Ce matin dans le Grand Entretien de la matinale spéciale, Jean-Luc Mélenchon, le fondateur de la France Insoumise et co-président de l'institut la Boétie, vient évoquer la situation géopolitique de "grand désordre mondial". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-jeudi-13-mars-2025-6855850
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00:00C'est la suite de cette matinale spéciale où nous essayons de comprendre comme nous le faisons depuis plusieurs jours déjà
00:08les nouveaux désordres mondiaux. Nous avons reçu
00:12ces derniers jours Edouard Philippe, Sébastien Lecornu, Jordan Bardella pour l'ERN,
00:17François Hollande et nous donnerons dans 20 minutes la parole à Dominique de Villepin. Mais pour l'heure, Léa, nous recevons Jean-Luc Mélenchon.
00:25Bonjour, bienvenue au micro d'Inter. Ancien candidat à la présidentielle, chef de file de la France Insoumise et co-président de l'Institut La Boétie.
00:34Bienvenue donc à ce micro en direct et en public du 104. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Jean-Luc Mélenchon, le 20 janvier dernier,
00:41on ne compte plus les bouleversements géopolitiques. Guerre commerciale, attaque contre l'Europe et le modèle européen,
00:47bras tordus à l'Ukraine et à Zelensky.
00:51Comment qualifiez-vous, pour commencer, le moment que nous traversons, bouleversements, ruptures, effondrements, autre chose ?
00:59On est dans une phase intermédiaire de très grand danger.
01:03On ne sait pas de quel côté roulera définitivement la pente des événements. Si on suit la logique de monsieur Trump et qu'on arrive à bien
01:12la comprendre, parce que ce n'est pas toujours très clair,
01:15je veux dire, les mesures qu'il prend et celles qu'il applique, il y a déjà un écart.
01:19Les mesures qu'il applique et le niveau auquel il les applique, encore un autre écart.
01:24Je reviens du Mexique où il annonçait dix mille expulsions par jour, il y en a 400, imaginez-vous la tête de ceux qui sont de l'autre
01:30côté et qui s'attendaient à recevoir des milliers de gens. Mais ce qui est clair, c'est que le capitalisme, avec son centre
01:38nord-américain, a rompu le lien qui était un lien
01:43d'évidence, il ne l'était pas, mais en tout cas c'était présenté comme ça, entre la démocratie, ses formes, et le projet
01:51de liberté qui était celui qu'annonçait le capitalisme. Donc
01:55on est d'abord dans un moment de crise du système lui-même.
01:59Alors il est dangereux, en ce moment même, la situation est plus dangereuse que jamais parce que
02:04on a commencé un processus de paix et que dans les derniers
02:08dans les derniers mètres d'un processus de paix, ou en tout cas quand on est entré dans un processus de cesser le feu,
02:14il y a toujours les exagérés de chaque camp qui veulent mettre à profit cette ultime période pour grignoter
02:21les kilomètres carrés qu'il faut reprendre avant que s'arrête la ligne de front. Et
02:27nous les Européens, nous sommes certainement les plus inconséquents
02:31de tous les protagonistes de cette histoire.
02:33On va parler des Européens, mais sur l'Ukraine, sur le cesser le feu.
02:35Oui, à l'issue des discussions en Arabie Saoudite avec les Américains, l'Ukraine a accepté
02:41une proposition américaine de cesser le feu immédiat, 30 jours, qui sera soumise à la Russie dans les prochains jours.
02:49Diriez-vous que Trump peut réussir son coup, là, imposer la Pax Americana à l'Ukraine et aux Russes ?
02:56C'est pas impossible. Au demeurant, c'est toujours ce qu'ils ont fait. Je vous rappelle qu'après l'effondrement de l'URSS,
03:01le président Bush de l'époque, c'est-à-dire le père Bush,
03:05avait dit, bon, ben maintenant, il y a un nouvel ordre du monde, et d'ailleurs, c'est nous qui le fixons, et nous intervenons
03:11sur l'Irak. C'était ça le fond de scène de la discussion des années 90. Ils sont la puissance dominante
03:19militairement, et de très loin, aujourd'hui, et ils comptent sur cette puissance pour
03:24valider le système à la tête duquel ils se trouvent, en particulier, parce que, n'oubliez jamais les réalités matérielles,
03:30ne croyez pas que ce sont des concepts abstraits qui s'affrontent. Les Etats-Unis d'Amérique ont un intérêt vital
03:37à ce que le dollar reste la monnaie du monde, de manière à ce qu'ils puissent, eux, continuer à bénéficier de cet avantage
03:44incroyable, qui est qu'ils peuvent payer ce qu'ils veulent, vu qu'il n'y a pas de contrepartie matérielle à leur monnaie. Donc, oui, les Etats-Unis peuvent
03:52réussir dans cette entreprise, parce qu'ils ont un complice, qui est M. Poutine, qui, lui aussi,
03:57a intérêt à ce que la guerre qu'il a entreprise, d'une manière
04:02insupportable, c'est-à-dire d'envahir le voisin, ce qu'aucun d'entre nous, en Europe, ne pourra jamais admettre.
04:07Car, si on règle les problèmes par l'invasion, la terre entière va être faite de mouvements de troupes.
04:12Donc, lui aussi a un intérêt à ce que cette affaire se termine dans des conditions qui soient les
04:17les plus favorables pour lui. Or, ne pas être mis en déroute, c'est une condition favorable pour lui.
04:22On va vous demander ce qu'on doit faire, nous, Européens, nous, Français, en attendant, dans ce moment intermédiaire dont vous parlez, mais on vous a lu avec Nicolas
04:30vos notes, vos célèbres notes de blog,
04:33Jean-Luc Mélenchon, celles du 1er mars. Vous écrivez « Les Européens ne se sont jamais demandé pourquoi la Russie agissait,
04:39ni quel moyen d'éviter la guerre était possible. Ils ont cru qu'ils pouvaient rejeter et narguer sans conséquence la Russie.
04:45Les Européens ont diabolisé Poutine et, pour finir, ils ont cru à leur propre propagande. »
04:50Ça nous a interrogé. Les Européens, pour vous, ont diabolisé Poutine, on a nargué, nous, la Russie.
04:56C'est la leçon que vous tirez de ces trois ans de guerre ?
04:58Non, ce n'est pas des trois ans de guerre, puisque là, précisément, je parle des conditions avant la guerre.
05:04Mais avant, oui, il y a un problème. Pour vous, Poutine a attaqué parce qu'on l'a nargué, nous, parce qu'on l'a diabolisé, nous, c'est ça ?
05:10Non, ce n'est pas ça. Mais j'admets que je ne m'exprime pas assez clairement, et donc je vais vous, maintenant, vous expliquer
05:17comment je vois ça. Quand l'URSS s'est effondrée, c'est la première fois dans l'histoire moderne qu'un empire s'effondre
05:24sans qu'on discute les frontières. La grande question, c'est toujours celle du territoire.
05:28Et donc, toutes sortes de frontières sont restées dans l'aléatoire qu'auparavant
05:33le bureau politique du parti communiste russe administrait entre lui-même. Par exemple, la cession de la Crimée à l'Ukraine,
05:40c'est une décision du bureau politique du parti communiste sous Khrouchov, alors c'est vous dire,
05:44ils décidaient de ça comme ça, et tout ça fonctionnait. Bien. L'empire s'effondre, nous faisons, les Européens, et les Occidentaux, comme on dit,
05:52c'est-à-dire l'OTAN, la promesse, qu'il n'y aura pas d'OTAN à la frontière de la Russie.
05:56On conçoit que les Russes soient très attachés à ça, puisque, dans le moment, ils sortaient du système soviétique.
06:02Et ensuite, dans la période qui a suivi, il y a eu beaucoup de gestes de la part des dirigeants russes,
06:07quels qu'ils aient été, pour se rapprocher de, pardon, c'est mon opinion,
06:11le lieu auquel ils doivent se rattacher, l'Europe.
06:16Pour ma part, je considère que la Russie est un pays européen.
06:20Et que donc, on aurait dû l'accompagner dans cette transition. On a fait le contraire.
06:24Il y a eu des gestes, il y a eu plein de gestes. On a reçu Vladimir Poutine, il a été invité au G7, progressivement, on a fait des gestes.
06:33Non, il n'y en a pas eu ? Non ?
06:34Ce n'est pas l'analyse que j'ai. Inviter des gens à venir à Versailles, tout ça, c'est de la gesticulation.
06:39Les gens sérieux se basent toujours sur des choses sérieuses.
06:42Les choses sérieuses, c'est les alliances, les frontières et les échanges matériels.
06:46Pour ce qui concerne les frontières, les pays qui ont vironné, aidés par les Nord-Américains, ont passé leur temps à les contester.
06:54Bref, je ne veux pas leur donner tous les torts, puisque, en définitive, l'agressivité de M. Poutine a été prouvée.
07:00Mais mettez-vous, si vous me faisiez ça à moi, par exemple, président de la République française,
07:05d'installer, tout autour de la République française, une alliance hostile,
07:10pardon, mais il est vraisemblable que je trouverais le moyen d'essayer de briser la France.
07:14Mais vous semblez dire, et c'est vrai, vous semblez assumer un point de vue qui n'est pas majoritaire,
07:19mais que, en gros, c'est les pays limitrophes qui ont provoqué Poutine,
07:24et c'est pour ça qu'il a envahi, comme si, lui, il n'avait pas déjà envahi, en 2014, le Donbass, la Crimée, etc.
07:30C'est-à-dire que la notion de frontière est très floue chez Vladimir Poutine aussi, non ?
07:35Bien sûr, mais, pardon, vous faites des résumés qui ne sont pas trop acceptables.
07:41Ce que j'en ai dit concerne la période précédente, Mme Salamé, lorsque nous avons refusé de répondre.
07:48Par exemple, nous lui disons, il n'y aura pas d'OTAN à la frontière de la Russie,
07:52et nous permettons qu'un après l'autre, tous les pays qui entrent dans l'Union européenne entrent dans l'OTAN.
07:57Et ensuite, on a annoncé, peut-être que vous n'avez pas été attentifs à ce point,
08:02mais en 2008, Mme Salamé, en 2008, à Budapest, l'OTAN se réunit, l'Union européenne est là,
08:11et il décide que l'Ukraine et la Géorgie, qui sont deux pays frontaliers de la Russie, vont pouvoir adhérer à l'OTAN.
08:19En 2008, j'ai écrit que c'était une déclaration qui conduirait au choc.
08:24En 2008. Entretemps, dans la logique, lorsque les Russes se sont aperçus qu'il n'y avait aucune ouverture possible côté européen,
08:32ils ont pris d'autres décisions que je n'approuve pas, je ne suis pas d'accord avec le fait qu'ils soient entrés en Crimée,
08:37je ne suis pas d'accord avec le fait qu'ils soient entrés dans le Donbass, et surtout, par-dessus tout, qu'ils aient envahi l'Ukraine.
08:43Je n'ai cessé de le dire. Donc, si vous voulez, pour une fois, faisons-nous l'honneur mutuel de partir de ce que disent vraiment les gens,
08:50pour essayer d'entendre la situation et les moyens de la régler.
08:54En particulier, venons à ce que nous sommes en train de ne pas faire aujourd'hui, et qui est une erreur.
08:59Justement, faisons un saut dans le temps, dans une adresse aux Français, Emmanuel Macron a alerté, je cite,
09:05sur la menace russe qui ne semble pas connaître de frontières et n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui.
09:13C'est une fin de citation. Il a tort sur ce point, selon vous ?
09:17Je pense qu'il a tort de faire cette gesticulation, parce que là, vous n'avez pas été au bout de la citation,
09:22mais à un moment donné, il dit que les Russes ont attaqué nos hôpitaux, vous vous en souvenez ?
09:26Ça ne vous fait rien ? Le président de la République française accuse un autre pays d'avoir attaqué la sécurité nationale des Français
09:35en attaquant un hôpital, et quoi à la suite ? Rien.
09:39Ça a été prouvé que des hackers russes ont attaqué l'hôpital de Corbeil-Esson, notamment ?
09:43Non. Je vais vous expliquer comment ça se passe dans les relations internationales.
09:46Personne ne situe jamais l'origine d'une attaque dans un État.
09:50Si vous dites, ce sont les Russes qui ont attaqué mon hôpital, donc la France a été attaquée, elle doit répliquer.
09:56Pourquoi elle doit répliquer ? Parce que c'est sa doctrine de base.
09:59Elle ne permet pas qu'on l'agresse, si peu que ce soit.
10:02Donc, d'habitude, tous les pays du monde font pareil, disent, il y a de la cybercriminalité, c'est vrai.
10:08Elle est d'origine russe, en effet, ce sont des groupes cybercriminels russes.
10:12Mais on n'accuse pas l'État.
10:14Quand vous êtes dans une situation comme celle-là, chaque mot compte.
10:17Et vous indiquez à l'adversaire, vous lui donnez des indications.
10:21Si vous dites, vous m'attaquez un hôpital français, je vous ai vu, vous êtes pris, et que vous ne faites rien,
10:28alors l'adversaire se dit, celui-là, j'en fais ce que je veux.
10:31On a plein de questions à vous poser, on voudrait prendre aussi une question de la salle, mais question courte.
10:34On reviendra sur les Européens ?
10:36Voilà, justement, d'ici là, est-ce qu'il faut continuer et même augmenter en ce moment même notre aide militaire aux Ukrainiens,
10:42alors que, vous l'avez dit vous-même, ça bouge, le front bouge, les Russes prennent des villages et des villes.
10:47Est-ce qu'on doit augmenter nos armes aux Ukrainiens ou vous y êtes opposé ?
10:51Mais, je suis opposé au tir en profondeur.
10:55Et je mets en alerte tous ceux qui s'amusent à la guerre de studio.
10:59Les tirs en profondeur sur la Russie égalent la réplique.
11:03Nous, les Français, nous sommes un pays extrêmement vulnérable.
11:06Il suffit d'un coup à la Hague, un coup sur la centrale de Mojan ou un coup dans la vallée du Rhône,
11:11et il n'y a plus de France, vous comprenez ?
11:13Donc, ça vaut la peine quand même qu'on s'interroge avant de rouler les mécaniques et de provoquer tout le monde.
11:18Mais, on envoie des armes ou pas ?
11:19Je vous ai d'abord répondu...
11:20Sur les tirs de longue portée.
11:22Vous m'avez parlé d'armes, Madame.
11:23Les armes qui sont en discussion aujourd'hui, c'est les armes de tir profond.
11:27Vous avez toutes sortes de gens en France qui disent, oui, oui, il faut des tirs profonds pour intimider les Russes.
11:32En profondeur.
11:33Donc, des tirs de missiles.
11:35Alors, je viens de vous dire ce qu'il en est de cette affaire.
11:38Il y a beaucoup de responsables, y compris à gauche, pour raconter ce genre de bêtises.
11:42Alors après, nous, il faut qu'on tienne parole, il ne faut pas que les Ukrainiens soient désarmés.
11:47De ce point de vue, ce qu'a fait Trump, en les privant de toutes sortes d'informations,
11:51ça s'appelle tirer dans le dos.
11:53Parce qu'on a affaibli la capacité des Ukrainiens à tenir bon dans les heures où il faut qu'ils tiennent bon.
11:59Si l'on veut que la partition qui va se dessiner dans le cessez-le-feu,
12:03encore que vous avez remarqué que nous parlons de cessez-le-feu depuis deux jours,
12:06sans avoir l'idée d'un mot de ce qu'il y a dans le contenu de la proposition de cessez-le-feu.
12:11Donc, oui, ce sont des méthodes désastreuses pour ceux qui nous intéressent.
12:16Nous, les Européens, nous n'avons pas intérêt à la victoire de M. Poutine.
12:21Comme nous n'avons intérêt à la victoire d'aucun envahisseur, où que ce soit.
12:25Alors, vous comprenez, je ne peux pas avoir passé des heures à hurler contre l'invasion du Liban, de la Syrie,
12:30et le génocide, pour ensuite trouver tout ça.
12:33Mais moi, au moins, je ne tiens qu'un seul discours.
12:35Que l'on parle de Gaza, ou que l'on parle de la frontière ukrainienne et russe,
12:39je tiens le même discours.
12:40Le droit international est zéro invasion.
12:44Plutôt la diplomatie que la guerre.
12:46La guerre n'est pas notre priorité, voilà.
12:48Jean-Luc Mélenchon, on évoque l'envoi de troupes européennes sur place en Ukraine
12:54pour contrôler ce cessez-le-feu,
12:56contrôler le fait de savoir s'il est bien respecté.
13:00Est-ce que vous soutenez une proposition de ce type, européenne et britannique ?
13:06Oui, bon, il faudrait voir. Il faut voir ce qu'elle dit, ce qu'elle contient.
13:10Et franchement, pardon, mais pendant qu'on parle de ça,
13:14est-ce que vous voyez, vous avez vu la décision prise par l'Union européenne
13:19de rassembler 850 milliards pour la guerre ?
13:23Je fais deux remarques que je veux faire à votre antenne.
13:26La première, ce n'est pas la priorité.
13:28Nous avons besoin d'urgence de nous préparer au changement climatique,
13:32car il aura un impact aussi militaire.
13:35Le changement climatique va pousser des millions de gens à travers des frontières.
13:39Là est la priorité.
13:40Les 800 milliards représentent peut-être 20 fois, 30 fois ce dont on a besoin
13:46pour faire la transition écologique.
13:48Ne vous inquiétez pas, je vais répondre à votre question.
13:51Donc c'est là qu'est la priorité, c'est-à-dire faire baisser le niveau des causes de guerre.
13:56Il ne faut pas se réarmer, c'est ce que vous dites.
13:58Il ne faut pas qu'on se réarme.
14:00Il ne faut pas qu'on mette plus d'argent pour se réarmer, Jean-Luc Mélenchon,
14:02aujourd'hui dans le monde tel qu'il va.
14:04Écoutez, tout ce qui est dit pour les Français est un tissu d'aberration.
14:08Les Français ont un système de défense qui s'appelle la dissuasion nucléaire.
14:13Si on en a changé, on le dit et on change nos méthodes.
14:17Mais si nous avons la dissuasion nucléaire, si nous restons sur l'idée
14:21pour un cheveu on vous frappe définitivement, alors nous ne sommes pas concernés.
14:25Parce que nous disons à nos adversaires potentiels, nous vous frapperons à mort.
14:30Évidemment, la question qui se pose c'est de savoir qui est capable d'appuyer sur un bouton
14:33pour en tuer encore un million d'autres.
14:35Ce matin, clairement, il ne faut pas augmenter nos dépenses militaires, nos budgets militaires.
14:39Non, mais écoutez Madame Salamé, c'est la nouvelle mode des journalistes.
14:42Vous dites ceci, vous dites cela. Contentez-vous de ce que je dis,
14:45parce qu'à mon avis je sais parler tout seul et je n'ai pas besoin de vous pour me faire comprendre.
14:49Donc je demande qu'on comprenne ce que je suis en train de dire.
14:52Vous, les aigles de plateau, vous n'avez même pas été foutus de repérer.
14:56Les aigles de plateau.
14:57Mais oui, parce que vous avez tout compris.
14:59Mais vous n'avez même pas été capables de faire une règle de trois.
15:03650 milliards décidés par l'Europe, c'est pile-poil la somme que M. Trump
15:08demande 5% de la richesse du continent pour financer la guerre.
15:13Alors vous ne trouvez pas curieux que la réponse qu'on fait à M. Trump
15:17au moment où il est en train de nous lâcher,
15:19ce soit de lui donner exactement satisfaction à ce qu'il demandait.
15:22Vous voulez que je vous raconte la suite ?
15:24Voilà, il y aura une trêve.
15:25Elle sera imposée aux Ukrainiens parce qu'ils sont hors d'état de continuer le combat,
15:29parce que les Américains vont les lâcher.
15:31Et cette trêve, elle aura une espèce de ligne comme entre la Corée du Nord et la Corée du Sud.
15:35Ça veut dire que quand on veut, quelqu'un viendra regratouiller au même endroit.
15:39Et dans même pas un an, vous entendrez parler de la Chine du matin au soir
15:43et de la nécessité de contenir le danger chinois, etc.
15:47En ce moment, c'est comme si nous étions en guerre avec la Russie.
15:50Pardon, mais la guerre commerciale, c'est M. Trump qui nous l'a déclenchée.
15:53On est hors sujet tout le temps.
15:55Je vous donne un ultime chiffre pour que nos auditeurs l'entendent.
15:58La somme des budgets d'armement aujourd'hui, Mme Salamé,
16:02aujourd'hui, c'est 2200 milliards.
16:06Ça représente la richesse produite par 80% des pays de la planète.
16:12Cette somme suffirait à assurer la transition énergétique dans la planète.
16:17Pour l'Europe, c'est 300 milliards.
16:20C'est la somme qui est demandée.
16:21Pas moi, Mélenchon, qui vous le dit, ni Greenpeace, ni aucune organisation de ce type.
16:26C'est l'Agence pour l'énergie internationale, c'est-à-dire un organe de l'OCDE.
16:31Les Européens sont en train d'être en retard d'une bataille.
16:35On a entendu votre point de vue ce matin.
16:37On revient aux Européens après ?
16:38Non, c'est fini, on attend une question.
16:40Une question dans le public, Sonia De Villers.
16:43Oui, je suis à côté de Wanja, c'est ça, c'est un joli prénom camerounais.
16:47Bonjour Wanja.
16:48Bonjour.
16:49Vous avez une question pour Jean-Luc Mélenchon.
16:51Oui, bonjour Mme Salamé, M. Demorand, M. Mélenchon.
16:55Selon France Info, la Russie subit 700 000 pertes militaires
17:00et selon la Banque mondiale, son taux de fécondité est estimé à 1,43 enfants par femme.
17:06Ma question, selon vous, sous-estime-t-on vraiment la menace russe sur les pays européens ?
17:12Pardon, la question c'est quoi ?
17:14Est-ce qu'on sous-estime la menace russe ?
17:16Parce que Wanja vous écoute, est-ce qu'on sous-estime la menace russe vis-à-vis des pays européens ?
17:21Ces concepts-là sont absolument abstraits.
17:24Je vous invite à ne pas sous-estimer la menace de guerre pour la France.
17:28Je vous en donne un exemple fort simple.
17:31Nous sommes absents de la discussion.
17:33Cesser le feu à quelles conditions ? On n'en sait rien.
17:36Que demandent les Français ? On ne pose pas la question.
17:38Que veulent les Européens ? Ils ne demandent rien d'autre que de faire la guerre à la Russie.
17:43Figurez-vous que nous devrions poser sur la table nos propres garanties de sécurité à nous, Européens et Français.
17:50Premièrement, si vous faites un cessez-le-feu,
17:53toutes les centrales nucléaires ukrainiennes doivent être entourées de casques bleus.
17:57J'ai bien dit de casques bleus, pas de pays qui sont liés à l'OTAN,
18:01puisque les Russes n'en veulent pas, et quand on fait la paix, on la fait avec l'adversaire.
18:04Deuxièmement, le traité qui concerne les missiles à portée intermédiaire,
18:09ça va vous paraître curieux, mais intermédiaire c'est 5000 kilomètres.
18:12500-5000 kilomètres.
18:14Ce traité qui a été un des résultats de la guerre froide, a été annulé par les Américains et par les Russes.
18:19Nous devons faire baisser les causes de guerre.
18:21Donc, si j'avais moi à m'en occuper, je dirais, je demande le rétablissement de ce traité.
18:27Personne ne doit pouvoir, depuis la Russie, tirer sur la France ou tirer sur les pays intermédiaires.
18:32Mais il faut prononcer des propositions qui ne soient ni injurieuses, ni impraticables.
18:39Quand je dis rétablir ce traité, ça signifie clairement qu'il a déjà existé, et que des gens l'ont déjà signé.
18:45Alors après, pour mettre ça en forme, certainement qu'il faudrait demander plutôt au monsieur de Villepin,
18:50dont ça a été le défi avec moi.
18:52Mais ce qui compte en politique, et de Villepin en a, c'est la volonté.
18:56Dans quelle direction vous voulez aller ?
18:58Moi, ma direction c'est la paix, et je l'assume.
19:01Je ne participerai pas à la surenchère de vocabulaire guerrier.
19:05Merci de nous avoir donné la transition sur notre nouvel invité.
19:08On peut vous applaudir et accueillir Dominique de Villepin.
19:12On a grappillé un petit peu de temps sur Dominique de Villepin, on en arrive.
19:16Mais l'actualité, je vous pose une question très courte.
19:19Vous savez, ça défrait la chronique, votre campagne d'affichage contre l'extrême droite,
19:23lancée par LFI avec ce visuel polémique de Cyril Hanouna grimaçant les sourcils français.
19:27La Lycra y a vu une représentation du juif maléfique,
19:30et dit que ça rappelle les caricatures antisémites des années 30.
19:33Vous avez retiré l'affiche.
19:34Les avocats de Cyril Hanouna ont annoncé saisir la justice.
19:37Cette affiche était-elle une erreur ? Question simple.
19:39Moi, j'ai découvert ça hier soir en rentrant devant Corex,
19:42l'entreprise que je voulais défendre et où je mettais au pied du mur
19:45les baratins du gouvernement sur la souveraineté nationale
19:48et l'abandon d'une industrie qui a à voir avec la guerre.
19:50Je ne l'ai pas vue.
19:51C'est une habitude des réseaux d'extrême droite.
19:54Maintenant, bon, moi, ce que je dis à mes camarades, vérifiez.
19:57Il va falloir vérifier tout le temps la religion des gens qui ont caricature.
20:00Et surtout que nous n'avons pas le droit de ces caricatures,
20:03parce que des caricatures sur M. Hanouna,
20:05il y en a qui sont mille fois pires dans le journal Charlie,
20:08mais eux ne sont pas la cible des réseaux d'extrême droite.
20:11Nous ne sommes pas antisémites,
20:13et le fait que vous relayiez la propagande des réseaux d'extrême droite,
20:16parce que c'est eux qui ont commencé, leur rend un service
20:19dont je suis certain, d'ailleurs, que vous ne vous rendez pas compte,
20:22de l'intensité. Ils sont heureux, là, ils pavoisent,
20:25parce qu'ils obstiennent qu'une fois de plus, nous soyons mis en cause.
20:28Et quand eux ont fait un site Facebook
20:30dans lequel il y avait des députés du Rassemblement National
20:33et des dirigeants qui, à longueur de journée,
20:36étaient des insultes racistes et des insultes antisémites...
20:38— On en a parlé, Jean-Luc Mélenchon. Cet attiche était une erreur ou pas ?
20:41— Alors, par pitié, lâchez-nous.
20:43Occupez-vous de ce qu'on raconte vraiment,
20:45de ce qu'on dit vraiment, de ce qu'on propose.
20:47Dites-nous où vous vous trompez, mais arrêtez avec ce cirque
20:50des antisémites, et puis les caricatures,
20:53le nez trop long, les cheveux trop courts,
20:55enfin, tout ça n'a aucun sens.
20:57Nous n'avons rien à voir avec le racisme,
20:59et le 22 mars, d'ailleurs, au manifeste contre le racisme,
21:01ils viendront, j'espère.
21:03— Merci, Jean-Luc Mélenchon, d'avoir été au micro d'Inter.