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Le président du Rassemblement National, Jordan Bardella, était l'invité du Face à face sur RMC et BFMTV ce mardi 18 février 2025.

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00:00Il est 8h32 et vous êtes bien sûr RMC et BFM TV. Bonjour Jordan Bardella.
00:05Bonjour, merci pour votre invitation.
00:07Merci de répondre à mes questions dans ce studio ce matin.
00:09Vous êtes le président du Rassemblement National, vous êtes député européen,
00:12président du groupe Patriote pour l'Europe au Parlement européen.
00:16Je voudrais d'ailleurs qu'on commence par parler d'Europe et par parler d'Ukraine.
00:20Américains et Russes vont se réunir tout à l'heure à Riyad, en Arabie Saoudite,
00:24pour commencer à décider du sort de l'Ukraine et peut-être même du sort de l'Europe.
00:29Dans ce moment qui, d'après la présidente de la Commission européenne, est un tournant,
00:36est-ce que vous êtes plutôt du côté d'Emmanuel Macron ou du côté de Donald Trump ?
00:42L'infinie tristesse de la période que nous vivons, c'est que la France n'existe plus
00:47aujourd'hui sur la scène internationale et que ce conflit qui est pourtant aux portes de l'Europe,
00:53sur notre continent et qui engage directement depuis maintenant trois ans
00:57notre sécurité et celle des nations européennes, va très certainement se régler entre
01:02Donald Trump, le président américain, et Vladimir Poutine.
01:06Et le véritable risque qui pèse aujourd'hui sur notre diplomatie, c'est le grand effacement de la France
01:12qui n'est plus entendue dans le concert des nations.
01:15D'abord, je me réjouis qu'il puisse y avoir des négociations et des discussions.
01:18C'est quand même la France qui a réussi à réunir hier ses voisins européens
01:22qui, en urgence, ont immédiatement répondu à l'invitation d'Emmanuel Macron à l'Elysée.
01:26Oui, ils vont se retrouver autour de la table, ils se sont retrouvés d'ailleurs ces dernières heures.
01:30Mais ce que nous attendons et ce qu'attend le monde et ce qu'attend à la fois le président ukrainien
01:35et j'imagine les diplomates et la diplomatie russe, avec Vladimir Poutine à sa tête,
01:39c'est évidemment la décision de Donald Trump.
01:42Et le grand drame aujourd'hui, c'est que nous sommes effacés des affaires du monde,
01:46à commencer par les affaires qui se déroulent sur notre propre sol.
01:49Et nous payons là non seulement l'affaissement de notre armée,
01:53des moyens qui ont été donnés pendant très longtemps à l'armée française,
01:56l'affaissement de notre diplomatie qui n'est plus écoutée, qui n'est plus entendue,
01:59parce qu'elle n'est plus perçue comme une diplomatie indépendante, libre et non-alignée,
02:04et que nous sommes aujourd'hui devenus le terrain de jeu des grandes puissances.
02:07Est-ce qu'on ne paye pas aussi l'affaissement de l'Union européenne,
02:11qui ne parle plus d'une seule voix et qui donc ne pèse plus entre, effectivement, un Donald Trump et un Vladimir Poutine ?
02:17Il est illusoire de penser que l'Union européenne peut parler d'une même voix
02:20à partir du moment où vous avez des stratégies diplomatiques,
02:23des intérêts qui sont parfois extrêmement divergents.
02:26Il y a aujourd'hui, sur le sol européen et dans l'Union européenne,
02:30beaucoup d'États qui achètent du matériel américain plutôt que d'acheter du matériel français.
02:34Et l'ambition que nous avons portée, nous, pendant la campagne européenne,
02:37avec les patriotes justement pour l'Europe, dans tous les débats que nous avons eus,
02:42c'est précisément la préférence européenne dans les marchés publics,
02:44pour faire en sorte que le premier acte du recouvrement de notre autonomie stratégique en France,
02:49mais aussi dans toutes les nations d'Europe, soit d'être indépendant des puissances étrangères.
02:54Regardez, 80%...
02:55Vous feriez quoi de différent ?
02:56C'est-à-dire que, Jordan Bardella, vous dites que la France a disparu du paysage,
03:01elle ne compte plus.
03:03Vous, au pouvoir, comment vous changeriez ça ?
03:06D'abord, depuis plusieurs mois, nous avions réclamé que la France prenne l'initiative
03:10d'une conférence internationale pour la paix.
03:12Parce que depuis très longtemps, nous disons que l'issue de ce conflit,
03:15qui dure depuis maintenant trois ans, ne se situera pas, je dirais,
03:20sur un champ de bataille avec des armes, mais précisément autour d'une table,
03:23au travers de négociations et de discussions.
03:25Le président ukrainien lui-même a indiqué que 2025 pourrait être une année
03:29où cette guerre connaîtrait une issue diplomatique.
03:32Donc, premièrement, la France aurait dû prendre l'initiative
03:34d'une conférence internationale pour la paix.
03:36Deuxièmement, on doit se poser maintenant la question de notre souveraineté
03:40et de notre autonomie stratégique très clairement.
03:42La France doit retrouver les moyens de sa grandeur sur le plan militaire,
03:45sur le plan de son armée, mais aussi sur le plan de la diplomatie.
03:47Quand on voit que le ministre des Affaires étrangères, M. Barreau,
03:51refuse de discuter avec M. Lavrov, le ministre des Affaires étrangères russe,
03:55alors qu'il est à plat ventre devant le nouveau régime syrien,
03:58qui sont des héritiers d'Al-Qaïda et de Daesh,
04:02qu'il est d'une complaisance inouïe à l'égard de l'Algérie,
04:05et qu'on refuse de s'adresser à un pays qui est une puissance nucléaire
04:07et qui est aujourd'hui en guerre aux portes de l'Europe,
04:09on se dit que nous sommes extrêmement faibles, extrêmement naïfs,
04:12et dans le monde très dur et très troublé que nous allons vivre dans les prochaines années,
04:16les naïfs et les faibles seront systématiquement dévorés par les forts.
04:19Jordan Bardella, je vous posais la question, êtes-vous plutôt Trump ou Macron ?
04:24Au fond, dans votre réponse, vous êtes plutôt Trump,
04:26c'est-à-dire que vous auriez voulu dialoguer avec les Russes bien plus tôt.
04:31C'est ce qui est en train de se jouer.
04:32Je vous arrête d'ailleurs un instant parce que je voudrais qu'on puisse regarder ces images.
04:35Je vais les commenter bien sûr pour ceux qui nous écoutent sur RMC.
04:38Ce que vous voyez là, ce sont les premières images de la rencontre
04:41entre M. Rubio et M. Lavrov, les deux ministres des Affaires étrangères,
04:45russes et américains, qui se retrouvent à Riyad.
04:49En effet, on est bien loin de tout ça, nous.
04:52Mais on n'est pas très loin.
04:54Personne ne nous écoute.
04:56Et en réalité, lorsque Emmanuel Macron, dans une démarche parfaitement louable au début de ce conflit,
05:01enfin quelques jours d'ailleurs pour être très précis, du déclenchement de la guerre,
05:05va à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine,
05:07Vladimir Poutine ne perçoit pas le président de la République française,
05:11l'héritier du général de Gaulle et des principes gaulliens,
05:14c'est-à-dire l'héritier d'une diplomatie française non alignée, libre et indépendante.
05:17Il reçoit l'émissaire de la présidente de la Commission européenne, d'Ursula von der Leyen.
05:22Mais il le reçoit.
05:24Oui, mais pour quel impact, puisque la guerre a été déclenchée quelques jours après ?
05:28Laurent parle à même la diplomatie française et Emmanuel Macron.
05:31Moi, je me rappelle qu'il y a quelques années,
05:33lorsque le président Poutine a envoyé des troupes en Géorgie,
05:36la France, c'était Nicolas Sarkozy à l'époque,
05:38a obtenu un retrait partiel des troupes.
05:42Monsieur Hollande, avec qui on a eu beaucoup de désaccords,
05:45a obtenu les accords 2000, qui n'ont jamais été appliqués,
05:47mais qui ont permis en tout cas de gagner du temps.
05:49Emmanuel Macron n'a rien obtenu.
05:52Aujourd'hui, la diplomatie française n'a rien obtenu.
05:55Donc, si on veut être de nouveau entendus et de nouveau respectés,
05:58il faut non seulement qu'on retrouve les moyens de notre défense sur le plan militaire,
06:01il y a des efforts budgétaires incontestables
06:05qui ont été faits ces dernières années pour rehausser notre moyen de défense.
06:08Il faut continuer à faire plus, jusqu'à 3% du PIB.
06:11Est-ce que vous êtes d'ailleurs pour que ce budget de la défense
06:14ne soit pas compté dans la question du déficit ?
06:17Les Allemands, pour la première fois,
06:19hier, à la sortie de la rencontre à l'Elysée,
06:22Olaf Scholz a dit qu'au fond, pour la première fois,
06:24il envisageait que la question des dépenses de défense
06:28ne soit plus comptabilisée dans les règles budgétaires européennes
06:33pour permettre qu'il y ait un renforcement de ce budget.
06:36Mais ces règles budgétaires européennes, elles n'ont plus de sens.
06:38Elles imposent aux États membres un déficit de 3% du PIB.
06:42On est à près de 6% de déficit du PIB.
06:45Donc, on voit bien que ces règles européennes,
06:47qui ont été fixées par les Européistes, n'ont plus aucun sens aujourd'hui.
06:50Elles n'ont plus aucun sens et elles ne doivent pas être respectées ?
06:52Je vais vous dire une mesure très simple.
06:56Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine,
06:5880% des hausses de budget qui ont été mis en œuvre
07:01dans les différents États membres pour financer le soutien à l'Ukraine
07:04l'ont été au profit de prestataires extra-européens
07:07et essentiellement de prestataires américains.
07:09Le premier geste de souveraineté et de patriotisme économique
07:13que devraient faire aujourd'hui tous les chefs d'État de l'Union européenne,
07:16c'est d'acheter du matériel européen.
07:18Et moi, je souhaite précisément qu'on change les règles
07:22de fonctionnement de la concurrence des marchés publics
07:25pour faire en sorte que ceux qui produisent sur le sol européen,
07:29ceux qui produisent notamment du matériel de défense,
07:31soient évidemment prioritaires dans la conduite.
07:34C'est en partie le cas en France, ça doit l'être maintenant au niveau européen.
07:37Est-ce que ces commandes doivent également être menées en commun ?
07:40Est-ce qu'il faut éventuellement envoyer des troupes européennes en Ukraine
07:43pour maintenir la paix ?
07:44Les Anglais disent pourquoi pas, les Suédois disent pourquoi pas,
07:47les Allemands, les Espagnols, les Polonais se disent beaucoup plus réservés.
07:51On n'a pas entendu pour l'instant la décision d'Emmanuel Macron là-dessus.
07:54Qu'en pensez-vous ?
07:55Est-ce que les Britanniques veulent aller faire une guerre
07:57qui va peut-être se terminer dans quelques semaines ?
07:59Pas faire une guerre.
08:00L'idée c'est de pouvoir être une force, de maintien de la paix
08:03si une paix est obtenue.
08:05La France a des engagements aujourd'hui à l'est de l'Europe,
08:09notamment auprès des Balkans,
08:11et assure la sécurité notamment de l'espace aérien d'un certain nombre de pays.
08:14Ce sont des missions qui se font dans le cadre OTAN.
08:16Ces missions doivent évidemment se poursuivre.
08:18On a des troupes françaises qui sont également présentes en Roumanie.
08:21Et là c'est l'honneur de la France aussi
08:23que de se faire respecter par une présence,
08:26qui est une présence en termes de bases militaires à l'étranger.
08:29Mais je suis totalement opposé à ce qu'on envoie évidemment des troupes
08:32sur le front ukrainien.
08:33C'était une proposition du président de la République d'Emmanuel Macron
08:36il y a quelques mois.
08:37Il avait, je crois, isolé la France sur la scène européenne
08:39par cette proposition.
08:40Et si vous vous interrogez les Français,
08:42je crois que les Français ne sont pas favorables
08:44à ce qu'on envoie nos soldats sur le front ukrainien
08:47face encore une fois à une puissance,
08:49la Russie qui est une puissance nucléaire.
08:51Et j'ai dit depuis le début de ce conflit
08:53que la plus grande menace qui pesait aujourd'hui
08:56sur la sécurité de l'Europe
08:58serait de se retrouver dans une situation de face à face
09:01avec une puissance nucléaire
09:02considérant que nous sommes nous-mêmes une puissance nucléaire.
09:04Alors que ces discussions sont donc en cours en ce moment même,
09:08il y a aussi ceux qui n'étaient pas invités hier.
09:11Victor Orban n'était pas invité à l'Elysée.
09:13Il parle de dirigeants européens frustrés, pro-guerre, anti-Trump.
09:17Au fond, il a un peu le même discours que Sergueï Lavrov
09:20qui accuse l'Europe de vouloir, je cite,
09:22« continuer la guerre ».
09:24Est-ce que vous partagez les propos de Victor Orban ?
09:28Victor Orban est un dirigeant qui est aujourd'hui aux portes du conflit.
09:31Et donc évidemment, il a un regard peut-être beaucoup plus alerte
09:34que le regard que nous portons, nous, à trois heures de vol de Kiev.
09:39Mais ce qui est certain, c'est qu'il ne peut y avoir aujourd'hui
09:41d'issues à ce conflit par les armes
09:43et qu'il est nécessaire à un moment donné.
09:45Et c'est la priorité des priorités de faire taire les armes,
09:48de se mettre autour de la table pour négocier la paix.
09:51Et encore une fois, le drame infini de notre diplomatie aujourd'hui,
09:55c'est que nous n'avons plus la main là-dessus.
09:57Mais on voit bien que depuis l'élection de Trump,
09:59en réalité, c'est un véritable défi civilisationnel
10:03qui se pose à la France et à l'Europe, exister ou disparaître.
10:06On a là un continent qui, sur le plan diplomatique,
10:08sur le plan économique, va repartir de l'avant,
10:11reprendre un leadership dans le monde.
10:13Pendant ce temps-là, on a un peu le sentiment
10:15que nous mourrons sous le poids de notre campagne.
10:17Vous vous rendrez aux Etats-Unis à la fin de la semaine, me semble-t-il ?
10:20Je serai à Washington en fin de semaine.
10:22Vous serez à Washington, invité par la Convention des conservateurs américains.
10:26Est-ce que vous estimez que Donald Trump est un modèle ?
10:29Non, en tout cas, je respecte son patriotisme
10:32et je respecte sa volonté de défendre les intérêts de l'Amérique d'abord.
10:36Maintenant, les intérêts de l'Amérique ne sont pas les intérêts de la France.
10:39Ce ne sont pas les intérêts des nations européennes.
10:41Et moi, je souhaite que demain, à la tête de l'Etat,
10:44on puisse être capable de défendre nos intérêts
10:46comme font toutes les grandes puissances du monde.
10:48Et je vais vous dire, il y a un véritable risque aujourd'hui
10:51de décrochage de la France et des économies de l'Union européenne
10:55quand on voit que l'Amérique soutient une politique en faveur des entreprises,
10:59a une électricité deux fois moins chère que nous en avons eu sur le sol européen.
11:03Ce n'est pas tout à fait votre politique économique.
11:05Elle déploie massivement des efforts dans l'intelligence artificielle,
11:08dans les nouvelles technologies, attire les entreprises.
11:10Et on voit qu'à côté de cela,
11:12nous continuons de faire preuve d'une naïveté commerciale,
11:14notamment en refusant de mettre des droits de douane
11:16lorsque nous subissons une concurrence internationale déloyale.
11:18Et on mène une politique sous l'influence du nouveau ministre de l'économie
11:22depuis quelques semaines,
11:23qui est une politique résolument hostile à la croissance et aux entreprises.
11:26Pour vous, c'est une politique aujourd'hui qui est hostile aux entreprises,
11:30qui est menée par Éric Lambart et par François Bayrou ?
11:32Oui, je pense qu'ils ont cédé au lubie décroissantiste de la gauche.
11:37Et en tout cas, la France est en train de devenir aujourd'hui le pays de l'impôt,
11:40le pays de la réglementation.
11:42Et aujourd'hui, moi, j'ai entendu le cri d'alarme il y a quelques jours
11:46de Bernard Arnault.
11:47Et comme j'entends depuis des années le cri d'alarme des petits patrons français,
11:51des petits chefs d'entreprise.
11:52Il a raison ? Il a raison, Bernard Arnault ?
11:53Écoutez, du plus petit boulanger de la Marne jusqu'à Bernard Arnault,
11:58un dirigeant d'entreprise, c'est-à-dire quelqu'un qui prend des risques,
12:01qui entreprend, qui investit, qui se lève parfois très très tôt,
12:04bien avant ses salariés et qui vient dire aujourd'hui,
12:07c'est un enfer à la fois fiscal et normatif de travailler et d'investir en France.
12:12On ne peut pas être sourd à ce cri d'alarme.
12:14Lorsque madame le ministre de l'économie, monsieur Lambart,
12:16vient demander aux entreprises françaises d'accepter d'être moins rentables,
12:21bah écoutez, je pense qu'effectivement, ces gens-là organisent la décroissance
12:26et le suicide de la France.
12:27C'est quand même marrant parce qu'il leur demande d'être patriotes.
12:29C'est d'ailleurs l'argument qu'il a eu, Éric Lambart.
12:32Il dit, au fond, tout le monde doit serrer la ceinture
12:34parce que la France traverse un moment difficile de son économie, de ses déficits,
12:39et donc les patrons doivent eux aussi être patriotes.
12:41Mais les patrons doivent évidemment être patriotes,
12:44mais voyez bien là qu'à partir du moment où on a une croissance quasi nulle,
12:48quand les Américains sont à près 3% de croissance à la fin de l'année 2023,
12:51quand on a 66 000 défaillances d'entreprises l'an dernier...
12:54Non mais quand c'est Emmanuel Macron, son ministre de l'économie,
12:56mais Emmanuel Macron aussi lui-même, qui dimanche dernier,
13:00au micro de nos confrères de France 2,
13:02a parlé aussi de patriotisme de la part des entrepreneurs,
13:06qu'il leur demandait d'être patriotes.
13:08Il est patriote, Monsieur Lambart ?
13:09Ça ne vous fait pas vibrer ça ?
13:10Pas du tout, Monsieur Lambart, il est patriote
13:12quand il demande à des chefs d'entreprise français,
13:15à des dirigeants d'entreprise, de TPE, PME,
13:18y compris d'ailleurs à des plus grandes entreprises,
13:19qui font aussi la fierté de la France en Europe et partout dans le monde,
13:22de moins produire, quand on a aujourd'hui toutes les grandes puissances
13:25qui font massivement du patriotisme économique.
13:27Si vous voulez, le patriotisme économique,
13:29c'est un acte d'amour à l'égard des siens,
13:31à l'égard de ceux qui produisent sur notre sol.
13:33Donc quand on dit patriotisme, ça ne doit pas correspondre à des mots,
13:36ça doit correspondre à des actes.
13:37Et moi je crois qu'il faut non seulement
13:39protéger nos marchés et nos filières par des droits de douane
13:42lorsqu'on subit une concurrence déloyale,
13:44il faut faire en sorte que ceux qui produisent sur notre sol
13:46puissent avoir une priorité d'accès dans les marchés publics,
13:48et il faut surtout, je dirais, organiser ce vent de liberté
13:52aujourd'hui sur la croissance,
13:53et faire en sorte que nos entreprises puissent retrouver de l'oxygène.
13:56Je veux dire, quand vous êtes aujourd'hui un dirigeant d'entreprise en France,
13:59que vous subissez des heures et des heures de paperasse,
14:02que vous êtes contraints d'appliquer des nouvelles normes
14:04qui viennent en grande partie du Parlement européen,
14:06qui sont inspirées de l'écologie punitive,
14:08alors que la France est responsable de 0,6% des émissions de CO2 dans le monde,
14:12eh bien là, on a le sentiment qu'entre la croissance et la décroissance,
14:15ce gouvernement, de Bayrou à Retailleau en passant par Lombard,
14:18ils font le choix de la décroissance,
14:20et ils font le choix non seulement de moins produire,
14:23mais ils font surtout le choix, et ça c'est impardonnable,
14:25de remettre notre souveraineté dans les mains d'autres Etats.
14:29Parce que si on produit moins en France,
14:30on sera demain dépendants de puissances étrangères,
14:33et moi je ne veux pas que la France devienne le vassal des Etats-Unis d'Amérique,
14:36de la Russie ou de toute autre puissance.
14:38– Jordan Bardella, vous avez entendu les propos de J.D. Vance,
14:41le vice-président américain,
14:43vous avez vous-même signé ce matin une tribune dans le journal Valeurs Actuelles,
14:47où vous dites que la France vit une période inquiétante
14:50pour la liberté d'expression,
14:52et moi je me dis qu'il faudrait savoir,
14:54parce que le PS estime que c'est exactement l'inverse,
14:57et qu'au fond vous avez, vous le Rassemblement National,
15:00gagné une sorte d'emprise morale,
15:04que c'est d'ailleurs l'objet de sa motion de censure demain à l'Assemblée.
15:09Le Premier ministre n'a fait que reprendre
15:11les mots funestes de Jean-Marie Le Pen,
15:13que désormais l'extrême droite,
15:16qui est un ennemi mortel de la République,
15:19dit Olivier Faure, a gagné,
15:22parce que le gouvernement cède à ses passions tristes,
15:25en offrant, je cite,
15:27des victoires culturelles inédites au Rassemblement National,
15:31qu'il est censé combattre.
15:32Alors on comprend bien du coup pourquoi vous n'allez pas voter cette motion de censure,
15:35mais sur le fond ils disent que vous avez gagné la bataille morale,
15:38vous qui dites au contraire que vous auriez perdu celle de la liberté d'expression.
15:41Je ne sais pas où vit M. Faure,
15:43mais il y a des millions de Français qui ne reconnaissent plus leur pays.
15:46Il y a des millions de Français qui sont extrêmement inquiets
15:49de voir les gouvernements successifs
15:52battre année après année tous les records d'immigration,
15:54au point qu'ils ont parfois le sentiment,
15:56dans d'innombrables quartiers de France,
15:58de se sentir étrangers dans leur propre pays.
16:00Et c'est vrai, y compris d'ailleurs pour des Français issus de l'immigration,
16:03qui sont arrivés en France et qui ont fait un effort exigeant
16:06de devenir Français, de vivre à la française,
16:08de respecter la police, de respecter nos institutions,
16:11de respecter notre langue, et qui aujourd'hui ont le sentiment
16:14que les générations qui arrivent sont un petit peu dispensées de cet effort.
16:17On a encore battu cette année un record de délivrance
16:21de titres de séjour légaux,
16:23et on continue avec des pompes aspirantes de l'immigration.
16:26Mais quand vous avez un ministre de l'Intérieur
16:28qui dit qu'il faut remettre en cause le droit du sol,
16:31quand vous avez un ministre de la Justice
16:34qui partage également ces propos,
16:36au fond, on peut non seulement dire
16:39que ces propos peuvent s'exprimer,
16:41mais qu'ils s'expriment même au plus haut sommet de l'État.
16:43Non mais, on va rembobiner un petit peu.
16:46Vous m'avez interrogé sur le discours...
16:47On ne peut pas dire qu'il n'y a pas de liberté de dire ces choses-là.
16:49Je viens vous dire que la liberté d'expression
16:51recule chaque année davantage dans notre pays.
16:53Et lorsque le vice-président américain,
16:55pointe du doigt, le recule des libertés d'expression
16:57dans toutes les sociétés européennes,
16:59où la question de l'immigration
17:02est systématiquement ostracisée,
17:05pointé du doigt...
17:06Vous avez l'impression qu'on n'en parle pas de l'immigration ?
17:08Mais, madame, il n'y a pas...
17:09J'ai l'impression qu'on ne parle que de ça.
17:11Mais, madame...
17:12Non mais, je veux dire, après,
17:13ce que je veux dire, c'est qu'en tout cas,
17:14on ne peut pas dire qu'on n'en parle pas.
17:16Mais, il y a une dérive.
17:18Il y a une dérive lorsque, par exemple,
17:20on ferme une chaîne de télévision,
17:22qui est la première chaîne de la TNT.
17:24On peut partager les opinions
17:26qui sont exprimées sur ces huit,
17:27on peut ne pas les partager,
17:28ce n'est pas mon sujet.
17:29Mais quand vous avez la première chaîne de la TNT
17:32qui est fermée après un harcèlement
17:34ciblé des militants et des associations de gauche,
17:36qui subit des décisions
17:41administratives très strictes
17:43de la part d'une autorité
17:44qui se dit indépendante
17:46et qui fait, en réalité, de la politique.
17:49Oui, on a le sentiment
17:50que la liberté d'expression recule.
17:52Pour vous, l'Arkham a fait de la politique ?
17:53Oui, bien sûr, l'Arkham fait de la politique.
17:55Lorsqu'il y a, dans notre pays,
17:57et allons sur le terrain,
17:58un enseignant sur deux
18:00qui s'auto-censure dans les classes
18:01à cause des pressions qui sont exercées
18:03par les fondamentalistes islamistes,
18:04il y a quand même un petit lien
18:05avec la politique d'immigration
18:06menée en France depuis trente ans,
18:07il y a un recul de la liberté d'expression.
18:09Lorsqu'on se pose tous la question,
18:11dix ans après les ignobles attaques
18:14qui ont visé la rédaction
18:15de vos confrères de Charlie Hebdo,
18:17si aujourd'hui encore un journal ou un média
18:19aurait le courage, je mets des guillemets,
18:22de publier à nouveau ces caricatures,
18:23il y a évidemment un recul
18:25de la liberté d'expression.
18:26Charlie Hebdo le fait.
18:27Oui, la liberté, et ils sont très courageux,
18:29mais la liberté d'expression,
18:30ils le font dans des bureaux
18:33qui sont extrêmement sécurisés,
18:35dont on ne connaît pas l'adresse.
18:37Donc oui, il y a un recul
18:38de la liberté d'expression
18:39aujourd'hui en France,
18:40et on a un peu le sentiment
18:41que la gauche,
18:42qui exerce une pression totalitaire
18:44aujourd'hui sur le débat public,
18:45est un peu gênée, voire dérangée,
18:47lorsqu'il y a le moindre rééquilibrage
18:49dans l'espace public.
18:50Regardez cet appel à quitter X
18:52de quelques dirigeants de gauche
18:54au motif qu'il y a un rééquilibrage.
18:56Mais ils sont libres de le faire.
18:58Mais ils sont libres de tout faire.
19:00Et la grandeur de la France
19:02permet précisément à Mme Rousseau
19:04de se désinscrire de X,
19:06mais il faut aussi accepter
19:08qu'il y ait des opinions différentes.
19:11Et moi, je considère que
19:13la critique que formulent aujourd'hui
19:15beaucoup de nos compatriotes
19:16à l'égard de la politique d'immigration
19:18massive et anarchique
19:19qui est menée aujourd'hui en France,
19:20dans les villes,
19:21mais aussi dans nos campagnes,
19:22relève effectivement d'une liberté,
19:26qui est une liberté d'opinion,
19:27et il faut arrêter de pointer du doigt
19:29à chaque fois tel ou tel,
19:31parce qu'on se sent menacé
19:33par ce changement de culture
19:35qui impose la politique d'immigration.
19:37Vous dites avec les électeurs de droite
19:39je partage l'essentiel.
19:40Laurent Wauquiez lui dit
19:41je ne considère pas qu'il faille
19:43un cordon sanitaire avec le RN.
19:45Et ce qui le retient, dit-il,
19:47de nouer une alliance avec vous,
19:48c'est, je cite,
19:49parce que je n'ai pas les mêmes idées
19:50sur l'économie.
19:51S'il ne reste que l'économie
19:53qui vous différencie, vous et Laurent Wauquiez,
19:55au fond, est-ce que vous envisagez
19:57de pouvoir faire des alliances à l'avenir ?
19:59Mais je crois que M. Wauquiez
20:00ne le souhaite pas.
20:01Lorsque Éric Ciotti,
20:02le président des Républicains,
20:04il y a quelques mois,
20:06a pris la décision courageuse
20:08de me rejoindre dans le cas
20:09d'une coalition électorale
20:10aux élections législatives,
20:11de s'associer au Rassemblement national
20:12et à Marine Le Pen,
20:13Laurent Wauquiez,
20:14il est resté extrêmement muet.
20:16La réalité, c'est que Laurent Wauquiez
20:17est très gêné de l'exposition
20:19de Bruno Retailleau,
20:20et qu'il essaie de faire du bruit,
20:23qu'il essaie de faire de la mousse
20:24pour exister un peu.
20:25Et vous, vous êtes gêné
20:26par la montée de Bruno Retailleau ?
20:27Non, moi, je ne suis pas gêné,
20:28parce que, en fait,
20:31ce qui me gêne
20:32et ce que je trouve assez malsain,
20:34c'est de faire croire aux Français
20:35qu'on peut agir parce qu'on dit.
20:38Or, M. Retailleau,
20:39il est assis chaque mercredi
20:41en Conseil des ministres
20:42entre des socialistes
20:43et des macronistes
20:44qui continuent à mener une politique
20:46toujours plus laxiste
20:47à l'égard de l'insécurité
20:48et toujours plus ouverte
20:49à l'égard de l'immigration.
20:50Il faut commencer à faire le compte
20:52des annonces qui ont été faites
20:53par M. Retailleau.
20:54Le référendum sur l'immigration,
20:55il n'y aura pas de référendum
20:56sur l'immigration.
20:57L'interdiction du voile
20:58pour les accompagnatrices scolaires,
21:00il n'y aura pas d'interdiction du voile
21:02pour les accompagnatrices scolaires.
21:03La suppression du droit du sol,
21:05j'ai entendu Manuel Valls,
21:06ministre du gouvernement,
21:07indiquer qu'il n'y aurait pas
21:08de suppression totale du droit du sol.
21:11Donc, vous voyez,
21:12il y a la parole
21:13et puis il y a les actes.
21:14Et je trouve que sur ces sujets
21:15qui sont extrêmement prégnants
21:16pour des millions de Français,
21:18de faire croire qu'on agit
21:19quand on n'agit pas,
21:20je trouve ça assez malsain
21:23Merci beaucoup d'avoir répondu à mes questions.
21:24Président du Rassemblement national,
21:25député européen,
21:26il est 8h53 sur RMC et BFM TV.

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