Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, était l’invité du Face à Face de ce vendredi 14 mars. Il a été interrogé sur les négociations autour d'une trêve en Ukraine.
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00:00On a grandi avec l'idée de cette menace, on l'avait peut-être un peu oubliée.
00:04Est-ce qu'aujourd'hui on est dans une forme à nouveau de guerre froide ?
00:07On redécouvre, oui, bien sûr, on redécouvre ça, mais ça n'a jamais été complètement différent.
00:12Alors il y a un moment après la fin de l'URSS, il y a une sorte d'illusion en Occident.
00:16Du côté américain, on a gagné, c'est la fin de l'histoire, et du côté européen, bisounours,
00:20c'était la communauté internationale, mais c'était déjà fictif.
00:23Et comme les Occidentaux ont complètement raté la gestion de l'après-guerre froide et la question russe,
00:28on est revenu assez vite à partir de, pas Poutine au début, mais Poutine au mandat 3, on va dire,
00:33à cette situation que vous décrivez, c'est une nouvelle guerre froide.
00:36Mais la menace existentielle, oui c'est vrai, c'était vrai avant déjà,
00:39mais on est sortis gagnants dans la guerre froide.
00:41Il ne faut pas le prendre au sens totalement tragique ni désespérant,
00:45ça veut dire qu'il faut réorganiser l'Europe de demain comme une sorte de gros porc-épic militaire
00:51que personne n'aura envie d'aller tester.
00:53L'Europe de demain comme une sorte de gros porc-épic militaire, justement, Hubert Véron.
00:59Mais c'est ce qui est en train de se produire, simplement il faut aller plus vite.
01:02Et ça revient aux questions de tout à l'heure, qui va commander le truc ?
01:05Qui va commander le truc et avec quel genre d'armement ?
01:07Hubert Védrine, une déclaration de soutien à l'Ukraine a été adoptée, y compris par les députés français.
01:15Certains se sont abstenus, voire n'étaient pas d'accord avec un point,
01:20qui est la question de l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne.
01:25C'est notamment le cas de l'URN ou de l'FI qui s'opposent à l'idée que l'Ukraine puisse devenir état membre de l'Union européenne.
01:33Est-ce qu'il faut donner cette perspective à l'Ukraine ?
01:36Est-ce que l'Union européenne en changerait de nature ?
01:39Ça peut faire partie de l'accompagnement d'un accord de paix s'il existait entre Trump et Poutine,
01:44ce qui n'est pas encore le cas, on verra, en se disant que peuvent faire les Européens en plus pour l'avenir de l'Ukraine.
01:49Mais est-ce que c'est de la rhétorique ou est-ce qu'on a vraiment l'ambition d'accueillir l'Ukraine ?
01:54L'ambition, c'est une possibilité.
01:56En tout cas, je note bien que votre question, c'est sur l'Union européenne,
01:59parce que la question de l'OTAN est écartée par Trump comme elle était par Biden et par les Allemands.
02:05Donc la question ne se pose pas.
02:06Pour le coup, c'est le cas juste d'Élysée avec la Russie.
02:09En revanche, l'Union européenne, à mon avis, c'est envisageable,
02:13mais il faut qu'il y ait un accord de paix entre Trump et Poutine, donc l'Ukraine.
02:16Et après, on pourrait dire, d'accord, on accepte que l'Ukraine...
02:19Il faudrait reprendre le plan de Jean-Louis Bourlange, qui est très bon,
02:22qui est une adhésion par étape, enfin l'adhésion à l'arrivée,
02:26et l'Ukraine entrerait peu à peu dans différents programmes dont elle bénéficierait.
02:29Il y a un travail énorme à faire pour déminer, reconstruire, etc.
02:32Donc moi, je pense que ce n'est pas une option à écarter.