Vendredi 7 mars 2025, GREEN LIGHTS reçoit Emmanuel Grégoire (Député de la 7ème circonscription de Paris)
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00:00Bonjour ! Bonjour Emmanuel Grégoire, vous allez bien ? Enchanté, ravi de vous rencontrer,
00:23ça va très bien.
00:24Allez on y va ! On va faire un petit tour ? C'est parti ! On y va !
00:30Emmanuel Grégoire, merci d'être avec nous ce matin pour ce troisième épisode de Greenlight,
00:38donc cette émission qui emmène un invité dans les rues de Paris sur une destination.
00:42Alors la première destination, c'est où ? Là on va au Parc des Princes parce que je
00:45dois aller à la boutique, c'est l'occasion qui crée l'opportunité puisque je dois acheter
00:50un cadeau pour mon fils.
00:51Il a bien de la chance ! Vous êtes donc député de la 7ème circonscription de Paris, porte-parole
00:57du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale et candidat à la mairie de Paris avec Paris
01:02en Grand.
01:03Merci d'être avec nous.
01:04Vous êtes par ailleurs un habitué de la mairie de Paris puisque vous y avez travaillé
01:10pendant quelques années.
01:12Une grosse dizaine d'années comme élu et avant j'ai travaillé auprès de Bertrand
01:15de la Noël.
01:16Donc oui, c'est une maison que je connais bien et que j'aime beaucoup.
01:18Et on y reviendra.
01:19Je parle un petit peu de vous, vous êtes né un soir de réunion de Noël, donc le 24
01:24décembre 1977, au Lilas en Seine-Saint-Denis.
01:27Une première question piège, est-ce que vous connaissez la devise des Lilas ?
01:30Non, je ne connais pas la devise des Lilas parce que moi je n'ai jamais vécu au Lilas.
01:34Je suis né à la Clinique des Lilas mais j'habitais Bagnolet et Montreuil, mes deux
01:39villes d'enfance.
01:40C'est quoi la devise des Lilas ?
01:41J'étais fleur, je suis cité.
01:42C'est beau.
01:43C'est beau.
01:44Vous grandissez ensuite à Jonzac, à quelques kilomètres de l'estuaire de la Gironde
01:49non loin de Bordeaux où vous intégrez l'IEP et vous faites une licence de philo.
01:52Mais la politique, vous tombez dedans très jeune, voire très très jeune puisque je
01:57crois que c'est une histoire de famille.
01:59Oui, c'est une histoire de famille.
02:00J'ai une famille qui est très engagée à gauche, ils étaient militants au parti
02:03communiste.
02:04Ça remonte même à mes grands-parents.
02:06C'est une famille très engagée à gauche qui les restait chacun avec ses différences
02:10et en fonction des partis.
02:12Mais oui, on a la politique chevillée au corps.
02:16En sachant que c'était d'abord moins une affaire de parti qu'une affaire de conviction
02:20et de débat, on a toujours beaucoup débattu dans la famille, on n'est jamais d'accord
02:24ou pas souvent.
02:25Mais en tout cas, c'est un cadre extrêmement agréable de discussion, de confrontation,
02:28dans la bonne humeur et dans le respect.
02:30S'en suivent, après vos études, on en parlait à l'instant, donc IEP et philo, un début
02:36dans le privé.
02:37Mais vous êtes très rapidement, vous avez des activités, des mandats en politique et
02:43ça ne vous a jamais lâché.
02:44La politique, c'est impossible.
02:47Du fait de ces échanges, du fait de ces débats en famille, il était impossible d'imaginer
02:52une vie en dehors de la politique pour vous, bien que vous ayez essayé ou que vous travailliez
02:56dans le privé avant.
02:57Oui, à dire vrai, j'ai toujours été très engagé à titre personnel, d'abord plutôt
03:01dans les engagements associatifs et syndicaux.
03:04Moi, j'ai adhéré au Parti Socialiste pour la campagne de Lionel Jospin, la campagne
03:08de 2002, parce que c'était quelqu'un pour lequel j'avais beaucoup d'attachement.
03:12Et comme il affrontait Jacques Chirac et que moi, j'ai une relation un peu particulière
03:16à la probité, à l'éthique en politique, c'était un combat que j'avais envie de
03:20mener à ses côtés.
03:21Mais c'est vrai que pendant longtemps, j'ai été engagé politiquement sans avoir du
03:24tout envie d'y travailler et je n'envisageais pas vraiment au départ d'être élu.
03:28J'avais une vie dans le privé, elle a duré 10 ans et j'étais très heureux ainsi.
03:34C'est plutôt les hasards et les opportunités qu'ont fait que ça a bougé, c'est notamment
03:40avec l'équipe de Bertrand Delannoy en 2008 que je me suis engagé.
03:43Au départ, je suis venu travailler en cabinet à la Ville de Paris en me disant, c'est
03:48une toute petite parenthèse, je ne fais deux ans, pas plus, parce que je ne voudrais surtout
03:51pas me professionnaliser en politique et je me suis laissé embarquer.
03:55Et à dire vrai, pour le meilleur, parce que j'ai découvert une passion pour l'action
04:00publique, une passion pour en particulier l'action locale à travers la Ville de Paris
04:05et ce qui devait être une parenthèse est devenu ma vie.
04:08On se pose des vraies questions aujourd'hui dans cette voiture et en juillet 2024, vous
04:13fêtez 10 ans d'engagement aux côtés de la maire en démissionnant de votre fonction
04:18de premier adjoint à la mairie.
04:19C'est comme ça que vous avez choisi de fêter.
04:21Cela se passe à la suite de votre élection au premier tour comme député de la septième
04:26circonscription.
04:27Vous succédez donc avec la manière à Clément Beaune, votre prédécesseur.
04:31On ne peut pas être député et adjoint au maire, mais on peut être premier ministre
04:36et maire.
04:38Tout à fait, c'est l'incongruité.
04:39D'abord, on ne peut pas, il se trouve que c'est juridiquement interdit de cumuler
04:44une fonction de parlementaire et d'adjoint ou de maire ou d'exécutif local et ce n'est
04:49pas possible.
04:50On ne peut pas vraiment faire son travail en étant maire et député et on ne peut
04:55pas vraiment faire son travail en étant premier ministre et maire en l'occurrence et je
04:59trouve ça extrêmement malsain qu'au moment où on s'interroge légitimement sur l'ancrage
05:05territorial des parlementaires, en particulier des députés, je trouve très bizarre qu'on
05:10veuille répondre à ce vrai problème par une mauvaise réponse, c'est-à-dire de réautoriser
05:13le cumul.
05:14L'interdiction du cumul a été une réelle avancée, elle avait peut-être l'avantage
05:18de créer des puissances des barons locaux tellement fortes que ça leur donnait entre
05:22guillemets de la capacité d'action, mais c'est un très mauvais moyen, je trouve,
05:28de démocratiser, on va dire, le statut de parlementaire.
05:33Je suis farochement opposé au retour du cumul des mandats, je trouve que ce serait
05:37la pire des réponses démocratiques à la crise, la réalité c'est qu'aujourd'hui,
05:42rien n'interdit de cumuler par exemple avec un mandat local, beaucoup de députés
05:46sont aujourd'hui des conseillers municipaux, conseillers généraux, conseillers régionaux
05:50et que quand on s'interroge sur le rôle des députés, ce n'est pas en remettant
05:53du cumul qu'on y trouvera la réponse et je trouve ça extrêmement malsain sur le
05:59plan démocratique, il y a bien autre chose à faire.
06:02Rapport d'étonnement, Emmanuel Grégoire, sur l'Assemblée Nationale après un peu
06:06plus de six mois, quelque chose de bien, quelque chose d'étonnant, quelque chose
06:09de bizarre que vous avez vécu dans votre nouvelle maison ?
06:12Formidable et bizarre, c'est-à-dire que d'abord moi je découvre la fonction, je
06:16connaissais très bien le fonctionnement de l'Assemblée, je travaillais régulièrement
06:19avec les députés mais je n'avais jamais été moi-même ni comme élu ni comme collaborateur
06:23donc c'est une institution dont j'ai découvert entre guillemets les profondeurs.
06:26D'abord c'est une très belle maison parce que c'est le cœur de la démocratie
06:30parlementaire française et que s'y sont joués beaucoup de grandes pages de l'histoire,
06:36des gens extrêmement prestigieux sont nos prédécesseurs et donc un peu de gravité
06:41et de solennité dans le mandat.
06:42En même temps, un intérêt réel pour la fonction parce qu'on y prend souvent des
06:49décisions importantes pour le pays.
06:51Peut-être le côté moins satisfaisant dans ma découverte de la fonction, c'est d'abord
06:57le contexte à la fois passionnant mais très instable qu'on y vit.
07:00Pour vous donner un exemple, quand vous travaillez des centaines d'heures et que c'est écrasé
07:05par un 49.3, il faut comprendre que ça détruit dans l'instant l'énergie collective déployée
07:11dont on aurait pu se passer.
07:12Ce sont des milliers de personnes avec tous les écosystèmes, les fonctionnaires de l'Assemblée
07:16nationale, les députés, leurs collaborateurs qui ont d'une certaine manière travaillé
07:19pour rien pendant deux mois, trois mois parfois.
07:23Donc ça, il se trouve qu'il y a quelques fragilités ou quelques faiblesses institutionnelles
07:28qui peuvent être frustrantes.
07:30L'autre chose, c'est que je ne peux pas m'empêcher de penser que notre système juridique
07:35à la française donne trop de puissance paradoxalement aux députés.
07:41C'est-à-dire que je pense que trop de décisions relèvent du niveau de la loi.
07:44Ce qu'il faut avoir en tête, c'est que c'est un processus long de penser la transformation
07:50de la loi parce qu'on découvre des problèmes qu'on voulait régler.
07:52Ensuite, décrire les textes, de les voter, la navette et ensuite ce qu'on appelle la
07:57promulgation et la publication des textes, des textes d'application.
08:01C'est un processus qui peut parfois prendre plusieurs années.
08:04Or, il me semble que sur un grand champ, un grand nombre de champs, les parlementaires
08:09devraient se consacrer en fait à l'essentiel, aux grandes lignes directrices, faire du contrôle
08:14de l'action parlementaire mais peut-être devraient donner un peu plus d'agilité à
08:19notre système juridique.
08:20Il y a des pays dans lesquels, par exemple, les collectivités locales ont beaucoup plus
08:24de capacités d'action, contrôlées par le parlement.
08:26Et pour vous donner des exemples, sur notamment les grands sujets de transformation ou d'innovation
08:33des villes, à chaque fois qu'on a découvert des nouveaux sujets qui ont émergé en matière
08:37de mobilité, exemple évidemment l'apparition du phénomène des VTC, exemple avec les trottinettes
08:43électriques, exemple avec les mobilités, en gros toutes ces grandes phases disruptives
08:47qui sont venues bousculer les villes, à chaque fois ça relève de la loi.
08:50Il faut des années et des années pour que notre système s'adapte, là où il y a des
08:54pays où c'est à la main des collectivités locales et donc ça permet d'agir plus vite.
08:59Donc grosso modo, peut-être revenir à l'essentiel et donner plus de pouvoir, plus de décentralisation,
09:04donner plus de rôle à des niveaux différents d'action.
09:08Juste avant cette période à la mairie, vous y étiez déjà, mais vous le disiez en tant
09:13que chef de cabinet de Bertrand Delanoë, puis vous avez été chef de cabinet de Jean
09:18Marquéraud de 2012 à 2014, donc là au gouvernement avec le Premier ministre et je voulais vous
09:24demander, est-ce qu'il y a un peu de nostalgie de cette époque dans le gouvernement sur d'autres
09:31aspects de l'exercice du pouvoir et si vous aviez un souvenir qui vous a particulièrement
09:36marqué à cette époque ?
09:37Alors de la nostalgie non, des beaux souvenirs par contre oui, ça a été une période passionnante
09:43de ma vie, de formation personnelle, c'est vrai que j'y ai acquis une expérience de
09:47l'État et qu'elle me sera utile je l'espère dans mes fonctions de maire parce que j'ai
09:52appris à rencontrer des gens formidables, tout un écosystème d'administration de
09:57l'État et des collectivités locales et des parlementaires.
10:01Des anecdotes, j'en aurais mille parce que ça a été une période incroyable comme l'est
10:08toute action gouvernementale, je pense que nous n'avons pas été à l'abri de difficultés
10:13parce qu'évidemment la situation économique était tendue.
10:17Des souvenirs, peut-être un souvenir merveilleux, y compris parce que j'ai une pensée pour ce
10:22territoire que j'aime infiniment, dans lequel j'avais l'occasion de travailler avant dans le
10:26privé, c'est la Nouvelle-Calédonie.
10:27La Nouvelle-Calédonie, ce petit bout de France à l'autre bout du monde, est une terre exceptionnelle
10:34dans laquelle la France doit démontrer sa capacité d'abord à accompagner en luttant
10:42contre les inégalités, contre la ségrégation, le développement et l'avenir et dans la réconciliation
10:48avec les Kanaks.
10:49Deuxièmement, parce que j'ai moi-même assisté à une cérémonie très émouvante de réconciliation,
10:56la première rencontre qui était réorganisée entre les descendants de la famille Djibaou
11:02et les descendants des assassins.
11:05C'était une période, et Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre qui était en fonction,
11:09m'y veillait beaucoup, où se dessinait une réconciliation et j'ai fait un voyage
11:14exceptionnel en Nouvelle-Calédonie, j'en ai fait d'autres, je suis allé aux obsèques
11:17du roi Sianouk.
11:18Le roi Sianouk, pour moi, c'était un livre d'histoire, j'étais aux côtés du Premier
11:22ministre qui représentait la France.
11:23C'est aussi une aventure humaine, un cabinet de Premier ministre, on bosse 20 heures par
11:31jour, c'est exceptionnellement dense, mais c'est passionnant.
11:35On va se concentrer un peu sur les élections, si vous le voulez bien.
11:38Vous venez de dire un mot qui est réconciliation, rattachée à une période de votre vie.
11:45C'est un des deux mots forts que vous avez évoqués lorsque vous avez annoncé votre
11:50volonté d'accéder au siège de maire de Paris avec l'autre mot qui est apaisé.
11:55Apaisé, réconcilié, c'est selon vous ce dont a vraiment besoin Paris, ce dont ont
12:02vraiment besoin les Parisiens et les Parisiennes ?
12:04Pour vous donner mon analyse complète, d'abord, il ne s'agit pas de parler que de Paris,
12:08mais de comprendre les grands mouvements d'opinion qu'on observe et on le voit à l'aune de
12:14la situation mondiale, de la conflictualité extrêmement forte.
12:18Il y a un sujet qui me préoccupe, c'est le piège d'opinion dans lequel nous nous
12:23sommes engagés collectivement, qui est celui d'une certaine manière de la prime à l'extrémisme,
12:28de la prime à la confrontation, à la violence des affrontements, comme si d'une certaine
12:34manière, il n'y avait plus d'espace pour les voies nuancées, les voies modérées.
12:40Il ne s'agit pas du tout, quand je dis ça, de manquer d'ambition, que ce soit dans les
12:45projets politiques, etc., mais le sentiment que lorsque l'on échappe à l'invective et
12:51quand on échappe au bruit et à la fureur, il n'y a pas de capacité à trouver un espace
12:57d'expression.
12:58C'est, à mon avis, l'un des défauts de la confrontation électorale qu'il y a eu
13:03aux Etats-Unis, par exemple, c'est également le sujet en France quand on voit la prime
13:11médiatique et on a l'impression, d'une certaine manière, qu'il y a tout un système
13:14technologique dans l'espace médiatique qui vient primer ça.
13:17C'est à la fois l'algorithmie des réseaux sociaux, c'est à la fois les stratégies,
13:22on va dire, de susciter le clic et pour susciter le clic, il faut évidemment titiller les
13:29formes les plus dures.
13:32Je pense que le débat public ou notre rôle comme politique, c'est de nous abstraire
13:37de ça, c'est de prendre des chemins, qu'ils soient ceux du débat, du dialogue, de la
13:41confrontation, mais de le faire dans le respect.
13:43Et d'une certaine manière, cette tension sociétale, cette tension qu'on voit dans
13:47la société de confrontation permanente, elle a ses manifestations à Paris, dans le
13:54débat public, dans la gestion, dans ce sujet éternel de régulation des confrontations
14:00dans l'espace public, etc.
14:02Moi je crois que notre rôle à nous d'élus, c'est de dénouer ça, c'est de ne pas s'y
14:07laisser piéger.
14:08Vous êtes donc le protagoniste de votre combat aujourd'hui, les deux prochaines années
14:12vont être chargées, les 18 mois à venir, et celle-là déjà depuis que vous êtes député.
14:18Comment vivez-vous ce passage à ce rôle de protagoniste dans un contexte où on voit
14:23que les sondages aujourd'hui positionnent une candidate d'un autre bord comme plutôt
14:29bien positionné.
14:30Vous avez encore ce sujet des primaires qui arrive, où il va falloir clarifier les choses
14:34vis-à-vis d'un candidat qui a été proposé par Anne Hidalgo.
14:38Comment vivez-vous ce passage en rôle de protagoniste alors même que la situation
14:41est déjà tout fut ?
14:42Écoutez, d'abord, mon expérience de parlementaire est très utile dans cette aventure parce
14:47que moi je me suis lancé dans cette bataille pour devenir député pour deux raisons.
14:51La première, c'est parce que pesait très lourdement la menace que le Rassemblement
14:55national arrive aux responsabilités.
14:56Moi, l'engagement dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme est antérieur
15:01à mon engagement à gauche ou en tout cas concomitant et j'ai d'abord commencé sur
15:04ces modes d'action-là.
15:05Et donc, quand pèse la menace de l'arrivée du Rassemblement national, je voulais m'engager
15:11dans cette bataille.
15:12Et deuxième chose, c'est qu'aujourd'hui à l'Assemblée nationale, je voulais faire
15:19avancer des dossiers que comme premier adjoint j'avais identifié comme des problèmes
15:24et des manques.
15:25Je peux citer évidemment, je m'engage beaucoup sur les sujets de logement, sur les sujets
15:30à la fois de comment on régule les prix de marché et les loyers.
15:35Deuxièmement, m'engager sur les sujets des moyens des collectivités locales et puis
15:41sur l'école publique qui est un combat central dans ma vie d'engagement.
15:47Je considère que l'école publique est le lieu par excellence de l'émancipation, de
15:51la lutte contre le déterminisme.
15:52C'est le lieu de l'égalité républicaine et l'école publique souffre beaucoup aujourd'hui
15:58et mérite qu'on se batte pour elle.
15:59Et puis enfin, j'ai choisi ici de m'engager sur les sujets culturels.
16:03La culture, là aussi, c'est l'émancipation, c'est la liberté et ça compte évidemment
16:08beaucoup à Paris.
16:09Et j'ai voulu mettre ce mandat de député au service de cette ville et nourrir mon expérience,
16:15nourrir mes réflexions pour préparer la suite, en l'occurrence les élections municipales.
16:19On doit parler un peu de bilan parce que vous avez plus de dix ans à la mairie et
16:22dont quelques années avec Anne Hidalgo, on doit parler un peu de bilan.
16:26Est-ce que vous trouvez qu'elle mérite aujourd'hui ce… ce n'est pas une impopularité mais
16:30il y a quand même, dans le discours public, il y a quand même souvent « ah ben c'est
16:34encore une mesure à la Hidalgo » et ainsi de suite, je cite entre guillemets évidemment.
16:40Deux tiers des Parisiens ne sont pas satisfaits, que ce soit sur son bilan ou sa personne,
16:43ce sont les statistiques publiques.
16:45Qu'est-ce que vous en pensez vous de cela ?
16:47D'abord, j'ai suffisamment travaillé auprès de Bertrand Delannoy, Anne Hidalgo
16:52et puis quand je travaille auprès de Jean-Marc Ayrault pour savoir que l'exercice du pouvoir
16:56est très difficile et qu'il n'y a qu'une seule forme de confort dans l'action publique,
17:02c'est de ne rien faire, de ne pas prendre de risques, c'est le meilleur moyen de ne
17:05fâcher personne.
17:06Et moi je veux saluer les personnalités qui ont le courage de leur conviction, le courage
17:11de les transformer en action et d'agir.
17:15Et moi ce que je me dis et ce que je me suis toujours dit aux côtés de Anne Hidalgo,
17:19c'est qu'elle avait un volontarisme, un courage immense qui provoque des frottements
17:25par évidemment les changements qu'il impose, mais que l'histoire lui rendra hommage.
17:31Et aujourd'hui quand j'observe le niveau des débats, je me dis que beaucoup des combats
17:36qu'elle a menés vont dans le sens de l'histoire et sont lus ainsi, y compris par nos adversaires.
17:42Et quand nos adversaires disent « bah oui il faut le faire mais pas comme ça », c'est
17:46que vous avez déjà gagné au moins la moitié de la bataille.
17:48La bataille culturelle, elle est majeure et Anne Hidalgo a mené deux mandats de transformation
17:54de Paris, beaucoup autour de l'enjeu écologique, j'en suis évidemment solidaire et fier.
18:01Le sujet après c'est de trouver pour les prochaines années les sujets sur lesquels
18:06on va travailler.
18:07Moi je vais pendant la campagne expliquer combien l'enjeu environnemental reste un
18:11enjeu central.
18:12Beaucoup a été fait mais nous devons poursuivre ces efforts, nous nourrir aussi de l'expérience
18:18de ces mandats pour donner d'autres inflexions, d'autres sujets à apporter.
18:24Mais ce que je veux vous dire c'est que j'ai travaillé dix ans comme adjoint à
18:28côté d'Anne Hidalgo, six ans comme premier adjoint, donc elle a un rôle très central
18:32et donc son bilan c'est évidemment le mien.
18:36Si des nuances peuvent s'observer, elle l'a fait elle-même, nous le corrigerons
18:42pour l'avenir mais j'ai été fier chaque matin de venir au boulot, j'ai eu un immense
18:48plaisir à le faire et je vais vous dire aujourd'hui quand je suis député, la réalité est que
18:52ça me manque un peu.
18:53Et donc j'ai hâte d'y revenir.
18:55Alors quand vous serez de retour, ce qu'on vous souhaite, quelle sera votre première
18:58décision en tant que maire ou en tout cas sur ces 100 jours, quelle sera la première
19:02chose qui va vous occuper ?
19:03Je vais vous dire, je ne veux pas céder à la facilité du « c'est quoi le premier
19:07truc que tu veux faire », ça renverrait à une forme de simplisme sur la vision de
19:12l'action publique.
19:13Quand vous êtes maire, c'est tous les matins que ça recommence, le soleil se lève et
19:16il faut recommencer la journée, on se parle dans le cœur des compétences d'une municipalité
19:20qui est de gérer les déchets, de s'occuper de la voirie, de s'occuper de la circulation,
19:25etc.
19:26Le cœur du métier de maire, c'est de s'occuper du quotidien et par définition
19:30le quotidien il s'agence tous les jours.
19:33Évidemment, on aura un programme d'action qu'on va construire dans les mois qui viennent.
19:39Peut-être d'abord dire un point de méthode, on a un moment interne au Parti socialiste
19:43de construction du projet, mais assez vite, c'est pour ça qu'il faut qu'on tranche
19:47le sujet du leadership rapidement, nous engagerons un dialogue avec les autres partenaires politiques,
19:54le monde associatif, le monde syndical, le monde de l'entreprise et puis avec les
19:58parisiens et les parisiens.
19:59Et en temps utile, je ne vais pas vous dire que j'ai un projet tout ficelé dans ma tête
20:04et qu'il est bon.
20:05J'ai une idée de programme et évidemment, j'influerai personnellement sur ce programme
20:10et je veux donner aussi le sentiment que je suis ouvert à écouter les bonnes idées
20:15d'où qu'elles viennent et je sais que notamment la société civile parisienne
20:18a beaucoup à dire et veut beaucoup dire et que d'une certaine manière, mon rôle,
20:22c'est un peu cet exercice de synthèse qui nous permettra d'avancer.
20:26En revanche, je veux vous dire, les premières actions que je mènerai, elles interviendront
20:30dans les premiers jours de mon élection, c'est sur les deux sujets majeurs que je
20:34souhaite porter pendant ma mandature, le logement, le logement est tout en haut de la pile et
20:39on détaillera en temps utile ce qu'on veut faire, le logement et l'école.
20:44Vous jouez pleinement avec le PS, du coup, effectivement, ce rôle dans la négociation,
20:49dans le dialogue.
20:50Est-ce que le PS, dans deux ans, sera capable, sera en mesure de se relever et de jouer son
20:56rôle de parti dans le top 3 en France ? Ou est-ce que les extrêmes, et pour revenir
21:01à ce que vous disiez en introduction, les partis plus vindicatifs ont définitivement
21:05mis le pied dans la porte ?
21:06Ils ont plus que mis le pied dans la porte, la question c'est, est-ce qu'on peut leur
21:09retirer le pied de la porte ? D'abord, moi je suis content du positionnement actuel du
21:15parti socialiste.
21:16Pourquoi ? Parce que moi je suis convaincu, et je crois que c'est le cas de quasiment
21:20tous les députés socialistes, que nous avons un rôle particulier dans l'histoire et
21:25qu'il y a quand même un rôle de responsabilité.
21:27Qu'est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire que, quand bien même on n'est pas content
21:30qu'il n'ait pas nommé un Premier ministre du Nouveau Front Populaire, on ne peut pas
21:33se réjouir d'une instabilité parlementaire, d'une instabilité gouvernementale et de l'absence
21:38de budget.
21:39C'est important de le souligner parce que si jamais il y avait une crise institutionnelle
21:43longue qui s'installait, eh bien, ce seront toujours les plus fragiles qui trinqueront
21:48parce qu'il y aura une crise financière, une crise monétaire, plusieurs sujets qui
21:52nous inquiètent et qu'on ne veut pas.
21:53Et notre responsabilité, c'est toujours de rechercher le meilleur, mais c'est aussi
21:58d'éviter le pire.
21:59Et donc, nous souhaitons convaincre que notre rôle à nous est un rôle de stabilisateur
22:05démocratique qui protège les plus vulnérables.
22:08Parce que l'autre hypothèse, c'est celle de la crise qui conduit à une présidentielle
22:12anticipée.
22:13Et c'est un pari…
22:14Et dans un premier temps, peut-être un enchaînement de gouvernements jusqu'à ce qu'on décide
22:17qu'effectivement ça ne marche plus ?
22:18Oui, c'est ça.
22:19C'est en gros une instabilité gouvernementale qui fait que la crise est énorme et on voit
22:23bien qu'à l'extrême droite et à l'FI, ils cherchent cette présidentielle anticipée.
22:28La présidentielle anticipée n'est pas quelque chose que nous souhaitons.
22:32Il faut comprendre pourquoi.
22:33C'est que quand un président de la République démissionne, d'abord, ça traduit une crise
22:36majeure politique et deuxièmement, nous n'avons que quelques jours derrière pour organiser
22:43une présidentielle.
22:44Et ce ne sont pas les conditions saines d'un débat démocratique que de devoir organiser
22:48une présidentielle en 30 jours.
22:49Ce n'est pas sérieux.
22:50Et c'est véritablement une prime aux extrêmes, voire même en sortant parfois, je le dis au passage.
22:57Et donc, si présidentielle il y a, et il y en aura eu dans 2027, elle doit permettre
23:04de déployer un débat public sain, approfondi, démocratique, sinon, ce sera une blitzkrieg d'opportunistes.
23:16On passe du coup devant l'Assemblée nationale, Emmanuel Grégoire en a parlé tout à l'heure.
23:20Et ça fait une bonne transition puisque nous avons un message d'une personne, on a traditionnellement
23:26dans cette émission une question posée par une connaissance de l'invité et donc je vous
23:31montre ce message.
23:32Bonjour Emmanuel, j'espère que tu vas bien.
23:35Il ne m'a pas échappé que tu étais candidat à la mairie de Paris et c'est une formidable
23:39nouvelle pour les parisiennes et les parisiens qui apprendront à mieux te connaître et connaître
23:44ta passion pour cette ville et justement, j'aimerais savoir d'où te vient cet amour
23:49pour Paris.
23:50A bientôt.
23:51Ça me fait très plaisir.
23:53Il s'appelle Maxime, c'est un copain du 12e arrondissement qui a refait sa vie ailleurs,
24:01qui est parti habiter d'abord à Libourne et maintenant qui est engagé à Bordeaux.
24:05C'est un petit clin d'œil sympa parce que j'ai fait mes études à Bordeaux et évidemment
24:10c'est une ville que j'aime beaucoup aussi.
24:12D'où me vient ma passion de Paris, elle me vient de mon enfance, très clairement.
24:19Comme on le disait tout à l'heure, je suis né en Seine-Saint-Denis, mais j'ai très jeune
24:22nourri une passion infinie pour cette ville, pour son histoire.
24:26Peut-être qu'il y a des anecdotes perso d'enfance, quand j'étais petit, je venais
24:32beaucoup à Paris pour des visites de musées, dans des cadres scolaires et tout, mais enfin
24:36ce n'était pas mon terrain de vie, c'était la Seine-Saint-Denis et mon père, ma famille
24:42a toujours eu une passion pour Paris, ils sont tous férus d'histoire et mon père faisait
24:47un truc marrant qui s'appelait les Paris by Night, il avait une R18 break à l'époque
24:55et il nous achetait des paquets de bonbons et on faisait des tours en Paris en voiture
25:01la nuit.
25:02Le Paris by Night, c'était de rouler les fenêtres ouvertes en mangeant des bonbons
25:06et en regardant les monuments et il nous expliquait l'histoire des monuments et les Paris by
25:13Night, c'est un souvenir de gamin extraordinaire, on faisait le tour de Paris en bagnole, j'ai
25:24toujours beaucoup lu sur l'histoire de Paris, son lien avec le pays, son lien dans l'histoire
25:29de France, je connais très intimement cette ville et son histoire avant même d'y avoir
25:35habité et après c'est la résonance de ma passion pour la ville et de mon engagement
25:40politique qui a fait le reste.
25:43Nous passons au Green Light Challenge, ça commence dans un instant.
25:46Vous me répondez par vert, orange, rouge, en fonction de votre sentiment par rapport
25:56à la question que je vais vous poser, c'est du tac au tac et c'est parti.
26:00Emmanuel Grégoire, la retraite à 60 ans ? Orange parce que ça ne peut pas être pour
26:08tout le monde, je n'y crois pas, ce serait démagogique, c'est évidemment possible
26:13mais ce serait trop coûteux et je n'y crois pas et je ne suis pas sûr que tous les citoyens
26:18le souhaitent.
26:19Donc à 60 ans, c'est quand on a commencé à travailler très tôt, ça je suis très
26:22attaché, 40 annuités, il faut pouvoir partir à 60 ans, il faut que tous les métiers pénibles
26:27etc.
26:28Donc ça c'est vert pour ceux qui ont commencé très tôt et orange pour ceux qui veulent
26:33continuer à travailler un peu plus parce que je ne crois pas que tout le monde va partir
26:36à 60 ans.
26:38Merci, les JO24 ? Un méga vert, un méga vert, je n'en doutais pas, on a fait tous
26:45collectivement de donner le meilleur de nous-mêmes et quand on est tous alignés pour faire
26:48des efforts ensemble, on soulève des montagnes, il faut juste faire en sorte que cet état
26:52d'esprit des JO 2024, il infuse dans d'autres occasions de la vie.
26:57Mais ça a été une belle fête et on a essayé de veiller avec la ville à associer le plus
27:02largement et on l'oublie mais il y avait énormément de sites organisés à côté
27:05pour que tout le monde puisse profiter des JO parce que comme je dis, des fêtes à
27:09Paris, il y en a beaucoup mais on n'est pas tous invités et ce qu'il faut, c'est
27:13que tout le monde puisse se sentir invité à la fête, voilà, on a un immense vert.
27:17Les JO 2024 en termes d'écologie ? Vert, vraiment vert, là aussi, il faudra un
27:24peu de temps pour laisser compris les gens extérieurs, évaluer ça mais ça a été
27:28au cœur de la candidature, alors vous me direz les JO, ça pollue plus que pas de JO,
27:34la réponse est oui, mais on voulait faire la démonstration qu'on peut organiser
27:40un très grand événement, le plus grand événement au monde en ayant une ambition
27:43immense, il faudra le confirmer, mais c'est vraiment, on pense avoir réuni l'objectif,
27:48c'est une empreinte carbone deux fois inférieure à celle de Londres qui était déjà exemplaire,
27:52à la fois grâce aux transports en commun, grâce au travail qu'on a fait contre le
27:57plastique à usage unique, donc oui, c'est une opération réussie et le temps permettra
28:01de le démontrer et d'en faire un bilan précis.
28:04Green Light Challenge, Emmanuel Grégoire, François Bayrou.
28:07Orange, orange parce que c'est un adversaire politique, c'est un homme de droite, j'ai
28:14toujours considéré qu'être centriste c'est être de droite et d'ailleurs dans
28:18les alliances à chaque fois ça le traduit, et orange parce que je veux laisser une chance
28:23au Premier Ministre de la France de trouver un chemin, tout ça pour dire que j'ai des
28:29adversaires résolus en politique, et à l'exception de l'extrême droite, ça ne
28:34m'empêche pas d'être respectueux et d'être dans le dialogue, donc voilà, je lui souhaite
28:39bonne chance, mais il est sous surveillance.
28:41Piquer une tête dans la Seine.
28:44Méga vert, je l'ai fait, je l'ai fait d'abord, je l'ai déjà fait à l'été 2022, dans
28:50le premier temps de communication qu'on avait organisé, je vais vous dire c'est très agréable,
28:57on parle de la nage dans un lac, en termes de sensation, avec un petit peu de courant
29:01en plus, faire attention au courant, ce qui supposera d'ailleurs des méthodes de surveillance,
29:06d'abord rappeler que si on a fait tous ces investissements pour la Seine, ce n'est pas
29:11uniquement pour les JO, voire même pas pour les JO, au sens où ce qu'on a fait pour améliorer
29:17la qualité du fleuve, c'est d'abord pour protéger le fleuve des affres de nos propres
29:21pollutions, c'était indispensable d'arrêter de traiter le fleuve comme un égout à ciel
29:26ouvert, comme ça l'a été pendant des dizaines d'années, et il se trouve que la cerise
29:29sur le gâteau, c'est que comment montrer mieux que l'eau est propre qu'en s'y baignant,
29:34et que les JO, pourquoi les JO ont été hyper utiles, c'est qu'ils ont incarné un calendrier
29:40d'obligation de résultat qui a permis d'accélérer considérablement ce travail d'assainissement
29:46de la Seine, et dès l'été 2025, je l'espère, tous les parisiens pourront venir goûter
29:51à ce plaisir simple, on protège notre fleuve, c'est un atout immense, c'est la biodiversité,
29:58c'est le respect, il faut qu'on arrive nous les sociétés humaines à démontrer qu'on
30:01sait vivre sur cette planète sans la condamner à une extinction rapide, parce que c'est
30:06ça l'enjeu, il faut en comprendre la gravité, et qu'une grande agglomération comme le Grand
30:13Paris, et bien arrête de le traiter comme une poubelle, et super, et on le démontrera
30:22chaque printemps et chaque été en se baignant dedans, même sans amoxyciline, pour prendre
30:28un parallèle, c'est comme un lac ou comme la mer, l'eau est de bonne qualité, elle
30:33sera surveillée évidemment, de temps en temps il peut y avoir des petits phénomènes
30:37de pics de pollution, mais comme ça arrive dans un lac, ou pour une raison x ou y de
30:40concentration d'algues etc, il y a une interdiction de 24h ou 48h à la baignade, mais c'est pareil
30:45que la mer, mais simplement de rappeler l'humanité à un devoir impérieux, qu'est si elle ne
30:50protège pas la planète dans laquelle nous vivons, nous la condamnons à une extinction
30:55rapide, nous ne la verrons pas nous ici, mais dans 150, 200 ans, on n'engage pas cette
31:03bifurcation écologique, cette planète deviendra insoutenable, et il y aura des catastrophes
31:09écologiques et donc sociales absolument majeures, donc c'est notre responsabilité,
31:13si on ne veut pas rester dans les livres de l'Histoire comme les générations qui ont
31:18tué cette planète.
31:19Emmanuel Grégoire, le prix d'un logement à Paris en 24, en location ou en acquisition ?
31:25Alors, en acquisition évidemment, vous savez que ça dépend des quartiers, on est retombé
31:29en dessous de 10.000 euros du mètre carré, autour de 9.100, mais c'est un carton rouge
31:36évidemment.
31:37Un carton rouge parce que le logement est pour moi la préoccupation centrale, le sujet
31:44le plus important, parce qu'on comprend qu'en pesant sur le pouvoir d'achat, il crée un
31:49effet d'éviction.
31:50D'abord dire qu'avec le logement social, on a créé quand même un outil d'une très
31:54grande puissance pour maintenir de la mixité sociale à Paris, qu'on va continuer ce travail
31:59en faveur du logement social, mais que ça ne suffit pas, et donc on est en train de
32:03travailler avec la foncière logement, on a déjà commencé à la ville de Paris, mais
32:06évidemment je ferai d'autres propositions dans les mois à venir.
32:09On doit mieux réguler les locations, on doit lutter contre la spéculation, il y a 300.000
32:14quasiment logements qui sont inoccupés à Paris, on doit trouver les outils pour massivement
32:18les remettre sur le marché locatif, lutter contre les meubles touristiques.
32:23Il faut comprendre que Paris, il y a deux menaces structurelles qui pèsent sur Paris
32:28depuis très longtemps.
32:29C'est d'abord parce que c'est une ville très attractive, les phénomènes spéculatifs
32:34du marché, ça pèse à tout égard sur le commerce, sur le logement, sur les prix en
32:39général à Paris, et le deuxième, et ça le nourrit, c'est le sur-tourisme, c'est
32:45que certains quartiers de notre ville au moins s'abandonnent exclusivement à ces touristes.
32:50Le tourisme c'est génial, on en a besoin économiquement, culturellement, mais il faut
32:55veiller aussi à ce que ces touristes viennent nourrir la qualité de vie des Parisiens
32:59et que ça ne se construise pas au détriment de la qualité de vie des Parisiens.
33:02La mobilité durable, la mobilité douce à Paris ?
33:06Alors je vais mettre un orange, un orange parce qu'on a fait évidemment énormément
33:12pour cela et c'est très bien, on doit continuer à développer le réseau cyclable, etc.
33:19Mais un petit orange parce que c'est un sujet que je veux traiter, c'est les conflits
33:23d'usage de l'espace public, c'est la circulation des bus et des vélos, des vélos
33:28il y en a beaucoup qui respectent les règles mais il y en a beaucoup qui ne respectent
33:30pas et donc il faut que ceux qui ne respectent pas les respectent.
33:33Bref, on tient le bon bout, on va continuer les efforts, il faut mettre un tout petit
33:37peu plus sur la régulation, l'éducation, le respect et le cas échéant, la sanction.
33:42Merci beaucoup pour le Green Light Challenge.
33:45Merci.
33:46On passe sur le sujet de la transition écologique, on va rentrer un petit peu dedans, juste
33:50deux ou trois questions.
33:51Depuis quelques mois, Forbes, d'une situation macro un petit peu tendue, on voit un retour
34:00en arrière côté privé sur beaucoup d'engagement pris par les entreprises et évidemment on
34:05le retrouve également sur beaucoup de discussions, même la CSRD en ce moment est un peu en risque
34:11au niveau européen.
34:12Est-ce que vous vous ressentez dans le public que ce soit à l'Assemblée ou évidemment
34:17quand vous êtes sur des sujets plus paris, est-ce que vous ressentez ce retour en arrière
34:21sur l'écologie dans le public ?
34:24Oui, on le ressent.
34:26D'abord, il n'est pas interdit d'être préoccupé sur les sujets écologiques et
34:31de ne pas se désintéresser d'autres sujets.
34:33Ce n'est pas parce qu'on parle d'autres sujets que nécessairement la conscience de
34:37la crise écologique est moins là.
34:38Mais le sujet est assez simple en fait.
34:42La priorité de l'écologie peut réduire quand on a le sentiment qu'elle se construit
34:49au détriment des sujets économiques.
34:52En gros, si faire de l'écologie c'est sacrifier l'économie, nécessairement dans
34:58les moments où c'est la crise économique, on revoit l'ordre des priorités.
35:01Ce qu'il faut, c'est précisément penser un mandel de bifurcation écologique qui ne
35:06se construise pas contre, on va dire, une prospérité partagée.
35:12Il ne faut pas laisser à penser non plus qu'on sait faire de l'écologie sans faire
35:16des efforts sur une forme de contraction, une forme de responsabilité sur la trajectoire
35:21économique.
35:22Pour le dire différemment, si on consomme plus, plus, plus tout le temps, tout le temps,
35:26tout le temps, c'est une impasse, c'est un mensonge.
35:30Quand on dit la croissance verte, les gens disent « mais ce qu'il faut c'est de
35:36la croissance verte ».
35:37OK, mais si la croissance verte, il ne faut pas non plus que ce soit juste du greenwashing
35:41d'expression.
35:42La réalité, c'est que je pense qu'il y a un modèle de responsabilité et de sobriété
35:47environnementale qui ne soit pas un modèle basé sur la privation, mais précisément
35:52sur la responsabilité, notamment sur le partage.
35:54C'est ce qu'on dit par exemple sur l'exemple des mobilités à Paris.
35:57Si on a tous notre bagnole individuelle, ça ne marche pas.
36:00La bagnole n'est pas utilisée 80% du temps, etc.
36:03Donc nous, ce sur quoi on est mobilisés, c'est ce qu'on appelle les communs, c'est
36:09de miser sur le collectif.
36:11Le collectif, c'est avoir des paniers dans lesquels on peut puiser en fonction des besoins.
36:16Et quand on a une notion d'une voiture, on utilise une voiture.
36:19Mais l'idéal, c'est une voiture en partage, évidemment des taxis, des VTC, etc.
36:25Ce qu'il faut, c'est prendre le chemin qui soit le moins consommateur en ressources
36:32au profit de tout le monde.
36:34Donc, c'est une prospérité qui doit être plus partagée.
36:37On ne peut pas avoir d'un côté un discours qui est dit « il faut réduire les vols
36:42en avion », ce qui est le cas.
36:43Il faut réduire les vols en avion et dire aux gens « vous ne pourrez faire que 4 voyages
36:46dans votre vie en avion, là où une partie de la population en fait 4 par mois.
36:49Ce n'est pas possible.
36:50» Et donc, il faut y travailler, il faut être sincère sur le fait que notre modèle
36:56consumériste trouve aussi ses impasses, mais il faut aussi que la promesse de l'écologie
37:01ne soit pas qu'une promesse de privation et de retour en arrière d'une certaine
37:05manière.
37:06Et ce chemin existe en particulier dans les villes denses, dans les grandes villes urbaines
37:11parce qu'on peut partager, on peut mutualiser, ce qui fait que notre impact carbone individuel
37:16est infiniment réduit précisément parce qu'on est tous ensemble à vivre et à mettre
37:20en commun.
37:21L'infrastructure de transport est assez dense en effet à Paris, mais elle est payante.
37:25Est-ce que c'est un mythe inatteignable, la gratuité du transport en commun en Île-de-France ?
37:30La réponse est oui, c'est inatteignable et surtout la question, c'est est-ce que
37:33c'est vraiment l'enjeu principal ?
37:36Moi d'abord, qu'il y ait des politiques de gratuité des transports, j'y suis très
37:40favorable quand ça répond à des logiques ou des besoins très particuliers.
37:45Mais aujourd'hui, sur le plan budgétaire, c'est hors de portée de faire une gratuité
37:55généralisée, d'abord parce qu'elle ne pourrait pas être poncée à l'échelle
37:58de Paris.
37:59Comme au moins, maire de Paris, j'aurais la prétention de porter une des métros gratuits
38:04et qui ne s'appliquerait pas au Lille-Âme, à Entreuil, à Magnolet.
38:07Donc c'est un sujet grand parisien et pas un sujet parisien.
38:09La deuxième chose, c'est que je crois que nous avons besoin de faire des investissements
38:13majeurs dans les transports en commun encore et que dans un arbitrage d'allocation de
38:18moyens financiers, je préfère maintenir des investissements très lourds plutôt que
38:23de les faire glisser sur le financement de la gratuité.
38:26Mais je réfléchis sur un sujet, sur la gratuité et je le mettrai sur la table avec tous les
38:33partenaires qui peuvent être concernés.
38:34J'aimerais rendre le réseau de tramway et de bus, j'envisage de proposer de la gratuité
38:40pour les bus et les tramways, les transports de surface.
38:44Je rappelle que dans les modèles internationaux de gratuité, les modèles français, c'est
38:48sur les réseaux de surface.
38:50En gros, pourquoi ? Parce que ça rendrait le bus et le tramway plus attractifs.
38:55On comprend que le réseau de sous-sol qui est le plus efficace, le plus rapide, le plus
38:58massif, c'est hors de portée budgétaire.
39:01Mais c'est un sujet que j'aimerais beaucoup mettre sur la table, la gratuité des bus
39:05et des tramways.
39:06On va bientôt arriver au Parc des Princes, notre destination, on se retrouve dans un
39:09instant juste devant.
39:25Alors Emmanuel Grégoire, ça y est, on vient d'arriver, le taxi nous a déposés, nous
39:28sommes devant le Parc des Princes.
39:29Pourquoi est-ce qu'il fallait venir ici aujourd'hui ?
39:31Parce que c'est l'un des lieux symboliques sur lesquels on va devoir travailler.
39:34Il y a plein de débats autour du Parc des Princes et c'est vrai que comme maire, j'espère
39:38dénouer ce projet.
39:39Il faudrait que le club reste ici, il faut qu'on construise un projet ensemble.
39:44S'il va à un stade à 100 000 places, ce ne sera pas ici parce que ce n'est pas possible
39:49physiquement.
39:50Je veux vraiment construire avec le club de garder le Parc des Princes, de garder son
39:56caractère populaire, augmenter sa capacité, oui, mais ne jamais perdre l'état d'esprit
40:01de celui qui est le foot.
40:02C'est d'abord celui d'une fête populaire où tout le monde a sa place, qu'il soit
40:07en quasi-coeur de ville, c'est quasiment unique en Europe, il faut en faire une force
40:10et ne pas considérer que c'est un défaut.
40:11Vous l'achetez le tee-shirt de qui, votre fils ?
40:14Je le fais non floquer et ensuite, il choisit le nom qu'il veut floquer une fois qu'il
40:18a le cadeau.
40:19Mon fils choisit toujours parfois des noms de footballeurs un peu iconoclastes, il ne
40:26prend jamais les têtes d'affiches une fois qu'il a pris un maillot Mbappé, mais
40:28il aime bien et je suis bonheur qu'il le fasse floquer Pachaud cette fois-ci.
40:33Parfait.
40:34Vous parlez de sport populaire, ça fait un lien avec le thème qu'on a un peu évoqué
40:39en voiture qui est un thème important pour vous, la mixité urbaine.
40:43Je vais vous poser quelques questions et vous me dites ce que vous en pensez.
40:47On en est où sur ce sujet qui est important pour vous, pour les Parisiens, par rapport
40:51au capital européen ? On entend souvent dire que Paris est moins cher que Londres
40:55par exemple, certainement plus cher que Berlin.
40:57Oui, Paris est beaucoup moins cher que Londres.
40:59Il y a aussi la question du périmètre parce qu'on parle de Londres, mais Londres, c'est
41:04plus grand que le Grand Paris en fait, ce n'est pas du tout la même organisation.
41:07Ce qui se posera d'ailleurs un jour dans l'avenir et ce jour arrive vite, on devra
41:13réfléchir à comment on travaille tous ensemble.
41:15L'harmonisation administrative.
41:16Oui.
41:17Avant de parler des institutions, je pense qu'il faut parler des sujets de fond.
41:20Quels sont les sujets sur lesquels agir à l'échelle de Paris seulement ou à l'échelle
41:24de la commune ne suffit pas ? Il y a des sujets en matière de logement, de santé,
41:28d'enseignement supérieur, de mobilité sur lesquels on doit élargir la focale et travailler
41:33tous ensemble.
41:34En revanche, ce qui est certain, c'est que Paris, cette petite ville de deux millions
41:38d'habitants à l'échelle mondiale, elle a une caractéristique unique au monde qui
41:43nous est enviée, en particulier en Asie et aux Etats-Unis, c'est qu'elle a une vraie
41:48mixité sociale.
41:49Il y a toutes les classes à Paris, classe populaire, classe moyenne, des gens plus
41:54riches et que, dans l'histoire, c'est une réalité qui est très ancienne à Paris,
41:59ça a toujours été un élément de la capacité d'innovation, de la capacité culturelle.
42:05Paris, c'est une terre de refuge, c'est une terre de protection, c'est une terre
42:09d'émancipation et de promotion, d'ascension sociale et ça doit le rester.
42:14Moi, c'est vraiment peut-être le principal de mes combats, Paris, c'est une ville éternelle
42:18pour son patrimoine, mais j'allais dire, quel que soit le maire, ça le restera.
42:23Mais par contre, il y a un enjeu majeur, notamment dans le combat droite et gauche, c'est de
42:28faire en sorte que Paris, ça reste une promesse d'avenir, une promesse accessible pour tous.
42:34Je suis un gamin de Seine-Saint-Denis qui a réussi à s'y installer et à s'y épanouir.
42:41Il faut que ça reste une réalité pour tout le monde, qu'en gros, ceux qui veulent venir
42:46vivre à Paris puissent le faire sans que ce soit insurmontable et inaccessible.
42:51C'est vraiment un enjeu majeur parce que c'est ça qui fait la vie de nos quartiers,
42:55c'est ça qui fait la vie de proximité, le réseau de commerçants, les cafés, la
43:00vie sociale à la parisienne.
43:01C'est un modèle qu'on doit protéger coûte que coûte et beaucoup de villes du monde
43:06l'admirent et veulent s'en inspirer, donc nous, on le protège.
43:09Merci Emmanuel Grégoire.
43:10Merci beaucoup à vous.
43:11C'est un plaisir de partager ce moment ensemble, de nous avoir partagé cet agenda, cette vie
43:16que vous avez et notamment la vie de député, on en a parlé.
43:20Merci à vous.
43:21Et bonne chance pour les élections et pour la primaire qui arrive.
43:23Pour ma part, je vous remercie infiniment de nous avoir suivis pour cet épisode de
43:27Green Light, la suite des programmes dans un instant sur Be Smart For Change.
43:30Merci.