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00:00Ici Orléans, on vous souhaite un bon début de journée, merci d'être avec nous ce lundi matin, il est 8h15, bonjour Lydie Lahaye.
00:06Bonjour Marc, bonjour à tous.
00:07Il y a 5 ans, jour pour jour, c'était le début du premier confinement,
00:11duquel on a vécu sous cloche, enfermé chez nous, dans les hôpitaux.
00:15En revanche, l'activité était à son maximum.
00:18Que reste-t-il de tout cela ? Lydie Lahaye, on en parle avec votre invitée.
00:21Bonjour Thierry Prézuc.
00:22Bonjour.
00:23Chef du service des maladies infectieuses au CHU d'Orléans, merci d'être là.
00:27Marc le disait, il y a 5 ans, jour pour jour,
00:29la France s'arrêtait de vivre normalement, la crise sanitaire du Covid bousculait complètement notre vie.
00:35On se souvient tous où on était ce 17 mars 2020, quand le confinement s'est mis en place.
00:41Vous, vous étiez où et qu'est-ce que vous vous êtes dit à ce moment-là ?
00:45Je me suis dit que ça allait être compliqué,
00:49parce qu'on avait vécu quand même la période à l'hôpital de la montée en puissance.
00:55Au mois de décembre, on nous a dit que ça ne passera pas les frontières,
00:59et puis nous on a vu monter l'épidémie.
01:02J'étais allé au ski la semaine qui a précédé,
01:05et moi on ne m'a pas dit de rentrer à la maison, on m'a dit de rester à l'hôpital.
01:09Oui, parce qu'on avait évidemment besoin, hyper besoin de vous tous les soignants.
01:15Imposer le confinement strict comme il a été mis en place,
01:19c'était surtout pour éviter les contaminations supplémentaires,
01:22alors que les hôpitaux étaient saturés.
01:24Ça a été une période très difficile à vivre, avec le recul, dans les hôpitaux ?
01:29C'était une période qui a été très compliquée,
01:33et je pense qu'à l'occasion de ces cinq ans,
01:36il faut rendre à nouveau hommage aux soignants, aux infirmières, aux aides-soignantes.
01:40Certaines sont parties, mais dans le service de maladie infectieuse,
01:45qui était en première ligne, ainsi que le service de pneumologie de l'hôpital,
01:49où on a fait un service de 80 lits de Covid,
01:53il y a eu une sorte de solidarité, d'entraide, qui a été très forte.
01:59Aujourd'hui, je n'ai quasiment pas perdu de personnel,
02:03et on est vraiment soudés.
02:06C'est à eux, en priorité, que je souhaite penser aujourd'hui.
02:11Il y a eu d'autres soignants dans d'autres services, dans les hôpitaux,
02:14mais pas seulement, aussi dans les EHPAD,
02:16qui finalement ont tourné la page, sont passés à autre chose.
02:19On l'a entendu ce matin dans le journal,
02:21parce que ça a été véritablement un choc, un traumatisme.
02:24Oui, tout à fait.
02:26Il y a ceux qui ont choisi de changer de métier,
02:30parce qu'ils n'ont pas supporté
02:34toutes ces personnes qui venaient, qui mouraient,
02:37et puis l'intensité du travail,
02:40puisqu'on demandait aux gens de rester, de supprimer leurs vacances,
02:44c'était très intense,
02:46et puis les choses se sont améliorées.
02:50En fait, ce confinement, c'était pour protéger la population
02:55et protéger les hôpitaux qui étaient en train de déborder.
02:58S'il y avait eu encore plus de contamination, avec un non-confinement,
03:02à ce moment-là, tout le personnel de l'hôpital aurait abdiqué.
03:08Il en reste quoi, 5 ans après, de cette crise sanitaire majeure,
03:12dans l'esprit des gens ?
03:13On voit que le port du masque n'est toujours pas systématique,
03:15on a eu une forte épidémie de grippe cet hiver,
03:18les gestes barrières, on a tous l'impression que
03:21ce n'est plus très bien ancré dans les têtes de tout le monde.
03:27Je crois qu'il faut faire la distinction entre deux types de personnes.
03:34Ceux qui ont vécu, dans leur famille,
03:38des personnes qui sont décédées du Covid,
03:40et notamment ceux qui n'ont pas pu accompagner leurs proches,
03:45puisqu'ils n'avaient pas le droit de les voir,
03:47ils n'avaient pas le droit d'aller à l'hôpital,
03:49et on avait peur des contaminations.
03:51Je pense que ces personnes-là sont très marquées par ce qui s'est passé.
03:56Le deuil n'a pas toujours été fait correctement.
04:00Et puis, il y a le reste de la population,
04:03et comme vous le dites, on ne porte plus le masque,
04:05donc je pense que les...
04:09C'est-à-dire que la parole médicale ne porte plus ?
04:11La parole médicale ne porte plus.
04:14La parole des autorités sanitaires ne porte plus.
04:17Ceux qui portent, c'est les réseaux sociaux.
04:19Ce sont des gens qui n'ont aucune compétence,
04:21et qui vont expliquer sur les réseaux sociaux ce qu'il faut croire.
04:24Et notamment, la vaccination.
04:27Il y a une défiance encore plus importante dans la vaccination,
04:30et on a vu que l'épidémie de grippe de cette année,
04:33qui a été aussi très difficile pour les urgences,
04:38ce n'est pas rentré dans la tête des gens qu'il faut se faire vacciner.
04:45Alors, le vaccin contre la grippe n'est pas le plus efficace,
04:48mais néanmoins, les personnes fragiles doivent se faire vacciner.
04:52Oui, allez-y.
04:54Effectivement, il y a le masque.
04:56On le porte de temps en temps.
04:58J'entendais, quand est-ce que vous avez porté un masque pour la dernière fois ?
05:03C'était en 2021.
05:06On voit quand même des gens qui portent des masques.
05:09Oui, quand on a des symptômes, des petits symptômes, c'est ce qu'il faut faire.
05:13Les gestes barrières, dès qu'on est un peu malade,
05:17protéger les autres, et puis se faire vacciner
05:20quand on est dans la cible de la vaccination.
05:22Plus de 65 ans et des personnes fragiles.
05:24Est-ce qu'on serait prêts aujourd'hui, 17 mars 2025, à revivre ça ?
05:27À affronter une nouvelle crise sanitaire dans les hôpitaux ?
05:30On serait prêts.
05:33Il y a les moyens.
05:35Il y a eu un creux, où finalement on a été obligés de fermer des lits
05:38parce qu'il n'y avait plus de personnel.
05:40Et puis finalement, il y a une meilleure attractivité au niveau des salaires,
05:43ce qui fait qu'on a refait à peu près le plein,
05:46mais on n'est pas encore en nombre de lits suffisant.
05:49Aujourd'hui, si ça arrive,
05:52s'il y a une nouvelle épidémie,
05:54et soyez sûr qu'il va y en avoir une nouvelle,
05:57peut-être pas qui entraînera un confinement,
05:59mais il ne faut pas croire que c'est fini.
06:01Les épidémies de virus nouveaux,
06:04on en aura, il y a du méta-pneumovirus,
06:07il y a beaucoup de virus qui circulent à travers le monde,
06:11et qui ne manqueront pas d'entraîner des épidémies.
06:15Et si c'est de la même intensité,
06:18de la même gravité que le Covid,
06:21on n'aura pas le choix que de faire la même chose.
06:23Merci. Merci beaucoup d'être venu ce matin, Thierry Prasuc,
06:26chef du service des maladies infectieuses au CFU dans Léon.
06:29Bonne journée. Merci.