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Tous les jours, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély.

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00:00Générique
00:10Bienvenue dans Les Informés, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur France Info Télé, le canal 27 de la TNT avec Renaud Delis.
00:17Bonjour Renaud.
00:18Bonjour Salia.
00:18Et bonjour à nos informés du jour, Jean-Dominique Merchet, journaliste à l'opinion spécialiste des questions de défense.
00:24Bonjour Jean-Dominique.
00:25Bonjour.
00:25Et à vos côtés François Bodonnet, rédacteur en chef de la rédaction européenne de France Télé.
00:31Bonjour.
00:31Bonjour François. Renaud Delis, on revient tout de suite sur l'intervention du chef de l'État hier.
00:35Une intervention hier soir à la télévision, effectivement à la veille d'un conseil européen décisif qui se réunit aujourd'hui.
00:41Une allocation solennelle d'Emmanuel Macron d'une douzaine de minutes.
00:44Sa première intervention d'ailleurs depuis ses voeux du 31 décembre.
00:47Sauf que depuis, depuis ses voeux, le monde a changé en quelque sorte.
00:51Plus précisément depuis l'investiture de Donald Trump à la Maison-Blanche.
00:55Parce qu'en cinq semaines, le président américain a déjà chamboulé l'ordre international.
01:00En humiliant publiquement le président Zelensky, on l'a vu.
01:02En suspendant l'aide américaine à l'Ukraine.
01:05Et puis aussi en se rapprochant des positions de Moscou et de Vladimir Poutine.
01:09Vladimir Poutine, la Russie sur laquelle Emmanuel Macron a alerté hier soir.
01:17La Russie est devenue, au moment où je vous parle et pour les années à venir, une menace pour la France et pour l'Europe.
01:24Je le regrette très profondément.
01:26Alors face à ce monde de danger, rester spectateur serait une folie.
01:30Il s'agit sans plus tarder de prendre des décisions pour l'Ukraine, pour la sécurité des Français, pour la sécurité des Européens.
01:38Jamais sans doute Emmanuel Macron n'avait pointé de façon aussi précise et claire le danger russe directement.
01:44Pour les Européens et aussi pour la France et non pas seulement pour l'Ukraine.
01:48Une menace russe contre laquelle donc il veut alerter et décréter en quelque sorte une mobilisation générale.
01:54Et puis un effort de réarmement massif.
01:56Le temps de l'innocence est révolu, a notamment dit le chef de l'État.
02:00Alors est-ce qu'il a réussi cet exercice consistant à essayer de mettre en œuvre une forme de prise de conscience collective de l'opinion.
02:08Et en même temps essayer de rassurer cette opinion en disant que les efforts militaires de la France seraient à la hauteur de ces nouveaux défis.
02:15François Baudonnet c'est un président grave qui s'est présenté aux Français hier.
02:19Oui et je ne sais pas si l'objectif c'était de rassurer.
02:23Moi je trouve qu'il y avait un côté très anxiogène au contraire dans cette déclaration.
02:28Ce qui est frappant c'est qu'en fait il a dit en l'espace de 14 minutes je crois,
02:32tout ce qu'on savait lorsqu'on suit de près un peu la guerre en Ukraine et les aspects de défense européenne.
02:40Il a repris sans les citer en particulier le risque qui a été mis en avant par les services de renseignement européens.
02:48Les services de renseignement allemands tout d'abord c'était il y a 6 mois puis danois plus récemment.
02:53Et là ce qui est frappant c'est que donc il met en avant cette menace russe.
02:58Il faut quand même se souvenir qu'il y a exactement 3 ans c'est le même Emmanuel Macron qui disait il ne faut pas humilier la Russie.
03:04C'était en mars 2022.
03:05Donc là il y a un glissement.
03:06Alors ça a été progressif parce qu'au début on s'en souvient il a beaucoup parlé avec Vladimir Poutine
03:12et puis ensuite plus récemment évidemment il a changé d'avis.
03:16Mais là c'est vraiment très important parce qu'encore une fois c'est une allocution télévisée
03:20donc il y a un côté extrêmement solennel et c'est effectivement dire aux Français
03:23attention on est entré dans une autre ère et la Russie est une menace pour la France.
03:28Il avait besoin de faire prendre conscience aux Français en fait que le danger était là,
03:33Jean-Dominique Merchet, que la Russie nous menaçait.
03:36Oui mais il y a un paradoxe dans cette intervention du président hier soir.
03:41C'est qu'au fond la Russie ne nous menace pas plus aujourd'hui qu'elle nous menaçait il y a 3 ans.
03:46Même peut-être encore moins puisque visiblement la guerre va peut-être sans doute s'arrêter en Ukraine.
03:53Il y avait un absent dans ce discours, c'était Donald Trump.
03:58Parce que ce qui a changé depuis ces dernières semaines c'est pas la Russie,
04:04c'est pas la posture agressive de la Russie.
04:06Dans le concept de l'OTAN par exemple, qui nous engage en tant qu'alliés dans l'OTAN,
04:12la Russie est très clairement décrite comme la menace principale qui pèse sur nous depuis des années.
04:17En revanche ce qui change c'est l'élection, l'arrivée de Donald Trump.
04:21Et le président a été assez discret là-dessus.
04:24Il dit je veux croire que les Etats-Unis resteront à nos côtés,
04:27mais il nous faut être prêts au cas où ça ne serait pas le cas.
04:30Enfin c'est ça la phrase.
04:31Mais on voit bien qu'il marche sur des oeufs parce qu'on ne va pas,
04:35parce qu'on ne peut pas se fâcher avec les Etats-Unis.
04:39Et donc il voulait rassurer les Français d'une certaine manière.
04:43Je ne suis pas sûr qu'il y soit parvenu.
04:45Il voulait sonner le toxin sans doute en disant
04:47écoutez oui on risque d'être lâchés par les Américains
04:52et dans ce cas-là la menace russe on devra la gérer tout seul.
04:55Mais du coup préparer les esprits à ce qui va se passer,
04:58à savoir les efforts qu'il va falloir faire pour préparer cette Europe de la défense qu'il veut.
05:02Parce qu'il y a deux interlocuteurs évidemment dominants aujourd'hui sur ce conflit.
05:08C'est Vladimir Poutine d'une part,
05:10qui a cette menace russe qu'il met en scène,
05:13sur laquelle il insiste dans toutes ses dimensions d'ailleurs.
05:16C'est aussi la première fois qu'il explique aussi clairement
05:20que Vladimir Poutine a déjà transformé selon lui ce conflit en Ukraine,
05:23en conflit mondial notamment parce qu'il y a des soldats nord-coréens
05:26ou des armements iraniens,
05:27que la Russie exécute des adversaires politiques
05:31au sein même de l'Union européenne,
05:34des adversaires politiques de Vladimir Poutine, etc.
05:36Mais il ne met pas sur le même plan, évidemment,
05:39Vladimir Poutine et Donald Trump.
05:41Ce qui explique l'indulgence à l'endroit du président américain.
05:44Parce qu'il y a aussi toujours, et on retrouve d'ailleurs en quelque sorte,
05:46et François Baudinet faisait allusion tout à l'heure,
05:48cette volonté d'Emmanuel Macron de maintenir le plus longtemps possible
05:51un canal de discussion au cas où ça pourrait marcher.
05:54Si j'ose dire, sur un malentendu, ça peut peut-être marcher avec Donald Trump,
05:58on peut peut-être le garder à nos côtés, mais rien n'est moins sûr.
06:01Et ça Emmanuel Macron a été assez clair là-dessus.
06:04Jusqu'au bout, il veut entretenir une discussion avec Donald Trump
06:08pour le maintenir comme un allié fiable,
06:11sur le plan militaire, sur le plan commercial aussi.
06:13Il a expliqué qu'il allait continuer à expliquer à Donald Trump
06:16que ce n'était pas bon pour l'Europe, évidemment,
06:18mais pas non plus pour l'économie américaine.
06:20Mais on voit bien qu'il commence à douter de sa force de persuasion
06:24à l'endroit du président américain.
06:25Il faut souvenir d'ailleurs que lors du premier mandat de Donald Trump,
06:28il s'était fait fort de maintenir Donald Trump
06:31au sein de l'accord de Paris sur le climat à l'occasion d'une visite à Washington,
06:34et qu'à peine de repartir, Donald Trump en était sorti.
06:36Mais c'est la question, est-ce qu'on peut encore faire confiance aux Américains ?
06:39Est-ce qu'on peut encore les considérer comme des alliés ?
06:41Ou des adversaires, pas des ennemis, ça c'est sûr,
06:43mais c'est vrai que c'est la question.
06:46Et pour revenir à ce que disait Jean-Dominique Merchet tout à l'heure,
06:49je crois que c'est vrai que ce qui a changé,
06:51qui était finalement assez peu évoqué hier soir,
06:53c'est le fait qu'en fait Donald Trump ait maintenant adopté
06:57exactement le même discours que Vladimir Poutine,
07:00qu'il a lâché ce qu'on craignait, il a lâché l'Ukraine.
07:03Alors certes, c'est une pause dans la livraison d'armes, mais c'est ça.
07:06Mais malgré tout, je crois quand même que depuis trois ans,
07:09le risque de la Russie est plus important.
07:12Alors certes, ils sont absolument incapables d'attaquer aujourd'hui un pays de l'OTAN,
07:18parce que l'armée russe n'est pas au mieux de sa forme,
07:22ils n'arrivent pas à prendre l'Ukraine,
07:24donc on les voit mal par exemple prendre la Pologne, c'est vrai.
07:27Mais ce qu'a rappelé aussi le président de la République,
07:29c'est qu'en fait, ils sont en train de s'armer encore plus,
07:32300 000 soldats russes supplémentaires.
07:36Donc ce que craignent toutes les chancelleries européennes,
07:39c'est qu'il y ait effectivement une pause dans le conflit,
07:42une pause dans la guerre, ce qui permettrait à l'armée russe
07:45de se reconstituer, d'avoir du matériel peut-être plus performant,
07:49pour ensuite, d'ici deux ou trois ans, peut-être attaquer,
07:53si ce n'est la Moldavie, mais peut-être les pays baltes.
07:55Une question quand même sur le timing de cette prise de parole
07:57du président de la République, le matin même, dans la nuit,
08:01et ça se passait aux Etats-Unis, le discours du président Trump,
08:05qui lui avait annoncé que les liens étaient rétablis en fait
08:09avec l'Ukraine, que les négociations pouvaient reprendre.
08:14Donc la prise de parole du président Macron, juste après,
08:18pour dire on est menacé, il va falloir faire un effort là,
08:20on ne comprend pas trop le calendrier.
08:22Oui, écoutez, la France...
08:24Les liens étaient rétablis avec la Russie, ce que vous voulez dire ?
08:26Que Donald Trump disait qu'il y avait un lien rétabli avec la Russie,
08:28et pas avec l'Ukraine ?
08:29La France, comme les Européens d'ailleurs, cherche à avoir
08:32même pas un siège, un strapontin, autour de la table des négociations,
08:36et pour l'instant, nous n'y sommes pas.
08:38Les négociations vont reprendre, elles vont reprendre à Riyad,
08:41en Arabie Saoudite, et on n'y est pas.
08:43Donc effectivement, il y a une sorte de forcing,
08:45c'est pour ça qu'il y a toutes ces réunions,
08:46il y a tous ces déplacements, pour dire on veut parler.
08:49Alors effectivement, l'intervention d'hier soir,
08:52elle arrive entre le fait que Volodymyr Zelensky,
08:57le président ukrainien, a été obligé de céder à Donald Trump,
09:02il va retourner aux Etats-Unis, il va signer l'accord,
09:04il s'est quasiment excusé de la séquence de vendredi dernier,
09:09en disant ça n'aurait pas dû se passer comme ça,
09:11il faut qu'on rétablisse les liens, etc.
09:13Et le sommet européen de ce matin, d'aujourd'hui, à Bruxelles,
09:18où on a beaucoup de mal, en réalité, à trouver une position,
09:23peut-être commune, mais en tout cas, si elle est commune,
09:25elle ne sera pas forte.
09:26Parce que justement, il y a des désaccords,
09:29et notamment des accords avec les Hongrois,
09:31qui pourraient toucher.
09:33Viktor Orban était hier soir à Paris.
09:36Donc effectivement, c'est un moment compliqué pour les Européens,
09:39parce qu'on se rend compte qu'on n'a pas beaucoup de cartes dans notre jeu,
09:43et donc on joue des cartes, on joue.
09:46Le président a joué une carte médiatique,
09:48en disant des phrases très très fortes,
09:52trop fortes sans doute,
09:54comme si la patrie a besoin de vous,
09:57comme si les chars russes étaient face au pont de Kehl à Strasbourg.
10:02On en est quand même loin,
10:03on n'est pas à la veille d'une guerre avec la Russie.
10:06Et au contraire, on est peut-être même à la veille
10:08d'une cessation de la guerre sur les territoires européens.
10:11Donc tout ça est assez, comment dire,
10:14ça tangue un peu, pour dire les choses.
10:17Cette réunion des Européens qui a lieu aujourd'hui,
10:19justement pour parler effectivement de la suite du conflit en Ukraine,
10:22de la paix, et de l'Europe de la défense,
10:24on en parle juste après le Fil info de Maureen Swiniar à 9h16.
10:28Le ministre des Armées affirme ce matin
10:30que la France fournit du renseignement militaire à l'Ukraine,
10:33annonce alors que les Etats-Unis ont suspendu cet échange d'informations.
10:37Le ministre déclare aussi que les budgets des armées
10:40pourraient atteindre 90 milliards d'euros par an.
10:43Il est de 50,5 milliards d'euros actuellement en France.
10:47Ces annonces interviennent au lendemain de la prise de parole du chef de l'Etat,
10:50suivie par 15 millions de téléspectateurs.
10:53Emmanuel Macron estime que la Russie est devenue une menace
10:56pour la France et pour l'Europe.
10:58Un sommet européen extraordinaire se déroule aujourd'hui à Bruxelles,
11:01en présence du président ukrainien.
11:03Volodymyr Zelensky affirme ce matin que du personnel humanitaire étranger
11:07a été touché par des frappes russes pendant la nuit.
11:10Il exhorte aussi ses alliés à ne pas relâcher la pression sur la Russie.
11:13C'est une information France Info.
11:15Quatre nouvelles familles vont assigner TikTok en justice.
11:18Elles accusent le réseau social d'exposer les enfants
11:21à des contenus qui les met en danger, voire les poussent au suicide.
11:24Cette famille avait déposé un recours collectif, c'était en novembre dernier.
11:28Et c'est une nouvelle conséquence du réchauffement climatique.
11:31La banquise n'a jamais été aussi réduite pour un mois de février.
11:35L'équivalent de quatre fois la France en surface a disparu depuis la fin du XXe siècle,
11:40selon l'Observatoire européen du climat.
11:55Et les informer continue avec Jean-Dominique Merchet,
11:57journaliste à l'Opinion, spécialiste des questions de défense,
11:59avec François Bodonnet, rédacteur en chef de la rédaction Europe de France Télé.
12:03Renaud Delis, avant de passer au Sommet européen qui a lieu aujourd'hui,
12:06juste un dernier mot sur l'allocution d'Emmanuel Macron hier.
12:09Il a appelé à l'unité.
12:11Justement, Jean-Dominique Merchet disait à l'instant
12:13ça tanguait un peu dans la démonstration du chef de l'État.
12:16Pourquoi ? Parce qu'effectivement la menace russe n'est pas imminente.
12:19La France n'est pas sur le point d'être envahie par la Russie.
12:21Et en même temps, Emmanuel Macron voulait enclencher ce mouvement
12:25de réarmement, ces efforts financiers massifs à plus long terme.
12:30Ce qui explique d'ailleurs son argumentaire sur la menace russe
12:34qui devrait croître selon lui dans les années à venir.
12:36Mais comment financer cet effort de réarmement sur le plan national
12:42pour amener les dépenses militaires qui sont de l'ordre de 2% du PIB
12:47aujourd'hui à 3,5% ?
12:49Là-dessus, Emmanuel Macron n'avait pas de réponse.
12:52Il évoque la mobilisation d'investissements de fonds privés,
12:56mais aussi la nécessité de faire des choix, des efforts.
12:59Il faudra du courage.
13:01Et il appelle à l'unité nationale.
13:04Il invite d'ailleurs les partis et syndicats à formuler eux-mêmes
13:07des propositions.
13:08On le voit déjà avec les premières réactions politiques.
13:10De ce point de vue-là, l'unité nationale sera probablement
13:13inaccessible évidemment, puisqu'il s'agit de tailler
13:16un certain nombre de dépenses pour financer cet effort de guerre.
13:19Nombre d'opposants ne seront pas d'accord.
13:23À l'échelle européenne, l'enjeu est un petit peu différent.
13:28Et c'est d'ailleurs ce qui va se poser aujourd'hui à Bruxelles,
13:30parce que le financement de réarmements massifs
13:33à l'échelle européenne conduit l'Europe à envisager
13:36de s'affranchir d'un certain nombre de règles budgétaires,
13:39l'Europe en général et l'Allemagne en particulier d'ailleurs,
13:41qui a déjà opéré un tournant décisif ces dernières heures.
13:44Voici l'enjeu sur le plan financier de ce Conseil européen,
13:48selon Emmanuel Macron hier soir.
13:51Nous franchirons des pas décisifs.
13:54Plusieurs décisions seront prises que la France proposait
13:56depuis plusieurs années.
13:58Les États membres pourront accroître leurs dépenses militaires
14:01sans que cela soit pris en compte dans leur déficit.
14:04Des financements communs massifs seront décidés
14:07pour acheter et produire sur le sol européen
14:10des munitions, des chars, des armes,
14:13des équipements parmi les plus innovants.
14:16Il parle de financements communs massifs.
14:18On sait qu'il y a un plan de 800 milliards d'euros
14:20qui est sur la table.
14:21C'est ce qu'avait annoncé Ursula von der Leyen,
14:23la présidente de la Commission européenne.
14:25Cet après-midi, il va être question de ça ?
14:27Oui, il va être question de ça.
14:29Il va être question de gros sous.
14:31Et il va être question également d'une liste,
14:34encore une fois, de matériel d'armement prioritaire
14:38que l'Europe devra financer.
14:42En gros, sur la défense européenne,
14:45c'est-à-dire l'industrie de défense européenne
14:47que nous avons aujourd'hui est plutôt bonne.
14:49Nous avons des industriels qui sont performants.
14:52Mais il y a des lacunes.
14:55Il y a des choses sur lesquelles on est moins présent.
14:58Sur les missiles, Jean-Dominique Mercier connaît ça par cœur.
15:01Sur les missiles, il y a d'autres aspects.
15:03Sur les drones, par exemple, on n'est pas très bon.
15:04On a vu que la guerre d'Ukraine
15:06est une guerre qui se fait beaucoup sur les drones.
15:08Ce qui va être aussi décidé cet après-midi,
15:11c'est de savoir cet argent dont vous venez de parler,
15:15ces 800 milliards.
15:16Il y a un peu de tout dans ces 800 milliards.
15:17Il y a du prêt à 150 milliards.
15:19C'est les efforts des États.
15:20Il faut quand même être extrêmement prudent.
15:21Parce qu'il y a un effet d'annonce
15:23qui vient dans un calendrier bien déterminé.
15:26L'objectif, ça va être de voir vers quoi on va flécher
15:31cette somme qui est effectivement importante.
15:34Alors que l'Allemagne, par exemple,
15:36a annoncé qu'elle allait sortir de son frein à la dette
15:41pour investir 500 milliards d'euros.
15:44Pas uniquement sur la défense, mais quand même 500 milliards d'euros.
15:47À peu près une centaine de milliards d'euros par an
15:50sur la défense, ce qui est absolument gigantesque,
15:53en plus pour l'Allemagne.
15:54Donc si on met de côté juste, Jean-Georges Dominique,
15:56les efforts que vont faire chacun des États,
15:58juste sur le principe, là on parle d'effectivement des armes,
16:02de la production d'armes, mais sur les achats des armes,
16:04déjà les Européens ne sont pas du tout unis.
16:07On voit que les Allemands, par exemple, achètent des F-35 américains.
16:11Quand on regarde les commandes européennes,
16:13chacun en fait, c'est chacun pour soi.
16:15Alors, oui et non.
16:17C'est-à-dire que, si on prend ce qui s'est passé au cours des dernières années,
16:21en gros, les Européens se fournissent pour moitié
16:26auprès de leur propre industrie.
16:28Un peu plus de 50%.
16:30Et ils achètent pour à peu près un tiers, 35%,
16:33de matériel aux Américains.
16:35Voilà, c'est à peu près les volumes.
16:37Donc, oui, ils achètent du matériel,
16:41on achète du matériel américain, y compris les Français d'ailleurs.
16:44Par exemple, les catapultes du prochain porte-avions,
16:46un milliard, quand même, d'euros seront achetés aux États-Unis.
16:50Donc, on achète du matériel aux Américains.
16:52Pourquoi on achète du matériel aux Américains ?
16:53Pour deux raisons.
16:54D'abord, parce que, parfois, on ne sait pas le fabriquer nous-mêmes.
16:58Parfois, il n'est pas disponible en Europe.
17:00Puis surtout, pour un certain nombre de pays,
17:02acheter du matériel américain, c'est maintenir les Américains à bord.
17:06C'est-à-dire maintenir les Américains en Europe.
17:08C'est un choix politique.
17:10Si on veut que les États-Unis continuent à assurer la défense de l'Europe,
17:14y compris avec leur dissuasion nucléaire,
17:16il faut qu'on achète ça.
17:18Et le prix de ça, c'est l'achat de matériel américain.
17:21Mais quand on voit l'attitude des Américains aujourd'hui,
17:23est-ce qu'on doit continuer à acheter américain ?
17:25Oui, mais c'est ça.
17:27Toute la question est là.
17:28La question est de se dire,
17:29si vous êtes un responsable d'un pays moyen ou d'un petit pays européen
17:33qui n'a pas d'armement nucléaire, par exemple,
17:35est-ce que vous prenez le risque de vous fâcher encore plus avec Donald Trump
17:39ou est-ce que vous essayez, au contraire, de le séduire encore plus ?
17:43C'est ça la question.
17:44On est quasiment dans la psychologie.
17:46Est-ce que je dis à Donald Trump,
17:49écoute, tu nous embêtes et je ne vais pas acheter ton matériel
17:53parce que je vais préférer acheter du matériel aux Français, par exemple,
17:56ou est-ce que je vais lui dire,
17:57ah non, non, non, monsieur le Président,
17:59j'aime vraiment beaucoup la qualité de vos matériels
18:01et je vous en achète encore ?
18:02C'est exactement ça auquel tous les pays européens sont confrontés.
18:05– Et juste cette interrogation sur la psychologie de Donald Trump,
18:07elle est d'autant plus importante et incontournable sur ce sujet-là
18:10que j'ai cru comprendre, et je ne suis pas le seul,
18:12que la question du business, c'était une motivation
18:14qui intéressait beaucoup le Président de l'Union Européenne,
18:16peut-être encore plus, d'ailleurs, que sa question de l'idéologie.
18:19– Mais sur le matériel américain, ce qu'il faut quand même aussi dire,
18:22c'est que les Européens achètent quand même beaucoup de matériel américain,
18:28mais souvent, en fait, ils sont coincés parce qu'ils ne peuvent pas l'utiliser.
18:31Ils ont besoin de l'autorisation des États-Unis
18:36pour utiliser ce…
18:38– Ils ont besoin d'instructeurs américains ?
18:40– Non, ce n'est pas ça, c'est qu'en fait, les États-Unis vendent du matériel,
18:43mais ils disent, pour l'utiliser, vous devrez nous demander l'autorisation.
18:46– Selon la cible, en fait.
18:47– Exactement, on l'a vu pour l'Ukraine, par exemple,
18:50ça a longtemps été un débat, et puis après, il y a aussi un autre aspect,
18:54par exemple, c'est le cas des missiles qui servent
18:57pour la dissuasion nucléaire des Britanniques,
19:00ce sont des missiles dont la maintenance est assurée aux États-Unis.
19:04Donc en fait, on le découvre un peu, peut-être en France,
19:07peut-être que les autres le savaient,
19:08mais on découvre un peu qu'acheter du matériel américain,
19:10ça peut être extrêmement pratique parce qu'ils l'ont souvent à disposition,
19:13on dit sur étagère, mais après, en termes d'utilisation,
19:16ce n'est pas si simple que ça.
19:17– Et au-delà du matériel et du financement qu'on évoque à l'instant,
19:20il y a un autre chantier qui a été ouvert par Emmanuel Macron hier,
19:23c'est celui de l'éventuel élargissement de la dissuasion nucléaire française
19:26à nos partenaires européens, nos alliés qui en feraient la demande
19:29pour répondre à l'appel historique du futur chancelier allemand Friedrich Merz,
19:33ça ce sont les mots du chef de l'État hier soir,
19:35qui a rappelé aussi que, quoi qu'il en soit,
19:39à l'avenir, seul le président de la République,
19:42chef des armées, restera maître du recours à la dissuasion nucléaire,
19:46ça c'est pour éteindre la polémique qui avait été allumée
19:49par Marine Le Pen notamment il y a quelques jours.
19:51Toute la question, et c'est là-dessus que le débat va porter,
19:55c'est comment définir les intérêts vitaux de la France,
19:58lesquels sont normalement la condition de l'éventuel enclenchement,
20:02en tout cas c'est la base même du principe de la dissuasion nucléaire française,
20:06ces intérêts vitaux dépassent donc les seules frontières hexagonales,
20:09mais jusqu'où, quel pays, quel partenaire ?
20:11– C'est ça, ces pays en fait,
20:13est-ce que ce sera une demande des pays en question,
20:15ou alors la discussion va se jouer entre qui et qui,
20:18justement c'est ça la question.
20:19– Justement, toute la question est là.
20:21Pour l'instant, il n'y avait pas de discussion,
20:23c'est-à-dire que nos partenaires européens
20:26ne voulaient pas rentrer dans ce débat avec nous.
20:29Depuis l'origine de la dissuasion française,
20:33il est clair qu'elle participe à la défense de l'Europe occidentale,
20:37de l'Europe, mais les Européens ne voulaient pas en discuter,
20:42notamment les Allemands ne voulaient pas en discuter,
20:44maintenant ça vient de changer,
20:45les Allemands disent on veut bien en parler avec vous.
20:47– C'est à leur demande.
20:48– À leur demande, et donc ça c'est un changement extrêmement important,
20:51donc ne faisons pas comme certains politiques souverainistes dire
20:56oui mais Macron est en train de s'aborder la défense parce que…
21:02– Ce que dit Marine Le Pen, c'est une folie.
21:04– Tout ça c'est faux, il n'est clair que seul le président de la République française
21:10gardera le doigt sur le bouton nucléaire.
21:13En revanche, c'est la taille du parapluie qui compte.
21:16Est-ce que les Allemands demandent à venir sous le parapluie nucléaire français ?
21:23Si c'est le cas, ça aura des conséquences,
21:25il faudra peut-être plus d'armes nucléaires,
21:26il faudra peut-être associer les Allemands à la participation à la défense.
21:30– Ça il faut qu'ils payent à la fin,
21:31parce qu'on revient sur les histoires de business à la fin.
21:33– Peut-être au financement etc.
21:35On verra, on n'en est vraiment pas là,
21:37mais le changement est radical si les Allemands demandent,
21:40ou d'autres, les Polonais, les Baltes, on verra bien,
21:44disent nous avons envie de discuter avec vous
21:47de la protection nucléaire que vous pourriez nous assurer,
21:50comme les Américains nous en assurent déjà une depuis 1949,
21:54eh bien là, c'est un changement très important.
21:56– François, rapidement.
21:57– C'est un changement important, c'est un changement radical,
21:59et je crois qu'on n'a pas trop intérêt à en parler, en fait.
22:02– Ça se fait dans les couloirs.
22:03– Non, parce que les intérêts vitaux, c'est quelque chose qu'il ne faut pas définir.
22:06– Oui, monsieur.
22:07– Donc s'il y a des discussions qui commencent entre Pavie et Merlin,
22:10il ne faut surtout pas le dire sur la plateforme.
22:12– François a raison, ça ne sera jamais mis noir sur blanc,
22:15mais tout le monde aura compris, notamment le principal intéressé,
22:19à savoir Vladimir Poutine.
22:20– Gardons cette ambiguïté, merci beaucoup à tous les trois.
22:23Jean-Dominique Merchet, journaliste à l'Opinion spécialise des questions de défense.
22:26Je signale votre dernier livre,
22:28« Sommes-nous prêts pour la guerre ? L'illusion de la puissance française ? »
22:32– Très bonne question.
22:33– Tout le monde veut le lire là, du coup, tout le monde veut l'acheter.
22:35Et François Bonnet, merci à vous, rédacteur en chef Europe à France Télé.
22:40Merci à vous Renaud.
22:41– Merci Salia.
22:42– Les informer du soir, c'est à partir de 20h. Merci à vous.
22:44– Sous-titrage Société Radio-Canada

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