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SECRET SAUCE – En une dizaine d’années, ce projet d’étudiants en design est devenu un véritable succès commercial pour les plus petits. Et continue d’innover aujourd’hui dans le marché dynamique des conteuses à histoires.

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Transcription
00:00Si vous avez des enfants, d'abord, bravo à vous.
00:02Non !
00:05Mais surtout, ça veut dire que vous connaissez certainement cet objet.
00:09Cette conteuse pour enfants, qu'on a fait tester à toute la rédaction,
00:12histoire de les détendre entre deux notifications sur Donald Trump.
00:16Quand Yacine se réveille, il est surpris.
00:19Il n'y a pas un seul bruit dehors.
00:21C'est pour le travail !
00:22Elle a été vendue à plus de 2 millions d'exemplaires
00:25depuis sa création il y a une dizaine d'années.
00:28L'origine de son histoire, elle est assez improbable.
00:31Mes trois associés sont des amis que je vois beaucoup en soirée.
00:34Un soir, je faisais une soirée chez moi, ils ont débarqué.
00:36Je leur ai dit, vous ne voulez pas qu'on monte une boîte ensemble ?
00:38Ils m'ont dit, on vient d'en parler dans le métro.
00:40L'histoire a commencé exactement comme ça.
00:42Et en plus de ça, elle est française.
00:44Bienvenue dans ce nouveau secret de sauce sur Luni.
00:47Bizarre, bizarre, se dit Yacine.
00:51Les fabriques à histoire de Luni, c'est elle qui les a inventées.
00:54Bonjour, je m'appelle Maëlle et je suis cofondatrice de Luni.
00:57Alors qu'elle termine ses études de design,
01:00Maëlle et trois de ses potes de promotion ont une envie.
01:03Créer du divertissement pour les plus petits.
01:05Et ils ont une conviction.
01:07Surtout, éviter les écrans.
01:09J'ai écrit un mémoire sur les imaginaires collectifs et individuels.
01:13Et pendant l'écriture de ce mémoire, j'ai observé
01:15que l'arrivée des écrans dans nos vies, des smartphones, des tablettes
01:18pouvait menacer la créativité, notamment chez les enfants.
01:22Et donc du coup, j'ai voulu imaginer un objet qui soit une alternative aux écrans.
01:26Mes trois associés sont des amis que je vois beaucoup en soirée.
01:29Un soir, je faisais une soirée chez moi.
01:30Ils ont débarqué et je leur ai dit, vous voulez pas qu'on monte une boîte ensemble ?
01:33Ils m'ont dit, on vient d'en parler dans le métro.
01:34L'histoire a commencé exactement comme ça.
01:37Au début, comme dans chaque startup, c'est la galère.
01:40Et il faut dire que Luni ne sait pas faciliter la tâche.
01:43Et ça, c'est pas moi qui le dit.
01:44C'est notre expert startup maison, Adrien Le Lièvre.
01:48Et Luni, dès le départ, a décidé de faire du hardware.
01:50Ce qui est plus compliqué, ce qui demande plus de cash.
01:53Premier obstacle, fabriquer un prototype.
01:55Les coûts sont énormes.
01:57Minimum 200 000 euros pour entamer un projet.
02:00Enfin, c'est même beaucoup plus parce qu'il faut investir dans des machines.
02:03Et nous, bien sûr, on est sortis d'école, on n'a pas ces fonds-là.
02:07Deuxième problème, les contenus des conteuses.
02:10En gros, les histoires à raconter aux enfants.
02:12Pour les produire, il a fallu trouver des ingénieurs du son, des comédiens, des auteurs.
02:17Et lors des premiers rendez-vous, ça ne s'est pas passé comme prévu.
02:21Dans le milieu jeunesse, on était un ovni.
02:23Personne n'a compris quand on a débarqué.
02:25Troisième impasse, la vente.
02:27Parce qu'une fois le prototype en poche, les auteurs et les comédiens trouvés,
02:31il a fallu convaincre des commerçants de vendre des Lunis.
02:35On se rend à un Nature & Découverte à côté de chez moi.
02:38Et on va voir une vendeuse en lui disant « Coucou, on a cet objet.
02:42On adorerait le vendre chez vous. Comment on fait ? »
02:45Très, très naïf dans la démarche.
02:47Mais ça a payé puisque la vendeuse nous a donné le contact du directeur des achats de Nature & Découverte,
02:52qui a répondu à notre mail dans les 10 minutes pour nous donner rendez-vous au siège social.
02:57Et à partir de ce moment-là, Nature & Découverte a eu un vrai coup de cœur pour le projet
03:02et nous a attendu pendant un an et demi avant que le projet soit pré-industriellement parlant.
03:06C'est le premier ingrédient de la secrète sauce de Maëlle et de ses potes.
03:09Trouver un revendeur de renom.
03:11Et on ne va pas se mentir, ils ont eu un gros coup de bol.
03:14Parce que normalement, ça n'arrive pas aussi rapidement.
03:17Et en 4 mois de commercialisation, rupture de stock,
03:20première vente chez Nature & Découverte, c'était de la folie.
03:23Mais évidemment, le succès a créé un nouveau problème.
03:27Comment produire en masse ?
03:29En allant en Chine, mon pote.
03:31Et c'est ce qu'ont décidé de faire Maëlle et son équipe, malgré leurs idéaux écologiques.
03:35Moi, au début, forcément, je suis extrêmement déçue parce que l'Uni a une identité engagée depuis le début.
03:40En tant que designer, c'est vraiment ma formation, c'est de faire des choses qui ont du sens
03:43et le plus respectueux possible de l'humain, du vivant en général, de la planète.
03:47Donc j'ai eu un petit deuil à faire, mais le plus important était que le projet voit le jour.
03:53Mais la Chine est 2020. Vous voyez où je veux en venir ?
04:06Heureusement, Maëlle et ses copains avaient pris en 2018 une décision stratégique qui va les sauver.
04:11Rapatrier la production en Europe.
04:14On s'est fait une promesse en disant que si le projet fonctionnait, on rapatrierait la production en France.
04:20Et après un appel d'offres dans plusieurs pays, leur choix s'est porté sur…
04:24Bayonne.
04:26Sauf qu'en France, c'est loin d'être simple.
04:28Quand on a un projet industriel, il faut…
04:31Investir dans des machines.
04:33C'est des lignes semi-automatisées ou automatisées.
04:35Une ligne de manufacture qui est dédiée à nous, centralisée, assemblée à carte mère.
04:39Voilà. Vous comprenez pourquoi je vous disais que c'était loin d'être simple ?
04:43Quand on les interroge, les fondateurs ne cachent pas que ça a été compliqué.
04:47Il y a eu parfois quelques couacs.
04:49Il y a eu certains premiers modèles de petites boîtes à histoire qui n'étaient pas parfaitement montées, par exemple.
04:55Donc ils ont un peu ramé, si j'ose dire.
04:58Réindustrialiser, c'est compliqué.
05:00Ça demande de l'argent, ça demande des compétences techniques.
05:02Je pense que c'est très aligné avec la mission de la fondatrice,
05:06qui veut vraiment créer un objet utile à la société
05:09et qui veut créer aussi une boîte pleinement enracinée en France
05:12et qui ne soit pas dépendante non plus de fournisseurs à l'autre bout du monde.
05:16Et c'est là qu'intervient le deuxième ingrédient de la secrète sauce de l'Uni.
05:19La diversification.
05:21En parallèle de ces compteuses, l'entreprise produit aussi des histoires pour enfants.
05:25Déjà 4500 ont été créées depuis le lancement.
05:28Il y a carrément des making-of sur YouTube pour ceux que ça intéresse.
05:31J'interprète principalement le rôle de Ellie,
05:34qui est une adolescente qui va aider le héros Alex dans sa quête.
05:39J'ai une idée ! Suis-moi !
05:42Aujourd'hui, l'Uni est rentable.
05:44La boîte tire ses revenus à la fois de la distribution de ses contenus audio,
05:47compter une quinzaine d'euros le livre qui contient de 40 minutes à 3 heures d'histoire,
05:52et de la vente de ses produits physiques, entre 70 et 100 euros la tablette.
05:57Bah ouais, ça coûte un petit billet d'être tranquille pendant ses trajets de voiture.
06:01Pour résumer, 50% du chiffre d'affaires vient des contenus,
06:05et 50% des appareils.
06:07Prochain défi pour Maël et son équipe, convaincre à l'international.
06:11D'autant plus que des concurrents directs ont déjà pris beaucoup d'avance.
06:15On peut citer des acteurs comme Tony's, qui met en vente les petites Tony Box.
06:20Il y a aussi Merlin, ou alors Mon Petit Morphée.
06:23C'est un marché assez dynamique où on a vu pas mal de nouveaux entrants arriver.
06:27Tony Box, c'est 300 millions d'euros de chiffre d'affaires,
06:30soit 10 fois plus que celui de l'Uni.
06:32Et cette somme, elle est notamment portée par des partenariats avec des géants du divertissement,
06:37comme Disney, Sony ou bien Universal.
06:40En 2021, Tony's est entré en bourse à Francfort,
06:43et on a profité pour lever plus de 100 millions d'euros.
06:46De quoi lui assurer une place de leader sur le marché des boîtes à histoire.
06:50Et l'Uni dans tout ça ?
06:51Ça pourrait aussi avoir du sens de voir ce type d'acteur être adossé par exemple à un grand groupe d'édition,
06:56parce qu'en fait, il existe plein de grands groupes en France du type Bayard, etc.
07:01Dans une logique de conceptualisation, dans une logique aussi de diversification des produits,
07:06ça peut tout à fait avoir du sens pour un éditeur de jeunesse, par exemple,
07:10de se dire on va avoir en plus une couche de hardware qu'on vendra en complément de nos livres,
07:15de nos spectacles, de nos jouets, etc.
07:18Bon, vous l'avez compris, pour entretenir sa secrète sauce,
07:21l'Uni va devoir faire des choix stratégiques sur son développement à l'international.
07:25Maëlle, de son côté, a déjà en tête un futur projet.
07:29Là, je suis en train de co-écrire une fiction audio qui prend la forme d'une série en trois saisons,
07:33qui s'appelle Numénia, qui sera cette fois-ci sous forme d'application sur smartphone.
07:38Moi-même, je suis partisane de pas de smartphone avant 14 voire 16 ans,
07:41pas de réseaux sociaux avant 18 ans, mais la réalité aujourd'hui est toute autre.
07:46Et donc du coup, la position de l'Uni, c'est de dire
07:49essayons de proposer du contenu sain sur smartphone pour que le temps passé dessus
07:54apporte quelque chose à l'ado et aussi aller le chercher là où il est.
07:58Conclusion de cette histoire.
07:59N'ayez surtout pas peur d'avoir une bonne idée en soirée avec des potes.
08:03Sur un malentendu, ça peut devenir votre gagne-pain.
08:06Merci d'avoir regardé ce huitième épisode de Secrète Sauce.
08:09Si vous voulez remporter cette fabrique à histoire, écrivez First en commentaire.
08:14Non, je rigole.
08:16Mais pensez à vous abonner quand même.
08:18S'il vous plaît.
08:20Pitié.
08:21Merci.

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