« Je voulais sécuriser la protection des producteurs. »
Nicolas Chabanne, fondateur de C'est qui le Patron ?!, a décidé de léguer toutes les actions de son entreprise à une fondation pour protéger durablement les producteurs. Pour neo, il explique les raisons de ce choix. 🚜💪
Nicolas Chabanne, fondateur de C'est qui le Patron ?!, a décidé de léguer toutes les actions de son entreprise à une fondation pour protéger durablement les producteurs. Pour neo, il explique les raisons de ce choix. 🚜💪
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00:00Pour la seule fois de ma vie, j'ai eu l'impression, en regardant Michel Fourniret, de voir le mal incarné.
00:05C'est troublant, j'ai mis un mois à m'en remettre.
00:07Bonjour Néo, je suis Stéphane Durand-Soufflant,
00:10je suis le chroniqueur judiciaire du journal Le Figaro depuis maintenant 25 ans,
00:14et je suis ici pour vous parler des plus grands procès d'assises que j'ai couverts.
00:17Alors mon baptême du feu, ou mon baptême du sang même,
00:20parce que c'était vraiment un procès très sanglant,
00:22c'était le procès de Guy Georges en 2001.
00:25Guy Georges était un tueur en série qui a sévi à Paris dans les années 90,
00:30il a été surnommé le tueur de l'Est parisien.
00:32Il a été accusé d'avoir tué, dans des conditions extrêmement horribles,
00:37sept jeunes femmes qu'il avait également violées.
00:39Les femmes avaient peur de sortir la nuit, on se demandait qui il était,
00:42les policiers ont eu énormément de mal à l'identifier.
00:45Aujourd'hui, avec les techniques plus modernes comme l'ADN,
00:48on l'aurait sans doute attrapé vite, mais à l'époque il n'y avait pas de fichier d'ADN,
00:51ce qui fait qu'il a pu, pendant des années, échapper à toutes les recherches.
00:54Au procès de Guy Georges, j'étais très inexpérimenté en la matière,
00:57donc j'avais très peur de ne pas y arriver.
01:00Et puis, assez vite, j'ai été pris par ce spectacle de la justice
01:04et aussi la personnalité très particulière de Guy Georges.
01:08Les procès, dans la vraie vie, ce n'est pas comme au cinéma,
01:10il n'y a pas toujours un coup de théâtre,
01:12le truc incroyable qui vient complètement bouleverser.
01:15Mais ça arrive, j'ai un souvenir particulier au procès de Jacques Viguier,
01:18qui était un professeur de droit toulousain, accusé d'avoir tué sa femme.
01:21C'est une histoire très étrange parce qu'il n'y avait pas de crime,
01:24pas d'aveu, pas de mobile réel.
01:26Et là, l'avocat de la Défense, qui était Éric Dupond-Moretti,
01:29qui deviendra bien longtemps après ministre de la Justice,
01:32il avait trouvé dans le dossier un truc que personne n'avait vu grâce à des écoutes.
01:35Et il y a eu un moment absolument invraisemblable où il a interrogé un témoin,
01:40sans aucun intérêt, qui était la babiciteur du couple Viguier.
01:43Et il a réussi à lui faire avouer qu'elle était entrée dans la maison de la victime
01:47avec un autre homme qui aurait pu déposer des indices, etc.
01:50Et là, il y a eu vraiment un coup de théâtre invraisemblable,
01:53extraordinaire, qui a fait les gros titres des journaux.
01:56Il y en a eu un aussi, dans cette histoire extraordinaire, dans l'affaire Agnolet,
01:59qui était accusé d'avoir tué des années et des années avant une riche héritière niçoise.
02:03Et en plein procès, l'un des fils de l'accusé est venu dire
02:07« c'est mon père qui l'a fait, il me l'a dit quand j'étais adolescent ».
02:10Alors le procès qui m'a le plus marqué, c'est Michel Fourniret,
02:12qui était un tueur en série aussi, qui a sévi dans le nord de la France,
02:16dans les Ardennes et aussi en Belgique, qui s'en prenait à des très jeunes filles.
02:20Les faits sont épouvantables.
02:21Maintenant, il est mort, mais on se rend compte qu'il y a d'autres victimes
02:24qui étaient passées, comme on dit, sous les radars et qui se sont identifiées.
02:28Je n'ai jamais connu quelque chose d'aussi dur à supporter que ce procès-là,
02:31que cet accusé-là, qui était un type totalement pervers,
02:35qui jouissait du dégoût qui l'inspirait.
02:37C'était vraiment un processus psychologique très pénible.
02:40C'est un procès qui a duré deux mois.
02:42J'ai mis un mois à m'en remettre.
02:43Pour la seule fois de ma vie, j'ai eu l'impression,
02:46en regardant Michel Fourniret, de voir le mal incarné.
02:49C'est troublant qu'à un moment, on l'a vu rire, on l'a vu pleurer,
02:52on l'a vu manifester des émotions,
02:54mais c'était quand même une incarnation du mal assez recevable.
02:59Dans la série des procès qui ne se sont pas passés comme prévu,
03:02il y a celui d'Outreau, cette histoire de pédocriminalité monstrueuse.
03:07Parce qu'on nous avait expliqué, vous allez voir un réseau pédophile dans ses œuvres.
03:11Vous allez voir ce que c'est, vous allez voir ces gens,
03:13vous allez comprendre pourquoi ils ont fait ça.
03:15Et vous verrez les enfants qui veulent parler, qui veulent témoigner.
03:18On s'est rendu compte que les trois quarts des accusations ne tenaient pour rien.
03:22Il y avait 17 accusés, 13 ont été finalement acquittés.
03:25Il n'y en a que 4 qui ont été condamnés, qui ont accepté leur peine et avoué leur crime.
03:29Et tous les autres qui n'avaient jamais cessé de se dire innocents ont été acquittés.
03:33Et ce qui était très troublant dans Outreau,
03:35c'était d'abord de voir, jour après jour,
03:38s'effondrer un dossier qui avait été construit pendant des années.
03:41Et puis il y avait aussi cette idée que, malgré tout,
03:44les témoignages des enfants, qu'on avait cru, étaient, pour beaucoup, mensongers.
03:49Moi, je n'ai jamais vu, à part dans Outreau,
03:51autant de dysfonctionnements s'enchaîner les uns dans les autres.
03:54C'est-à-dire le juge, le procureur, les avocats du début, les services sociaux.
03:58Il n'y a rien qui a marché dans Outreau.
04:00Et ça a provoqué cette espèce de déflagration atomique.