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  • il y a 6 jours
Chères lectrices, chers lecteurs,

Mercredi 23 avril, nous avons eu le plaisir de recevoir Frédéric Beigbeder pour échanger autour de son nouveau récit consacré à son père, Un homme seul (éditions Grasset).

Discussion animée par Édouard Leroy.

Vous souhaitant de belles lectures,

L'écume

La Quatrième :

Ce récit aurait pu s'intituler "Le Livre de mon Père". Frédéric Beigbeder part à la découverte de Jean-Michel Beigbeder (1938-2023), dont il fait un vrai personnage de roman, à situer entre Roger Martin du Gard et Ian Fleming : « c’était un Français qui s’est cru Américain alors qu’il était Anglais ».

Il tente de comprendre cet homme solitaire et secret, fils d'une américaine et d'un béarnais, qui se qualifiait lui-même de "solipsiste". Une enfance dans un pensionnat militaire catholique, l'abbaye-école de Sorèze, puis après les « kapos à chapelets » de Sorèze, chez les frères marianistes de la Villa Saint-Jean à Fribourg, l'a endurci à vie. À peine majeur, il a fui son pays natal pour apprendre le management à Harvard Business School. Au début des années 1960, il a importé en France le métier de "chasseur de têtes" (executive search), « plaçant » tous les dirigeants du CAC 40 (ou presque), durant cinquante ans. Ou les débauchant (« la guerre économique est la seule dont les déserteurs sont récompensés »). A moins que cette activité prestigieuse, le conduisant à voyager dans le monde entier et à tisser des réseaux dans toute ce que la France de l’époque comptait de « décideurs », n’ait été une parfaite couverture pour des activités d’honorable correspondant de la CIA ?

Ce tombeau d'un père brillant et absent est aussi le portrait d'une génération de jouisseurs. Ces hommes seuls que l'on appelle aujourd'hui les "boomers" ont forgé leur égoïsme pendant la Seconde Guerre mondiale. Le confort fut leur idéologie, le luxe leur utopie, le divorce leur fatalité, l'Amérique leur horizon. Ils n'étaient pas faits pour être des pères de famille. À la fois philosophe pessimiste et playboy de la jet-set, Jean-Michel Beigbeder a épousé le XXème siècle, ses plaisirs, sa mondialisation et ses errements.

Son fils contemple avec sensibilité la disparition d'un homme qui symbolise aussi l'écroulement d'un monde, et profile en creux son autoportrait au miroir de ce père si fraichement disparu, dont il peut enfin faire la connaissance…
Transcription
00:00au zénith à paris et le concert était programmé à 20 heures il est arrivé à
00:0523h15 et donc vraiment on est des ploucs de commencer à 19h02 totalement plouc
00:15personne n'a dormi ici la veille un peu déçu alors bonsoir à tous merci d'être venu aussi en avance
00:35bonsoir prédéric bt donc ce soir on est là pour parler de votre livre un homme seul alors comme
00:43première question je vais vous demander qu'est ce que ça fait d'être le descendant du second
00:48président des états unis quand même ouais ouais mais écoutez j'ai un peu honte aujourd'hui de mon
00:56pays et je pense que mon ancêtre s'il voyait ce qui se passe serait sans doute très déçu d'avoir
01:05combattu les anglais pour l'indépendance de l'amérique et pour arriver à ce résultat désastreux
01:13évidemment c'est un peu dommage mais non je vous remercie de rappeler que je fais partie de la
01:18famille adams en effet un de mes ancêtres c'est john adams qui a contribué à rédiger la constitution
01:27des états unis et qui était le deuxième président et son fils john quincy adams a été le sixième
01:34président on a deux présidents des états unis dans la famille de mon père par ma grand mère qui était
01:41américaine et j'ajoute que je crois que john quincy adams est le premier à avoir résidé à la maison
01:49blanche qui venait d'être construite quand même la classe donc vous parlez autrement oui alors un
01:58homme seul vous voulez que je vous explique ce qu'il y a dedans avec plaisir mais surtout comment est-ce que
02:05si j'ai eu un arrêt cardiaque peu de temps après la publication du livre tellement j'étais choqué
02:18non c'est pas c'était pas un mystère dans la famille c'est juste que j'en avais jamais parlé mais j'ai une
02:26tante qui est très comment dire qui qui j'ai un peu s'intéresse à cette généalogie et et nous
02:34sommes membres d'une association qui s'appelle les fils et filles de la révolution américaine parce que
02:40justement cet ancêtre prestigieux et d'autres dans la famille de ma grand mère ont contribué à
02:47libérer les américains des anglais ça me fait venir une question c'est pour ça peut-être le votre
02:57intérêt pour les auteurs américains je pense à votre livre sur l'un de la série par exemple oui
03:01alors ça c'est très bonne question parce que j'ai toujours aimé la littérature anglo-saxonne sans
03:08savoir que j'avais cette peut-être ça dans le sang c'est à dire j'ai je me sens bien aux états unis
03:16j'ai de la famille là bas des cousins et c'est vrai que j'ai quand j'étais très petit déjà je lisais
03:24beaucoup de romans américains c'était de la science fiction puis ensuite des polars et puis après
03:30les livres sérieux mais j'ai sans doute et aussi un goût d'ailleurs mystérieux pour la musique américaine
03:37pas forcément les groupes de rock j'adore nirvana et tout ça mais mais aussi tout petit j'écoutais
03:46mon père mon père adoré john baize et j'écoutais la country john baize james taylor une musique qui
03:54n'est pas du tout une musique parisienne quoi parce qu'en plus dans la plupart de vos livres et dans
03:59celui-là aussi la musique américaine revient donc c'est intéressant d'avoir cette ascendance
04:05familiale alors on va rentrer dans le livre un homme seul quand je l'ai lu j'ai eu l'impression que
04:12le livre était un peu structuré en deux parties l'une plus émotionnel au début vraiment j'ai trouvé
04:18touchant et ému et après il y avait je sais pas quelque chose de plus romanesque est ce que la
04:26première partie a été une espèce de nécessité cathartique d'écrire après la mort de votre père
04:32oui en fait j'ai pas écrit le livre dans l'ordre où vous l'avez lu il ya c'est je travaille beaucoup
04:40de manière impressionniste par bribes et je prends des notes dans les carnets il y avait des passages qui
04:46sont à la toute fin il ya des notes sur l'enterrement mon père et puis quand même j'ai au fil des mois je
04:55me suis dit que ça serait bien que ce soit chronologique et donc de commencer par l'enfance à
05:00l'âge de 8 ans en 1946 quand on quand mes grands parents ont exilé leur fils dans un pensionnat et donc
05:10je suis allé sur place voir ce pensionnats j'ai commencé à imaginer ce que ça faisait à un petit
05:16garçon juste après la guerre de se retrouver enfermé pendant quelques années dans un endroit
05:21sans rentrer chez lui bon voilà et ce passage là ce qui est bizarre c'est qu'il a été rejoint par
05:28l'actualité après la publication du livre avec l'affaire betharam et toutes les révélations qui qui sont
05:38sortis y compris aujourd'hui sur les mauvais traitements dans les pensionnats catholiques à partir
05:45des années de l'après guerre jusqu'à vos années 90 c'est assez hallucinant et j'ai c'est pas pour
05:55comment dire chercher quelque chose de surnaturel mais il me semble qu'à chaque à chaque fois qu'on
06:02écrit souvent on sent des choses qui sont dans l'air et j'ai dû j'ai dû me voilà je sais pas pourquoi mon
06:10père m'avait quasiment jamais parlé de cet endroit mais j'ai ressenti le besoin de comprendre ce qui
06:18l'avait rend en mur et parce qu'il était très secret et très taciturne silencieux avec un regard
06:28mélancolique et donc je voulais savoir ce qui s'était passé dans son enfance et puis j'ai rejoint un mouvement
06:36qui est important aujourd'hui dans notre pays qui explique peut-être toute une génération est ce
06:45que le tout le début sur justement sur l'enfance de votre papa elle est touchante elle a même un côté
06:51assez universel comme vous dites c'était un peu dans l'air peut-être j'ai eu la sensation de voir beaucoup
06:57d'adultes de sa génération dans ses mêmes et dans cette souffrance intérieure qui est due au
07:04pensionnat etc oui hommes et femmes d'ailleurs je reçois beaucoup de lettres de femmes qui disent
07:09arrêtez de dire que c'est que les hommes qui ont souffert beaucoup beaucoup de femmes aujourd'hui
07:14septuagénaire ou octogénaire ont été très très violemment traités dans ces endroits et oui alors
07:24je suis pas du tout le premier à en parler il ya un des plus beaux livres sur la question c'est je
07:30crois l'année de l'éveil de charles juliet il ya également deux si braves garçons de patrick
07:35modiano et qui date de 83 donc ça veut dire que ça fait très très longtemps qu'il ya des livres qui
07:41parlent de ces voilà ces endroits où on enfermait les enfants les parents se débarrassaient de leurs
07:49enfants mais c'était effectivement c'est très présent dans la littérature mais ce justement ce
07:55regard sur sur l'enfance au travers des ces pensionnats mais vous me suis demandé si c'était
08:02un devoir de mémoire de votre papa vous avez vous avez l'air d'avoir connu mais qui restait un peu
08:10un inconnu ou c'était pour vous un besoin de le connaître est ce que c'était une manière de lui rendre
08:17hommage à travers ce livre ou vous avoir des réponses sur certaines sur certaines choses que
08:24vous avez vécu alors c'est pas du tout un hommage puisque j'ai écrit beaucoup de choses très bas qui
08:30lui aurait fortement déplu je pense même qu'il aurait détesté ce livre c'est pas non plus un
08:34règlement de compte mais j'essaie de faire connaissance en fait et étant donné qu'on était
08:40tous les deux assez pudique et puis qui du fait que mes parents ont divorcé quand j'avais 5 ans je
08:48n'ai pas vu tellement souvent du coup je n'ai pas pu lui poser toutes les questions que j'aurais aimé
08:54lui poser et comme souvent dans les familles bourgeoises on ne se dit pas les choses on se
09:02dit même pas qu'on s'aime alors comment comment oser aborder la question d'un éventuel abus dans
09:09l'enfance c'est complètement tabou donc non je crois après sa mort je me suis dit bon ben est-ce que
09:17enfin j'ai eu une curiosité en fait est ce qu'il ya une est ce qu'il ya des choses que je ne sais pas
09:24et ce qu'il ya ça mériterait pas un petit peu de pour une fois d'arrêter d'être léger et d'essayer
09:32un petit peu d'aller en profondeur comprendre cet homme là qui m'a donné la vie j'ajoute que comme
09:39souvent ça se passe dans dans ces cas là quand quelqu'un décède on a accès à toutes ces archives
09:45et il avait laissé des boîtes avec écrit a brûlé après ma mort je me suis empressé de désobéir
09:53évidemment et je me demande même si parce que c'est quand même pas un c'était quelqu'un d'assez
09:59intelligent s'il a mis ce mot si c'était pas justement pour attirer l'attention et dans ces
10:05boîtes il y avait des passeports américains avec une autre identité il y avait des beaucoup
10:10d'éléments assez mystérieux et romanesque quand vous dites que ça commence dans l'autobiographie
10:16et que ça bascule dans le romanesque ça me fait très plaisir et en même temps c'est pas de ma
10:20faute c'est lui qui avait une vie une double vie fictive mais justement ce début émotionnel enfin
10:28ce début qui était je l'ai trouvé touchant et c'est à dire c'était pas du tout l'image que j'avais
10:34ça m'a fait quelque chose après j'ai été rassuré avec le roman je me suis dit ah quand même mais
10:44vraiment le début pour ceux qui l'ont pas vu c'est ça sentait la sincérité en tout cas j'aimerais que
10:52vous nous parliez du métier de votre père et jusqu'à quel point vous pensez que son métier vous a
10:59représenté son style de vie oui je pense que j'ai hérité de pas mal des défauts de mon père et
11:08que je me suis même ce qui est pas mal avec les parents c'est qu'on peut leur faire reporter la
11:19responsabilité sur eux sans assumer la sienne et c'était bien pratique pendant 40 ans oui mon père
11:27était un style de vie qui est celui des boomers il a grandi donc dans l'après-guerre et à partir
11:35des années 60 il s'est complètement libéré il était un homme d'affaires qui gagnait beaucoup
11:40d'argent qui voyageait énormément et qui a une vie d'hédoniste et beaucoup de succès avec les femmes
11:49beaucoup de de fêtes il avait à un moment il avait huit maisons à saint tropez à verbier en suisse il
12:00avait une maison en normandie un appartement à londres un appartement à new york c'est à voir si vous
12:06voulez c'est la caricature du playboy international ça quand j'étais enfant j'étais fasciné parce
12:12qu'il m'échappait complètement et j'étais très sans doute assez malheureux de ne pas le voir souvent
12:18mais en même temps très admiratif de cette espèce de vie et bon j'ai appris après qu'il avait
12:24probablement peut-être été un espion en tout cas comme on dit un officier traitant franco-américain
12:34puisqu'il avait la double nationalité et ça expliquait peut-être pourquoi il a beaucoup voyagé dans les
12:40pays que l'amérique considérait comme important à garder et ne pas enfin pour lutter contre le
12:48communisme en gros dans les années 50 et 60 donc mais tout ça je l'ignorais à l'époque et puis du
12:56coup j'ai peut-être eu envie de reproduire ce mode de vie c'est sûr oui c'est vrai que là mes premiers
13:01romans sont très hédonistes aussi et et c'était un oui c'est des gens comment dire on a tendance à
13:13les caricaturer rapidement disons en gros qu'ils sont tous comme donald trump quoi c'était obsédé par
13:21le fric et le sexe mais il ya il ya d'autres aspects plus plus ambigu chez chez mon père en
13:30tout cas mais enfin vous présentez votre père moi il m'a donné l'impression d'avoir un peu un code
13:35d'honneur il ya quelque chose après c'est peut-être le comparatif que vous faisiez un peu avec le
13:41james bond de ces années là mais il avait l'air malgré le métier qu'il faisait la vie qu'il avait
13:48une espèce de code qui faisait que je sais pas j'avais il m'a pas donné l'impression justement d'être
13:54comme donald trump il vivait à son époque mais il avait une certaine ligne dans ce qu'il faisait
14:02et c'est ce que j'ai ressenti dans le livre après je ne sais pas si c'est non c'est un métier qui a des
14:08règles il ya des règles qui ont été fixés justement dans les années 50 quand il a importé le métier donc
14:13de chasseur de tête puisque c'était son métier head hunting il a commencé en france en 62 et c'était oui
14:19ils ont fixé tout de suite des règles du jeu c'est à dire qu'on va pas aller rechercher quelqu'un
14:23qu'on vient de faire nommer président de l'oréal on va pas aller le recruter pour le remettre chez
14:28estée lauder avant avant quatre années donc il ya des codes comme ça mais bon en dehors de ces
14:34règles du jeu là il n'était pas non je pense que c'était quand même le monde du business n'est pas
14:39un monde ou comment dire un monde très moral je crois qu'il était peut-être moral dans dans par
14:48d'autres aspects il était il a fini par être assez croyant à la fin de sa vie mais dans sa vie privée
14:55comme dans sa vie professionnelle n'a pas été obsédé par le bien et le mal je crois que c'est un c'est une
15:03litote alors vous avez légèrement évoqué le cette possibilité d'agent secret qu'est ce que vous pouvez nous
15:11parler des trois williams et la théorie que vous avez construite dans votre livre à leurs propos
15:16car c'est très étrange donc je trouve ces passeports américains qui sont des vrais passeports avec un faux
15:24nom le nom est william harbin qui est le nom de mon oncle américain qui porte ce nom et qui était
15:32officiellement un agent de la cia qui a travaillé dans le monde entier pendant toute sa vie en urss en
15:41extrême-orient en amérique latine et en europe puis elle a fini à washington et pourquoi mon père
15:51avait-il sa photographie sur des passeports avec le même nom que son cousin j'ai déjà je ne sais pas
15:56la réponse mais étant donné que à cette époque là les étudiants français les étudiants étrangers aux
16:07états unis était souvent sponsorisé par les services de renseignement américain ou recruter
16:13assez tôt dans leur carrière par par la cia par exemple c'est assez crédible que c'est pu arriver
16:21il était à harvard et il est possible qu'il ait été aidé par le gouvernement américain dans ses
16:27études et ensuite dans sa vie professionnelle en échange de renseignements peut-être sur
16:33l'économie française et vous quand vous tombez là dessus vous dites mon père était un agent secret
16:38ça explique beaucoup de choses alors c'est quand même drôle de mourir trois ou liens dans le oui alors
16:42le c'est quand même un peu donc il ya bill harbin qui est mon oncle william harbin qui est l'identité fictive
16:49de mon père il ya le troisième c'est assez intéressant c'est un écrivain qui était un des
16:55écrivains qui avait le plus de succès en amérique en 1910 william nathanael harbin qui écrivait des
17:02romans bucoliques sur le sud des états unis si vous voulez c'est un peu du du faulkner 50 ans avant
17:09quoi et et c'est c'était des livres qui étaient d'énormes succès notamment un où il raconte un
17:19sudiste qui trahit qui milite contre le l'esclavage et donc contre sa famille la famille sudiste complètement
17:30esclavagiste qui et lui trahissait pas et collaborer avec les nordistes et 7 ce livre là évidemment mon c'est
17:39c'est ce qui est bizarre c'est que mon père m'en a parlé juste avant de mourir il m'a parlé de de ce
17:44livre qui s'appelle de humble abolitionniste et j'ai eu l'impression qu'il voulait me dire quelque
17:49chose d'aller enquêter sur cette identité sur cet auteur que peut-être j'étais oui il a même dit
17:56écrit dans un sms que j'étais le la réincarnation de ce william nathanael harbin qui est totalement
18:04inconnue mais qui était un traître et je sais que mon père était très furieux quand j'ai été brièvement
18:12communiste dans ma carrière il était très très anticommuniste toute sa vie et donc il le point
18:22commun étant que quand on quand j'écris mes livres souvent je j'aime bien trahir ma condition ou voilà
18:31révéler des choses sur un métier dévoiler les coulisses je sais pas par exemple dans windows on the world sur le 11
18:41septembre ou bien sûr la vie de sa lingerie etc et du coup il voyait un point commun avec cet ancêtre
18:50écrivain et depuis que vous avez ouvert un peu cette boîte de pandore autour de votre papa vous continuez les recherches parce que
18:57sans dévoiler la fin du livre on reste quand même un peu sur beaucoup d'interrogations
19:01oui alors j'ai reçu beaucoup de courriers de notamment deux anciens agents de renseignements français
19:11et tous deux me confirment que il a probablement travaillé pour les américains et en liaison avec
19:18les services français c'est à dire qui il y avait des missions où il était il était envoyé notamment
19:26en indonésie mais aussi en amérique du sud j'en sais pas tellement plus mais ça m'a été confirmé et de
19:35même j'ai reçu énormément de courrier à propos des pensionnats alors là notamment à propos de l'école
19:40de sores où mon père était et bon vous savez qu'il ya une longue liste qui s'allonge tous les jours de
19:47d'endroits où il ya eu des châtiments corporels des abus sexuels et tout et là j'ai un certain nombre
19:52de témoignages sur sores mais je n'ai pas réécrire un deuxième livre là dessus j'ai transmis ce que je
20:01recevais à des journalistes qui enquêtent et on va voir ce qui se passe un article là dessus je
20:07pense que c'est 100% des pensionnats qui ont commis des séries c'est assez logique dans la mesure où on
20:14on enferme des des hommes qui sont célibataires par vocation et on les enferme pendant des années avec
20:23des petits garçons et des petites filles c'est un peu risqué surtout à une époque où personne ne
20:28parlait de ce sujet le silence total permettait tout et c'est vrai que je si j'ai parlé de ça
20:36c'est pas seulement par curiosité malsaine mais c'est aussi parce que je pense ça explique beaucoup
20:42de choses sur cette génération si c'est des rien que le fait d'avoir été séparés de leurs parents ne
20:47jamais avoir entendu ni eu un geste affectueux de leur mère de leur père ça crée des êtres qui sont
20:55différents le monde a complètement changé à partir de des années 90 2000 quand on a vu apparaître ces
21:04nouveaux pères qui s'occupent de leurs enfants ce n'était jamais arrivé dans l'histoire de
21:08l'humanité que les hommes s'occupent de leurs enfants c'est vrai c'est très très très rare et
21:14il ne disait pas je t'aime il ne disait voilà il n'embrassait pas leurs enfants vous parlez justement
21:19du fait que les dates d'anniversaire c'était quelque chose de compliqué justement vous le reliez
21:24en fait à la théorie du fait qu'à ce moment-là lui il était au pensionnat oui je sais c'est vrai
21:32que j'ai tendance à chercher des excuses à mon père pour tous ses comportements dysfonctionnels comme
21:37on dit aujourd'hui et une excuse possible c'est qu'il était enfermé dans cette prison jusqu'à fin
21:43juillet et que son anniversaire était le premier juillet donc ses parents ne le lui ont probablement pas
21:48beaucoup souhaité non plus voilà c'est pas une raison pour oublier les anniversaires de charles et
21:53frédéric bec bd toute leur enfance toutes les années mais c'est quand même dingue jamais et ma mère
21:59était obligée de rappeler chaque année les dates de nos anniversaires encore aujourd'hui ça me ça me
22:07révolte un petit peu justement cette recherche sur votre père ça vous a donné des nouvelles clés pour
22:12vous réfléchir à votre paternité parce que vous avez deux pères de trois enfants je ne me trompe pas à ma
22:19connaissance ça va non je n'oublie jamais moi non mais moi je suis dans l'excès inverse c'est ce qui
22:28est ridicule d'ailleurs c'est c'est beaucoup trop ils sont très très gâtés ils sont extrêmement surprotégés
22:35ils ont marre d'avoir trop de démonstrations de complètement dégoulinante et sirupeuse de de
22:45nian nian absolue et quand eux se mettront à faire le même livre feront un livre en disant
22:52le père le plus collant du monde voilà c'était la question oui c'est ça bien sûr je pense que
22:58d'ailleurs toute cette génération je me demande ce que ça va donner puisque avant donc les enfermés
23:03dans des prisons maintenant on s'en occupe trop alors on verra bien alors pour revenir un peu à des
23:11philosophie de votre livre il ya un auteur qui apparaît un peu en fil rouge c'est plotin notamment
23:17en raison du goût de votre père pour ses ouvrages est ce que maintenant vous l'avez adopté dans votre
23:23vie non pas du tout j'en veux beaucoup à plotin je suis anti-plotidiste forcené car plotin a échafaudé
23:33la théorie du solipsisme qui consiste à dire que rien n'existe dans la réalité extérieure à part notre
23:39être notre être intérieur et que le reste est bidon donc c'était très vexant quand mon père nous
23:47parlait du solipsisme de son idéal solipsiste puisque ça veut dire qu'on n'existait pas nous
23:52les enfants et personne dur sur terre rien n'existait à part l'essence intérieure de l'être qui devait
23:59fuir seul vers l'un vers l'unité parfaite j'ai jamais trop compris ce que ça signifiait mais c'est
24:05c'est c'est oui j'en parle un petit peu en plaisantant dans le livre parce que j'ai j'ai pas très doué pour
24:12la philosophie antique mais oui il était adepte des énéades c'est vraiment très c'était ça son philosophe
24:24préféré et je l'explication posthume c'est que peut-être justement quand on a grandi dans un pensionnats
24:31seul contre tous avec probablement des raclées régulières par les pions les prêtres et les
24:38camarades quand on a été abandonné par ses parents on doit ben oui on est seul donc on est on doit se
24:45considérer essayer d'imaginer une philosophie qui vous protège qui qui est de dire que tout ce qui se
24:51passe autour de soi n'a pas d'importance c'était une protection en fait ce solipsisme mais enfin il était
24:58aussi très individualiste très égoïste si vous voulez quand on apportait quelque chose à manger
25:06sur une table il se servait le premier et le plus et ça ça aussi c'est un défaut qu'on voit chez les
25:13anciens pensionnaires parce que souvent dans les pensionnats c'était la guerre pour avoir à manger
25:19le plat arrivé sur la table c'était presque la bagarre pour pour avoir à manger si on ne se battait pas si on
25:24ne se servait pas en premier on avait rien à manger du tout ça c'est tous ces détails là que j'ai compris à posteriori
25:30dans le livre il y a un paragraphe que j'ai trouvé particulièrement sinistre vous le soulignez d'ailleurs
25:42il y a un caractère sinistre du livre c'est page 192 et je vous ai trouvé très sévère et très dur avec vous
25:52même à rebours dégage dans votre livre quelque chose de beaucoup plus riche et de plus j'ai pas
25:59dire d'amour mais de liens en tout cas est ce que c'est quand vous avez fermé le livre que c'est le
26:07bilan personnel que vous faites à la fin il ya quelque chose d'un peu étonnant parce que ce passage vous
26:16êtes dure que c'est sinistre etc il faut dire quel passage parce que moi je sais pas vous avez un
26:23public monsieur il faut communiquer avec ce public ne soyez pas solipsiste alors cette cérémonie était
26:33sinistre mon livre est sinistre pardon papa je suis un charognard qui a attendu ta mort pour pouvoir te
26:38déchiqueter en toute tranquillité j'ai peut-être déliré sur sa carrière d'agent secret parce que je
26:43voulais que ta vie soit plus proche d'un roman que d'une déception je suis désolé oui non mais
26:47il ya beaucoup mais oui mais c'était dans tout ça mais quand on écrit sur la mort de son père il
26:53faut y aller on peut pas donc il ya des pages qui sont cruelles il ya des pages qui sont tendres il
26:58ya des chapitres qui sont drôles il ya d'autres chapitres qui sont très déprimants je pense que
27:05c'est une richesse alors oui c'est vrai que ce moment là il ya d'autres moments où je suis d'ailleurs j'ai dans ma
27:12famille des proches qui étaient choqués parce que voilà je disais qu'il avait la braguette ouverte
27:18à la fin de sa vie justement c'était j'ai trouvé ça touchant enfin c'était pas comme un mot sinistre et
27:26charognard je trouvais ça m'a un peu secoué de légère mais c'est toujours mieux c'est toujours mieux de se
27:36traiter soi-même de charognard avant que les autres le fassent donc c'était pour précéder
27:41ce ça m'est arrivé d'être traité de charognard au moment de windows and the world par mon ami
27:45angelo rinaldi qui disait que j'étais un détourneur de cadavres mais c'est donc j'ai pour éviter qu'on me le
27:52dise j'ai préféré le faire moi même non c'est un moi je vous savez je pense que dans les livres
28:01aujourd'hui je fais le critique littéraire depuis 40 ans ce que je cherche c'est vraiment les contrastes
28:09j'aime les émotions diverses je voudrais j'aime bien éclater de rire et pleurer juste après c'est
28:16c'est ce que je préfère dans les livres un livre qui ne fait que l'art moyer ne me plairait pas ou un
28:24livre entièrement comique non plus je cherche toujours un peu à alterner entre la joie et la
28:29peine c'est c'est le cas en tout cas vous avez vous avez réussi mais je reste quand même dans l'idée
28:36que vous avez été dur avec vous même sur la fin parce que moi en tout cas ça m'a surpris comme
28:43livre et c'est très agréable quand dans la littérature on a des livres qui ont une voix parce
28:50que c'est ce que j'ai pu entendre à l'intérieur de ça souvent vous dites qu'il y a un peu des deux
28:56moi je pense qu'il faut une voix entendre un écrivain quand on lit et là c'était le cas et je vous
29:03entendais rire et vous entendez aussi être plus plus nous nous sommes beaucoup ce soir que je vais
29:10laisser la parole pour tous si vous avez quelques questions sachant que la première est toujours la
29:19à qu'en pense mon frère charles alors moi je non moi je je travaille dans mon coin comme un
29:36homme seul mais c'est vrai que avec ce livre là qui est très intime sur notre père à tous les deux je
29:44je lui ai fait lire le manuscrit il a lu la première version du manuscrit et il m'a demandé aucune
29:52correction m'a juste dit qu'il avait été triste il avait trouvé ça triste donc je je sais pas si c'est
30:00un compliment ou si c'est ou si c'est un reproche et il a été touché je crois par le livre mais il a eu
30:10l'élégance de rien ne me demander comme correction et j'ai également fait lire à ma mère qui m'a
30:16demandé d'enlever une phrase et du coup je ne vais pas vous dire laquelle mais je je pense pas que les
30:27livres soient destinés à faire de la peine aux proches j'ai toujours fait attention à ça j'avais fait
30:31lire également un roman français à ma famille avant publication je n'aime pas les règlements de
30:38compte je trouve que le pouvoir de la littérature est tellement immense on peut vraiment détruire
30:44des personnes et et on peut blesser des gens à vie donc je fais très attention quand je parle de
30:55ma famille et et je respecte ceux qui font autrement mais je les trouve beaucoup beaucoup plus courageux que
31:03moi je me demandais ce que vous entendez bien et oui justement justement on est très différents
31:31oui oui oui mais là vous parlez d'un roman français là c'est pas dans ce pas dans un homme seul non
31:39bien sûr non mais ça va ensemble les deux livres se sont le même ton et sur se répondent tout à fait
31:45oui oui je on est très très différent et on a c'est très bizarre dans la mesure où on a grandi
31:53ensemble dans la même chambre jusqu'à l'âge de 18 ans parce que notre mère après le divorce n'avait
32:00pas beaucoup de moyens n'a pas du tout grandi dans la l'opulence on n'avait pas une chambre chacun
32:06on était vraiment tous les deux tout le temps ensemble et toutes les vacances tout et pourtant
32:12est très très différent il était très bon en maths et moi c'était plutôt le français ensuite il est devenu
32:17ingénieur et homme d'affaires et moi j'ai raté ma vie et non mais c'est probablement la raison pour
32:29laquelle on s'entend bien quand il m'explique qu'il va envoyer des fusées dans l'espace et et créer des
32:36ordinateurs quantiques je ne comprends rien de ce qu'il dit mais je l'admire beaucoup pour ça et je crois que
32:44réciproquement quand il quand je lui parle des de mes lectures il comprend pas de quoi il s'agit
32:50quand je dis du bien de christine angot par exemple cette semaine
32:53comprend pas
32:57il me comprend pas
32:59voilà
33:00monsieur
33:00bonsoir
33:02En fait, j'ai senti, en général, que selon vous, quel est le rôle de l'étudiant ?
33:12Est-ce qu'il a un rôle ?
33:14Est-ce qu'on a un rôle ?
33:30Longtemps, je vous aurais répondu, non, on fait quelque chose de complètement inutile, complètement vain.
33:36Et si on arrive à faire sourire quelqu'un, dans 150 ans, on a réussi sa vie et c'est tout.
33:44Mais j'ai tendance à penser quand même qu'aujourd'hui, quand on regarde le monde actuel,
33:52peut-être que les écrivains serviront à quelque chose dans les prochaines années,
33:56c'est-à-dire résister aux écrans, par exemple.
34:00Retrouver le temps, un autre usage du temps, ralentir.
34:06Comme si les écrivains auraient peut-être une vocation politique, presque politique,
34:13de dire à l'humanité de changer de mode de vie,
34:20de se poser un peu, de regarder le monde extérieur et d'écouter la voix.
34:26Comme vous disiez, un écrivain, c'est une voix, d'entendre ces voix.
34:30La plupart des écrivains qui sont sur ces étagères sont morts et ils nous parlent encore.
34:35C'est merveilleux.
34:36C'est un miracle, en fait.
34:38Et donc, je ne sais pas si on a une mission, mais on peut servir à quelque chose
34:44dans un monde qui est en train de devenir vraiment complètement fou.
34:48Et pour la deuxième partie de votre question, c'était mieux avant d'être...
34:58Parce que les écrivains étaient plus au centre de la vie culturelle.
35:02Oui et non, parce que je suis un...
35:06Enfin, il y en a d'autres, mais je suis un exemple de quelqu'un qui, par exemple, est écrivain,
35:09mais en même temps se montre pas mal dans les médias,
35:12a accès à la télé, à la radio, à la presse.
35:15Donc, ce serait faux si moi, en tout cas, je disais que la vie d'écrivain,
35:20c'est d'habiter dans une tour d'ivoire.
35:22Ce n'est pas tout à fait...
35:23Je serais...
35:25Vous ne me prendriez pas au sérieux, vous auriez raison.
35:28On peut participer, c'est un choix.
35:32Mais est-ce que les écrivains étaient...
35:35Oui, c'est vrai que, par exemple, l'enterrement de Victor Hugo,
35:39avec un million de personnes aux Champs-Elysées,
35:42ça, ça n'arrivera plus.
35:44Je ne crois pas que...
35:45Qui ?
35:46Jean-Dormesson ?
35:47Oui, il y avait du monde, c'est vrai.
35:48Il y avait du monde aux Invalides, mais enfin, pas un million.
35:53Et non, il y avait du monde à l'enterrement de Sartre.
35:55C'est le dernier enterrement d'écrivain vraiment important.
35:59Et c'était il n'y a pas si longtemps.
36:00C'est dans les années 80.
36:03Mais non, on a perdu cette place centrale,
36:09cette parole qui était très écoutée.
36:11Et on a laissé la place aux TikTokeuses.
36:18Voilà.
36:18Mais peut-être reste provisoire.
36:20Il ne faut pas se désespérer complètement.
36:21Bon, pas là de leur tirer la boule rouge,
36:23parce qu'elles veulent quand même vendre des livres.
36:26Aujourd'hui, on ne peut pas les mettre de côté.
36:31Non, je pense que la culture évolue.
36:34Et si je me permets de répondre,
36:36les écrivains restent essentiels.
36:37Maintenant, le temps fait que le nouveau mode de mise en valeur de leur travail fait que...
36:47Quand il y a eu un virus, on a fermé les librairies.
36:54On n'a pas considéré que c'était essentiel.
36:56C'est un peu regrettable.
36:58Mais on est devenu commerce essentiel juste après qu'on a commencé à réouvrir.
37:02Il n'y avait plus de cinéma, plus de musée, mais les librairies étaient ouverts.
37:06C'est la France.
37:17Je connais des gens dans le public.
37:20En fait, tout le public est loué par ma maison d'édition, Grasset.
37:25Vous verrez la personne à la sortie pour les émoluments.
37:31Merci.
37:31Votre livre, j'ai trouvé que c'était une réelle introspection,
37:36mais presque comme à travers votre père,
37:38comme si inconsciemment, vous réalisiez que forcément, c'était votre père
37:42et qu'il y avait plein de choses en revient forcément avec votre personne.
37:46Vous parlez beaucoup de l'avant, du présent lors de sa mort.
37:49Et maintenant, après, comment vous sentez-vous ?
37:52Ça fait du bien d'écrire.
37:54Je trouve que certains livres, moi, m'ont vraiment aidé.
37:56Alors, je ne pense pas que la littérature soit un antidépresseur ou une thérapie.
38:02Pas du tout.
38:02Ça donne de très mauvais résultats.
38:04Mais là, dans ce livre-là, c'est vrai que je me sens mieux après l'avoir écrit.
38:08Et sans doute, il y a une part d'hypocrisie d'accuser mon père de tous les maux qui sont les miens, en fait.
38:15Et ça, c'est tout à fait juste.
38:16Vous m'avez percé à jour.
38:20Mais aussi, c'est un grand truc classique de trouver des excuses à travers ses parents,
38:30en disant que c'est la faute à papa ou à maman.
38:33Mon surnom, d'ailleurs, est Moin-Oin, chez les féministes, si vous avez remarqué.
38:39Ça me va très bien.
38:40Enfin, c'est les militantes qui m'appellent Moin-Oin, ont entièrement compris l'intégralité de mon œuvre.
38:46J'ai écrit mon roman américain sur le 11 septembre.
39:17Mais c'était il y a 22 ans.
39:19Donc, peut-être que je devrais m'intéresser à nouveau à ce pays, qui est celui de ma grand-mère, oui.
39:26Mon père était fanatique de Donald Trump.
39:29Mon père adorait Trump.
39:30Oui, oui, on se disputait à son sujet.
39:35Et il y a des points communs quand même entre lui et Trump.
39:39Par exemple, Donald Trump, à 13 ans, a été exilé par son père dans une académie militaire dans le nord de New York.
39:49Le jour de son arrivée, comme il n'était pas bien aligné dans les rangs, il a été giflé devant toute la promotion.
39:55Et puis, il est resté cinq ans dans cet endroit.
39:59Et à marcher au pas, si vous voulez, un peu comme dans Full Metal Jacket, vous voyez, où on doit répondre Sir, Yes Sir.
40:07Et si on est en retard, on fait 50 pompes et tout ça.
40:13Je ne dis pas, je ne cherche pas d'excuses à Trump, mais j'explique juste qu'ils ont une enfance qui se ressentent un peu.
40:20Et ça donne des hommes qui ne pensent qu'à l'argent, au confort, au luxe et aux mannequins, de préférence des pays de l'Est.
40:31Voilà.
40:32C'est quand même tout ça qu'ils avaient en commun.
40:35Et les grosses voitures.
40:37Les grosses voitures.
40:39Voilà.
40:40Quoi ?
40:41Les grosses montres.
40:42Les grosses montres, vous avez raison.
40:44Enfin, tous ces attributs de la réussite matérielle, quoi.
40:48C'est là le paradoxe de dire qu'on est solipsiste, que la réalité n'existe pas, mais quand même d'avoir envie d'avoir une Bentley.
41:05La transition de votre livre, il n'a beaucoup de pensées aux années vraiment d'Espendorat.
41:10C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'écrire.
41:12Et je me demande, dans quelle mesure, c'est une mode de décision cachée.
41:18Est-ce que vous répondez qu'on est temps ?
41:19Est-ce que j'en veux dire ?
41:21Oui, enfin, l'introspection, l'auto-analyse, les romans sur la famille, il y en a eu beaucoup avant Vanessa et moi.
41:33Mais, oui, oui, est-ce que c'est une mode ?
41:35C'est possible dans la mesure où les livres sont un endroit où on peut passer un peu plus de temps à essayer d'emmener le lecteur dans une enquête.
41:45Moi, j'avais beaucoup aimé un roman russe de Carrère.
41:47Mais les romans familiaux, vous savez, moi, par exemple, j'ai découvert Les Thibauts à l'occasion de l'écriture d'un homme seul.
42:00Les Thibauts, c'est un classique des années 30 qui est de Roger Martin Dugar, qui a eu le prix Nobel de littérature.
42:06Il est complètement oublié.
42:08Plus personne ne lit, je crois, Les Thibauts.
42:11Et c'est très dommage, parce que c'est du même, pour moi, aussi fort que La Recherche du temps perdu, vraiment.
42:17Très beau livre sur la famille, les bizarreries des fratries, les frères qui sont très différents, les parents qui n'expriment pas leur affection.
42:29Et puis, ce monde de la bourgeoisie, c'est un monde inépuisable.
42:33Franchement, pour les romanciers, c'est un trésor.
42:37Justement, dans votre livre, vous en parlez des Thibauts, et effectivement, c'est trois tomes, une grosse sommetée.
42:45Et il y a beaucoup de parallèles, bizarrement, de Roger Martin Dugar, mais vraiment, effectivement, ces parallèles de famille qui sont assez similaires.
42:59Et comme dans Roger Martin Dugar, vous avez réussi à véhiculer à la fois l'émotion, et en même temps, d'être des choses vraies et sincères.
43:09Ça, c'est un des points communs.
43:16Je voudrais quand même ajouter un truc sur l'aspect contemporain, parce que c'est vrai que ça a toujours existé.
43:23Et en même temps, là, le point commun entre Springora et moi, peut-être, c'est d'essayer de comprendre cette génération qui nous a précédés.
43:31Parce qu'on la critique tout le temps.
43:32On dit que ce sont des égoïstes, qu'ils ont détruit la planète, qu'ils ont ruiné l'environnement, qu'ils ont pensé qu'au fric et au sexe.
43:40Ils se sont libérés de tous les carcans.
43:42Et ça a donné une génération paumée, comme qui est la mienne.
43:49Et aujourd'hui, on les critique tellement que je pense que c'est important d'écrire beaucoup de livres sur eux.
43:55Et notamment quand on parle sans arrêt de supprimer le patriarcat, c'est très bien, peut-être, mais à ce moment-là, on doit écrire sur nos pères.
44:04Nous devons écrire plus de livres sur nos pères.
44:06Pas seulement ces deux-là, beaucoup, beaucoup d'autres, des milliers d'autres, pour essayer d'analyser ce qui n'allait pas chez eux et pouvoir peut-être changer.
44:22Bonjour, je voulais savoir, vous avez travaillé dans la industrie de la publicité, vous-même, vous étiez très des ministres avant, mais à la fois, vous l'avez beaucoup, vous l'écrivez beaucoup.
44:33Donc, je voulais savoir quel était votre rapport au silence. Est-ce que c'est quelque chose que vous fuyez ou dont vous avez besoin ?
44:40J'ai énormément fui le silence et la solitude aussi.
44:47J'ai vécu dans l'agitation et l'hystérie et la vitesse et le bruit pendant très longtemps.
44:56Je crois que j'ai découvert le plaisir du calme, du silence et de la solitude environ à l'âge de 50 ans.
45:03Avant, j'étais comme un hamster dans un roux.
45:08D'ailleurs, il suffit de lire mes livres et on le voit très bien.
45:14J'étais très angoissé par l'idée d'être devant mon miroir et de me connaître.
45:21Je ne voulais pas savoir qui j'étais.
45:24Mais on ne peut pas vivre sans un jour ou l'autre affronter son malaise.
45:35Donc, si je vais mieux aujourd'hui, c'est parce que j'ai quand même fini par être un peu moins fuyant.
45:41Je ne renie absolument pas ces années-là parce que c'était des années...
45:45Je pense qu'on a eu nos années folles.
45:48Les années 80-90, c'était vraiment nos années folles de notre génération.
45:52Avant, il faut remonter aux années 20 pour s'amuser autant.
45:56Donc, on a eu de la chance par rapport à un jeune d'aujourd'hui qui...
46:03Voilà, c'est sans doute très différent.
46:05Enfin, chaque génération croit qu'elle s'est amusée plus que la suivante.
46:10C'est banal aussi.
46:12Mais non, c'est très juste ce que vous dites.
46:16Il y a des phases dans la vie.
46:18Il y a aussi des phases où on a envie de ne pas savoir ce qu'on fait là.
46:24En tout cas, on a fait beaucoup de travaux livres.
46:26Cette phase, la dépole.
46:28Donc, on ne serait pas là si vous ne l'avez pas eu.
46:30Donc, c'est important.
46:32Je pense qu'il y a une question en réalité, parce que je l'ai dit,
46:37parce qu'il y a quelques temps d'en avance, je sais qu'il n'y a pas encore eu.
46:40Et je pense qu'il n'a pas été évoqué.
46:43Et ça, c'est un livre, une grâce absolue.
46:46Et au-delà de ce qu'on a dit,
46:50et c'est aussi peut-être,
46:52et c'est aussi le fait de la maîtrisée,
46:54c'est un livre qui raconte aussi une époque.
46:56Vraiment, une époque.
46:58Mais aussi le point de la parole,
47:00il raconte qu'il y a une phase où c'est vraiment,
47:02j'ai aussi une manière
47:04d'aborder, de traverser
47:06le secteur de l'économie,
47:09c'est le long de la maîtrisée,
47:10c'est vraiment l'événement,
47:13c'est vraiment, c'est vraiment,
47:13parce qu'il n'y a pas de ça,
47:16jamais.
47:17Et puis aussi, le temps de l'économie,
47:20je m'ai appelé à l'économie aussi,
47:22c'est l'économie,
47:23c'est l'économie,
47:26c'est pas que c'est pas le désormais,
47:28mais c'est aussi le coup,
47:30au-delà d'un certain moment,
47:31de l'économie,
47:33c'est vraiment une époque,
47:34comme les livres,
47:35comme les livres,
47:36aussi,
47:37la guerre,
47:39c'est vraiment très beau.
47:42Merci beaucoup.
47:44On applaudit Carina aussi.
47:46Oui.
47:50Il ne lit pas que les livres
47:51de chez Gallimard.
47:52C'est ce que j'allais vous dire.
47:54Ça se voit.
47:56Bon, j'aimerais
47:56qu'on remercie
47:57M. Bec Bédé
47:58pour ce soir.
48:00Merci.
48:01Merci.
48:05Et maintenant,
48:06il va se plier
48:07au jeu de la signature.
48:10On a un talent
48:10une table dans le beau milieu.
48:12On va faire ça.
48:12Une belle ligne,
48:13bien prendre.
48:14Et on va pouvoir
48:15faire ça.
48:16Merci à tous.
48:17Merci.
48:18Merci.
48:18Merci.
48:18Merci.
48:18Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.
48:19Merci.

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