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Xerfi Canal a reçu Caroline Demeyère, professeure à l'Université Catholique de Louvain, pour parler de la solidarité en management.
Une interview menée par Jean-Philippe Denis.

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Transcription
00:00Bonjour Caroline Demeyer, Caroline Demeyer, Université catholique de Louvain, donc en
00:14Belgique, et vous étiez auparavant à la Copenhagen Business School au Danemark.
00:19Article dans la revue française de gestion avec Lucie Cortembert, Stéphanie Avey-Laurent
00:24et Philippe Henault, quand la gestion pense la solidarité, c'est dans le dossier spécial
00:30revue narrative de la littérature en sciences de gestion. Alors ce que vous nous dites dans
00:35cet article à l'issue de votre revue narrative de la littérature, c'est qu'effectivement on a
00:41un peu tendance à avoir vu toujours quand même la question de la solidarité mais progressivement ça
00:47s'est étendu et notamment on parle aujourd'hui de l'économie sociale et solidaire, l'ESS,
00:52vous nous dites qu'il faut aller plus loin. Oui tout à fait. Comment on va plus loin ? Pourquoi
00:58et comment ? Il faut penser les territoires solidaires, les réseaux solidaires, la gestion
01:02marchande solidaire, c'est-à-dire la solidarité ne peut pas s'arrêter aux portes de l'entreprise
01:06privée lucrative, c'est très important, par rapport à l'organisation d'une transition
01:12juste et pour former une réponse collective, les sciences de gestion c'est les sciences de
01:17l'action collective et elles ont un rôle majeur à jouer pour l'organisation de ces solidarités.
01:22On dégage dans cette synthèse narrative un agenda de recherche pour ce faire avec plusieurs voies,
01:31la première voie c'est la question de repenser l'épistémologie même en fait des sciences de
01:37gestion pour faire de l'espace aussi à cette question solidaire, c'est-à-dire de solidariser
01:42les sciences de gestion plutôt que de gestionnariser la solidarité, j'y reviendrai, ça implique de
01:49penser aussi les tensions quand on appelle à penser la solidarité dans les entreprises marchandes,
01:54quelle forme elle peut prendre, quelles pratiques de gestion elles peuvent prendre mais aussi quel
01:59risque d'éventuellement diluer la question solidaire dans des organisations dont la
02:06mission première n'est pas de construire des solidarités ou d'organiser les solidarités.
02:10Un deuxième axe qu'on met en avant c'est la question de penser l'extension du périmètre
02:19de la solidarité éventuellement en mobilisant d'autres littératures, en liant la recherche
02:25francophone et la recherche anglophone sur les solidarités qui pour l'instant est assez
02:29fragmentée mais également en mobilisant d'autres savoirs sur la solidarité qui pour l'instant ne
02:35sont pas du tout exploitées et on pense notamment à des conceptions de la solidarité qui seraient
02:41non occidentales typiquement et qui penseraient éventuellement de penser la solidarité avec le
02:47non humain ou avec des générations futures qui n'existent pas, ce qui est très pertinent dans
02:51les questions qu'on se pose actuellement sur la transition durable. Tout ça me va très très bien,
02:57peut-être une petite interrogation, c'est quand on discute de ça avec on va dire des juristes,
03:05des financiers, etc. Ils nous disent non mais attendez, d'abord la solidarité c'est un vecteur
03:10d'inertie, c'est des problèmes de résistance au changement, de résistance culturelle, etc.
03:15Comment vous voyez ça ? Parce que derrière l'idée d'alter, voilà une altergestion quelque part,
03:21c'est à ça aussi de vous confronter. Oui, c'est vrai que ça dépend un petit peu de la
03:26conception de la solidarité qu'on met en avant. Si on met en avant une conception de la solidarité
03:31communautaire, c'est-à-dire il y a un groupe qui est solidaire, les personnes sont solidaires
03:35entre elles et ensuite ne sont pas solidaires avec l'extérieur du groupe, ça c'est assez
03:40compatible avec les sciences de gestion dominante, y compris avec l'entreprise privée lucrative
03:44traditionnelle, où on dit finalement la solidarité c'est l'organisation, au sein de l'organisation on
03:49met en place des dynamiques solidaires au sein d'un syndicat, etc. Maintenant, plus on monte vers
03:54des conceptions de la solidarité institutionnelle, puis universelle, c'est-à-dire à quel point on
04:01peut reconnaître dans les autres, à quel point on a une responsabilité vis-à-vis des autres de
04:05nourrir ce lien social, plus on est confronté à des enjeux. La réponse, je pense, elle se situe
04:11dans l'idée que ce n'est pas la firme privée lucrative toute seule qui d'un coup devient
04:15responsable de l'organisation des solidarités, mais plutôt son inscription dans des réseaux et des
04:20écosystèmes, écosystèmes entrepreneuriaux y compris. Et à travers de ça, on voit la soutenabilité
04:26aussi du concept de dire, souvent on a des entreprises qui s'inscrivent sur un territoire,
04:30donc il y a des formes de solidarité territoriale qui se mettent en œuvre, dont elles n'ont pas la
04:34responsabilité unilatérale ou propre, tout porté sur leurs épaules, mais plutôt au travers des
04:40collectifs territoriaux dans lesquels elles s'inscrivent dans les territoires solidaires.
04:44Merci à vous.
04:45Merci beaucoup.

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