Statut de repenti et note économique de la France... Les informés du matin du lundi 29 avril 2024

  • il y a 5 mois
Tous les matins, les informés débattent de l'actualité autour de Salhia Brakhlia et Renaud Dély

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00:00 [Générique]
00:09 Ravie de vous retrouver pour Les Informer, on est ensemble en direct jusqu'à 9h30 sur France Info Radio et sur le canal 27 de la TNT sur France Info Télé.
00:16 Renaud Delia est évidemment là, bonjour Renaud.
00:19 Bonjour Salia.
00:19 Tout comme nos informés du jour, Carole Barjon, éditorialiste politique au Nouvelle Hopse. Bonjour Carole.
00:24 Bonjour Salia.
00:25 Et à vos côtés, Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express.
00:28 Bonjour Salia.
00:28 Bienvenue Etienne. Renaud Delia, on commence tout de suite par le plan du gouvernement contre les narcotrafiquants.
00:34 Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, l'a présenté effectivement hier dans les colonnes de notre confrère La Tribune Dimanche.
00:40 Le garde des Sceaux qui veut en faire une priorité pour lutter contre le crime organisé.
00:45 Et dans le cadre de ce plan de lutte contre les narcotrafiquants, il veut étendre un véritable statut du repenti,
00:51 inspiré du modèle en vigueur en Italie depuis déjà de nombreuses années.
00:55 Alors, ce statut existe d'ores et déjà en France, mais il est extrêmement limité.
00:59 Il a été écrit il y a une quinzaine d'années.
01:01 Il reste limité, très peu utilisé.
01:04 Et d'ailleurs, certains spécialistes avaient alerté à ce sujet.
01:08 Par exemple, Bruno Sturlaes, qui est magistrat à la Cour de Cassation,
01:11 qui est l'ancien président de la Commission nationale de protection des repentis entre 2017 et 2023,
01:17 et qui se dit un petit peu étonné par les annonces du garde des Sceaux.
01:22 Je suis un peu surpris d'entendre le ministre dire qu'il a découvert l'utilité du statut du repenti
01:27 lors de son voyage en Italie, parce qu'en fait, on a en France depuis 20 ans un statut du repenti.
01:33 Et depuis 2018, j'ai alerté les ministres successifs sur les insuffisances, effectivement, et la sous-exploitation.
01:40 Et on ne vous avait pas entendu à l'époque.
01:43 On ne m'en a pas entendu, et donc je me réjouis d'être, semble-t-il, entendu aujourd'hui.
01:49 Alors en effet, les pistes évoquées par Éric Dupond-Moretti vont dans ce sens-là,
01:53 c'est-à-dire comment étendre ce statut de repenti, comment le rendre plus efficace ?
01:59 Faut-il accorder des remises de peine plus importantes aux repentis, justement, qui témoigneraient ?
02:06 Faut-il comment mieux les protéger aussi, évidemment, et éventuellement leur proposer d'ailleurs un changement d'état civil ?
02:12 Et puis, dernier point évoqué aussi par Éric Dupond-Moretti,
02:15 la création d'un nouveau parquet, un parquet spécifique, un parquet national de lutte contre le crime organisé.
02:21 Est-ce que l'ensemble de ce volet de mesures est à même de relever ce défi,
02:26 quand on voit, évidemment, la façon dont le crime organisé étend, en quelque sorte, ses tentacules ?
02:31 Il y a de véritables multinationales du crime organisé aujourd'hui.
02:35 Etienne Girard, d'abord sur le plan en général, c'est une réponse complète aux narcotrafiquants ?
02:42 C'est une réponse qui paraît intéressante, qui paraît cette fois d'une ampleur importante.
02:48 Maintenant, tout le sujet, ça va être son application,
02:51 et comment on fait dans le détail pour faire appliquer ces réformes qui sont ambitieuses.
02:59 C'est vrai. Un exemple sur le statut de repenti.
03:01 Il faut expliquer pour qu'on comprenne pourquoi le statut de repenti n'est pas utilisé aujourd'hui en France.
03:07 Parce que les règles sont trop restrictives,
03:09 il faut que ce soit le futur repenti qui contacte la police,
03:13 il faut qu'il ait eu une tentation de commettre l'infraction, mais qu'il ne l'ait pas commise,
03:17 et, et ça c'est peut-être le pire, le juge, ensuite, n'est pas lié par l'accord qui va être passé.
03:22 Généralement, les juges suivent, mais ils ne sont pas obligés.
03:25 L'idée, c'est que la justice, ça passe au-dessus des accords qui peuvent exister entre des accusés et la police.
03:33 Or, on voit bien que dans le cas du crime organisé, ce n'est pas efficace.
03:37 Les policiers, ils ont une expression type dans les PV pour dire que la personne ne veut pas parler,
03:43 c'est "le témoin est peu loquace".
03:44 Dans toutes les affaires de drogue, il y a ça dans tous les PV.
03:47 Le témoin est peu loquace.
03:49 Parce qu'ils ont peur, et effectivement, on ne leur offre pas...
03:53 Ils ont peur des représailles, évidemment.
03:55 Ils ont peur de mourir, c'est le principe de l'OMERTA, du règlement de compte.
03:58 Et effectivement, si on leur offrait un véritable statut de repenti,
04:04 avec changement d'identité complète, assurance de rester libre, etc.,
04:09 accord devant le juge, là, on pourrait changer les choses.
04:13 Il faut le dire, parfois, qu'un témoin peut faire tomber un réseau entier,
04:17 s'il a toutes les preuves, c'est bon, il peut faire tomber parfois un millier de personnes.
04:21 Ça a été le cas dans certaines affaires en Italie.
04:23 - Alors nous, on parle ce matin de repenti, tout comme la justice parle de statut de repenti.
04:27 Ceux qui nous écoutent doivent penser aux balances, en fait.
04:30 On recherche des balances.
04:31 Non mais, c'est ça, en fait, dans le fond.
04:33 - C'est ce qui se dit dans le milieu du crime organisé.
04:34 - Voilà, c'est ça.
04:35 Donc, Carole, vous nous direz ce que vous en pensez de ce statut de repenti
04:38 élargi dans la justice française.
04:42 Mais d'abord, c'est l'heure du Fil-info à 9h10. Mathilde Romagnan.
04:45 - Pierre Moscovici se dit sceptique ce matin sur la capacité de la France
04:50 à avoir un déficit public à moins de 3% en 2027.
04:55 C'est pourtant l'objectif fixé par le gouvernement.
04:57 C'est extrêmement difficile, selon le président de la Cour des comptes.
05:00 Il était l'invité du 8.30 France Info.
05:03 Cet après-midi, le débat d'orientation budgétaire a lieu à l'Assemblée nationale.
05:08 Face aux difficultés d'Atos, le ministre de l'Économie dit vouloir acquérir
05:12 les activités souveraines du géant informatique français.
05:16 Une nouvelle qu'Atos dit accueillir avec satisfaction ce matin.
05:19 Bruno Le Maire a annoncé hier avoir envoyé une lettre d'intention
05:23 en ce sens à l'entreprise.
05:25 La ligne ferroviaire Firmini-Lyon-Perrache restera fermée jusqu'au 1er mai,
05:29 au moins un TER a déraillé hier à Firmini sans faire de blessés graves
05:33 à cause de fortes pluies dans le département du Rhône et de la Loire.
05:38 Une tournée diplomatique pour promouvoir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas.
05:42 Anthony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, est arrivé ce matin en Arabie Saoudite.
05:48 Il se rendra ensuite en Jordanie et en Israël.
05:51 [Générique]
06:03 Les Informer continue avec Renaud Delis, avec Étienne Girard, aussi rédacteur en chef à L'Express,
06:07 et Carole Barjon, éditorialiste politique au Nouvel Obs.
06:11 On parlait juste avant le Fil info de ce nouveau statut de repentier,
06:14 un statut plus élargi puisqu'il existe déjà en France.
06:19 C'est une bonne réponse, une manière de faire avancer, de démanteler les réseaux ?
06:23 C'est un début de bonne réponse, parce qu'effectivement,
06:28 le changement d'état civil officiel et définitif qu'on pourrait accorder à ces repentis,
06:35 c'est important pour leur protection, parce qu'on sait très bien que sinon,
06:39 ils vont être l'objet de représailles et être exécutés manu militari.
06:44 Simplement, j'entendais sur votre antenne ce matin,
06:49 pardon j'ai oublié ses titres et qualités,
06:53 mais un spécialiste qui disait que ça ne suffit pas tout à fait,
06:59 parce qu'au fond le statut de repenti, là Éric Dupond-Moretti,
07:02 c'est inspiré de ce qui s'est passé en Italie pour lutter contre la mafia,
07:07 et il y a eu des résultats tout à fait intéressants.
07:10 Mais il notait, et j'ai trouvé que c'était une observation très intéressante,
07:14 qu'en Italie, la peine qui était infligée à ces éventuels repentis
07:22 était beaucoup plus importante que celle qui sont prononcées en France,
07:25 et que c'était donc une motivation pour ces détenus de commencer à parler.
07:33 Je précise que vous évoquiez les propos de Bertrand Monnet,
07:35 qui était l'invité de France Info ce matin à 7h40,
07:37 qui est professeur à l'EDEC, l'École des Hautes Études Commerciales,
07:39 et qui a beaucoup travaillé sur ce monde du crime organisé.
07:41 - Voilà, et donc effectivement, je pense que ce qu'il relevait était très important,
07:47 parce que c'était au fond la motivation des détenus pour parler.
07:53 C'est vrai que s'ils sont condamnés à 20 ans ou 25 ans de prison,
07:56 ils ont certainement plus tendance à vouloir collaborer,
08:00 que s'ils ont eu une peine assez courte,
08:05 et ça, Éric Dupond-Moretti n'en parle pas.
08:08 Alors peut-être qu'il va affiner et compléter son projet,
08:13 mais ça me paraît une raison importante.
08:15 - Ce qui est frappant, et vous avez raison,
08:17 quand on compare les deux législations,
08:19 législation en vigueur en Italie et législation en vigueur en France,
08:22 c'est qu'on a l'impression que le législateur français,
08:25 lorsqu'il a créé ce statut de repenti,
08:27 s'est arrêté à mi-chemin, au milieu du guet, en quelque sorte.
08:30 Il y a ce que vous évoquez, c'est-à-dire que c'est un véritable "contrat",
08:33 et un contrat civique, passé entre un repenti et la justice,
08:37 et donc ça nécessite qu'en contrepartie,
08:39 il y ait des remises de peine suffisamment significatives,
08:43 extrêmement importantes, au regard du service rendu
08:45 par le repenti qui va permettre de démanteler des filières de crimes organisées.
08:51 Donc il y a la question des remises de peine,
08:52 il y a évidemment la question de la protection,
08:54 qui peut aller jusqu'au changement d'état civil,
08:56 et ça, Éric Dupond-Moretti le propose,
08:58 dorénavant il devra le proposer.
09:00 Mais quand on regarde cette législation
09:02 qui a été mise en oeuvre depuis quelques années en France,
09:05 Etienne Gérard l'évoquait tout à l'heure,
09:07 aujourd'hui, il faut non pas avoir commis une infraction,
09:11 mais il faut avoir été tenté, mais ne pas être passé à l'acte.
09:13 Je pense qu'il n'y a pas une disposition plus efficace
09:17 pour empêcher un repenti, là aussi, de passer à l'acte,
09:19 c'est-à-dire de témoigner.
09:21 Si jamais on veut que ce statut fonctionne,
09:25 il faut qu'il y ait effectivement des gens
09:27 qui ont commis des infractions,
09:29 qui ont participé aux crimes organisés, etc.,
09:31 qui finalement, tournent au casac en quelque sorte,
09:35 et décident effectivement de témoigner
09:37 pour faire tomber ces filières-là.
09:39 Si jamais simplement ce sont des individus
09:41 qui relèvent presque de l'association de malfaiteurs
09:43 et qui ont été tentés mais qui ne sont pas passés à l'acte,
09:45 forcément en termes d'information
09:47 et en termes d'efficacité,
09:49 leurs témoignages sont déjà en quelque sorte reniés,
09:53 avant même d'avoir été prononcés.
09:55 - Il faut le dire, là aujourd'hui seulement 42 personnes
09:57 et leur entourage sont concernés.
09:59 On est à quelques dizaines de personnes
10:01 depuis plus d'une dizaine d'années,
10:03 c'est-à-dire une quarantaine de personnes
10:05 entre des témoins directs
10:07 et des entourages qui sont aussi protégés.
10:09 - On peut peut-être mettre les pieds dans le plat.
10:11 Aujourd'hui, on ne peut pas être repenti
10:13 si on a été lié à une affaire de meurtre.
10:15 Or, l'exemple italien montre que,
10:19 dans toutes les affaires importantes,
10:21 le témoin majeur, celui qui fait tomber l'affaire,
10:23 est quelqu'un qui est lié à des meurtres.
10:25 Soit c'est quelqu'un qui a déjà commis des meurtres,
10:27 soit c'est quelqu'un qui les a commandités,
10:29 soit c'est quelqu'un qui a été complice de meurtre.
10:31 Il faut qu'on se pose la question.
10:33 Est-ce qu'on va permettre à ces repentis
10:37 de prétendre à ce statut alors même
10:41 qu'ils ont été liés à ces affaires ?
10:43 Ils ont du sang sur les mains.
10:45 Mais c'est le principe.
10:47 Ceux qui ont les meilleures informations
10:49 sont souvent ceux qui ont le plus de choses.
10:51 L'autre élément,
10:53 et Eric Dupond-Moretti, dans son entretien à La Tribune,
10:55 parle de réduction de peine.
10:57 Les policiers qui connaissent ces affaires
10:59 tiquent un peu quand ils lisent ça.
11:01 Parce que réduction de peine, ça veut dire faire quand même sa peine.
11:03 Ça veut dire être quand même en prison.
11:05 Or, est-ce qu'on peut vraiment être protégé
11:07 quand on est dans une prison ?
11:09 Les policiers disent pas tellement.
11:11 En fait, le repenti vaut mieux qu'il change totalement d'idée,
11:13 d'identité, et qu'on ne le revoit plus jamais.
11:15 - Donc il y a un problème de faisabilité
11:17 dans ce que propose Eric Dupond-Moretti.
11:19 - Oui et non. Parce qu'effectivement,
11:21 l'exemple italien me semble-t-il être édifiant.
11:23 On est dans la situation qu'a connue l'Italie
11:25 pendant de nombreuses décennies.
11:27 Mais l'efficacité du statut de repenti
11:29 mis en oeuvre en Italie
11:31 il y a déjà longtemps est quand même remarquable
11:33 au regard de ce qu'était
11:35 la mafia sicilienne,
11:37 la camorra napolitaine,
11:39 jusqu'à une sorte de point d'or
11:41 qui avait été l'assassinat du juge Falcone en 1992
11:43 dans les conditions qu'on connaît.
11:45 Dans l'occurrence, le crime organisé
11:47 avait carrément fait exploser une autoroute
11:49 et plusieurs voitures pour abattre ce juge
11:51 qui était en point dans la lutte
11:53 contre la mafia.
11:55 Et c'est à partir de là
11:57 que toute une pelote
11:59 en quelque sorte de repenti
12:01 s'est exprimée à témoigner
12:03 pour justement démonter.
12:05 La législation italienne, elle a fonctionné.
12:07 Ça ne veut pas dire qu'aujourd'hui le crime organisé n'existe plus en Italie.
12:09 Mais il est beaucoup moins puissant
12:11 qu'il le fut pendant des décennies.
12:13 Donc je pense que s'inspirer de cette législation-là
12:15 me semble particulièrement judicieux.
12:17 - Carole ?
12:19 - Oui, le point le plus intéressant
12:21 au fond de l'initiative que prend Eric Dupond-Moretti,
12:23 ça n'est pas
12:25 l'installation de ce qu'il appelle
12:27 des magistrats de liaison
12:29 dans les pays
12:31 où on pratique le blanchiment.
12:33 Et notamment l'installation récente
12:35 d'un magistrat de liaison à Dubaï,
12:37 puisque c'est à Dubaï, effectivement,
12:39 que résident le plus souvent,
12:41 enfin à bout de Dubaï
12:43 ou dans n'importe quel paradis
12:45 fiscal,
12:47 les gros bonnets
12:49 de la drogue.
12:51 Il veut aussi en mettre à Sainte-Lucie
12:53 pour la zone Caraïbe,
12:55 là, pour lutter contre le trafic
12:57 de cocaïne, parce que c'est évident
12:59 que, en fait,
13:01 ça veut dire qu'on veut essayer de les taper au portefeuille
13:03 et que s'ils n'arrivent
13:05 plus à blanchir
13:07 le produit
13:09 de la vente de produits totalement illicites,
13:11 peut-être que ça va
13:13 en calmer certains.
13:15 Et ça, c'est quand même
13:17 à ce niveau-là, moi, je trouve que ça se passe,
13:19 parce que c'est les gros bonnets qu'il faut taper.
13:21 - Vous avez raison, il y a aussi une dimension quasi diplomatique
13:23 dans ce combat. C'est-à-dire qu'il y a aussi
13:25 cette lutte-là, et puis il y a aussi
13:27 des messages,
13:29 des échanges d'informations, une coordination des actions
13:31 qui doit se faire,
13:33 se pratiquer au niveau international,
13:35 et ça passe aussi par des canaux diplomatiques,
13:37 plus ou moins, d'ailleurs, officiels.
13:39 Mais il y a aussi, évidemment, une entraide
13:41 qui doit se mettre en oeuvre, puisqu'en face,
13:43 et c'est ce que disait l'invité d'ailleurs
13:45 de ce matin sur France Info, que vous évoquez,
13:47 Bertrand Monnet, à 7h40,
13:49 en face, les États,
13:51 dont l'État français, ont affaire à de véritables
13:53 multinationales. Ce sont des multinationales
13:55 qui nécessitent donc des réponses
13:57 internationales, elles aussi.
13:59 - Il est 9h20, c'est l'heure du Fil Info
14:01 de Mathilde Romagnon, et on revient après.
14:03 - Pour les 60 ans
14:05 des relations diplomatiques entre la France
14:07 et la Chine, le président chinois
14:09 Xi Jinping se rendra en France
14:11 les 6 et 7 mai prochains,
14:13 annonce ce matin de l'Élysée.
14:15 Il évoquera avec Emmanuel Macron
14:17 la guerre en Ukraine, entre autres.
14:19 Les deux chefs d'État iront aussi
14:21 dans les Hautes-Pyrénées.
14:23 Atos dit ce matin accueillir
14:25 avec satisfaction l'intérêt de l'État
14:27 pour ses activités souveraines.
14:29 Le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a dit
14:31 hier avoir envoyé une lettre
14:33 d'intention pour acquérir toutes les activités
14:35 souveraines du groupe informatique.
14:37 Il est en difficulté financière.
14:39 Et au lendemain de cette annonce,
14:41 l'action d'Atos a bondi de 14%
14:43 à la Bourse de Paris.
14:45 Le Premier ministre espagnol, Pedro Sánchez,
14:47 doit dire aujourd'hui s'il
14:49 démissionne ou pas.
14:51 Il l'annoncera à la mi-journée,
14:53 démission qu'il envisage lui-même
14:55 après une enquête pour trafic d'influence
14:57 et corruption visant son épouse.
14:59 Deux semaines avant le début
15:01 du festival de Cannes, le jury
15:03 complet est dévoilé ce matin.
15:05 L'acteur français Omar Sy et l'actrice
15:07 française Eva Green en feront partie.
15:09 Quatre hommes et quatre femmes au total
15:11 sous la présidence de Greta Gerwig,
15:13 la réalisatrice américaine de Barbie.
15:15 Les informer avec Carole Barjon,
15:29 éditorialiste politique au Nouvelle Hops,
15:31 avec Étienne Girard, rédacteur en chef
15:33 à L'Express et Renaud Delis.
15:35 Bruno Le Maire a dû lâcher un grand
15:37 ouf de soulagement en fin de semaine dernière
15:39 quand il a appris que la note financière de la France
15:41 n'était pas dégradée. - Et oui, vendredi,
15:43 la France a échappé au coup prêt
15:45 à cette dégradation de la note financière par les deux agences
15:47 Fitch et Moody's. Cette éventualité
15:49 pourtant beaucoup la redoutait au regard
15:51 de la dégradation des comptes publics
15:53 qui se sont dangereusement
15:55 creusés en 2023.
15:57 Bruno Le Maire certes a créé victoire, mais il a
15:59 aussitôt répété aussi que son intention
16:01 était de s'atteler à la réduction de ses
16:03 déficits. Rappelons que
16:05 le déficit a dérapé en 2023
16:07 à 5,5%
16:09 du PIB contre 4,9%
16:11 prévu initialement. Pour autant,
16:13 le gouvernement continue de fixer l'objectif de
16:15 revenir en-dessous du fameux seuil de 3%
16:17 en 2027. Est-ce que c'est possible ?
16:19 Et va-t-il falloir
16:21 tailler de façon drastique dans les
16:23 dépenses pour y arriver, au risque de
16:25 remettre en cause la croissance ?
16:27 Voici ce qu'en disait il y a quelques minutes sur ce plateau
16:29 Pierre Moscovici, le président du Haut Conseil
16:31 des Finances Publiques et premier président de la Cour des Comptes.
16:33 Donc soit
16:35 vous avez de la croissance et vous n'atteindrez pas
16:37 probablement 3%, soit
16:39 vous voulez à tout prix faire 3% et vous n'aurez pas
16:41 de croissance et vous devez faire encore plus d'économie.
16:43 Et là je trouve que si vous voulez
16:45 le point de départ et le point d'arrivée
16:47 ça tourne pas. Comme on dit à Bercy
16:49 ça vole pas. - Oui alors si ça vole pas,
16:51 vous parlez d'incohérence, c'est de l'insincérité ?
16:53 - Non l'insincérité c'est autre chose, c'est une volonté délibérée
16:55 de tromper. Je pense que là
16:57 en l'occurrence il y a un optimisme excessif.
16:59 - Et quand ça vole pas, évidemment le risque
17:01 c'est le crash, en l'occurrence le crash
17:03 des dépenses publiques. Alors
17:05 Pierre Muscovici ne va pas jusque là, mais il évoque
17:07 une trajectoire financière un peu trop
17:09 optimiste et il ne croit guère,
17:11 visiblement, il l'a déjà dit ces derniers jours,
17:13 à cette trajectoire financière définie
17:15 par le gouvernement pour amener les déficitants de ça
17:17 de 3% en 2027.
17:19 Et ça tombe bien, puisqu'aujourd'hui même
17:21 d'ailleurs, à l'Assemblée Nationale, un débat
17:23 sans vote est programmé sur ce programme
17:25 de stabilité financière de la France.
17:27 Une occasion de plus
17:29 pour le gouvernement d'essayer de crédibiliser
17:31 ses engagements. - On parle d'un
17:33 abus d'optimisme, c'est ce que dit Pierre Muscovici,
17:35 c'est pas le seul à le dire, le gouverneur de la Banque de France aussi,
17:37 François Villereau de Gallo le dit aussi.
17:39 En face, le gouvernement maintient ses prévisions.
17:41 Est-ce que c'est irresponsable,
17:43 Étienne Girard ? - Non, c'est pas
17:45 irresponsable parce qu'en termes
17:47 économiques, parfois,
17:49 être trop optimiste joue en votre faveur.
17:51 C'est-à-dire que montrer
17:53 que le déficit va être à 2,9%
17:55 en 2027, effectivement aucun expert
17:57 indépendant n'y croit,
17:59 mais on envoie un message, et le message c'est
18:01 on va tout faire pour
18:03 remettre les comptes dans le verre
18:05 le plus vite possible.
18:07 On se reparlera en 2027,
18:09 on verra s'ils ont réussi, effectivement
18:11 on peut clairement douter, mais
18:13 on voit que ça joue en faveur
18:15 du gouvernement, puisque
18:17 la note n'est pas abaissée.
18:19 Ce que disent les gens
18:21 qui prêtent à la France, c'est qu'on continue
18:23 à penser qu'à la fin
18:25 la France, les Français
18:27 rembourseront leurs dettes.
18:29 Donc ça change
18:31 2,9%
18:33 ou 3,1%
18:35 finalement, ça va pas changer grand chose,
18:37 on est dans le domaine du signal
18:39 et de la communication dans le secteur
18:41 économique. - N'empêche qu'il faut faire des
18:43 économies, Carol, 10 millions
18:45 10 milliards
18:47 dès maintenant, dès cette année, 20 milliards
18:49 l'année prochaine, il va falloir se serrer la ceinture,
18:51 et on a entendu l'alerte de
18:53 Pierre Moscovici, c'est que si on se serre trop la ceinture,
18:55 on va toucher à la croissance. Dans ces cas-là,
18:57 les capacités du gouvernement à trouver
18:59 les bonnes mesures deviennent
19:01 compliquées. - Très compliquées,
19:03 et personne voit très bien d'ailleurs
19:05 la sortie,
19:07 parce que,
19:09 on a bien vu que
19:11 depuis maintenant quelques mois,
19:13 le gouvernement
19:15 pointe le trop fort
19:17 niveau des dépenses sociales,
19:19 on voit bien que là,
19:21 il est question de réduire
19:23 l'indemnisation chômage,
19:25 en tout cas la durée
19:27 d'indemnisation du chômage,
19:29 mais en même temps, il y a pas mal
19:31 d'incohérences, parce qu'on a passé
19:33 des accords, et là, c'est quand même
19:35 l'État qui met au pot,
19:37 avec la SNCF,
19:39 peut-être la RATP,
19:41 et tout ça va coûter
19:43 de l'argent, donc
19:45 on ne comprend pas bien
19:47 quel chemin
19:49 va prendre le gouvernement, si
19:51 d'ailleurs, il le sait lui-même,
19:53 à l'heure où on parle. - Renaud ?
19:55 - Le fait que la France échappe à la dégradation
19:57 de sa note financière vendredi, c'est
19:59 évidemment une bonne nouvelle, d'un point de vue
20:01 économique, pour la crédibilité de la parole de la France,
20:03 etc.
20:05 D'un point de vue politique,
20:07 sur le plan purement pratique, enfin j'allais dire presque
20:09 d'un point de vue psychologique, c'est pas forcément
20:11 une bonne nouvelle du côté de l'exécutif.
20:13 Je m'explique, on a le sentiment quand même depuis maintenant
20:15 de nombreux mois, voire de
20:17 nombreuses années, qu'Emmanuel Macron,
20:19 disons que la situation des comptes publics, c'est pas
20:21 sa première priorité, si j'ose dire,
20:23 c'est un euphémisme,
20:25 et qu'il résonne un petit peu, comme le disent certains
20:27 en banquier, quand il s'attèle à cette question-là,
20:29 c'est-à-dire qu'il passe
20:31 des deals, il refait sur
20:33 un coin de table un certain nombre
20:35 d'additions, d'adaptations, en disant
20:37 voilà, si on rajoute deux là, on retire trois là,
20:39 etc. ça passera en quelque sorte,
20:41 et ça passera d'abord aux yeux des fameuses
20:43 agences de notation,
20:45 donc il y a une forme un peu de jeu de bonne taux,
20:47 qui y compris a inquiété
20:49 ces derniers mois, ces dernières années,
20:51 parfois au sein même du gouvernement,
20:53 et puis on l'a vu tout récemment, c'est un vrai problème
20:55 d'abord de crédibilité économique
20:57 et donc politique pour l'exécutif, cette situation
20:59 des comptes publics, et l'état
21:01 dans lequel ces comptes publics seront en 2027
21:03 à la fin du second mandat
21:05 d'Emmanuel Macron, et puis c'est une
21:07 source de tension politique, on l'a vu
21:09 y compris ces dernières semaines, entre
21:11 l'Elysée et Bercy,
21:13 entre Emmanuel Macron et Bruno Le Maire, lequel a eu
21:15 le sentiment, Bruno Le Maire, depuis déjà pas mal
21:17 de mois, parfois de prêcher dans le désert,
21:19 lorsqu'il alertait sur la situation
21:21 des déficits publics, - Voir d'être désavoué
21:23 - Voir d'être parfois désavoué,
21:25 donc c'est pour ça que
21:27 peut-être qu'une dégradation, entre guillemets,
21:29 aurait pu servir un peu de vrai coup de saumon
21:31 et de vrai, de véritable
21:33 avertissement, et il y est peut-être un peu du côté de l'Elysée,
21:35 en tout cas ce matin, enfin depuis vendredi soir,
21:37 le sentiment que finalement, bah, c'est
21:39 encore passé, donc on peut
21:41 continuer comme ça. - Ça conforte le président de la République
21:43 dans sa manière de gérer les finances publiques.
21:45 - Oui, c'est très juste je trouve, parce que
21:47 effectivement ça aurait pu servir d'argument
21:49 pour convaincre les Français,
21:51 enfin si la note de la France avait été
21:53 dégradée, ça pouvait éventuellement
21:55 servir d'argument
21:57 devant l'opinion, et là c'est
21:59 pas le cas. - Bon, alors le 27 mai, retenez cette
22:01 date, il y a quand même l'agence Standard & Poor's,
22:03 qui doit, elle,
22:05 donner son avis aussi, quelques jours
22:07 avant les élections européennes.
22:09 Il faudra faire attention au contexte,
22:11 merci beaucoup. - Mais on dit que les deux autres
22:13 agences n'ont pas dégradé la note de
22:15 la France, précisément parce
22:17 qu'il y avait les élections européennes et qu'ils voulaient pas
22:19 avoir l'air de jouer
22:21 la politique française
22:23 avant les élections, je sais pas si c'est vrai, mais...
22:25 - Eh ben on verra ça ! Merci beaucoup
22:27 Carole Barjon, éditeur réaliste
22:29 politique au Nouvelle Hopse,
22:31 et c'est Omar Sy qui fait,
22:33 qui est en une cette semaine à l'occasion de la sortie de son
22:35 livre "Les vérités de l'acteur
22:37 à lire dans le Nouvelle Hopse" cette
22:39 semaine. Etienne Girard, merci à vous,
22:41 rédacteur en chef à L'Express, la France plombée
22:43 par la dette, c'est le dossier de la semaine,
22:45 on vient d'en parler. - Justement. - Avec Bruno
22:47 Le Maire qui rame, on le voit, une qui
22:49 rame avec difficulté sous la direction d'Emmanuel
22:51 Macron, la barque elle va presque
22:53 couler. La barque France.
22:55 Bon, on espère pas ça pour le pays.
22:57 Merci beaucoup, Etienne. - Cherchez
22:59 dans tous vos bons kiosques !
23:01 - Le message du matin,
23:03 L'Express, dans tous les bons kiosques. Merci.
23:05 Merci Renaud, les informés, sont de retour
23:07 ce soir à 20h avec
23:09 Agathe Lambret cette semaine. Merci.
23:11 *Musique*

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