Éric Coquerel, président de la commission des Finances à l'Assemblée nationale et député La France insoumise, était l'invité du Face à Face sur RMC et BFMTV ce mercredi 26 février. Il est notamment revenu sur les tensions entre l'Algérie et la France, la guerre en Ukraine et le "conclave" sur les retraites.
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00:0032 sur BFMTV et RMC, bonjour Éric Ocrel.
00:04Bonjour.
00:04Merci d'être mon invité ce matin, Président de la Commission des finances à l'Assemblée Nationale
00:08et député de la France Insoumise de Seine-Saint-Denis, je vous reçois
00:12alors que le gouvernement se réunit tout à l'heure et promet un tour de vis sur l'immigration
00:16avec ce comité interministériel qui se tient à Matignon.
00:20Il sera question notamment de la relation France-Algérie
00:25avec autour de la table Bruno Retailleau qui veut assumer un rapport de force avec Alger,
00:29il sera également présent le ministre des affaires étrangères Jean-Noël Barreau
00:33qui nous annonçait hier sur BFMTV que des mesures de restriction de circulation
00:37ont été prises contre des dignitaires algériens.
00:40Ce matin, il dit qu'il veut embarquer les partenaires européens
00:43pour que des mesures de restriction de visa puissent être décidées au niveau communautaire.
00:47Éric Ocrel, est-ce la bonne réponse à apporter face au refus d'un certain nombre de pays,
00:52de l'Algérie notamment, de reprendre ces ressortissants illégaux ?
00:56Alors on va parler de l'Algérie d'abord si vous voulez.
00:59C'est le pays dont on parle le plus en ce moment.
01:01Moi je pense que ce qu'est en train de faire la France vis-à-vis de l'Algérie,
01:04c'est une bêtise rare et une faute historique.
01:07Pourquoi une bêtise et pourquoi une faute ?
01:09Je vous explique, parce qu'on a deux histoires communes,
01:11pas avec le même rôle évidemment,
01:13on est des deux côtés de la Méditerranée,
01:16il y a, si je ne me trompe pas, 900 000 franco-algériens,
01:21avec leur descendance, ça doit faire 6 millions de personnes si on va jusqu'aux petits-enfants,
01:25donc notre histoire, elle est profondément liée.
01:27Nos intérêts historiques, nos intérêts économiques,
01:30nos intérêts j'allais dire presque en tant que nation,
01:33c'est d'avoir des bonnes relations avec l'Algérie et non pas...
01:36Sauf qu'elles ne sont pas bonnes.
01:37Oui bien sûr, mais la faute de qui ?
01:39Qui est en train quelque part d'utiliser tous les sujets pour tendre avec l'Algérie ?
01:43Ça a commencé, je ne me prononce pas sur le fond,
01:46mais vous comprenez bien que quand cet été,
01:49et ça a été refait il y a quelques jours par Gérard Larcher,
01:52qui hier, je crois, va au Sahara occidental
01:55en expliquant qu'il est pour un Sahara occidental marocain,
02:00alors que tout ça est dans les mains de l'ONU,
02:03c'est-à-dire qu'il y a un travail qui est fait dessus,
02:06c'est des choses qui évidemment pour Alger est vécue comme une provocation.
02:09Je ne me prononce pas encore, je pense que la France ne devrait pas s'engager,
02:13ne serait-ce que par justement les franco-marocains ou les franco-algériens,
02:17elles devraient faire attention justement à ne pas ouvrir des cicatrices
02:21et finalement agir en tant que puissance néo-coloniale.
02:25Vous savez, c'est quand même paradoxal,
02:27ça ne vous étonne pas que ça soit le ministre de l'Intérieur ?
02:30Vous dire agir comme une puissance néo-coloniale, qu'est-ce que je voulais dire ?
02:33Je pense qu'aujourd'hui la France agit encore vis-à-vis des pays de l'autre côté de la Méditerranée
02:37comme une puissance néo-coloniale.
02:39Qu'est-ce que dit Bruno Retailleau ?
02:41Vous trouvez que c'est normal que ça soit le ministre de l'Intérieur
02:45qui parle des relations franco-algériennes,
02:47c'est-à-dire par rapport à un pays étranger ?
02:49Il a la charge de la question migratoire, le ministre de l'Intérieur.
02:52Il ne se contente pas de dire ça, vous avez remarqué.
02:54Il dit que la méthode douce a été testée
02:56pour faire en sorte que ces pays délivrent un certain nombre de laissés-passés consulaires,
03:01que l'Algérie en l'espèce délivre un certain nombre de laissés-passés consulaires.
03:04Bruno Retailleau dit que ça n'a pas marché la méthode douce.
03:07Mais ça veut dire quoi ça n'a pas marché la méthode douce ?
03:09Et donc on fait quoi ? On envoie des troupes en Algérie ?
03:12C'est quoi cette histoire ?
03:14Qu'est-ce que c'est que cette tension qui est provoquée ?
03:17Pour vous elle est entretenue depuis Paris cette tension ?
03:24Bruno Retailleau dit que c'est l'Algérie qui installe le rapport de force.
03:27Je pense que montrer comme ça ses muscles sans arrêt,
03:29en disant attention vous allez voir ce que vous allez voir,
03:31alors qu'on ne va voir rien.
03:33Aujourd'hui l'Algérie a moins besoin de la France que l'inverse,
03:37notamment au niveau du gaz, etc.
03:39Il y a d'autres puissances qui l'ont très bien compris.
03:41Les États-Unis l'ont très bien compris,
03:43elles n'ont pas ce rapport avec l'Algérie.
03:45Tous nos intérêts sont à l'inverse de cette espèce de confrontation,
03:51mais en plus de ça qui met en tension une grande partie de notre population.
03:54L'Algérie cherche à humilier la France,
03:59dit le ministre de l'Intérieur, dit Bruno Retailleau.
04:02Est-ce que vous avez un ministre de l'Intérieur algérien
04:05qui se permet de dire ce que doit être la France
04:09et les rapports entre la France et l'Algérie ?
04:13La façon de faire c'est hallucinant.
04:15Je crois que M. Retailleau ne se rend pas compte que la colonisation c'est fini.
04:17Ce n'est pas le ministre de l'Intérieur français
04:19qui gère les relations avec l'Algérie.
04:21C'est fini, c'était du moment de la colonie.
04:24Donc il faut arrêter, il faut baisser d'un ton,
04:27il faut avoir à nouveau des rapports diplomatiques normaux avec l'Algérie
04:32en tant que puissance à puissance,
04:34parce que ce sont deux puissances,
04:36deux pays qui devraient être des pays amis
04:38parce qu'ils ont une histoire commune.
04:39Et encore une fois je vous le répète,
04:41si on pense à nos 6 millions de concitoyens
04:43qui d'une manière ou d'une autre ont une filiation avec l'Algérie,
04:46ça met une tension terrible.
04:48Que M. Retailleau se calme,
04:50c'est à M. Barraud et à la diplomatie française
04:53de se mettre au travail.
04:55Vous voyez bien que cette question de QTF,
04:59d'obligation de quitter le territoire français,
05:02vous voyez bien que c'est autre chose dont il s'agit.
05:04L'Algérie utilise ça, ça c'est clair,
05:06dans son rapport aujourd'hui avec la France,
05:08qui n'est pas un bon rapport.
05:09M. Macron avait été alger,
05:11comme il le fait souvent,
05:13dit un peu tout et n'importe quoi,
05:15parlait de nouveaux rapports,
05:17il n'y a rien eu derrière,
05:18il n'y a rien eu de concret entre la France et l'Algérie.
05:21Donc moi j'appelle à l'apaisement,
05:23j'appelle à avoir des relations à nouveau,
05:25j'allais dire, moins conflictuelles,
05:29et que la France arrête aussi de se mêler peut-être
05:32de ce qui se passe de l'autre côté de la Méditerranée.
05:36Éric Coquerel, comment est-ce que vous vous y prendriez,
05:39vous, insoumis, pour, un, apaiser ces relations,
05:42et deux, obtenir de l'efficacité aussi
05:45dans les demandes françaises ?
05:47J'imagine que si vous étiez au pouvoir,
05:49vous souhaiteriez aussi que l'Algérie délivre
05:51plus de laissés-passés consulaires
05:53pour un certain nombre de personnes
05:55qui n'ont pas été sur le territoire français.
05:57Mais sûrement, mais encore une fois...
05:59Mais comment vous y prendriez ?
06:01Comment ça se passe ?
06:02Par exemple, je pense que si demain...
06:05Bien sûr, je pense que si demain,
06:07Jean-Luc Mélenchon ou, par exemple,
06:10présider le pays, puisque vous savez que je pense
06:12que ça devrait être notre candidat,
06:14ou si nous gouvernions, je pense qu'un des premiers
06:16voyages diplomatiques que nous devrions faire,
06:18c'est d'aller à Alger.
06:19De renouer des liens, j'allais dire, basés
06:21d'égal à égal, avec Alger,
06:23et rediscuter, et non pas d'avoir ce genre
06:25de rapport, de matamor,
06:27qu'aujourd'hui M. Rataoui utilise,
06:29avec, on le voit bien en plus,
06:31parce que tout est derrière un espèce de fond raciste
06:33qui est le sien. Je pense que ce n'est pas ça.
06:35Mais mélanger
06:37la question de l'immigration,
06:39la question des EQTF, et la question
06:41des rapports avec l'Algérie, je pense que ce n'est pas
06:43ça, ce n'est pas bon, et ce n'est pas ça qui peut régler
06:45le problème, parce qu'une fois fait
06:47ces déclarations, qu'est-ce qui se passe ?
06:49Comment on va...
06:51Eh bien, il ne se passe rien, parce que
06:53l'Algérie ne bougera pas par rapport à ça.
06:55Pour vous, ça ne tiendra à rien,
06:57ces mesures qui sont annoncées,
06:59ces prises de parole érychocrètes sur
07:01les restrictions de circulation pour des dignitaires
07:03algériens, et éventuellement des visas restreints
07:05au niveau européen ? – Non, je pense que ça ne servira à rien,
07:07d'abord parce que, contrairement à ce qui se passe depuis
07:09longtemps, on parle des dignitaires algériens qui viendraient se faire
07:11soigner en France, on s'aperçoit que
07:13progressivement, ils vont se faire soigner plutôt ailleurs
07:15qu'en France, donc tout ça, à mon avis,
07:17c'est uniquement des déclarations pour du vent,
07:19comme souvent, malheureusement, la diplomatie française
07:21sous Macron. – Éric Coquerel,
07:23plus généralement sur le comité interministériel sur l'immigration,
07:25ce n'est pas la première fois qu'il se réunit,
07:27quel regard portez-vous sur cette réunion ?
07:29Est-ce qu'il y a, pour vous, un problème d'immigration en France ?
07:31– Non. – Il n'y a aucun problème d'immigration ?
07:33– Non, je pense que quand on veut
07:35cacher des problèmes sociaux,
07:37des problèmes d'ordre environnementaux,
07:39des problèmes de politique
07:41qui produisent l'inégalité, on parle de l'immigration,
07:43ça c'est quelque chose,
07:45Dieu comme le monde, qui n'a fait que renforcer
07:47la relation nationale. La France, aujourd'hui,
07:49il faut le savoir dans les chiffres, n'est plus le grand
07:51pays d'immigration qu'elle a été.
07:53En Europe, elle est loin d'être un des pays qui
07:55accueillent le plus, par exemple, et en plus de ça,
07:57nous savons, en réalité,
07:59quand on parle, par exemple, à des dirigeants
08:01du domaine du monde économique,
08:03tout le monde dit qu'en réalité,
08:05la France a besoin d'immigration.
08:07Donc, on a une espèce de discours schizophrénique,
08:09si vous voulez, c'est-à-dire, entre d'un côté
08:11l'idée que, attention, on va fermer les frontières,
08:13on va être absolument drastique
08:15sur la régularisation des sans-papiers,
08:17sur un nombre de QTF
08:19absolument considérable, je ne sais plus,
08:21on doit être à peu près
08:23à 4-5 fois plus de QTF qu'en Allemagne.
08:25Évidemment, comme c'est des gens qui ne peuvent
08:27pas partir parce qu'ils ont des attaches,
08:29parce qu'en réalité, concrètement, ça ne peut pas se faire,
08:31on a moins de taux de réalisation.
08:33On est en train, j'allais dire, d'alimenter
08:35à la fois des fantasmes et un problème
08:37qu'on ne traite pas de la bonne manière.
08:39Il faut accueillir de manière digne
08:41les gens qui sont en France,
08:43régulariser les travailleurs sans-papiers
08:45de façon, justement, à éviter
08:47les défauts de la politique actuelle,
08:49c'est-à-dire une marginalisation,
08:51par exemple, de beaucoup de gens qui, après,
08:53seulement en plus, peuvent sombrer dans des problèmes
08:55psychiatriques.
08:57Ce que l'on voit en France et en Europe, c'est que
08:59les partis anti-immigration
09:01ont le vent dans les voiles.
09:03Encore en Allemagne, ce week-end, avec la percée
09:05de l'extrême droite, de la FD, en France,
09:07la popularité de politiques
09:09qui s'emparent de ce sujet, Bruno Retailleau,
09:11Jordan Bardella, Marine Le Pen, est-ce que vous n'êtes pas
09:13à côté de la plaque
09:15en disqualifiant, mais d'emblée,
09:17le sentiment d'une partie importante de l'opinion publique
09:19qui considère qu'il y a un problème ?
09:21Je ne peux plus arrêter. Je rappelle que M. Retailleau a fait partie
09:23de ceux qui ont le plus perdu au dernier
09:25législatif, quand même, n'oublions pas qu'on parle des urnes.
09:27Deuxièmement, en Allemagne, vous avez raison,
09:29il y a une percée de la FD, il y a aussi, heureusement,
09:31une percée de Die Linke, totalement,
09:33c'est-à-dire, en gros, la formation,
09:35on va dire, la plus proche de nous en Allemagne,
09:37totalement sur des bases différentes,
09:39qui assument justement une bataille
09:41antiraciste, etc.,
09:43qui a doublé
09:45quasiment son résultat,
09:47ce qui est intéressant. Je ne dis pas
09:49le danger de l'extrême-droite, mais
09:51quand vous avez sans arrêt, et ça date
09:53malheureusement depuis longtemps en France,
09:55des gens qui vous expliquent que l'extrême-droite n'a pas les bonnes
09:57solutions mais elle parle de vrais problèmes,
09:59les gens finissent par penser que oui, effectivement, il y a un problème.
10:01Ce n'est pas lié à un sentiment réel des Français
10:03que François Bayrou a évoqué
10:05comme un sentiment de submersion.
10:07Il vaut mieux aller sur ceux qui, depuis le départ, disent
10:09qu'il y a des problèmes. Je pense que nous alimentons l'extrême-droite
10:11en, justement, agitant
10:13le fantasme de l'immigration.
10:15Je vous le répète, je pense que la France n'a pas un problème
10:17d'immigration. Il n'y a pas trop
10:19d'étrangers dans ce pays, ce n'est pas vrai,
10:21et y compris pour la natalité,
10:23y compris pour l'économie, en réalité,
10:25elle aurait surtout besoin, je le répète,
10:27que les choses s'apaisent, ça passe notamment par la
10:29réalisation des traverses en papier.
10:31Réunion sur l'immigration autour de François Bayrou sera à 14h.
10:33Il y aura probablement des annonces
10:35à la suite. Ce matin, c'est Emmanuel Macron
10:37qui réunit ses homologues européens
10:39dans un conseil européen en visioconférence
10:41pour échanger sur cet accord négocié
10:43par Washington pour mettre fin à la guerre menée
10:45par la Russie contre l'Ukraine.
10:47D'abord, comment j'ai voulu les efforts d'Emmanuel Macron
10:49pour précisément
10:51faire en sorte que la France et l'Europe aient voix au chapitre ?
10:53Ben, écoutez,
10:55si on peut
10:57revenir en arrière, quand même,
10:59on s'est persuadé... On va le faire, mais d'un mot vraiment
11:01sur Emmanuel Macron, parce que
11:03le moins que l'on puisse dire, c'est que les Européens étaient
11:05exclus de la table de négociation, et ils y sont
11:07désormais, c'est grâce au président français.
11:09Ils sont dans la table de négociation ? Vous avez vu ça ?
11:11Emmanuel Macron était à Washington
11:13lundi, Kirste Arner sera jeudi.
11:15Ils sont en mesure d'imposer
11:17un certain nombre d'auteurs. J'ai entendu M. Trump
11:19expliquer qu'il allait voir M. Zelensky,
11:21qu'il allait voir M. Poutine, et je n'ai pas entendu M. Trump
11:23dire que l'Ukraine
11:25et l'Europe vont arriver
11:27à la table de négociation. Par contre, j'ai entendu
11:29quelque chose de concret après, c'est-à-dire l'accord
11:31qui a été signé hier
11:33entre les Etats-Unis
11:35et l'Ukraine pour les terres rares, les minerais
11:37rares, parce qu'en réalité, il s'agissait
11:39de ça essentiellement depuis
11:41le début. C'était une guerre pour des ressources
11:43qui montre que finalement, la question
11:45du droit international, de la démocratie,
11:47ce n'était pas vraiment ce qui était important dans cette affaire.
11:49Et moi, ce que je constate, c'est qu'avant
11:51le voyage
11:53à Washington,
11:55la France était un peu
11:57en dehors du jeu, et après le voyage, elle est aussi
11:59en dehors du jeu. C'est M. Trump qui est en train
12:01de dicter son agenda avec M. Poutine,
12:03et à force d'avoir
12:05été alignée comme elle l'a été
12:07avec en plus des déclarations de
12:09M. Macron ayant à un moment donné envisagé
12:11d'envoyer des troupes en Ukraine.
12:13Je ne vous dis pas la bonne mine que nous aurions aujourd'hui
12:15si nous avions des troupes en Ukraine
12:17le jour où les Etats-Unis
12:19vont partir et font
12:21une paix unilatérale sur fond
12:23de ressources minières avec l'Ukraine. Le moins compliqué,
12:25c'est que ça n'aurait pas été positif.
12:27Bien sûr. Heureusement. Et on avait raison.
12:29Si ce sont des troupes de maintien de la paix,
12:31Eric Coquerel, telle que l'envisage
12:33Emmanuel Macron, c'est-à-dire une fois
12:35un accord signé, qu'il puisse y avoir une force conjointe
12:37pour garantir... Et qui achèteront des armes aux Etats-Unis
12:39parce que c'est de ça dont il s'agit.
12:41Mais d'abord, l'idée de troupes
12:43en Ukraine pour garantir la paix, de troupes
12:45européennes avec un contingent
12:47français, est-ce que c'est une idée à laquelle
12:49la France insoumise est favorable ou défavorable, Eric Coquerel ?
12:51Moi ce que je crois, c'est qu'il faut maintenant
12:53être ce qu'on aurait toujours dû faire
12:55du côté du droit international et avec une politique
12:57non-alignée qui nous permettrait
12:59de jouer un vrai rôle. Ça n'empêche pas d'envoyer
13:01des troupes pacifiques. S'il doit y avoir des troupes
13:03en Ukraine
13:05d'une manière ou d'une autre, c'est des casques bleus.
13:07Donc ça doit se faire sous l'égide de l'ONU.
13:09Ça ne peut pas se faire, j'allais dire, en tant que
13:11possible
13:13belligérant face à la Russie.
13:15Je crois que c'est ça que la France doit rechercher.
13:17Vous savez, on avait demandé depuis
13:19le début que la France propose
13:21une grande conférence des frontières
13:23sous l'égide de l'OSCE,
13:25l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération
13:27en Europe, qui permettait de joindre
13:29les Etats-Unis. Jamais ça n'a été fait.
13:31La France n'a pris aucune initiative.
13:33Donc maintenant, on n'a plus grand-chose.
13:35En réalité, il faut le dire dans la musette.
13:37C'est-à-dire qu'on est dans une situation
13:39où Trump décide
13:41de ce qu'il veut. Il a trois objectifs.
13:43Les minerais, il vient de le faire.
13:45Le deuxième objectif, c'est
13:47de se retirer et de nous laisser
13:49effectivement
13:51la sécurité en achetant des armes
13:53aux Etats-Unis. Je pense qu'il
13:55faut dire une chose. Un, il n'y aura pas de troupes
13:57françaises
13:59pour quelque mission que ce soit,
14:01parce que l'Europe et l'Ukraine n'est pas
14:03à la table de négociation. Et deux,
14:05rien ne peut se faire en dehors de l'ONU
14:07et en dehors de l'égide des casques bleus.
14:09Parce que sinon, on va se retrouver
14:11à nouveau dans une situation où à la fois
14:13on n'agira pas et on sera
14:15en plus dans une mise en tension
14:17parce que là-bas, le risque de guerre,
14:19y compris généralisé, n'est pas encore
14:21terminé. Éric Ochel, puisque vous évoquez les achats
14:23d'armes, est-ce que vous êtes toujours contre une Europe de la
14:25défense ?
14:27En tout cas, oui.
14:29Moi, je pense que la France doit d'abord,
14:31avant tout, avoir les moyens de sa politique de
14:33l'aligner. Et les moyens de sa politique de l'aligner,
14:35c'est d'avoir les moyens de se défendre.
14:37Voilà ce que je crois pour l'instant.
14:39Avec les Américains qui se retirent
14:41sur cette défense qui n'existera
14:43pas la vieille et concrète, est-ce qu'on ne sera pas
14:45plus forts à plusieurs ?
14:47Quand vous avez une armée, quand vous avez une défense,
14:49c'est sous un contrôle démocratique, sous une
14:51souveraineté, sous le contrôle de votre peuple, normalement.
14:53Je pense que le Parlement n'est pas assez
14:55consulté quand il y a des entrées
14:57en guerre ou des interventions françaises.
14:59Mais ça devrait être fait
15:01de beaucoup plus forte. Est-ce que l'Europe
15:03offre ce cadre ? Est-ce qu'aujourd'hui, vous avez
15:05quelque chose en Europe qui montre qu'il y aurait
15:07une nation
15:09européenne qui pourrait, d'une manière
15:11ou d'une autre, avoir un contrôle sur
15:13ses moyens de défense ? Non.
15:15Je pense que la France doit d'abord
15:17avoir sa propre politique. Après,
15:19elle a des coopérations avec
15:21d'autres pays d'Europe dans ce cadre-là.
15:23Oui, notamment, par exemple, en termes de production
15:25d'armement. Mais je pense qu'elle doit d'abord
15:27se donner les moyens d'une politique non-alignée
15:29en faveur de la paix. C'est la seule
15:31manière de se faire entendre, et c'est ce qu'on a oublié depuis
15:33sept ans. D'un mot, avant de passer aux retraites,
15:35est-ce qu'on doit dépenser plus pour
15:37notre défense, Éric Coquerel ? Oui ?
15:39Non ? Déjà,
15:41ça pose deux questions.
15:43Encore plus que l'effort qui a été fait ces derniers temps ?
15:45Peut-être, mais vous savez bien aussi
15:47qu'on doit beaucoup dépenser, par exemple, pour
15:49l'urgence absolue, qui est la question environnementale,
15:51pour l'éducation, pour la santé, etc.
15:53Donc, peut-être
15:55qu'il faudrait arrêter de baisser les recettes,
15:57arrêter de baisser les cadeaux fiscaux
15:59plus riches qui rapporteraient de l'argent, et peut-être
16:01qu'il faudrait, mais j'ai cru comprendre que pour l'armement,
16:03on était prêt à le faire, alors que nous le demandons
16:05depuis longtemps pour l'écologie
16:07et autres, mais les idées, au moins,
16:09avancent de ce point de vue-là, arrêter avec cette règle
16:11sacro-sainte des 3% de déficit
16:13qui cadenasse, à un moment donné,
16:15les investissements nécessaires. Éric Coquerel,
16:17demain, réunion importante,
16:19première réunion
16:21syndicale, entre partenaires sociaux,
16:23pour améliorer la réforme des retraites, ce qu'on a
16:25vulgairement appelé le conclave,
16:27ou ce que, plutôt, le Premier ministre avait qualifié
16:29de conclave. Pour vous, que peut-il
16:31en sortir ? Est-ce que vous êtes toujours sur
16:33cette ligne de l'abrogation de la réforme
16:35borne, ou rien ?
16:37Oui, et il n'en sortira rien,
16:39d'ailleurs. Comment vous pouvez le savoir ?
16:41Parce que, si on suit ce que M. Bayrou a dit,
16:43il veut qu'il y ait un accord
16:45pour, éventuellement, une nouvelle loi
16:47proposée à l'Assemblée. Sinon, il y aura la loi
16:49borne qui continuera à être appliquée.
16:51Ça n'a pas été continué. Vous savez bien que
16:53les différents partenaires n'y vont pas avec les mêmes objectifs.
16:55Les syndicats y vont
16:57avec l'objectif de revenir à 62 ans.
16:59Voilà. Les
17:01organisations patronales y vont avec l'objectif
17:03d'introduire de la capitalisation, c'est-à-dire faire
17:05pire encore que la réforme borne.
17:07J'entends que même la CFDT, Éric Coquerel,
17:09dit une part de capitalisation.
17:11Si ça ne trahit pas
17:13l'esprit du système par répartition,
17:15il n'y a pas de veto à ce stade
17:17de la CFDT sur ce point.
17:19Non, la CFDT ne dit pas ça.
17:21La CFDT ne s'engage pas
17:23sur la voie de la capitalisation, remettant
17:25en question le système de répartition. Mais je reviens
17:27à votre question, parce qu'on n'a pas le temps de la traiter.
17:29Je vous dis qu'à la fin, il n'y aura rien. Et tout ça
17:31sera apparu pour ce qu'il s'était,
17:33c'est-à-dire un leurre pour éviter
17:35une abrogation qui, je vous le rappelle, était majoritaire
17:37à l'Assemblée. Voilà. C'est ça l'objectif.
17:39Et pour éviter la motion de censure.
17:41Donc, M. Béroud va parvenir à ça.
17:43Il a ce conclave
17:45qui ne servira à rien. Je note
17:47quand même quelque chose. C'est qu'avant ce conclave,
17:49il nous avait expliqué qu'il y avait un déficit caché.
17:51Plus de 50 milliards d'euros qui étaient cachés.
17:53La Cour des comptes a écarté cette piste dans le rapport Cala-Rondeux.
17:55La Cour des comptes, finalement, valide les chiffres du
17:57comité d'orientation des retraites. Et on s'aperçoit
17:59par exemple qu'en jouant sur les cotisations,
18:01en jouant sur l'égalité de salaire homme-femme,
18:03en jouant par exemple sur le fait
18:05que des revenus
18:07qui ne sont pas soumis à cotisation,
18:09les primes et autres, soient soumis à cotisation,
18:11on peut très bien faire en sorte de revenir
18:13à 62 ans, voire 60 ans.
18:15C'est une des grandes leçons, finalement,
18:17du rapport du corps.
18:19La Cour des comptes dit aussi que la réforme de 2023 ne suffira pas
18:21à répondre aux besoins financiers.
18:23Donc il faut agir sur d'autres leviers,
18:25notamment le partage de la valeur ajoutée,
18:27qui est plus d'argent du côté des salaires,
18:29donc des cotisations.
18:31Puisque vous attendez à ce que ce conclave
18:33n'arrive à rien
18:35ou n'obtienne aucune amélioration,
18:37est-ce que ça veut dire qu'à l'issue de ces réunions,
18:39il faudra à nouveau poser la question
18:41du gouvernement de François Bayrou ?
18:43Oui, je pense.
18:45Oui, bien sûr.
18:47Nous, on le posera à chaque fois que c'est possible.
18:49Mais je crois que le Parti socialiste
18:51nous a fait rater l'occasion
18:53qui était devant nous.
18:55Maintenant, on va se retrouver avec à la fois
18:57les méfaits d'un budget qui a été voté,
18:59on va en parler sur le prix de l'électricité,
19:01mais également sur une réforme des retraites
19:03qui va être la poursuite de la réforme borne.
19:05Sur les prix de l'électricité, d'ailleurs,
19:07il nous reste peu de temps,
19:09j'en appelle à votre casquette d'expert
19:11de président de la commission des finances,
19:13entre le gouvernement et l'UFC, que choisir ?
19:15Qui dit vrai ?
19:17On va passer,
19:19il n'y a plus de protection,
19:21au tarif réglementé de l'Europe.
19:23Le tarif réglementé de l'Europe, c'est deux fois
19:25le prix de production en France.
19:27C'est ça le bilan.
19:29Il va y avoir 19% d'augmentation en 2026,
19:31après 67% d'augmentation depuis 5 ans,
19:33alors que 1 Français sur 3
19:35n'arrive pas à se chauffer en hiver.
19:37Il faut arrêter avec cette politique,
19:39il faut revenir sur le prix de production en France.
19:41Il faut arrêter avec le prix tel
19:43qu'il est déterminé par l'Europe,
19:45qui nous coûte trop cher.
19:47Il faut aussi arrêter avec la libre concurrence
19:49de l'électricité, qui est un bien commun.
19:51Je parie que vous reviendrez bientôt
19:53nous en parler, puisque c'est un sujet
19:55qui passionne les Français.
19:57Il est 8h62 sur BFMTV et RMC.
19:59Merci Eric Coquerel,
20:01président de la commission des finances de l'Assemblée,
20:03de vous être arrêté sur ce plateau.