Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Jean-Rémi Baudot et Renaud Dély
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00:00Vous êtes sur le plateau des informés sur France Info, la radio et le canal 27 de la TNT avec Renaud Dely.
00:15Bonjour mon cher Renaud.
00:16Bonjour Jean-Rémi Baudot.
00:17Et on retrouve autour de la table Julie-Marie Lecomte, cheffe du service politique de France Info.
00:20Bonjour chère Julie.
00:21Et à vos côtés Alexandra Schwarzbrod, directrice adjointe de la rédaction de Libération.
00:25Merci toutes les deux d'être avec nous ce matin, d'être nos informés.
00:29Premier débat Renaud, on va parler d'Europe, on va parler de ce grand discours d'Emmanuel Macron hier à la Sorbonne,
00:35Sorbonne 2 comme on l'appelle déjà, le sursaut ou la mort.
00:38Pourquoi ce discours était-il aussi anxiogène ?
00:40Grand discours et long discours.
00:41Près de deux heures du chef de l'État hier effectivement à la Sorbonne, vous le disiez,
00:45pour se pencher sur l'avenir de l'Europe, pour vanter ce qu'il appelle l'Europe puissance
00:50et puis aussi pour mettre en garde, pour lancer une sorte d'avertissement solennel en ces termes.
00:58Nous devons être lucides sur le fait que notre Europe aujourd'hui est mortelle.
01:05Elle peut mourir.
01:07Elle peut mourir et cela dépend uniquement de nos choix.
01:14Mais ces choix sont à faire maintenant.
01:18Parce que c'est aujourd'hui que se joue la question de la paix et de la guerre sur notre continent
01:22et de notre capacité à assurer notre sécurité ou pas.
01:26Une mise en garde solennelle du chef de l'État qui entend peser sur l'agenda de la prochaine commission.
01:32Mais pourquoi un discours aussi anxiogène, aussi catastrophique ?
01:35Quelles sont les menaces qui pèsent sur l'Europe ?
01:38La guerre, il le citait dans cet extrême et au-delà.
01:40Est-ce qu'effectivement l'Europe est aujourd'hui à un tournant ?
01:43Et pourquoi avoir choisi ce ton ?
01:45Est-ce qu'il y a aussi une dimension de stratégie politique et voire électoraliste dans cette prise de position ?
01:51Alexandre Achard, Bordes de Libération.
01:53Au fond, est-ce que vous pensez que le constat du président de la République est juste ?
01:56Est-ce que l'Europe, d'une manière ou d'une autre, est mortelle ou en tout cas en déclin éventuel ?
02:02Déclin, je ne sais pas. Mais mortelle, oui, assurément.
02:04Ça, c'est clair. Et ça, je partage totalement ce constat.
02:07Et je pense qu'Emmanuel Macron en a pris conscience tardivement, mais il en a pris conscience.
02:12On se souvient que son discours de 2017 a plutôt été validé par tous les événements qui se sont succédés.
02:22Cette envie, ce besoin de souveraineté de l'Europe.
02:26Il a été lent à comprendre que la Russie ne pouvait pas être un partenaire, ce qu'il avait espéré à un moment.
02:31Mais je crois qu'il a compris récemment qu'il y avait vraiment un vrai danger existentiel pour l'Europe.
02:37Alors, je pense qu'il y a deux dangers.
02:39Danger d'être rongé de l'intérieur, miné de l'intérieur par les extrêmes droites, par la montée des extrêmes droites.
02:46Et ça, les élections européennes, malheureusement, risquent de le valider.
02:49Et danger d'être attaqué de l'extérieur par notamment la Russie, dont il a dit que c'était le plus grand danger.
02:57Et donc, la nécessité de retrouver une espèce d'autonomie stratégique vis-à-vis des États-Unis, vis-à-vis de la Chine, de la Russie.
03:06Je pense que c'est un constat absolument... Pour moi, c'est un bon constat.
03:11J'ai trouvé cette première partie plutôt très intéressante.
03:14C'est la deuxième qui, à mon avis, a perdu... J'ai peur qu'elle ait perdu beaucoup de monde.
03:18Parce que très technique, pas très concernante.
03:21Et je pense que là, il s'est un petit peu égaré.
03:24C'était trop long et pas assez concernant.
03:28Je ne suis pas sûre que les gens, s'ils ont écouté jusqu'au bout, aient vraiment retenu l'essentiel de ce qui a été dit.
03:34Julie Marie-Leconte de France Info.
03:36À l'Élysée, on dit que c'est un discours anxiogène, on dit que c'est un discours réaliste. Qu'est-ce qu'on dit ?
03:40Un discours lucide. C'est à peu près toujours comme ça qu'est présentée la parole du Président de la République.
03:49Un discours lucide puisque, évidemment, l'entourage d'Emmanuel Macron met en avant le fait qu'en 2017, il était quasiment visionnaire.
04:01Je reprends les termes de l'entourage d'Emmanuel Macron.
04:06Et dans un raisonnement, d'ailleurs, qu'on peut interroger, ce qu'on pose, c'est qu'en 2017, il avait raison.
04:15Donc, aujourd'hui, il a de nouveaux raisons.
04:18Donc, il faut adhérer à ces thèses.
04:21Il y a deux niveaux, de toute façon, dans le discours d'Emmanuel Macron hier à la Sorbonne.
04:26Il s'adresse à ses homologues en vue de la préparation du prochain agenda stratégique.
04:33Et c'est probablement pour ça qu'il y a une deuxième partie si technique, si précise, où il perd les gens.
04:43Et puis, effectivement, la nécessité de remobiliser son camp menacé par un grand découragement.
04:50On se retrouve les informés dans un instant, juste après le Fil info de Claire Chekaglili, il est 9h10.
04:55Tensions grandissantes dans les agences de France Travail, ex-Pôle emploi.
05:01Un rapport interne pointe le record d'agressions physiques des salariés.
05:05143 l'an dernier, record aussi d'agressions verbales.
05:08Plus de 3500 en 2023.
05:11Les Français ont le moral en berne.
05:13Selon l'Insee, il s'est légèrement dégradé en avril.
05:16La proportion de ménage qui estime opportun d'épargner a progressé de 5 points.
05:20Il n'est pas trop tard pour que l'Ukraine l'emporte, estime le chef de l'OTAN.
05:24Mais pour Jens Soltenberg, encore faut-il que les Occidentaux fournissent davantage d'armes à Kiev.
05:29Il regrette que les promesses en la matière n'aient pas été tenues ces derniers mois.
05:33Les footballeurs nantais déconfient, après une neuvième défaite d'affilée à La Beaujoire la semaine dernière, en déplacement ce soir.
05:39A quatre journées de la fin du championnat de Ligue 1, les Canaries 14e affrontent les Montpellierains.
05:44Coup d'envoi à 21h dans un stade de la Mosson interdit aux supporters nantais.
05:59Les informés de Renaud Dehli avec Julie Marais-Lecomte de France Info et Alexandre Achfarth-Broft de Libération.
06:05Renaud Dehli, vous l'avez jugé absolument anxiogène ce discours.
06:13Je me sens même un petit peu angoissé.
06:16Vous en avez pensé quoi en vrai de vrai ?
06:18Je vais essayer de vous déjongler.
06:20Qu'est-ce qui manquait dans ce discours ?
06:22D'abord sur le constat, je partage ce que disait Alexandre Achfarth-Broft.
06:25Effectivement, je pense que c'est assez juste ce constat, qu'on n'en a pas forcément collectivement conscience.
06:30C'est-à-dire les fragilités, les failles de l'Europe et ce caractère mortel qui est mis en avant par Emmanuel Macron.
06:36Il y a d'une part les menaces intérieures au sein même de l'Union Européenne, portées en particulier par les partis d'extrême droite.
06:41Un peu partout en Europe, on les voit progresser.
06:44Avec d'ailleurs au passage un phénomène qui est quand même assez stupéfiant en France.
06:47On l'a vu encore hier à l'occasion de sa propre conférence de presse, qui n'était pas une conférence de presse.
06:51Le candidat planqué, le candidat furtif de cette campagne.
06:54Qui est parti avant les questions.
06:56Depuis le début de cette campagne, il ne fait pas campagne.
06:58De fait, d'ailleurs, il ne répond à aucune question.
07:00Mais l'extrême droite sait très bien d'ailleurs que c'est en général,
07:03moins elle fait campagne, plus elle a une possibilité de progresser.
07:06C'est un point de tactique, si j'ose dire.
07:10Ces dangers existent au sein de l'Union Européenne, puis ils existent évidemment autour.
07:13Il y a d'abord le danger de la guerre portée par Vladimir Poutine et la Russie.
07:16Il y a aussi un danger de décrochage économique en termes de croissance,
07:19au regard notamment des géants américains et chinois.
07:21Il y a un déclin démographique qui est réel de l'Union Européenne,
07:25au regard d'autres continents, etc.
07:27Ensuite, au-delà de ce constat, il pose, me semble-t-il, un problème à Emmanuel Macron.
07:33C'est qu'effectivement, il est difficile à la fois de porter ce constat, encore une fois juste,
07:37aujourd'hui, tout en disant qu'il avait raison, qu'il avait les bonnes intuitions
07:42lors du discours de Sorbonne 1, c'est-à-dire de septembre 2017,
07:45en plaidant pour la souveraineté européenne, notamment sur le plan industriel, sur le plan économique.
07:50Intuition, en grande partie juste, effectivement, qui ont été validées postérieurement
07:54par un certain nombre de crises, à commencer par la crise du Covid.
07:57Mais si ces intuitions étaient justes, et si l'Europe a avancé comme jamais ou presque depuis sept ans,
08:03c'est ce qu'a dit Emmanuel Macron hier,
08:05pourquoi en arrive-t-on là aujourd'hui, c'est-à-dire avec une Europe en danger de mort ?
08:09Tout ça pour ça, serait-on tenté de dire.
08:11Ça remet en cause, évidemment, la dimension performative, justement, de la parole présidentielle.
08:15Après, juste un tout dernier point.
08:17Effectivement, il faut se demander peut-être à qui s'adresse Emmanuel Macron avec ce discours d'hier.
08:21Je ne suis pas persuadé, en fait, qu'il s'adresse aux opinions en général,
08:26et plus particulièrement aux électeurs français.
08:28L'Élysée dit et répète depuis des jours et des jours que ce discours n'a absolument rien à voir
08:33avec la campagne difficile de Valérie Ayé,
08:35et que ce discours n'a pas vocation à servir la candidate.
08:39De ce point de vue-là, je pense que c'est assez réussi,
08:41parce que je ne suis pas sûr que ce discours relance la candidature de la liste Valérie Ayé.
08:46Je pense qu'il s'adresse davantage à ses partenaires européens, Emmanuel Macron,
08:49et notamment qu'il anticipe un éventuel retour de Donald Trump à la Maison-Blanche,
08:54qui dépourrait un peu plus l'Europe.
08:58On connaît l'incapacité européenne à se défendre toute seule, sans le parapluie américain.
09:02Il y a une dimension, il s'adresse, je pense, en grande partie à ses partenaires européens.
09:05Et juste un dernier point, c'est vrai qu'il a une vraie faculté d'adaptation à chaque fois,
09:08et on l'a vu notamment hier sur l'idée du bouclier anti-missile,
09:11qui n'est pas porté et initié par la France à l'origine, mais par l'Allemagne, par Olaf Scholz.
09:16Jusqu'à présent, l'Élysée était très réticente,
09:18et on a vu hier Emmanuel Macron faire un pas dans cette direction.
09:21Julie Marie Leconte, finalement, qu'est-ce qui se joue ?
09:23Est-ce que là, Emmanuel Macron, il a ouvert une...
09:25L'impact, il est à rebond, en réalité, de ce discours-là.
09:28Je pense que l'Europe est mortelle, cette phrase-là, elle va infuser dans l'opinion publique.
09:33Cette phrase-là, j'allais dire, elle fait la campagne.
09:36L'Europe est mortelle, c'est le point de départ de la réflexion qui va vous faire dire...
09:40C'est pas très enthousiasmant comme punchline.
09:42L'Europe est mortelle, Jean-Rémi Baudot, du coup, vous, quel est votre choix le 9 juin ?
09:47Vous, nos auditeurs, nos téléspectateurs.
09:49Voilà, l'Europe est mortelle, vous devez vous positionner.
09:51C'est ça qu'Emmanuel Macron dit.
09:53Ensuite, effectivement, ce discours, il vise à mobiliser, disons, pour faire vite,
10:03plutôt, les cadres de la campagne, qui considèrent, aujourd'hui, qu'Emmanuel Macron,
10:08d'une certaine manière, a posé les grands axes de ce que sera le programme de Valérie Ayé,
10:14qui, en réalité...
10:16Ah, donc c'était un peu un discours de campagne, quand même.
10:18Forcément, c'est la philosophie et c'est la vision que portent Emmanuel Macron,
10:24donc les macronistes, de l'Europe.
10:28C'est difficile de dissocier les deux, y compris si c'est un discours de chef de l'État,
10:34mais c'est vrai qu'on le sent, au siège de Renaissance,
10:38tout le monde est dans une ambiance un peu de morosité,
10:46je vous disais tout à l'heure, de découragement,
10:48ils ont besoin de partir en campagne.
10:50Bon, inconsciemment, tout le monde s'était dit,
10:53Emmanuel Macron va faire son discours de la sorbonne,
10:55et après, les choses vont commencer,
10:57indépendamment de savoir si c'est un discours de chef d'État
10:59ou un discours de directeur de campagne.
11:01Ce discours-là, il devait un peu donner le top départ, pour dire les choses vite.
11:05Il devait donner le top départ, mais est-ce qu'il manquait des choses,
11:07selon vous, Alexandra Schwarzbrot ?
11:09Oui, je pense qu'il manquait pas mal de choses,
11:11et notamment l'environnement.
11:13L'environnement était finalement assez peu présent.
11:15On est quand même à un moment crucial,
11:17et là, quand il a parlé de moment de bascule,
11:19alors on est vraiment à un moment de bascule,
11:21à plein de niveaux, au niveau stratégique, au niveau militaire,
11:24mais aussi au niveau climatique.
11:26Alors, il a beaucoup parlé de la décarbonation,
11:28mais c'était très technique.
11:30Il a très très peu parlé de la lutte indispensable
11:33contre le dérèglement climatique,
11:35et d'ailleurs, sur votre antenne hier,
11:37Claire Nouvian était invitée,
11:39et était, qui dirige l'ONG Bloom,
11:42de Défense des Océans, et était totalement accablée,
11:44et quand il a dit, par exemple,
11:46il faut produire plus, et vert,
11:48pour des écologistes,
11:50c'est totalement, ça n'a pas de sens, de produire plus et vert.
11:53Oui, mais lui, il arrive avec son logiciel de dire
11:55que la croissance peut permettre de régler la question.
11:57Oui, sauf que là,
11:59quand vous êtes vraiment sensible aux questions environnementales,
12:01vous savez que la croissance ne peut pas régler
12:03la question de l'environnement.
12:05Il n'a pas non plus parlé de la nécessaire réforme
12:08des institutions européennes,
12:10et ça, je pense que c'est absolument fondamental,
12:12parce que beaucoup, pourquoi les peuples
12:16ont perdu confiance en l'Europe ?
12:18Parce que les institutions européennes
12:20sont devenues assez peu démocratiques,
12:23elles se jouent dans un petit milieu,
12:26et qui, du coup, provoque
12:28tout ce qu'on a vu, tous les scandales
12:30de ces derniers mois.
12:32Sur les moyens de financer
12:34ces ambitions,
12:36il a parlé de possibilités d'emprunt
12:38de sommes pharaoniques,
12:40est-ce que c'est possible ?
12:42Est-ce que c'est viable ?
12:44Comment financer tous ces investissements
12:46qui vont permettre à l'Europe de devenir
12:48beaucoup plus forte, puissante ?
12:50Les trois axes, puissance, prospérité,
12:52évidemment, ça repose là-dessus,
12:55sur la prospérité,
12:57mais ce n'est quand même pas très solide
12:59sur les moyens, les capacités de financement.
13:03Je ne suis pas sûr que ce soit vraiment
13:05un discours de campagne à vocation électoraliste
13:07à court terme, d'ici le 9 juin.
13:09Je pense que globalement, le ton,
13:11et le constat posé, n'auront pas d'effet.
13:13Je ne pense pas qu'Emmanuel Macron
13:15s'adressait d'abord aux électeurs français,
13:17encore une fois, plus aux partenaires européens,
13:19sur un point, effectivement, à propos d'électoralisme.
13:21C'est celui qui vient de soulever Alexandre H. Roth.
13:23S'il évacue la question environnementale,
13:28c'est parce que ce n'est pas le moment.
13:30On le voit bien, partout, on n'a pas le moment
13:32d'un point de vue politique, d'un point de vue électoral.
13:34On le voit partout en Europe, les écologies
13:36sont sur la défensive, en recul.
13:38Le début de l'année a été plutôt marqué
13:40par la crise, pas uniquement à l'échelle française,
13:42mais à l'échelle européenne, la crise des agriculteurs.
13:45On voit bien que l'enjeu environnemental,
13:48qui est évidemment déterminant, aujourd'hui,
13:50est passé au second plan, globalement,
13:52dans l'ensemble des opinions publiques européennes.
13:54Je pense que là...
13:56Oui, même s'il a aussi la Suisse adaptée.
13:58Il a évoqué, effectivement, le pacte vert
14:00qui a été adopté sous la précédente commission.
14:02Mais ce n'est pas dans son ADN.
14:04Est-ce qu'on n'attend pas trop à ce discours, au fond ?
14:06Est-ce qu'on n'a pas attendu ce discours
14:08comme une espèce de tournant ?
14:10Il a été présenté comme ça.
14:12Vous faites un discours d'1h50
14:14qui se veut très complet.
14:16Est-ce qu'on en attend de quelque chose ?
14:18Mais il n'a jamais été présenté comme un tournant,
14:20officiellement, par l'Élysée,
14:22pour la campagne électorale du 9 juin.
14:24C'est nous qui en avons fait, effectivement.
14:26Alors, évidemment, il tombe à ce moment-là,
14:28ce qui est assez logique aussi,
14:30puisque la commission arrive en fin de mandat
14:32et qu'une autre commission va être élue.
14:34Il peut avoir, évidemment, un impact.
14:36Mais quand on écoute vraiment, me semble-t-il,
14:38et la tonalité et le détail,
14:40je ne suis pas sûr, effectivement,
14:42que ce n'est pas un discours enthousiasmant
14:44ou une forme d'avertissement sonore.
14:46Et juste un dernier point sur les questions
14:48de moyens et d'investissement,
14:50souligné par Alexandre Schwarzbrot.
14:52Cette dimension, justement, comment investir davantage,
14:54donc comment emprunter, y compris en mutualisant
14:56nos emprunts, comme ça avait été le cas,
14:58notamment au sortir de la crise Covid.
15:00Là, ça pose une autre question.
15:02Vous allez voir, Jean-Rémi Baudot,
15:04je vais vous aider pour votre transition.
15:06Ça pose évidemment la question de savoir
15:08si la France est en état elle-même
15:10d'initier une mécanique, une dynamique,
15:12et à quel émiteur des finances publiques françaises.
15:14Et ça tombe très bien, Renaud Delis.
15:16On va en parler dans un instant des finances publiques
15:18à travers la question de la note de la dette française.
15:20Remise en cause, remise en question en tout cas
15:22par deux agences de notation d'ici à ce soir.
15:24On en parle dans un instant.
15:26Les informés, on se retrouve juste après le Fil Info,
15:289h21 sur France Info.
15:30Et justement, l'élève France va-t-elle échapper
15:32à une dégradation de sa note,
15:34rendue de la copie des agences Fitch et Moody's
15:36aujourd'hui ? Mauvais point pour Bercy,
15:38un dérapage du déficit à 5,5% du PIB
15:40contre 4,9 envisagés
15:42il y a quelques semaines encore.
15:44Que les entreprises qui veulent stocker du CO2
15:46lèvent le doigt. Le ministre de l'Industrie
15:48va lancer aujourd'hui un appel à
15:50manifestation d'intérêt. Les sociétés
15:52ont jusqu'en juin pour se faire connaître.
15:54Le gouvernement prévoit de retenir 4 ou 5 sites
15:56les autorités cibles d'anciens gisements
15:58pétroliers ou en fin d'exploitation.
16:00L'indignation des femmes qui avaient
16:02témoigné contre Harvey Weinstein,
16:04l'ex-fondateur de Miramax, a obtenu
16:06l'annulation d'une de ses condamnations
16:08pour viol et agression sexuelle,
16:10décision d'une cour d'appel de New York hier.
16:12Selon les juges, il n'aurait pas bénéficié
16:14d'un procès équitable. L'ancien producteur
16:16aux plus de 80 Oscars continuera
16:18quoi qu'il en soit de purger une autre peine
16:20pour des faits similaires.
16:22La flamme olympique remise à Tony Estanguet,
16:24président du comité d'organisation
16:26des Jeux des JO, cérémonie ce soir
16:28à Athènes, dans le stade qui accueillit
16:30les premiers Jeux durant l'Antiquité.
16:32La torche embarquera demain sur le BLM
16:34direction Marseille.
16:37France Info
16:40Les informés, Renaud Delis,
16:42Jean-Rémi Baudot
16:46Le monde de la finance retient son souffle.
16:48D'ici ce soir, après les marchés américains,
16:50deux agences de notation vont
16:52rendre leur verdict sur
16:54la note française.
16:56Renaud Delis, la France est sous
16:58la menace d'une dégradation. Qu'est-ce que ça change ?
17:00Et oui, tous les six mois, c'est un peu une torture
17:02pour Bruno Le Maire de l'économie et des finances.
17:04Les agences de notation rendent leur
17:06verdict sur l'évolution
17:08sur la note financière de la France.
17:10Ce soir, ce sera le tour des agences
17:12Fitch et Moody's.
17:14Est-ce qu'au regard de la dégradation des comptes
17:16publics, des déficits qui se sont dangereusement
17:18creusés encore en 2023,
17:20du poids de la dette qui s'alourdit,
17:22la France redoute
17:24une dégradation de sa note financière ?
17:26Pas du tout. Écoutez Bruno Le Maire
17:28qui affichait hier
17:30une grande sérénité.
17:32Les agences de notation font leur travail.
17:34Moi, je fais mon travail de ministre de finances
17:36qui consiste à rétablir les comptes
17:38publics, à atteindre les 3%
17:40de déficit en 2027,
17:422,9% très exactement,
17:44avec une stratégie
17:46de rétablissement des finances publiques
17:48ferme et sereine.
17:50Stratégie ferme et sereine, certes, mais pas
17:52forcément extrêmement précise, en tout cas au regard
17:54d'un grand nombre d'observateurs, y compris d'ailleurs
17:56Pierre Moscovici,
17:58le premier président de la Cour des comptes,
18:00considère que la trajectoire
18:02financière définie pour les années
18:04à venir et pour ramener le déficit sous
18:06ce seuil des 3% n'est pas très
18:08crédible. Est-ce qu'aujourd'hui, donc,
18:10ces deux agences, Fitch et Moody's,
18:12vont dégrader la note financière de la France
18:14et quelles seraient les conséquences
18:16d'une telle décision, sur le plan économique
18:18et financier d'une part, et puis sur le plan politique ?
18:20Alors, est-ce qu'elles vont le faire ? On le saura d'ici ce soir
18:22et vous le suivrez évidemment sur France Info.
18:24Que pourrait-il se passer au cas où la France
18:26s'était dégradée ? Alexandre Achoise-Brod,
18:28à Libération, qu'est-ce qu'on en pense ?
18:30Alors, les conséquences seraient
18:32surtout politiques, parce qu'économiquement,
18:34c'est un avis.
18:36Alors, c'est vrai qu'elles sont importantes
18:38pour... Elles donnent
18:40la confiance des marchés
18:42dans l'économie française, c'est très important
18:44à ce niveau-là. Mais, il ne va pas
18:46se passer tout à coup un effondrement.
18:48En fait, on reste quand même très très haut dans les
18:50notes. Non, non, mais en plus, le problème
18:52c'est que politiquement, c'est vrai qu'à un mois
18:54et demi des élections européennes, objectivement,
18:56ça la fout mal. C'est pas très
18:58bon pour Emmanuel Macron,
19:00pour Bruno Le Maire. Je pense que c'est pas très
19:02bon pour Bruno Le Maire non plus. On sait que
19:04on sait que les
19:06relations sont tendues entre Emmanuel
19:08Macron et lui, Bruno Le Maire qui a de grandes
19:10ambitions politiques. Mais bon, les ambitions
19:12de Bruno Le Maire, ça c'est pas tellement
19:14notre priorité. Non, ce qu'il faut quand même
19:16rappeler, et ça justement,
19:18on l'a écrit dans Libé et je trouve que c'est hyper intéressant,
19:20c'est que
19:22ces agences de notation autoproclamées
19:24se sont lourdement trompées
19:26par le passé. Et ça, on a tendance
19:28à l'oublier. Pendant les subprimes notamment. Voilà.
19:30Elles n'ont pas vu venir la crise asiatique de 1997,
19:32ni les scandales financiers
19:34du début des années 2000, c'est-à-dire
19:36Enron, Parmalat, ni surtout
19:38la crise des subprimes. Et pire que ça,
19:40elles ont également contribué
19:42à précipiter la Grèce et le Portugal
19:44au bord du gouffre il y a 15 ans. Donc,
19:46c'est pas l'alpha et l'oméga ces agences de notation.
19:48Il faut quand même rester relativement zen.
19:50Cela dit,
19:52il reste qu'il y a un vrai, vrai problème
19:54quand on pense que la dette française
19:56a dépassé les 110% du PIB,
19:58ce qui équivaut à plus d'une année
20:00d'activité économique. C'est énorme.
20:02Ce que vous mettez en avant, c'est qu'effectivement, on peut toujours se plaindre
20:04du thermomètre. La question, c'est quelle est la fièvre
20:06du malade France et de sa dette.
20:08Les conséquences économiques
20:10et financières, effectivement, comme on dit, les marchés
20:12ont déjà un peu pricé, comme on dit dans le milieu.
20:14Donc, ils ont déjà
20:16anticipé une éventuelle baisse des taux.
20:18Mais c'est vrai que, comme Alexandre le disait,
20:20Julie-Marie Lecomte, ça la fout mal
20:22pour Emmanuel Macron, pour Bercy,
20:24pour Bruno Le Maire.
20:26Parce que, bien évidemment, les oppositions vont
20:28immédiatement s'engouffrer dans la brèche.
20:30D'ailleurs, on va le voir
20:32dès lundi et mardi prochains
20:34puisque lundi et mardi,
20:36il va y avoir un débat
20:38à l'Assemblée,
20:40puis au Sénat le lendemain.
20:42C'est un formidable angle
20:44d'attaque pour tous ceux qui
20:46veulent dire
20:48qu'Emmanuel Macron,
20:50qui avait été présenté
20:52comme le petit prince
20:54de la finance, Bruno Le Maire,
20:56comme celui qui saurait
20:58tenir les comptes, etc., ont échoué.
21:00Sauf qu'en fait, très concrètement, Emmanuel Macron,
21:02il n'a pas été très proactif sur la baisse des dépenses, par exemple.
21:04Ça va être un débat strictement politique.
21:06Un ministre me disait, ce que détestent
21:08les marchés,
21:10c'est les surprises, en réalité.
21:12Là,
21:14on connaît
21:16la situation économique.
21:18La France ne va pas
21:20décrocher
21:22demain matin.
21:24Elle pourra continuer
21:26à emprunter,
21:28mais le débat qui va se poser
21:30politiquement, c'est emprunter
21:32pour continuer à faire quoi ? Quels investissements ?
21:34Et c'est ce débat-là qui s'ouvre
21:36aujourd'hui.
21:38Effectivement, un débat politique avec un débat de posture, très clairement,
21:40puisque, effectivement, la situation
21:42des comptes publics est calamiteuse
21:44et n'a cessé de se dégrader
21:46ces dernières années. Et d'abord, le poids de la dette, qui est d'ailleurs
21:48le principal critère, en règle générale, qui est mis en avant
21:50par les agences de notation. Rappelons d'ailleurs que, peut-être que
21:52l'échéance la plus risquée, y compris d'un point de vue politique
21:54pour le gouvernement, ce sera la décision de
21:56Steinler & Poor's à la fin du mois de mai, le 27 mai,
21:58c'est-à-dire quelques jours avant
22:00les élections européennes.
22:02Les oppositions, évidemment, vont se jeter vers
22:04et elles auraient tort de ne pas le faire,
22:06sur une éventuelle dégradation de l'année financière de la France.
22:08Sauf que, pour ce qui est de la droite
22:10elle-même, lorsqu'elle était au pouvoir,
22:12elle a creusé largement ses déficits et ses dettes.
22:14Et par exemple, ça, la majorité le rappelle,
22:16elle n'a pas voté, les députés LR n'ont pas voté
22:18la réforme des retraites, qui était supposée
22:20justement, aussi, ramener de l'argent.
22:22Et puis, pour ce qui est de la gauche, évidemment,
22:24c'est difficile de dénoncer à la fois
22:26la dette qui s'alourdit,
22:28les déficits qui se creusent,
22:30et l'austérité, la soi-disant
22:32austérité portée par
22:34le gouvernement. Et effectivement,
22:36on voit bien que, en la matière, Emmanuel Macron
22:38est, quand même, depuis pas mal d'années,
22:40très largement dépensier.
22:42Bon, la note de la France, on y reviendra aussi
22:44dans les informés, ce soir, les informés à 20h.
22:46Et demain, les informés de l'Echo, à 9h40
22:48sur France Info Radio. Évidemment, ce sera
22:50au coeur de notre actualité, puisque
22:52ça tombe ce soir en fin de soirée.
22:54Merci beaucoup, les informés. Alexandra Chasbrode,
22:56à la Une de Libération, aujourd'hui.
22:58Ah oui, Laurent Cantet,
23:00la mère de Laurent Cantet, qui était
23:02très appréciée à l'UB. On a fait une
23:04super une, voilà.
23:06Et super papier de Didier Perron,
23:08qui le connaissait bien.
23:10Merci beaucoup, Julie-Marie Lecomte, aussi
23:12chef du service politique de France Info. Renaud Delis,
23:14on vous retrouve la semaine prochaine pour de nouvelles aventures.
23:16Et pour l'heure, il est 9h29 sur France Info.