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Il y a deux ans, l’association des entreprises de la beauté, Consortium, a développé un Nutri-Score adapté au marché des cosmétiques. Le Green Impact Index est un affichage qui permet aux consommateurs de comprendre les répercussions environnementales et sociales des produits cosmétiques.

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00:00Le débat de ce Smart Impact, on découvre un affichage environnemental pour les cosmétiques avec Aurélie Guillaume, bonjour.
00:14Bonjour.
00:15Bienvenue, vous êtes secrétaire générale du consortium Green Impact Index et directrice Recherche et Développement chez Arco Pharma.
00:23Alexandra Ferré, bonjour.
00:24Bonjour.
00:25Vous aussi, directrice Impact RSE chez Yves Rocher, comment est né cet index, racontez-moi.
00:30Alors, comme vous le savez, quand on achète un produit, quand on est consommateur, on a envie vraiment d'en savoir plus maintenant, de plus en plus sur sa composition, type d'ingrédient, comment il est fabriqué, etc.
00:40Et en fait, en tant qu'acteur de produits cosmétiques, mais aussi compléments alimentaires, parfums, on va dire des produits de santé et de bien-être de manière générale, on a décidé de s'unir, unir nos forces pour pouvoir mettre en place une méthode commune sous l'égide de l'AFNOR qui nous permet de mesurer l'impact à la fois environnemental et sociétal des produits que nous concevons.
01:03Donc, ça ressemble à, on pense tous au Nutriscore, évidemment, c'est un logo qu'on trouve sur les produits, c'est ça ?
01:10Alors, sur les produits, non, pas pour l'instant. Aujourd'hui, on le fait plutôt sur les sites internet des marques.
01:15D'accord.
01:16Parce qu'on est aussi en train de mettre en place cette méthode, tous ensemble. Mais en fait, oui, tout à fait, ça ressemble à un logo avec 4 lettres, A, B, C, D, E, un code couleur aussi de vert à rouge.
01:25Donc A ou B, on est dans le vert, on fait des produits qui sont parfaitement éco-sociaux conçus. D ou E, on a une marge de manœuvre, on a un impact environnemental qui est beaucoup plus important et on se doit de mettre en place des actions, notamment sur l'emballage, par exemple, du produit.
01:40Si jamais il n'est pas recyclable aujourd'hui, il faut qu'il le devienne absolument demain.
01:43Et qui fait partie de ce consortium ?
01:45Alors, on est près d'une trentaine d'acteurs qui représentent 100 000 entreprises françaises de toutes tailles. Donc il y a des grands groupes internationaux comme Pierre Fabre, comme Le Gros Brochet, des entreprises de taille intermédiaire comme Arco Pharma, par exemple, Léa Nature et des toutes petites entreprises.
02:03Ça, c'est le premier point. Et ça, on met tous des produits de santé ou des produits de bien-être, de beauté sur le marché. Mais on a aussi décidé d'inclure des acteurs qui nous permettent de concevoir les produits, c'est-à-dire des fournisseurs d'ingrédients.
02:16Donc comme, je ne sais pas moi, Berghem, DSM, des fournisseurs aussi de parfums et d'arômes comme Technicoflore. Donc en fait, on a toute la chaîne de valeur est présente.
02:26Brice Rocher, le patron du groupe Yves Rocher a pris la tête, vient de prendre la tête de ce consortium. J'en profite pour faire le bilan. Ça fait quoi ? Ça fait deux ans à peu près que le Green Impact Index a été créé. Quel bilan vous en faites ?
02:38Tout à fait, ça fait deux ans. Donc on peut déjà en faire un bilan très positif. Parce qu'on a notamment testé l'appétence des consommateurs pour ce genre d'affichage environnemental et social.
02:48Et c'est très bien reçu. Déjà parce qu'Aurélie le disait, les consommateurs sont en attente de plus de transparence. Et ils attendent aussi que les entreprises les aident à consommer de manière plus responsable.
02:58Donc nous chez Yves Rocher, on a une quarantaine de produits qui sont évalués. Et ça permet en fait de donner aux consommateurs une vision très très claire de tout le cycle de vie du produit avec une note qui est très lisible pour le consommateur.
03:09Et vous le disiez, qui ressemble au Nutri-Score. Donc ce qu'on voit d'un point de vue consommateur, c'est que c'est immédiatement identifié et on comprend de quoi on parle, de quoi il s'agit.
03:18Et puis après, d'un point de vue des entreprises, ça a aussi un impact positif parce que ça nous permet de travailler l'éco-conception des produits. Donc on va travailler avec les entreprises, avec les équipes marketing, avec le développement de produits pour justement améliorer le score G2C.
03:32C'est un aiguillon pour progresser. C'est un défi collectif en quelque sorte, vous dites ça ?
03:35Tout à fait. C'est à la fois un défi au sein de l'entreprise, mais c'est aussi un défi avec les autres entreprises. On est dans une mode de coopération et de compétition.
03:44Ou au contraire, on veut vraiment élever les standards de l'industrie de la beauté vers plus d'engagement, plus de transparence et que ce soit transversal à toutes les entreprises de la beauté.
03:52Comment vous contrez la critique qui vous est forcément faite de dire que c'est le secteur qui crée son propre label et qui se fait de la pub ? Il y a des intervenants extérieurs pour donner la viabilité à ce label ?
04:11Tout à fait. Déjà, c'est multisectoriel. Je pense que c'est sa force. Il y a les produits cosmétiques, mais nous, par exemple, on fait beaucoup de compléments alimentaires.
04:20Et ça, c'est une première de se réunir en tant qu'acteur à la fois beauté et pharma. Ça, c'est le premier point. Déjà, on s'auto-challenge entre nous.
04:29Et ensuite, ils contrôlent vos critères.
04:32C'était vraiment important. C'était d'avoir une neutralité, une forme d'impartialité sur cette méthode très exigeante.
04:39Ça a été compliqué entre nous. On a réuni 120 experts dans 10 groupes de travail. Je vous laisse imaginer pour vraiment arriver à avoir un consensus auprès de toutes ces personnes.
04:49Et comme le disait Alexandra, on a travaillé vraiment avec des experts métiers. La formule, ce sont des formulateurs, des chimistes qui travaillent à nos côtés.
04:55Le PAC, des experts packaging, des ingénieurs PAC, les process de fabrication, etc. Et ce qu'il faut savoir dans cette méthode, c'est qu'elle s'appuie sur des standards existants et publiés.
05:04Alors ça peut être des normes ISO. Ça peut être des standards de l'OCDE. Ça peut être des méthodes proposées sur le PAC par Citeo, par exemple, un outil B.
05:13Mais on se repose vraiment sur des choses standardisées, normées. Et ça, ça a été extrêmement important et fondamental pour l'ensemble des acteurs.
05:21On va s'appuyer sur deux leviers d'amélioration avec comme source la Fédération des entreprises de la beauté qui nous dit que l'eau représente entre 60 et 90%.
05:31Évidemment, ça dépend de la composition des produits cosmétiques. On va voir ce chiffre s'afficher. Et puis sur les emballages, la cosmétique représente 5% des emballages plastiques en France, environ 55 000 tonnes.
05:45Peut-être sur l'eau pour commencer, Alexandra Ferré. Elle est où, l'eau ? Elle est dans les produits qu'on achète ? Et à ce moment-là, est-ce qu'il faut aller vers des cosmétiques secs ?
05:58Alors il y a un double enjeu sur l'eau. Il y a effectivement l'eau au sein des produits cosmétiques et notamment les produits de la douche. Et là, vous en parlez, il y a les produits solides.
06:06Par exemple, les shampoings solides, les nettoyants visage solides, les gels douche solides qui se développent de plus en plus et c'est un marché porteur.
06:13Sauf que là, il faut qu'on change nos habitudes, nous de consommateurs, c'est pas si simple. Mais bon, j'ai testé, c'est pas si simple.
06:18Mais c'est vrai que c'est des produits qui aujourd'hui ont la même sensorialité pour la plupart que les produits liquides. Donc c'est vraiment un usage consommateur que d'ailleurs le Green Impact Index va faciliter.
06:27Puisqu'il va orienter vers des produits plus engagés comme les produits solides. Et puis après, il y a un autre enjeu sur l'eau. En vérité, on pense que tout est concentré dans le produit.
06:34Mais c'est aussi chez soi, dans la douche, dans la salle de bain, c'est l'usage de l'eau chez le consommateur qui fait le plus gros impact.
06:42Exactement. Et donc là, c'est plutôt des initiatives de sensibilisation qu'il faut avoir auprès des consommateurs.
06:47Ou alors travailler la rinçabilité des produits pour qu'ils s'enlèvent plus facilement du cuir chevelu ou du corps.
06:53Et donc ça, vous faites progresser vos produits en la matière d'ores et déjà.
06:56Tout à fait. C'est des chantiers qui sont en cours et nous, on mise aussi beaucoup sur le marché du solide. On essaye vraiment de le pousser.
07:02Chez Yves Rocher, on est numéro 1 de la cosmétique solide en France et c'est un marché qu'on continue à dynamiser avec nos produits.
07:09Et alors, vous disiez juste avant qu'on démarine ça, qu'il faut parler du coton aussi quand on parle de l'eau. Pourquoi ?
07:14En fait, parce qu'il y a de l'eau cachée finalement autour des produits cosmétiques. Et en fait, ça peut venir par exemple des ingrédients.
07:20Un ingrédient dont la culture nécessite beaucoup, beaucoup, beaucoup d'eau. Il y a des plantes qui vont vraiment demander un apport en eau très important.
07:27Et donc ça, on les limite parce que dans le cadre de notre Green Impact Index, on regarde les conditions de culture, la nécessité d'avoir un apport en eau,
07:35on va dire à la source de la plante qui ensuite est dans le produit. Et puis à la fin, en effet, dans le gestuel, une eau démaquillante par exemple,
07:42quand on fait une analyse de cycle de vie, on s'aperçoit que le coton à démaquillé, c'est lui en fait qui a...
07:48Qui pèse le plus lourd.
07:49Exactement, qui pèse mais largement le plus lourd. Et donc, c'est là où les marques aussi incitent sur des nouvelles gestuelles, comme vous disiez,
07:55qui ne sont pas évidentes à faire entrer dans notre quotidien mais qui sont essentielles. Donc là, typiquement, des cotons, des petites lingettes...
08:01Qui sont réutilisables, qui sont lavables et qui sont réutilisables.
08:04Sur les emballages, tiens, je veux bien vous entendre là-dessus. 5% des emballages plastiques en France viennent de la cosmétique. Qu'est-ce que vous faites ?
08:10Je vous pose la même question à toutes les deux. Je commence avec vous pour limiter les emballages. Il n'y a pas trois emballages en un.
08:16Vous voyez ce que je veux dire ? On a tous vécu ça.
08:18Oui, un énorme travail est fait pour réduire, pour faire des formules plus concentrées aussi. Je sais qu'il y a beaucoup d'initiatives de cette sorte chez Rocher,
08:25dans d'autres marques comme les Anature, des emballages carton aussi. L'enjeu, c'est la recyclabilité à 100%.
08:30D'accord.
08:31Ça, c'est essentiel. Mais avant, en effet, c'est de réduire. Donc, on le comptabilise dans notre méthode.
08:36Un, on réduit, on regarde. Et donc, des produits qui n'ont pas d'emballage vendeur, un peu ce que vous disiez, c'est-à-dire que l'emballage est plus gros
08:42par rapport au volume de produit qui est à l'intérieur. Chez nous, au sein de la méthode du Green Impact Index, c'est un malus.
08:47Et donc, le produit en question va avoir un score très mauvais et ça pénalise énormément. L'emballage est très prépondérant dans la méthode.
08:55Mais il est aussi prépondérant dans l'acte d'achat. Donc, c'est un arbitrage à trouver pour vos produits pour qu'ils restent séduisants et qu'ils utilisent moins d'emballage ?
09:05Tout à fait. On ne fait pas de compromis sur la désirabilité ou sur l'efficacité du produit au regard de l'engagement.
09:11En revanche, on peut trouver des nouvelles gestuelles qui sont faciles à adopter. Par exemple, en février 2024, chez Yves Rocher, on a lancé la Recharge.
09:18La Recharge, c'est globalement exactement le même produit, mais avec 80% de plastique en moins et entièrement recyclable.
09:25Donc, c'est ce genre aussi d'initiative qu'on va pousser, qui ne demande pas beaucoup d'efforts de la part du consommateur,
09:29mais qui, à l'échelle de notre trajectoire plastique, est énorme, puisque cette année, on a réduit de 20% les tonnages de plastique utilisés au niveau de la marque.
09:37Donc, ça a vraiment peu d'impact pour le consommateur, mais beaucoup sur les enjeux environnementaux.
09:42Donc là, on a deux critères qui rentrent dans ce Green Impact Index. Il y en a beaucoup d'autres, j'imagine ?
09:46Oui, beaucoup. Il y en a plus de 50. Ils sont extrêmement précis. C'est ce qui rend aussi la méthode, encore une fois, avec l'AFNOR, extrêmement robuste.
09:55C'est-à-dire qu'on ne peut pas se permettre, sur un sujet aussi important, d'être approximatif.
09:59Donc oui, 55 critères pour passer au Cribble la formule, sa naturalité, est-elle biodégradable, quitte de l'écotoxicité potentielle.
10:07Quand on parle d'un gel douche, d'un savon, ça se retrouve dans l'environnement.
10:11L'emballage est passé au Cribble. Rien que lui a plus de 5 critères différents.
10:15Toutes les conditions de fabrication du produit. D'où vient-il ? Est-il fabriqué en France ? Par qui ?
10:20Et comme je vous le disais aussi, on remonte les filières pour connaître les conditions de travail, les conditions de culture des extraits végétaux qui rentrent dans la formule.
10:28Et il y a un volet sociétal aussi, qui nous tient beaucoup à cœur et qui est fondamental dans cette méthode.
10:34Alors, on va être humble, elle n'est pas parfaite. On la veut exhaustive, mais évidemment qu'elle peut s'améliorer.
10:40Et on s'est rendu compte que c'est grâce au travail collaboratif entre les différents acteurs, différentes sociétés, les pôles de compétitivité, les syndicats, etc.
10:48qu'on affine cette méthode et on espère continuer à l'améliorer.
10:52L'un des axes d'amélioration, c'est quand même de l'afficher systématiquement sur les emballages.
10:57Alors, c'est compliqué parce qu'il y a pas mal de produits qui finalement, c'est pas la même chose qu'une boîte de gâteau où il y a plus de place.
11:04Pardon, mais c'est un peu basique ce que je dis, mais j'imagine que c'est une des difficultés ?
11:07Alors déjà, Aurélie le disait, la méthodologie évolue. Donc, potentiellement, les notes demain peuvent évoluer.
11:13Et aussi, en fonction des choix d'éco-conception qu'on fait, un produit peut s'améliorer.
11:16Oui, mais moi, si j'achète, je veux le voir sur l'emballage.
11:18Alors aujourd'hui, c'est disponible sur les fiches produits du site Internet.
11:21Et puis ensuite, en magasin, nous, par exemple, cette année, on va le déployer sur certains des produits pour commencer aussi que ça s'ancre dans l'usage du consommateur.
11:29Donc, dans le parcours marchand. Et puis, si la législation évolue, ce qu'on souhaite aussi au niveau français, au niveau européen,
11:36si la législation évolue vers le sens de l'affichage environnemental, là, on pourra venir la poser sur le produit avec une méthodologie claire et figée dans le marbre.
11:44Merci beaucoup à toutes les deux et à bientôt sur Be Smart for Change. On passe tout de suite à notre rubrique Startup.

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