Tous les jours, les informés débattent de l'actualité, ce mardi autour d'Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.
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00:00Française, Français, mes chers compatriotes, je m'adresse à vous ce soir en raison de la situation internationale et de ses conséquences pour notre pays et pour l'Europe,
00:14et cela après plusieurs semaines d'action diplomatique. Vous êtes en effet, je le sais, légitimement inquiets devant les événements historiques en cours qui bouleversent l'ordre mondial.
00:26La guerre en Ukraine, qui a entraîné près d'un million de morts et de blessés, continue avec la même intensité. Les États-Unis d'Amérique, notre allié, ont changé leur position sur cette guerre,
00:39soutiennent moins l'Ukraine et laissent planer le doute sur la suite. Dans le même temps, les mêmes États-Unis d'Amérique entendent imposer des tarifs douaniers aux produits venant d'Europe.
00:50Enfin, le monde continue d'être sans cesse plus brutal et la menace terroriste ne faiblit pas. Au total, notre prospérité et notre sécurité sont devenues plus incertaines.
01:04Il faut bien le dire, nous rentrons dans une nouvelle ère. La guerre en Ukraine dure maintenant depuis plus de trois ans. Nous avons, dès le premier jour, décidé de soutenir l'Ukraine et de sanctionner la Russie.
01:17Et nous avons bien fait, car c'est non seulement le peuple ukrainien qui lutte avec courage pour sa liberté, mais c'est aussi notre sécurité qui est menacée.
01:27En effet, si un pays peut envahir impunément son voisin en Europe, alors personne ne peut plus être sûr de rien. Et c'est la loi du plus fort qui s'applique.
01:35Et la paix ne peut plus être garantie sur notre continent même. L'histoire nous l'a enseigné. Au-delà de l'Ukraine, la menace russe est là et touche les pays d'Europe.
01:47Elle nous touche. La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial. Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens, des équipements iraniens,
01:57tout en aidant ces pays à s'armer davantage. La Russie du président Poutine viole nos frontières pour assassiner des opposants, manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
02:09Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux pour en bloquer le fonctionnement. La Russie tente de manipuler nos opinions avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux.
02:19Et au fond, elle teste nos limites. Elle le fait dans les airs, en mer, dans l'espace et derrière nos écrans. Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
02:30Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer, dépensant plus de 40% de son budget à cette fin. D'ici 2030, elle prévoit d'encore accroître son armée,
02:43d'avoir 300 000 soldats supplémentaires, 3 000 chars, 300 avions de chasse de plus. Qui peut donc croire, dans ce contexte, que la Russie d'aujourd'hui s'arrêtera à l'Ukraine ?
02:56La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe. Je le regrette très profondément.
03:05Et je suis convaincu qu'à long terme, la paix se fera sur notre continent avec une Russie redevenue apaisée et pacifique. Mais la situation que je vous décris est celle-là,
03:16et nous devons faire avec. Alors, face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie. Il s'agit, sans plus tarder, de prendre des décisions pour l'Ukraine,
03:27pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens. Pour l'Ukraine, d'abord. Toutes les initiatives qui aident à la paix vont dans le bon sens.
03:36Et je veux, ce soir, les saluer. Nous devons continuer d'aider les Ukrainiens à résister, jusqu'à ce qu'ils puissent négocier avec la Russie une paix solide pour eux-mêmes et pour nous tous.
03:49C'est pour cela que le chemin qui mène à la paix ne peut pas passer par l'abandon de l'Ukraine. Bien au contraire. La paix ne peut pas être conclue à n'importe quel prix et sous le dictat russe.
04:00La paix ne peut pas être la capitulation de l'Ukraine. Elle ne peut pas être son effondrement. Elle ne peut pas davantage se traduire par un cessez-le-feu qui serait trop fragile.
04:10Et pourquoi ? Parce que là aussi, nous avons l'expérience du passé. Nous ne pouvons pas oublier que la Russie a commencé d'envahir l'Ukraine dès 2014 et que nous avons alors négocié
04:20un cessez-le-feu à Minsk. Et la même Russie n'a pas respecté ce cessez-le-feu. Et nous n'avons pas été capables de maintenir les équilibres faute de garanties solides.
04:32Aujourd'hui, on ne peut plus croire la Russie sur parole. L'Ukraine a droit à la paix et la sécurité pour elle-même. Et c'est notre intérêt. Et c'est l'intérêt de la sécurité du continent européen.
04:43C'est en ce sens que nous travaillons avec nos amis britanniques, allemands et plusieurs autres pays européens. C'est pourquoi vous m'avez vu ces dernières semaines rassembler plusieurs d'entre eux à Paris,
04:53aller les retrouver il y a quelques jours à Londres pour consolider les engagements qui sont nécessaires à l'Ukraine. Une fois la paix signée, pour que l'Ukraine ne soit pas à nouveau envahie par la Russie,
05:06il nous faut le préparer. Cela passera à coup sûr par un soutien à l'armée ukrainienne dans la durée. Cela passera aussi peut-être par le déploiement de forces européennes.
05:15Celles-ci n'iraient pas se battre aujourd'hui. Elles n'iraient pas se battre sur la ligne de front. Mais elles seraient là, au contraire, une fois la paix signée, pour en garantir le plein respect.
05:26Dès la semaine prochaine, nous réunirons à Paris les chefs d'État-major des pays qui souhaitent prendre leurs responsabilités à cet égard. C'est ainsi un plan pour une paix solide, durable, vérifiable,
05:41que nous avons préparé avec les Ukrainiens et plusieurs autres partenaires européens et que j'ai été défendre aux États-Unis il y a 15 jours et à travers l'Europe.
05:51Et je veux croire que les États-Unis resteront à nos côtés. Mais il nous faut être prêts si tel n'était pas le cas. Que la paix en Ukraine soit acquise rapidement ou non,
06:04les États européens doivent, compte tenu de la menace russe que je viens de vous décrire, être capables de mieux se défendre et de dissuader toute nouvelle agression.
06:14Oui, quoi qu'il advienne, il nous faut nous équiper davantage, hausser notre position de défense, et cela pour la paix même, pour dissuader. À ce titre, nous restons attachés à l'OTAN
06:28et à notre partenariat avec les États-Unis d'Amérique. Mais il nous faut faire plus, renforcer notre indépendance en matière de défense et de sécurité.
06:38L'avenir de l'Europe n'a pas à être tranché à Washington ou à Moscou. Et oui, la menace revient à l'Est. Et l'innocence en quelque sorte des 30 dernières années
06:48depuis la chute du mur de Berlin est désormais révolue. À Bruxelles demain, lors du Conseil extraordinaire qui réunira les 27 chefs d'État et de gouvernement
06:58avec la Commission et le Président du Conseil, nous franchirons des pas décisifs. Plusieurs décisions seront prises que la France proposait depuis plusieurs années.
07:09Les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires sans que cela soit pris en compte dans leur déficit. Des financements communs massifs seront décidés
07:18pour acheter et produire sur le sol européen des munitions, des chars, des armes, des équipements parmi les plus innovants. J'ai demandé au gouvernement d'être mobilisé
07:30pour que d'une part cela renforce nos armées le plus rapidement possible et d'autre part que cela accélère la réindustrialisation dans toutes nos régions.
07:38Je réunirai avec les ministres compétents les industriels du secteur dans les prochains jours. L'Europe de la défense que nous défendons depuis huit ans devient donc une réalité.
07:51Cela veut dire des pays européens davantage prêts à se défendre et à se protéger, qui produisent ensemble les équipements dont ils ont besoin sur leur sol,
08:00qui sont prêts à davantage coopérer, à réduire leur dépendance à l'égard du reste du monde. Et c'est une bonne chose. L'Allemagne, la Pologne, le Danemark,
08:11les États baltes et nombre de nos partenaires ont annoncé des efforts inédits en matière de dépenses militaires. Alors dans ce temps de l'action qui s'ouvre enfin,
08:22la France a un statut particulier. Nous avons l'armée la plus efficace d'Europe. Et grâce aux choix faits par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale,
08:31nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire. Ceci nous protège beaucoup plus que nombre de nos voisins. Et de plus, nous n'avons pas attendu
08:41l'invasion de l'Ukraine pour faire le constat d'un monde inquiétant. Et à travers les deux lois de programmation militaire que j'ai décidées et que les parlements
08:50successifs ont voté, nous aurons doublé le budget de nos armées en presque dix ans. Mais compte tenu de l'évolution des menaces, de cette accélération
09:00que je viens de décrire, nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables.
09:11J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible. Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés,
09:20mais aussi des financements publics, sans que les impôts ne soient augmentés. Pour cela, il faudra des réformes, des choix, du courage.
09:30Notre dissuasion nucléaire nous protège. Elle est complète, souveraine, française de bout en bout. Elle a depuis 1964, de manière explicite, toujours joué un rôle
09:42dans la préservation de la paix et de la sécurité en Europe. Mais répondant à l'appel historique du futur chancelier allemand, j'ai décidé d'ouvrir le débat stratégique
09:54sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen. Quoi qu'il arrive, la décision a toujours été et restera entre les mains du président de la République,
10:06chef des armées. Maîtriser notre destin, devenir plus indépendant, nous devons y œuvrer au plan militaire, mais aussi au plan économique.
10:17Oui, l'indépendance économique, technologique, industrielle et financière sont des nécessités. Nous devons aussi nous préparer à ce que les États-Unis décident de tarifs douaniers
10:29sur les marchandises européennes, comme ils viennent de le confirmer à l'encontre du Canada et du Mexique. Cette décision incompréhensible, tant pour l'économie américaine
10:38que pour la nôtre, aura des conséquences sur certaines de nos filières. Elle accroît la difficulté du moment, mais elle ne restera pas sans réponse de notre part.
10:49Alors, tout en préparant la riposte avec nos collègues européens, nous continuerons, comme je l'ai fait voilà 15 jours, à tout tenter pour convaincre que cette décision
11:00nous ferait du mal à tous. Et j'espère, oui, convaincre et en dissuader le président des États-Unis d'Amérique. Au total, le moment exige des décisions sans précédent,
11:14depuis bien des décennies. Sur notre agriculture, notre recherche, notre industrie, sur toutes nos politiques publiques, nous ne pouvons pas avoir les mêmes débats que Naguère.
11:25C'est pourquoi j'ai demandé au Premier ministre et à son gouvernement, et j'invite toutes les forces politiques, économiques et syndicales du pays, à leur côté,
11:35à faire des propositions à l'aune de ce nouveau contexte. Les solutions de demain ne pourront être les habitudes d'hier. Mes chers compatriotes, face à ces défis et ces changements
11:49irréversibles, il ne faut céder à aucun excès, ni l'excès des vates en guerre, ni l'excès des défaitistes. La France ne suivra qu'un cap, celui de la volonté pour la paix et la liberté,
12:06fidèle en cela, à son histoire et à ses principes. Oui, c'est ce en quoi nous croyons, pour notre sécurité, mais c'est ce en quoi nous croyons aussi, pour défendre la démocratie.
12:20Une certaine idée de la vérité, une certaine idée d'une recherche libre, du respect dans nos sociétés, une certaine idée de la liberté d'expression,
12:32qui n'est pas le retour des discours de haine, au fond, une certaine idée de l'humanisme. C'est cela ce que nous portons et qui se joue. Notre Europe possède la force économique, la puissance et les talents
12:44pour être à la hauteur de cette époque. Et que nous nous comparions aux États-Unis d'Amérique et à fortiori à la Russie, nous en avons les moyens. Nous devons donc agir en étant unis en Européens et déterminés à nous protéger.
12:59C'est pourquoi la patrie a besoin de vous, de votre engagement. Les décisions politiques, les équipements militaires, les budgets sont une chose, mais ils ne remplaceront jamais la force d'âme d'une nation.
13:13Notre génération ne touchera plus les dividendes de la paix. Il ne tient qu'à nous, que nos enfants récoltent demain les dividendes de nos engagements. Alors nous ferons face, ensemble.
13:29Vive la République, vive la France.
13:59Qu'est-ce qu'on peut retenir de cette allocution d'Emmanuel Macron ce soir ?
14:03D'abord, Emmanuel Macron est parti d'un constat très clair. La Russie est devenue une menace. Il le verbalise clairement ce soir. Une menace pour la France et pour l'Europe.
14:11Évidemment, il y a la guerre en Ukraine qui fait des milliers de morts, mais le chef de l'État rappelle aussi que la France ou d'autres pays européens sont aussi ciblés d'une manière ou d'une autre par la Russie.
14:21Des manipulations d'élections en Roumanie, des attaques numériques contre des hôpitaux par exemple, des manipulations d'informations. Emmanuel Macron dit que la Russie teste nos limites.
14:30Partant de ce constat, il considère que vu que les États-Unis ont l'air de moins être proches de l'Europe, il faut que l'Europe se prenne en main en quelque sorte.
14:40Donc Emmanuel Macron dit ce soir qu'il faut continuer à augmenter les dépenses de défense en France.
14:47Ce qui était très intéressant, c'est quand il parlait de la Russie, il disait clairement que la Russie, Poutine, ne va pas s'arrêter à l'Ukraine.
14:52Pour ceux qui nous écoutent à la radio, il y avait des graphiques avec l'évolution du nombre de soldats en Russie, d'avions de chasse et de chars.
15:01Et il dit qui peut croire que la Russie s'arrêtera à l'Ukraine.
15:04Voilà, qui peut croire que la Russie s'arrêtera à l'Ukraine. Donc il faut continuer à augmenter nos dépenses de défense en Europe.
15:11L'occasion d'évoquer évidemment le sommet de demain avec le plan de 800 milliards d'euros à l'échelle européenne, mais aussi à l'échelle de la France.
15:19Emmanuel Macron promet ce soir que ça se fera sans augmenter les impôts, mais le Président le dit, il faudra faire des choix, ça demandera du courage.
15:28Et d'ailleurs, il dit que dans tout ce contexte, il faut que le gouvernement fasse des propositions, que les forces politiques aussi fassent des propositions à l'aune de ce nouveau contexte.
15:38Il est évidemment aussi revenu sur cette question de la dissuasion en nucléaire qui fait beaucoup débat et qui suscite la polémique ces derniers jours.
15:45Mais il assure, la décision finale restera française.
15:49Ça, il n'y a pas de changement de doctrine de la part du Président de la République.
15:54C'est le Président de la République qui reste maître du bouton nucléaire.
15:57On va revenir, merci beaucoup Aurélie, on va revenir sur l'ensemble de ces points que vous venez de détailler, notamment sur cette Europe de la défense qui devient réalité.
16:04Ce sont les mots d'Emmanuel Macron.
16:06Sylvie-Pierre Brossolette, on a un Emmanuel Macron grave qui a fait une sorte d'appel à la mobilisation.
16:12Est-ce que c'est comme ça que vous le ressentez ?
16:13Oui, il avait une ambition forcément contradictoire ce soir.
16:17Il fallait être très grave, très solennel, très dramatisant et en même temps rassurer les Français très inquiets.
16:23C'était un exercice compliqué.
16:25Je pense qu'il a plutôt réussi parce qu'il a quand même esquivé aucun des problèmes en disant qu'effectivement, à son avis, comme vous venez de le résumer,
16:35la Russie ne s'arrêtera pas à l'Ukraine et qu'elle est en train de se préparer à être plus gourmande et donc elle nous menace plus ou moins directement et à plus ou moins court terme.
16:44Et donc ce constat très grave fait par un président de la République en exercice à l'égard d'une puissance avec qui il a essayé d'entretenir des liens,
16:53c'est ça la seule chose qu'on ait pu lui reprocher dans les dernières années, c'est qu'il s'était fait quelques illusions sur sa capacité de dissuader Poutine d'être agressif.
17:02Mais là, il en a visiblement fait son deuil et il pense que la Russie est vraiment menaçante.
17:06Donc il faut préparer les Français à faire des choix.
17:09Il a assez habilement distingué son propre rôle de celui du gouvernement parce qu'il dit que des choix vont être nécessaires, mais c'est au gouvernement de lui présenter les économies nécessaires.
17:22Il a juste donné une ligne rouge, comme on dit aujourd'hui, pas d'impôts.
17:26Donc ça, ça va rassurer le contribuable français, mais ça veut dire qu'il y aura d'autres coupes.
17:31Imaginons maintenant le débat sur les retraites, comment il va être traité à l'aune de ses futures économies à faire.
17:38Mais ça, ça va être l'affaire du gouvernement et des forces politiques du pays.
17:42Lui, il a rempli sa mission de chef de l'État, fait un constat très alarmant quand même et dit qu'il était là.
17:50Et il a éclairci les 2-3 points qui étaient un peu angoissants pour les Français.
17:55Non, nos armées n'iront pas se battre, si elles y vont, c'est dans le cadre d'une fois la paix signée et pour assurer la paix.
18:03L'affaire nucléaire, je garderai la main sur le bouton, ça ne se partage pas, c'est un faux débat.
18:11Et oui, il y aura des économies à faire, ce n'est pas l'économie de guerre, il n'a pas dit le mot économie de guerre, il a dit simplement des choix budgétaires conséquents.
18:20Maintenant, la balle est dans le camp du gouvernement.
18:23Merci, Pierre Brossolette. Stéphane Zumsteig, directeur du département d'opinion d'Ipsos.
18:27Emmanuel Macron a dit qu'on ne sera ni dans l'excès des vattes en guerre, ni dans l'excès des défaitistes.
18:32Dans l'opinion française, elle se situe où ? Elle est vatte en guerre, elle est défaitiste, comment vous percevez les choses ?
18:39Ni l'une ni l'autre. Depuis le début, elle souhaite que l'Europe, et donc la France, soutiennent et soutiennent assez massivement l'Ukraine,
18:46humanitairement, économiquement, militairement, militairement en termes de livraison d'armes, pas évidemment d'envoi de troupes,
18:51et donc ça, ça n'a jamais failli. D'ailleurs, là, depuis quelques semaines, et en fait, depuis l'investiture du président américain,
18:59cette envie, ce souhait de soutien n'a fait que progresser. Cette intervention, moi, je l'ai trouvée bonne, bien équilibrée,
19:10et il y a un mot que moi j'ai retenu, enfin, au-delà de ceux que vous avez déjà cités, c'est nous rentrons dans une nouvelle ère.
19:14Et très clairement, aussi, et un autre point, c'est, en gros, il faut stopper Poutine. Le message, il est là, en liant assez habilement, je trouve,
19:21mais ce n'est pas forcément une surprise, en gros, la sécurité de l'Ukraine, c'est la sécurité de la France, en fait.
19:25Et ça, le lien, maintenant, il est direct, et le changement de ton, ça vaut pour Macron, comme pour toute une partie des autres responsables
19:32politiques européens, et même nord-américains, à un certain moment, c'est, on est de l'Ukraine, presque pour des raisons éthiques,
19:38pour des raisons de droit, parce qu'un État avait été injustement attaqué. Aujourd'hui, on a totalement changé d'état d'esprit,
19:43c'est défendre l'Ukraine, donner de l'argent, donner des armes, envoyer des soldats en Ukraine, c'est protéger la France.
19:48Et ça, c'est véritablement, je trouve, la nouveauté de ce discours, par rapport à ce qu'on avait pu entendre ces derniers mots, ces trois dernières années.
19:54Nous rentrons dans une nouvelle ère, ce sont les mots d'Emmanuel Macron, qui appelle à investir davantage pour la défense, sans augmenter les impôts.
20:00Je vous propose d'écouter le président de la République sur cette question du budget de la défense.
20:04La France a un statut particulier. Nous avons l'armée la plus efficace d'Europe.
20:10Et grâce aux choix faits par nos aînés après la Deuxième Guerre mondiale, nous sommes dotés de capacités de dissuasion nucléaire.
20:18Ceux-ci nous protègent beaucoup plus que nombre de nos voisins. Et de plus, nous n'avons pas attendu l'invasion de l'Ukraine pour faire le constat d'un monde inquiétant.
20:28Et à travers les deux lois de programmation militaire que j'ai décidées et que les parlements successifs ont votés,
20:35nous aurons doublé le budget de nos armées en presque dix ans.
20:40Mais compte tenu de l'évolution des menaces, de cette accélération que je viens de décrire,
20:45nous aurons à faire de nouveaux choix budgétaires et des investissements supplémentaires qui sont désormais devenus indispensables.
20:54J'ai demandé au gouvernement d'y travailler le plus vite possible.
20:57Ce seront de nouveaux investissements qui exigent de mobiliser des financements privés, mais aussi des financements publics.
21:05Voilà, Emmanuel Macron, que vous avez pu suivre tout à l'heure en direct sur France Info. On accueille Denis Kolesnik. Bonsoir.
21:14Bonsoir.
21:15Vous êtes analyste spécialiste des questions de sécurité et de défense en Europe centrale et orientale.
21:19Ce qu'on comprend à la fois dans ce que dit Emmanuel Macron, c'est à la fois le côté « on va investir beaucoup plus massivement », il le dit très précisément,
21:27mais est-ce que vous avez entendu aussi une sorte de feuille de route industrielle, puisque c'est un des enjeux principaux de la défense européenne ?
21:37Écoutez, à mon sens, le discours du président de la République amorce quelque part la nouvelle review nationale stratégique,
21:47ce qui va paraître normalement, si tout se passe bien, en mai 2025, qui va remplacer celle qui est en vigueur actuellement de 2022.
21:57Il y a aussi la LPM, la loi de programmation militaire, qui normalement est censée augmenter nos dépenses d'environ 40 % jusqu'en 2030.
22:08Donc, je n'ai rien entendu de nouveau avrilir dans ces discours.
22:13Pour moi, tout s'inscrit dans la politique qu'on peut rétracer depuis quelques années, au moins depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'invasion à grande échelle.
22:24En ce qui concerne l'industrie, déjà, il y a eu des efforts qui ont été effectués à l'échelle nationale.
22:29Il y a eu la production des canons César, par exemple, qui a été augmentée de deux canons environ par mois jusqu'en 6 ou 8 en 2024.
22:39Il y a eu une très grande question, c'est la production d'obus, puisqu'on nous a vu que les Ukrainiens utilisaient environ 7 000 à 10 000 d'obus par jour,
22:51alors qu'on produisait environ 1 000 d'obus par mois.
22:55Et maintenant, on en produit, si je ne me trompe pas, 4 à 5 000.
23:00Donc, il y a eu des choses qui ont été déjà faites.
23:03La question du budget est importante.
23:05Aujourd'hui, dans la presse, dans le magazine Le Point, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, parle d'un budget nécessaire de 100 milliards d'euros par an.
23:13Est-ce que ça vous semble un chiffre réaliste et finalement suffisant dans notre contexte de guerre, désormais ?
23:20Par an, ça me paraît exorbitant.
23:23Je ne vois pas comment est-ce qu'on pourrait arriver à un tel budget sans augmenter les impôts, ce qui a été dit tout à l'heure par le président de la République.
23:32Après, je ne suis pas économiste, donc j'imagine qu'il y a des gens qui seront mieux pour répondre à cette question.
23:38Comment est-ce qu'on va trouver de l'argent ?
23:40Mais de toute façon, c'est important qu'on trouve de l'argent pour assurer nos capacités de la défense.
23:46Tenant compte de nos engagements au centre de l'OTAN et aussi d'ailleurs en tant qu'amable de l'Union Européenne,
23:52je rappelle que non seulement il y a l'article 5 du traité de Washington, mais il y a aussi l'article 42.7 du traité de l'Union Européenne,
23:59qui nous engage à assurer la défense et la sécurité de nos alliés.
24:03Et l'Ukraine, bien évidemment.
24:05Vous restez avec nous.
24:07Je voudrais me tourner vers Éric Birguela, qui est notre spécialiste défense à la rédaction internationale de Radio France.
24:13Qu'est-ce qui vous a marqué peut-être dans cette allocution d'Emmanuel Macron sur la question de la défense européenne qui devient une réalité, dit-il ?
24:20Elle devient une réalité, mais enfin bon, sur le papier pour le moment.
24:24On n'est pas encore sortis d'une architecture de défense européenne qui est complètement enchaînée aux États-Unis,
24:33tout simplement parce que la défense européenne, c'est l'OTAN, ni plus ni moins.
24:37Et là-dedans, dans l'OTAN, les États-Unis sont absolument centraux.
24:41Il n'y a qu'un pays, en fait, la France, qui s'est bâtie, qui s'est construit une défense complètement autonome,
24:46qui sait faire des avions de combat, des avions de transport militaire, qui sait faire des bateaux, qui sait faire des sous-marins,
24:51qui sait organiser une dissuasion nucléaire.
24:55Pratiquement tous les autres pays sont plus ou moins enchaînés, ne serait-ce qu'avec le matériel, aux États-Unis.
25:01Par exemple, là, les Suédois, qui étaient neutres et donc qui étaient bien forcés de mettre en place une défense autonome aussi,
25:10ont acheté du matériel américain, y compris sur leurs avions, les Gripen, par exemple.
25:15C'est un avion qui est très bien, sauf que sa motorisation, c'est du General Dynamics, c'est du General Electrics, pardon.
25:21Et donc, c'est américain. D'ailleurs, les Américains viennent d'interdire aux Suédois de vendre leurs Gripen aux Colombiens,
25:28tout simplement, en Colombie, tout simplement parce que le moteur est américain.
25:32Et donc, il n'y a pas de réexportation possible, etc.
25:36Evidemment, derrière, les Américains ont envie de placer en Colombie leur F-16.
25:40Ils font du business.
25:41Exactement, ils font du business. Derrière ça, il y a donc la question industrielle, on le voit, la question stratégique.
25:46Paul Barcelone, il y a en réalité la question économique.
25:48Quand Emmanuel Macron dit, je le cite,
25:50« financement privé et public, investissement indispensable, sans hausse d'impôts »
25:56Sans augmenter les impôts, ce qui est une manière de défendre aussi son bilan.
25:59On sait qu'il y a été très attaché, qu'il avait été vexé du temps de Michel Barnier,
26:02que l'on puisse venir chatouiller cette partie-là de son bilan.
26:05Il est très attaché à son héritage.
26:07Je note au passage qu'il a bien fait remarquer, carte et graphique à l'appui,
26:11Sylvie en parlait tout à l'heure, du budget de la Défense,
26:16qu'il avait préparé le pays, que le budget est prêt, qu'il reste à l'augmenter,
26:21mais que la chose est déjà sur les rails, est déjà enclenchée.
26:25Donc oui, pour la question économique, à l'évidence, Emmanuel Macron se replace là encore au centre du jeu.
26:31Mais globalement, c'est ce qu'il a essayé de faire ce soir,
26:33en se tenant par ailleurs au-dessus de la mêlée,
26:35sans jamais citer les partis politiques.
26:37Quand il parle de dissuasion nucléaire, il se sent obligé d'en parler,
26:39parce qu'il y a une polémique politique,
26:41même s'il ne fait pas référence à Marine Le Pen et au Rassemblement national.
26:44Il a la volonté de se placer un peu au-dessus de la mêlée,
26:47en surplomb, tout en ayant bien conscience que sur ce dossier ukrainien,
26:50de toute façon, il est incontournable.
26:53On voit bien qu'Emmanuel Macron essaye de se placer au-dessus de la mêlée,
26:57en fixant des objectifs, un cap d'augmenter les dépenses de Défense,
27:01et un petit côté, et l'intendance suivra et devra suivre.
27:04C'est une phrase qu'on n'avait pas entendue dans la bouche d'Emmanuel Macron depuis longtemps.
27:09Et c'est vrai que quand vous en discutez avec des élus macronistes,
27:13eux, ils ont déjà des idées de comment est-ce qu'on fait pour financer ça,
27:17et potentiellement, ça peut être assez douloureux.
27:19C'est la réforme des retraites, il faut oublier,
27:21le conclave, on ne vaut même plus en entendre parler,
27:23ça va être le moment de travailler plus,
27:25alors ce n'est pas foncièrement augmenter les impôts,
27:28mais ça peut être une piste de réflexion.
27:31Il va falloir trancher dans des dépenses.
27:33Emmanuel Macron fixe le cadre en montrant la gravité du moment,
27:37la solennité du moment, et l'enjeu,
27:39en disant qu'on est menacé par un pays qui n'est pas si lointain que ça,
27:43en l'occurrence la Russie,
27:45mais il va falloir derrière que l'intendance suive,
27:48ce qui ne sera pas forcément extrêmement facile.
27:50Ce soir, il n'a pas donné de montant d'ailleurs d'augmentation de la Défense,
27:58mais quand on lisait cet après-midi l'interview de Sébastien Lecornu,
28:01il parlait de 100 milliards annuels,
28:03le gap est énorme, ça veut dire doubler ce qu'on a déjà fait aujourd'hui.
28:07Eric Biagallet n'est pas d'accord.
28:09Il y a une vraie progression dans les budgets de la Défense.
28:13C'est une progression constante avec des marches à chaque fois.
28:17Là, on est dans des marches, la loi de programmation militaire
28:20qui a été confirmée par le dernier budget,
28:27on est passé d'une marche de 3 milliards 300 millions de plus
28:32par rapport à l'année dernière,
28:33on est sur un budget de 50 milliards,
28:3753 milliards prévus pour 2026,
28:4056 milliards prévus pour 2027,
28:432028 60,3 milliards, là la marche augmente un petit peu,
28:46c'est 4 milliards de plus,
28:4764 milliards, etc., on arriverait en 2030 à 70 milliards.
28:52Alors, passer à 100 milliards, on n'y est pas encore,
28:56ça tout dépend de ce qu'on va faire.
28:57Est-ce qu'on augmente la taille des marches ?
28:58Est-ce qu'on passe à un 5 milliards de plus par exemple l'année prochaine,
29:03et puis 5 de plus, et puis 6 de plus ?
29:06Il y a des manières de faire.
29:07Le problème, c'est qu'effectivement,
29:08on ne va pas pouvoir doubler le budget de la Défense,
29:12là, en deux temps, trois mouvements,
29:13c'est-à-dire en un an, au niveau d'un exercice budgétaire, c'est clair.
29:16Mais l'enjeu était d'abord de persuader l'opinion
29:19de la nécessité d'en passer par là.
29:22Alors, pour le gros de l'opinion,
29:24le nombre de milliards, ça devient presque abstrait.
29:26Mais ce qu'il faut savoir, c'est est-ce que l'opinion va marcher,
29:31va adhérer à cette demande d'efforts supplémentaires,
29:34c'est ce que disait Bayrou au Sénat tout à l'heure d'ailleurs,
29:37il faut commencer par persuader l'opinion
29:39et préserver le fragile consensus de l'arc républicain sur la question,
29:45de cette réponse à l'Ukraine et au nouveau défi russo-américain.
29:49Est-ce que le Parti socialiste va continuer d'approuver
29:53la démarche du chef de l'État,
29:55comme Olivier Faure l'a fait très spectaculairement en début de semaine ?
29:59Est-ce qu'ils vont garder ce consensus face à ce nouveau défi ?
30:04Ou est-ce que, vu les sacrifices demandés par ailleurs,
30:08tout ça va s'écrouler ?
30:09Donc, c'est ce fragile équilibre qu'il va falloir respecter
30:12et auquel il a essayé d'oeuvrer ce soir.
30:14Un équilibre dans une nouvelle ère.
30:15Nous rentrons dans une nouvelle ère, Emmanuel Macron,
30:17les mots du président Emmanuel Macron qui affirme
30:19que la menace russe est là, qu'elle nous touche,
30:22sans connaître de frontières.
30:23On revient dans un instant dans cette édition spéciale
30:26des informés sur France Info.
30:28On entendra le chef de l'État.
30:29On parlera aussi de savoir s'il a dramatisé ce soir la situation.
30:34Mais pour l'heure, il est 20h30 et sur France Info,
30:35à 20h30, c'est un nouveau journal.
30:43Bonsoir Benjamin Recouvreur.
30:45Bonsoir à tous.
30:46La menace russe est là, sans connaître de frontières.
30:48Rester spectateur serait une folie.
30:50Les mots d'Emmanuel Macron ce soir,
30:52le chef de l'État qui sonne la mobilisation de la France
30:55et de l'Europe en pleine guerre en Ukraine
30:56et face aux rapprochements entre les États-Unis et la Russie.
30:59Il annonce que la France réunira la semaine prochaine
31:02les chefs d'État-major des pays qui souhaitent
31:04prendre leurs responsabilités pour garantir la paix en Ukraine.
31:07Le président promet aussi des investissements supplémentaires
31:10pour la défense sans augmenter les impôts.
31:13Emmanuel Macron a également qualifié d'incompréhensible
31:15les droits de douane décidés par les États-Unis
31:18pour le Canada et le Mexique.
31:19Droits de douane qui menacent aussi les produits européens.
31:22Le président français assure qu'il espère dissuader
31:25son homologue américain Donald Trump de prendre cette décision.
31:28Au 20e jour de son hospitalisation,
31:30l'état du pape François est stationnaire.
31:32Ce soir, annonce le Vatican, le souverain pontife de 88 ans
31:35n'a pas subi de nouveaux épisodes de crise respiratoire.
31:39Il a passé la journée dans son fauteuil
31:41et son pronostic reste réservé.
31:43Des peines de trois à huit mois de prison
31:45avec sur six requises contre les sept personnes
31:47jugées pour avoir cyber harcelé Thomas Joly,
31:50le directeur artistique des cérémonies et des Jeux de Paris.
31:52Il avait subi une vague de menaces et d'insultes
31:55après la cérémonie d'ouverture notamment.
31:57Ils sont âgés de 22 à 79 ans,
31:59poursuivis pour menaces de mort et injures aggravées
32:03en raison de l'orientation sexuelle.
32:05Enfin, le PSG sur un nuage en ce moment,
32:07espère encore monter d'un cran.
32:08Paris reçoit Liverpool ce soir pour le match aller
32:11des huitièmes de finale de la Ligue des champions de football.
32:13Le coup d'envoi est dans une demi-heure.
32:16France Info, 20h21,
32:20Les Informés, Aurélie Herbemont et Jean-Rémi Baudot.
32:23Édition spéciale des Informés
32:25après l'allocution du chef de l'État Emmanuel Macron
32:28que vous avez pu suivre évidemment en direct sur France Info,
32:31autour de la table pour cette édition spéciale des Informés.
32:33C'est l'hyper-brossolette éditorialiste au point Stéphane Zoubstègue,
32:36directeur du département Opinion d'Ipsos,
32:38Paul Barcelone, chef adjoint du service politique de France Info,
32:41Eric Biagala de la rédaction internationale de Radio France.
32:44On est aussi en duplex avec Denis Kolesnik,
32:49analyste spécialiste des questions de sécurité et de défense
32:52en Europe centrale et orientale.
32:55On voudrait vous faire écouter Emmanuel Macron
32:59qui a débuté son allocution par un violent réquisitoire contre la Russie.
33:04Écoutez.
33:05La menace russe est là et touche les pays d'Europe, nous touche.
33:10La Russie a déjà fait du conflit ukrainien un conflit mondial.
33:13Elle a mobilisé sur notre continent des soldats nord-coréens,
33:17des équipements iraniens, tout en aidant ces pays à s'armer davantage.
33:22La Russie du président Poutine viole nos frontières
33:25pour assassiner des opposants,
33:27manipule les élections en Roumanie, en Moldavie.
33:30Elle organise des attaques numériques contre nos hôpitaux
33:33pour en bloquer le fonctionnement.
33:35La Russie tente de manipuler nos opinions
33:38avec des mensonges diffusés sur les réseaux sociaux.
33:40Et au fond, elle teste nos limites.
33:42Elle le fait dans les airs, en mer, dans l'espace et derrière nos écrans.
33:47Cette agressivité ne semble pas connaître de frontières.
33:51Et la Russie, dans le même temps, continue de se réarmer.
33:55Voilà Emmanuel Macron sur la Russie.
33:57Je voudrais dans un instant qu'on parle de la posture d'Emmanuel Macron
34:01vis-à-vis de la Russie, qui n'est évidemment pas de fait dans la main tendue
34:03telle que Donald Trump le fait.
34:06Sur la forme, Paul Barcelone, on s'interrogeait un petit peu plus tôt
34:11sur l'antenne de savoir s'il jouerait la dramatisation.
34:14Votre regard ?
34:15Je l'ai plutôt trouvé sobre et efficace de ce point de vue.
34:18Probablement conscient que la guerre est à nos portes.
34:21Jean-Noël Barraud, ces derniers jours, chez nos confrères France Inter,
34:24disait que la ligne de front se rapproche chaque jour un peu plus de nous,
34:27elle n'a jamais été aussi proche de nous.
34:28Probablement que le chef de l'État est conscient que ça peut faire peur.
34:31Donc plutôt sobre sur cet aspect-là.
34:33Ensuite, pour ouvrir le débat ou lancer le débat,
34:36continuer le débat sur la question de la Russie,
34:38le changement de pied, ça remonte à il y a quelques mois maintenant,
34:42et il en a fait son miel Emmanuel Macron.
34:44Mais évidemment, au départ, il a pensé qu'il pouvait aller jusqu'à Moscou,
34:50tordre le bras de Vladimir Poutine.
34:52Sauf que la table était longue.
34:53Jusqu'à se faire ridiculiser, j'allais y venir.
34:56Il avait été relégué au bout de la table
34:58et il avait bien vu qu'il n'arriverait jamais à faire infléchir Vladimir Poutine.
35:01Là, ce n'est plus le bras de fer avec Vladimir Poutine qu'il veut mener.
35:04Effectivement, il a l'air de s'être fait une raison.
35:06C'est plutôt avec Donald Trump sur les droits de douane.
35:09Totalement autre sujet, puisqu'il dit
35:11« Je ne désespère pas de convaincre Donald Trump de comprendre
35:15et de lui faire comprendre que c'est une décision
35:18qui serait regrettable pour tout le monde. »
35:20Alors, vous parlez, vous avancez dans le débat.
35:22Je voudrais juste néanmoins qu'on revienne sur cette histoire de dramatisation
35:25parce que politiquement, Stéphane Zubsteg,
35:27ça dira quelque chose des débats des prochains jours.
35:29C'est-à-dire que, est-ce qu'en l'État, tel que vous l'avez entendu,
35:32le chef de l'État pourra être attaqué par les oppositions diverses et variées,
35:37d'en rajouter, d'en faire trop et de mener le pays à sa perte
35:41pour des raisons politiques ?
35:42Il sera attaqué. Son objectif, c'était finalement
35:45de... Il sera attaqué parce que ce sont des oppositions et qu'elles attaquent.
35:47Mais l'idée, c'était justement d'être sobre, d'être pondéré, très ferme,
35:51mais en étayant. Quand il fait la liste de ce que l'on reproche
35:55à Vladimir Poutine et à la Russie, il est extrêmement concret.
35:59Donc, l'idée, c'est de ne pas trop dramatiser.
36:02Je pense que ça aurait été vraiment une erreur parce que là,
36:04tout de suite, il y avait le procès en instrumentalisation,
36:07en récupération politique de la guerre.
36:08Et évidemment, ça ne lui aurait pas été favorable.
36:11Il ne dramatise pas, mais il explique, voilà, il n'y a pas d'économie de guerre.
36:15Nous ne sommes pas en guerre, mais nous sommes dans une nouvelle ère.
36:17Comprenez ? Enfin, les choses... Le message est relativement clair.
36:20Et il ne dramatise pas plus sur le domaine économique et sur les...
36:23Il parle d'efforts, de choix. Il ne parle pas de sacrifice.
36:27Les 50 milliards qu'on a évoqués...
36:28Il parle de courage. Il dit qu'il faut avoir le courage.
36:29Mais pas de sacrifice. Il fait très attention
36:31parce que, de toute façon, s'il était allé trop loin,
36:33il se prenait l'opposition frontalement.
36:35Et qui aurait pu réussir à convaincre les électorats les plus radicaux
36:39que, une fois de plus, Macron faisait du Macron
36:40et que nous inventait quelque part ce danger Poutine ?
36:44Il n'invente rien, le président de la République, en parlant du danger de la Russie.
36:46Mais c'est forcément des reproches qui lui auraient été faits.
36:50Et il cherche à rassurer les Français.
36:52Vous en avez déjà parlé, mais cette phrase de
36:55« Nous ne toucherons pas aux impôts », elle est là.
36:57Je ne dramatise pas.
36:58Après, oui, ce passé de 50 à 100 milliards, il faudra bien les trouver.
37:01En même temps, il dit ça, et puis on avait connu le « quoi qu'il en coûte » avec le Covid.
37:04Là, c'est le « quoi qu'il advienne » pour la guerre en France.
37:06« Quoi qu'il advienne », mais il y a aussi des...
37:07On parlait tout à l'heure, évidemment, que la France ne sera pas en mesure,
37:10je pense, de réduire de 50 milliards ses dépenses sociales
37:12dans les mois et dans les années qui viennent.
37:13Mais demain, à Bruxelles, normalement,
37:16Ursula von der Leyen va expliquer que les États peuvent,
37:18pour un temps, s'affranchir de la règle des 3% du déficit.
37:22Donc tout ça contribuera à creuser la dette.
37:24Après, on est pour, on n'est pas pour.
37:25Mais toujours est-il qu'il y a ce côté,
37:27non pas de rendre indolore cette nouvelle ère,
37:30mais en tout cas de refuser de rendre anxiogène les choses.
37:34C'était ça, aujourd'hui, sur son débat.
37:36Je trouve qu'il a réussi.
37:37Il a occulté, ce qui fait que la situation est si grave,
37:40il a occulté le lâchage américain.
37:42Il en a parlé au début.
37:43Mais pas beaucoup.
37:44Il dit que les États-Unis ont changé.
37:46Oui, mais c'était très light.
37:48Il laisse la porte ouverte pour pouvoir se rabibocher avec les États-Unis.
37:50Il faut être prêt si les États-Unis ne sont plus à nos côtés.
37:53Oui, c'est ça, mais si, il fera pour l'instant...
37:55Oui, mais il ne revient pas non plus sur la scène du bureau Oval.
37:58Il est très soft vis-à-vis des États-Unis.
38:01Et la cible principale, c'était la Russie et Poutine.
38:04Tout est là.
38:05Et pourquoi la situation est si grave avec Poutine ?
38:09C'est parce que, justement, les Américains se retirent
38:11et qu'on se retrouve tout nus avec notre alliance atlantique
38:14complètement bancale et pas assez nourrie du côté européen.
38:18Et c'est pour ça qu'il va falloir se réarmer.
38:20C'est bien parce que les États-Unis ne sont plus là qu'il faut se réarmer.
38:23Ce n'est pas simplement à cause de Poutine.
38:25Se réarmer et peut-être néanmoins aussi aller sur le terrain,
38:27mais pas à n'importe quelle condition.
38:29Denis Kolisnik, vous êtes toujours avec nous,
38:31analyste spécialiste des questions de sécurité et de défense.
38:34Emmanuel Macron dit des forces européennes, oui,
38:37mais je cite, une fois que la paix sera signée.
38:40Est-ce qu'on a une idée des forces qui seraient nécessaires
38:43pour stabiliser un front face à la Russie ?
38:47Le coup est très simple.
38:49Quel intérêt la Russie a aujourd'hui pour arrêter les combats ?
38:54Est-ce que quelqu'un peut répondre à cette question ?
38:56S'ils continuent d'avancer, d'accord, moins vite,
39:00mais qu'ils continuent d'avancer en Ukraine,
39:02donc notamment dans le Donbass,
39:04si on prend en compte par exemple ce qui a été fait par les États-Unis récemment,
39:08au moins les déclarations et les faits qui ont suivi
39:13ce qui s'est passé à la Maison-Blanche vendredi dernier
39:16entre Zelensky et Trump,
39:19quel intérêt pour eux d'amorcer les négociations de paix ?
39:23Et donc signer un traité.
39:24Leurs objectifs politiques n'ont pas été atteints.
39:28Vous laissez entendre que la paix est impossible ?
39:33Non, je ne dis pas que la paix est impossible,
39:37c'est que j'ai dit qu'il ne faut pas espérer que la paix sera trouvée
39:41d'ici six mois ou peut-être cette année.
39:44Cette année sera à mon sens consacrée à des bras de fer,
39:47à des stratégies différentes, des négociations,
39:51donc des préparations peut-être d'une paix
39:53qui, si tout se passe bien, peut-être viendra l'année prochaine.
39:58Mais nous avons eu trois ans, au moins trois ans,
40:01pour se préparer mieux.
40:04Les Polonais l'ont fait d'ailleurs,
40:05sans attendre l'arrivée de Trump par exemple au pouvoir.
40:10Mais nous, je ne comprends pas pourquoi,
40:13disons qu'on fait beaucoup de déclarations.
40:16Mais depuis 2007, quand la Russie a suspendu sa participation
40:20aux traités des forces conventionnelles en Europe,
40:252008, quand elle a attaqué la Jurgie,
40:28pourquoi cela ne nous a pas secoué ?
40:30Ça, je ne comprends pas.
40:32Merci beaucoup, Denis Kolesnik, d'avoir été ce soir avec nous,
40:36analyse spécialiste des questions de sécurité et de défense
40:38en Europe centrale et orientale.
40:39Merci d'avoir été ce soir dans Les Informés.
40:42La question qui est posée, Eric Biegala,
40:45elle est finalement assez brutale, mais tout à fait réaliste,
40:49c'est-à-dire quel est l'intérêt de la Russie d'arrêter ?
40:53Aucun, zéro.
40:56Cette guerre, elle peut s'arrêter effectivement en 24 heures.
40:59Il suffit que Vladimir Poutine arrête de tirer.
41:02C'est ce qu'il fait depuis trois ans.
41:03C'est la chose la plus bête.
41:06Les Ukrainiens se défendent.
41:08Ils ne font pas la guerre à la Russie, ils se défendent.
41:11C'est quelque chose de complètement différent.
41:12Et on a l'impression que là, mettre la pression sur les Ukrainiens,
41:15ce que font les États-Unis d'Amérique
41:18avec l'administration Trump,
41:20ils se trompent de problème.
41:23Ce n'est pas les Ukrainiens qu'il faut forcer à faire la paix,
41:25c'est Poutine.
41:27Et c'est sur lui qu'il faut mettre une pression.
41:28Alors, quelle pression peuvent mettre ?
41:30Ce n'est pas en parlant de lever les sanctions,
41:33ce n'est pas en parlant de je ne sais pas quoi,
41:36de ce qu'avance l'administration Trump depuis quelques jours,
41:40qu'on va le faire renoncer.
41:42En fait, ces buts de guerre sont en train d'être...
41:47seraient en train d'être achevés par...
41:49Il n'a pas réussi à les faire militairement,
41:51à les atteindre militairement.
41:53Et ce serait simplement la pression américaine sur l'Ukraine
41:56qui lui permettrait ?
41:58C'est ce que semble croire Donald Trump,
42:00qui dit « moi au moins ils me respectent,
42:02et donc les choses seront différentes ».
42:03Je vous cite du Trump dans le texte.
42:05Oui, oui, mais...
42:06Je vois votre perplexité.
42:08Comment est-ce qu'il fait pression avec ça sur un Vladimir Poutine ?
42:11Je voudrais qu'on aborde cette phrase d'Emmanuel Macron
42:13qui a dit « la patrie a besoin de vous et de votre engagement ».
42:17« Nous ferons face ensemble ».
42:18« La patrie a besoin de vous et de votre engagement ».
42:20Aurélie, qu'est-ce que ça vous inspire ?
42:21Alors moi, ça me fait penser à ces fameuses affiches américaines
42:25de l'anglo-sahara « We need you ».
42:27Ça fait penser à ça.
42:30Évidemment, Emmanuel Macron essaye de susciter un réflexe patriotique,
42:34même s'il est au-delà de la patrie,
42:36puisqu'il aime bien agir en européen.
42:38Et là, en l'occurrence, c'est la France et toute l'Europe
42:40qui sont pas très loin de Vladimir Poutine.
42:44Donc il y a un petit côté.
42:45Mais il faut que tout le monde soit conscient de l'enjeu.
42:48Donc on a besoin effectivement de votre engagement
42:52et de votre compréhension potentiellement
42:53pour les efforts que ça va nécessiter.
42:56Il veut embarquer, si ce n'est ressusciter une espèce d'effet drapeau.
42:59Vous savez, on en avait beaucoup parlé au moment de la présidentielle 2022
43:04quand la Russie envahit, attaque l'invasion de l'Ukraine ce 24 février.
43:11La campagne présidentielle est totalement vitrifiée
43:16et il y a un effet drapeau.
43:17On se tourne vers le président.
43:19Ce n'est pas le moment de changer de chef de guerre
43:21puisque en France, le chef de l'État, le président de la République
43:24est aussi le chef des armées,
43:26donc potentiellement aussi le chef de guerre en plus du père de la nation.
43:29Donc il y a cet effet drapeau,
43:31même s'il a la différence par rapport à 2022.
43:34C'est qu'Emmanuel Macron ne peut plus être candidat à une élection.
43:37Donc c'est ça le petit changement de situation
43:39par rapport à la campagne présidentielle.
43:41Emmanuel Macron qui dit vouloir mobiliser mais sans être dans l'excès.
43:44Écoutez-le.
43:46Mes chers compatriotes, face à ces défis et ces changements irréversibles,
43:52il ne faut céder à aucun excès,
43:56ni l'excès des vâtes en guerre, ni l'excès des défaitistes.
44:00La France ne suivra qu'un cap,
44:03celui de la volonté pour la paix et la liberté,
44:07fidèle en cela à son histoire et à ses principes.
44:11Son histoire, ses principes, Sylvie-Pierre Brossolette,
44:13ça vous fait vibrer votre cœur patriotique ?
44:18Oui, et le nom que je porte.
44:21C'est évidemment plus agréable à entendre
44:25qu'un président qui se coucherait
44:27ou qui trouverait toutes les raisons
44:30de trouver des circonstances atténuantes à M. Poutine
44:33et qui dirait « bon, il faut s'en arranger,
44:36la Grande-Russie a toujours une sphère d'influence,
44:39elle veut retrouver ses frontières impériales
44:43de l'ex-Union soviétique,
44:45et elle veut finlandiser, mais pourquoi pas,
44:48donc l'Ukraine, mais aussi les pays baltes ? »
44:50Bon, non, il dit non,
44:52et c'est quand même, je ne sais pas si c'est dans notre glorieuse tradition,
44:55mais disons que c'est dans la tradition gaulliste.
44:57Et il dit non à un ennemi potentiel
45:01qui met en jeu à la fois nos valeurs et nos frontières.
45:04Donc ça, c'est une belle attitude,
45:06mais tout simplement, est-ce que l'opinion française
45:08est prête à la recevoir ?
45:10Tous les jours qui passent,
45:12j'en doute un peu plus, parce que
45:14quand on est sous le choc de déclarations effrayantes
45:16de Trump dans le bureau Oval,
45:20on se dit « c'est pas possible, il faut s'élever »,
45:22on fait tous des beaux communiqués,
45:24puis après, les jours passent,
45:26on se dit « mais est-ce qu'on veut aller mourir pour l'Ukraine,
45:28comme on disait, est-ce qu'on veut aller mourir pour Danzig ? »
45:30C'est un peu caricatural ce que je dis,
45:32mais il y a toujours un risque avec l'opinion,
45:34qu'est-ce qu'on va nous demander ?
45:36Est-ce que vraiment l'Ukraine, c'est si grave que ça ?
45:38Au fond, est-ce qu'on ne peut pas trouver un arrangement ?
45:42Et puis, au lieu de dépenser des milliards,
45:44comme certains l'ont dit à LFI,
45:46plutôt continuer à financer notre système social.
45:48Donc il y a toujours ce risque,
45:50et je pense plutôt courageux de la part d'Emmanuel Macron,
45:52qui en plus n'est pas très populaire,
45:54d'essayer de jouer cette carte patriotique
45:56que lui-même ne va pas contribuer à faire lever,
45:58vu son impopularité.
46:00Et peut-être dans un instant, on se posera la question
46:02de savoir si justement, il est entendu,
46:04il peut être entendu, et si c'est le mieux placé
46:06aujourd'hui pour tenir ce discours-là
46:08et convaincre l'opinion.
46:10Je me tournerai notamment vers vous, Stéphane Zumsteig.
46:12Pour l'heure, il est 20h46,
46:14on va faire un nouveau tour de l'actualité.
46:16Le fil info de Stéphane Milhomme.
46:18« La menace russe est là et touche les pays d'Europe,
46:20et nous touche.
46:22Rester spectateur serait une folie.
46:24Les mots d'Emmanuel Macron dans son allocution
46:26depuis l'Elysée concernant le sort de l'Ukraine,
46:28mais aussi la sécurité en Europe,
46:30c'est un véritable réquisitoire contre la Russie.
46:32Le chef de l'Etat estime que les Etats européens
46:34doivent être en capacité de se défendre.
46:36Il faut, dit-il, s'équiper davantage,
46:38renforcer notre indépendance.
46:40À la veille d'un sommet européen exceptionnel,
46:42il considère que l'avenir de l'Europe n'a pas été tranché,
46:44n'a pas à être tranché
46:46à Washington ou encore Moscou.
46:48C'est en explication, donc, et graphique
46:50à l'appui, à destination des Français.
46:52Le président de la République estime que l'Europe
46:54de la défense devient une réalité.
46:56Il entend réunir la semaine prochaine
46:58les majeurs européens et propose aussi
47:00un débat sur une dissuasion nucléaire
47:02élargie aux alliés européens.
47:04La première réaction, c'est celle de Jordan Bardella.
47:06Le président du Rassemblement national le tweet
47:08sur le réseau social X.
47:10Il n'y aura pas d'avenir pour la France et l'Europe
47:12sans indépendance.
47:14La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni
47:16appellent cette fois Israël
47:18à laisser entrer l'aide humanitaire
47:20sans entrave dans la bande de Gaza.
47:22Un blocage effectif depuis dimanche dernier.
47:24L'Afrique du Sud, quelques heures plus tôt,
47:26accusait l'Etat époureux d'utiliser la famine
47:28comme arme de guerre.
47:30Et puis dès 21h, le PSG accueille
47:32Liverpool sur la pelouse du Parc des Princes,
47:34le huitième de finale allée de la Ligue des champions.
47:36L'intermédiance impose à Rotterdam 2 à 0.
47:50Nous rentrons dans une nouvelle ère.
47:52La patrie a besoin de vous et de votre engagement.
47:54Macron, ce soir, allocution à 20h
47:56que vous avez pu suivre sur France Info.
47:58On est dans cette édition spéciale
48:00des informés avec Sylvie-Pierre Brossolette
48:02du Point, Stéphane Zoubstek d'Ipsos,
48:04Paul Barcelone de France Info
48:06et Eric Biagala de la rédaction internationale
48:08de Radio France.
48:10Avant de donner la parole à Stéphane Zoubstek
48:12sur la question de l'opinion, Aurélie,
48:14on l'a un peu entendue d'ailleurs dans le fil info à l'instant,
48:16les premières réactions politiques,
48:18évidemment, sans surprise, elles nous arrivent.
48:20Oui, donc Jordan Bardella,
48:22effectivement, on l'entendait,
48:24qui est le président du Rassemblement National,
48:26estime qu'il n'y aura pas d'avenir pour la France et l'Europe
48:28sans indépendance, sans croissance, sans ambition.
48:30Jordan Bardella qui précise
48:32que dans ce contexte, il réclame la suppression
48:34du Green Deal, donc le pacte
48:36vert européen parce que ça cache,
48:38selon lui, notre agriculture
48:40et notre industrie. Et le président
48:42du RN demande aussi la préférence nationale
48:44et européenne dans l'achat
48:46de matériel militaire.
48:48Ça, ce sont les réactions
48:50de Jordan Bardella après l'allocution du chef
48:52de l'État. Et il y a aussi ce message
48:54à l'instant sur X de Jean-Luc
48:56Mélenchon, adversaire très résolu d'Emmanuel
48:58Macron, avec ce tweet que je vais vous lire
49:00en intégralité, qui peut commencer
49:02de façon assez surprenante.
49:04« Oui, Macron dit vrai, écrit Jean-Luc Mélenchon,
49:06c'est un changement d'époque,
49:08mais ceux qui nous ont mis dans l'impasse et ont
49:10idéalisé les États-Unis ne doivent plus être suivis.
49:12Priorité absolue, la sécurité
49:14de nos propres frontières sur les 5 continents,
49:16sécurité écologique, militaire
49:18et des besoins sociaux de la population,
49:20abat la guerre. » Donc, Jean-Luc Mélenchon
49:22ne se met pas trop dans l'idée
49:24d'une défense européenne, mais plutôt
49:26on protège d'abord nos frontières franco-françaises.
49:28La question qui se pose derrière ça,
49:30c'est évidemment d'un pur point de vue institutionnel,
49:32c'est Emmanuel Macron qui a la main. Il est le chef
49:34de l'État, il est le chef des armées.
49:36Par ailleurs, évidemment, Stéphane Zoubstek,
49:38est-ce que néanmoins, d'un pur point de vue
49:40de réception du message politique
49:42et d'opinion publique, est-ce qu'il est le mieux placé
49:44aujourd'hui pour
49:46appeler à la mobilisation ?
49:48Oui, très clairement, de mon point de vue en tout cas.
49:50Il l'est toujours ? Il l'est toujours. Bien sûr,
49:52on a beaucoup parlé ces derniers mois, ces dernières années
49:54de la démonétisation de la parole politique
49:56du président de la République. On avait raison, mais il s'exprimait
49:58sur des sujets domestiques, sur des sujets nationaux.
50:00En situation exceptionnelle
50:02de crise, de crise internationale,
50:04mais qui l'a directement reliée à la sécurité des Français,
50:06c'est la personnalité qui est attendue
50:08par la population,
50:10par les Françaises et les Français.
50:12Je vais reprendre un terme un peu
50:14particulier de monarchie présidentielle.
50:16Il y a toujours un ralliement aux chefs
50:18dans les situations exceptionnelles.
50:20Emmanuel Macron sait faire, il y a des exemples très précis
50:22quand en 2021, je crois, il prend la parole
50:24pour expliquer que maintenant ça suffit, il faut aller se faire
50:26vacciner contre le Covid, il est suivi
50:28d'effets. Emmanuel Macron,
50:30quand il s'exprime sur des sujets bien
50:32particuliers, il est entendu. Maintenant, la question
50:34est de savoir si tout ça peut durer
50:36dans le temps, peut durer au-delà de quelques jours,
50:38de quelques semaines. Ça, c'est une autre question
50:40parce que
50:42quel est le principal danger ? Il l'a exprimé
50:44aujourd'hui, c'est Vladimir Poutine,
50:46très bien, et la Russie. Mais qu'est-ce qui a changé
50:48dans l'esprit des Français ? Qu'est-ce qui a fait que
50:50les Français, d'un coup, se disent que
50:52oui, il faut se substituer aux Etats-Unis,
50:54qu'on construise notre propre défense
50:56indépendante parce que
50:58nous devons lutter de nouveau
51:00contre un véritable ennemi identifié par le président
51:02de la République. Mais c'est Vladimir
51:04Poutine qui fait peur aux Français. Il fait peur
51:06depuis trois ans, il n'y a rien de nouveau depuis quelques jours.
51:08C'est Donald Trump qui fait,
51:10c'est le revirement stratégique de Donald Trump
51:12qui ont, quelque part, suscité sidération
51:14et une sorte d'électrochoc. Et ça, ça va être
51:16plus compliqué parce que Donald Trump n'est pas
51:18un ennemi. Les Etats-Unis ne sont pas
51:20les ennemis de la France. Oui, il pourrait y avoir
51:22une guerre douanière, des tarifs douaniers,
51:24bien évidemment. Il pourrait aussi ne pas l'avoir.
51:26Mais, malgré tout, ça sera plus compliqué
51:28de maintenir cette
51:30menace Poutine qui n'est pas
51:32le principal responsable de ce qui se passe depuis quelques jours.
51:34Et bien, puisque vous parlez de la guerre commerciale,
51:36on va écouter Emmanuel Macron qui a parlé
51:38pas très longtemps, mais ça fait partie des autres
51:40thèmes qu'il a abordés. Cette question
51:42des droits de douane, notamment,
51:44évidemment, à destination des
51:46Etats-Unis. Écoutez.
51:48Nous devons aussi nous préparer à ce que
51:50les Etats-Unis décident
51:52de tarifs douaniers sur les
51:54marchandises européennes, comme ils viennent
51:56de le confirmer à l'encontre du Canada et du
51:58Mexique. Cette décision
52:00incompréhensible, tant pour
52:02l'économie américaine que pour la nôtre,
52:04aura des conséquences sur certaines de nos
52:06filières. Elle accroît
52:08la difficulté du moment,
52:10mais elle ne restera pas sans réponse
52:12de notre part.
52:14Alors, tout en préparant la riposte
52:16avec nos collègues européens,
52:18nous continuerons, comme je l'ai
52:20fait voilà 15 jours, à tout
52:22tenter pour convaincre
52:24que cette décision nous ferait du mal à tous.
52:26Et j'espère,
52:28oui, convaincre
52:30et en dissuader le président des
52:32Etats-Unis d'Amérique.
52:34Au total, le moment
52:36exige des décisions sans précédent
52:38depuis bien des décennies.
52:40Alors, il faut qu'on vous raconte
52:42ce qui s'est passé dans le studio pendant qu'on écoutait Emmanuel
52:44Macron. Au mot convaincre
52:46et dissuader, Sylvie
52:48Cabrosolet a levé les yeux au ciel et les bras.
52:50Non, mais il n'y a rien à faire
52:52avec Trump. S'il change d'avis, d'ailleurs, ce sera
52:54pas Macron qui le fera changer d'avis, ce sera la bourse
52:56américaine. Si jamais sa politique
52:58douanière fait que
53:00l'inflation reprend aux Etats-Unis assez vite,
53:02qu'il y a des ruptures d'approvisionnement,
53:04que, finalement, l'opinion
53:06se retourne et que la bourse américaine
53:08plonge, ça, ça peut le faire changer d'avis.
53:10Parce que c'est business.
53:12Mais tout ce que pourra lui dire Macron,
53:14qu'il vienne ou pas avec
53:16son collègue anglais, avec ou pas
53:18Zelensky, qu'il n'a pas cité ce soir,
53:20d'ailleurs, on en parlait avec Paul,
53:22pas le mot de Zelensky pendant toute sa...
53:24son allocution.
53:26Donc, est-ce que
53:28il pourra faire changer d'avis
53:30le président des Etats-Unis ?
53:32Je comprends très bien qu'il prenne des gants pour ne pas l'attaquer,
53:34pour ne pas rajouter à sa colère,
53:36puisque, visiblement, ce qui touche le plus
53:38Trump, c'est quand on le critique.
53:40Mais de là à le convaincre, j'ai quelques doutes, malheureusement.
53:42Sauf que, parfois, on voit que le président américain
53:44peut changer d'avis, puisque, hier,
53:46l'entrée en vigueur des hausses
53:48de 25% des tarifs douaniers
53:50sur les produits
53:52canadiens et mexicains,
53:54sauf que, ce soir, Donald Trump a accepté
53:56de reporter d'un mois l'entrée en vigueur
53:58de droits de douane sur certains véhicules
54:00fabriqués au Mexique et au Canada.
54:02Ça dépend des jours.
54:04Paul Barcelone, vous étiez à Washington,
54:06il n'y a pas très longtemps, pour suivre Emmanuel Macron.
54:08Vous étiez dans le bureau Oval avec Donald Trump.
54:10Il faut quand même le dire, vous êtes le dernier d'entre nous
54:12d'avoir vu.
54:14Dans la même pièce.
54:16Il est persuadé, Emmanuel Macron,
54:18ça fait partie un peu de son côté volontariste
54:20et de sa rhétorique aussi
54:22au plan diplomatique, il est persuadé qu'il va réussir,
54:24on en parlait tout à l'heure sur Vladimir Poutine,
54:26à convaincre tout le monde
54:28et à faire changer de pied le moindre de ses homologues.
54:30Il est dans le même registre, ce soir,
54:32quand il dit, j'espère,
54:34je vais continuer le travail engagé.
54:36C'est cette rhétorique-là
54:38qu'Emmanuel Macron utilise et il est persuadé
54:40qu'il va sans cesse réussir
54:42à faire basculer le bras de fer de son côté,
54:44du bon côté, et d'ailleurs le bras de fer aussi
54:46au sens propre, parce que vous m'interrogez
54:48sur le bureau Oval la semaine dernière,
54:50c'est toujours frappant ces poignées de main qui n'en finissent plus,
54:52qui s'accroquent, c'est le bras de fer
54:54au sens concret du terme.
54:56C'est vrai qu'Emmanuel Macron est volontariste,
54:58mais on a l'impression que cette visite d'Emmanuel Macron
55:00à Donald Trump était il y a une éternité,
55:02c'était il y a 10 jours,
55:04et depuis, Donald Trump a confirmé
55:06qu'il voulait mettre des droits de douane, alors qu'Emmanuel Macron
55:08pensait déjà, espérait déjà
55:10l'avoir convaincu, et puis que dire de ce qui s'est passé
55:12avec Volodymyr Zelensky, où là aussi,
55:14lundi soir, il y a 10 jours,
55:16à l'Elysée, on était plutôt confiants
55:18sur le fait que ça ne s'était pas si mal passé
55:20sur le volet ukrainien
55:22avec le président américain.
55:24Et puis vendredi, patatra.
55:26Et c'est pareil quand il multiplie les coups de fil,
55:28qu'il écrange son téléphone depuis avant-hier soir
55:30à Donald Trump, à Volodymyr Zelensky pour leur reparler, etc.
55:32Il est persuadé qu'il peut avoir sa carte à jouer là-dedans.
55:34Allez, il nous reste quelques
55:36instants, dernier tour de table
55:38chers informés, je voudrais que vous
55:40puissiez me dire peut-être en quelques secondes
55:42ce qu'à votre avis, les Français vont retenir
55:44de l'allocution du président de la République. Allez, Stéphane Zoubstag.
55:46Que la situation est grave,
55:48qu'elle est réelle, que cette menace est réelle
55:50et qu'elle concerne la France,
55:52presque pas autant que l'Ukraine, bien évidemment,
55:54mais je rappelle ce que je disais, s'attaquer à l'Ukraine,
55:56c'est s'attaquer à la France.
55:58Le résumé, Stéphane Zoubstag, Nibsos, merci beaucoup.
56:00Éric Biagala, à votre avis, les Français vont retenir quoi ce soir ?
56:02Qu'il va falloir investir dans la défense,
56:04beaucoup, énormément.
56:06On voit le spécialiste défense qui est quand même pas mécontent de...
56:08Ben non, mais c'est quand même
56:10une annonce forte,
56:12même si elle n'est pas chiffrée, etc.
56:14Et un truc qu'on n'a pas trop relevé,
56:16il parle beaucoup d'investissements supplémentaires,
56:18pas forcément de dépenses,
56:20et de financement privé.
56:22Oui, il a parlé du financement privé.
56:24Vous avez parlé du livret d'épargne.
56:26Il fait, voilà,
56:28quand il dit je fais appel à vous, alors il ne le précise pas,
56:30mais on peut aussi penser que
56:32oui, l'épargne des Français,
56:34là c'est quelques milliards dont on pourrait
56:36éventuellement se servir et qui ne plomberaient pas
56:38les dépenses sociales.
56:40Aurélie, qu'est-ce que vous voulez retenir ?
56:42Moi je pense qu'il y a deux choses qui vont rester dans l'oreille des Français,
56:44la Russie est une menace,
56:46et je pense qu'il ne sera pas tombé dans l'oreille d'un sourd aussi
56:48le côté des efforts, mais sans augmenter les impôts.
56:50Je pense que ça, les Français vont l'avoir entendu ce soir.
56:52Paul Barcelone.
56:54Je fais le même métier qu'Aurélie Herbano,
56:56j'allais dire l'heure est grave
56:58et la Russie est menaçante, et évidemment
57:00c'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd,
57:02pas de hausse d'impôts, il faudra que ça se vérifie.
57:04C'est le plus dur pour Sylvie-Pierre Brosselet
57:06qui doit clore ses tours de table.
57:08Je pense que c'est le mot,
57:10la Russie ne s'arrêtera pas à l'Ukraine.
57:12Qui peut croire que la Russie s'arrêtera à l'Ukraine ?
57:14C'est plus précis que juste une menace.
57:16On n'est pas dupes,
57:18on n'est pas aveugles ce coup-ci, on les voit venir.
57:20Donc réagissons.
57:22Bon, réagissons. La une du point,
57:24Sylvie-Pierre Brosselet.
57:26Le pouvoir des femmes, ma chère Aurélie.
57:28Donc on est bientôt le 8 mars.
57:30Samedi.
57:32C'est-à-dire dans le point.
57:34Merci Sylvie-Pierre Brosselet du point.
57:36Stéphane Zumsteig d'Ipsos, un grand merci.
57:38Paul Barcelone du service politique de France Info
57:40et de la rédaction internationale de Radio France.
57:42Voilà pour ces informés.
57:44Cette spéciale à l'occlusion présidentielle.
57:46Aurélie, retour demain.
57:4818h30, l'interview politique
57:50sur France Info à la radio.
57:52Et les informés qui reviennent demain matin
57:54à 9h avec Renaud Dely et Saliha Bratli.
57:56Bonne soirée sur France 5.