Léa Salamé reçoit l'acteur Roschdy Zem, à l'occasion de la sortie en salles du film d'action français "Elyas" de Florent-Emilio Siri (au cinéma le 3 juillet).
Retrouvez l'interview de 9h20 sur le site de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20
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00:00Léa, ce matin, vous recevez un acteur.
00:02Bonjour Rochdy Zem, merci d'être avec nous ce matin.
00:05Si vous étiez un pays, un sport, un écrivain et une émotion ?
00:11J'ai alourdi là pour vous mettre à la fois.
00:15Un pays d'abord ?
00:17Un pays, je pense que ce serait un pays imaginaire où on ne parlerait plus de minorité, de discrimination,
00:24tous ces fléaux auxquels on est confrontés aujourd'hui.
00:27Je ne sais pas comment on pourrait l'appeler, peut-être Wiwiland.
00:30Allez, on achète. Un sport ?
00:32Un sport, puisqu'on est à l'approche des Jeux Olympiques, je dirais le décathlon.
00:38Je trouve que c'est un sport qui se rapproche le plus à la mythologie grecque
00:42et de savoir qu'il y a des athlètes qui sont bons dans 10 disciplines,
00:45j'ai toujours été assez admiratif de ça, donc je dirais le décathlon.
00:48Vous allez regarder les JO ?
00:49Oui, bien sûr.
00:50Si vous étiez un écrivain ?
00:52Je relis beaucoup en ce moment Romain Garry, dont j'apprécie évidemment l'humour,
00:59même le ton sarcastique un peu de ses récits.
01:05Et une émotion ?
01:07L'espoir.
01:09Ah !
01:10L'espoir. On vit une période assez sombre en ce moment,
01:14mais j'aime bien garder quand même une pointe d'optimisme,
01:18notamment pour les plus jeunes, pour mes enfants.
01:21Ce qui prime en ce moment, malgré tout, c'est l'espoir.
01:25Charlie Chaplin disait « Un bon acteur, c'est mettre de l'émotion dans l'action,
01:30et de l'action dans l'émotion ».
01:32J'imagine que vous êtes évidemment d'accord avec lui.
01:34Oui, complètement.
01:35Mais c'est l'exercice le plus difficile à exécuter.
01:38Pour rebondir là-dessus, si on réfléchit bien,
01:42les films d'action notamment, qui ont le plus marqué le cinéma,
01:47c'est souvent avec de grands acteurs.
01:50Je vous parle de films d'action, il faut dire aux auditeurs,
01:54parce que vous êtes à l'affiche d'un film d'action,
01:57vous êtes à l'affiche d'Elias, réalisé par Florent-Emilio Siri,
02:00qui sortira en salle le 3 juillet prochain.
02:03Et c'est vrai que c'est un film d'action à l'américaine,
02:05un film à gros budget, où vous jouez un super-héros,
02:08avec des cascades à couper le souffle,
02:10et qu'on est loin des films que vous avez interprétés ces derniers temps,
02:13qui étaient plus des films d'auteurs.
02:15Votre César pour le dépléchant il y a 4 ans,
02:18Les enfants des hôtes de Rebecca Zlotowski,
02:21vous avez joué plein de rôles différents,
02:24mais là, ça faisait à peu près 15 ans qu'on ne vous avait pas vus
02:26dans un vrai film d'action à l'ancienne.
02:28C'est vrai, et pour cause. C'est pour ça que je suis revenu.
02:31Mais pour revenir à ce que je disais,
02:34ce qui nous a marqué, c'est souvent interprété par de grands acteurs,
02:36et en fait, on sous-estime la qualité qu'il faut
02:40pour interpréter un film d'action.
02:42C'est vrai que, par exemple, mon personnage dans ce film,
02:44surtout dans le premier quart d'heure,
02:46est très marmoréen, très taiseux,
02:48et en fait, il n'y a rien de plus difficile pour un acteur
02:50de jouer sans avoir de texte sur lequel se reposer,
02:52et même pouvoir parfois pérorer.
02:54Et puis, la partie aussi physique,
02:57à elle seule ne suffit pas,
02:59si vous n'y ajoutez pas l'émotion et l'intensité que ça nécessite.
03:02Et donc vous dites que c'est plus difficile au fond
03:04que de jouer dans un film d'auteur
03:06où il y a du texte ?
03:08C'est différent, ce n'est pas plus difficile,
03:09mais il ne faut pas sous-estimer la tâche qui nous incombe.
03:11Vous dites que c'est les films d'action,
03:13que c'est les blockbusters américains,
03:15que c'est ça qui vous a amené en salle, au cinéma,
03:17quand vous étiez jeune ?
03:18Quand j'ai grandi à Drancy,
03:20il y avait des cinémas de quartier,
03:21ou alors des cinémas dans les centres commerciaux,
03:23et c'était, effectivement,
03:25on n'allait pas voir du Ozu ou du Fassbinder,
03:27on allait voir les films d'action,
03:29Charles Branson, Bruce Lee, Jean-Paul Belmondo, évidemment.
03:32C'est ça qui nous a amené dans les salles,
03:33qui après, par la suite,
03:34on est devenu un peu plus éclectique
03:36et peut-être un peu plus exigeant avec le cinéma,
03:38et on est allé voir les films d'auteur
03:40qui s'offraient à nous.
03:42Mais le cinéma populaire,
03:44il est important, il est nécessaire.
03:46Et puis là, en plus, c'est du cinéma populaire,
03:48je pensais à Bérenice Béjot que j'avais reçue
03:51il y a 2-3 jours pour Sous la Seine,
03:53le blockbuster français qui cartonne sur Netflix,
03:56qui est numéro 1 aujourd'hui,
03:57monde, numéro 1.
03:59C'est le film français le plus vu au monde à ce jour.
04:02Elle disait qu'elle aussi,
04:04qui était plutôt habituée à des films d'auteur,
04:06elle était arrivée à un moment de sa vie
04:08où elle avait besoin de ça,
04:09où elle en avait un peu marre d'elle-même
04:11et des rôles à peu près pareils qui s'enchaînaient.
04:14Et je voulais savoir si vous aussi,
04:15ce film-là, Elias,
04:17est arrivé à un moment spécial de votre vie,
04:19vous aviez envie d'un truc comme ça ?
04:20J'avais envie, mais je n'en avais pas marre
04:22de ce que je faisais en revanche.
04:24J'ai la chance de pouvoir
04:27m'épanouir et explorer différents types de rôles,
04:32mais surtout différents genres de cinéma.
04:34Et quand ce projet-là est arrivé,
04:36avec Florent qui a écrit le rôle et l'histoire pour moi,
04:40s'inspirant d'un des faits du l'air.
04:43Oui, j'avais envie de ça,
04:45parce que c'est vrai que je prends beaucoup de plaisir
04:47dans le cinéma d'auteur,
04:48et j'espère pouvoir continuer à m'épanouir dans ce domaine.
04:53Mais c'est vrai que de revenir à ce genre de film,
04:56c'est intéressant de voir aussi les différentes palettes
05:00auxquelles on peut se confronter.
05:02C'est un vrai plaisir, c'est très grisant même.
05:05C'est un thriller sombre, intense, sans répit, Elias.
05:08Vous incarnez un ancien soldat des forces spéciales
05:10qui doit protéger une jeune fille de 13 ans,
05:13princesse moyenne orientale et sa mère,
05:16qui ont fui le pays parce que leur père,
05:18le père de la petite, un émir très riche,
05:21veut la marier de force à l'âge de 13 ans.
05:24Vous vous êtes inspiré, le réalisateur s'est inspiré
05:27des histoires qu'on entend tous les quelques temps
05:29de ces femmes et de ces filles d'émirs de Dubaï
05:32et des émirats qui fuient parce qu'elles vont être mariées de force
05:36ou qui fuient parce qu'elles suffoquent dans leur cage dorée.
05:39C'est ça le point de départ du film ?
05:41On cherchait dans un film comme ça.
05:43Il y a des codes et il faut trouver le méchant.
05:45Et on s'est dit, mais quel méchant on n'a pas encore exploré ?
05:47Et effectivement, Florent m'a rappelé ce fait divers
05:51de ce prince qui a pourchassé la princesse jusqu'en Inde
05:56et les autorités indiennes, elles-mêmes,
05:58ont ramené la princesse au Bercail.
06:01Et donc on s'est rendu compte non seulement du pouvoir nuisible de ces gens
06:04mais aussi du pouvoir tout court.
06:06Et du coup, ça nous offrait effectivement un récit digne de ce nom
06:11parce que quelqu'un qui a un pouvoir qui s'étend même à travers les frontières,
06:16c'est intéressant d'un point de vue scénaristique à développer.
06:19Donc c'est l'axe qu'on a choisi.
06:21Vous jouez un héros, mais pas un super héros positif
06:24à la Tom Cruise dans les films américains.
06:26C'est plutôt un héros tourmenté, mutique, pas très sympathique,
06:29un héros qui a des traumas lourds par son passé dans les pays en guerre.
06:33Il a un traitement lourd, d'ailleurs, il prend, il est parano.
06:36C'était important d'avoir un personnage avec des failles ?
06:39C'était capital pour vous de ne pas en faire un super héros sans failles ?
06:43D'abord, on s'est dit, adaptons-nous réellement ce personnage à ma personnalité ?
06:48Je ne suis pas parano.
06:50Ça veut dire quoi, ça ?
06:52D'abord, j'ai un certain âge, j'ai 59 ans.
06:55Donc on s'est dit, on ne va pas faire le Tom Cruise, effectivement.
06:58Mais ce qui nous intéressait, c'était d'étoffer ce personnage
07:01et de lui mettre, entre guillemets, des bâtons dans les roues.
07:03Donc lui mettre des pathologies assez lourdes, avec un traitement assez lourd.
07:06Et du coup, ça nous permettait aussi de créer une forme d'ambivalence sur ce personnage.
07:10Est-il un héros ou au contraire, est-il responsable du chaos qui se déroule dans le film ?
07:16Vous dites d'ailleurs que vous aviez rencontré des soldats qui ont subi des choses pas trop...
07:22Pas des soldats, des journalistes.
07:24C'est des journalistes-reporteurs que j'ai pu rencontrer qui sont eux aussi victimes du SPT.
07:30C'est un drame post-traumatique.
07:32Et qui ont vécu la guerre.
07:34Et qui sont brisés à l'intérieur d'eux-mêmes.
07:36On est entre John Witt et Léon de Luc Besson dans cette relation qu'il a, lui,
07:42avec cette jeune fille de 13 ans qui est jouée par Jeanne Michel,
07:45qui est une jeune actrice qui a du talent.
07:47Cette petite fille riche, capricieuse, qu'il va finir par apprivoiser.
07:51Écoutons cet échange entre les deux.
07:53Entre vous et la jeune fille.
07:55Ça, c'est la constellation du signe.
07:57Comment tu connais les étoiles, toi ?
08:01Enfin, je veux dire, c'est pas pour être méchante, mais...
08:03Tu sais pas parler, tu sais pas rire, tu sais encore moins sourire.
08:07Tu sais juste rester debout et regarder mal les gens derrière tes lunettes fumées.
08:11Pourtant, toi, tu connais les étoiles.
08:14Allez.
08:17Pourquoi tu connais les étoiles ?
08:19C'était mon ancien travail.
08:21Quand t'allais en mer ?
08:22Non.
08:24J'étais pas pêcheur.
08:27J'étais chuteur opérationnel dans l'armée.
08:30Je sautais en parachute de nuit à 10 000 mètres.
08:33Là-haut, on voit les étoiles de près.
08:36Elias, avec Rush 10M, qui sort donc le 3 juillet.
08:40Vous êtes un personnage tout en force physique, tout en muscles.
08:43Vous faites des tractions torse nus sur les premiers plans du film.
08:46Il y a une scène d'une violence inouïe où vous tuez tout le monde de sang-froid dans une caravane.
08:51Il y en a une autre qui est à couper le souffle 20 minutes où vous êtes parachuté d'un avion vers une tour qui ressemble au Burj Khalifa à Dubaï.
09:00Vous avez fait toutes les cascades.
09:02C'était pas trop dur.
09:03Vous dites vous-même, j'ai plus de 30 ans, quoi, sans vous faire offense.
09:07Ouais, mais je suis encore en forme un peu, non ?
09:08Je sais pas, c'est bon.
09:10Oui, je les ai faites.
09:11Mais après, très honnêtement, ça demande un peu de discipline, un peu d'entraînement.
09:15Mais c'est un vrai plaisir.
09:17C'est de la chorégraphie, tout simplement.
09:20C'est-à-dire que vraiment, tout est mis en place par des professionnels pour que tout soit réglé au millimètre près.
09:26Enfin, le réalisateur dit que vous étiez vraiment endurant.
09:30Que vous avez dû refaire des coups de poing 20 fois, 30 fois à la prise.
09:33Et qu'au bout d'un moment, les acteurs ont mal au bras.
09:35Pas vous.
09:36Mais je me suis surpris moi-même.
09:37J'étais sûr que j'allais me blesser.
09:39J'ai traversé ce tournage, je dois dire.
09:43Mais je crois que c'est parce que j'y prenais vraiment beaucoup de plaisir.
09:46C'est-à-dire que ça reste un jeu, malgré tout.
09:48Quand vous jouez un personnage qui, avec une arme, sauve le monde,
09:51il faut quand même vous dire qu'il faut vous amuser.
09:54Sinon, si vous commencez à théoriser ce que vous êtes en train de faire,
09:57vous êtes perdu et vous vous posez des questions existentielles qui n'ont rien à voir.
10:00Je disais, c'est vrai qu'il y a 25 ans, vous aviez été engagé pour un blockbuster.
10:03Et que 15 jours avant le début du tournage, le réalisateur vous appelle et vous dit
10:07« On a un problème, l'actrice principale ne veut pas partager l'affiche avec un arabe. »
10:12Et que vous avez été viré.
10:14J'ai été viré, oui.
10:16Voilà, fin de l'histoire.
10:18Et vous avez revu l'actrice ?
10:19Non.
10:21Je l'ai croisée, oui.
10:23Je n'en veux pas.
10:24Ce n'est pas elle que j'en veux en fait.
10:25Je n'en ai jamais voulu à elle.
10:26J'en ai voulu au metteur en scène, d'abord pour m'appeler et me dire,
10:29sans aucun complexe, m'annoncer ça.
10:32Et j'en veux aussi à la production qui a accepté les désidératas de l'actrice,
10:36selon eux.
10:38Parce qu'aujourd'hui, je m'en rends compte.
10:40Je crois qu'à cette époque-là, je n'ai pas réalisé à quoi j'avais été confronté.
10:45Après, j'ai eu mes enfants et tout ça.
10:47Je me suis rendu compte de la violence du propos et de la situation.
10:53De l'humiliation que c'est.
10:54C'était humiliant.
10:55Vraiment.
10:56Je me suis senti humilié.
10:57J'ai eu envie d'arrêter.
10:58J'ai eu envie d'arrêter.
10:59Puis après, à cette époque-là, j'avais encore mes parents.
11:03Ils m'ont donné de la force.
11:04Ils continuaient.
11:05Ils m'ont dit que c'était normal d'être confronté à ça aussi dans ce métier, dans ce monde-là.
11:10Donc j'ai persévéré, heureusement.
11:12Et heureusement, puisque aujourd'hui, est-ce que vous voyez les choses vraiment changer dans le cinéma ?
11:16Ce que je veux dire, c'est que vous le dites vous-même,
11:18les personnes d'origine immigrée, vous en êtes la preuve éclatante.
11:21Ce n'est plus des seconds rôles ou des troisièmes rôles.
11:24C'est vrai.
11:25J'en suis la preuve.
11:26Mais parfois, je me pose la question,
11:28même si on est quelques-uns,
11:30est-ce qu'on n'est pas l'arbre qui cache la forêt ?
11:32Je crois que ce qui a changé,
11:33c'est qu'aujourd'hui, plus aucun metteur en scène
11:35ne s'autoriserait à passer un coup de fil de ce genre.
11:38Pour dire à l'actrice, on va partager la tâche à la caméra.
11:41Pour telle raison.
11:42Je pense que si tant est que ça existe,
11:44ça resterait comme ça à l'intérieur d'un conciliabule
11:47et on éviterait d'ébrouiter la raison réelle.
11:51Mais il faut rester vigilant.
11:53Il faut rester alerte.
11:55Après, le cinéma, c'est un métier,
11:58très honnêtement,
12:00c'est plein d'injustices.
12:02C'est plein d'injustices.
12:03Pourquoi ?
12:04Parce que c'est un métier.
12:06Regardez ne serait-ce que la configuration d'un casting.
12:09Comment on écarte.
12:10Trop vieux.
12:11Trop ceci.
12:12Trop abîmé.
12:13Trop grand.
12:14On est comme ça.
12:16Tout le temps face au désir de l'autre, en fait ?
12:20On dépend du désir de l'autre.
12:22On est complètement à la merci.
12:23C'est pour ça qu'il faut être créatif.
12:25Et comment vous vous protégez de ça ?
12:27Ou vous vous êtes protégé ?
12:28J'ai écrit, j'ai réalisé des films.
12:32C'est pour ça que je vous dis, il faut être créatif.
12:34Il ne faut pas être en attente et rester à la disposition de l'autre.
12:37Il faut éviter d'être passif.
12:40Beaucoup d'acteurs autour de moi écrivent des textes, se mettent en scène,
12:46parce que la crainte et la peur d'exister uniquement dans le regard de l'autre.
12:51Il faut essayer de s'entreprendre et de s'épanouir.
12:57Ce n'est pas toujours chose évidente.
12:59Rebecca Zlotowsky dit aujourd'hui, Rush Dizem est aux fêtes de sa gloire.
13:03Et c'est vrai que vous enchaînez les tournages.
13:05Vous pouvez jouer ce que vous voulez.
13:06Tout le monde vous veut, ou presque.
13:08Pas tout le monde.
13:09Vous vous enchaînez.
13:10Vous tournez trois films par an.
13:12Vous n'arrêtez pas.
13:13Pourquoi ?
13:14Là vous êtes en tournage au Maroc.
13:15Vous repartez.
13:16Vous allez refaire un autre film en septembre.
13:18C'est quoi ?
13:19C'est la peur du vide ?
13:20C'est la peur de l'ennui ?
13:21Non, j'ai aucune peur.
13:22Ça fait 30 ans qu'on me dit que je tourne beaucoup.
13:23Et j'espère tourner encore beaucoup pendant 30 ans.
13:25Vous savez, on fait un métier.
13:27J'ai toujours eu du mal à comprendre le quantitatif dans ce métier.
13:34Ça veut dire quoi tourner beaucoup ?
13:36Ça veut dire juste travailler.
13:37Et j'ai eu la chance depuis un film,
13:39N'oublie pas que tu vas mourir, de Xavier Beauvois.
13:41À partir du moment où j'ai fait ce film, je n'ai plus jamais arrêté.
13:44Et vous comptez pas arrêter ?
13:46Non, je ne compte pas m'arrêter.
13:48C'est comme vous.
13:49C'est comme si je vous disais,
13:50vous ne trouvez pas que d'être tous les jours à la radio, c'est beaucoup ?
13:52Non, c'est votre métier.
13:53C'est normal.
13:54Mais il y a une peur du vide chez moi, vous savez.
13:55Je l'assume.
13:56Ou une peur du vide ou une passion pour ce que je fais.
13:58Oui, peut-être.
13:59Les impromptus, pour finir,
14:00qu'est-ce qu'il vous reste de vos 10 ans vendeur opus de Clignancourt ?
14:04Beaucoup de souvenirs, beaucoup de rémunécence.
14:07J'y retourne régulièrement.
14:08Et je crois que ça m'a apporté aussi la tchatche, le bagout,
14:11l'aisance dans l'échange aussi.
14:14Il n'y a pas de bon père, disait Sartre.
14:16Vous êtes d'accord avec lui ?
14:17Oui, complètement.
14:19Vous n'êtes pas un bon père ?
14:20Non, si, je crois que j'en ai.
14:22Mais d'abord, c'est à mes enfants de le décider.
14:24Mais j'ai fait ce que j'ai pu pour être un bon père.
14:27Et si j'y suis parvenu, à eux d'y répondre.
14:30Diriez-vous que vous avez réussi votre vie ?
14:32Oui.
14:33La France ou la Belgique ?
14:35Où vous avez vécu vos premières années ?
14:37Non, la France.
14:38Parce que la Belgique, ça reste quand même un souvenir incroyable.
14:40Parce que c'est là où j'ai passé effectivement mes premières années de mon existence.
14:44Vous avez été placé dans une famille ?
14:45J'ai été placé dans une famille, absolument.
14:46Avant de retrouver votre famille biologique ?
14:48Flamande.
14:49Dans une famille flamande, catholique ?
14:50Catholique.
14:51Avant de retrouver...
14:52Catholique pratiquante.
14:53Mais ça m'a enrichi.
14:56Vos parents musulmans.
14:57Et du coup, quand vous avez fait des enfants avec une femme qui était juive, qui est juive toujours d'ailleurs...
15:02J'ai exploré, on ne peut pas dire que je ne connaissais pas l'autre.
15:04Et justement, un homme comme vous, qu'est-ce qu'il ressent aujourd'hui, dans le moment que nous vivons, dans le moment politique que nous vivons ?
15:10D'abord, je crois qu'on est confronté à quelque chose qui n'a, selon moi, rien d'étonnant.
15:15À partir du moment où un gouvernement, et les gouvernements qui l'ont précédé, a abandonné la politique sociale.
15:23C'est comme ça que naissent les extrêmes.
15:24C'est quand on abandonne ceux qui souffrent et qui sont en colère.
15:27La colère se traduit aujourd'hui par un vote en grande partie pour le Rassemblement National.
15:32Quelque part, on l'a un peu cherché.
15:34Mais il faut expliquer aussi à ces gens que la réponse ne se trouve pas dans ce parti, qui est pour moi un parti xénophobe.
15:41Je l'ai dit, je l'ai répété.
15:43Et qui commence déjà à prendre des mesures liberticides.
15:48Si on vous explique qu'on va vous sortir de la mouise avec des mesures où vous serez prioritaires par rapport à l'autre, par rapport à l'exclu,
15:59je vous rassure, ça existe déjà. La discrimination, elle existe déjà.
16:02À l'embauche, au logement.
16:06Donc ça ne changera rien.
16:08Mais en tout cas, je crois que c'est une situation dont on est tous plus ou moins responsables.
16:13Donc il faut se réveiller.
16:15Vous votez ?
16:16Oui, bien sûr.
16:17Al Pacino ou Robert De Niro ?
16:19Franchement, je n'ai aucune envie de choisir.
16:22Mais quand on regarde un peu la filmo, il y a quelque chose chez Pacino qu'il n'y a pas chez De Niro.
16:28Et pour lequel j'ai une admiration.
16:30Il ne s'est jamais fourvoyé.
16:32Aujourd'hui, De Niro...
16:34Dans des bouses ?
16:35Ouais, dans des films comme ça.
16:37Et Pacino, il est resté très intègre.
16:39Et Dieu dans tout ça ?
16:40Comment ?
16:41Et Dieu dans tout ça ?
16:42Et Dieu dans tout ça ?
16:43Dieu, c'est quelque chose de très intime, de très privé.
16:47Et en aucun cas, c'est quelque chose qui s'échange comme ça.
16:50En tout cas, une organisation de radio, pour moi, ça ne sort pas de chez moi.
16:53Ça ne sort même pas de mon crâne.
16:56Ou de votre cœur.
16:57De mon cœur, évidemment.
16:58Elias de Florent, Emilio, Syrie.
17:01Ça sort le 3 juillet, le grand film d'action de l'été.
17:04C'est avec Rush 10M.
17:05Merci et bonne journée à vous.
17:06Merci, Elias.