"Regarder un film des Frères Lumière, c’est nettoyer ses yeux, effacer les regards saturés et renouer avec une beauté primitive." Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière à Lyon, pour le film “Lumière, l’aventure continue”, est l'invité de Léa Salamé. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-13-mars-2025-9964287
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00:00Il est 9h31, Léa, ce matin, vous recevez un homme de cinéma.
00:05Oui, le patron du Festival de Cannes.
00:07Le patron, on va dire.
00:08Voilà, le patron, on va dire ça.
00:09Bonjour Thierry Frémaud.
00:10Bonjour.
00:11Bienvenue, merci d'être avec nous sur Inter ce matin.
00:13Si vous étiez un acteur, un pays et un défaut, vous seriez qui ? Vous seriez quoi ?
00:18Un acteur ? Paul Newman.
00:21Pas du tout parce que c'était un beau garçon, parce qu'il avait une carrière très exemplaire.
00:27J'aurais envie de citer Philippe Noiret, parce qu'il faut citer les Français, parce
00:31qu'il avait quelque chose d'une allure magnifique, dont la trace existe encore.
00:36Et puis quoi d'autre ? Un pays ?
00:38Un pays.
00:39L'Argentine, qui est mon pays de cœur, ou l'Algérie, qui est mon deuxième pays de
00:43cœur.
00:44Vous ne citez pas la France, soit.
00:45Et un défaut ?
00:46Un défaut, celui que j'ai, un défaut qu'on aimerait avoir.
00:51Oui, peut-être, ou que vous avez gravement.
00:55Un défaut, la gourmandise.
00:57C'est un défaut gentil, celui-là.
01:00Dans les films Lumière, les gens qu'on voit, ce ne sont pas nos ancêtres, ce ne sont pas
01:04nos grands-parents ou nos aïeux, c'est nous, disait Agnès Varda.
01:08Et c'est vrai.
01:09Oui, oui, ce qu'on remarque quand on voit ces films-là, c'est que ça permet de ramener
01:15le passé au présent, qu'il n'y a pas de passé, que ces gens sont là et c'est en
01:20effet, si on les faisait aujourd'hui, ce seraient les mêmes choses d'une autre époque.
01:24Il y a cette histoire de vieux films, les films sortent le mercredi, puis dès que d'autres
01:30films sortent le mercredi suivant, là ça devient des vieux films.
01:32Mais aucun film ne sera plus vieux qu'une pièce de Shakespeare.
01:35Donc l'idée d'un vieux cinéma, ça n'existe pas et ces films le prouvent.
01:39C'est la citation d'Agnès Varda qui ouvre votre film documentaire « Lumière, l'aventure
01:44continue » et qui sort mercredi prochain en salles, qui est exclusivement composé de
01:48120 films, petits films, microfilms de 50 secondes chacun, inédits des frères Lumière
01:54et qui ont été restaurés à l'occasion du 130e anniversaire du premier film Lumière.
01:59Et je dois le dire simplement, c'est un éblouissement.
02:02Sincèrement, il faut prendre deux heures de sa vie, enfin une heure quarante je crois
02:06que dure le film, pour rentrer dans ces images-là, pour voir ces images-là, ces films-là qui
02:13sont les tout premiers de l'histoire du cinéma.
02:16Et surtout, c'est un voyage dans le temps et dans le monde puisqu'il y a à la fois
02:20des images de Lyon, de Paris, du Paris de Proust qu'il filmait à ce moment-là.
02:25On est vraiment à la fin du 19e siècle.
02:28C'est des images qui datent de 1895-1996 jusqu'en 1905.
02:32C'est vraiment très daté dans le temps.
02:33Et donc on voit le Paris de Proust, on voit la Ciotat, Chamonix, mais aussi New York,
02:38Tokyo, Alger, Prague, Naples et j'en passe, ils les ont filmées dans le monde entier.
02:43Ce que je veux dire, c'est aller voir à quoi ressemblait Tokyo en 1895.
02:48C'est dingue, c'est stupéfiant.
02:50Je vais vous dire simplement, moi je ne pensais pas que ça existait.
02:52Je ne pensais pas qu'on avait, que le patrimoine avait de tels trésors.
02:56Oui, alors c'est l'un des projets de ce film, c'est-à-dire de rendre à l'humanité,
03:05si j'ose dire, un trésor qui lui appartient.
03:07Ce sont nos souvenirs enfouis.
03:09On pense toujours que l'histoire du cinéma a commencé après Lumière, avec Méliès.
03:13Il a une drôle de position, c'est-à-dire pas vraiment inventeur, parce qu'il y aurait
03:18des gens qui l'auraient fait avant lui, oui, sauf que personne ne l'a fait après,
03:21ça prouve que quand il le fait, il le fait, le cinéma est là, et pas tout à fait cinéaste
03:26parce que, au fond, arrive assez rapidement Méliès, Gaumont, Pathé, etc.
03:31Mais lui, Louis Lumière, plus qu'Auguste, et ses opérateurs, ceux qu'ils font dès
03:37la fin 95, et en effet pendant une dizaine d'années, c'est quelque chose qui est le
03:44cinéma, qui est déjà une manière d'écrire des images animées, d'écrire avec la caméra,
03:49et en effet quand on regarde ça, on a le sentiment que c'est d'une modernité folle.
03:54On est littéralement hypnotisés, j'invite vraiment les auditeurs qui nous entendent
03:58à faire cette expérience, c'est-à-dire se sortir du monde, et on est en train de
04:01faire une matinale spéciale sur les ébranlements du monde, sur les désordres mondiaux, vous
04:06sortez du monde, et on regarde, et on pénètre dans le monde de 1895, avec ces très courts
04:12films, 120 films, l'un derrière l'autre, en noir et blanc évidemment, pas de son évidemment,
04:18on entend votre voix uniquement, nous raconter ces films-là, et on entend aussi la musique
04:23magnifique de Gabriel Fauret.
04:24Vous avez choisi Gabriel Fauret qui accompagne ces images, parce qu'il était contemporain
04:28de Lumière.
04:36On redécouvre la beauté, la splendeur du monde avec ces images, la modernité est ahurissante,
04:58vous montrez qu'ils ont tout inventé du cinéma, qu'ils sont ce que vous disiez,
05:02c'est-à-dire qu'ils sont cinéastes déjà, c'est pas juste des photos, ils n'ont pas
05:08seulement inventé le cinématographe, parce que les frères Lumière sont connus pour
05:12inventer la machine, et il y a une guéguerre entre eux et Edison pour dire qui a été
05:16le premier à inventer le cinéma, mais c'est au-delà, c'est-à-dire qu'ils ont inventé
05:21le remake, le travelling, le plan séquence, ils filment tout, ils filment les paysages,
05:27ils filment les acteurs, les hommes, les femmes, beaucoup les enfants, tout ce qu'on
05:31verra après, presque, on se dit, c'est quasi du copier-coller, réinventé ensuite, mais
05:37c'est fou ce qu'ils ont réussi à faire.
05:39Oui, parce qu'ils se sont posé des questions de cinéastes aujourd'hui, un cinéaste amateur,
05:44professionnel, va se poser ces questions-là, qu'est-ce que j'ai envie de dire, comment
05:49je vais le dire, où est-ce que je mets la caméra ?
05:50Où je pose la caméra, vous dites à la fin, toute l'histoire du cinéma se résume en
05:54cette phrase, où je pose la caméra.
05:56J'ai compris Bertrand Tavernier qui me disait qu'il avait parlé avec John Ford, qui lui
05:59disait je sais tout, je sais tout faire, sauf filmer un repas, des gens qui mangent, je
06:04n'ai jamais su où mettre la caméra, ce qui était une confession assez belle, surtout
06:09pour quelqu'un qui précisément faisait un cinéma, le cinéma du collectif, mais
06:13oui, c'est pour ça que rapidement ils mettent la caméra sur le toit des trains, sur des
06:18bateaux, sur les tramways, ils inventent un mouvement, la caméra elle-même ne pouvait
06:22pas panoter, donc il fallait qu'elle soit sur quelque chose en mouvement, pour créer
06:27un mouvement dans le mouvement, et ça épatait beaucoup les gens, parce qu'aujourd'hui
06:32on s'attend presque à ce à quoi on ne s'attend pas, à l'époque, c'est la première fois
06:37et les gens étaient stupéfaits.
06:38Et on voit le mouvement, on voit leur famille, ils filment à la Ciotat en train de plonger,
06:42on les voit plonger, et c'est nous qu'on voit à la Raison Varda, c'est fou, vraiment,
06:47j'insiste parce que je ne m'y attendais pas moi, je regardais le film.
06:50Oui, je vais vous dire honnêtement, je pensais, je me suis dit ça va être chiant, et bien
06:57c'est éblouissant, c'est stupéfiant, stupéfiant de modernité, et vraiment ça nous sort du
07:01monde, il y a 1h30 où on voyage, c'est quelque chose de très doux, et surtout c'est sublugant
07:08de voir l'arrivée à un des moments les plus beaux, la baie d'Alger du bateau, ce
07:12qu'ils sont en train de filmer, la baie d'Alger en 1895, ou les images de Tokyo, ou des images
07:17de Prague de 1895, mais des images qui bougent, ce n'est pas des photos qu'on a collées,
07:21c'est ça qui est assez dingo.
07:23Il y a aussi, évidemment, peut-être le film le plus connu des Frères Lumière qui est
07:28la sortie d'usine, ce fameux moment où il met la caméra, et il y a les ouvriers et
07:32les ouvrières qui sortent de l'usine, c'était à l'heure du déjeuner, il en fait plusieurs
07:36de plans, vous expliquez tout ça, et on voit ces ouvriers 1895 qui sortent d'usine, d'ailleurs
07:41votre film là, le documentaire, sort précisément le 19 mars, mercredi prochain, parce que c'est
07:46le jour où ils filment cette sortie d'usine.
07:50Oui, alors, on pense que c'est le 19 mars, en fait, on pense qu'ils ne pouvaient le faire
07:54qu'entre le 15 et le 20 mars 1895, et on a regardé le 19 mars, c'est le seul jour où
07:59il ne pleuvait pas.
08:00Alors, va pour le 19 mars, mais c'est une histoire dans laquelle il y a assez peu d'archives,
08:04comme pour Shakespeare, tout à coup, il faut faire les hypothèses à partir des œuvres.
08:09Et ils ont fait ce film là, ils en ont fait plusieurs versions, c'est assez beau de se
08:17dire que le premier film, c'est un cortège, c'est assez beau de se dire que ce sont des
08:21ouvrières, des ouvriers, des hommes, des femmes, le peuple de l'époque, quoi, et que le cinéma
08:26va anticiper là-dessus, et à un moment, je le dis dans le film, le cinéma, déjà,
08:32et jusqu'à aujourd'hui, me dit qui je suis, et me dit qui sont les autres, c'est-à-dire
08:37que, oui, moi, quand je vois ces films, j'ai la même réaction que vous, ça me lave les
08:42yeux, parce que nos yeux sont contaminés partout.
08:45Vous avez raison, vous dites, regarder un film des Frères Lumière, c'est nettoyer
08:49ses yeux.
08:50Oui, parce que, d'abord, on n'apprend plus à regarder les images, en haut, en bas, à
08:56gauche, à droite, il y a quoi ? Et dans ces films-là, souvent les films Lumière ne se
09:01racontent pas, il n'y a pas d'histoire, parce qu'ils n'existent que par la grâce
09:07du cinéma, c'est-à-dire écrire avec cette caméra.
09:10Jean-Luc Godard parlait des films, c'était très important pour lui, les films de Lumière,
09:14il les a beaucoup vus, on va l'écouter parler des films de Lumière, de la concurrence ensuite
09:20des films de Lumière avec Edison et avec Méliès, je crois, c'était dans Bouillon
09:25de Culture, chez Pivot.
09:27Écoutez Jean-Luc Godard.
09:28Un des seuls qui aurait désiré que le cinéma aille plus profondément aussi vers la philosophie
09:37ou des choses comme ça, chose pour quoi il était fait pour les sciences et comme ça.
09:41Mais c'est son aspect spectaculaire qui a primé, et comme il a primé au bout d'un
09:46moment, il n'a plus pu résister, car ses propres fondements, le côté spectaculaire
09:53disons Méliès, l'a primé pour employer les clichés classiques, a primé très vite,
10:00tout en ne nourrissant pas Méliès, a primé très vite sur le côté Lumière, qui était
10:06disons le document, la recherche, parce qu'encore aujourd'hui, si on vous dit que votre femme
10:13vous trompe, vous ne le croyez pas forcément, mais si vous voyez une photo, il y a quelque
10:17chose de la vision qui n'est pas le...
10:19La parable.
10:20Ce n'est pas ce qu'on considère comme un parable et qui est comme ça.
10:24Il y a eu cette concurrence entre Méliès et les Frères Lumière, et j'ai l'impression
10:30que votre travail à vous, tiré Frémaux, depuis des années, depuis que vous dirigez
10:34le festival Louis Lumière à Lyon, votre ville de cœur, il n'y a pas que Cannes dans
10:38la vie, il y a aussi le festival Louis Lumière, et on sent que ça vous tient presque plus
10:42à cœur, je ne sais pas, vous n'allez pas me le dire au micro ?
10:45Non, Cannes est indépassable.
10:46Cannes est indépassable, mais tout de même, il y a cette obsession de faire connaître
10:52au monde qui étaient les Frères Lumière et pourquoi ils sont tellement importants
10:55dans le cinéma.
10:56Parce que ça ne nous appartient pas, c'est à moi, c'est à vous, c'est à ceux qui
11:02nous écoutent.
11:03Au sud de Lyon, en Ardèche, il y a la grotte Chauvet qui est le lieu le plus ancien dans
11:08l'histoire de l'humanité où les gens se sont représentés, les femmes et les hommes.
11:12Ça a des milliers d'années, le cinéma n'a que 130 ans, là, ces jours-ci, mais
11:17c'est la première fois qu'on s'est représentés.
11:19Et Dieu sait que ça a été une révolution, que ça l'est toujours, et que le film s'appelle
11:23« Lumière, l'aventure continue », il aurait pu s'appeler « Le cinéma, l'aventure
11:28continue », parce qu'on en a entendu des trucs pendant le Covid, et puis après sur
11:31le triangle des plateformes.
11:32Que les salles allaient fermer, que c'était fini, le cinéma était terminé, et c'est
11:36un peu un contre-pied, un contre-exemple.
11:39D'ailleurs, Lumière a inventé la salle de cinéma, a inventé l'idée de public
11:44qui va voir un film.
11:46Absolument, il a monté le cinéma plusieurs fois, et toutes les célébrations s'étaient
11:50destinées à dire « regardez quel artiste c'était », en effet, je tiens beaucoup
11:53à ça, mais cette année, et surtout sur la deuxième partie de l'année, puisque
11:57c'était à Paris le 28 décembre 1895, la première séance publique payante, on va
12:03un peu reparler des salles de cinéma.
12:05Alors, il faut faire attention parce qu'en France, on est très privilégié, ça marche
12:09bien pour de bonnes raisons, parce qu'historiquement, il y a Godard, il a commencé comme critique,
12:15par la critique, par la presse, par les ciné-clubs, par les engueulades de Français qui regardent
12:19un film, à la fin, soit ils s'embrassent, soit ils se disputent.
12:21Et c'est ça qui fait aussi la vitalité du cinéma en France.
12:26Vous terminez le film avec cette phrase qui est sortie dans le journal, dans un des journaux,
12:31le lendemain, enfin deux jours après, qu'ils aient vu le premier film, et il y a cette
12:34phrase magnifique d'un journaliste qui dit, je l'ai perdu la phrase, « Lorsque ces
12:40appareils, ces cinématographes, seront livrés au public, lorsque tous pourront photographier
12:46leurs proches, les êtres qui leur sont chers, la mort cessera d'être absolue. »
12:51Oui, pas mal, le cinéma d'emblée a suscité ce type de réaction quasi-cosmique, et aujourd'hui,
12:59on pourrait dire la même chose, parce qu'il y a la 3D, il y a l'intelligence artificielle,
13:04il y a toute une série de choses, mais le cinéma en 2D sur un écran, qui parle de
13:08nous, ça, ça reste indépassable.
13:10Thierry Frémaux, vous avez dit vous-même, Cannes est indépassable, Cannes c'est bientôt,
13:14on attend les rumeurs qui vont bon train de partout, alors qui ? Alors je vais regarder
13:19si vos cils bougent, est-ce qu'il y aura encore des femmes réalisatrices mises à
13:25l'honneur comme ces dernières années à Cannes ?
13:27Oui, parce que c'est aussi une réalité qui grandit, il y a de plus en plus de réalisatrices,
13:31il y en a de plus en plus aussi à Cannes.
13:32Des femmes françaises ?
13:33Et des femmes françaises, parce que la France est précisément un pays, une terre bénie
13:37pour...
13:38Il y aura donc des femmes françaises réalisatrices, est-ce qu'il y aura Rébecca Zlotowski et
13:42Alice Vinocur ?
13:43On n'a pas encore vu les films, regardez-moi dans les yeux, je vous assure que c'est vrai.
13:45Vous n'avez pas encore vu leurs films ?
13:46Non, parce que les Français, vous savez, pour les mettre tous à égalité, on ne
13:50donne les réponses qu'à l'ultime moment, donc elles attendent.
13:53Elles attendent.
13:54Le grand retour de Tom Cruise à Cannes, c'est vrai ?
13:57C'est une rumeur dont j'aimerais vous confirmer qu'elle est vraie, mais oui, on fait tout
14:01pour.
14:03Il a très envie, ça je peux vous le dire.
14:04Et vous, vous avez envie ?
14:05Et moi j'ai très envie aussi.
14:06Donc théoriquement, il y a deux envies.
14:08J'adorerais qu'il fasse une cascade formidable qui serait d'aller à pied du Majestic au
14:12Palais des Festivals.
14:13Ça, ça serait la plus belle cascade de Tom Cruise.
14:16Notre matinale ce matin est une matinale spéciale Nouveau Désordre Mondial, vous
14:19l'avez compris.
14:20Est-ce que ce qui se passe dans le monde va influer sur votre sélection ?
14:24Non, mais quand on dit parfois que le festival est politique, c'est parce que les artistes
14:29le sont, les films le sont.
14:31Et nous, on ne se prive jamais, en effet, et on revient à lumière.
14:34Le cinéma est là pour dire ce qu'est le monde.
14:37Vous avez été surpris par le relatif silence des stars américaines sur Trump lors de la
14:40cérémonie des Oscars ?
14:41Ou c'est normal ?
14:42On n'arrive pas bien à savoir si c'est parce qu'elles ont compris, les stars et les artistes
14:46en général, que ce type de déclaration ne porte plus, que le grand public est parfois
14:52devenu hermétique à ce que, je ne sais pas, Montant s'ignorait, incarnait dans les années
14:5870.
14:59Et que c'est devenu contre-productif.
15:00Oui, c'est devenu contre-productif et que parfois, il vaut mieux faire un travail différent
15:04et pas spectaculaire qui s'arrêterait à ça.
15:07Et les studios sont en train de changer.
15:08On voit Disney qui portait l'inclusion et la diversité qui est en train de revenir
15:14en arrière.
15:15Vous le voyez ?
15:16Oui, oui.
15:17Ça se Trumpise, ça se conservatise.
15:20Oui, je ne sais pas.
15:21Moi, je pense que le cinéma, en général, sera sauvé par les artistes et les oeuvres
15:25et les films.
15:26Mais y compris les contenus, on n'empêchera pas la voie des artistes.
15:31Les impromptus pour terminer, si vous le voulez bien.
15:34Thierry Frémaux, votre vie, c'est un mois de folie à Cannes, mais les 11 autres mois,
15:38vous faites quoi dans votre vie ?
15:39Je fais des films de lumière, on restaure les films.
15:41Vous envoyez combien de films par semaine ?
15:43Ça dépend.
15:44Là, en ce moment, on envoie 7 ou 8 par jour.
15:478 films par jour ?
15:48Oui, oui.
15:49Pas tous en entier parce que, vous savez, on est comme un éditeur.
15:52Au bout d'un chapitre, on sait si c'est pour nous ou pas.
15:55Truffaut ou Godard ?
15:56Godard.
15:57Scorsese ou Coppola ?
15:58Les deux.
15:59Spielberg ou Terrence Malick ?
16:00Les deux.
16:01Arrêtez.
16:02Attendez, je continue.
16:03The Substance ou Emilia Perez ?
16:04Mais les deux.
16:05Le courage !
16:06Non, non, non.
16:07Les Oscars ou les Césars ?
16:08C'est pas trop dur, celle-là.
16:09Je sais pas.
16:10Ce type de cérémonie, aujourd'hui, c'est comme nous.
16:11Ça y est, vous êtes devenu un homme politique.
16:12Vous votez, Thierry Frémaux ?
16:13Dans la vie en général, oui.
16:14Pas toujours.
16:15Si, je vote, oui.
16:16Dans dix ans, vous vous voyez où ?
16:17Toujours diriger le Festival de Cannes ?
16:18Non, dans dix ans, on aura préparé pour que la suite soit encore meilleure que ce
16:19que nous avons fait.
16:20Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
16:21Les trois, non mais, cela, on ne peut pas choisir.
16:22C'est très...
16:23Le grand coup de la tête, c'est le coup de la tête.
16:24C'est très...
16:25C'est très...
16:26C'est très...
16:27C'est très...
16:28C'est très...
16:29C'est très...
16:30C'est très...
16:31C'est très...
16:32C'est très...
16:33C'est très...
16:34C'est très...
16:35C'est très...
16:36C'est très...
16:38Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
16:39Les trois, non mais, cela, on ne peut pas choisir.
16:42C'est très...
16:43C'est très...
16:44C'est très...
16:45C'est très...
16:46C'est l'honneur que ça contient.
16:47Le grand courage de Thierry Freyaut ce matin, heureusement que vous êtes venus pour ce
16:48film merveilleux qui sort mercredi prochain en sale.
16:50Lumieres, l'Aventure continue.
16:52C'est pas votre film d'ailleurs, c'est le film, c'est les Frères Lumières.
16:56Je suis le seul organisateur qui peut dire, c'est sublime.
16:58Oui...
16:59Ce n'est pas mes films, c'est les films des Lumières.
17:02Saskia de Ville.
17:03Et c'est sublime.
17:04Merci et bonne journée.