce lundi le président américain Donald Trump, avec en ligne de mire la garantie d'une "paix durable" en Ukraine. Ces dernières heures, il s'est notamment entretenu avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ou le chancelier allemand Olaf Scholz.
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00:00Avec nous pour en parler Clémence Dibou qui est à Kiev, Jérémy Normand lui est à Moscou, Benoît Ballet est à Washington et Patrick Sauss nous accompagne, le chef du service international de BFM TV.
00:13Emmanuel Macron est donc à Washington depuis quelques heures, il va y passer quelques heures là aussi pour rencontrer Donald Trump et évoquer avec lui la guerre en Ukraine.
00:20Benoît Ballet, que va dire Emmanuel Macron à Donald Trump ?
00:25Alors le président français va présenter des propositions d'action au président américain, son homologue américain pour conjurer la menace russe en Europe, garantir une paix durable en Ukraine.
00:38C'est ce que Emmanuel Macron a expliqué aux journalistes dans l'avion qu'il a conduit à Washington hier soir.
00:44Pour cela il va falloir persuader le locataire de la Maison Blanche que la Russie constitue une menace existentielle, que Vladimir Poutine ne respectera pas forcément un cessez-le-feu et que ce cessez-le-feu devra être vérifiable.
00:58L'idée d'un déploiement d'une force européenne en Ukraine une fois un accord de paix conclu pour dissuader la Russie d'attaquer une nouvelle fois ce pays devrait aussi être avancée par Emmanuel Macron en contrepartie de solides garanties de sécurité américaines aux forces déployées.
01:14Alors ça c'est sur le fond, sur la forme, le président français a dévoilé la manière dont il comptait aborder en quelque sorte la psychologie de Donald Trump sur ce dossier ukrainien.
01:23Je vais lui dire au fond tu ne peux pas être faible face au président Poutine, c'est pas toi, c'est pas ta marque de fabrique, c'est pas ton intérêt.
01:30Voilà les mots d'Emmanuel Macron dans une vidéo en direct sur les réseaux sociaux la semaine dernière.
01:35Le président français qui se targue d'être un des seuls dirigeants au monde à avoir déjà étroitement travaillé avec Donald Trump mais qui est aussi conscient du défi qui l'attend.
01:45Puisque le président américain multiplie depuis le 20 janvier son retour à la maison blanche les prises de position pro-russes et dénigre chaque jour un peu plus ses alliés.
01:53Un exemple vendredi dernier Donald Trump a décrit Emmanuel Macron comme un ami mais s'est plaint que le président français n'ait rien fait pour mettre fin à la guerre en Ukraine.
02:03Patrice il faut rappeler qu'Emmanuel Macron et Donald Trump c'est ce que vient de dire Benoît Ballet et c'est vrai qu'ils ont un lien particulier depuis le premier mandat du président américain.
02:13Donald Trump est venu à Paris au mois de décembre pour la réouverture de Notre-Dame.
02:18Souvenez-vous le défilé du 14 juillet aussi.
02:20Est-ce que ce lien c'est ce qui fait qu'aujourd'hui finalement Emmanuel Macron devient en quelque sorte l'émissaire de l'Europe à Washington ?
02:27C'est ce que veulent croire les français ou c'est ce que veut croire Emmanuel Macron entouré par ses conseillers.
02:34Pourtant les exemples il les connaît c'est peut-être ça aussi qu'il veut mettre en avant sur le thème de l'expérience.
02:41Souvenez-vous je parlais du 14 juillet avec un Donald Trump qui était totalement émerveillé qui voulait absolument faire exactement la même chose du côté de Washington.
02:50La France est l'un des rares pays qui fait des défilés militaires pour sa fête nationale.
02:54Souvenez-vous aussi, je vous rafraîchis un petit peu la mémoire, on était en 2018 à la Malbaie au Canada.
03:00C'est Justin Trudeau qui accueillait tout le monde et Emmanuel Macron comme les autres était persuadé d'avoir eu des échanges tout à fait cordiaux voire presque amicaux avec Donald Trump.
03:10Tout s'était bien passé, Emmanuel Macron comme les autres avait réussi à faire signer une déclaration finale à Donald Trump.
03:17Et puis dans l'avion présidentiel Air Force One il y avait deux tweets de Trump montrant quasiment littéralement qu'il déchirait l'accord.
03:24Ça a été pareil pour la sortie de l'accord de Paris sur le climat.
03:28Donc oui il a l'expérience mais finalement au-delà de toutes les petites phrases sur je vais le tutoyer je vais dire c'est pas toi.
03:35Il y a aussi le vrai constat d'Emmanuel Macron c'est qu'il va devoir gérer l'incertitude.
03:40Au moins il peut prévoir l'imprévisible et c'est peut-être ça l'expérience macronienne de Donald Trump.
03:45Il va devoir défendre la place des Européens dans ce qui se passe en Ukraine, défendre aussi la place des Ukrainiens eux-mêmes.
03:51C'est en tout cas le sens de ce que nous disait tout à l'heure Benjamin Haddad le ministre français de l'Europe qui est à Kiev où il doit rencontrer Volodymyr Zelensky dans l'heure qui vient.
03:58C'est le moment de vraiment rester unis, déterminés, assurer un rapport de force avec la Russie et qu'il ne peut pas y avoir de paix juste, durable, stabilité de l'Europe sans garantie de sécurité.
04:11Et donc c'est pour ça qu'on refuse toute forme de cesser le feu bâclé, toute forme de capitulation.
04:16C'est aussi pour cela que le président de la République vous le savez se rend aujourd'hui à Washington pour rencontrer Donald Trump,
04:22faire entendre la voix des Européens pour y défendre nos intérêts et pour réfléchir à cette paix durable et l'élaboration de ces garanties de sécurité.
04:31Voilà Benjamin Haddad qui était l'invité de première édition il y a une demi-heure.
04:35Clémence Dibou, vous êtes en direct d'Ukraine, 24 février journée forcément particulière pour les Ukrainiens.
04:42Est-ce qu'ils vont marquer d'abord cet anniversaire d'une façon ou d'une autre ?
04:47Et quels espoirs fondent les Ukrainiens sur ce voyage d'Emmanuel Macron à Washington alors que Benjamin Haddad a aussi dit tout à l'heure
04:54qu'on ne pouvait pas imaginer une négociation sur l'Ukraine sans les Ukrainiens ?
04:58Pas vraiment de commémorations aujourd'hui. Il y a quelques événements notamment en hommage aux soldats morts ou encore en hommage aux soldats disparus ou prisonniers
05:09mais pas vraiment de commémorations puisqu'il n'y a rien à fêter et surtout les Ukrainiens considèrent qu'ils ne sont pas encore dans le temps du deuil
05:14parce que cette guerre elle est encore en cours et bien qu'ils soient fatigués et qu'ils aimeraient bien qu'elle s'arrête cette guerre
05:19et bien il n'y a rien à célébrer aujourd'hui à part du deuil et du malheur, c'est un peu ce qu'on nous dit quand on parle aux Ukrainiens.
05:25Ça c'est pour le côté civil on va dire mais au niveau politique international il va se passer beaucoup de choses aujourd'hui à Kiev.
05:31Il y a un grand sommet international, on attend une quarantaine de chefs d'État, vous l'avez vu tout à l'heure Ursula von der Leyen sera là pour représenter l'Union Européenne
05:39et pour la France il y aura effectivement Benjamin Haddad le ministre des Affaires Européennes qui représentera Emmanuel Macron.
05:45Emmanuel Macron qui est donc à Washington pour parler d'Ukraine et Benjamin Haddad qui est en Ukraine pour rappeler que la France est en train de parler d'Ukraine à Washington.
05:54Le message, vous l'avez entendu, c'est d'expliquer que les Européens doivent rester unis face à ce front commun qu'ils pourraient créer avec l'Ukraine face à la menace russe,
06:03ce sont les termes, ils devraient rencontrer aujourd'hui Volodymyr Zelensky ou en tout cas certains de ses proches pour pouvoir parler de la situation,
06:11pour rappeler que l'Union Européenne, en tout cas que la France est derrière l'Ukraine pour ne pas accepter, ce sont les termes, un cessez-le-feu bâclé
06:18qui pourrait donc conduire à la guerre s'il n'était pas bien respecté.
06:21On entendait Benoît Ballet nous expliquer qu'Emmanuel Macron l'a expliqué à Donald Trump que Vladimir Poutine était une menace existentielle.
06:27Moscou observe tout ça avec quel regard ? Jérémy Normand, vous êtes en direct de Moscou.
06:32Est-ce que la Russie, est-ce que les Russes, est-ce que les autorités ont réagi à ce qui va se passer à Washington ?
06:41Écoutez, à Moscou, le Kremlin fait peu de cas en réalité de cette visite du président français aux États-Unis.
06:48Un premier exemple déjà, c'est qu'on ne parle pas de cette visite sans parler de la visite à suivre de Cass Tamer, le Premier ministre britannique,
06:54façon d'associer les deux dirigeants européens et donc peut-être aussi de minimiser l'importance de cette première visite d'Emmanuel Macron à Washington.
07:02Ici, on se concentre sur les pourparlers qui ont déjà commencé entre la Russie de Vladimir Poutine et Donald Trump.
07:08Souvenez-vous, il y a eu ce premier échange téléphonique d'une heure et demie entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
07:13Il y a eu ensuite, il y a quelques jours de cela, une rencontre arrière en Arabie Saoudite entre les représentants de la diplomatie russe et américaine.
07:20Et hier, le Kremlin a annoncé qu'un troisième échange dans un autre lieu neutre, dans un pays tiers, allait avoir lieu en fin de semaine prochaine entre les États-Unis et la Russie.
07:30Et c'est donc sur l'avancée de ces pourparlers entre la Russie et les États-Unis et qui excluent les Européens et les Ukrainiens,
07:39c'est de ces pourparlers que le Kremlin parle continuellement, parlant de pourparlers qui sont prometteurs.
07:47C'est le mot employé par le Kremlin.
07:49Et puis, on insiste aussi sur ce mot qu'avait employé Donald Trump pour qualifier le président ukrainien dictateur sans élection.
07:55Ça, évidemment, ça ravit le Kremlin puisque Vladimir Poutine lui-même n'est pas considéré comme cela par Donald Trump.
08:02Et donc, voilà la confiance affichée aujourd'hui par les Kremlins qui fait peu de cas de cette visite d'Emmanuel Macron aux États-Unis.
08:09Patrick Sauss, est-ce qu'il peut y avoir une paix en Ukraine sans que cette paix ne soit négociée avec les Ukrainiens eux-mêmes ?
08:16C'est difficile à imaginer.
08:19Peut-être qu'il faut un peu déconstruire la chose.
08:21Il y a d'abord la fin de la guerre, c'est-à-dire le cessez-le-feu qui peut être négocié entre Américains et Russes.
08:28Mais derrière, l'accord de paix, évidemment, il doit être signé par les Ukrainiens.
08:32Après, je me garde bien de parler comme les hommes et les femmes politiques européens en disant qu'il faut qu'ils doivent.
08:38Moi, je regarde ce qui est en train de se passer.
08:40Le fait est qu'il y a toujours une petite différence depuis le 20 janvier entre les tweets et les déclarations de Donald Trump
08:46et puis, finalement, ce qui se passe dans la diplomatie américaine.
08:49Il y a des diplomates, pas forcément les plus connus, mais qui sont venus des États-Unis jusqu'en France pour discuter,
08:55pour assurer les Européens qu'ils seraient mis, plus que dans la confidence, mais plutôt dans les négociations.
09:01C'est ça aussi qu'Emmanuel Macron vient chercher. Il va à Washington.
09:04Vous avez peut-être vu son programme en entier.
09:06Il y a à la fois la Maison-Blanche, mais aussi des discussions avec des sénateurs pour essayer de comprendre peut-être les voies raisonnables de l'Amérique.